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Citations de Ryûnosuke Akutagawa (114)


Le cœur humain est partagé par deux sentiments contradictoires. Nous éprouvons, certes, de la compassion pour le malheur d'autrui. Mais si notre prochain s'en tire tant bien que mal, nous ne pouvons nous empêcher d'éprouver quelque mécontentement. Nous pouvons même aller parfois jusqu'au désir de le voir retomber dans le même malheur. Et insensiblement un sentiment d'hostilité, bien faible il est vrai, en vient à germer dans notre cœur.
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Aux dires du disciple déjà mentionné, une fois plongé dans le travail, cet homme fut comme possédé par l'esprit d'un "renard". Selon des rumeurs du temps, sa réussite en peinture était due à un serment qu'il avait fait devant le Grand Dieu du Bonheur. Certains affirmaient que si on l'épiait lorsqu'il peignait, on voyait de sinistres ombres de renards rôder autour de lui. Ainsi, le pinceau à la main, il oubliait tout, sauf l'achèvement de la toile à laquelle il se consacrait. Nuit et jour enfermé dans une chambre, c'est à peine s'il voyait la lumière du soleil. En particulier, lors de la composition du "Paravent des Figures infernales", son acharnement parut exceptionnel.
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Tous ces personnages, dans les tourbillons de flammes et de fumées, en proie aux tortures infligées par les geôliers infernaux à tête de bœuf ou de cheval, fuyaient en tous sens, telles des feuilles mortes dispersées par une bourrasque. Ces femmes plus recroquevillées que des araignées, dont les cheveux s'enroulaient autour des dents d'une fourche, figuraient-elles des sorcières ? Cet homme, la tête en bas comme une chauve-souris au repos, la poitrine perforée par une lance; n'était-il pas quelque jeune gouverneur de province ? Et ces innombrables damnés, flagellés de fouets de fer, écrasés par un rocher que mille hommes auraient du mal à mouvoir, déchirés par de monstrueux oiseaux, mordus par les mâchoires d'un dragon venimeux... Autant de tortures que de réprouvés.
Mais ce qui surpassait en horreur toutes ces atrocités, c'était, accrochant le sommet d'un arbre en forme de défense de bête féroce (aux branches de cet arbre, tout garni de sabres, on voyait de nombreux trépassés transpercés de part en part), un char qui tombait en plein ciel. Soulevé au vent infernal, le store du char laissait voir à l'intérieur une dame de cour vêtue d'un habit si magnifique qu'on l'eût prise pour une impératrice ou une concubine impériale, et dont la longue chevelure noire flottait au gré des flammes, et qui se tordait, la tête renversée. Son visage tourmenté, le char embrasé, tout peignait le suprême degré de la souffrance dans les flammes de la damnation. On peut dire que toutes les horreurs répandues sure le vaste Paravent servait de fond à ce seul personnage. La puissance d'inspiration qui animait cette peinture était telle qu'à la voir on croyait entendre les hurlements même de l'Enfer.
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- Alors, comme ça, vous avez envie de mourir?
- Hmm... - enfin, ce n'est pas tellement que j'ai envie de mourir : je suis seulement las de vivre.

"La vie d'un idiot"
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Ma nature, ma conscience, ma morale, mes convictions, tout cède devant l'égoïsme tout-puissant. Je comprends que dès l'origine, les sentiments vertueux n'ont jamais eu la possibilité de m'habiter. Me tuer est le seul moyen de me permettre de croire que je sors vainqueur de la déroute de mon esprit. En conséquence, puisque je n'ai pas réussi à élever ma nature, je vais ce soir, à l'aide de la «boite»*, me constituer le même destin que celui qui fut naguère ma victime.

*[Boite contenant une dose mortelle d'un médicament puissant. Le narrateur, et criminel qui se confie à des amis proches dans cette nouvelle, est un médecin]

[Extrait de "Un crime moderne"]
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Extrait de "Engrenage" :

De l'autre côté de la dune, la mer se fondait dans une brume grise. A son sommet était plantée une balançoire sans siège. Les barres me firent instantanément songer à une potence ; deux ou trois corbeaux se tenaient d'ailleurs perchés sur la traverse. Même quand je fus là, aucun ne manifesta la moindre intention de s'en aller. Et je dirais même plus : ouvrant un bec énorme pointé vers le ciel, celui du milieu se mit à coasser - quatre fois, j'en suis certain.
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Le nez du grand du Grand Aumônier Zenchi, à Ikenoo, tout le monde le connaissait. D'une longueur de cinq à six pouces, ce nez pendait du haut de la lèvre supérieure au bas du menton. Il était de la même longueur à l'extrémité qu'à la racine. On eût dit une longue saucisse suspendue au milieu du visage.
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La folie ou le suicide, c'était tout ce qui l'attendait. Il marchait, solitaire, dans les rues où tombait la nuit, résolu à attendre le destin qui, lentement, viendrait l'anéantir.
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Quand aux officiers, ses pairs, ils le bafouaient sans se gêner. Si les anciens prenaient son allure pitoyable comme sujet de plaisanteries éprouvées, ceux qui étaient plus jeunes en profitaient pour s’exercer à des improvisations sarcastiques. Ils n’arrêtaient en sa présence, de s’amuser, discutant de son nez, de sa moustache, de son chapeau et de sa cotte. Ce n’est pas tout. Sa femme aux lèvres lippues, qui l’avaient quitté cinq ou six ans auparavant, et un moine ivrogne qui passait pour avoir eu avec elle d’étroites relations alimentaient leurs conversations. Il arrivait même parfois que leurs plaisanteries devinssent extrêmement méchantes. Impossible de les énumérer toutes. Disons, entre autres, qu’ils burent le saké de son bidon de bambou et le remplirent d’urine. Ce seul fait permet d’imaginer le reste.
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Peut-être une invisible vertu dont s'auréolait la tête de cet homme frappait-elle jusqu'aux yeux des oiseaux sans âme ?
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Il y a cependant une chose que je veux que vous sachiez  : parce qu’on m’a traité de fou ce jour-là, j’ai été condamné à avoir une existence misérable. Quant à savoir si je suis vraiment fou, je vous en laisse entièrement juge. Mais, en admettant que je le sois, le responsable de cette folie, n’est-ce pas le monstre qui sommeille dans le cœur de chacun de nous  ? Du fait de sa présence, même ceux qui se moquent aujourd’hui de moi en me disant fou peuvent très bien, demain, devenir tout aussi fous que moi…
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Extrait de "La vie d'un idiot" :

Elle avait un visage radieux. On aurait dit le soleil du petit matin scintillant sur une fragile couche de glace. Il éprouvait pour elle de l'affection. Mais de l'amour, non. Il n'avait d'ailleurs jamais touché d'un doigt le corps de cette femme.
- Alors, comme ça vous avez envie de mourir ?
- Hmm...- enfin, ce n'est pas tellement que j'ai envie de mourir : je suis seulement las de vivre.
A la suite de ce dialogue, ils se promirent de mourir ensemble.
- Un suicide platonique, n'est-ce pas !
- Double suicide platonique !
Son calme l'étonnait lui-même.
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Il me vint soudain à l'esprit que, depuis une quinzaine d'années, mes yeux réagissaient immanquablement par une conjonctivite chaque fois que j'éprouvais de la sympathie pour quelqu'un.
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En revanche, les corbeaux y venaient par bandes d'on ne sait où. Dans la journée, innombrables, ils venaient en cercle autour des hautes tuiles cornières, en croassant. Au coucher du soleil, ils se détachaient, comme des graines de sésame parsemées, sur le ciel empourpré qui s'étendait au-dessus de la Porte. Ils venaient, évidemment, becqueter les cadavres délaissés.
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Il sentit les ailes du papillon effleurer ses lèvres sèches une infime seconde. Mais le velours des ailes qui les avaient un jour caressées en passant brillait encore sur ses lèvres tant d’années plus tard.
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Les étincelles déchiquetaient toujours la pluie. Il avait beau interroger la vie, rien ne lui faisait particulièrement envie. Mais ces étincelles violettes - ces étincelles extraordinaires qui fusaient dans l'espace -, il aurait, fût-ce au prix de sa vie, voulu les saisir dans sa main.
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Mais c'était un homme qui, tel que nous le connaissions déjà , aimait à provoquer des esclandres ; aussi tirait-il plutôt orgueil de toutes ces critiques. Un jour, le Seigneur le plaisanta :
- On dirait que tu aimes trop ce qui est laid.
Il répondit insolemment , avec un sourire sinistre de ses lèvres si rouges malgré son âge :
- Votre seigneurie a raison. Décidément la beauté de la laideur échappe aux peintres qui ne savent que barbouiller.
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Kandata cria avec fureur:
"C'est moi qui l'ai vu en premier! Arrêtez, n'approchez pas, redescendez!"
Les autres âmes, avides de leur propre salut, n'écoutaient pas.
Un amas de corps, souillé par la haine et l'avidité,
mais habité par l'espoir continuait de s'agrandir autour du fil.
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"La vie d'un idiot"_

Il commença à souffrir d'insomnies. Ses forces physiques commencèrent aussi à décliner. Divers médecins lui avaient diagnostiqué deux ou trois maladies différentes chacun : hyperchlorhydrie, atonie gastrique, pleurésie sèche, neurasthénie, conjonctivite chronique, fatigue cérébrale...
Mais lui savait fort bien quelles étaient les racines de son mal : La honte de soi et la peur des autres ; les autres... cette société qu'il méprisait !
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Le chien habitué aux coups n'ose pas s'approcher du morceau de viande qu'on lui jette rarement.
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