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Citations de Roger Vailland (89)


Ce n’est pas si simple. Il est resté rouge, comme on dit ici… Il lui arrive encore de venir boire un verre à L’Aube sociale, les gars lui disent en riant : « Vieux renégat… toi, tu as « fait ta révolution tout seul. » Il se rengorge, parce qu’il est fier d’avoir été plus fort que les autres. Mais il dit : « Mon vieux cœur continue « de battre avec vous… », et cela aussi est sans doute vrai…
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Il va prendre l'apéritif sur le zinc,dans un bistrot d'ouvriers,comme si c'était la chose la plus naturelle. Il va enfin "faire comme tout le monde".Son oncle et sa tante partagent le sort commun et se conforment sans scrupule à la vieille règle qui exige qu'avant déjeuner on aille prendre l'apéritif sur le zinc.Cette fois, il commandera sans hésiter un Pernod.Son oncle ne lit pas la Somme de Saint Thomas d'Aquin comme son père, sa tante n'habite pas une maison particulière comme sa mère ; mais ils n'ont pas perdu le droit de savoir parler aux autres hommes. (Buchet-Chastel, 1977,p.80)
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La solitude est un luxe de plus en plus rare sur la terre des hommes, faiseurs d'enfants.
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La police pour la police, ultime expression de l'art bourgeois.
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Elle a, des ancêtres luxembourgeois de sa mère, la haute taille et le cheveu blond filasse, et, des ancêtres auvergnats de son père, la pommette saillante, l'œil bridé et la main courte. Mais comme une rivière paresseuse qui se jette dans un fleuve endormi, et les eaux coulent longtemps côte à côte sans se mélanger, le sangs divers d'une vie sans orages.
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Extrait de la première lettre d'Héloïse à Abélard
Dites-moi seulement, si vous le pouvez, pourquoi, après notre commune entrée en religion que vous seul avez décidé, je suis tombée en tel délaissement et en tel oubli que je n’ai ni ta présence ni ta parole pour retremper mon courage, ni lettre de toi pour consoler mon absence ; dites-le moi, je le répète, si vous le pouvez, ou je dirai, moi, ce que je pense et ce qui est sur les lèvres de tout le monde. C’est concupiscence plutôt que la tendresse qui vous a attaché à moi.
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Duc les écoute distraitement. Le sentiment de malaise s'étend maintenant au souvenir de toute la promenade, depuis le moment où ils ont quitté la maison. Il s'est mal engagé dans cette journée, il l'a gauchement saisie, comme quand on prend mal un écrou, si on insiste, on fausse le filet de la vis, il faut savoir revenir en arrière à temps; cela fait partie de l'art de vivre. Le sentiment de malaise s'étend maintenant aux journées précédentes, à ce roman qu'il commence d'écrire et avec lequel il ne se sent pas encore en amitié;
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Je n’avais pas encore compris que l’amour pût rendre fou…
__-Comme toutes les idées fixes, ni plus ni moins…. /…je ne nomme pas amour l’obsession que provoquent, chez certains hommes, des femmes qu’ils n’ont jamais possédées. Cette sorte d’amour, bien qu’il puisse avoir à sa toute première origine un vif mouvement de désir, ne met finalement en branle que le cerveau et ce qu’on appelle le cœur, c’est-à-dire l’ensemble des émotions qui se manifestent, comme tu l’as si bien remarqué, au niveau du plexus solaire. C’est même le cerveau qui finit par tenir toute la scène-chez ceux qui ont l’habitude de s’en servir. Tout ce que Stendhal dit de la « cristallisation » s’y applique fort bien : c’est l’amour-idée fixe ; il relève de la psychologie des passions et dans les cas extrêmes de la pathologie mentale.
Ce n’est pas à mon sens le véritable amour. Celui-ci implique le corps à corps. C’est une grande aventure à laquelle participe l’homme tout entier : tête, cœur et ventre. Il n’est rien de soi-même qui n’y soit engagé.
Il n’y a que les chrétiens pour avoir imaginé l’amour platonique. C’est que le christianisme a divisé l’homme, opposant l’âme noble au corps vil. L’homme total aimera dans sa chair et son âme enfin réunies, inséparables, consubstantielles.
Pour la plupart des romanciers, l’aventure est terminée lorsque les deux antagonistes parviennent enfin à coucher ensemble : ils se marièrent et eurent beaucoup d’enfants. Pour moi, c’est à ce moment-là qu’elle commence. L’épreuve de vérité du nu à nue est nécessaire pour distinguer l’amour vrai des extravagances de l’imagination ; celle-ci tourne souvent à vide, comme un moteur au banc d’essai ; j’aime qu’elle soit embrayée, que l’homme soit complètement incarné, qu’il soit un homme total… /…
Je ne conçois pas un amour qui ne soit pas partagé. Si l’un des deux se refuse à l’aventure, l’amour ne se produit pas-par définition. L’amour est ce qui se passe entre deux êtres qui s’aiment : comme ils s’approchent, se fuient, se rapprochent, se déchirent, se brûlent, parviennent ou échouent à faire un couple, et ce qu’il advient de ce couple. Cet amour-là atteint les régions les plus profondes de l’être, celles où se déroulent les cataclysmes physiologiques, le royaume souterrain des grandes maladies et des profondes extases. .. /…
Les hommes qui aiment profondément les filles sont les plus capables de réussir les grandes amours.
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Les ouvrières marchent à grands pas, et fortes de leur jeunesse et de leur nombre, elles rient insolemment aux propos des passants. Pour Eugène-Marie, les jeunes filles de l'usine de briques de l'avenue de Laon, occupées huit heures par jour à tasser de la terre dans les moules, mais qu'il ne voit jamais qu'au cours de leur marche triomphale, précédée d'un solennel sifflement de sirène, sont inséparables de l'image qu'il se fait de la fierté humaine. (p. 66- Buchet-Chastel, 1977)
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Se servir du vent pour aller contre le vent ne définit pas seulement la navigation à voile mais aussi ce pouvoir que l’intelligence donne à l’homme de plier à son service les lois naturelles et sociales, la mesure de sa liberté. Bien qu’il soit souvent aussi pauvre que l’ouvrier agricole, le pêcheur n’est pas comme lui dans un état de mal-être absolu. Le pêcheur vend son poisson, qu’on lui achète ; dès qu’il y a commerce la servitude n’est plus absolue. La relative liberté du patron pêcheur se reflète sur le matelot et même sur le mousse, prix de leur complicité dans la lutte contre la nature et les hommes.
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Le monde est fait à l’image de la flotte royale, du temps que Matteo Brigante y était quartier-maître. Les matelots : le peuple. Les sous-officiers : lui, les hommes d’affaires de Foggia. Les officiers subalternes : les notables de Porto Manacore ou de Foggia, les hommes d’affaires quand ils sont inscrits au barreau. Les officiers supérieurs : don Cesare, don Ruggero. L’état-major suprême : la Montecatini, la société de bauxite. Et au-dessus le roi dont on ne sait plus le nom depuis qu’on est en République, la Société anonyme du pouvoir d’État. Tout en haut : Dieu.
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La Loi, comme la tragédie, exige l’unité d’action. Les bons joueurs savent arrêter la partie quand la victime a été exactement exécutée.
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Il y a des humains qui en possèdent d’autres ; les possédants deviennent à leur tour possédés ; les possessions l’une l’autre s’enchaînent ; on n’y échappe pas. Il a possédé beaucoup de femmes, des femmes mariées surtout ; son métier lui offre des facilités que d’autres n’ont pas ; il prenait toujours l’initiative de la rupture, mais le plus souvent la femme restait possédée de lui ; elle quémandait une dernière aventure ; c’était perpétuellement la dernière entrevue ; il en tirait quelque gloire.
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Pour Eugène-Marie, son père se trouve, par rapport aux pères de la plupart de ses camarades, dans une position analogue à celle des lycéens qui font du latin et du grec par rapport à ceux de la section moderne. Ce n'est pas qu'Eugène-Marie aime le latin, et il n'a fait du grec que pendant deux ans, mais il se sent flatté d'appartenir à l'élite. Il ne se rendra compte que beaucoup plus tard qu'il obéit ainsi à un sentiment du même ordre que celui qui a poussé sa mère à installer dans la maison un piano que personne n'utilise. (p.61)
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Heureux les jeunes ouvriers, qui peuvent s'acheter des gants de cuir et des pantalons longs, et auxquels les filles sourient ! (p. 72 / Buchet-Chastel, 1977)
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La myopie et les binocles caractérisaient à cette époque les professions libérales; ils étaient l'apanage des intellectuels, dont les épouses disaient fièrement : il ne sait rien faire de ses mains, il ne faut pas lui en vouloir; il vit dans la lune. (p.44)
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Si vous partez maintenant, il me le reprochera pendant des mois... Il est si crapule avec moi.
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Oui, tout ce jeu que vous faites semblant, les uns et les autres, de prendre au sérieux… Car enfin, vous jouez… j’imagine que vous, vous êtes assez cynique pour l’avouer… en petit comité… le curé joue au chef de bande : le Roi des Montagnes, Edmond About lui a tourné la tête, il choisit mal ses auteurs… poser des bombes au clair de lune, faire dérailler un train, c’est évidemment un jeu passionnant… même pour un curé. Frédéric s’excite d’une autre manière : il joue à la Révolution, c’est lui l’Incorruptible, il s’imagine Robespierre comme les gosses s’imaginent chauffeurs de locomotives ; en fin de compte il joue au même jeu que le curé, tous les jeux de garçons se ressemblent, il s’agit de bousiller le canapé du salon, le train de von X… ou le monde bourgeois
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Assise sur les sacs, elle est en train d'échauder des projets. La réflexion lui plisse le front. Elle a joué avec des fétus de paille, les a brisés, dans la tension de sa pensée, et les brins sont tombés sur ses geniux; elle les manoeuvre maintenant comme les pièces d'un échiquier, les déplaçant sur ses genoux, personnages imaginaires, symboles d'obstacles et d'aides. Elle combien un plan à longue échéance, utilisant les brins de paille, ciomme un comptable son boulier.
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« Toutes les femmes de Bionnas connaissent ce délire rationnel, caractéristique de l’état intermédiaire entre la veille et le sommeil provoqué par le travail prolongé aux presses. Elle avait envie de lui dire « tais-toi », et peut-être de la cajoler jusqu’à ce qu’il s’endorme complètement. Elle ne le faisait pas, respectant son amour-propre d’homme. »
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