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Critiques de Sabrina Calvo (205)
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Sunk

Ce livre est … Inclassable n'est pas le mot. Incompréhensible non plus, même si il y a de l'idée. Foutraque s'en approche déjà plus. Peut-être : Illogique. Oui, c'est ça. Ce livre défie la logique et le bon sens même. Il s'agit là d'un livre qui se moque de tout et de tout le monde, jusqu'au lecteur qui ressort de sa lecture avec des questions plein la tête, dont une qui brille plus fort que tout : « Qu'est-ce que pourquoi de quoi ? ». Disons que le livre est dans le même ordre d'idée.

Je ne pourrais pas vraiment vous décrire ce livre, complètement égaré. Une histoire d'île qui coule (ou de mer qui monte ?), de deux frères et de gens qui tentent de se sauver de cette catastrophe. Ah oui, et aussi d'un mec immortel, de canards, de machine à laver, de picon bière, de sémaphore, de … De quoi ? Oui, j'en perdrais mon latin et mon français avec.

Faut bien l'avouer, dès le début, je présentais que je n'allais pas y comprendre grand-chose, car tout est en dehors de la logique et de la raison. Je vous dirais volontiers qu'il s'agit d'un délire de la part des deux auteurs, mais le pire est qu'il ne s'agit même pas de ça ! C'est juste un livre qui est totalement inaccessible mais qui se paye le luxe d'une histoire douteuse et de propositions dignes de trips sous LSD d'un toxicomane accro à l’ecstasy et à la cocaïne. Avec une note de couleur, genre impressionniste vu au kaléidoscope.

Et le pire, c'est qu'il semble y avoir une cohérence ! Comme si je voyais quelque objet en cinq dimensions, moi qui suis limité par mes trois. Alors certes, il doit y avoir une façon de comprendre ce livre, mais je ne l'ai pas du tout trouvé. Et croyez-moi, je ne la trouverais sans doute jamais.



Ce livre … Je ne peux pas le déconseiller, et encore moins le conseiller. C'est … quelque chose, un OVNI littéraire tel qu'on a encore jamais vu. Cohérent dans son incohérence, incompréhensible bien que facile à lire, complètement déjanté et tragique, ce livre est tout sauf un livre qu'on arrive à comprendre. Rien de logique, rien de cohérent. Et pourtant je ne peux pas dire que je n'ai pas aimé. De façon extrêmement simple, je ne l'ai absolument pas compris. Il restera sans doute pour moi la lecture la lecture la plus mystérieuse de celles dont je me rappelle. C'est le genre que j'aimerai comprendre, mais le livre n'en laisse pas la moindre possibilité. À lire si ça vous tente. Je ne saurais vous dire ce qu'il faut en tirer, en attendre et encore moins en comprendre.
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Toxoplasma

Un roman déjanté, difficile de lâcher cependant, une enquête loufoque, sans fils conducteurs. Des protagonistes anarchistes vivant barricadés dans une ville telle la Commune de Paris.

Montréal est une bombe à retardement. La ville menace d'être détruite sous peu mais ses habitants, résistants, refuse de lâcher leurS existences et sont prêts à tout pour détruite leurs assaillants.

Des hackeur.ses, une femme Ventriloque, une Mommy au passé étrange, des drones assassins, des Japs, mais surtout, Nikki et Kim.

La pair indissociable du roman qui rejoindra le ciel.



Un récit à lire comme il se déroule, à l'arraché, sans se poser trop de questions, sans chercher trop de sens aux mots. Rejoindre la rébellion et s'envoler tout simplement.
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Melmoth furieux

La douceur combattante d’une épopée de proximité, dans la grande guerre du contrôle marchand des imaginaires. Gorgé de paradoxes et de surprises, un chef-d’œuvre, cousu main bien entendu.



Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2021/10/05/note-de-lecture-melmoth-furieux-sabrina-calvo/



À l’inauguration de Disneyland Paris, en 1992, un jeune homme s’est immolé devant les grilles du plus grand parc de loisirs du monde, entraînant dans sa mort le dérapage technique et financier du plus gigantesque alors des projets du capitalisme spectaculaire marchand. Que vous n’en ayiez pas entendu parler, ou l’ayiez oublié, ne prouve rien au fond, bien au contraire. Toujours est-il que dans ce sublime glissement de temps sur Terre, bien des années plus tard, sa sœur, qui vient de passer les trente-cinq ans avec une rupture sentimentale, est bien décidée à obtenir une vengeance symbolique et libératrice, en trouvant le moyen d’incendier pour de bon le mélange de parc d’attractions et de citadelle dépravée de l’imaginaire qu’est devenue la zone à fiscalité aménagée pour les investisseurs de Marne-la-Vallée, autrement dit de faire flamber le Mickey de plastique et de carton-pâte, ses amis richissimes et ses valeurs attachées. Que cette volonté de vengeance coïncide avec la réinsertion cahoteuse de la protagoniste principale dans l’environnement hautement spécifique de la Commune de Belleville (cousine empathique de celle de Montréal, qui constituait la toile de fond de « Toxoplasma« ), cernée de toutes parts par les forces variées de l’ordo-libéralisme marchand, aurait pu être au fond presque anecdotique, mais Sabrina Calvo , dans ce « Melmoth furieux » publié à La Volte en septembre 2021, use de cette conjonction magnifique pour nous offrir une incroyable épopée de proximité, où le très intime et le très politique sont indissociablement mêlés pour atteindre une rare puissance d’évocation et de perforation.



Disneyland, donc. Et plutôt que celui, machiavélique à souhait, d’Antoine Chainas et de son « Empire des chimères » (2018), ou que celui, illusionniste en diable, de Cory Doctorow et de son « Dans la dèche au Royaume Enchanté » (2003), celui, redoutable de noirceur tortionnaire et voyeuriste, de Bruce Bégout et de son « ParK » (2010). Une quintessence du spectacle industriel cher à Éric Vuillard (« Tristesse de la terre », 2014) et à Patrick Bouvet (« Petite histoire du spectacle industriel », 2017), mais mâtinée, déjà, d’une solide dose d’horreur lovecraftienne (dès les premières pages : « un marcheur sur le seuil, toutes dents dehors ») rendue encore plus mutante par un discret humour noir comme en écho à celui de la Catherine Dufour de « Entends la nuit« (lorsque l’héroïne se découvre d’abord « anesthésiée par des années de shit et de bullshit jobs », par exemple). Un Disneyland dont les couloirs temporels secrets seraient aussi hantés par des figures costumées dignes de l’homme à la cigarette de « X-Files », figures armées de non-disclosure agreements que l’on signe sans le savoir avec son propre sang (« On te fait signer un contrat de silence »).



La Commune de Paris, ensuite, celle dont la floraison imaginaire recensée avec brio par Kristin Ross (« L’imaginaire de la Commune », 2015) apparaît ici condensée, comme une immersion profonde dans le chaos libertaire et populaire mis en scène avec tant d’inventivité par le cinéaste Peter Watkins (on ne peut que noter au passage, trente ans avant les incroyables 345 minutes de son « La Commune » de 2000, que l’on trouvait déjà pas si curieusement un « Punishment Park » dans sa filmographie totalement à rebours, justement, de la « monoforme » et de son spectaculaire marchand, même lorsqu’elle se pare de déguisements pseudo-contre-culturels) : une activité fourmillante (qui n’exclut aucunement un véritable droit à la paresse), totalement à l’opposé naturellement des clichés d’oisiveté complaisamment véhiculés au quotidien par tous les exploiteurs jamais rassasiés, un ancrage géographique volontiers miniaturisé et éventuellement souterrain, une solidarité aux formes multiples qui ne confond pas bienveillance et naïveté. Et c’est bien aux accents chantés de « La Makhnovtchina » ou de « L’Estaca » que l’on se mettra en chemin.



Pour provoquer son explosion et lancer sa grande bataille (on verra tout à l’heure quel en est le véritable terrain), Sabrina Calvo a su fracasser l’un contre l’autre ces deux champs de force imaginaire, en usant de deux catalyseurs inattendus et salutaires : le motif de la croisade des enfants et le pas de côté de la couture artisanale.



« Espoir mon cul » : lorsque l’Antigone d’Anouilh épouse le langage de la Zazie de Queneau, la carte maîtresse paradoxale constituée par les enfants est en bonne voie, et leur croisade, si elle prendra des formes bien différentes de celle rappelée encore récemment par Léo Henry dans son « Hildegarde », pourra déployer son ingénue puissance de torsion du réel et des attentes. Leur redoutable affinité avec la fluidité queer, avec l’hybridation (certaines voies étranges résonnant avec les rats démineurs de « Bacchantes« ou avec les lichens génétiquement moteurs de « Plasmas« établissent aussi par instants une productive passerelle avec le travail de Céline Minard), avec le style re-personnalisé échappant à l’emprise marchande pour savourer le ludique sérieux et pur, feront merveille au moment du choc à venir. Choc il y aura en effet, et le pas de côté magique qui en détermine peut-être ici l’issue est celui que l’on jugerait de prime abord le plus surprenant. Si par les enfants on subodore bien que les « Figures stylées« ne sont peut-être pas neutres du tout (« Ici, le style c’est la substance », dira-t-on), et qu’il faut sans doute ce détour pour pouvoir affirmer que « Le roi est nu », c’est par la pratique de la couture que la force subversive trace son chemin décisif. Au prix de quelques paradoxes apparents, Charles Aznavour (« Comme ils disent », 1968) comme Carole Martinez (« Le cœur cousu« , 2007), maniant deux sorcelleries bien distinctes, nous rappellent la substance subversive du geste qui pique, qui coupe et qui ajuste. En nous apprenant à manier sans la détruire l’étoffe dont sont tissés les songes, après le Prospero de « La Tempête » shakespearienne, Fi, l’héroïne de Sabrina Calvo, nous rappelle que la mode peut ne pas être uniquement un luxe financier déconnecté, et qu’elle peut être un moteur d’imagination et d’émancipation d’une force métaphorique insoupçonnée. Car c’est bien sur le terrain des imaginaires que la bataille se joue.



En inscrivant soigneusement le flot qui rugit depuis Belleville dans la vie la plus matérielle à travers la main qui coud et sublime, Sabrina Calvo constitue « Melmoth furieux » en cri de ralliement prolongé d’une guerre sans merci des imaginaires, ceux-là même dont l’ennemi doit maintenant achever la capture et la marchandisation terminale (ceux-là même dont Norman Spinrad faisait la proie des cartes de crédit et des bugs dans son « Temps du rêve« de 2012).



Après de longues années laissées à vau-l’eau, les injonctions gramsciennes ayant été soigneusement récupérées par l’aile marchante du capitalisme et au-delà (le tout récent concert presque unanime de louanges autour du décès d’un ancien affairiste interlope n’en étant qu’une évidente piqûre de rappel), au côté des appels à la reprise des armes de l’imaginaire lancés par les Wu Ming de « Q« et du « Nouvel Épique Italien« , des démontages d’instincts lexicaux mortifères n’ayant rien d’innocent mis en évidence par Sandra Lucbert (« Personne ne sort les fusils« et « Le ministère des contes publics »), de la condensation rusée conduite par Hugues Jallon (« Zone de combat« et « La conquête des cœurs et des esprits« ), ou de la mise en pratique déterminée menée par l’EZLN et par le sous-commandant Marcos et ses émules (« Don Durito de la Forêt Lacandone« ), Sabrina Calvo nous offre tout en douceur un étendard littéraire d’une puissance peu commune. Comme le souligne la très pertinente lecture signée X dans lundimatin à lire ici), un affrontement majeur se déroule aujourd’hui sur le terrain du bloom (en référence bien sûr au travail du collectif Tiqqun et de celui du Comité invisible) : au cœur d’une géographie politique des barricades réelles et métaphoriques (oui, des « gestes barricades » à inventer plutôt que les seuls gestes barrières !), avec l’aide aussi d’une poésie des rues et des chemins (le François Villon d’« Esquisse d’un pendu« , chez Michel Jullien, hante aussi, très naturellement, ce « Melmoth furieux »), il s’agit bien de rendre à la rime et au rythme ce qui a été confisqué par la marchandise, celle de la Métrique, qui n’a rien ici d’une scansion littéraire mais tout du règne de la mesure chiffrée et obligatoire de la performance en tous domaines.



En ce moment de prise de parti, où soin radical et communisme de l’attention se révèlent essentiels (selon les heureuses expressions de X cité plus haut), en une trace plus directe sans doute que les somptueux rébus de « Elliot du Néant« , de « Sous la colline« ou de « Toxoplasma« , pour tenir la ZAD de nos imaginaires si menacés, Sabrina Calvo nous indique un chemin indispensable, semé d’embûches mais d’une douceur brûlante.
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Melmoth furieux

Il faut brûler Eurodisney. C’est le mantra de Fi, jeune femme un peu perdue dans un Belleville assiégé par les milices, la police, l’armée. Depuis que son quartier a été rasé, que son frère est mort dans des circonstances atroces, elle cherche un moyen de surnager. Et surtout, d’atteindre son but : raser Eurodisney et, ainsi, libérer le peuple de la tyrannie. En aura-t-elle la force ? En aura-t-elle le souffle ?



Fi a perdu une partie d’elle-même à la mort de son frère, Mehdi. D’autant que celui-ci n’a pas eu un accident, n’est pas mort de maladie. Non, rien de commun dans son décès : il s’est immolé dans l’enceinte d’Eurodisney. Suicide particulièrement violent, d’autant qu’il reste inexpliqué. Et cela démange Fi de comprendre. D’ailleurs, elle est en dialogue perpétuel avec son frère. Elle s’adresse à lui au fil des pages de ce roman, cherchant une réponse, cherchant une confirmation de ses intuitions. Elle mène l’enquête dans le quartier qu’elle a rejoint depuis peu, Belleville, dans Paris. Mais pas le Belleville que nous connaissons, un Belleville cerné par les forces de l’ordre, aux artères bloquées par des barricades. Car ce quartier s’est autoproclamé « Commune libre de Belleville », un rêve anarchiste où tout le monde s’organise (enfin, pour être sincère, tente de s’organiser) avec les moyens du bord, en respectant les autres et en s’entraidant.



Et c’est dans ces conditions que Fi va creuser son nid. Ou plutôt, le coudre. Car elle manie l’aiguille et la machine à coudre. Elle récupère des tissus à droite à gauche et coud. Tant qu’elle peut. Jusqu’à se faire saigner. Jusqu’à s’endormir sur son ouvrage. C’est un moyen de participer à l’effort de guerre d’abord. Mais aussi et surtout d’avoir une prise sur le monde, sur le réel. Car ne sommes-nous pas recouverts d’une peau, comme d’un vêtement très près du corps. On parle bien du fil de la vie, avec les trois Parques qui le tissent et le coupent. Pourquoi pas le tissu comme extension de notre peau, comme substitut, comme armure, même ? Sabrina Calvo tisse cette métaphore tout au long de son texte, de plus en plus pressante, de plus en plus présente. Et cela fonctionne. Malgré l’étrangeté de certains rapprochements, l’image s’impose à nous, puissante et tentaculaire.



Et il faut bien cette force pour imaginer affronter l’ennemi suprême, Eurodisney et ses créatures multiples. Dont la souris noire connue dans le monde entier. Décidément, Sabrina Calvo est attachée à Disney. Déjà, dans Minuscules flocons de neige depuis dix minutes, qui date de 2006, elle mettait en scène un narrateur parti sur les traces de Walt Disney et de son empire. Déjà, dans ce roman, onirique par moments, elle envisageait des souterrains et des places secrètes dans le monde de la souris. Et ce n’était pas des tunnels faits de joie et de couleurs, mais des lieux sombres, sources de secrets et d’horreurs. Dans Melmoth furieux, la tyrannie des troupes soumises à la bête noire est encore au centre de l’histoire. Car ce roman au verbe riche, parfois difficile à percer, instille l’idée que les concepteurs du parc Eurodisney auraient créé, dans leurs sous-sols, des prisons ignorées de tous, afin d’y enfermer leurs opposants, les délinquants de leur monde. Qu’ils assujettissaient leurs employés, les asservissaient, comme des potentats sans scrupule, sans pitié, usant de leur pouvoir dans cette enclave cédée par le gouvernement français. Et ainsi, ils deviennent le symbole de cette société qui emprisonne et met les gens dans des cases, comme derrière des barreaux, leur vole leur liberté et leur folie, leur singularité et leur vie.

Pour vaincre cette entité, Sabrina Calvo adjoint à Fi un grand poète, Villon. Poète et rebelle, en lutte contre l’ordre établi. Il erre, sans que l’on sache bien ce qu’il fait là et dans quel but. Ni même qui il est exactement. Du moins, au début. Car son personnage prend de l’épaisseur peu à peu, avant que de se déliter à nouveau. La symbolique est forte : le poète errant face à la souris noire ; les hordes d’anarchistes face aux tenants de l’ordre quasi-militaire. La déflagration sera sanglante, nécessairement.



L’autrice, enfin, refuse la tyrannie du verbe. Et pas seulement à travers l’histoire. Mais aussi dans la forme. Dans le verbe lui-même. Car, dans ce roman la façon d’écrire est symbole de lutte. Vous connaissez tous la règle de l’accord des adjectifs, qui se fait normalement au masculin dès lors qu’un seul nom d’une longue liste appartient à ce genre. Cela a créé assez de remous, l’injustice étant flagrante. Mais l’usage, que voulez-vous, l’usage ! Eh bien l’usage, Sabrina Calvo le piétine allégrement. Dans Melmoth furieux, le féminin l’emporte. À tel point qu’au début, j’avais l’impression que la commune n’était habité que de femmes. Mais non, l’autrice a juste remplacé un choix arbitraire par un autre. Et sincèrement, pourquoi pas. Quand j’ai eu compris le système, je ne me suis même plus aperçu de ce changement. Par contre, je n’ose pas imaginer la tête de certains Académiciens découvrant ces pages…



J’attendais avec impatience et curiosité la parution de ce nouvel opus de Sabrina Calvo. Et, malgré une légère surprise initiale, une légère période nécessaire pour m’adapter, je n’ai que du bien à en dire. Ce roman est précieux d’abord par sa singularité dans la production actuelle (ce n’est pas le seul, bien sûr : La Nuit du faune de Romain Lucazeau, par exemple, ne répond pas non plus aux critères classiques du genre). Il est précieux aussi pour l’univers qu’il crée, qu’il tisse, qu’il ose. Il est précieux, enfin, par les sensations et les sentiments qu’il fait naître, étranges, puissants, envoûtants.
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Melmoth furieux



Avec, comme bien souvent chez Sabrina Calvo [ Toxoplasma, Baiser la face cachée d'un proton, Les signes démentiels, Melmoth Furieux...nos univers se croisent ^^ ] une de mes peintures en illustration intérieure :)



https://peggyannmourot.com/melmoth-furieux/


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Toxoplasma

Toxoplasma, roman de Sabrina Calvo aux Éditions La Volte, avec une de mes encres en illustration.



Grand Prix de l’Imaginaire 2018 mais également Prix Rosny Ainé 2018



https://peggyannmourot.com/toxoplasma-roman-calvo-editions-la-volte-illustration/


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Melmoth furieux

Extrait de ma chronique :



"Cette liberté, c'est avant tout celle qu'offre la création : comme Elliot du Néant, Melmoth furieux est avant tout un magnifique hommage à l'art, vu ici à travers le prisme de la couture (rappelons au passage avec Littré que le mot "texte" vient du latin "textus" qui signifie "tissu").







Le "vortex de vitesse et d'étoffe" (page 282) que crée Fi, à l'aide d'une muse, François Villon, qu'elle vampirise autant que le peintre du Portrait ovale d'Edgar Allan Poe, c'est donc tout aussi bien le tourbillon de mots où nous entraîne Sabrina Calvo, qui rêve visiblement, comme son héroïne, de "coudre avec le feu" (page 21)."




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Melmoth furieux

La réussite du roman tient beaucoup dans l’incroyable poésie punk de son héroïne fashionista, à ses tenues, aux robes chatoyantes qu’elle réalise, à des passages sublimes sur le rapport du corps à la matière, au façonnage.
Lien : https://www.liberation.fr/cu..
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Melmoth furieux

J'attendais avec impatience la sortie de Melmoth furieux et l'ai dévoré dans le weekend suivant sa sortie mais j'ai hésité quant à écrire sa critique car mon avis est mitigé.

L'univers "grunge" m'a beaucoup plu ; un peu l'ambiance du stade de sa BD Constellations mixée avec celle de l'île de Montréal de Toxoplasma. La bande de gamins qui tourne autour de l'héroïne est trash et perchée à souhait.

J'ai apprécié aussi les nombreux moments de vie qu'on passe avec les différentes "tribus" de ce quartier libre qui vit en autarcie forcée-choisie en récupérant, recyclant et upcyclant tout.

Sabrina Calvo semble avoir "trouvé" son style : un mélange sucré-salé de niveau de langue très "impressionniste".

Ce roman rassemble les thématiques et motifs que l'autrice affectionne : Disney, les palmiers, les années 1980, l'enfance, le jeu, le "protocyberpunk"... mais il se déroule dans une nouvelle ville : Paris et développe un nouveau sujet : la couture, qui est son terrain de jeu du moment - : https://www.limerence.is/ -.

Le schéma narratif est plutôt classique : gros méchant, mystères dévoilés pas à pas et grosse fight finale... C'est ce qui m'a un peu déçu car c'est assez inhabituel pour l'écrivaine qui pourra sans doute toucher un public plus large. -Je l'ai d'ailleurs prêté à quelqu'un en guise d'introduction à l'univers de l'auteure dont je lui rebats les oreilles, avant de lui faire tester des histoires plus "ésotériques".- C'est peut-être une étape dans son chemin professionnel, un dernier combat "dans les règles" contre le schéma quinaire avant de le dézinguer dans un prochain opus (?) Certaines métaphores pourraient le laisser espérer puisqu'elle annonçait dans plusieurs interviews vouloir en finir avec les bons vieux clichés des fictions mainstreams -notament au festival Fantastiqueer quand elle décrivait les travers des fictions de Netflix : https://m.twitch.tv/videos/1062224812 -.

(J'ai mis des guillemets quand je ne trouve pas de mots plus appropriés même s'ils ne sont pas exacts.)
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Melmoth furieux

« Me prend soudain l’envie d’aller brûler Eurodisney. » Dès les premières pages de Melmoth furieux, Sabrina Calvo annonce la couleur. Ou plutôt l’un des tons de son roman, tour à tour rageur, fantasque, drôle, mélancolique, triste, doux, violent, rêveur, sarcastique… À moins que celui-ci ne soit une geste poétique écrite non en vers, mais en prose ?

Toujours est-il que ce livre nous raconte l’histoire de Fi, banlieusarde réfugiée dans la Commune de Belleville après que son frère se soit immolé par le feu lors de l’inauguration du parc d’attractions. Ce geste fut l’un des premiers d’une série aboutissant à la chute des différents gouvernements et au fait que Mickey et consorts tombent le masque.

Dans un monde à la fois proche du nôtre et très éloigné, sur la colline de Belleville, une poche de résistance lutte à coup d’idéal collectif, d’entraide, de jeux vidéo et de mode, de récupération et de sentiments. Dans cet endroit, Fi coud, aime et câline, mais, hantée par son frère, elle rêve de vengeance et de libération. Et se demande qui est Villon ? Comment lui et son canard à trois pattes sont-ils entrés dans sa vie ? Pourquoi ? Et peuvent-ils l’aider contre Melmoth ?

Laissez-vous porter par les mots et ne cherchez pas de linéarité dans ce récit : il n’y en a pas. L’œuvre est comme les tenues et les pensées de Fi : entremêlée et nouée jusqu’à la révélation finale. La protagoniste mélange les temps comme les tissus : son passé avec son frère dans une cité de banlieue, son présent dans un Belleville recrée à l’image de la Commune de 1871 entre peur et utopie joyeuse et un futur possible, celui de sa Croisade des enfants contre Eurodisney.

Alors que l’histoire se dévide, elle passe d’un réalisme fantaisiste au pur féérique en passant par la noirceur de certains assauts évoquant Strange Days. Il y a de la magie à l’œuvre dans ce texte, entretissé de références croisées et détournées, qu’elle soit détournée par des puissances mercantiles ou renouvelée et réemployée par Fi et les autres communards. L’histoire comme la mode ne sont-elles pas une éternelle réinvention du monde ?

Avec Melmoth furieux, laissez-vous surprendre dans les rues de la ville, casque sur les oreilles, à partager ses joies, ses luttes et ses peines tout en contemplant le plus beau panorama de Paris.
Lien : https://www.outrelivres.fr/m..
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Melmoth furieux

J’ai, avec ce livre, fait un voyage furieusement coloré et déglingué ! Avec ce roman inclassable, je me suis perdu comme j’aime à me perdre. Dans cette histoire existentialiste où la passion de la couture donne sens au combat contre un monstre tapis, souterrain dans ses actions, que l’on nomme ogre de capitalisme !



Le lecteur suivra la rébellion d’une joyeuse bande désespérée, dont le personnage principal naviguera entre rêves opiacés, devenant ami avec un certain François Villon et réalité casse gueule dans le désir de dynamitage d’une certaine figure aux grandes oreilles !

La rébellion du peuple contre les douleurs du passé et en marche !



Melmoth furieux ou le roman poétique et politique ! Ami(e)s lecteur(rice)s, si tu cherches une lecture riche dans son écriture, ses idées ! Si tu cherches un voyage improbable, original, je te conseille ce livre furieux de talent !

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Délius, une chanson d'été

Impossible pour moi de rentrer dans cette lecture. Je ne suis pas du genre à me forcer : quand ma tentative devient trop poussive, je m’arrête. Et pourtant là, ce n’est pas faute d’avoir essayé.



Je ne connaissais pas du tout Sabrina Calvo et c’est après avoir lu plusieurs très bons retours à propos de Délius, une chanson d'été sur Babelio que je me suis laissé tenter ! La couverture magnifique et le résumé ont finit de me convaincre : j’ai acheté le document pour la médiathèque dans laquelle je travaille et me suis jetée dessus dès sa réception… quelle déception.



L’histoire me semblait pourtant super alléchante : un botaniste farfelu et son vieil ami se lancent, grâce à leurs talents et leurs connaissances, à la poursuite d’un tueur en série sentimental.

Mêlant poésie, magie et intrigue policière, c’est un cocktail qui -je le pensais- ne peut que me plaire. En plus l’intrigue se déroule dans une sorte de Marseille (ma presque ville natale !) imaginaire du XIXème. Mais rien à faire, la magie n’opère pas. Quelque chose dans l’écriture me dérange, j’avais l’impression d’une mauvaise traduction alors qu’il s’agit d’une auteure française. Me voilà donc un peu triste d’abandonner ce livre où les fleurs ont une mélodie…

J’ai demandé l’avis des quelques lecteurs qui ont pris ma suite à la médiathèque, et deux sur trois ont eu le même sentiment que moi … tant pis !



Finalement, je ne peux que vous conseiller de lire les aventures de Lacejambe et de son acolyte Fenby, pour vous en faire une opinion… Après tout, ça reste une question de goût et d’approche !

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Elliot du néant

Extrait de ma chronique :



"Si ce roman brillant a indéniablement un aspect "prémonitoire" dans le travail de Sabrina Calvo (au moins autant que la nouvelle "Effondrement des colonies" dans "le Jardin schizologique"), c'est surtout en ce qu'il délimite le territoire qu'explorera l'autrice dans sa trilogie ; on y retrouve donc, comme dans "Sous la colline" et "Toxoplasma" :



– un personnage engagé tout à la fois dans une "enquête" (page 78), une "quête" (pages 205, 244 ou 295), et un "voyage" intérieur (page 236), soit une trajectoire tournant vite au cosmique, pour laquelle il mobilisera des connaissances plus mythologiques que scientifiques (ici, Bracken ; plus tard, Colline ou Nikki ; autant de "marginaux sensibles au merveilleux, à l'impossible et capables de transcendance", dixit Nicolas Winter) ;



– son "double", qui entreprendra peu ou prou la même quête que lui, mais avec des moyens technologiques, et souvent des résultats moins probants (ici, Bram ; plus tard, Toufik ou Kim et Mei), suivant le modèle du "Neuromancien" de William Gibson (ici évoqué page 13 par le début de phrase "Le ciel noir noir noir au-dessus du port") ;



– un décor moderniste (ici, l'école d'Hamarinn ; plus tard, le Corbu ou le Montréal des années 80) qui dissimule en son sein une faille vers un autre monde, sur le modèle aussi bien des espaces courbes de Howard Phillips Lovecraft que du terrier de Lewis Carroll ;



– un bestiaire improbable et néanmoins parfaitement fonctionnel (ici, deux tortues, un morse et un macareux, empruntés eux aussi à Lewis Carroll ; plus tard, des Castors Juniors ou des ouaouarons, pour le dire vite)."
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Toxoplasma

J'avoue ne pas avoir compris grand chose à ce livre qui me semble toutefois très intéressant. Je n'avais pas du tout les références des nanars qui passionnent tant Nikki, l'une des héroïnes de Toxoplasma. Pourtant, je me suis laissée embarquer dans les rues sombres de Montréal, j'ai été transportée par l'intrigue, je me suis accrochée à ce qui m'était familier, j'ai adoré Finn, j'ai surkiffé l'humour et surtout le rythme de la narration. J'ai adoré lâcher prise et accepter de ne pas tout comprendre, de ne pas tout saisir. Il s'agit d'un livre riche et dense qu'il faut sans doute lire et relire pour pouvoir en comprendre les tenants et les aboutissants. Malgré mes a priori sur la SF, ce livre fut une très grande et belle découverte !
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Sous la colline

Extrait de ma chronique :



"J'ai beaucoup insisté sur la profondeur quasi-philosophique du roman, lointain écho des thèses féministes d'Hélène Cixous sur Méduse (page 153, "l'image de Persée qui tue la Gorgone, c'est exactement ça : le début du règne sans partage des hommes"), mais il peut tout aussi bien être lu indépendamment de ces considérations, comme une énième mais brillante déclinaison du thème de la maison hantée...





Quoi qu'en disent Alias ou Black Wolf, le style de Sabrina Calvo dans ce roman est en effet d'une clarté et d'une virtuosité insurpassables, qu'elle décrive (page 262) un personnage hanté par "des souvenirs impénétrables, qui peignent sur ses lèvres un malheur teinté de grâce" ou (page 158) un ciel ressemblant à "une vaste mer laiteuse, dont les énormes ronflements nuageux gonflent les remous" (avec dans les deux cas un travail sonore sur les consonnes liquides, L, les uvulaires, R, et les bi-labiales, P, B, M).





Le corollaire immédiat de cette musicalité quasi-permanente, c'est la force avec laquelle le personnage de Colline s'impose à nous (elle nous hante au point que JP y voit "la plus grande réussite du roman", alors que c'est juste la plus immédiatement perceptible selon moi). Gromovar a donc raison de voir en ce roman, aussi génial que Toxoplasma mais sans doute plus accessible, "un bon moyen de faire connaissance avec l'autrice.""
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Délius, une chanson d'été

C'est la magnifique couverture qui a d'abord attiré mon attention puis le résumé prometteur a finalement eu raison de moi !



Des corps sont retrouvés délicatement ornés de fleurs. Une enquête s'ouvre et Bertrand Lacejambe, botaniste, ainsi que son acolyte Fenby vont devoir trouver qui est le coupable.



On navigue dans un monde magique qui aurait pu être très intéressant mais je suis passée totalement à côté. Et ce pour plusieurs raisons.

D'abord à cause des personnages. On remarque vite le côté loufoque des deux acolytes mais ça reste trop sérieux pour vraiment en rire. La plupart du temps leurs déductions sont complètement hasardeuses, et ils n'arrivent au résultat que par un pur hasard...

L'intrigue autour du tueur me semblait trop floue, pas assez développée, et le mystère autour du "diadème" pas assez approfondi.

J'ai trouvé le tout long à se mettre en place, brouillon, pourtant l'écriture est belle. Je n'ai pas détesté mais je l'ai lu sans m'attacher à quiconque, sans avoir vraiment envie de connaître la fin car il y a très peu de suspense.



Parfois des éléments étaient très intéressants : de petits détails sur le monde fantastique m'émerveillaient mais ils étaient engloutis par la lourdeur de l'enquête. Certains éléments étaient pour moi complètement inutiles : Arthur Conan Doyle, ou les nombreux personnages du début qui viennent trouver Lacejambe; et même Délius me semblaient être posés dans l'histoire sans véritable but.



J'ai été déçue par cette lecture...

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La nuit des labyrinthes

Second volet de la trilogie de Sabrina Calvo, La nuit des labyrinthes est… un labyrinthe géant.



On retrouve les personnages Lacejambe et Fenby de Delius… 8 ans après les événements qui s'y sont déroulés. Nous sommes à Marseille, en 1905. Lors d'une grande soirée donnée à l'occasion de l'inauguration du pont Transbordeur, Lacejambe doit enquêter sur la disparition d'une petite fleur, pourtant commune. Mais cette disparition cache une conspiration plus vaste, plus profonde, qui va remuer les entrailles de la ville…



Très difficile de noter cette œuvre, car je l'ai trouvée époustouflante sur certains plans, carrément géniale même. Elle recèle évidemment quelques défauts, qui découlent paradoxalement des qualités qui la constituent (je l'ai dit, c'est labyrinthique). Et puis cette œuvre m'a beaucoup atteinte, par sa noirceur. j'ai trouvé cette œuvre géniale, mais je n'aurais pas dû la lire maintenant.



Œuvre à mon sens géniale, donc, par ce labyrinthe (j'aime les labyrinthes). Le récit est labyrinthique, les personnages le sont tout autant, l'intrigue aussi. C'est un dédale, majestueusement rendu. Mais… mais peut-être un peu trop. Tellement sinueux, tellement de chemins, tellement de sens… que je me suis perdue. Je ne suis pas certaine d'avoir tout saisi. C'est peut-être le risque, d'aller trop loin, atteindre un point de non-retour, là où un certain nombre de lecteurs peuvent se perdre définitivement. Le risque est de lâcher cette œuvre qui peut paraître absconse. Pour ma part, j'ai continué, car j'ai vraiment trouvé ça époustouflant, même si je suis passée à côté de certaines choses.



Par ailleurs, le récit est imprégné d'absurde. Mélancolie, incompréhension, résignation, abattement… autant de postures et d'états par lesquels passent les personnages devant ce monde qui change, et qu'ils ne comprennent pas. Les événements sont un non sens complet.

Alors parfois, on en rit : images, situations, personnages, dialogues… sont teintés d'un humour les rendant cocasses. Mais ce volet est beaucoup plus sombre que le premier, et la noirceur qui s'en dégage est étouffante. Le roman est sombre, violent même, avec des scènes d'horreur que j'ai trouvées difficiles. Ca m'a pesé de lire un tel sentiment d'impuissance, de solitude et de chagrin enfoui. Lire ça maintenant était difficile pour moi.



Alors, j'aimerais le relire, car je pense que c'est un roman qui se découvre en plusieurs fois, et qui à chaque lecture se révèle un peu plus. Mais là, je ne pourrai pas. Il faut de la force pour lire une telle noirceur, et la tête bien accrochée pour s'extirper de ce labyrinthe crasseux et collant que Sabrina Calvo a créé.






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Sunk

Sunk est un roman de Fantasy co-écrit par Sabrina Calvo et Fabrice Colin, illustré par Arnaud Crémet.

Les auteurs y décrivent Sunk, un monde en perdition, peu à peu englouti par les eaux. Sébastien et Arnaud, deux frères orphelins d’un Village sur le point d’être noyé, accompagnés par un groupe de personnages aussi fantasques les uns que les autres, tentent d’atteindre le sommet de leur monde pour le sauver.

Le roman joue et détourne avec un humour souvent très noir les codes de la Fantasy dans un univers barré, doté de Villes où les vivants se prennent pour des morts, où les canards sont marxistes et révolutionnaires, et où les taupes naissent de manteaux qui éclatent.

Si vous aimez l’humour noir et la Fantasy, si vous appréciez l’œuvre de Sabrina Calvo et/ou celle de Fabrice Colin, je vous recommande ce roman !
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La nuit des labyrinthes

Dans Délius, une chanson d’été, j’avais déjà soulevé le fait que Sabrina Calvo versait dans l’absurde et le surréalisme. Là, je dirais que ce second volume a dépassé un stade. Le stade du pensable. Et l’impression bizarre, soudaine, étrangère, de devoir penser autrement, réfléchir inconsciemment, un peu à l’instar de ce que Vita Nostra des Diatchenko chez l’Atalante avait pu me procurer comme sensation. Cette impression de perdre tous ses repères, de devoir laisser derrière moi tout ce que je tenais pour acquis, l’immobilisme des objets, le mutisme des lampadaires et des soupes. Parce que dans ce volume, la soupe peut parler. Pour de vrai. Et les hommes peuvent devenir des boules étranges et rebondissantes, et les lampions attaquer, et la mer se teindre de sang.



Tout ça pour une fleur. Parce que bien sûr les qualités et compétences de notre cher botaniste ne sont pas en reste et il lui faut dénouer un nouveau mystère. L’envie, pourtant, semble l’avoir déserté, le plaisir aussi, et petit à petit notre illuminé aux cheveux changeants se met à déprimer, lentement, mais inexorablement. Il y a une certaine noirceur dans ce second tome qu’il n’y avait pas avant, une noirceur qui emprisonne tout, la conscience, la vérité, la poésie. Tout semble dégouliner d’horreur et de panique alors que le passé et le présent se mêle, alors que le sang versé pendant la Commune, semble également se déverser aujourd’hui. Mais cela reste pour une fleur ridicule, misérable, puisant dans la misère et la crasse de cette ville pour pousser, la Massalia. Celle qu’on lui demande de chercher et qui semble avoir disparu. Un lien ténu avec son passé. Qu’est ce qu’il poursuit finalement ? Le mystère de cette fleur disparue ? L’aventure qui le sort enfin de sa dépression ? L’aube qui chassera les ténèbres ? Les lueurs de son passé ? On ne sait pas, et à notre joyeux duo d’enquêteurs qui semble pourtant bien mal portant, tous les deux souffrant en silence de leur éloignement suite aux événements du premier volume (et au fait que Fenby se soit changé pour partie en plante, ça n’aide pas), s’ajoutent différents personnages.



Je dois dire que je n’ai pas trouvé ces personnages très intéressants, arrivant un peu tardivement dans l’histoire et puis surtout comme sortis de nulle part. Je n’ai pas réussi à m’attacher à eux, trouvant le personnage que l’on voit le plus souvent, Noriko, une jeune chanteuse japonaise, particulièrement irritante et les autres pas assez marquants.



Celui-ci m’a semblé davantage fouilli que le premier avec quelques rares moments de réalisme souvent liés d’ailleurs aux émotions des personnages qui semblaient presque plus tangibles que le monde qui les entourait. Je dois avouer aussi avoir souri, voire ri à plusieurs reprises devant l’improbabilité de certaines situations et les réactions de nos personnages entre stupéfaction et fatalisme : un homme qui roule en boule ? ok. Une soupe qui parle ? Bon c’est quand même bizarre. Des gens qui demandent partout où est Lou quelque soit l’endroit où on les croise ? Faut avouer que c’est chelou mais bon ce Lou doit bien exister quelque part…



En résumé



La Nuit des Labyrinthes de Sabrina Calvo est aussi déroutant et hypnotisant que l’était Délius, une chanson d’été. On retrouve avec plaisir notre duo d’enquêteurs, changés et en même temps inchangés, dans une enquête complètement absurde : retrouver une fleur disparue. Au service d’une intrigue loufoque et surréaliste, la plume de l’autrice vient surprendre, caresser l’imaginaire, et nous offrir une infinité de possibilités loin de nos idées préconçues. Alors si une soupe vous parle les ami.e.s, ne soyez pas surpris.e 😉
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Toxoplasma

Extrait de ma chronique :



"J'ai l'air d'insister sur les portions les plus ouvertement "poétiques" du texte, mais en vrai, comme Léo Ferré, Sabrina Calvo ne croit pas au "snobisme scolaire qui consiste, en poésie, à n'employer que certains mots déterminés, à la priver de certains autres, qu'ils soient techniques, médicaux, populaires, ou argotiques", et elle sait également nous régaler, notamment dans les dialogues, de phrases aussi savoureuses que (page 17, avec là aussi une allitération en labiales) : "quand est-ce que tu accepteras de te pogner une pitoune qui soit pas un genre d'artiste complètement tarée ?"



Ce sont sans doute ces apparents "grands écarts", thématiques aussi bien que stylistiques, qui provoquent autant d'incompréhension chez les lecteurs de Sabrina Calvo, mais ce sont aussi eux qui font la force de Toxoplasma, parce que derrière le disparate court un vrai fil conducteur, qui personnellement m'a porté sans effort d'un bout du roman à l'autre."
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