Citations de Sophie Brocas (234)
Qu'importe, quel spectacle, un fleuve qui prend de force une ville tout entière, la violente et l'oblige. L'eau a tellement gonflé. Elle a trouvé la force d'une évidence que nul ni rien ne peut plus arrêter. Elle veut, elle prend. Voilà tout. Il y a deux jours qu'elle a jailli de son lit, ivre de rage et de vigueur. Depuis, elle s'immisce, envahit, inonde, brise, souille. Rien ne résiste à une telle force de la nature. Sa puissance liquide ouvre des voies au milieu des pierres, tranche des chemins dans les chantiers du métropolitain qui éventrent Paris depuis des mois, tord des palissades de bois. J'ai même vu un petit pavillon baigné d'eau jusqu'aux fenêtres du premier étage. Cela m'a fait songer à un sucre en train de fondre dans une tasse de thé noir.
Tante veut me marier. Comme si j’étais un meuble. Mon état de femme me révolte. Je ne consacrerai ma liberté qu’à un homme que j’aimerai à la folie. Sinon, je m’enlaidirai pour échapper aux liens. Je me ferai anarchiste pour faire exploser le bal des prétendants, les tasses en porcelaine et les pendeloques en cristal.
Je sais mieux distinguer les ombres portées, les ratures, les sous-couches que les générations passées ont laissées sur ma trame intime.
Je ne veux pas de cette libération. Je refuse ce marchandage. Jamais, je n’accepterai de passe de la tutelle de Tante à celle d’un mari. Je ferai, quoi qu’il m’en coûte, un mariage d’amour ou je resterai sans bague au doigt, frappée de l’infamie des vieilles filles. Je l’ai juré.
Je suis aimée et j'aime. Quel autre sens à la vie ? (p 237)
Qu’est-ce que l’ordre de Tante ?
La dévotion au Tsar et à Dieu qui l’a choisi. L’admiration révérencieuse de la maison des Romanov. Que certains d’entre eux soient des fous ou même des vicieux, qu’importe, pourvu qu’ils soient nés Romanov.
Ce grand artiste,cet homme mystérieux, ce sculpteur puissant,cet inventeur de rupture me reconnaît dans ma liberté de femme.Mon désir,mon corps, ma volonté m'appartiennent.Je ne m'évapore pas dans son instinct.Je ne suis pas son objet.Je peux dire oui.Ou non.(p163)
Brancusi m'a raconté son travail,sa technique,son espérance.Ce n'est pas le réalisme de la chair qui l'intéresse.Il veut saisir l'ame des etres,donner à voir l'universel dans sa simplicité brute.< je veux extraire de la pierre votre joie intérieure,m'a-t-il dit.Vous savez,je l'ai immédiatement perçue cette joie de la jeunesse qui irradie de votre etre.Mais ,je l'a
Jai levé le voile et,désormais,je contemple d'un regard enfin affranchi ,la totalité de la puissante machination sociale par laquelle les hommes qui fabriquent la loi,défendent les traditions qui se lèguent de génération en génération,assignent une place et un role à chacun,je vois enfin tout ce qui conspire pour tenir les femmes au foyer.
Non,je ne me laisserai pas condamner à n'etre qu'un ventre fécond en échange de la protection de mon mari.
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... puisqu'il faut périr, pirrons!
A force de s'envoyer des petits verres de blanc frais, il était tout violet.
Je n'ai jamais su qui lavait le petit linge du vieux Marcel.
Invente-toi, ma fille.
Ton arrière-grand-mère aura été toute sa vie une femme de courage et de convictions.
C'est bizarre de parler d'elle au futur alors qu'elle est morte.
C'est du futur antérieur, pas du futur. Mais tu as raison. C'est un temps merveilleux. Celui qui permet de parler du futur de ceux qui sont passés. C'est le temps des nécrologies.
Je réalise que l'on peut aimer un lieu pour celui qui l'habite, pas sans lui.
C'est ma vie, c'est mon choix et je t'emmerde.
Je suis en discussion avec mes souvenirs.
Mots croisés : déjouer les pièges de la grille en décodant l'esprit agile de son auteur.
Un poète est un monde enfermé dans un homme.
Victor Hugo
Ce n'était pas moi qu'elle aimait mais l'image du héros qu'elle s'était fabriquée. Elle m'avait mis en prison. Je m'en suis échappé.
Chacun est responsable de sa vie.
l'eau des vases sentait l'église
la serveuse avait des yeux en coin de rue
Chacun doit apprendre à vivre avec ses cicatrices. Si on le refuse, si on ne veut pas guérir une plaie béante, alors c’est la flamme de vie dont nous sommes porteurs que nous éteignons volontairement.
Elle vit dans le long bloc un poème résolument moderne, une déclaration d’amour à la vie, à l’ardeur, à l’union. Elle fut frappée par cette sculpture naïve, presque enfantine, ou brute dans son rendu, qui vous pénétrait instantanément du sentiment de la passion absolue. On était loin des visages éplorés, des drapés, des tourelles, des ferronneries. On était dans un ailleurs, celui des êtres liés par l’indicible des sentiments. Camille prit le temps d’observer chaque détail. C’était un bloc carré, trois fois plus haut que large. Un bloc de calcaire gris un peu grossier parsemé d’éclats noirs. Les amants y étaient pris entiers. Nus. Enlacés étroitement. Fondus l’un d’en l’autre.
Les mots sont des coquillages vides. Ils ne rendent pas compte à leur juste mesure du chatoiement, de l emportement, des cieux prodigieux que je découvre entre ses bras.
En le découvrant, à demi vautré dans son fauteuil de maire, le cheveu légèrement trop long dans la nuque et assurément gras, le teint couperosé, le visage parsemé ici et là d amas de graisse, le nez fort, la bedaine énorme qui écartelait les boutons de la chemise, la cravate trop largement dénouée pour rester élégante, plusieurs images lui vinrent à l esprit. Elle se dit qu elle était face à un ogre des montagnes, à une force malsaine, à un rhinocéros mal lavé.
Femme et muse ne font qu une, deux faces d une même pièce, deux sources vives d une même inspiration, deux racines pour un seul attachement.
L oeuvre d art, dès lors qu elle est originale, est considérée comme le réceptacle, le tabernacle, le creuset de la personnalité de l auteur. Cette parcelle créatrice exprimée par l artiste vient se ficher, s abriter, s encastrer dans l oeuvre. Voilà pourquoi celle-ci mérite d être protégée. Voilà pourquoi la volonté de l auteur exprimée dans l oeuvre doit être respectée. Le droit moral que Camille découvrait lui évoqua instantanément une sorte de cordon ombilical reliant l auteur à l oeuvre qu il avait enfantée.
Elle admirait l artiste. La jeune disparue la touchait. Avec ces deux-là, elle noua un pacte secret : les défendre.
Elle eut la conviction qu elle venait d accoster sur la grève d un univers fait de symboles universels, de plénitude humaine, de simplicité éternelle, de quête de soi-même.
« (...) une sculpture bien faite doit avoir le don de guérir celui qui la regarde. » Il pense qu une oeuvre doit être facile à apprivoiser pour que l on puisse vivre avec, en fraternité.