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3.55/5 (sur 519 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Paris , le 09/07/1950
Biographie :

Richard Morgiève est un écrivain et scénariste français.

Deux drames marquent très tôt sa vie, et de façon définitive, le décès de sa mère d'un cancer lorsqu’il avait sept ans et le suicide de son père six ans plus tard.

Rendu à lui-même dès sa majorité, il vit de petits travaux en tous genres, dont déménageur de caves et d’appartements abandonnés, métier qu’il exercera jusqu’à 29 ans : libre au volant de sa camionnette avec Marie-Jo et la bande…

Cependant les mots de ne jamais le quitter, depuis l’enfance ils tournent en lui et l’écriture le sauve. En 1970 paraît un premier recueil de poésie à compte d’auteur, mais écœuré par ce système ( payer pour se lire ) il se jure de ne plus écrire avant 10 ans.

En 1980 il a arrêté son travail de déménageur et publie son premier roman policier, "Allez les Verts". Son premier roman de littérature générale, "Des femmes et des boulons", est publié en 1987.

Depuis "Un petit homme de dos" (1988), il se consacre essentiellement à l’écriture de romans, récits ou pièces de théâtre. Il est également scénariste, dialoguiste pour le cinéma et la TV, acteur.

Il a épousé Émilie Chaix, fille de la romancière Marie Chaix (1942), dont il a divorcé, avant de se remarier, dans les années 2000, avec la psychanalyste et romancière Alice Massat (1966). Il est père de deux filles et d'un garçon.

Il vit à Paris.

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Source : Wikipedia
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Entretien avec Richard Morgiève, à propos de son ouvrage Les Hommes


15/09/2017

Comment vous est venue l`envie de raconter l`errance de Mietek Breslauer, voyou attachant des années 1970-80 ?

Je voulais raconter mes années de jeune marginal qui n`avait rien, je voulais raconter un monde disparu, je voulais parler d`amour, d`un grand et bel amour , le désir, la fraternité, la paternité. Je voulais faire venir l`émotion, parler de cet instant où un homme est choisi comme père par une petite fille de deux ans.


Avez-vous à un moment envisagé de raconter la vie d`un salaud intégral, plutôt que celle d`un bandit finalement sympathique ?

Ni l`un, ni l`autre. Je voulais être juste, je voulais être pur. Je ne calcule pas mes livres, c`est eux qui s`imposent à moi, peu à peu, touche par touche. Je voulais raconter l`histoire d`un changement, comment un orphelin peut enfin avoir une famille, lui qui n`en a pas eue.


On sent dans votre roman une pointe de nostalgie pour cette époque, celle de votre jeunesse, en même temps qu`une désillusion rampante chez cet homme. Finalement, ça n`était pas mieux « avant » ?

Je ne suis pas de votre avis, la nostalgie n`est pas pour moi synonyme de désillusion. Mietek Breslauer change grâce à l`amour, pour être père et écrivain, il quitte un monde pour un autre. Il ne ressent aucune désillusion, comme moi ! Mais de la nostalgie, oui. Si vous me permettez, Les Hommes traitent d`un monde disparu, au même titre que La Recherche. Le temps est la matière des romans, la nostalgie l`écrit.


Le titre laisse entendre que Mietek et les autres personnages masculins seraient des archétypes de l`homme, espèce en voie de disparition. Les hommes sont-ils moins des hommes aujourd`hui, selon vous ?

Les hommes changent, les hommes d`aujourd`hui ne sont pas ceux d`hier. Jadis, quand on disait, c`est un « homme », cela voulait dire quelque chose qui n`avait rien à voir avec le genre et tout avec une sorte de valeur symbolique. Je voulais rendre hommage à ces hommes, à ce temps. Et jamais je me permettrais de dire que les hommes d`aujourd`hui sont moins des hommes que ceux d`antan….Mais ce ne sont pas les mêmes, c`est sûr.


La narration oscille entre un style « mauvais garçon », notamment dans le vocabulaire argotique et certains dialogues, et une écriture plus poétique et philosophique. Cet équilibre a-t-il été facile à trouver, pour faire vivre ce texte à la première personne ?

Il me semble qu`un écrivain est celui qui invente sa langue, elle doit être juste et belle. Quant à la première personne…Je suis Mietek Breslauer comme Flaubert était Madame Bovary.


Vous semblez autant inspiré par la littérature (vous citez José Giovanni notamment) que par le cinéma, jusque dans votre manière de construire des « scènes » et de raconter l`action. Quels films vous hantaient durant l`écriture ?

Aucun ! Je me garde bien de ce genre de relation. J`écris en pensant exclusivement à ce que j`écris. Quant à ma façon d`écrire, j`ai beaucoup appris en écrivant pour le cinéma et en montant. En vérité, je monte mes histoires comme on monte un film. Rapport entre le son, la couleur, le mouvement. Savoir couper pour que le lecteur ne prenne pas le contrôle de la narration et n`écrive pas son livre dans le mien….C`est moi le patron.



Richard Morgiève à propos de ses lectures


Quel est le livre qui vous a donné envie d`écrire ?

Mon amie Flicka de Mary O`Hara, Mort à crédit de Louis-Ferdinand Céline.


Quel est l`auteur qui vous a donné envie d`arrêter d`écrire (par ses qualités exceptionnelles...) ?

Cormac McCarthy.


Quelle est votre première grande découverte littéraire ?

Mon amie Flicka de Mary O`Hara, Mort à crédit de Louis-Ferdinand Céline.


Quel est le livre que vous avez relu le plus souvent ?

Mon amie Flicka de Mary O`Hara.


Quel est le livre que vous avez honte de ne pas avoir lu ?

-Aucun.


Quelle est la perle méconnue que vous souhaiteriez faire découvrir à nos lecteurs?

La Gana, La perruque de Jean Douassot.


Quel est le classique de la littérature dont vous trouvez la réputation surfaite ?

Je ne sais pas que répondre.


Avez-vous une citation fétiche issue de la littérature ?

« Je crache sur ma vie, je m`en désolidarise qui n`a fait mieux que sa vie ». Henri Michaux


Et en ce moment que lisez-vous ?

Je ne lis presque plus. J`attends qu`un auteur, un livre vienne me happer. Je suis patient, je ferme les yeux et je vois tout ce que j`ai lu de beau, je rêve aux histoires qui m`on fait rêver., je suis ému, très ému….Alors, j`écris.



Découvrez Les Hommes de Richard Morgiève aux Éditions Joëlle Losfeld :



Entretien réalisé par Nicolas Hecht.

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Richard Morgiève - Famille, je vous hais

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Citations et extraits (152) Voir plus Ajouter une citation
J'ai dit, vois-tu, que tu étais un poids, que sans toi, je serais plus libre, plus léger. Oh non !C'est toi ma légèreté, toi qui me fais jeune et plein de désir et de promesses à tenir.
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Dans les années 20, le gouvernement des States avait développé le Zyclon B. Ils l'avaient essayé dans la zone frontalière El Paso/ Ciudad Juárez . Sans fanfaronner, sans pub, ni déclaration publique. En théorie pour éradiquer le choléra et le typhus. Ils passaient les chicanos, les Mexicains, au DDT, et leurs vêtements, les wagons dans lesquels ils avaient voyagé au Zyclon B. Très efficace. Les nazis en avaient entendu parler. Ils avaient drôlement aimé. Un de leurs médecins, en 38, avait écrit un article dans le genre: "Le Zyclon B à El Paso , la solution d'éradication".
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Après un grand silence qui m'a fait battre le cœur pour toute la vie, je me suis éveillé. J'ai touché mon visage, mon crâne, pour me rassurer. Vérifier si j'étais moi. J'étais perdu dans mon pyjama, perdu de partout. Comme si je venais d'essayer de photographier l'instant d'avant la création du monde. Je suis resté comme ça je ne sais combien de temps.
Je suis sorti de la chambre. Par la fenêtre, la clarté de la nuit éclairait l'escalier aux marches peintes en blanc, je n'ai plus bougé. Je ne voyais que le palier, le tapis bleu qui recouvrait en partie les marches, les appliques en bronze doré imitant des torchères, mon ombre sans trop d'ambition d'enfant. Je n'étais pas vieux, ça se lisait sur le mur. Je ne pouvais pas regagner mon lit, ça m'était interdit par une force inconnue. J'ai traversé le palier, découvert mon père, assis, plus bas. Je voyais ses épaules voûtées, sa nuque. Je l'ai rejoint et me suis assis à côté de lui, écrasé par un poids qui venait je ne sais d'où. Je me disais que je devais faire quelque chose pour lui, c'était capital.
Sinon nous irions en enfer. J'ai posé ma main sur sa cuisse, tout doucement pour qu'elle ne soit pas lourde, gênante. Je devais avoir dix ans. Je crois que c'était l'automne. Mon père s'est levé, il m'a tendu la main. C'était rare, j'étais heureux…
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Mon petit garçon est blanc dans l'obscurité, il dort souvent les bras rejetés en arrière. Je pose un baiser sur ses lèvres, sur son front. Mon petit garçon grandit, mon petit garçon rit, mon petit garçon. Mon petit garçon repose, je vais le voir à pas feutrés. Il semble luire dans l'obscurité, je me baisse vers lui comme les lèvres assoiffées vont à la source pure. Je ne peux même pas parler de mon émotion au fond. C'est mon petit garçon. J'ai été un petit garçon ? Je regarde mon petit garçon et je ne me souviens pas de moi petit garçon, ou si peu, et je pense que lui plus tard ne se souviendra pas de lui petit garçon. Mon petit garçon, tout petit, était déjà un petit garçon un peu en retrait, un petit garçon assis à l'écart sur le bord des bacs à sable. J'ai pensé que mon petit garçon me ressemblait, j'ai pensé que ce serait bien qu'il soit moins contemplatif, un peu plus dans l'activité. Mon petit garçon change, maintenant il se lance dans des jeux où son corps va chercher la réponse de l'aventure. Mon petit garçon est ma frontière d'avec toute fin. Je le sais, mais en ce moment je suis fatigué de lutter. Il faudrait que j'arrête de lutter et que je vive, calme, acceptant la vie. Je devrais le faire pour mon petit garçon. Quand je dis Mon petit garçon tout est beau et douloureux et calme et terrible en moi. Quand je dis Mon petit garçon, je ne peux rien dire de plus beau.
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C'était un individu qui était crade en sortant de la douche.
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Il y a un silence qui s'appelle la mort il fait peur à ceux qui comme moi s'étourdissent de mots j'aimerais ne plus avoir peur de la mort et surtout ne plus y penser comme à une solution j'ai beaucoup vécu dans la mort j'en ai beaucoup parlé je l'ai brandie je la brandis encore telle une réponse voire une sorte de philosophie mais je me trouve pas sincère sinon je serais déjà mort.
Ca voudrait dire que je joue avec une menace que je me fais peur et que je fais peur aux autres à ceux que j'aime avec la peur qui m'a frappé jadis ?

En conséquence
écrire comme l'exécution de la peine capitale : pour trancher une bonne fois pour toutes le mal. (p. 7)
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[...] et je pleure mais ce n'est pas la première fois ça fait du bien de toute façon et pardonner à l'autre c'est d'abord se pardonner n'est-ce-pas ? dans mon cœur et sous ma peau j'ai écrit ma vie folle dans mon cerveau j'ai écrit ma vie folle j'ai écrit ma vie folle dans mes peines dans mes amours dans tout ce que j'ai fait et les mots proposent leurs fins et la sagesse c'est d'écouter et de comprendre.
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Plus de portefeuille, plus de montre. Pas d'alliance, de bijou. C'était normal -par ici les manchots volaient des deux mains.
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Au début de la séparation, avec maman, seules toutes les deux dans cet espace où jadis on était quatre, on était toutes les deux, et sans même oser se dire qu'on y était mal à deux dans ce monde. Il fallait bâtir un nouveau monde dans un ancien monde. Il fallait oublier tous les échos du passé ; chaque tache sur les murs était comme une photographie qu'il fallait éviter de regarder si on ne voulait pas s'effondrer en larmes, tant elle rappelait un joyeux passé.
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Mon petit garçon est ma seule grâce, il faut que je tienne le coup pour lui donner ce que je sais, c’est son héritage tout ce qu’il peut attendre de moi, ce n’est que moi. Je n’ai rien d’autre à lui donner que moi. C’est peu. C’est le matin, c’est le soir, c’est l’automne, c’est le printemps, j’ai peur. L’aube, la pluie. Il faut que je résiste, il faut que je m’accroche, il faut que je trouve du sens à ma vie, j’ai du mal.
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