J’aime lire sur l’Inde, ce pays tellement hétéroclite, toujours ancré dans des traditions millénaires – pour le meilleur et pour le pire – et si vivement happé par la modernité, que les récits qui en ressortent, s’avèrent souvent passionnants. C’est le cas pour un fils en or de Shilpi Somaya Gowda, que j’ai eu énormément plaisir à lire.
Anil, un jeune fils de famille aisée, part aux États-Unis poursuivre sa formation de médecin. On découvre dans une première partie, sa vie en Inde, ses amitiés et son amour pour Leena, jeune fille d’une caste inférieure, ainsi que son désir de satisfaire les ambitions de son père, d’être à la hauteur de ce grand-homme.
Et puis arrive sa vie et son apprentissage aux États-Unis, et c’est un autre monde qui s’ouvre…
Dans ce livre, beaucoup de thèmes abordés, qui ne sont pas forcément l’apanage de l’Inde :
– le poids des traditions ;
– la difficulté de l’exil, même s’il est choisi, et ce sentiment de ne se sentir pleinement chez soi, à sa place, ni ici ni là-bas ;
– cette difficulté qui résulte de l’intégration en soi de deux cultures différentes – la manière dont elles arrivent, ou pas, à s’accorder… ;
« à mesure que les années passaient, il sentait s’agrandir la distance entre les deux mondes où il vivait, et son pays d’adoption lui manquait autant que celui qu’il quittait. Ce serait toujours ainsi, il l’avait compris, toujours ce tiraillement entre la terre qui l’avait vu naître et celle qu’il avait choisie. »
– A capacités égales, le destin des femmes et des hommes n’a rien de comparable : Leena a un avenir tout tracé qui est dicté par ses origines, son sexe et sa caste, peu importe l’intelligence et les prédispositions à l’étude qui la rendent bien souvent supérieure à bon nombre d’autres garçons de son âge… ;
– l’avenir réservée aux femmes : mariage arrangé, quotidien planifié, ... répondant à une organisation millénaire des rapports homme/femme. Et parfois, cette petite bouffée d’espoir qui fait que certaines – souvent celles qui ont la chance de naître dans une caste privilégiée – arrivent à réaliser leurs rêves… Ce sera notamment le cas de la sœur d’Anil, Piya, passionnée par la médecine traditionnelle indienne ;
– le racisme et l’intolérance et leur déchaînement de violence. Ici ou ailleurs, aux États-Unis et partout où se trouve l’Étranger… ;
– la différence entre ces deux pays sur la manière dont la famille s’organise, la place laissée aux aînés, aux enfants et la difficulté à organiser tout cela lorsqu’on a intégré, comme Anil, les deux cultures et qu’on aimerait garder et faire cohabiter le meilleur de chacune.
« Anil sentit un poids descendre de sa poitrine à son estomac. Bien que les choses aient changé en Inde, l’amour et les choix personnels ne régissaient toujours pas la plupart des mariages. Aller à l’encontre des souhaits de ses parents était impensable pour la majorité des jeunes et, malgré les intrigues des films de Bollywood, de tels scénarios se terminaient souvent mal. Aussi appliquaient-ils tous les trois la règle implicite selon laquelle ils pouvaient faire ce qu’ils voulaient aux États-Unis tant que leurs parents n’étaient pas au courant. »
Et encore plein d’autres choses que je vous laisse découvrir…
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