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EAN : 9782266090117
221 pages
Pocket (25/08/1999)
3.95/5   58 notes
Résumé :
De son passé, son bandit de père ne lui a légué que des mystères...
Il disait être né à Varsovie, comme cela aurait pu être aussi à Moscou ou Berlin, et avoir été ingénieur, interprète, philosophe. Mietta ne sait plus très bien... Les seules choses dont il soit certain, c'est que son père, grand chevalier d'industrie devant l'éternel, était petit et fort, violent, excessif, qu'il avait le bagou d'un marchand de mensonges, un charisme effrayant et qu'il a déba... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (18) Voir plus Ajouter une critique
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Un petit homme de dos, c'est Belle du seigneur, en version populaire et dans les années quarante, mais avec autant de magnétisme, de passion, et avec la même idée de construction qui fait monter les personnages très haut avant de redescendre très bas. Ce n'est pas un pavé : il se lit beaucoup plus vite que le livre d'Albert Cohen, mais il donne la même impression d'avoir vécu par procuration une histoire d'amour fou.

C'est Belle du seigneur, mais c'est aussi le livre de ma mère (il faudrait ajouter « et de mon père... », mais je force le trait pour rester chez Albert Cohen), car le narrateur est le fils des protagonistes, qui leur a écrit une ode d'amour filial. le fils, c'est Mietta (et ce prénom est lourd de sens), qui parle de sa naissance et de son enfance à la troisième personne ; mais il dit aussi « je », « mon » père, « ma » mère, lorsque c'est le narrateur adulte qui partage son interprétation de l'histoire de ses parents. Je crois que je n'ai jamais rencontré ce choix narratif dédoublé pour mêler immersion dans les souvenirs et distance adulte ; mais je crois aussi que cela participe à l'impression enthousiasmante que produit le livre : en effet, on comprend qu'il est très difficile de trouver la juste distance pour parler d'événements qui, même une fois la vie passée, restent terriblement douloureux tout en suscitant une folle envie de les faire revivre et de les fixer.

Sans doute ce choix narratif est-il aussi la traduction de l'ambivalence que ressent le fils envers ses parents. Car le roman est aussi traversé par sa quête des origines. Au sortir de la seconde guerre mondiale, la population était partagée entre ceux qui avaient été du bon côté et les autres. le père du narrateur n'a peut-être pas été du bon côté... à moins que si, il l'ait été ; peut-être même que ce sont avec des origines juives polonaises qu'il a dû composer pour survivre pendant le troisième Reich. Ces origines, il les a toujours niées, mais ce sont elles que le fils interroge et recherche en reconstituant l'histoire de ses parents même bien avant sa naissance.

La dernière phrase du livre est en quatrième de couverture, et c'est bien dommage car c'est aussi la plus belle et la plus bouleversante. Mais pour l'apprécier pleinement et sentir les larmes monter en la lisant, il faut avoir lu toute l'histoire, avoir vibré avec les personnages et vécu avec le fils. Lisez-la !
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Un livre qui est venu au hasard d'une brocante ou autre, c'est souvent comme ça, une quatrième qui intrigue, un auteur qu'on ne connait pas et voilà un jour au détour d'un challenge, on ressort ce bouquin. le moins que l'on puisse dire, ça change un peu de lire ce genre de roman que de suivre l'actualité littéraire, les rentrées à gogo qui nous inondent de nouveautés.

Ce petit livre ne paie pas de mine et pourtant il a tout d'un grand.
Pour faire court, imaginez un beau jeu de quilles qui attend bien sagement la boule qui viendrait renverser tout ce petit monde bien campé.

Et bien, cette boule, c'est Stéphane venu de nulle part, percutant ce jeu de quilles, mettant une belle pagaille dans le coeur d'Andrée. S'en suit une folle histoire d'un amour intense, d'une montée vers les sphères puis comme les montagnes russes, il faut bien redescendre.

L'écriture est particulière, tant tôt poétique, tant tôt comme hachée.

La construction également m'a semblé à la fois originale et bizarre, le narrateur parle comme si il était en retrait de cette famille, même en parlant de lui, ce n'est que dans les 2 dernières pages, que le "il" devient "je".
Un beau portrait d'un père par le fils, d'un amour intense d'une femme pour un petit homme qui ne paie pas de mine et pourtant !

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Encore un super conseil de libraire ! Je ne connaissais pas du tout Richard Morgiève ou alors vaguement, de nom et je me suis laissée convaincre par l'enthousiasme de celle qui m'avait déjà fait passer quelques bons moments de lecture. J'ai bien fait. Niveau écriture, c'est du costaud, la surprise point au bout de chaque phrase, non pas tant au niveau de l'intrigue que de la capacité à faire jaillir les images et à dresser le portrait d'un homme singulier, aussi attachant qu'énervant, escroc au grand coeur, éternel amoureux de la vie et des femmes.

Le narrateur part à la rencontre de son père, il remonte le temps jusqu'en 1942, date à laquelle ce petit homme (1,68 m), pas spécialement beau ni attirant a fait irruption dans la vie de sa mère, alors veuve et réfugiée chez ses parents avec son enfant. Pour Andrée, c'est un cataclysme. Son Stéphane, elle l'a dans la peau dit-elle un soir à sa soeur Lily. Ce polonais spécialiste du marché noir, roublard, joueur et terriblement démonstratif semble avancer dans la vie comme dans un casino. Sous la plume de Richard Morgiève, c'est tout le fameux et envoûtant "charme slave" qui prend possession du lecteur au point de lui faire fermer les yeux sur les activités assez limites du monsieur en temps de guerre. Stéphane est une contradiction ambulante, amoureux et infidèle, généreux et égoïste. Il ne s'embarrasse ni de bons sentiments ni d'idéologie. Il fait du fric et se convainc même de livrer une guerre économique en se faisant fort d'arnaquer les allemands un peu plus que les autres. Mais il est aussi du genre à vouloir faire de la vie de ceux qu'il aime une fête sans fin, et tant pis pour le clinquant, rien n'est trop beau pour sa princesse et la ribambelle de petits princes qui naîtront de leur union.

L'amour qui unit Andrée et Stéphane est superbement mis en scène par l'auteur qui utilise le narrateur, fils cadet du couple puisant dans ses souvenirs et ceux de ses proches, s'autorisant à inventer ce qu'il pense être la vérité. Pour au final parvenir à faire surgir la vie trépidante de ce couple si improbable, avec les parts d'ombre (la dépression, l'alcool, l'exagération en tout) mais un accent mis sur les parts de lumière. Des personnages éminemment romanesques au destin tragique. de quoi marquer leur descendance à tout jamais.

Un très joli moment de lecture par la grâce d'une écriture magnifique, piquante et vive qui sait parfaitement transporter son lecteur par la magie d'une atmosphère. Un bel hommage d'un fils à un père vraiment pas comme les autres.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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C'est l'histoire d'un fils et d'un père.
La mère était déjà là.
Le père est venu d'on ne sait où ; prince ou bandit ? On ne sait : « un de ces divins escrocs qui savent souffler le vent que les gogos achètent ».
Le père aime très beaucoup la maman du fils. L'inverse aussi. « Elle l'a dans la peau dit-elle ». Mais le père aime parfois d'autres femmes. C'est comme ça, le père est un éternel amoureux de la vie.
Le fils est conçu ‘'une nuit, en plein vent, sur une grève déserte de l'Adriatique''.
Dans cette histoire, il y a aussi un homme, manchot avec une mitraillette sous le manteau qui «…… je pas te voir grandir, j'être très triste à cause de ça, mais c'être la vie et la vie seule gouverne la vie » et si le fils n'avait pas déjà un père il aurait voulu cet homme comme père.
On nomme le fils du nom de cet homme, mais le fils n'est toujours pas né.
La mère meurt et le fils se réfugie dans ses Dinky -Toys. Dans ces cas-là on fait ce que l'on peut mais le fils n'est toujours pas né.
Le père a pris les dinky- toys et a dit : où est-ce qu'on les range ?dans mon fourbi, a répondu le fils et ils se sont donnés la main .Mais le fils n'est toujours pas né.
Il y a d'autres personnage : des indiens, des américains, des oncles
… mais on ne sait pas quand ils disparaissent.
La grand-mère meurt : elle, on savait.
Une histoire où on dit : tu te rappelles quand ……? Et on rêve de hier.
Le père se remet à boire et le fils prie beaucoup ; mais ça ne marche pas.
Vers la fin, très près de la fin, le père est seul avec le fils, il lui parle comme à un adulte alors le fils nait et parle comme un fils.
Le père décide de mourir, il ne pouvait plus vivre sans être le prince de la mère.
Le petit garçon cherchera toujours son père. C'est comme ça.
C'est une histoire simple, sans héros, sans Grande Révolution, qui ne cherche pas à traverser les siècles comme un chef d'oeuvre éternel.
Une chouette histoire, au ton juste, qui, sans pathos, met l'accent sur la lumière.
Parfois, on peut pleurer ; ça fait du bien.
Faut pas trop raconter cette histoire, pour ne pas l'abîmer.
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Une jolie découverte même si j'émets quelques réserves. L'histoire est racontée par le fils de Stéphane, Mietta. Il me semble que Mietta est R. Morgiève qui se réinvente une enfance. J'ai pensé au cinéma de Tim Burton et à notre Arsène Lupin national pendant ma lecture. J'ai beaucoup aimé la liberté de ton de l'auteur.

Stéphane est polonais, débarqué au Havre en 1938. Il veut être roi et comme tout roi, il fait fi des règles, des convenances et des autres même s'il possède « sa cour ». Il a une âme slave, celle décrite communément et la folie des grandeurs, mais c'est avant tout un commerçant de génie qui fait feu de tout bois, allemands, maquisards, résistants…

J'ai lu ce roman d'une traite emportée par une langue vivante, mais parfois un peu difficile à suivre et déstabilisante. Je n'aimerais pas être à la place d'Andrée, sa femme, qui n'existe que par sa passion pour cet homme. On l'a décrit comme quasiment analphabète, qui réfléchit peu et se laisse entretenir sans poser de questions. Elle est laissée seule des jours entiers sans savoir où se trouve son mari, est trompée, humiliée, battue (c'est l'histoire éternelle du mec qui ramène des fleurs après t'avoir maltraitée). Sa soeur Lily est entretenue également. Les personnages de femme ne sont pas « romanesques » contrairement à Mietta (l'ancien) ou au père et cela m'a chagrinée. Et puis les enfants souffrent, c'est une évidence. Je n'ai pas trop aimé que l'on fasse de cet homme un « héros » alors que pour moi, l'héroïsme réside dans le fait de survivre à la banalité du quotidien et de ne faire souffrir personne même si c'est moins glorieux.
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Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
- Eh bien je pense qu'on peut dire que je suis ruiné, répond-t-il avec un sourire désarmant.
- Mais c'est terrible, s'exclame Joséphine.
- Pas tant que ça, dit-il, qu'est-ce que c'est que l'argent ? C'est rien d'autre qu'une manière de faire passer le temps aux mortels civilisés. Ca circule de main en main, ça va, ça vient. Riche hier, pauvre aujourd'hui, inch'Allah, demain il fera jour pour ceux qui verront le soleil.
- Qu'allez-vous faire ? demande madame mère. A vote âge ce n'est pas facile de recommencer à zéro.
- Vous voulez que je vous dise à quoi je rêve, dit-il, je rêve de ne rien faire, rien faire du tout, vivre en retraité, dans une petite ville de préférence. Vous savez, ce que je veux, c'est lire mon journal tranquillement, faire de bonnes balades et siroter de temps en temps une bière à la terrasse d'un café. Oui, c'est tout ce que je veux et il m'en faudrait pas plus pour être l'homme le plus heureux du monde.
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[…] le sourire de ma Loraine, de ma filleule, de ma fille, oui de ma fille à moi, moi, mon, ma, mes, c’être les mots des gens libres, j’être libre et fort, et je te donne ma force, ce que je dire c’être pas clair, mais c’est mon cœur qui parler, alors je te le répète, plus belle maigrelette d’ici jusqu’à là-bas, où le soleil se couche, écoute, écoute, quand mes yeux mouriront, ils mouriront avec ton image dessus parole d’honneur.
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Menteur comme un arracheur de dents, mon père avait eu l'intuition géniale d'être sincère. Ma mère leva les yeux au ciel et dit : épisodiquement, qu'est-ce que vous pouvez être pimbêche, vous. Ils se regardèrent, un chien hurla, ma mère frissonna, mon père la prit dans ses bras, il la caressa tendrement, elle se laissa faire et ils s'embrassèrent, c'est pas plus compliqué que ça. La légende est muette sur le reste de la nuit, moi je pense qu'ils baisèrent comme des fous et qu'ils achetèrent le silence de Bella. Mais même si je me trompe, même s'ils restèrent chastes cette première nuit, elle exista et il en résultat des années de passion.
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Maintenant Mietta passe par le restaurant avant de retourner à l'école l'après-midi, ainsi il voit mon père au moins une fois par jour. Il descend l'escalier, il ouvre la porte de service qui donne dans le couloir de l'immeuble et il pénètre Chez Jacquemier, dans la salle du fond (qui est une prison pour le père est un palais pour l'enfant, un Versailles mystérieux dont son père est le roi et où tout converge vers lui). Mietta longe la desserte où il y a les corbeilles de fruits, les tartes tout en longueur et les plateaux de fromages. Il fait attention à ne pas regarder les clients, mais si par hasard il croise le regard de l'un d'entre eux, il lui sourit (et son joli sourire dit naïvement : je suis son fils). Et finalement voilà Mietta dans la première salle, où il y a le bar et la soupente. Mietta s'approche de la caisse. Mon père ne l'a pas encore vu, il fume en rêvant derrière ses lunettes en or, ou plus rarement il discute avec quelqu'un. Puis il lève sa tête, il aperçoit son fils, et il sourit.
- Bonjour fiston, dit-il en se penchant et en embrassant Mietta sur la joue ou sur la bouche, ça dépend (Mietta aime l'odeur de mon père, ça lui fait le même effet que l'odeur de ma mère).
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Chaque soir la java du noir c'était bien plus que des repas d'affaires, bien plus que des noubas, c'était les premiers vrais éclats de rire depuis 1939, c'était les premiers disque de jazz, c'était la certitude pour tous que le printemps allait apporter la paix. Chaque matin mon père enfilait sa blouse grise et jouait à l'épicier. Il collait des étiquettes de château-margaux sur des bouteilles de picrate, mouillait le lait, appelait pur beurre tout ce qui avait une vague couleur jaune et à en croire la publicité qu'il susurrait en souriant dans son béret, son cochon était tout cochon alors qu'il était moitié chèvre moitié on ne sait trop quoi d'inavouable. Bref le jour mon père faisait comme tous les autres épiciers de France, il arnaquait huit heures durant pour quelques dizaines de francs. Mais il y avait une différence essentielle entre mon père et la plupart des autres épiciers de France, lui se remplissait outrageusement les poches pendant que ses confrères dormaient, et donc le matin venu, lesté de plusieurs centaines de milliers de francs, il pouvait sourire à sa clientèle avant de lui avoir volé le moindre sou.
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