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Citations de Scholastique Mukasonga (396)


Tu sais bien, Veronica, que nous autres les Tutsi, nous savons garder nos secrets. On nous a appris à nous taire. Il faut bien si l’on tient à la vie. Tu sais ce que nous répètent les parents :
« Ton ennemie, c’est ta langue. »
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Tu sais bien, Veronica, que, nous autres les tutsis, nous savons garder nos secrets. On nous a appris à nous taire. Il le faut bien si l'on tient à la vie.
p 77
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Cela avait commencé l’année où elle était entrée à l’école secondaire. Elle avait été reçue à l’examen national. Elle était admise au tronc commun. Elle était fière. Ses parents étaient fiers. Les voisins étaient fiers et jaloux. Elle était fière que les voisins soient jaloux à cause d’elle.
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"Quand une petite fille va à l'école , c'est l'avenir qui s'ouvre à elle . "
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L'empire des pharaons noirs, c'était bien de là qu'étaient venus les Tutsi.
Chassés par le christianisme, par l'islam, par les barbares du désert, ils avaient entrepris la longue marche jusqu'aux sources du Nil, parce que, croyaient-ils, c'était la terre des Dieux.
Ils avaient gardé leurs vaches, leurs taureaux sacrés, ils avaient gardé leur noble prestance, leurs filles avaient conservé leur beauté, mais ils avaient perdu la Mémoire.
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Vous savez que Baudouin et Fabiola n'ont pas d'enfants. Ils ne peuvent pas avoir d'enfants.J je ne sais pas si c'est à cause de lui ou d'elle. C'est triste de ne pas avoir d'enfants, encore plus pour un roi et une reine. Ils sont désespérés. Alors le Président a pensé que, puisqu'ils venaient au Rwanda, qu'il les avait invités, le plus beau cadeau à leur faire, c'était de leur offrir un enfant.
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- Tu sais bien que tout ça repose sur tes mensonges.
- Ce ne sont pas des mensonges, c’est de la politique.
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Le sucre, friandise convoitée, était sous haute surveillance. De plus, comme elle était tutsi, la tasse lui parvenait la dernière et il n’en restait au fond que d’ultimes traces.
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Elle (la mère supérieure) rappela que le lycée Notre-Dame du Nil était destiné à former l’élite féminine du pays, que celles qui avaient la chance d’être là, devant elle, devaient devenir des modèles pour toutes les femmes du Rwanda : non seulement de bonnes épouses, de bonnes mères, mais aussi de bonnes citoyennes et de bonne chrétiennes, l’un n’allant pas sans l’autre.
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Le lycée, c'est pour les filles. Les garçons, eux, restent en bas, dans la capitale. C'est pour les filles qu'on a construit le lycée, bien haut, bien loin, pour les éloigner, les protéger du mal, des tentations de la grande ville. C'est que les demoiselles du lycée sont promises à un beau mariage. Il faut qu'elles y parviennent vierges, au moins qu' elles ne tombent pas enceinte avant. Vierges, c'est mieux. Le mariage, c'est du sérieux.
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La pluie pendant de longs mois, c'est la Souveraine du Rwanda, bien plus que le roi d'autrefois ou le président d'aujourd'hui, la Pluie, c'est celle qu'on attend, qu'on implore, celle qui décidera de la disette ou de l'abondance, qui sera le bon présage d'un mariage fécond, la première pluie au bout de la saison sèche qui fait danser les enfants qui tendent leurs visages vers le ciel pour accueillir les grosses gouttes tant désirées, la pluie impudique qui met à nu, sous leur pagne mouillé, les formes indécises des toutes jeunes filles, la Maîtresse violente, vétilleuse, capricieuse, celle qui crépite sur tous les toits de tôles, ceux cachés sous la bananeraie comme ceux des quartiers bourbeux de la capitale, celle qui a jeté son filet sur le lac, a effacé la démesure des volcans, qui règne sur les immenses forêts du Congo, qui sont les entrailles de l'Afrique, la Pluie, la Pluie sans fin, jusqu'à l'océan qui l'engendre.
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La mère supérieure bombarda le ministère de lettres désespérées. La chevelure honteusement longue du professeur de français menaçait toute morale aussi bien civique que chrétienne et mettait en péril l’avenir de l’élite féminine rwandaise.
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Longtemps les déplacés avaient espéré qu'ils rentreraient chez eux, "au Rwanda" comme ils disaient. Mais après les sanglantes représailles des premiers mois de 1963, ils perdirent toutes leurs illusions. Ils avaient enfin compris - et les militaires de Gako étaient là au besoin pour le leur rappeler : jamais ils ne retraverseraient la Nyabarongo, jamais ils ne retrouveraient les collines d'où on les avait chassés. Ils étaient condamnés à une relégation perpétuelle, et pour eux et pour leurs enfants, dans ce pays de disgrâce et d'exil qu'avait toujours été le Bugesera dans l'histoire du Rwanda. Une contrée que l'on situait dans les contes tout au bout de la terre habitée par les hommes, où, s'il faut en croire les traditions, on égarait, afin qu'ils ne puissent retrouver le chemin du Rwanda, les guerriers fêlons, les filles déshonorées et les épouses adultères. Au bord des grands marais où erraient sans fin les Esprits des morts et où, pour beaucoup, en effet, les attendait la mort.
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On a pensé qu’elles étaient folles mais les fous, au Rwanda, on n’y touche pas, on croit qu’ils sont habités par les esprits, ils voient ce que les autres ne voient pas, ils font partie du village, ce sont les fous du village. 
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Le lycée bourdonnait d’activités insolites. Pour montrer les progrès de l’émancipation féminine, on décida, passant outre les réticences de la mère supérieure et sur les instances de la ministre de la Promotion féminine, de raccourcir les jupes des uniformes.
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Si nous sommes ici, pour la plupart, c’est pour la promotion de la famille, pas pour notre avenir mais pour l’avenir du clan. Nous étions déjà de bonnes marchandises puisque nous sommes presque toutes des filles de riches et puissants, filles de parents qui sauront nous négocier au plus haut prix, et un diplôme va encore ajouter à notre valeur.
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Mais sans miroir, comment être sûre qu'au moins quelques traits de votre visage correspondaient bien aux critères de beauté que vantaient les marieuses et que célébraient les chansons, les proverbes et les contes : une chevelure abondante mais qui laisse le front dégagé, un nez droit (ce petit nez qui décida de la mort de tant de Rwandais), des gencives noires comme en avait Stefania, signe de bon lignage, des dents écartées… Quand le soleil donnait un éclairage favorable, vous vous penchiez sur une flaque pour essayer de fixer votre reflet. Mais le portrait fluide dansait sous vos yeux impuissants. Votre visage se ridait, se fripait, se fragmentait en pellicules de lumière. Votre visage ne serait jamais à vous comme quand il était pris au piège du miroir, il était toujours pour les autres.
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(Le bois de la croix)
La colère au Rwanda, si vous la laissez paraître, elle vous rend ridicule, vous ne pourrez plus rien contre vos ennemis puisqu'ils vous ont découvert. La colère, c'est la faiblesse.
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- Tout ce que mangent les Blancs, gémissait Godelive, sort des boîtes, même les morceaux de mangue et d'ananas qui nagent dans du sirop, et les seules vraies bananes qu'on nous sert, ce sont des bananes sucrées pour finir le repas, mais ce n'est pas comme ça qu'on mange les bananes. Dès que je rentrerai chez moi pour les vacances, avec ma mère on préparera de vraies bananes, on surveillera le boy quand il les épluchera et les mettra à cuire dans de l'eau et des tomates. Et puis, ma mère et moi, on y ajoutera tout ce qu'on peut: des oignons, de l'huile de palme, des épinards irengarenga très doux et des isogi bien amers, des petits poissons séchés ndagala. Avec ma mère et mes sœurs, on se régalera.

- Tu n'y connais rien, dit Gloriosa, ce qu'il faut, c'est de la sauce d'arachide, ikinyiga, et faire cuire doucement, très doucement, de façon que la sauce imprègne jusqu'aux entrailles de la bananes.

- Mais, rectifiait Modesta, si vous faites cuire avec le Butane et dans une casserole comme les gens de la ville, les bananes cuiront trop vite, elles ne seront pas moelleuses, il faut du charbon de bois et surtout une marmite en terre. Ça prend beaucoup de temps. Moi, je vais vous donner la vraie recette, celle de ma mère. D'abord il ne faut pas éplucher les bananes, on met un peu d'eau au fond d'une grande marmite et tu disposes au-dessus les bananes, bien tassées, et tu les recouvre de toute une couche de feuilles de bananier, il faut que ce soit hermétique, tu choisis des feuilles sans déchirures. Dessus, pour faire un poids, on place un tesson de poterie. Il faut attendre longtemps, il faut que cela cuise très lentement mais, si tu es patiente, tu auras des bananes bien blanches, moelleuses jusqu'au cœur. Il faut les manger avec de l'ikivuguto, du lait battu, et inviter les voisines.

- Ma pauvre Modesta, dit Goretti, ta mère fera toujours la délicate, des bananes bien blanches, immaculées et on les accompagne avec du lait! Tu auras toujours les manières de ta mère. Moi je vais te dire ce qu'il faut que tu prépares pour ton père: des bananes toutes rouges parce qu'elles ont bu le jus des haricots. Je suis sûre que ta mère ne voudrait pas y toucher, mais quand le boy en fait pour ton père, tu es bien forcée d'en manger. Apprends donc la recette à ta mère: elle les épluche et, quand les haricots sont presque cuits mais qu'il reste une moitié d'eau, elle les jette dans la marmite et elles boivent tout le jus qui reste. Alors elles deviennent rouges, brunes, c'est comme ça qu'elles sont succulentes, consistantes! Voilà les bananes des vrais Rwandais qui ont la force de manier la houe!
(P50)
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- Où te crois-tu Julienne ? Ici on est à Mayange, pas à Bruxelles ou dans je ne sais quel pays en Amérique. Est-ce qu’une fille a besoin d’être amoureuse de son futur mari pour l’épouser ? On se marie d’abord et, si tout va bien, on a des enfants et on s’aime ensuite. 
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