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Critiques de Serge Rezvani (47)
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Au bonheur des sphères

Je n'ai pas apprécié ce petit texte, cette nouvelle qui se lit vite. Je n'ai pas compris l'intérêt si ce n'est illustré le mal et la bêtise issus de l'ennui (le viol, et le jet de boulons). J'aurais aimé que les 2 filles aient plus de consistance : comment peuvent elles si peu réagir ? comment peuvent elles retourner dans le manège ? ...
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Beauté j'écris ton nom

Infatigable, Serge Rezvani publie, à 94 ans, un nouvel épisode de son carnet d’aventures intimes, commencé en 1967 avec « Les Années-lumière ».
Lien : https://www.lemonde.fr/livre..
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Beauté j'écris ton nom

note de lecture sur Beauté j'écris ton nom de Serge Rezvani achevée à 00 H 00 ce 25 juin 2022

- voilà un récit polyphonique par la diversité des tons au gré de la plume avec pauses, distanciation quand le vieil homme se relit avec un sourire amusé

(lire donc aussi avec sourire amusé, le récit amusé du vieil homme, ce qui veut dire ne pas le prendre au pied des mots, il y a de la pose, de la posture et nécessairement de l'imposture; dans mon esprit, ce terme n'est nullement péjoratif ni dépréciatif; dès qu'on se met en mots ou en image, on se pose, s'impose, se fige; la vie va ailleurs)

- voilà un récit à strates, à boucles (on ne peut rajouter l'adjectif quantique, Rezvani voyant, nous voyant, se voyant comme biologie, évolution génétique, matérialiste, déterministe ; il ne semble pas savoir, pouvoir aller jusqu'à une approche quantique, indéterministe de l'Émergence)

- un récit où on peut lire

des pages de Lula,

des pages-sédiments du Rezvani des années d'avant 50 à Paris quand il se marie avec Eva la suicidaire,

puis des années 50 avec Lula (venue à lui par sa peinture - le tableau fétiche de Lula L'oiseau du Mexique - et qui vécurent leur amour-fusion pendant 50 ans à La Béate)

puis des pages de 2007 dans la maison bleue de l'actrice adulée, en fin de carrière, et malade, sur la falaise de Bonifacio

et des pages de 2020 dans la maison-jardin en contre-bas qu'ils (lui le vieil homme amoureux et l'actrice amoureuse tentant d'approcher l'indicible de Lula, de s'approprier Lula) ont bâti à l'image de La Béate dans les Maures et où l'actrice retrouve sa nature de paysanne corse à même la terre,

- où sans arrêt Rezvani passe du jeune-peintre-de-16-ans au vieil homme-tout-en-un de 93 ans, avec son sourire amusé, sa mélancolie, sa tristesse, sa nostalgie

- ce récit constitue une contre-histoire personnelle de l'histoire de l'art dit contemporain parce que pour Rezvani et dès ses débuts l'acte de peindre est l'oeuvre des libertés de la main du peintre.

Oui, vraiment, avec Rezvani, on est ailleurs, du côté de l'absolu (mot qu'il n'emploie pas), quand c'est le tableau peint par la main des libertés du peintre (venues de très loin, de très profond, à la fois de l'inconscient, du subconscient personnel, de l'inconscient collectif et d'une histoire de l'art pluri-millénaire) qui regarde le peintre.

- Voilà un récit particulièrement riche, iconoclaste, à se prendre plein de claques remettant en cause, en ce qui me concerne, certaines références, "connaissances".

- Rezvani décrit de façon impitoyable le monde des marchands d'art, annonce clairement, non notre effondrement mais notre transformation en bio-masse où comme dans les fourmilières, termitières, il n'y a que la fonction qui compte, rendant indestructible la colonie, unicité et singularité étant éliminées.

- Même s'il ne veut pas être anecdotique, les rencontres qu'il fait du Diable collectionneur d'Anvers ou de Charles Michelson sont particulièrement évocatrices et on comprend qu'avec Duchamp et compagnie, on a rompu comme il dit la chaîne dont parlait Cézanne, la chaîne de la vraie-réelle histoire de la peinture, non déconstruite, non abstraite, non moderne parce que portée par une tension, l'art comme tension annonciatrice de Beauté, dépassement de l'homme du meurtre (le récit de son meurtre de la raie pastenague au cap Lardier alors miné par les mines allemandes est comme un exorcisme) par l'Homme (Nietzsche ?)

- Mais l'essentiel de ce récit en méandres lents (rien du tourbillon de la vie ou de la mémoire qui flanche, sauf le temps d'une chanson, le temps d'un rire prolongé et partagé) c'est l'émergence des significations profondes de ce qu'il a vécu, de ce que l'attendu lui a réservé (ou pas) comme de ce que l'inattendu lui a offert, à l'image de ce que dit la coryphée à la fin de la Médée d'Euripide :

LA CORYPHÉE



De maints événements Zeus est le dispensateur dans l'Olympe. Maintes choses contre notre espérance sont accomplies par les dieux. Celles que nous attendions ne se réalisent pas; celles que nous n'attendions pas, un dieu leur fraye la voie. Tel a été le dénouement de ce drame.



- pour comprendre le geste inouï de son abandon par sa mère juive russe pour le confier, circoncis à 9 ans à une institution juive américaine ce qui le sauve du camp quand sa mère, cancéreuse, charcutée y mourra, il lui faudra sa vie entière

et donc vivre sa vie dans ce sentiment d'abandon avec tous les effets en lui, dans son corps, dans sa sauvagerie, sa sexualité, sa solitude extrême, sa timidité, son refus de se mettre en avant, sa confiance instinctive dans l'intelligence du coeur

- une vie aussi pour saisir l'empreinte ineffaçable de celle qui lui a donné l'amour de la vie et du féminin par ce que j'appellerai son amour inconditionnel (mot qu'il n'emploie pas non plus mais qui parle aujourd'hui à nombre de gens) pour lui, pour le monde qu'ils se sont créés, se mettant au centre de l'univers, centrés égoïstement (mot à prendre en très bons termes, pas comme dénigrement, jugement moral dépréciateur) sur leur bonheur où tout est mis à sa place, apprécié, où sont aimés, soignés oiseux, plantes... la Femme-toutes-en-une, Lula, Lula qui avait le don d'être l'artiste originale d'elle-même, eux deux-un faisant de la vie, de leur vie une-à-deux une oeuvre d'art, vivante, ludique avec chansons en particulier, chansons de l'instant, pour l'instant, ceci, paradoxe, n'ayant été possible que dans et par leur dèche, leur acceptation débrouillarde de la vie au jour le jour sans trop d'appréhension du lendemain

- mais hors de ces présents (aux deux sens du mot) de félicité chantée, rieuse, joyeuse, dans l'atelier derrière la maison, Serge redevenait peintre, peintre de peintures cauchemardesques comme en contre-point de l'idylle sans cesse renouvelée, de félicités en félicités, contre-point nécessaire, hérité du passé détraqué qui l'avait détraqué et de l'époque de Nagasaki, de la guerre du VietNam...

- mais comme un dieu (mot non employé par Rezvani) ouvre la voie à l'inattendu, l'inattendu sait réserver, proposer des surprises, des coïncidences,

- c'est l'ultime amour qui permet de voir enfin le dessin qui s'est dessiné dans le tapis de la vie avec la création de ce jardin en bas de la falaise où les deux vieux amants sous l'influence fantômatique de la morte sans cadavre que fut Lula en fin de vie redoublent avec des nuances, des différences mais dans les mêmes couleurs les années Lula

- ainsi Serge peindra quatre toiles de l'actrice dans sa nudité divine, pour exalter sa fascination du féminin face au levant sur la mer, face au midi sur la mer, face au couchant sur la mer et face à la nuit sur la mer, la vie en boucles, la vie en cycles, la vie en saisons, la vie en peintures, en écritures, en chansons pour l'actrice à la si belle voix.


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Ce qu'ils font est juste

En 2015, suite à l'émoi international suscité par l'affaire Aylan Kurdi, l'enfant syrien noyé et échoué sur un rivage en Turquie, l'éditeur Points avait publié Bienvenue !, un recueil de nouvelles rédigées par « 34 auteurs pour les réfugiés », tous bénévoles, dont les droits seraient reversés au Haut Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés (UNHCR). Des noms célèbres avaient participé à cette publication, par des nouvelles très courtes.

En 2017, l'éditeur Don Quichotte (groupe Seuil) repropose une initiative semblable, au bénéfice des associations La Roya citoyenne et Terre d'errance, par un recueil de nouvelles sur le thème de l'accueil et de la solidarité aux migrants. Le titre : « Ce qu'ils font est juste » se réfère à la désobéissance civile à l'ignoble article L 622-1 qui, depuis un décret-loi de 1938 (antérieur donc à Vichy et jamais révoqué), instaure un « délit d'hospitalité ou de solidarité », indépendamment de la nature onéreuse ou gratuite des actes d'accueil – instrument juridique, donc, qui n'est pas utilisé uniquement pour la lutte contre les réseaux de passeurs clandestins, comme le prouve encore récemment l'affaire Cédric Herrou (étudiant aujourd'hui agriculteur à Breil-sur-Roya) et qui pourrait à tout moment rendre hors la loi et justiciables (sans modification législative) les centaines d'associations, organisations caritatives et de collectifs français qui portent assistance et secours aux migrants.

Cet ouvrage collectif, sous la dir. de Béatrice Vallaeys, comporte, après une section les planches du dessinateur Enki Bilal, les nouvelles de 27 auteurs. Par rapport à l'ouvrage de 2015 (en format poche), et malgré un nombre inférieur de participants, le nombre de pages de ce livre est pratiquement doublé : les nouvelles sont généralement beaucoup plus longues, et la « liberté fictionnelle » par rapport à la thématique impartie est également plus grande. Sans doute, la thème de l'hospitalité envers l'étranger se prête-t-il à une élaboration plus métaphorique que celui de la migration, peut-être le lectorat, en quelques années, s'est-il préparé à entendre des voix encore plus disparates et hétérogènes sur ces sujets. Toujours est-il que, grâce aussi à deux nouvelles traduites de l'italien et une de l'anglais, l'éventail des genres littéraires (y compris l'humour, la science-fiction, la mythologie antique, la poésie etc.), les cadres historiques et géographiques des récits, outre les styles s'avèrent très variés.

Ma préférence personnelle, pourquoi le dissimuler ?, va quand même aux nouvelles qui ont un ancrage dans le réel – contemporain ou historique.

Pour nommer quelques textes qui m'ont marqué, je mentionnerai : « Les étoiles de Platon » de Fabienne Kanor, « Laissez passer les loups » de Serge Quadruppani et « Est-ce ainsi que les hommes vivent ? » de Pascal Manoukian, qui met en scène un certain Pal, refoulé de France en 1948, et son fils Nicolas, qui naîtra (en 1955) et grandira en Hongrie, et sera donc décoré parmi les cadets du Parti, plutôt que d'accéder au Palais de l'Élysée...

La postface de Béatrice Vallaeys, « L'immigration, ça fait toujours des histoires », qui retrace l'histoire du fameux article L 622 en citant abondamment Patrick Weil – dont les essais sur les politiques françaises de l'immigration sont absolument essentiels – est également très appréciable.
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Ce qu'ils font est juste

Ce recueil commence avec des dessins de Enki Bilal et comprend 27 nouvelles, toutes d’auteurs différents et très variées que ce soit dans le style ou le thème mais elles ont toutes un point commun et mettent en avant : l’étranger, la solidarité et l’hospitalité.

Quelques-unes peuvent déconcertées par le style, d’autres vous happées mais aucune ne m’a laissée indifférente. De plus, cela m’a permis de découvrir des auteurs.

Ma préférée : Laissez passer les loups de Serge Quadruppani.

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Ce qu'ils font est juste

Lu pour Carole Martinez dont j’avais lu le cœur cousu
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Divagations sentimentales dans les Maures

C'est en 1979 que Serge Rezvani a publié ce beau livre sur la forêt des Maures, magnifique poumon du Var, en collaboration avec Hans Silvester dont les photographies illustrent parfaitement le texte poétique de Rezvani.



L'adjectif "sentimentale" inclus dans le titre est tout à fait approprié pour qualifier cette "divagation" de l'auteur qui livre le coeur de ses perceptions et sentiments devant les beautés de la nature sauvage et la végétation si riche des montagnes des Maures. En effet, c'est toute une poésie des sentiers, des sources, des fleurs, des arbres, des pierres que récite Rezvani dans une écriture mélancolique qui entraîne le lecteur dans sa méditation sur la relation de l'homme avec la nature et aussi de l'homme avec l'homme.



Cette mélancolie qui fait cheminer à travers les sous-bois, sur les crêtes et des fois plus rares vers le bord de mer déjà abîmé à cette époque, se transforme en nostalgie lorsqu'il évoque les souvenirs du temps heureux, temps immobile, qu'il a vécu dans sa maison, à l'écart de "la foule dense et barbare".



C'est un vrai plaisir de l'accompagner à pied vers la Chartreuse de la Verne ou en voiture à Notre-Dame des Anges et de se laisser envahir par la plénitude de ces sites où la pierre sauvage côtoie le vert de la végétation et le bleu du ciel ou de la mer, le regard porté vers les îles d'or de Port-Cros ou Porquerolles.



Une très belle divagation à prolonger si possible sur place où demeurent quand même quelques endroits préservés.
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Divagations sentimentales dans les Maures

Ce petit livre illustré de dessins est à la fois un cri d'amour et un cri de colère pour le massif des Maures. En 1947 Serge Rezvani et sa compagne s'installe dans une maison nommée La Béate à la Garde Freinet, il tombe amoureux du pays, il en décrit la beauté, la nature sauvage, la végétation, la faune, la flore, le ciel, la mer, les habitants. Mais au fur et à mesure qu'il y vit, que les années passent, il pousse un cri de colère pêle-mêle contre le bétonnage de la côte, les touristes et leurs détritus, contre les nudistes, la percée des routes qui détruisent la végétation ou les forestiers sont remplacés par des agents immobiliers ou les terres cultivables ont été partagées en parcelles pour construire des villas de luxe. L'écriture est poétique lorsqu'elle décrit le pays d'autrefois et efficace, directe lorsqu'elle le décrit défiguré. Merci à ma fille de me l'avoir offert !
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Feu

Personnellement je me suis ennuyée lors de la lecture de ce roman .
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Histoire masquée

Reçu dans le cadre de masse critique, "Histoire masquée" ne tient pas vraiment ses promesses. Le résumé nous annonce l'histoire palpitante d'une famille française, descendant de Gilles de Rais dans ce qu'elle aura de sombre et de cruelle. Impression renforcée par une citation de ce bon vieux Marquis de Sade.

Sauf que au lieu de ça nous assistons à un récit familial assez classique d'une famille qui se délite dans les jeux (secrets) de pouvoir (y compris religieux). De Gilles de Rais ou de Sade pas de traces, par contre des pages fumeuses sur les auteurs russes, l'héritage de Rousseau et "la race" des puissants européens. J'ajoute aussi que le prologue tellement XVIIIe du récit confié via via où l'on masque les noms et lieux, franchement la littérature française en a déjà trop bouffé.

Globalement, je me suis perdue dans ce roman qui toutefois demeure bien écrit et plaira sans doute aux amateurs d'un clacissisme renouvelé.
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Histoire masquée

Si ce roman n'avait pas été proposé lors d'une Masse Critique Babelio, je ne me serais sans doute jamais penchée dessus. C'est son résumé qui m'avait beaucoup intriguée et je ne me suis pas trompée : j'ai passé un très bon moment avec ce texte.



Serge Rezvani se pose ici comme nègre du narrateur, un prêtre venant d'une famille renommée en France qui ne sera jamais citée. Le thème principal de ce roman est le secret des origines et la famille, suite à la fameuse demande : prouver que l'on est français. Les autres grands thèmes traités dans ce roman seront ceux liés aux superstitions, à la perte de la foi chrétienne et aux croyances africaines : soit à toute forme de croyances et au combat entre le bien et le mal.



Ce roman se veut être une chronique de la vie du grand-oncle du narrateur, prêtre à l'égo surdimensionné, aimant la vie de château. De plus, il ne semble pas se gêner pour traiter avec des d'autres prêtres corrompus, la mafia sicilienne et possédant des idées bien à lui. Ce texte est une très bonne critique de la chrétienté au travers de l'image de cet homme cynique ayant perdu foi en Dieu.



On peut aussi voir que la famille dans son ensemble n'est pas toute blanche ; entre Blondine qui devient folle, Angélique qui ne sait pas parler et François qui se trouve enfermé dans un rôle qu'il n'a jamais voulu obtenir. Autrement dit, nous sommes ici face à la déchéance d'une famille de renom.



Concernant le style d'écriture, je n'ai rien à redire. Serge Rezvani sait manier la langue française et on ne peut que savourer sa maîtrise de la langue française au travers de sa très belle plume.



Histoire Masquée a été pour moi une belle découverte, bien que mon intérêt soit un peu retombé au fil des chapitres. Il propose néanmoins une très bonne critique des sociétés et des croyances, quelles qu'elles soient.
Lien : https://reveuseeveillee.blog..
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Histoire masquée

Livre reçu par masse critique. Le résumé officiel est très alléchant pour un amateur d'histoire et de philosophie. Mais en réalité le nom de Gilles de Rais n'est utilisé que comme appât (je ne suis pas au fait des dernières découvertes, mais il me semble qu'il aurait été au moins partiellement réhabilité, ce qui n'est pas du tout pris en compte ici). Oublions le côté "un des plus grands noms de l'Histoire de France" puisque de toute façon il reste anonyme (au début on est frustré de ne pas savoir ce nom, mais après on se rappelle que c'est un roman et que donc ce nom n'a aucune importance).

Le récit est donc uniquement celui d'un narrateur qui raconte la vie de son oncle Marc, prêtre ayant perdu la foi, et pour le contexte un peu du reste de sa famille également. Cependant on n'entre pas dans des considérations trop théologiques, c'est plus du Da Vinci Code.

Néanmoins le style est agréable et j'ai bien aimé les personnages malgré ce procédé un peu malhonnête que j'ai vu dans plusieurs romans dernièrement qui est de prétendre à l'authenticité pour semer la confusion chez le lecteur.
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L'éclipse

Ce texte, je l’ai débuté … je n’ose le dire…à sa parution, en 2003 !!

je l’ai abandonné, repris, ré-abandonné, et enfin achevé…ces derniers jours.



Non pas que le texte ne le mérite pas… bien au contraire, les mots bouleversants, d’amour, de révolte, de chagrin insensé de Serge Rezvani… nous prennent de plein fouet, dans une tourmente fulgurante….Depuis, j’ai lu un récit qui prolongeait ce témoignage inégalable, le temps qui a suivi la mort de son épouse adorée, vénérée (cf. « L’Ultime Amour »)



Un récit chavirant de l'artiste, écrivain-peintre-compositeur, Serge Rezvani, qui tente d'écrire l'indicible : l’accompagnement de sa femme adorée « Lula » plusieurs années durant, atteinte d’Alzheimer.

Il écrit pour se battre contre la mort, l’anéantissement, le découragement, les difficultés extrêmes au quotidien, pour soigner, aider sa femme à ne pas sombrer tout à fait.



Un texte unique en son genre qui va très loin, pour dire les désarrois de la malade et les détresses qui connaissent des paroxysmes pour le compagnon…qui « fait », se bat…pour l’être aimé…dans une solitude sans nom...



« Toujours peur pour l’autre…peur du n’importe quoi, justement, peur sans raison, peur pour rien et peur pour tout. Par moments j’ai l’impression que tout se rétrécit à ces-détails-, que la vie n’est plus que cela, qu’aucun projet, qu’aucun espoir n’est permis, qu’aucune distraction ni aucune désinvolture n’est à « notre » portée, que le cercle des -détails- s’est définitivement refermé sur « nous » (…)



Mais la vie sans sa présence, sans sa présence pourtant déjà si remplie d’absence, la vie sans les petits bruits d’elle dans la maison pendant que j’écris-comme en ce moment-, la vie sans tout ce qu’elle représente ne serait—ce que physiologique si vivante encore en elle, et aussi la vie sans cette continuelle peur pour elle, pour nous, cette peur d’un avenir…qui est encore quand même de l’avenir et non du rien, non de l’absence totale, non du manque terrible d’elle, d’un vide d’elle, d’un vide de ce qu’il me reste d’elle malgré –ça- !...Comment pourrais-je être vivant encore si elle n’est plus là ? (…)

Que même le peu qui lui reste encore de la sensation d’être elle, de me savoir moi près d’elle, tant qu’elle reconnaît ce qui l’entoure, tant que se prolonge la sensation d’être en vie, tout plutôt que de disparaître tout à fait !... Qu’il y ait vie ! Vie ! …(p.58-59)



Rezvani… décide fermement de cesser d’écrire ce journal…au moment critique où l’état de la « femme aimée » va se détériorer neurologiquement, plus brutalement encore… et sans espoir aucun …



Je salue le courage infini de cet homme qui puise de l’énergie dans l’écriture, pour avoir la force d’accompagner le plus longtemps possible « Lula-Danièle », l’Amour de toute une vie, en ayant toujours refusé vigoureusement de mettre sa femme dans une institution spécialisée …



« De l’écrire me fait mal… et à la fois du bien. Devrais-je me taire, ne plus revenir sur la femme tant mythifiée par mes poèmes, mes livres, mes chansons, mes tableaux ? Faire un définitif silence sur elle ? Non ! Qu’elle vive encore en moi, en mes écrits, qu’elle m’occupe même par la douleur. Tout plutôt que le silence d’une tombe où je l’aurais abandonné vive ! (p.102-103)



Un récit déchirant, qui continuera de me poursuivre longtemps après avoir l’avoir refermé . Sur cette maladie terrible…deux grands chocs de lectures, pétries d’une compassion et sensibilité extraordinaires ; Ces lignes de Rezvani et celles de l’écrivain, Arno Geiger, « Le vieux roi en son exil »



[L'Eclipse, Actes sud, 2003]









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L'éclipse

Qui ne se souvient de cette si jolie chanson interprétée par Jeanne Moreau et qui disait « J’ai la mémoire qui flanche, j’me souviens plus de rien… » ?

C’est Serge Rezvani, artiste touche-à-tout, figure emblématique de la Nouvelle-Vague, qui l’avait écrite cette chanson, comme une prévision inconsciente, une sorte de prescience de ce qui allait occasionner le plus grand chagrin de sa vie.

A moins que ce ne soit ce qu’on nomme l’ironie du sort, un pied de nez du destin ?

C'est le 11 Août 1999, le jour où l'éclipse solaire a assombri quelques instants la Terre, que Serge Rezvani a appris le nom du mal dont souffrait Lula, sa compagne de toute une vie.

Alzheimer avait pénétré "La Béate", leur maison du bonheur nichée au fond des bois.

Par une sorte de dérivation par la création, le peintre-écrivain décidait alors de coucher par écrit cette longue incarcération, ce lent anéantissement de l'être qu'Alzheimer impose aux malades et à ceux qui les accompagnent.

Un témoignage bouleversant et un ultime chant d’amour à Lula.



Mon Dieu quelle poignante beauté que ce texte !

Il n'a pas vocation à l'être et pourtant il L'Est, totalement.

Jamais témoignage sur Alzheimer n'a été si magistralement abordé, analysé, décrit, au point de transcender la maladie pour dire encore et encore l'Amour de deux êtres unis pendant cinquante ans.

Déchirant sans misérabilisme, lyrique sans emphase, dramatique oui, et profond, et dur…et malgré cela ou à cause de cela, tragiquement Beau.

C'est un superbe chant d'amour en même temps qu'un cri de désespoir et une volonté rebelle de hurler sa rage à la face de A. que nous donne à lire avec la magnificence de son écriture l'homme démuni, l'amant de toute une vie, le grand poète Serge Rezvani.

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L'éclipse

Merveilleux Serge Rezvani qui « chante » si bien l’amour. L’Eclipse est le dernier hommage qu’il rend à celle avec qui il a partagé quarante années de vie lumineuse, d’amour incandescent. Il va rester jusqu’au bout, durant les dix années de lent effacement de « l’âme neuronale » de Lula Danièle, dévorée de l’intérieur par le monstre Alzheimer. Un témoignage de toute beauté, pétri de sincérité.

Au-delà de la description des ravages de la maladie sur Lula et sur lui même, Serge Rezvani, reste fidèle à ces thèmes de prédilection : la beauté, l’amour, la création, la Vie.

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L'éclipse

On m'a offert l'Eclipse. Je ne connaissait pas Rezvani. Je n'avais jamais rien lu sur les maladies dégénératives, jamais lu de récit aussi poignant et dur, réaliste sur ce mal "moderne".

Paradoxalement cette éclipse est aussi un roman d'amour. Une déclaration à celle qui dorénavant est absente, mais si encore là.

Je ne sais pas vraiment quoi dire de ce livre, dont on ne peut pas dire qu'il est un roman, ni une biographie, ni un journal, ni un essai ; plutôt un mélange des trois sous une forme un peu déroutante, mais peut être est-ce un fait exprès, appuyant sur la déroute qui s'installe dans les esprits.

On souffre vraiment avec lui, pour lui, mais on ne sait que faire, que dire, on veut que ça se termine, ne plus lire la chute, inéluctable, ne pas savoir, ne pas voir, ne pas lire tout cela.

En même temps l'empathie est très forte malgré l'écriture simple, on espère qu'il aille mieux puisque pour son aimée, c'est foutu...

Dans mes lectures j'aime voyager, m'évader, sentir le vent frais sur mon visage. Ici c'est un huis clôt terrible et suffocant comme doit l'être cette maladie horrible.

Revzani nous fait très bien ressentir cela tout au long de son récit terrifiant... à réserver aux cœurs bien accrochés !
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L'éclipse

Comme l'art est la seule façon de résister, Rezvani écrit le gouffre de cette maladie qu'il a tant de mal à nommer, Alzheimer, qui transforme Danielle, dite Lulla, son immense amour, en une morte sans cadavre. Il s'interroge sur le sens de l'amour : qu'aimait-il en elle puisqu'il ne l'aime plus, même s'il la chérit et l'entoure de toute sa tendresse épuisée. Qu'est ce qui faisait qu'elle était elle, et ne l'est plus? Et que pourtant, il veut à tout prix la garder, alors que justement elle n'est plus elle?



Il dit l'insoluble dilemme de ne savoir s'il la veut vaillante et en lutte, donc sachant, ou protégée par l'innocence..

C'est tragique, très réfléchi dans son épuisement mortifère, décapant par son intelligence d'analyse, dévastant.
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L'éclipse

Le 11 août 1999, le jour de l'éclipse, le diagnostic tombe : maladie d'Alzheimer. Ce livre est le journal d'une année avec Lula alors que la maladie l'empêche déjà de lire, d'écrire, de communiquer, rend son comportement incohérent et sa compagnie épuisante.



Rezvani a toujours dit qu'il s'en occuperait jusqu'au bout et qu'elle resterait toujours dans leur maison, "La Béate", dans le Midi. C'est ce qu'il réussit à faire mais à quel prix !



Le désespoir est omniprésent dans ce récit où il essaie de reconnaître la femme qui'il a tant aimée dans cette malade hors du monde. Parfois quelques brefs accès de lucidité font prendre conscience à Lula de sa maladie, mais la plupart du temps elle ne reconnait pas son mari, tient des propos insensés et accomplit des actes irrationnels ou dangereux. On sent bien que Rezvani essaie d'exorciser son désespoir en décrivant jour après jour cette cohabitation et en répétant combien il a aimé Lula et combien il l'aime encore.



Il s'en occupera en effet jusqu'au bout puisqu'il fera construire une maison de gardien à "La Béate" pour héberger une aide médicale qui l'aidera dans les derniers mois. Lula décèdera en décembre 2004.



Fait assez étonnant, alors qu'il avait formé avec Lula un couple mythique (cinquante ans de vie commune sans se séparer une seule journée), il se remariera dès la fin 2005 avec Marie-José Nat ! Il faut croire qu'il ne pouvait pas vivre seul !!!



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L'éclipse

Les livres servent à nous faire, mieux, apprécier ce qu'on a et "L'eclipse" est un de ces récits qui vous laissent un goût amer dans la bouche mais dont la profondeur nous fait chavirer au gré des mots. L'auteur nous fait partager son infinie douleur face à un mal plus terrible que la mort : perdre un être cher alors qu'il est toujours vivant.



Alzheimer, la chute dans le néant. Cette maladie, pas comme les autres, prend tout son temps à détruire un être humain et le réduire à un rien.



Peu à peu, la personne atteinte perd ses mots, ses gestes et ses souvenirs pour devenir une étrangère et ses proches des étrangers. Le vide s'installe dans leurs vies.



Seuls les gens qui ont côtoyé des malades connaissent cet état de souffrance dans l'inconscient, le détachement que les patientes affichent et cette impuissance paralysante. Je pleure pour ceux et celles qui vivent dans le noir et qui partent le vide dans la tête et le silence dans le cœur. Aussi, je rends hommage à Monsieur Revzani pour le courage d'écrire et de raconter ce mal qui ronge la vie des uns et des autres.



J'ai différé la lecture de ce roman par peur de replonger dans l'abîme des souvenirs qui font mal. Elle était si belle, si forte et elle est partie, perdue, sans savoir, sans comprendre et sans reconnaître les siens. Mais sans souffrir aussi !



A chaque mot que je lis, j'ai mal et je m'arrête pour retrouver le calme dans ma tête et mon cœur. La lecture a été douloureuse !



Je ressens la détresse de l'auteur atteindre son paroxysme quand il écrit "... Elle souffre, elle souffre comme chaque matin sans pouvoir s'en expliquer ni à elle ni à moi. Elle ne sait ce qu'elle fait là, ni où elle se trouve, ni quel est le moment de la journée, ni qui je suis et pourquoi elle est avec celui là en bas qui écrit...qui l'écrit "



Face à Alzheimer, il faut de l'amour, beaucoup d'amour, de la patience et du courage.



Un beau témoignage de ce que la vie peut nous réserver.



En refermant ce petit livre, je repensé au très beau film "N'oublie jamais" !!!!!!



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L'éclipse

La lecture de cet ouvrage m'a laissé une impression mitigée. L'auteur ne manque ni de talent ni d'intelligence, mais alors que je m'attendais à être bouleversée ou dérangée par son témoignage — il relate comment la maladie d'Alzheimer a eu raison du grand amour de sa vie —, je suis restée très "en dehors" du livre. J'ai été gênée par le côté très théorique de son ouvrage. Rezvani est un auteur qui analyse et conceptualise plus qu'il ne donne à voir.

On peut comprendre que l'auteur ait tenu à protéger son intimité et n'ait pas voulu donner trop de détails. Mais ce roman très pudique finit à mon sens par manquer de chair.
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