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Critiques de Roger Grenier (47)
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Regardez la neige qui tombe. Impressions de..

J’ai récupéré cette biographie dans une boîte à livres. Au passage, je remercie ces personnes qui se débarrassent de leurs livres dans ces boîtes ; quel plaisir d’y fouiner et de dégoter quelques pépites dont on ignorait l’existence…



Voici une biographie originale d’Anton Pavlovitch Tchékov ; l’auteur entre autres de « Sur la grand route », « Oncle Vania » et « La Cerisaie »…



Roger GRENIER n’a pas écrit une biographie dans l’ordre « chronologique » en détaillant toute la vie de Tchékhov, pour ça vous avez un article détaillé de bonne qualité sur Wikipédia ; non il aborde cet auteur par petites touches, selon quelques sujets choisis. Il nous parle de la vie de Tchékhov, autant que de son œuvre, nous livre quelques extraits de lettres, nous fait partager ses pensées.



Cette biographie est presque écrite comme un roman ; nous entrons dans la tête du personnage, qui n’est pas magnifié, il y a ses qualités, ses défauts, ses idées, ses doutes et également les rencontres qu’il a faites…



Certes cette biographie n’est pas récente, mais je vous la recommande vraiment, elle est bien écrite avec un texte qui fait revivre cet auteur.



Monsieur Tchékov, vous qui pensiez que vous n’accéderiez pas à la postérité et que vos écrits ne vous survivraient qu’une année, vous vous êtes trompé. C’est avec délectation que j’ai lu une grande partie de votre œuvre et vos pièces sont toujours jouées aujourd’hui, presque 120 après votre décès.



Bref, une biographie de qualité à savourer qui je l’espère vous donnera ensuite l’envie de découvrir ou relire l’œuvre exceptionnel de Tchékhov.



À lire en écoutant Tchaïkovski pour l’ambiance, installé(e) sur un sofa, en buvant du thé noir accompagné de quelques pryaniki…



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Une nouvelle pour vous

Un plaisnt receuil d'une quinzaine de nouvelles par un ami d'Albert Camus avec qui il travailla un temps au journal " Combat "



L'auteur en tant que scénariste de radio et de télévision aurait pu développer la plupart de ces courtes nouvelles pour , en les étoffant , les transformer en histoires plus longues tant elles contienent de possibilités en ce sens .



Un agréable moment de lecture .



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Les Larmes d'Ulysse

Le fil de l’ouvrage est décousu, c’est un chien qui a du chien. Mon avis est loin d’être négatif mais souvent, comme le remarque Grenier, la comparaison avec un chien a tout de l’insulte. J’ai aimé découvrir diverses anecdotes, plus ou moins légères — celle sur l’île d’Oxias m’a particulièrement touchée —. La présence du chien Ulysse permet des petites disgressions agréables.
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Les deux rives

J'aime profondément Roger Grenier, qui fut un grand serviteur de la littérature. Homme discret et bienveillant, il passa plus de 50 ans aux éditions Gallimard. Ami de Camus, puis de Queneau, de Brassai et de beaucoup d'autres, il est aussi auteur d'une œuvre qu'il lui ressemble : élégante, humaine, subtile, sans fanfaronnade et discrète comme coule une rivière. Homme sans ombre, il n'a pas recherché la lumière et me parait trop peu connu aujourd'hui.

Les deux rives est un livre posthume, qui regroupe trois courtes nouvelles, de nombreux souvenirs d'éditeurs et un commentaire sur l'Illustration (revue de la guerre de 14).

A lire ces belles lignes, j'ai eu deux regrets : qu'elles soient si courtes, et que Roger Grenier n'ait pas écrit - ou publié - son journal.
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Album Camus

Cet album Camus n'a été proposé à ses lecteurs par la bibliothèque de la Pléiade qu'en 1982. Il y a quelque chose d'étonnant de nos jours à songer que Camus n'a pas toujours été l'un de nos grands classiques.

La merveilleuse collection des albums Pléiade est assez facilement divisible en deux catégories : les albums de type universitaire, de facture assez classique, et les albums écrits par des écrivains ou des artistes, lesquels prennent alors une place non négligeable dans le récit. Roger Grenier, merveilleux écrivain, n'appartient pourtant pas à cette catégorie. C'est avec une grande humilité que celui qui fut un proche de Camus commente la riche iconographie proposée au lecteur, sans jamais se mettre en avant.

A l'image de Camus, il a fait un livre sobre et lumineux.
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Regardez la neige qui tombe. Impressions de..

Regardez la neige qui tombe.

Impressions de Tchékhov.(1992)

Roger Grenier (1919-2017)



Qui se souvient de la mort de Roger Grenier en 2017 dans une France tendue vers l'Election marquée par un hold-up sur Fillon.. moi pas en tout cas. A moins que cela m'ait échappé, mais je pense que cela s'est fait à bas bruit au milieu de ce tohu bohu étourdissant, abêtissant même, qui secouait la France d'alors et que la mémoire de cet homme de lettres délicieux, compagnon fidèle de Camus, fut plutôt passée à la trappe ..



J'ai parlé abusivement ici de traversée du désert littéraire de Sartre-Camus-Malraux à Houellebecq, il est vrai que ma précipitation m'a un peu emporté et que j'aurais pu citer quelques auteurs qui n'ont pas démérité. Preuve en est avec Roger Grenier qui signe précisément en 1992 ce très bel exercice ici évoqué. Peut-être voulais-je rester sur la crête des monstres sacrés français et forcer le trait pour signaler le marasme cuisant qui tétanisa le monde littéraire sur plus d'une génération, si ce n'est pas deux ?



J'aime quand un grand auteur se penche sur un autre avec délectation, déférence et raffinement, un raffinement qui vient sur un autre raffinement, celui de l'auteur ciblé. J'aime aussi sa manière de faire quand elle n'est ni chronologique, ni thématique, mais comme ça lui vient, intuitivement, chapitre par chapitre, comportant un titre presque comme dans un récit d'enfant qui cherche à mettre un nom sur chaque chose, des Impressions de Tchékhov comme nous dit Roger Grenier, dans son livre sublimement intitulé : "Regardez la neige qui tombe".



Et pourtant, il paraît que Tchékhov écrivait par habitude, en fonctionnaire ? Et pourtant, c'est celui qui disait : "Ecrivez ce que vous voulez ; si vous manquez de faits concrets, remplacez-les par des tirades lyriques". On a l'impression qu'il fait tout à l'envers notre Tchékhov !



Nous ne sommes pas loin en fait ici du recueil d'anecdotes, mais propres à un écrivain, qui n'empêche pas un regard sur son monde contemporain, en précisant peut-être que Grenier est né à peine 15 ans après la mort de Tchékhov, même si on a le sentiment qu'un siècle les sépare. Grenier a étoffé sa démarche en publiant ensuite ses Instantanés..Et voilà, c'est ça que j'aime bien qui rend complètement digeste l'idée d'écrire sur un autre, un pair en l'occurence.



Deux prix sont venus couronner cette oeuvre de Grenier qui ne pouvait pas m'échapper. Si on a dit un jour à Grenier qu'il fallait lire Tchekhov, c'est une littérature pour lui ; ben Grenier écrivant sur Tchékhov est une littérature pour moi.



On dirait que l'un procède de l'autre et réciproquement en fait, tant la subtilité suinte à chaque page de part et d'autre.



Comme j'aime les grands auteurs du pays des frimas, qui n'ont pas leur pareil pour évoquer la neige, je suis allé spontanément vers les chapitres où les paysages chantent, mais pas seulement, je suis allé aussi butiner ces fleurs de chapitre, indifféremment. "A Venise, ce ne sont pas les palais qu'il remarque, mais une marchande de violettes et la calvitie d'un guide"



"Si la vie n'a pas de sens, elle n'est qu'une farce de collégiens (...) le sens ?.. Tenez, regardez la neige qui tombe, quel sens ça a-t-il ? (Les Trois soeurs)"



"Si je pouvais enlever de mon âme, de mes épaules la lourde pierre, si je pouvais oublier mon passé" (La Cerisaie)



Il n'y a pas de tragédie ici, mais combien de rêveries vivantes teintées de pessimisme !..La confrontation de ces deux écrivains dans un temps sans frontières est impérieuse, supérieure ..



Regardez la neige qui tombe est un joyau de littérature que l'on retrouve chez Folio Gallimard, 1992 à huit euros si je ne m'abuse. 12 09 2022 PG
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Les deux rives

Les portraits saisis dans le milieu littéraire par un membre du comité de lecture de chez Gallimard, sont colorés:

L’écrivain cite les attendus de l’exclusion de Marguerite Duras du PC :

« Elle fréquente les boîtes de nuit du quartier Saint-Germain-des- Prés où règne la corruption intellectuelle et morale, et que condamne à juste titre la population laborieuse et les intellectuels honnêtes de l’arrondissement. »

Il fallait du courage, quand un otage déporté, « à un SS qui lui tapait dessus il avait déclaré : « comme je vous plains d’être obligé de frapper un vieillard. »

Les célébrités de 1961 sont familières aux promis de l’EHPAD :

« Une semaine après avoir assuré le reportage de l’enterrement de Céline, j’étais à Pampelune en train d’enregistrer pour la radio une messe que le matador Antonio Ordóñez faisait célébrer, dans la chapelle Saint Firmin de l’église San Lorenzo, à la mémoire de son célèbre aficionado

[Hemingway venait de se suicider]. Orson Welles était là ainsi que quelques vedettes du cinéma et de la littérature qui semblaient s’être donné le mot pour se retrouver à la féria de Pampelune, en souvenir d’Ernesto.»

A quoi tient la notoriété ? Un des fils du journaliste de Combat invité à lire Malraux réplique :

« Tu ne te figures pas que je vais lire les livres d’un ministre. »

Le recueil des bons mots s’épaissit quand il cite Prévert :

« Même assis, je ne tiens plus debout. »

ou un autre confrère après l’enterrement d’Antoine Blondin :

« Même l’église était bourrée. »

Ces 140 pages agréables se lisent tellement facilement que leur trace risque d’être peu profonde, les anecdotes plaisantes ayant pris le pas sur toute mise en perspective de la littérature.

« Il n'y a plus d'après

À Saint-Germain-des-Prés

Plus d'après-demain

Plus d'après-midi

Il n'y a qu'aujourd'hui

Quand je te reverrai

À Saint-Germain-des-Prés

Ce n'sera plus toi

Ce n'sera plus moi

Il n'y a plus d'autrefois »


Lien : https://blog-de-guy.blogspot..
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Album Camus

Un album de documents iconographiques, mais aussi une biographie pour un auteur ultra-célèbre, mais sur lequel en fait je ne savais pas grand-chose, en dehors de réminiscences scolaires. Roger Grenier qui connaissait personnellement Albert Camus a par ailleurs écrit une biographie moins succincte sur celui-ci. Car dans cette collection la partie écrite n’est là que pour accompagner la documentation : photos de l’auteur, de ses proches, des lieux qu’il a connu et fréquenté, manuscrits ou brouillons, … presque 500 documents présentés en ordre chronologique. De quoi situer Albert Camus dans son temps, dans son époque, ce qui pour cet auteur est pour le moins essentiel. Comme d’habitude avec La Pléïade, cet album, à tirage limité, offert en 1982 à tout acheteur de trois ouvrages de la collection du même nom, est d’excellente qualité.
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Regardez la neige qui tombe. Impressions de..

Roger Grenier a obéi au conseil de l’ami et a lu Tchékhov.

Grenier aime bien écrire sur les autres, amis intimes ou personnes admirées. On peut citer entre autres Camus ou Fitzgerald.

Comme il a un vrai talent de biographe, à petites touches légères, comme un peintre, il nous fait le portrait de l’écrivain à travers de petits textes colorés.

Pas de réelle chronologie mais plutôt des fils rouges que Roger Grenier suit patiemment, le théâtre, l’enfance douloureuse, le père violent à Taganrog, le mariage, la vie en famille, le cabinet du médecin et pour terminer l’ombre de la tuberculose.

Le Tchékhov médecin ET écrivain « La médecine est ma femme légitime et la littérature ma maîtresse. Quand l'une m'ennuie, je couche chez l'autre. »

On aperçoit au fil des pages un Tchékhov qui ne croit pas au bonheur et qui toujours prend comme à Sakhaline, la défense des humbles, des meurtris, se dévouant sans cesse pour sa famille, ses frères, les pauvres.

Un homme qui ne croit pas que la vie ait un sens.

« Tenez, regardez la neige qui tombe, quel sens ça a-t-il ? » ainsi s'interroge un personnage dans Les Trois Soeurs.

Roger Grenier nous dit : « Des imbéciles, des paresseux, des inutiles abondent dans son oeuvre.»

Ou encore : « Il passe de la misanthropie à la pitié, de la froideur à la révolte contre la souffrance ».

Pour lui Tchékhov « oscille sans cesse entre deux extrêmes : le goût du néant et la tentation de se perdre aux confins de la sainteté en se vouant aux autres. »

Mais l’écrivain ne peut s’empêcher de rêver « Il faut montrer la vie non telle qu'elle est, ni telle qu'elle doit être, mais telle qu'elle doit nous apparaît en rêve. » Dit-il dans La Mouette.

Son théâtre est souvent vu comme dramatique alors que Tchékhov lui y voyait une farce et Roger Grenier le compare à Woody Allen quant à la dérision et l’humour noir.



J’ai aimé ce petit livre bourré de citations extraites des oeuvres de Tchékhov, de son journal et de sa correspondance.

Il est la version un peu mélancolique de la biographie de l’écrivain et nous restitue bien l’univers russe de l’homme.

Pour les amateurs de littérature russe






Lien : http://asautsetagambades.hau..
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Armistice

A l'occasion du centenaire de l'armistice, Gallimard a proposé à différents écrivains un hommage aux poilus. Le résultat est sublime. Trente et un auteurs contemporains se livrent à l'exercice difficile. Daeninckx, Hatzfeld, Jourde, Moï, Rufin, pour n'en citer qu'une poignée ont accepté cette écriture mémoire.

Chaque texte est illustré par une peinture, une gravure, un dessin. C'est ainsi que j'ai découvert l'histoire de vie et les peintures de Rik Wouters.



Cet ouvrage collectif fait écho aux chefs d'œuvre qui ont eu pour sujet la 1ere guerre mondiale: Voyage au bout de nuit, Les sentiers de la gloire, Au revoir là haut, capitaine Conan...



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Paris ma grand'ville

[Ouvrage commandé Librairie Caractères-Issy – février 2021]



Un texte toujours agréable d'un auteur parmi mes écrivains de prédilection ; on sent son amour constant et inaltéré pour la ville-lumière, à laquelle il se sent totalement appartenir ;toutefois ce recueil dans sa première partie est assez frustrant, à cause d'une succession de noms et d'événements, touchant la période de la guerre et de la résistance. Cela tient plus de l'énumération ; cela en devient fastidieux, par moments !!. Heureusement, nous rencontrons un bon nombre d'écrivains, ou en passe de le devenir , apportant un peu de couleur !



« J'ai l'impression que les vrais Parisiens sont ceux qui sont nés ailleurs et pour qui vivre à Paris est une conquête. Il me suffit de passer sur un pont de la Seine, et je m'émerveille. (p. 9)”



La narration offerte dans ce recueil suit dans une seconde partie, les arrondissements, et pour chaque arrondissement Roger Grenier nous raconte ses souvenirs personnels, de rencontres, d'appartements occupés, “squattés”, loués ou achetés, au fil de de sa carrière et des améliorations financières…Des anecdotes savoureuses dont sa rencontre jubilatoire avec le fameux libraire-libertaire montmartrois , Maurice Joyeux :



« Rue Lamarck

De la rue Caulaincourt, après avoir descendu une volée d'escaliers, on se trouve rue Lamarck. Et là, à deux pas de l'entrée du métro, une librairie s'appelait le Château des Brouillards, allusion à un célèbre édifice montmartrois. Il y a même un roman de Roland Dorgelès qui porte ce titre. Ma mère, passant devant la librairie, voit un livre de moi en vitrine. Toujours aussi sûre d'elle, elle entre et dit : " Je suis la mère de l'auteur." le libraire, Maurice joyeux, lui répond: " Je serais heureux de le connaître." C'est ainsi que je suis devenu l'ami de Joyeux et de sa famille. Joyeux le bien nommé qui animait les anarchistes de Montmartre, le groupe Louise Michel, et le journal -Le Monde libertaire- Ma mère m'introduisant chez les anarchistes ! Ce n'est qu'un des épisodes paradoxaux de sa vie, et de la mienne. (p. 91)”



Des rappels et des curiosités éveillés avec ses auteurs préférés, dont Prokosch, Alexeï Rémizov…..Roland Dubillard, Raymond Queneau, Prévert, Claude Roy (qui fut aussi son ami), sans oublier les allusions à son amitié et son temps de journaliste à Combat, auprès de Camus…



Lecture plaisante et bienveillante, quelque peu teintée de nostalgie, de façon bien compréhensible au vu de l'âge vénérable de l'auteur au moment de la publication de ce livre [96 ans ! ] - Promenade parisienne reprenant aussi des éléments ayant été déjà présents dans des textes antérieurs…



Cette lecture aura été assez agréable pour me donner l'envie immédiate de lire deux textes de lui, en attente, depuis un bon moment : « le Palais des livres », et son ouvrage sur Tchekhov , « Regardez la neige qui tombe. Impressions sur T. » [publié par Gallimard, dans le collection fabuleuse, « L'Un et L'Autre » ] ; mes derniers coups de coeur pour ses écrits ont été son livre enthousiaste, captivant sur le photographie , « Dans le secret d'une photo », et ses « Instantanés »…irrésistibles, pour tous les passionnés de Littérature !

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Journaux de voyage - L'Envers et l'endroit ..

Révolte dans les Asturies

Cet ouvrage d'Albert Camus est de ceux que je n'avais pas lu dans mon adolescence, temps où j'ai dévoré ses œuvres. Oui, j'ai mangé des classiques au kilomètre entre 12 et 22 ans, chacun son vice ! Et j'aime bien y revenir maintenant :) Bon, ce titre n'est pas de ceux que je retiendrais.



Alors cette courte pièce n'est pas seulement de Camus mais aussi de Jeanne-Paule Sicard, Bourgeois et Poignant, c'est une oeuvre collective en quatre actes, qui retrace une révolte ouvrière de 1934 en Espagne. C'est bien sûr une pièce engagée politiquement et actuelle (écrite en 1935), dont la représentation a été interdite à sa publication.



On est du côté des révoltés, et l'on suit les débuts de la grève des mineurs communistes, les hommes qui se sacrifient à une cause, et qui sont écrasés dans le sang. Tout se passe autour d'un café, avec une grande place donnée à la radio qui informe de la pensée officielle. Il y a peu de textes et de personnages, c'est plus une base. Pas le temps de s'attacher aux personnages, on a à peine le temps de les connaitre et l'action va vite. C'est assez sec, très centré sur le politique.
Lien : https://pralinerie.blogspot...
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Dans le secret d'une photo

« Mais la photo ne date-t-elle pas du premier enfant qui a vu se refléter le ciel, les arbres, les prairies dans une goutte d'eau ? Ou d'Aristote qui perce un petit trou afin de pouvoir observer, sur le mur du fond d'une pièce obscure, le soleil écorné par la lune, au cours d'une éclipse ? Fixer l'image, ensuite, ce ne fut qu'affaire de chimie. » (p. 10)



Un grand plaisir de lecture avec cet ouvrage où l'ami d'Albert Camus parle avec sérieux , fantaisie, facétie, nostalgie…tour à tour, mais avant tout Roger Grenier parle avec fougue de sa fréquentation de la photographie, au fil de toute sa vie…Son travail de journaliste à « Combat », sa proximité avec les photographes professionnels, ses propres photographies, celles qu'on a prises de lui, sa fréquentation des photographes dont son intérêt constant pour le travail artistique de Brassaï , et pour l'homme…(sur lequel il a beaucoup écrit)



J'ai commandé en ce début juin 2020...cet ouvrage dans une collection unique, que j'affectionne au plus haut point, créé par J.B. Pontalis, « L'Un et l'Autre » [Gallimard ]… En sus de mon intérêt de longue date pour cet écrivain ( qui nous quittés en 2017) dont mes derniers coups de coeur étaient les « Instantanés » : un amour inconsidéré de la littérature, des écrivains et de l'Amitié…ce livre est des plus touchants car il mélange avec bonheur les souvenirs personnels, intimes, les rencontres de l'écrivain tout en réfléchissant sérieusement à la photographie, à l'art du portrait, à cet art, ayant souvent été un support, une aide et une passion pour les peintres, les écrivains… dont Zola, parmi tant d'autres, qui en fut le « champion » :

« il a possédé dix appareils photo, s'est installé trois laboratoires de développement. Il s'enfermait dans ses labos au point que sa femme avait peur qu'il tombât malade. Il était à l'affût de tout accessoire nouveau, et de toutes les variétés de papier. Il disait que la photo était son violon d'Ingres. Et aussi qu'il était « un martyr de la photographie ». Est-ce qu'elle servait son inspiration, ou tout au moins sa documentation ? « (p. 117)



Roger Grenier parle avec talent et modestie de ce même « violon d'Ingres »… « Je ne suis pourtant pas devenu photographe et mon instrument professionnel a été une machine à écrire. Mais la photo n'a cessé d'influer sur ma vie » (p. 40)





« Une photo permet de rêver sans fin. « (p. 18)…et…. « Il ne servirait à rien aux reporters-photographes de courir le monde, et parfois de risquer leur vie, s'ils ne cherchaient partout un seul sujet, l'homme. Parmi tous les miroirs de l'homme, la photo est celui qui ment le moins. » (p. 74)



Un très attachant moment de lecture, avec en plus , le grand plaisir de « cotoyer « des grands de la photographie : Izis, Boubat, Brassaï, Kitrosser, Diane Arbus, Gisèle Freund,…. Panaït Istrati, futur écrivain, photographe ambulant dans les rues de Nice, pour gagner sa vie…



*** Commande à La librairie Caractères / Issy- juin 2020

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Andrélie

Portrait kaléidoscope de sa mère Andrée, opticienne, gérante éphémère de cinéma, qui se sépara de son mari et eut 4 enfants dont 3 moururent de son vivant. Andrée apparait comme une femme volontaire et en même temps souvent imprudente, et peu apte à la gestion d’un commerce, malgré sa passion pour ce métier. Ce portrait ressuscite en même temps une époque, celle de l’entre deux guerres et de l’après-guerre. C’est aussi à sa manière une nouvelle de Roger Grenier, avec son goût pour la sobriété du style, et sa façon de ramasser en une ou deux phrases les incongruités des destinées et la part de hasard de celles-ci. Il dit aussi quelque part : « il était entendu que nous nous aimions », ce qui veut dire que l’amour n’a pas besoin de s’afficher pour être durable et sincère.
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Regardez la neige qui tombe. Impressions de..

L'essayiste a parfaitement cerné la sensibilité de Tchekhov. En s'appuyant sur de nombreux extraits, il dessine son portrait. La biographie se révèle par petites touches.

Les thèmes abordés : la suite d'échecs et des succès au théâtre, son mariage tardif, son enfance maltraitée, la nécessité d'écrire pour nourrir ses parents, l'épisode sur l'île de Sakhaline chez les bagnards, son agnosticisme, quelques bribes sur ses goûts littéraires, sa brève rencontre avec Tolstoï etc.



‘Tchékhov ne croit pas au bonheur : « j'ai ouï dire que Mme S est infiniment heureuse … Oh ! La malheureuse »'. p86 - génial !



« le sens ? … Tenez, regardez la neige qui tombe, quel sens ça a-t-il ? », s'interroge un personnage dans la pièce Les Trois Soeurs, p 153



« Des imbéciles, des paresseux, des inutiles abondent dans son oeuvre. Mais ce sont en même temps des victimes. Faut-il rire de leurs malheurs ou les plaindre ? Lui-même ne le sait pas toujours. Il passe de la misanthropie à la pitié, de la froideur à la révolte contre la souffrance ». p90



Tchékhov « oscille sans cesse entre deux extrêmes : le goût du néant et la tentation de se perdre aux confins de la sainteté en se vouant aux autres. » p92



« A mon avis, après avoir écrit un récit, il faut en supprimer le début et la fin. » p141

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Dans le secret d'une photo

« Dans le secret d'une photo » a été édité en 2010 Par Gallimard dans la collection « L'UN ET L'AUTRE ». L'auteur, Roger Grenier, est décédé en 2017. Écrivain, journaliste, éditeur et homme de radio , il a laissé une oeuvre importante. Ses activités lui ont permis de tisser de nombreux liens avec le milieu littéraire, médiatique, culturel… « Dans le secret d'une photo » lui permet, dans un ouvrage autobiographique au rythme chronologique, de lier sa pratique de la photographie à ses rencontres, ses souvenirs, ses voyages…. Organisé en courtes « fiches », d'une à quelques pages, le livre fait apparaître de grands acteurs : Albert Camus, Pierre Lazareff, Brassaï, Gisèle Freund, Edouard Boubat… Les références littéraires, techniques, les réflexions personnelles sur l'art photographique … se succèdent. le rythme est alerte et le lecteur assiste au tourbillon culturel du XX ème siècle. Ce livre de souvenirs ne manque de fantaisie et d'humour tout en gardant une portée philosophique. le titre reprend une pensée de Diane Arbus, mise en exergue : « Une photographie est un secret au sujet d'un secret ». Au final un livre « vivant » et intéressant.



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Il te faudra quitter Florence

C’est par hasard qu’Adrien rencontre le Dr Cristobal Prados: Agnès, amie de Charlotte, décide de jouer l’entremetteuse et lui impose, plus qu’elle ne le lui laisse le choix en fait, la visite de ce docteur soi- disant exceptionnel mais aux méthodes peu orthodoxes. Drôle d’homme que ce docteur, qui s’enfile armagnac sur armagnac, et qui n’a de cesse de s’épancher sur ses problèmes conjugaux! Intrigué, fasciné par ses bizarreries et ses manières cocasses, Adrien découvre peu à peu que l’homme est loin d’être ce qu’il prétend.

         Ce court roman narre les errances d’un personnage un peu paumé, Adrien, mais à mon sens, le principal intérêt de l’histoire est incarné par le couple Prados: qui est vraiment ce docteur espagnol, qui semble être doté d’une bonne dose de bagou, de répondant et d’ingéniosité, qui, à chaque tuile qui lui tombe sur le nez, sait rebondir à chaque fois. C’est un homme mystérieux, insaisissable, qui semble constamment être enfermé dans un rôle qu’il s’applique à jouer. Menteur patenté, homme aux identités multiples, à la double personnalité, à l’image de son front divisé par cette cicatrice qu’il porte comme un trophée, comme un stigmate de son passé tourmenté et rocambolesque.

Je dirais que ce roman porte une vision assez sombre de l’humanité et du monde qui l’abrite: l’exil apparaît comme une fuite en avant assez vaine, les quelques personnages principaux qui peuplent ce roman sont eux aussi enfermés dans cette vie de non-sens et d’échecs perpétuels. Adrien cherche sa voix de rédemption chez les personnes mêmes qui ne peuvent rien lui offrir, étant elles-mêmes dans une impasse inextinguible. Son aveuglement est le reflet de son incapacité à ne pas foncer dans le mur. Seul le personnage secondaire qu’est Charlotte, d’aussi loin qu’on puisse l’apercevoir, semble mieux s’en sortir: loin de l’abîme dans lequel Adrien est lentement tombé, elle s’est remise en couple et ne semble plus vouloir fréquenter l’ancien journaliste. J’ai beaucoup apprécié certaines réflexions de l’auteur sur le sens de l’exil ou celui de la vie mais je pense que globalement ce roman manque de profondeur et se laisse parfois aller à la facilité. Je n’en garderai pas un souvenir impérissable.
Lien : https://tempsdelectureblog.w..
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Le palais des livres

Un livre où l'on s'attarde, où l'on s'égare. Où l'on côtoie tous les genres puisque l'auteur y parle d'écriture ou évoque ses innombrables lectures, ses rencontres avec des textes et des écrivains. De la nouvelle (« Une demi-heure chez le dentiste ») au roman, des mémoires au journal intime et à l'autobiographie. Ce que la littérature doit aux mythes et aux faits divers est souligné dès l'introduction avec « le pays des poètes ». Les livres lus ou relus, lâchés même, y ont leurs droits. Un palais qui attire et retient. Offert à la littérature évidemment par Roger Grenier. On y croise cependant quelques sculpteurs et musiciens à côté d'une majorité d'écrivains, quelques philosophes aussi. « L'inachevé » qui questionne la notion de perfection en art invite Michel Ange et Rodin auprès de Kafka et Proust. On s'y sent bien. Pourquoi, pour qui écrire interroge Grenier ? Pour soi-même, « parce que j'en ai envie » (Orhan Pamuk), par goût de la solitude, par nécessité (Faulkner), par faiblesse (Valery), « pour avoir écrit » (Daniel Pennac), pour être aimé selon Freud, « Bon qu'à ça » dira Beckett. « Il faut que j'écrive. J'écris pour dire que je n'écris plus » (Sartre, les Mots). Paulhan va plus loin « […] en l'absence de religion, le seul chemin… ». Mais pour Grenier qui parle aussi un peu de lui dans ces pages, écrire, une habitude prise à Combat aux côtés de Camus et de Pia dont les présences traversent son livre, est une façon bien plus qu'une raison de vivre, dit-il dans « Pour être aimé ».



« S'en aller » est sans doute le plus emblématique des neufs essais contenus dans ce recueil paru en 2011 –, puisque Roger Grenier (1919-2017), conseiller littéraire chez Gallimard pendant cinquante ans, a discrètement tiré sa révérence le 8 novembre dernier après une longue vie consacrée au journalisme et à la littérature. Dans « S'en aller » il sonde les fondements de quelques libertés essentielles chères aux créateurs dont Baudelaire posa un jour les jalons ; d'abord celle d'en finir avec eux-mêmes que bon nombre d'écrivains ont exercé (Nerval, Pavese, Gary, Hemingway, Montherlant, Akutagawa, Mishima, Kawabata…) et ensuite, sur un mode beaucoup plus badin, il en vient à celle de se contredire (on a le droit, après tout, de ne plus désirer se suicider…) – car « les idées se fatiguent » et « les tendances contraires que chacun porte en soi sont le ferment de toute une part de la littérature » (p. 68 - 69). Au bout des doutes et des retournements Grenier détecte la dérision chez ceux qui exècrent la vie sans y renoncer (Flaubert) et admire ceux qui choisissent le silence. « Créer ou ne pas créer, cela ne change rien. le créateur absurde ne tient pas à son oeuvre. Il pourrait y renoncer. Il y renonce quelquefois. Il suffit d'une Abyssinie », dit Camus (p. 183). Grenier confie alors : « Moi qui, comme tant d'autres, n'ai que trop écrit, tout en étant tenté par le silence, je reste hanté par le personnage de Pascal Pia »…



« S'en aller » trouve son prolongement voire son pendant mélancolique dans « Ai-je encore quelque chose à dire ? », variation au ton détaché sur le thème de la dernière oeuvre. Si certains artistes peuvent envisager d'en finir avec eux-mêmes très peu agissent comme Rimbaud pour mettre un terme à leur création. Pour Nietzsche, Proust et Musil, la dernière oeuvre se confond plutôt avec l'oeuvre d'une vie entière. Des écrivains publient leur journal « quand ils sentent que l'heure approche » (p. 153) et d'autres se fichent pas mal de la postérité (Stendhal). Grenier amuse avec Chateaubriand préoccupé de sa gloire et peaufinant ses « Mémoires d'Outre-tombe » (sa dernière oeuvre sera « La vie de Rancé ») ou avec Rousseau recopiant ses propres manuscrits afin d'en garantir l'intégrité posthume ; il émeut aussi avec l'histoire du dernier livre d'Audiberti ou celui de Melville, Billy Bud, achevé en 1891, délaissé, oublié et publié finalement en 1924. Ironique bienveillance d'un regard n'ignorant rien du monde de la création littéraire où illusions et ridicules frôlent autant le comique que le tragique.



Qui est l'écrivain ? A quelles sources puise t-il ? Quelle substance pour la littérature ? le débat lancé par Proust dans « Contre Sainte-Beuve » semble toujours d'actualité pour Roger Grenier l'évoquant dans cet autre essai, « Vie privée ». Eternel conflit entre le « Je » et « l'autre », l'auteur et son, ses modèle(s) que Proust eut lui-même à affronter. La part biographique résidant en tout auteur et la part de création dans cet étrange rapport à la mémoire où l'invention a autant besoin de dévoilement que de dissimulation lui font citer entre autres exemples Dickens, Fitzgerald ou Dostoïevski, fausses autobiographies et romans vérité. « Si l'on ne s'accordait pas le droit de puiser dans sa propre vie et dans celle des autres, la plus grande partie de la littérature n'existerait pas. » (p. 103). Quant à la substance de la littérature on trouve de quoi assouvir sa curiosité avec le beau morceau de « L'attente et L'éternité ». L'attente, matière littéraire par excellence, que Roger Grenier érige en sujet de prédilection pour beaucoup d'écrivains, leur permettant d'aborder la question de l'écoulement du temps. Si cette préoccupation majeure atteint sa quintessence avec Proust, elle se trouve déclinée dans de très nombreux romans depuis le Décaméron et trouve en Pénélope une de ses premières figures. De toutes les manifestations de l'attente : résignation, espoir, illusion, de ses perversions même, la littérature a fait son miel. Chez Tchekhov, dans les personnages de James et Conrad, Camus ou Dino Buzzati ; attente masochiste avec Ernaux ou promenade attendue pendant dix ans avec Virginia Woolf… "Comme le temps est la substance même de tout roman, on n'en finirait pas de recenser tous ceux dont son sous-produit, l'attente, joue un grand rôle" (p. 44). Pour ceux qui aiment les livres dans les livres...





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Les Larmes d'Ulysse

Pas d'histoire dans ce texte mais une compilation des meilleurs morceaux d'écrivains parlant de leur chien !



L'écriture est jolie , les chiens y sont à l'honneur et je le referme pour mieux aller voir les chiens de la SPA !!!!



Car si on aime les chiens, ce livre est dangereux , on ne souhaite qu'une chose en avoir un avec l'excuse magnifique que tant d'auteurs ont eu un compagnon à quatre pattes dont ils étaient fiers!
Lien : http://theetlivres.eklablog...
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Albert Camus, soleil et ombre

L'auteur vient de décéder ce matin , 9 septembre 2017 . Je ne sais pas rédiger une chronique de décès avec les habituels salamalecs honorant la mort d'un grand homme disparu et n'en ai pas le gout . Ce site s'adressant surtout à des lectrices et lecteurs , me parait plus utile de mettre un titre signifiant de l'écrivain en question qui fut un proche de Camus de par ses idées et sa collaboration au journal " Combat " dans lequel Albert Camus s'exprima ouvertement si souvent .

LISEZ-EN AU MOINS L’APERÇU GRATUIT .
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