Citations de Simone de Beauvoir (1850)
Je ne tenais pas particulièrement à revoir maman avant sa mort; mais je ne supportais pas l'idée qu'elle ne me reverrait pas. Pourquoi accorder tant d'importance à un instant, puisqu'il n'y aura pas de mémoire? Il n'y aura pas non plus de réparation. J'ai compris pour mon propre compte, jusque dans la moelle de mes os, que dans les derniers moments d'un moribond on puisse enfermer l'absolu.
La parole ne représente parfois qu'une manière, plus adroite que le silence, de se taire.
Ce qui y a de scandaleux dans le scandale, c'est qu'on s'y habitue.
Dans les livres, les gens se font des déclarations d'amour, de haine, ils mettent leur coeur en phrases ; dans la vie, jamais on ne prononce de paroles qui pèsent.
Ma curiosité est moins barbare que dans ma jeunesse, mais presque aussi exigeante : on n'a jamais fini d'apprendre parce qu'on n'a jamais fini d'ignorer.
La femme est tout ce que l’homme appelle et tout ce qu’il n’atteint pas.
Il m'était plus facile de penser un monde sans créateur qu'un créateur chargé de toutes les contradictions du monde.
Je m'en branle de l'Humanité, qu'est ce qu'elle a fait pour moi je me le demande. S'ils sont assez cons pour s'égorger, se bombarder, se napalmiser, s'exterminer, je n'userais pas mes yeux à pleurer. Un million d'enfants massacrés et après? Les enfants ce n'est jamais que de la graine de salauds, ça désencombre un peu la planète, ils reconnaissent qu'elle est surpeuplée alors quoi? Si j'étais la Terre, ça me dégouterait tout cette vermine sur mon dos, je la secourais. Je veux bien crever s'ils crèvent tous. Des gosses qui ne me sont rien je ne vais pas m'attendrir sur eux. Ma fille à moi est morte, et on m'a volé mon fils.
« Elle ne cherchait pas le plaisir d'autrui. Elle s'enchantait égoïstement du plaisir de faire plaisir. »
Les livres me rassuraient ; ils parlaient et ne dissimulaient rien [...].
"Le présent n’est pas un passé en puissance, il est le moment du choix et de l’action."
Vous êtes tellement dans l'instant que n'importe quel avenir vous apparaît comme un rêve ; c'est du temps même que vous doutez.
Simone Weil réclamait qu'on traduise devant un tribunal ceux qui se servent de l'écriture pour mentir aux hommes et je la comprends. Il y a des mots aussi meurtriers qu'une chambre à gaz.
Je ne peux plus rien écrire d'autre que ce journal et même j'ai à peine envie de l'écrire, mais il faut tuer le temps.
__Je sais pourquoi je t'ai menti, m'a-t-il dit un peu plus tard. Parce que je vieillis. Te dire la vérité, je savais que ça ferait une histoire, ça ne m'aurait pas arrêté autrefois, maintenant ça me fatigue, l'idée d'une dispute. J'ai pris un raccourci.
C'est pourquoi tous les remèdes qu'on propose pour pallier la détresse des vieillards sont si dérisoires : aucun d'eux ne saurait réparer la systématique destruction dont les hommes ont été victimes pendant toute leur existence. Même si on les soigne, on ne leur rendra pas la santé. Si on leur bâtit des résidences décentes, on ne leur inventera pas la culture, les intérêts, les responsabilités qui donneraient un sens à leur vie. Je ne dis pas qu'il soit tout à fait vain d'améliorer, au présent, leur condition : mais cela n'apporte aucune solution au véritable problème du dernier âge : que devrait être une société pour que dans sa vieillesse un homme demeure un homme ?
Je me promis lorsque je serai grande de ne pas oublier qu'on est à 5 ans un individu complet c'est ce que niaient les adultes lorsqu'ils me marquaient de la condescendance et ils m'offensaient.
« Le présent n’est pas un passé en puissance, il est le moment du choix et de l’action » .
Chacun expérimente sa propre conscience comme un absolu.
Comment plusieurs absolus seraient-ils compatibles ?
Le drame du mariage, ce n’est pas qu’il n’assure pas à la femme le bonheur qu’il lui promet-il n’y a pas d’assurance sur le bonheur, c’est qu’il la mutile, il la voue à la répétition et à la routine. Les vingt premières années de la vie féminine sont d’une extraordinaire richesse; la femme traverse les expériences de la menstruation, de la sexualité, du mariage, de la maternité; elle découvre le monde et son destin. A vingt ans, maîtresse d’un foyer, liée à jamais à un homme, un enfant dans les bras, voilà sa vie finie pour toujours