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Critiques de Robert Paul Holdstock (111)
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La forêt des Mythagos, tome 1 : La forêt des My..

C’est en 1984 que paraît en anglais le premier tome du cycle de Robert Holdstock qui deviendra, avec ses suites et les honneurs de plusieurs prix, un classique du genre. Le cycle de la forêt des Mythagos (mythimages dans mon édition de 1993 chez Denoël) a traîné plusieurs années dans ma PAL, la série s’est étoffée de plusieurs titres, le temps a passé encore, l’auteur nous a quittés en 2009 et ce n’est que maintenant que je me penche sur cette œuvre… il était temps !

Le premier constat est que cette lecture n’est pas aisée. Les concepts instaurés par l’auteur ne se mettent en place que progressivement et il faut au lecteur de la patience pour laisser infuser le tout. Résumer la thématique - une forêt qui cache de multiples dimensions, dans lesquelles apparaissent physiquement les héros et héroïnes des contes et légendes - est certes exact, mais non suffisant ; la forêt de Ryhope est en effet un personnage, LE personnage central d’ailleurs du cycle, avec ses couleurs, ses humeurs, ses secrets. Les humains qui la traversent et interagissent avec elle sont de passage ; elle seule perdure.

Dans ce premier tome, de genèse, nous suivons les frères Huxley qui, à la suite de leur père, vont faire l’expérience de la magie de la forêt de Ryhope. L’un et l’autre y perdront et y gagneront un peu d’humanité.

Si l’histoire des frères, de leurs relations et finalement de leur opposition pour garder le cœur de Guiwenneth (une Mythago sortie des légendes celtes) est plutôt classique, que les autres personnages sont brossés à trait parfois caricaturaux, le traitement donné à la forêt est tout autre. Le temps y est dilaté et, de fait, Robert Holdstock s’est penché avec minutie sur les couleurs, les teintes, les bruits et murmures que produit une forêt primaire. La poésie qui en découle est désarmante, dérangeante et, il faut l’avouer, parfois incroyablement longue…

Un style particulier donc, auquel il faut adhérer avec patience.

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La forêt des Mythagos, tome 1 : La forêt des My..

1946, Steven Huxley rejoint son frère Christian à Oak Lodge, le cottage familial, peu après la mort de leur père.

Un père qui a passé son existence à étudier les bois qui jouxtent la maison, y perdant la santé, délaissant sa famille, obnubilé par la nature de ces lieux inviolés depuis des millénaires.

Une forêt primordiale presque impossible d'accès, se nourrissant de l'inconscient collectif et insufflant la vie aux mythes.

Bientôt les deux frères, reprenant les notes de leur père, succomberont eux aussi à l'appel du bois...



Robert Holdstock, disparu bien trop tôt, a donné vie à un cycle d'une richesse incommensurable.



Ode à la rêverie sur fond de drame familial, ce 1er tome est une lecture exigeante qui récompensera le lecteur sachant, tel Steven Huxley, franchir les obstacles et pousser plus avant l'exploration de ces contrées légendaires nées de l'imaginaire humain depuis ses balbutiements jusqu'à en percer les mystères.



Un émerveillement qui ne faiblit pas au fil des relectures.



Magistral !





Les 3 tomes suivants que sont Lavondyss, Le passe-broussaille et La porte d'Ivoire se lisent indépendamment et, bien qu'aussi riches, sont moins puissants.

Seul Avilion, le 5e tome, narrant la suite de l'histoire de Steven, parvient à renouer avec l'esprit du 1er.



L'auteur n'aura hélas pas pu nous conter davantage de récits du bois aux mythagos...
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La forêt des Mythagos, tome 3 : Le Passe-brou..

Résumer "Le passe-broussaille" serait une entreprise aussi vaine que monotone, et de plus, extrêmement complexe : le récit principal, à la façon des broussailles justement, est entrelacé de récits secondaires, de thèmes récurrents, d'allusions aux romans précédents du cycle des Mythagos et de la forêt de Ryhope. Le roman est à étages et couches superposés, comme un gâteau : plusieurs niveaux de lecture et de récits se rencontrent, entre l'analyse scientifique, mythographique, de certains héros partis dans la forêt pour l'étudier, et la version poétique vécue par d'autres ou par les mêmes savants piégés par leurs mythes et conflits personnels.



Cela veut-il dire que le roman est illisible ? Certes non. Il faut savoir s'y perdre comme dans une forêt, accepter d'être égaré à la façon des chevaliers laissant aller leur monture, certains de trouver une fée au bout du chemin. Le lecteur de Holdstock est dans cet état de rêve éveillé décrit par Freud à propos de la littérature, même si tout le soubassement théorique de cet univers sylvestre et mythique procède plutôt de Jung. Un certain degré de "lâcher-prise" est requis, pour que nous acceptions les tours et détours de la narration, son univers puissamment étrange et poétique, sa temporalité non euclidienne et irrationnelle. Il faut donc à ce chef-d'oeuvre un lecteur souple, imaginatif et adaptable, pas un consommateur passif et paresseux, qui attend tout d'un roman, sauf qu'il le surprenne.



Un fil rouge est cependant détectable ici, qui associe "Le passe-broussaille " aux précédents romans : c'est la relation des pères aux fils. De même que Huxley et Keeton perdent leur fils et fille et recourent à la Forêt et à sa magie pour régler leurs comptes avec eux ou les retrouver, de même ici, Richard Bradley est en quête de son propre fils : c'est la version moderne, familiale, des grandes quêtes des chevaliers errants issus des mythes qu'ils vont justement rencontrer, en chair et en os, dans cette Forêt. Ce lien du sang est profond et donne à l'histoire une grande intensité dramatique.



Donc, la puissance poétique, évocatrice, de ce roman (accessible à ceux qui n'ont pas lu les précédents), est très grande. Il fascine par sa richesse et son foisonnement. Il est à "La tapisserie de Fionavar" de G.G. Kay, autre récit de forêts et de mythes, ce qu'un riche tapis persan aux coloris profonds, est à une carpette élimée.
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La forêt des Mythagos, tome 1 : La forêt des My..

A l’ouest de l’Angleterre, dans le comté d’Herefordshire, il est une forêt primitive bien mystérieuse : la forêt des Ryhope. Si l’on peut en faire le tour en quelques heures, il est très difficile d’y pénétrer et, lorsque l’on y parvient, on peut s’y enfoncer pendant des années sans jamais en voir le bout. Il faut dire que cette forêt a la faculté de matérialiser les contes et légendes de l’inconscient collectif. Ceux qui réussissent à y entrer donnent ainsi vie à leurs rêves, et à leurs cauchemars, grâce à la représentation qu’ils se font des personnages et créatures qui les peuplent : les mythagos…

C’est dans cet univers original que Robert HOLDSTOCK a aujourd’hui écrit cinq romans que je propose de lire dans l’ordre d’édition :

1) La forêt des mythagos (Mythago Wood, 1984)

2) Lavondyss (Lavondyss, 1988)

3) La femmes des neiges (The Bone forest, 1991)

4) Le Passe-broussaille (The Hollowing, 1992)

5) La Porte d’ivoire (Gate of ivory, 1998)

Cet ordre est celui proposé par Denoël dans sa collection Lunes d’Encre. Il diffère quelque peu dans sa reprise au format poche chez Gallimard, dans la collection Folio SF. Dans cette dernière, le court roman La femme des neiges est en effet inséré à la fin du quatrième et dernier tome, La Porte d’ivoire. Il faut dire que les cinq romans du cycle ne se suivent pas particulièrement, même si leurs intrigues sont transversales.

Trois des cinq romans sont consacrés à la famille Huxley, dont le père est le découvreur de la forêt des mythagos ; La femme des neiges lui est entièrement consacré. Le premier tome a pour personnage principal Steven Huxley, le benjamin de la famille, le cinquième Christian Huxley, le fils aîné. Lavondyss est centré sur Tallis, la jeune soeur d’Harry Keeton qui a accompagné Steven Huxley dans sa découverte de la forêt des Ryhope. Le Passe-broussaille a pour personnage central Richard Bradley dont le fils, ami de Tallis Keeton, est retrouvé sans vie à l’orée de la forêt des Ryhope.

Les cinq textes sont des drames. Dans chacun d’entre eux un personnage part à la recherche d’un proche qui n’est jamais ressortit de la forêt des Ryhope. Mais le drame n’est pas seulement le fait de celui qui s’est perdu, mais aussi le fait de celui qui cherche à le secourir. Car en entrant dans la forêt, il expérimente lui même la création des mythagos, et les difficultés que cela entraîne.

Cet univers verdoyant et sauvage est mis en valeur par une très belle écriture, à la fois travaillée et imagée. Les références aux contes et légendes, notamment celtiques et amérindiens, sont innombrables, de même que celles relatives à la mythologie grecque, en particulier dans Le Passe-broussaille. Les personnages principaux, bien réels, sont parfaitement caractérisés, mais jamais caricaturaux. Chaque texte est en outre une redécouverte de la forêt des Ryhope, Robert HOLDSTOCK réussissant la prouesse de se renouveler à chaque écriture.

Il n’en demeure pas moins que La forêt des mythagos n’est pas un cycle facile d’accès. Le lyrisme de l’auteur peut déjà rebuter plus d’un lecteur avide d’action pure. Les notions relatives au chamanisme, très nombreuses, notamment dans Lavondyss, demandent aussi un effort certain de concentration. Notons aussi que plus les personnages s’enfoncent dans la forêt des Ryhope, plus l’écriture se fait dense, la forêt semblant ainsi prendre le pas sur toute autre forme de réalité.

L’effort demandé n’est toutefois pas vain puisqu’il permet de découvrir un univers éminemment original. Celui-ci ne peut pas laisser indifférent, que ce soit positif ou négatif. Je crois également que chaque lecteur tournera l’ultime page en étant convaincu qu’une deuxième lecture au moins est nécessaire pour appréhender toute la richesse de l’oeuvre.

Le premier roman, La forêt des mythagos, a obtenu le British Science Fiction Award en 1985 et le World Fantasy Award en 1984. Il est aussi pour moi le meilleur des cinq.
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Codex Merlin : Intégrale

Codex Merlin, trois livres



Codex Merlin contient trois tomes, en effet : Celtika, le Graal de Fer et Les Royaumes brisés. Comment expliquer cette saga ? Imaginez que Merlin n’a pas vécu uniquement du temps du Roi Arthur. Imaginez que Merlin est universel, suivant un chemin à travers le temps, vivant de grandes aventures. Il a ainsi grandi avec Médée et a participé à la quête de la Toison d’Or avec Jason, sous le nom d’Antiokus. Or Médée a fait croire à l’assassinat des fils de Jason. 700 ans plus tard, Merlin se trouve à un oracle et croise l’un de ses fils. Alors commence pour lui une nouvelle quête. Il va chercher Jason, emprisonné, mi vivant mi mort, en sommeil dans son vaisseau : l’Argos, au fond d’un lac gelé. Une fois son compagnon libéré, ils partent tous deux avec un nouvel équipage à la recherche des fils perdus. Ils y rencontrent une ensorceleuse du nom de Niiv qui tombe amoureuse de Merlin et qui fera tout pour lui prendre ses connaissances. Et dans ces compagnons, il y a bien sûr l’ancêtre d’Arthur. Et nous aurons les prémisses de la prophétie sur le roi Arthur.



Je ne vous en dis pas plus sur cette histoire, je vous laisserai parcourir ce millier de pages captivant. On y découvre un univers coincée entre l’Antiquité tardive et un soupçon de Moyen Âge. Vous apprendrez à connaître un Merlin jeune, qui apprend de ses erreurs, en quête de sa propre histoire parfois oubliée. Vous y verrez ses craintes face à ses pouvoirs, sa quête du Chemin, son amour pour Argos, son histoire avec Jason et son nouvel équipage.



L’écriture y est fluide, et vous vous retrouvez sans peine en train d’imaginer tout cet univers fantastique, plein de promesses, qui vous coupera des traditionnels mythes à la Tolkien. Ne pensez pas que c’est une copie celtique : c’est un renouveau et vous adorerez parcourir les fleuves nordiques. Vous vous prendrez à rechercher ce trajet sur une carte. Et vous chercherez toutes les divinités présentes, imaginerez celles à venir… Codex Merlin est à l’image du vaisseau : un voyage long mais qui vous tiendra en haleine



Selon moi, un livre qui tient une place angulaire dans ma bibliothèque fantastique
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Le Bois de Merlin

Bretagne contemporaine. Les enfants des villages proches de Brocéliande, la forêt des légendes Arthuriennes où Viviane aurait emprisonné Merlin il y a de cela plus de 2000 ans, peuvent voir les esprits des morts se déplacer sur le chemin qui traverse les bois ; ils ont pour coutume de danser à travers ces formes fantomatiques et en acquièrent des dons temporaires. Martin fait partie de ces enfants. Mais, un jour, après avoir dansé parmi les voyageurs, son jeune frère va être retrouvé mort, apparemment victime du loup.



Adulte, Martin et sa sœur Rebecca s'expatrient l'un à Amsterdam, l'autre en Australie ; la mort de leur mère va les ramener à Brocéliande, où l'on constate que la forêt montre des signes de changements…



———



Déroutant. Voilà le mot qui me vient au terme de cette lecture du Bois de Merlin.

Non pas que le roman soit mauvais, mais je ne le conseillerai pas non plus.



Je m'explique, je décris.



Le monde : du bien et du moins bien



Le roman se déroule dans ce qui semble être notre monde, à époque contemporaine, mais qui serait doté d'une certaine part de fantastique assez mal introduite et, du coup, très peu crédible dans ses débuts. Dans la première partie, par exemple, la narration s'appesantit sur "le chant", sorte de pouvoir ancestral mal défini et peu explicité, qui guide certains humains et leur accorde de capacités particulières. Il guérit, il ressuscite, il relie les hommes, il les guide, il nous perd. Rebecca connaît (?) maîtrise (?) véhicule (?) suit (?) le chant (je n'ai pas bien compris), et c'est ce chant qui l'aurait emmenée jusqu'en Australie, ce même chant qui l'aurait fait rester à Brocéliande après l'enterrement de sa mère.

Mis à part ce côté incompréhensible (ou trop peu accessible) du monde tel que décrit par l'auteur, on retrouve des facettes fantastiques plus traditionnelles ou, en tout cas, plus aisément compréhensibles : les enfants voient des fantômes, ils acquièrent des pouvoirs quand ils dansent en eux, certains adultes ont la capacité de voir l'invisible, des esprits peuvent parasiter puis vampiriser les corps des vivants, les mages et les sorcières ont une longévité conséquente et utilisent les humains pour leurs vengeances ou pour leur survie, la forêt possède une volonté propre, etc.



Les personnages : du bien et du moins bien



Les principaux personnages sont deux adultes, Martin et Rebecca, frère et sœur, qui vont avoir un enfant : Daniel. Non, pas d'inceste, même si l'auteur laisse planer un doute nauséabond, on apprend par la suite que Rebecca a été adoptée.

Martin est l'exemple du jeune homme droit dans ses bottes, bon, gentil, attentionné, père modèle, respectueux des traditions ; le gendre idéal. Au contraire, Rebecca fait l'effet d'une femme dérangée qui entend des voix, suit des fils invisibles, chante pour aspirer l'eau des poumons de son ex-fiancé mort noyé mais toujours vivant, bref, elle n'est pas bien nette. Alors, quand l'enfant qui nait se révèle être sourd et aveugle, on sent tout de suite qu'une chose étrange s'est passée dans le ventre de sa perturbée de mère.

Et c'est là que la seconde partie du récit, qui se focalise sur les premières années de Daniel et sur la vie de famille face aux difficultés de son état, est vraiment excellente. L'auteur arrive à instaurer un sentiment de tension, d'intrigue, d'horreur presque, qui vaut son pesant de cacahuètes. On sent que le petit n'est pas "normal", que quelque chose se trame, que des puissances supérieures sont à l'oeuvre ; surtout quand une vieille du village le suspecte d'être mort, que son corps ne soit que le véhicule utilisé par un "voyageur"...

Du bien et du moins bien.



L'histoire : du bien et du moins bien



Derrière Martin, Rebecca et Daniel, on se rend bien compte que l'auteur a voulu donner sa vision de l'histoire de Merlin et Viviane. Et c'est là que commence la vraie désillusion car, à mes yeux, après avoir suivi un récit rythmé, tendu, après avoir espéré avec Martin et s'être fait un sang d'encre pour lui, l'auteur nous plonge dans une troisième partie soporifique, accessible seulement aux initiés ou aux connaisseurs des détails de la légende, où Merlin raconte ses histoires sans queue ni tête, son appétit sexuel pour les jeunes vierges dotées de pouvoir magique, ses tribulations auprès de chefs de guerre celtes, ses métamorphoses en piaf, le supplice du pal (malheureusement inversé), jusqu'à son démembrement et son emprisonnement. J'avoue volontiers avoir lu entre les lignes tellement cela n'apportait rien à l'histoire principale, tellement cela arrivait tard, trop tard pour être appréciable, trop tard pour avoir un quelconque intérêt.



Bilan : du bien et du moins bien



Malgré les dernières pages où l'auteur explique la genèse de son roman, je ne suis pas certain d'avoir bien compris son objectif. Ou, plutôt, je me demande bien pourquoi il a employé cette trame.

Robert Paul Holdstock avait pour souhait de rédiger sa vision de la relation qui unirait Merlin et Viviane (c'est chose faite, mais à quel prix), il voulait mentionner et faire revivre des traditions perdues ou en voie d'extinction (c'est chose réussie), il espérait montrer la fragilité de toutes les croyances païennes face au christianisme, tout en offrant au lecteur un autre monde possible, façonné par des éléments magico-religieux, totémiques, païens, qui n'auraient pas été supplantés par le monothéisme (c'est plus ou moins clair même si le postulat est bancale).



J'ai beaucoup apprécié les références au paganisme, aux croyances inconnues (de moi) et aux traditions perdues ou en voie de disparition. J'ai aimé l'idée que les enfants puissent voir des choses invisibles des adultes ; que les anciens puissent avoir une sagesse leur permettant de voir l'indicible et d'ôter les masques des manipulateurs ; que les hommes aient en eux un "os du temps" qui se brise chez nous tous mais qui reste intact chez les être d'exception et les empêche de vieillir.

J'ai apprécié l'ambiance et les rebondissements dans l'histoire du couple et de leur enfant.



J'ai détesté Rebecca et ses pouvoirs cantiques (elle l'a bien cherché !) ainsi que la partie 3 bien trop déconnectée du récit.



Bref, on retiendra du Bois de Merlin que les mages de l'ancien temps peuvent se jouer des mortels, mais il me restera surtout un sentiment amer, une petite pointe de jalousie née du sentiment que seuls des initiés semblent pouvoir apprécier ce roman dans sa totalité.

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La forêt des Mythagos, tome 5 : Avilion

Fils de Steven Huxley et de Guiwenneth, la mythago, Jack entreprend de retrouver le lieu où son père a grandi, Oak Lodge. Il quitte donc le forêt de Ryhope pour gagner l'autre monde, celui de l'Angleterre moderne. Il y rencontre une jeune femme qui lui vient en aide, un étrange révérend qui se révélera être lui-même un mythago. Il fera aussi la connaissance de George Huxley, son grand-père. A moins qu'il ne s'agisse en fait du propre mythago de celui-ci. Là-bas, Jack se rend surtout compte que la forêt le retient, l'obligeant à faire demi-tour...



Entrer dans l'univers de La Forêt des Mythagos, c'est comme entrer dans un labyrinthe. Un dédale où chaque page que l'on tourne peut nous faire voyager dans un lieu qui n'existe nulle part ailleurs dans la Fantasy telle qu'on nous en propose habituellement. C'est un voyage extraordinaire où l'on croise des figures mythiques (évidemment, puisque c'est le thème principal du cycle) telles que le roi Arthur, ou même Ulysse, le héros grec. C'est un périple qui nous mène jusqu'aux plus profonds replis de l'inconcient collectif.



Mais attention ! Avilion est tout sauf un livre évident. Déjà parce que, contrairement au premier opus du cycle, la notion de quête, propre à la Fantasy, est ici comme en pointillé. Même si La Forêt des Mythagos était loin de relever de la Fantasy balisée et bourrée de clichés, il est clair qu'Avilion nous fait perdre tous nos repères, nous lâche dans un monde étrange. Passées les cinquante premières pages (en gros, cela correspond au petit résumé qui débute cette chronique) nous nous retrouvons comme livrés à nous même. Car ce qui marque le plus à la lecture de ce roman, c'est le fatum qui pèse sur les personnages, l'inexorabilité de leur destin. Et, forcément, l'ambiance générale de ce livre, son atmosphère serait-on tenté de dire, s'en ressent.



Avilion est-il un roman pesant pour autant ? Non, mille fois non ! En effet, l'écriture magnifique de l'auteur est là pour donner, non pas une légèreté - malvenue à mon sens -, mais bien une aération qui amène de la profondeur à l'ensemble. Car s'il est bien un talent que l'on peut reconnaitre à Robert Holdstock, c'est son style. A mon goût personnel, je le rapproche de celui de deux autres auteurs britanniques, Mary Gentle et Christopher Priest, tous deux publiés chez Lunes d'encre.



En résumé, Avilion est un livre magnifique qui, même s'il emmène ses lecteurs dans des méandres cruels et mordants, désenchantés aussi parfois, éclaire l'esprit de son lecteur. Je suis heureux d'avoir lu ce livre, et je me suis déjà précipité pour acquérir le prochain, Lavondyss.



A signaler aussi la magnifique couverture de Guillaume Sorel, illustrateur voulu par l'auteur lui-même.



Robert Holdstock nous manque.



A.C. de Haenne
Lien : http://les-murmures.blogspot..
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La forêt des Mythagos, tome 2 : Lavondyss

Lavondyss de Robert Holdstock

Tr. de l’anglais par William Desmond

Le jour de la naissance de Tallis , un très vieux cerf, connu depuis fort longtemps dans la région sous le nom de Gaillard écorné, s’approche jusque dans le jardin et y perd même un morceau d’andouiller que sa maman enveloppe dans sa robe de baptême et range précieusement. De ce jour, Tallis portera le sobriquet de “la séductrice de Gaillard écorné”.

Quand elle est encore petite, son grand père Owen Keeton, avant de mourir brusquement un soir de Noël, le sourire aux lèvres, lui écrit une longue et mystérieuse lettre dans la marge d’un livre de contes folkloriques et légendes galloises qu’il aime particulièrement et compte lui léguer.

Lorsqu’elle a quatre ans, son demi-frère aîné, Harry Keeton, que nous avons rencontré dans La Forêt des Mythagos, vient lui dire au revoir en lui apprenant qu’il se rend dans un lieu étrange mais qu’il ne sera jamais très loin d’elle. Nous nous reverrons, Tallis, je te le promets.

Le prénom de Tallis est issu de celui de l’illustre conteur Taliesin dont le grand père Owen croyait être le descendant et curieusement, dès son plus jeune âge, Tallis manifeste des dons pour les mots et les histoires, qui lui viennent parfois, comme dans une sorte de transe, modifiant toute l’ambiance autour d’elle. Elle se raconte aussi que les lieux ont plusieurs noms dont un nom secret qu’il faut trouver pour pouvoir les traverser dans l’autre sens. Elle se met à sculpter des masques et des poupées qui lui permettent de canaliser ses dons innés. C’est sa façon de se former et de préparer, sans le savoir, son entrée dans la forêt de Ryhope dont elle perçoit déjà des pré-Mythagos sur le pourtour de sa vision.

Autour de ses douze ans, un jour d’été, elle voit s’ouvrir devant elle une sorte de porte en forme de fente grise, laissant passer le vent d’un ancien hiver et les flocons d’une tempête de neige avec des bruits de cavalcade et la voix de son frère qui l’appelle : Tallis, Tallis, Tallis ! Au moment où elle lui répond : Je vais venir te chercher, Harry, attends-moi, la porte se referme.

Un peu plus tard, alors qu’elle s’est juchée sur une branche du grand chêne qu’elle a baptisé “Fort contre la tempête”, elle entend un cri désespéré, se penche et se retrouve dans une autre dimension, à contempler une scène de bataille où un jeune homme très beau est allongé à terre, semblant souffrir énormément. À partir de ce moment, elle en oublie son frère Harry et même l’école et ne pense plus qu’à sauver son guerrier, qu’elle a nommé Scathach, à l’aide de tous les rituels de magie qu’elle initie grâce à ses masques, notamment l’ouvrespace lui permettant d’entrer dans l’ancien monde. Après son échec et la mort de Scathach, elle se rend compte qu’elle est intervenue dans un processus qu’elle aurait dû suivre en spectatrice et que cette grave erreur aura peut-être des conséquences.

À treize ans, Tallis se lie d’amitié avec M. Williams, compositeur en recherche d’inspiration, qui sans le vouloir lui donne l’idée de composer une chanson pour aider l’esprit de Scathach, qu’elle pense emprisonné dans les limbes à cause d’elle, à se libérer. Pour la première fois, elle peut parler librement à quelqu’un qui l’écoute sans la juger et s’intéresse à ses histoires.

Dans la maison d’Oak Lodge, désormais colonisée par la forêt de Ryhope – un grand chêne pousse au milieu du bureau – , Tallis réussit à retrouver et lire en partie le journal très abîmé du père de Steven, qui étudiait la création et le fonctionnement des Mythagos. C’est la dernière étape de son initiation avant qu’elle ne marque le Mythago Gaillard écorné qui la suit depuis son enfance et entre enfin dans la forêt.

Sachant que Lavondyss ou l’Antique Parage Interdit, le cœur de la forêt, est un lieu où le temps n’existe pas, sachant que Tallis a maintenant des pouvoirs qui lui permettent d’ouvrir des portes là où il n’y en a pas, tout est désormais possible. Tallis va-t-elle rencontrer Scathach, son beau prince, alors qu’il est encore en vie ? Va-t-elle retrouver son frère Harry ? Va-t-elle réussir à le ramener à la maison ?



Ce roman parle de chamanisme, de l’initiation d’une jeune chamane qui découvre et apprivoise ses pouvoirs grâce à trois Mythagos encapuchonnées, les gaberlungi, ses trois maîtresses. Masque blanc, celle qui s’approche le plus de Tallis, jusqu’à la toucher et la laisser lever son masque pour voir son visage, celui d’une très vieille femme, lui insuffle des histoires.

Le chamanisme a existé chez tous les peuples premiers bien avant les religions. Il procède de certains codes et rituels très précis, comme l’animal totem par exemple ou le gorla pour Tallis qui n’est autre que le vieux cerf mythago Gaillard écorné. L’auteur s’est inspiré de ces codes ainsi que d’éléments historiques et anthropologiques connus et même de culture non écrite (danses, chants) auxquels il a mêlé son propre imaginaire, ceci avec un grand talent, pour construire son univers. Cet univers est génialement original, tout autant que celui de Tolkien, de Lovecraft ou d’Ursula Le Guin.

Comparativement à La Forêt des Mythagos, Lavondyss présente bien des différences. Les personnages de Steven Huxley et de Harry Keeton, même aidés par les notes de George Huxley (le père) et de son ami Edward Wynes-Jones (qui réapparait dans la deuxième partie de Lavondyss) sont beaucoup moins préparés que Tallis pour affronter les métamorphoses d’espace et de temps qui se produisent dans le bois de Ryhope. Bien que très jeune, celle-ci se destine à trouver la voie de l’Antique Parage Interdit depuis l’enfance et sa force intérieure n’a fait que grandir jusqu’à son entrée dans la forêt. À côté d’elle, Steven et Harry ne sont que des enfants apeurés.

Dans Lavondyss, d’ambiance plus sombre encore, car cet opus traite davantage de la mort et des rites funéraires, le terrain métamorphique des bois de Ryhope révèle ses chemins cachés pour mieux embrouiller le lecteur ensuite. Dans une écriture poétique et sensible, l’auteur puise intelligemment dans le patrimoine traditionnel des îles britanniques, déjà empreint de magie et de superstition, et, sous la forme d’un fantasme animé, nous offre parfois de somptueuses visions dont Arthur Rackham ou Charles Robinson auraient fait des merveilles.

Entre autres prix, Lavondyss a été récompensé par le British Science-Fiction Award du meilleur roman en 1988. CB

Chronique parue dans Gandahar 28 en juin 2021
Lien : https://www.gandahar.net
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Codex Merlin, Tome 1 : Celtika

Il y a chez Holdstock un ton et un univers très particulier : il joint ici , Merlin le voyageur du temps à Jason et Médée , la noire magicienne .Argos le vaisseau divin , renaît dans les glaces du Grand nord et embarque un nouvel équipage de héros celtes , hiberniens , hittites,germains . Dans le labyrinthe du temps et de l’espace , il les lance en quête des fils de Jason ,en ces temps où les hordes des barbares nordiques déferlent sur la Grèce exsangue et s’en viennent piller les trésors supposés de l’oracle de Delphes. Une fantasy très personnelle que j’aime beaucoup, hantée de figures divines du nord et du sud , où les magies et les rites l’emportent sur le choc de l’airain et du bronze.
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La Forêt des mythagos : Intégrale, tome 1(/2)

Le bois des Ryhope, près duquel vivent tous les personnages de cette série de romans, a la propriété de capter, d'amplifier et de donner corps et vie aux plus profonds fantasmes des hommes, sous la forme de "mythagos", de créatures incarnant les tendances les moins avouables de chacun, ses désirs secrets, son intime sauvagerie. Comme l'auteur semble avoir lu ou connu la pensée de Jung, il fait s'incarner non seulement l'inconscient individuel de chaque héros (par exemple dans le conte des deux frères, au premier volume), mais aussi sa part d'inconscient collectif, les plus anciens mythes et légendes qui ont travaillé l'humanité depuis le néolithique. Aussi, en entrant dans ce bois magique, chacun part à la découverte de soi-même, mais aussi remonte dans le temps jusqu'aux origines mêmes de l'humanité dont il porte une part de l'esprit.



Il faut avouer que les aventures sont fort compliquées, et qu'il faut parfois renoncer à tout comprendre dans le détail. Cela ne fait qu'ajouter à la beauté poétique de l'ensemble, à l'étrange familiarité des créatures, et aux multiples rebondissements que les aventuriers du bois connaissent. On compte quelques longueurs, en particulier (à la relecture) les recherches scientifiques du premier volume, et quelques passages néolithiques dont l'effet de surprise et d'émerveillement est grand quand on les découvre la première fois, mais dont la magie s'estompe quand on y revient. Certains épisodes, toutefois, supportent bien l'épreuve de la relecture, ce qui place l'oeuvre de Holdstock au-dessus du panier du tout venant de la littérature fantastique. On ne se lassera pas, en particulier, de la facilité avec laquelle des personnages anglais civilisés - dont certains ont étudié à Oxford - retournent à l'état le plus sauvage, une fois piégés dans le bois magique. Cycle romanesque très recommandable.
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La forêt des Mythagos, tome 1 : La forêt des My..

L'idée de départ est excellente, très intelligente, et étant un grand fan de mythologie, mythes et légendes, je ne pouvais qu'espérer tomber sous le charme. Le récit laisse quelques images en tête à la fin de la lecture, ainsi qu'une certaine atmosphère, que j'ai retrouvé par exemple avec Manesh de Stefan Platteau.

Cependant, j'ai été également assez déçu (bien que pas assez pour ternir complètement ce sentiment final positif, mais suffisamment pour me faire hésiter à lire la suite).

Je m'attendais je crois à vraiment encore plus de figures mythiques, et plus de rencontres et d'aventures avec les mythagos. Et je trouve que le pendant maléfique de Christian n'est pas assez développé, on entend juste qu'il ravage la forêt, on ne la voit (vit) pas, et c'est dommage.

Oh et dernier petit bémol, c'est le style qui nous laisse un peu en retrait de l'action, qui empêche un véritable souffle épique nous parcourir, alors qu'il en avait le potentiel. De même, dur de rester intéresser au sort des personnages, de rentrer en empathie avec eux. Si bien que je suis resté un peu hermétique, en tout cas laissé en retrait de l’histoire.



Et pourtant, au final, j'ai quand même bien aimé, mais sans plus.
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La Forêt des mythagos : Intégrale, tome 1(/2)

L'élément commun aux récits de ce cycle est un petit bosquet en Angleterre, la forêt de Rhyope dans le Herefordshire, le plus rural des Midlands de l'Ouest. Ce petit bois est en fait très ancien, le dernier reliquat d'une forêt primaire qui conserve encore bien des secrets. Car s'il est facile de faire le tour du petit bois, il s'avère en revanche impossible de le traverser : on se perd dans les sous-bois, on revient sur ses pas, et, si l'on persiste à continuer, on s'aperçoit que le paysage n'a aucun rapport avec la campagne anglaise : vallées enneigées, collines boisées, châteaux en ruine dressés au milieu de clairière... Le voyageur est transporté à travers l'espace et le temps, et les règles naturelles sont complètement bouleversées. La forêt n'est pas inhabitée : les esprits des contes et légendes semblent y avoir élu domicile, et elle semble être en lien avec l'inconscient collectif. Les romans du cycle mettent en scène des riverains de la forêt, en proie au mélange d'attirance ou de répulsion que la forêt exerce.

Chaque fois que je repense à ces livres, ou que je me replonge dedans, je perçois des odeurs : odeurs des sous-bois après la pluie, odeur des champs de blé par un après-midi d'été, odeur de neige et de bois mouillé, et d'autres encores. Quelque soit le récit du cycle dans lequel on les trouve, les images rémanentes persistent longtemps après avoir reposé le livre : Holdstock est un superbe écrivain, et son pouvoir d'évocation n'a rien à envier à celui de Gene Wolfe.

La forêt de Rhyope est une création fascinante, d'une grande complexité : les liens entre mythagos et légendes, les paradoxes, le chamanisme et les théories jungiennes, se télescopent, mais sans que jamais les personnages ne perdent leur humanité. La forêt aurait pu atténuer les éléments dramatiques du récit, ou ceux-ci n'être qu'une justification, mais Holdstock dose parfaitement son récit : la relation des frères Huxley avec Guiweneth, de James Keeton avec ses deux enfants, Harry et Tallis, d'Alex Bradley et son père Richard, toutes sont au centre des récits. Ces liens entre les trois familles que l'on trouve au centre des récits sont détaillés sur plusieurs générations, sans ordre chronologique particulier, mais ceci ne gêne en rien la lecture.

Cependant, la plus grande qualité de l'oeuvre est l'intelligence avec laquelle l'auteur manipule les mythes, les mélange, les déconstruits en leurs éléments constitutifs pour les recomposer de façon différente, sans rien perdre de leurs saveur : violence et sensualité, humour et sagesse ancestrale, mysticisme et quête de soi, tous ces adjectifs s'appliquent à la série. Les lecteurs érudits (ce que sont les rôlistes) s'amuseront d'ailleurs des références et des mélanges que fait Holdstock des mythologies.

Surprenante, originale, unique : l'oeuvre est un monument de la Fantasy, dans l'acceptation anglo-saxonne de ce terme, qui recouvre bien d'autres choses que des histoires de hobbits en vadrouille.
Lien : http://hu-mu.blogspot.com/20..
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La forêt des Mythagos, tome 3 : Le Passe-brou..

Les années passent et l’histoire se répète. Après la famille Huxley et la famille Keeton, c’est au tour de Richard Bradley de perdre dans la forêt de Ryhope son fils, Alex. Lui ne cherchera pas à le retrouver ; c’est une équipe de chercheurs, installée dans la forêt, qui vient à lui pour le convaincre de la présence toujours vivante de son fils et de la possibilité de le ramener dans le monde « réel ». À son tour, Richard entamera le voyage, la plongée de plus en plus profonde dans la forêt, dans les mythes, les légendes, créés, en partie, à partir de l’imaginaire de son fils.

L’histoire se répète donc, avec quelques mentions pourtant : d’une part le lecteur qui aura lu les tomes précédents sera déjà dans un univers connu. Le comportement de la forêt, la présence et l’aspect des mythagos n’est plus une surprise ; le style de l’auteur, tout en poésie et en ellipse est mieux maîtrisé et le lecteur visualise plus facilement, ce qui lui permet de se concentrer sur d’autres détails.

D’autre part, le récit se place en 1967 : aux aventuriers des premiers temps a succédé des scientifiques, des chercheurs, mieux préparés, plus « rationnels », qui ont établi des plans, des cartes, des méthodes, des théories. Autant de bouées de sauvetage pour le lecteur, oppressé par sa balade en forêt.

Reste que la lecture est oppressante, déstabilisante, voire horrifique ; un lâcher-prise est requis pour continuer à avancer, malgré les questions, malgré les incohérences. Le lecteur doit accepter de ne pas tout comprendre, de ne pas tout saisir pour progresser dans sa lecture et dans la forêt.

Il y gagnera une meilleure visibilité des teintes de vert !

Mon seul regret concerne les mythes et légendes. Si Arthur, Gauvain, Robin des Bois ou Jason ne me sont pas inconnus, bien d’autres références me sont complètement passées au-dessus de la tête, à mon grand désespoir… L’auteur a pioché dans de nombreuses mythologies celtiques, romaines, anglo-saxonnes, et je me suis sentie frustrée de ne pas toutes les voir.

Ce tome, un peu plus linéaire, ravira ceux qui ont déjà succombé à l’ivresse verte. D’aucuns ici ont argué la possibilité de lire les tomes dans n’importe quel ordre… je suis pour ma part extrêmement septique… Les récits étant transversaux, les références étant nombreuses, il me semble plus que préférable de les lire dans l’ordre.

À l’issue de cette lecture, on ne regarde plus d’une même œil une forêt…

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La forêt des Mythagos, tome 2 : Lavondyss

Avec l’aventure de Tallis dans le forêt de Ryhope, Robert Holdstock offre à lire un pan tout à fait autre, une version chamanique et animiste de ce lieu étrange et magique. Adolescente, déjà dotée de sensibilité aux mythagos, prédestinée à ce voyage, Tallis traverse la frontière à la recherche de son demi-frère, Harry Keeton - le pilote rencontré dans le tome 1 et qui accompagnait Steven Huxley. Mais si l’histoire précédente se place sur le temps court, nous suivons ici Tallis sur le temps long, le temps d’une vie et de ses épousailles avec la forêt.

Holdstock est clairement revenu aux religions, contes et légendes primitives, ceux dans lesquels l’accord avec la Nature est le plus important. De là une difficulté de lecture patente… les concepts sont plus flous, l’expérience de lecture plus ardue. Il faut au lecteur se laisser envoûter par le rythme, la progression du récit… pour être honnête, ce ne fut pas totalement mon cas…

Peut-être aurais-je dû lire ce tome en forêt ? Le bruit du métro ne s’accordait réellement pas avec la musicalité de ce tome !

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La forêt des Mythagos, tome 1 : La forêt des My..

Ce qui m’attirait principalement dans ce titre – reconnu comme un classique de la fantasy – c’est la mention de certaines figures mythiques : le roi Arthur, Jason… Fantasy mythique, merveilleux, légendes arthuriennes, forêt celtique… cette saga semblait avoir tout pour me plaire !

Mais je vous arrête tout de suite, si les héros cités dans la quatrième de couverture apparaissent un jour, ce n’est pas dans ce premier tome (ou alors on les aperçoit très succinctement) et finalement, l’émotion n’a pas été au rendez-vous, la magie n’a pas opéré avec moi. Snif.



Un personnage principal qui est le narrateur (donc écrit à la première personne du singulier) et des figures principalement masculines dans ce premier tome. C’est assez typique de la littérature imaginaire des années 80 et on s’en contentait alors mais aujourd’hui, en 2021, on aimerait des héroïnes féminines un peu plus présentes (et intéressantes).

Il y a bien un personnage féminin dans ce premier tome : Guiwenneth, qualifiée de princesse celte ; mais on ne peut pas dire que sa personnalité soit particulièrement travaillée et bien mise en avant. Côté représentation, c’est pas hyper hyper féministe (c’est un euphémisme). Ok, elle apparaît dans la forêt car est créée de toutes pièces grâce à l’inconscient collectif donc est forcément bourrée de clichés (rouquine aux cheveux bouclés, avec une lance dans les mains) mais les descriptions la concernant l’érotisent constamment (son parfum, un mélange de forêt/de sueur, met le héros dans tous ses états), c’est un peu (beaucoup) lourd. La femme-objet dans toute sa splendeur.



Mis à part ce personnage féminin assez pauvre, je dirais que j’ai plutôt apprécié la première partie, quand le héros – Steve – débarque dans la maison d’enfance, retrouve son frère Christian et s’engouffre dans le mystère qui palpite au cœur de la forêt. Il y a du suspense, on a envie de comprendre en même temps que lui ce qui se passe (qu’est-il arrivé au père ? qu’y a-t-il dans cette satanée forêt ?) et on attend assez impatiemment les rencontres étranges qu’il va pouvoir faire.

Mais à vrai dire, quand il pénètre vraiment dans les bois et parvient à franchir la barrière, alors que l’action devrait être à son comble, c’est l’ennui qui domine. Et même si les Mythagos (les créatures mythiques créés par l’inconscient) sont de plus en plus nombreuses (et dangereuses), j’ai peiné à y trouver de l’intérêt.



Je crois que c’est un texte assez exigeant qui demande un bagage assez riche en terme de mythes et folklores anglo-saxons. Bagage que je n’ai qu’à moitié alors je pense que j’ai raté pas mal de références. Je pense aussi que c’est un titre qui a été initialement publié en 1984 et qu’il a, comme qui dirait, pris un coup de vieux.

Je découvrais le style de Robert Holdstock avec cette histoire et si je ne suis pas réfractaire aux descriptions – loin de là -, j’ai eu un peu de mal avec le rythme insufflé ici par l’auteur. Visuellement ça fonctionne, on imagine les scènes sans problème ; mais que c’est lent et pas toujours nécessaire…

Du côté des titres imaginaires qui se déroulent en forêt (avec des atmosphères prenantes et de nombreuses descriptions), je vous conseille bien plus largement Faërie de R. E. Feist, Les Sentiers des Astres de Stefan Platteau ou la saga Rois du Monde de Jean-Philippe Jaworski.



Là tout de suite maintenant, je ne suis pas sûre d’avoir envie de me plonger dans les 3 tomes suivants, même si on me promet la rencontre avec Arthur, Merlin, Jason… si vous avez lu toute la série, vous me ferez peut-être changer d’avis ?
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La forêt d'émeraude

"La Forêt d'émeraude" est avant tout un très beau long métrage sorti dans les salles françaises en 1985, le plus gros succès public de John Boorman ("Excalibur", "Délivrance" ou, plus récemment "Queen & Country").

Basé sur un fait divers paru dans la presse, l'histoire relate l'enlèvement au Brésil d'un petit garçon occidental par une tribu d'Indiens du bassin de l'Amazonie vivant sans contacts avec la "civilisation". Ses parents, et surtout son père, le rechercheront dans la forêt d'émeraude durant une dizaine d'années, jusqu'à ce qu'il le retrouve et constatent que leur enfant est heureux dans sa nouvelle vie, qu'il est devenu pour eux une sorte d'étranger. le jeune Tommy s'est acclimaté et se comporte comme un véritable Indien intégré à sa nouvelle culture, à sa nouvelle famille, à la tribu dont il deviendra plus tard le chef...

Partagé entre ses désirs et ce qu'il découvre, le père finit par renoncer à ramener son fils, malgré les menaces extrêmes qui pèsent sur les Indiens dont le territoire est inexorablement dévoré par la modernité.



Il s'agit donc d'une quête et d'une réflexion sur ce qui fonde notre identité.



La novélisation est d'une grande qualité. Faire appel à Robert Holdstock pour retranscrite l'atmosphère de la forêt, la porosité entre le réel et l'imaginaire de la cosmogonie indienne, la beauté des croyances et des mythes tribaux est une excellente idée. L'auteur de "La Forêt des mythagos (prix British Science Fiction 1984 et prix World Fantasy du meilleur roman 1985) apporte beaucoup de profondeur à ce récit.

Il s'appuie directement sur le scénario original du film écrit par Rospo Pallenberg et réussit à traduire la puissance évocatrices des images qu'il contient. le romancier, d'ailleurs, suit si fidèlement le script que l'adaptation conserve les séquences absentes du film car sans doute coupées au montage ! Cela ajoute à l'intérêt pour les aficionados du film de John Boorman.





Au final, la lecture est prenante. C'est un récit dense et poétique ainsi qu'un magnifique plaidoyer pour la préservation des Indiens et de leur forêt.
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Le Bois de Merlin

Oui, mais... Voilà ce qui me reste de cette lecture.



L'histoire est en elle même assez simple, l'on retrouve le thème de la quête d'un endroit mystérieux et emplis de magie. Mais aussi ceux de l'amour, de la haine et du combat éternel qui se joue entre Merlin et Viviane - source de la quête et des problèmes liés à la forêt de Brocéliande.



Le tout ramener en France dans une époque proche de nous - mélange des époques et légendes si chers au cœur de l'auteur Robert Holdstock. Les lecteurs à l'imagination débordante pourront ce nourrir des magnifiques descriptions de la forêt et de sa magie.



Pourtant malgré l'originalité et un style d'écriture prenant, ce récit singulièrement court ne m'a laissait qu'un fort goût d'inachevé. Sensation d'autant regrettable que certaines idées sont vraiment bonnes.
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Codex Merlin, Tome 1 : Celtika

C'est grâce à Robert Holdstock que je me suis réconcilée avec l'épopée de fantasy. Il a réussi à conjuguer deux mondes qu'on oppose très souvent : les celtes et les grecs. Ce roman est une véritable mine d'or et j'ai beaucoup aimé comment l'auteur a développé d'un côté Merlin et de l'autre Jason. Surtout Jason. On connaît généralement l'envers du décor : c’est à cause de lui que Médée a tué ses enfants. D'ailleurs, il n'est arrivé que trop tard pour les sauver. Robert Holdstock donne une autre version des faits, tout en diabolisant encore plus Médée. On assiste à la rédemption d'un père pour qui les grecs n'avaient pas plus d'égard que pour sa sorcière de femme. Le but de son voyage est de retrouver ses fils qui ne sont pas morts. Cette idée m'a faite adorer le livre.



Merlin est développé à la fois comme personnage des légendes celtiques et comme ancien compagnon de Jason. Le fameux devin qui l'a guidé, c'était lui. On apprend qu'il a eu une descendance dans ce grand nord où il va chercher Jason prisonnier des glaces, qu'il ne vieillit pas parce qu'il utilise peu de magie et qu'il suit son Chemin. C'est très intéressant comme concept et c’est ce qui va déterminer plus ou moins le cours de l'histoire. La mythologie grecque ne dissous en rien la magie des légendes celtiques et c'est ce qui fait tout le charme du livre.



Un petit bémol tout de même : on reste très longtemps dans les glaces pour faire revivre Argo, le navire, donc on peut trouver le récit un peu lent. Le style un peu désuet et contemplatif peut gêner. Autour de moi, ceux qui s'y sont essayé ont souvent abandonné à cause des longueurs de l'histoire due à une narration trop descriptive. Ça m'a aussi un peu bloquée vers le dernier tiers du livre. L'attente est devenue interminable.

Étant donné le rôle maléfique de Médée dans cette saga, je ne vais pas pouvoir l'utiliser pour mon mémoire mais j'espère avoir la chance de lire la suite de leurs aventures !
Lien : http://anassete.blogspot.com..
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Codex Merlin : Intégrale

En Résumé : Je dois dire que j'ai passé un bon moment avec cette intégrale vraiment dense et complexe offrant une histoire qui prend pleinement son temps pour se dévoiler et offrir son dénouement, des personnages vraiment sombres et complexes, un univers vraiment dense, travaillé et qui est vraiment magnifique le tout porter par une plume poétique et sophistiqué qui demande un minimum de concentration. Le début est surprenant et peut être bloquant mais si on se laisse aller et emporter par le récit on passe alors un très agréable moment avec ce livre. Seul gros défaut le trop grand nombre d'informations données par l'auteur qui peut embrouiller, mais rien de bien dérangeant.



Retrouvez ma chronique complète sur mon blog.
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La forêt des Mythagos, tome 1 : La forêt des My..

C'est franchement avec bonheur que j'ai découvert Robert Holdstock. Il est vrais que ce livre, et ses suites, font quasi partie des classiques actuels du genre SFFF (bref, les mondes de l'imaginaire quoi!), en tout cas il fait partie de "La bibliothèque idéale de l'imaginaire" du Cafard Cosmique. Maintenant je comprends mieux pourquoi on tient ce livre en si haute estime car il est vraiment magnifique. Et je comprends également pourquoi il ne plaît pas à tant de monde car "La forêt des mythagos" n'est pas le dernier livre de fantasy classique et formaté. Robert Holdstock nous livre ici un livre à la croisée des genres de l'imaginaire, en cela je rejoint presque Brian Aldiss dans sa préface où il nous dit "La forêt des mythagos n'est ni du merveilleux, ni du fantastique, ni de la science-fiction, mais un genre à lui seul".



LA SUITE SUR MON BLOG... (voir le lien!)
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