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Critiques de Roger Peyrefitte (72)
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Les amitiés particulières

J' ai lu ce livre, dans les années 1970. A l'époque, le film adapté du roman avait été diffusé à la télévision dans le cadre de l'émission Les Dossiers de l' écran.

L' histoire est bien écrite, et assez évocatrice de ces tourments ressentis par le jeune pensionnaire d'un collège privé catholique.

Le milieu strict et étouffant de cet établissement scolaire semble tout à fait propice au drame décrit.
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Histoire d'Alexandre, tome 1 : La jeunesse ..

Roger Peyrefitte distille un parfum de souffre .



Mais son arome sulfureux est aujourd’hui aussi faible que celui des champs Phlégréens qui distillent pour leur part de faibles fumerolles à peine perceptibles et à peine visibles , malgré la fabuleuse puissance de leur réserve d’énergie .



Alexandre le grand est un personnage historique incontournable et son épopée a forcément et à juste titre inspirée la littérature et le cinéma .

J’ai mis pas mal de temps à lire cette fresque romancée de la vie du grand conquérant . Non pas à cause de l’arôme de souffre qui nimbait l’œuvre de Roger Peyrefitte , mais parce que je snobais le roman historique en bloc . C’est la découverte de M. Yourcenar qui m’a modérément réconcilié avec ce genre littéraire , que j’aborde toujours avec des pincettes et avec une pince à linge sur le nez , je dois l’avouer .



Sur l’auteur je dirais que je n’oublie pas qu’il était ouvertement antisémite , cependant j’ai toujours trouvé intéressante sa problématique .

Je vois en lui un diplomate , qui a reçu une éducation catholique stricte . Un auteur homosexuel brillant qui possède un style agréable qui pétille de vie et de profondeur .

Peyrefitte a souffert intensément de son identité sexuelle , dans la société rejetante qu’était la douce France de l’époque . Ce contexte était une violence larvée et constante , de chaque instant , tendue contre son être intime . Gageons que cela ne l’a pas aidé à se pacifier et à faire la paix avec ses démons intérieurs . On ne l’excusera pas , on ne le dédouanera pas , mais pourra tout de même tenter de le comprendre .



Ses textes sombrent dans l’oublis , et je trouve cela curieux car si beaucoup sont dépassés comme textes d’actualités , un certain nombre n’ont que le torts d’avoir l’auteur pour auteur , et je trouve cela inadmissible . Et certains sont même d’une brulante actualité , à mon misérable et humble avis .

Par ailleurs si aujourd’hui un auteur à la dimension littéraire accomplie venait nous narrer l’aventure amoureuse de deux ados hétérosexuels , j’entends d’ici les gazouillis de la critique littéraire ...

Mais Peyrefitte lui venait lui nous parler des aventures amoureuses de deux garçons ( je ne parle pas de son « Alexandre « ) , et là , force est de constater , que cela ne gazouille plus du tout , et que même on l’enterre . C’est la deuxième chose inadmissible .



En amphithéâtre , en Sorbonne à un cours de licence portant sur le contexte politique macédonien avant l’avènement d’Alexandre , j’entends l’enseignant énoncer allusivement que Philipe roi de Macédoine se fait assassiner , dans le cadre d’une histoire sordide . Apres approfondissement je découvre que ce qui est sordide c’est le jugement de valeur que porte ce professeur sur la bisexualité licite dans l’univers mental de Grèce classique et hellénistique . Philippe de Macédoine est en effet assassiné par un de ses amants ....



Je jour-là , j’ai appris tout simplement ce qu’était la censure morale et j’ai tout simplement découvert que la recherche historique devait lutter contre ses propres démons : les jugements de valeur et les préjugés . J’ai alors repris les textes que je connaissais et je les ai redécouvert et j’ai découvert aussi plus intimement la posture mentale intime de la Grèce classique . Cela incluait la bisexualité massive de la plus grande partie du monde grec à cette époque , comme la misogynie viscérale de cette civilisation ( qui ne dérange pas grand monde par contre , soulignons-le ) . Et puis j’ai finis aussi par réussir à approcher des bribes d’autres textes qui dorment encore dans des cimetières numériques .



C’est à cet enseignant aux belles œillères ( pour plagier Homère ) que je dois finalement la lecture de cette fresque de la vie d’Alexandre par Roger Peyrefitte et je l’en remercie . Je ne suis pas certains qu’il aimait ce texte dont pourtant la lecture ne lui aurait pas fait de mal , mais il l’a peut-être lu sous la couverture avec une lampe électrique .... .



Ce « roman d’Alexandre « de Peyrefitte est un roman envoutant , interminable , infiniment accessible et c’est un des meilleurs roman historique que j’ai jamais lu . La langue est châtiée . La vie est omniprésente dans ce texte aux dialogues accomplis . Le narrateur affiche un ton empreint de grandeur et de précision qui est intégralement dépourvu de pathos pathétique et qui n’ est pas empreint d’une démarche de racolage .

Au contraire de la mesure et de l’élan . Le lecteur est en marche sur les pas d’Alexandre à l’ombre des oliviers , dans les palais dépaysant , dans les déserts brulants , avec des soldats , dans des bibliothèques et il assiste à la tumultueuse naissance d’un monde nouveau ...



Ce texte est superbement évocateur . Il n’est pas pornographique et c’est donc de la fondation du monde hellénistique , dont il nous entretient avec un verbe qui ne ferait pas honte à la prose française du dix-huitième siècle dont l'auteur était l’admirateur fervent et l’adaptateur motivé en français contemporain .



Il y a peu de vaisseaux de ligne capable de nous faire rêver l’aventure d’Alexandre et qui soit susceptible d’être de cette qualité et de ce confort ..

Et il est censuré , par le monde de l’édition alors que c’est un beau voilier toutes voiles au vent , lancé sur les embruns du temps ..



Alors la France pays des droits de l’homme ? oui certes probablement , mais cela dépend lesquels finalement et finalement ni plus ni moins qu’ailleurs finalement . Sur cette question « je suis comme une truie qui doute « pas vous ? ....

En tout cas elle ne l’est pas pour Roger Peyrefitte .

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La Nature du prince

Nous sommes au XVI ème siècle.

On doit marier Vincent Gonzague, fils du duc de Mantoue, avec Marguerite Farnèse, petite-fille du duc de Parme. Je dis bien « on doit marier » car, à cette époque, dans les familles dirigeantes, l’attirance, voire l’amour entre deux jeunes gens n’a que peu d’importance. Seules comptent la perpétuation de la lignée, l’augmentation de la zone d’influence ; voire la préservation de la paix sur le territoire…

Le mariage sera célébré. Mais très vite le doute s’installe, et, à deux ans passés, la question se pose : a-t-il été consommé ? Il semblerait bien que non…

On se questionne, on doute, on suppute : « Suivant les uns, la nature du Prince était ‘’ triste et flétrie ‘’ ; suivant les autres, ‘’de dimensions monstrueuses ‘’. A croire le parti du prince, la princesse souffrait d’un excès d’arctitude (?!) ou d’une forme de distorsion ».

Le Pape, Grégoire XIII ( oui oui, celui du calendrier ), finira par être mis dans le coup, si j’ose dire. Un consistoire sera convoqué qui devra statuer sur le cas…



Bon. Soyons honnête, un thème alléchant, une part de notre histoire souvent méconnue, une documentation très riche, mais une lecture rendue très ardue par le style et la construction de l’opus. Il m’aura fallu une détermination pleine de bonnes résolutions de début d’année pour aller au bout.

Au suivant…

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Des Français

Encore une fois, je me trouve à rebours de ce qu'il est convenu de penser (et qui tient lieu chez les moutons d'intelligence). Il est en effet convenu par tacite reconduction générationnelle que "Roger Peyrefitte écrit merveilleusement bien" - "Mais quelle langue de pute!"



Bien. Alors, je ne suis pas un spécialiste de Peyrefitte, loin s'en faut. Je n'ai lu pour l'instant que son Des Français. Et ce qui me frappe, c'est qu'il écrit merveilleusement... MAL! Comme un cochon.



En fait, c'est uniquement par le côté ragotier que Peyrefitte est intéressant. Et principalement parce qu'il avait accès à tous les milieux de pouvoir hermétiquement fermés à la majorité des gens, le tout combiné à une très grande perspicacité intellectuelle (son jugement personnel sur l'affaire Markovic est celui auquel en fin de compte, et 50 ans plus tard, tous les biographes se sont rendus).



Cependant qu'apprend-on qu'on ne sache déjà? En 1969, c'était indubitablement passionnant. En 2019, beaucoup moins! Le parfum de scandale s'est largement éventé, et les révélations ne fracassent plus trois pattes à un canard.



A cela il faut ajouter que les scènes simili-érotiques qui émaillent le roman (comme on dit quand on rédige une composition française en classe de 6e) sont totalement dénuées de talent. Superflues, chiantes, pathétiques et certainement incompréhensibles à un lecteur d'aujourd'hui qui, normalement, n'a plus tellement de frustrations de ce point de vue-là et n'éprouve ni le besoin de se faufiler dans les salles sombres du Ciné Bijou ni celui de fréquenter les pissottières à la nuit tombée.



De même, les allusions au tout-Paris littéraire, comme les aventures de Montherlant chez le coiffeur, franchement...
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Roy

Vague souvenir de lecture. C'est à la sortie de l'adolescence que mon ami m'a fait découvrir ce roman. Inconditionnel de l'oeuvre de Roger Peyrefitte, je le soupconne d'avoir été trompé par ses émotions. Roy, d'après mes lointains souvenirs, n'est vraiment pas le meilleur livre pour découvrir l'oeuvre de son auteur. Vague histoire de prostitution gay située dans la Californie des années 80, bien loin des lieux méditerranéens de prédilection de son auteur, Peyrefitte semble se perdre dans des descriptions pornographiques indignes de sa sensibilité et de son immense culture, sacrifiant, semble-t-il, à des intérêts purement mercantiles. Nous sommes bien loin des subtilités sensuelles des "Amitiés particulières" ou des descriptions italiennes du " Vésuve à l'Etna". Cependant, il m'en est resté des souvenirs adolescents qui ont fortement teinté l'orientation de mes futures relations intimes. Jacques, je resterai à jamais ton obligé et ma pensée te suit par delà l'éternité.
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Les amitiés particulières

Ce livre pourrait raconter une histoire assez simple et tragique ,celle de deux enfants, deux garçons, sensiblement du même âge, Georges 14ans, bientôt 15 et Alexandre, 12ans.

Ces deux enfants s'aiment d'un amour sensuel, et la bétise des adultes vient les séparer, au point d'entrainer la mort de l'un d'eux. L'histoire est bien racontée, même si il y a quelques longueurs, dont de longs pamphlets anti cléricaux, le style est agréable, mais ... il y a quelque chose qui me gêne, quand Georges parle d'Alexandre en l'appelant "l'enfant "il semble avoir soudain avoir bien plus de 14 ans et demi.

Et là j'ai du mal à ne pas faire de lien avec l'auteur, qui a eut une longue liaison avec un jeune homme qu'il a rencontré quand celui ci avait 12.5ans ...

Donc comment noter ce livre ? Est ce possible de le faire en faisant abtraction de la vie de son auteur ??
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Les amitiés particulières

Un texte, couronné par le prix Renaudot en 1944, magnifique. Parfois il est nécessaire d'avoir quelques connaissances en mythologie grecque et latine, sur le christianisme pour mieux s’imprégner. Un niveau donc de lecture assez élevé est nécessaire. Ce genre de livre ne plaira pas aux fans d'actions de ou de policiers.Une situation parfois simple est en effet développée sur plusieurs pages. Sentiments et réflexions sont prépondérants sur l'action.

Quant à ceux qui définissent ce livre comme un "roman homo", ils n'ont je pense rien compris et mélangent amitié forte des années 20, avec la sexualité dont il n'est ici absolument jamais question bien au contraire.

Quant au film que j'ai vu après lecture...quelle honte.. l’œuvre est complètement vidée de son sens, les personnages n'ont plus rien à voir..
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La Nature du prince

Nous sommes à la fin du XVIe siècle. Le prince est Vincent Gonzague, fils du duc de Mantoue. Quant à sa "nature", il s'agit du mot fleuri et pudique choisi pour désigner son sexe.

Vincent se marie avec Marguerite Farnèse de la maison de Parme. Le temps passe, mais aucun enfant ne voit le jour de cette union.

La rumeur s'étend : Vincent serait impuissant. Mais il s'avère que le problème est chez la mariée : "le pertuis était trop étroit pour la cheville", comme il est dit élégamment. Seule issue pour la jeunette : nullité du mariage et couvent.

Les Gonzague partent derechef à la recherche d'une belle pour assurer leur postérité et leur choix se porte sur une Médicis. Mais il faudra auparavant tordre son cou à la calomnie, toujours rampante et qui n'a pas dit son dernier mot.

Avec l'autorisation du pape et la participation du clergé est donc organisée une démonstration préalable de la virilité (entendue comme "erectio, introductio, emissio") de Vincent avec une jeune vierge qui sera dédommagée de ses efforts, cette preuve de virilité devant se faire en présence de témoins qui devront « voir et toucher » au moment idoine. Ce qui fut fait.

Toute cette affaire nous est contée avec précision, moult détails, impertinence et ironie sous-jacente dans un français épuré et élégant truffé d'expressions anciennes.
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L'oracle

Roman dont la lecture est agréable, linéaire même si inévitablement on droit plus souvent que nécessaire aux "jeunes gens robustes, vigoureux" etc..., sans pédanterie de la part de l'auteur. Parfait pour la plage ou le lieu des vacances car on peut l'y laisser après la lecture.
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La mort d'une mère

Avant le très beau livre qu'Albert Cohen a consacré à sa mère, l'écrivain Roger Peyrefitte relate les heures qui précédèrent et suivirent le décès de sa mère.

Son récit m'a plongé en 1947 dans deux villes que je connais fort bien, Toulouse où j'ai vécu et Alet où j'ai souvent séjourné. A Toulouse, Roger va retrouver sa mère décédée, il a cumulé les retards et n'a pu arriver avant l'instant fatidique. A Alet, il va l'enterrer dans le caveau où repose déjà son père et où il repose lui, aujourd'hui.

Entre des cousins prosaïques et des bonnes soeurs bienveillantes, l'auteur des "Amitiés particulières" se remémore sa mère et leurs rapports aimants mais entachés de mensonges et de dissimulations. Comment aurait-il pu avouer à cette maman dévote son athéisme, ses turpitudes et déviances ? Mieux valait mentir pour la protéger.

C'est avec lucidité, franchise et humour sans illusion qu'il nous dépeint cette dernière visite à celle qui l'a tant aimé.
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Du Vésuve à l'Etna

J'ai lu ce livre il y a déjà plusieurs années. Pas forcément le meilleur de son auteur mais très intéressant pour qui aime et voyage en italie. On savait Roger Peyrefitte passionné par ce pays. Il nous retrace donc son parcours de Naples jusqu'à la Sicile à travers plusieurs anecdotes. Je me souviens entre autres de l'histoire d'un viel anglais, dans les années 50 visitant les temples de Paestum. Littéralement subjugué par le site, il décida d'y rester pour finir sa vie... D'une écriture assez riche pour ne pas dire parfois précieuse, l'auteur nous offre la vision très subjective de son Italie.

Pour les passionnés, une fois de plus.
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Les clés de Saint Pierre

N°515 – Avril 2011.

LES CLÉS DE SAINT PIERRE – Roger Peyrefitte - Flammarion.



Mon hypothétique lecteur se souviendra peut-être que cet auteur avait déjà retenu mon attention pour un roman quelque peu iconoclaste de la même veine que celui-ci et qui avait donné lieu à un échange épistolaire éphémère avec Roger Peyrefitte. [La Feuille Volante n° 37 de janvier 1990 à propos de « La soutane rouge »]. Des lectures toujours aussi délicieuses précédèrent et suivirent celle de cette intrigue « policière » vaticane. Comme je l'ai déjà écrit dans cette chronique, la nouveauté n'est pas le seul critère de la valeur d'un livre, tant s'en faut, surtout quand il s'agit de l'oeuvre d'un auteur majeur. Ce roman, publié en 1955 (c'est la date de mon édition qui est si vieille que j'ai même dû en couper les pages et Dieu sait combien j'aime séparer les feuillets d'un livre avant de le lire !), me paraît illustrer parfaitement cette manière de voir d'autant qu'il ne me semble pas que l'oeuvre de notre auteur soit rééditée.



Quand il fut publié, ce roman fit scandale parce que François Mauriac avait condamné ce livre qui présentait Pie XII comme un homosexuel. [Je dois dire que cette lecture m'a laissé dubitatif sur ce point]. Peyrefitte avait répondu par une lettre ouverte dénonçant la tartuferie de son détracteur...et sa possible homosexualité (il semblerait d'ailleurs que Peyrefitte ait été quelque peu visionnaire puisque, actuellement, la question de l'homosexualité de Mauriac est officiellement abordée).



L'histoire qui sert de prétexte à ce roman est par ailleurs bien simple : un jeune séminariste français, l'abbé Victor Mas, séjourne pour une année à Rome chez le vieux cardinal-chapelain Belloro, dont il devient le secrétaire, pour parfaire sa formation. Pour corser un peu le récit, l'auteur fait intervenir une jeune et belle Romaine, Paola, nièce du chapelain. L'auteur ajoute « un valet de chambre cynique » qui ne manque pas de faire des remarques parfois croustillantes à l'intention du jeune ecclésiastique.



Ce roman est surtout l'occasion de mettre en exergue l'érudition de son auteur. Les choses de la religion catholique ne lui sont pas étrangères au point qu'il livre à son lecteur un inventaire complet (et savoureux) des richesses vaticanes, de l'histoire des saints et de leurs pouvoirs, évoque « le saint prépuce » et les querelles byzantines qu'il a suscité, se fait l'écho des pouvoirs supposés des médailles votives, du chapelet, du scapulaire et des eaux miraculeuses, vantés par chaque ordre religieux... On sent bien sa volonté de railler un peu le Vatican dont il connaît bien les travers, témoin cette savoureuse relation de la canonisation de Pie X. Il n'oublie pas non plus son anticléricalisme coutumier et sa volonté de pourfendre l'hypocrisie. Son humour, ses bons mots sont irrésistibles et il laisse libre cours à sa verve dont ses fidèles lecteurs sont friands. Il s'en donne d'ailleurs à coeur-joie sur ce thème, maniant le calembour et donnant à penser que l'argent tient une grande place dans cette Église qui est bien loin des pauvres et du message de l'Évangile. « Les clés De Saint Pierre ouvrent les portes du ciel, mais il faut graisser la serrure », « Le Vatican doit louvoyer sans cesse entre le temporel et le spirituel  pour ne pas les compromettre l'un par l'autre. Certains le disent dénué de courage, d'autres dénué de scrupules.», « Les clés de St Pierre sont les clés de la caisse »... Il écorne au passage les jésuites, « La soutane des jésuites étant sans boutons, elle se retourne plus vite ». Il s'établit entre le vieux prélat et le jeune séminariste un dialogue un peu surréaliste pour le profane à propos des symboles, des reliques miraculeuses, de leur multiplication inquiétante, de leur extravagance parfois, du rituel un peu compliqué des cérémonie religieuses ainsi que sur l'efficacité des indulgences et la manière de les gagner. Elles pleuvent maintenant gracieusement sur les fidèles d'aujourd'hui alors qu'elles furent l'objet, dans le passé de sordides transactions. Quant aux canonisations, elles ne seraient pas, selon lui, exactement et uniquement affaire de mérite ...

Entre eux, deux conceptions de l'Église s'affrontent. D'un côté le prélat prétend que « seule l'Église de Rome a le sens de l'universel », affirmant par là sa prééminence et sa supériorité tandis que son jeune confrère plaide volontiers en faveur des prêtres-ouvriers et une conception plus moderne, plus française peut-être et ouverte sur le monde...

La présence de la nièce du cardinal, Paola, ajoute à la confusion du séminariste. Comme on peut s'y attendre, l'abbé succombera, parce que la chasteté n'est attachée qu'aux ordres majeurs qu'il n'a pas encore reçus, que la femme est considérée par l'Église comme une tentatrice, et que Victor n'est qu'un homme, beau de surcroît ! Il en oubliera pour un temps la théologie, le dogme, la discipline... ce qui ne sera pas sans lui poser de cas de conscience. Paola finira même par mettre notre jeune prêtre en demeure de choisir entre elle et Dieu ! Heureusement les choses reviendront à leur vraie place...



Peyrefitte ne serait pas lui-même s'il ne parlait de la pédérastie de certains membres du clergé, même si notre abbé y reste complètement imperméable, s'il ne se faisait l'écho des ragots et des mesquineries qu'il prête aux prélats et aux ordres religieux et qui sont loin de la charité chrétienne. On sent bien que l'auteur, ancien élève des jésuites, est à son affaire dans le domaine des comptes qu'il entend régler avec l'Église. Que ce soit la chasteté « C'est Saint Paul qui a plongé le christianisme dans cette continence furieuse pour se venger de n'avoir pu lui-même l'observer », la foi « la foi du charbonnier exige au moins du charbon », le rituel exagérément symbolique ou le prétendu pouvoir des amulettes religieuses qui confine à la superstition. Et pour être plus convainquant, il mêle adroitement les personnages fictifs aux personnages réels au point que le lecteur reste dans une heureuse confusion. Ce roman est aussi l'occasion d'un parcours jubilatoire dans la Rome catholique.



Il reste que Roger Peyrefitte, quel que soit ce qu'il était par ailleurs au regard d'une morale d'un autre âge, a été un grand serviteur de la langue française par la richesse de son vocabulaire, par la distinction de son style, par son érudition, par la pertinence et aussi l'impertinence de ses propos. Il sont certes un peu malveillants et emprunts d'un parti-pris indubitable, mais après tout, cela fait son charme.

Pour moi, lire un de ses romans a toujours été, de la première à la dernière page (il y en a quand même 436 !) un bon moment de lecture.



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Les fils de la lumière

Dans ce livre, pour une fois, Roger Peyrefitte abandonne sa causticité et c'est avec une certaine sympathie qu'il révèle les arcanes de la franc-maçonnerie que l'on avait crue anéantie pendant la dernière guerre mais qui, dans les années 60, est plus florissante que jamais. On se demande même si l'auteur n'en fait pas partie. Il ne laisse rien ignorer des rites, des cérémonies, des manifestations politiques et de l'influence tant nationakle qu'internationale de cette force spiritualiste à peine dépassée par celle de l'Eglise. Où cela devient ahurissant, c'est de voir cités sous leur véritable nom la foule des hauts personnages qui font partie de la puissante secte : souverains, chefs d'état, ministres et autres politiciens, généraux, écrivains, artistes et même des dignitaires catholiques ou protestants.
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Les amours singulières

cet ouvrage est moyen , déjà il ma décontenancé par sa densité. Alors que l'auteur nous avait habitué à des livres volumineux. Celui la ne contient que deux courtes nouvelles , la maitresse de piano la première nouvelle raconte comment un jeune tchèque deviens la coqueluche d'une famille pervers.

la deuxieme la vie romancé du baron von gloeden parle de son installation en sicile et de sa carrière celui là est un peu plus interessant

en définitif ces nouvelles sont tellement courtes qu'on a pas le temps de s'attaché aux personnages et d'entrée dans le livre.

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La Nature du prince

La nature du prince n’est pas le plus connu des romans de Roger Peyrefitte. Quel plaisir, cependant, prend-on à le relire ! Avec sa verve habituelle, l’élégance précise de sa plume que des citations latines souvent burlesques dans leur contexte rehaussent joyeusement, l’auteur prend prétexte d’un jugement historique – et canonique – visant à connaître de la « nature » de ce prince, le duc de Mantoue, grand seigneur du XVIe siècle, mené par l’Église apostolique, catholique et romaine. Il s’agit en fait d’évaluer son aptitude à consommer un mariage au sujet duquel les grands noms de l’Italie et de l’Europe d’alors se déchirent selon leurs alliances et leurs intérêts. Afin de trancher cette question qui soulève de nombreux doutes, le souverain pontife, Grégoire XIII, décide d’une épreuve in virginem devant témoins. Leur rôle sera de « voir et toucher », afin d’attester auprès du saint siège de la puissance virile du candidat devant une vierge qu’il va falloir dénicher dans un couvent.

Roger Peyrefitte, grand spécialiste de la liturgie et des fastes de l’Église d’antan, met au service du lecteur son immense culture afin de lui faire revivre avec espièglerie les petites intrigues et les mœurs bien surprenantes d’un monde grandiose et oublié.

Précurseur des « Clés de saint Pierre », des « Chevaliers de Malte » et de « La soutane rouge », ce charmant livre, que l’on trouve toujours facilement en édition de poche et en occasion, est apte à ravir tous les passionnés de l’auteur, ainsi que les curieux et les amoureux de cette vieille Église disparue, si humaine dans ses petits travers d’alors et dont les shows messianiques dominicaux – tout en pompe et en latin – remplissaient encore de fidèles les édifices du culte.
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Les amours singulières

Un peu par hasard, en classant un énorme don de livres que l’on m’a fait, je suis tombé sur ce titre. Souvenir de jeunesse remontant de la mémoire, cet ouvrage faisait partie de la liste des œuvres interdites à la maison. Pour paraphraser Guitry, mon père avait raison ! Je ne sais pas laquelle des deux raisons tient le plus de ne pas aimer « Les amours singulières » ? Son côté licencieux ou bien alors son style littéraire anecdotique ? Véritable compilation des tabous sexuels (inceste, prostitution, pédophilie…) les deux récits donnent l’impression d’être rédigés par un vieil onaniste pervers, certes érudit, mais à l’esprit malsain. Entre Madame Bertin et le baron de Gloeden, un seul salut : la fuite ! Sinistres personnages à l’effrayante arrogance tous deux sont insupportables. On peut y voir une sévère critique sociétale de la fin du 19ème siècle où hypocrisie et petits arrangements sont de mises, certes. Mais dans ce cas, il aurait fallu moins de condescendance de la part de l’auteur, qui semble se délecter de ses propres mots. Il n’y a pourtant aucune raison. Le simplisme de l’ensemble (deux historiettes rédigées à la va vite) donne plutôt dans l’intention de choquer que de dénoncer des faits. Deux ans après, Roger Peyrfitte ne reconduit pas l’exploit de son premier roman « Les amitiés particulières » qui était lui beaucoup plus approfondi, et véritable témoignage d’une époque.
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Manouche

Quelle vie que celle de Manouche née Germaine Germain au début du siècle et qui va le traverser en vivant à cent à l'heure .

Elle a connu le Paris des maisons closes , Arletty et Mistinguett seront ses amies , elle connaîtra le luxe pour terminer alcoolique et sans le sou . Elle a surtout été le grand amour du célèbre truand Paul Carbone dont elle aura un fils.

Roger Peyrefitte nous fait voyager dans cette France des années 30 tour à tour heureuse et malheureuse qui connaîtra le pire comme l'affaire Stavisky et le meilleur comme les avancées sociales du front populaire.

Roger Peyrefitte nous décrit avec tendresse et un peu nostalgie le milieu interlope d'un Paris qui n'est plus et qu'on rêve comme au cinéma en noir et blanc .

Et sans jamais tomber dans la vulgarité.





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Les amitiés particulières

Récit alambiqué, longuet et lénifiant avec un sous texte lourdingue et vaguement nauséeux... Où l'on parle "d'ami" a qui l'on donne des rendez vous dans des serres pour s'échanger une mèche de cheveux (damned!) . Texte qui en plus de m'ennuyer poliment m'a mis vaguement mal à l'aise (et la bio de l'auteur explique clairement ce malaise...), seule la description de l'hypocrisie totale quant à la geste religieuse dans un pensionnat chic m'a vaguement fait sourire...

A lire uniquement si les histoires d'amitiés entre garçons mineurs vous émoustillent ;))
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Les amitiés particulières

L'intrigue tourne autour de Georges de Sarre, un garçon de quatorze ans envoyé dans un pensionnat catholique dans la France des années 1920.



Faisant connaissance avec les autres garçons, il ressent tout de suite de l'intérêt pour Lucien Rouvère, contre lequel l'antipathique Marc de Blajan, essaie de le monter en l'informant de façon énigmatique que certains des élèves « peuvent sembler être bons, mais en fait ne le sont pas ».



Georges est consterné quand il apprend que Lucien aime André Ferron. Il devient l'ami de Lucien mais, rempli de jalousie, essaie de détruire leur relation, et il réussit finalement à faire renvoyer André grâce à la ruse.



Voyant que ses avances vers Lucien restent infructueuses, Georges entame une « amitié particulière », c'est-à-dire une amitié pleine de très affective, avec un élève de douze ans, le ravissant Alexandre (Alexandre Motier).



Les prêtres qui dirigent l'école désapprouvent ce genre de relation, même si elle ne va pas plus loin que quelques baisers et des poèmes d'amour et ne rentre jamais dans le domaine sexuel.



Un d'entre eux, le Père de Trennes, aime inviter des garçons à le rejoindre dans sa chambre la nuit pour boire quelques verres et fumer quelques cigarettes.



Georges continue à agir par ruse et fait renvoyer le Père de Trennes grâce une lettre anonyme.



Malheureusement, le Père Lauzon, ami de la famille d'Alexandre et protecteur du garçon, apprend leur relation et exige qu'elle prenne fin immédiatement.



Lauzon demande à Georges de renvoyer à Alexandre les lettres d'amour qu'il avait reçues de lui, ce qui, à l'époque du roman, voulait dire que tout était fini entre eux.



Malheureusement, Alexandre ne peut pas se rendre compte que Georges a été forcé à agir ainsi et qu'en réalité ses sentiments pour lui n'ont pas changé - et il se suicide.



On a loué cette œuvre pour son style élégant et la discrétion avec laquelle le sujet a été traité. Un exemple en est la question qu'Alexandre pose à Georges : « Georges, sais-tu les choses qu'il ne faut pas savoir ? »


Lien : http://mazel-livres.blogspot..
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La mort d'une mère

Roger Peyrefitte - 1950



Ce roman autobiographique raconte, en trois actes, les jours qui précèdent et qui suivent le décès de la mère de l'auteur.



Quand il apprend, à Paris, que sa mère, habitant à Toulouse, est au plus mal, le narrateur est d’abord contrarié. Il n’avait prévu de la rejoindre que quelques jours plus tard et un départ anticipé perturberait ses projets.



Il partira finalement plus tôt que prévu, mais n’arrivera malheureusement pas à temps.

La culpabilité l’assaille et il se remémore ce qu’a été sa relation avec sa mère.



Si les deux premiers chapitres m'ont ennuyée, j'ai lu la suite avec un réel plaisir. Le style est impeccable et tout est dit avec une certaine pudeur.







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L’étranger, d'Albert Camus

Où Meursault rencontre-t-il Marie Cardona le lendemain de l’enterrement de sa mère ?

dans une salle de cinéma
à l’établissement de bain du port
sur une plage aux environs d’Alger

10 questions
1323 lecteurs ont répondu
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