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Citations de Simone Weil (847)


Je vous dois la vérité, au risque de vous heurter, et bien qu'il me
soit extrêmement pénible de vous heurter. J'aime Dieu, le Christ et la
foi catholique autant qu'il appartient à un être aussi misérablement
insuffisant de les aimer. J'aime les saints à travers leurs écrits et les
récits concernant leur vie - à part quelques-uns qu'il m'est impossible
d'aimer pleinement ni de regarder comme des saints. J'aime les six ou
sept catholiques d'une spiritualité authentique que le hasard m'a fait
rencontrer au cours de ma vie. J'aime la liturgie, les chants, l'architecture, les rites et les cérémonies catholiques. Mais je n'ai à aucun degré
l'amour de l'Église à proprement parler, en dehors de son rapport à
toutes ces choses que j'aime. je suis capable de sympathiser avec ceux
qui ont cet amour, mais moi je ne l'éprouve pas. je sais bien que tous
les saints l'ont éprouvé. Mais aussi étaient-ils presque tous nés et élevés dans l'Église. Quoi qu'il en soit, on ne se donne pas un amour par
sa volonté propre. Tout ce que je peux dire, c'est que si cet amour
constitue une condition du progrès spirituel, ce que j'ignore, ou s'il fait
partie de ma vocation, je désire qu'il me soit un jour accordé.
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Nous naissons et vivons à contresens, car nous naissons et vivons dans le péché qui est un renversement de la hiérarchie. La première opération est le retournement. La conversion.
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«  Seul est éternel le devoir envers l’être humain comme tel » .
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Jamais l'individu n'a été aussi complètement livré à une collectivité aveugle, et jamais les hommes n'ont été plus incapables non seulement de soumettre leurs actions à leurs pensées, mais même de penser.
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Toute autre nation avait à la rigueur le droit de se tailler un empire, mais non pas la France ; pour la même raison qui a fait de la souveraineté temporelle du pape un scandale aux yeux de la chrétienté. Quand on assume, comme a fait la France en 1789, la fonction de penser pour l'univers, de définir pour lui la justice, on ne devient pas propriétaire de chair humaine. Même s'il est vrai qu'à défaut de nous d'autres se seraient emparés de ces malheureux et les auraient traités plus mal encore, ce n'était pas un motif légitime ; tout compte fait le mal total aurait été moindre. Les motifs de ce genre sont la plupart du temps mauvais. Un prêtre ne devient pas patron d'une maison close dans la pensée qu'un marlou traiterait ces femmes plus mal. La France n'avait pas à manquer au respect d'elle-même par compassion.
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Être et avoir. – L'homme n'a pas d'être, il n'a que de l'avoir. L'être de l'homme est situé derrière le rideau, du côté du surnaturel. Ce qu'il peut connaître de lui-même, c'est seulement ce qui lui est prêté par les circonstances. Je est caché pour moi (et pour autrui) ; il est du côté de Dieu, il est en Dieu, il est Dieu. Être orgueilleux, c'est oublier qu'on est Dieu...
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Le risque est un besoin essentiel de l'âme. L'absence de risque suscite une espèce d'ennui qui paralyse autrement que la peur, mais presque autant. D'ailleurs il y a des situations qui, impliquant une angoisse diffuse sans risques précis, communiquent les deux maladies à la fois.
La protection des hommes contre la peur et la terreur n'implique pas la suppression du risque ; elle implique au contraire la présence permanente d'une certaine quantité de risque dans tous les aspects de la vie sociale ; car l'absence de risque affaiblit le courage au point de laisser l'âme, le cas échéant, sans la moindre protection intérieure contre la peur. Il faut seulement que le risque se présente dans des conditions telles qu'il ne se transforme pas en sentiment de fatalité.
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L’algèbre et l'argent sont essentiellement niveleurs, la première intellectuellement, l'autre effectivement.
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L'histoire est un tissu de bassesses et de cruautés où quelques gouttes de pureté brillent de loin en loin.
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Vous parlez de la peur. Oui, la peur a eu une part dans ces tueries ; mais là où j’étais, je ne lui ai pas vu la part que vous lui attribuez. Des hommes apparemment courageux — il en est un au moins dont j’ai de mes yeux constaté le courage — au milieu d’un repas plein de camaraderie, racontaient avec un bon sourire fraternel combien ils avaient tué de prêtres ou de « fascistes » — terme très large. J’ai eu le sentiment, pour moi, que lorsque les autorités temporelles et spirituelles ont mis une catégorie d’êtres humains en dehors de ceux dont la vie a un prix, il n’est rien de plus naturel à l’homme que de tuer. Quand on sait qu’il est possible de tuer sans risquer ni châtiment ni blâme, on tue ; ou du moins on entoure de sourires encourageants ceux qui tuent. Si par hasard on éprouve d’abord un peu de dégoût, on le tait et bientôt on l’étouffe de peur de paraître manquer de virilité. Il y a là un entraînement, une ivresse à laquelle il est impossible
de résister sans une force d’âme qu’il me faut bien croire exceptionnelle, puisque je ne l’ai rencontrée nulle part. J’ai rencontré en revanche des Français paisibles, que jusque-là je ne méprisais pas, qui n’auraient pas eu l’idée d’aller eux-mêmes tuer, mais qui baignaient dans cette atmosphère imprégnée de sang avec un visible plaisir. Pour ceux-là je ne pourrai jamais avoir à l’avenir aucune estime.
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Louis gueule contre les imprudences. Je m’étends sur le dos, je regarde les feuilles, le ciel bleu. Jour très beau. S’ils me prennent, ils me tueront… Mais c’est mérité. Les nôtres ont versé assez de sang. Suis moralement complice.

[Journal d'Espagne]
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Un amour parfaitement pur de la patrie a une affinité avec les sentiments qu'inspirent à un homme ses jeunes enfants, ses vieux parents, une femme aimée. La pensée de la faiblesse peut enflammer l'amour comme celle de la force, mais c'est d'une flamme bien autrement pure. La compassion pour la fragilité est toujours liée à l'amour pour la véritable beauté, parce que nous sentons vivement que les choses vraiment belles devraient être assurées d'une existence éternelle et ne le sont pas.
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La hiérarchie est un besoin vital de l'âme humaine. Elle est constituée par une certaine vénération, un certain dévouement à l'égard des supérieurs, considérés non pas dans leurs personnes ni dans le pouvoir qu'ils exercent, mais comme des symboles.
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« Pour les fautes comme pour les crimes, le degré d’impunité doit augmenter non pas quand on monte, mais quand on descend de l’échelle sociale. »
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L'enfer est du néant qui a la prétention et donne l'illusion d'être.
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Queues alimentaires. Une même action est plus facile si le mobile est bas que s’il est élevé. Les mobiles bas enferment plus d’énergie que les mobiles élevés. Problème : comment transférer aux mobiles élevés l’énergie dévolue aux mobiles bas ?
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"Elle criait à ses servantes aux beaux cheveux par la demeure
De mettre auprès du feu un grand trépied, afin qu'il y eût
Pour Hector un bain chaud au retour du combat.
La naïve ! Elle ne savait pas que bien loin des bains chauds
Le bras d'Achille l'avait soumis, à cause d'Athèna aux yeux
verts.,
Certes, il était loin des bains chauds, le malheureux. Il n'était pas le seul. Presque toute l'Iliade se passe loin des bains chauds.
Presque toute la vie humaine s'est toujours passée loin des bains chauds.
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La connaissance de la misère humaine est difficile au riche, au puissant, parce qu'il est presque invinciblement porté à croire qu'il est quelque chose. Elle est également difficile au misérable parce qu'il est presque invinciblement porté à croire que le riche, le puissant est quelque chose.
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D'une manière tout à fait générale, en toute espèce de domaine, il est inévitable que le mal domine partout où la technique se trouve soit entièrement soit presque entièrement souveraine.
Les techniciens tendent toujours à se rendre souverain, parce qu'ils sentent qu'ils connaissent leur affaire; et c'est tout à fait légitime de leur part. La responsabilité du mal qui lorsque ils y parviennent en est l'effet inévitable incombe exclusivement à ceux qui les l'ont laissé faire. Quand on les laisse faire, c'est toujours uniquement faute d'avoir toujours présente à l'esprit la conception claire et tout à fait précise des fins particulières auxquelles telle, telle et telle technique doit être subordonnée.
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Le trésor, pour l'avare, c'est l'ombre d'une imitation de bien. Il est doublement irréel. Car un moyen (l'argent) est déjà, en tant que tel, autre chose qu'un bien. Mais pris hors de sa fonction de moyen, érigé en fin, il est encore plus loin d'être un bien.
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