Qui dit rentrée littéraire dit également premier roman, c'est le cas pour "Le cercle des femmes" de Sophie Brocas.
J'annonce tout de suite la couleur : je ne vais pas faire dans la dentelle.
Certes, ce livre se lit très rapidement, il est court et les pages se tournent facilement, mais dans le fond il est plutôt creux, truffé d'absurdités et de platitudes, avec un scénario aussi prévisible qu'un éléphant dans un couloir de métro.
A l'occasion de la mort de son arrière-grand-mère, Lia, jeune vingtenaire, retrouve sa mère et sa grand-mère dans la maison familiale pour les obsèques.
Mais cette famille de femmes est maudite : depuis plusieurs générations le sort s'acharne sur elles : au même âge elles ont une fille qu'elle élèvent seule car le géniteur a fini par fuir ou a été mis de côté : "Le secret est un poison. Il s'instille partout, crée une lourdeur qu'on ne parvient pas à identifier, qui se lègue d'enfant à enfant sans même qu'on puisse le détecter. C'est en cela qu'il est dangereux. Surtout lorsque chaque génération de femme donne naissance, presque au même âge, à une fille. C'est comme un cercle vicieux, une malédiction que les inconscients se transmettent.".
Il y a donc un tabou qui règne dans cette famille, un secret qui agace au plus haut point Lia : "Il faut sans cesse leur tirer les vers du nez pour connaître l'histoire de la famille. Comme si cela n'avait aucune importance de savoir d'où l'on vient. Comme s'il fallait laisser dormir le passé. Elles m'énervent.".
Toutes ces femmes sont incapables d'aimer mais elles ne savent pas pourquoi, et c'est là qu'est un des tours de force risibles de l'auteur : sans le savoir elles le pressentent !
Et puis Lia, ça commence à l'agacer cette attitude, car c'est son petit monde et ces femmes qu'elle a idéalisées qui s'écroulent : "On croit les connaître. On les prend pour des ancres auxquelles on peut s'accrocher par gros temps. On leur fait confiance. Ils sont prévisibles. Ils rassurent. Et puis voilà que sans crier gare ils se mettent à dériver, emportés par d'invisibles courants sous-marins qu'ils cachaient au fond d'abysses noirs. Les voilà qui ne résistent plus à leurs fractures souterraines. Les voilà autres.".
La quatrième de couverture est extrêmement bavarde, limite elle raconte tout de l'histoire mais bon, j'y ai cru et je me suis dit que tout ne serait peut-être pas aussi simple.
En fait si, le secret est vite dévoilé, et c'est là que les incohérences se succèdent.
Même si l'informatique n'existait pas à l'époque j'ai du mal à croire que les mairies ne faisaient pas des recherches pour vérifier si les personnes n'étaient pas déjà mariées (parce l'arrière-grand-père il a eu la belle vie !).
Ensuite j'ai eu énormément de mal à croire que l'arrière-grand-père puisse être encore en vie, ce qui est pourtant le cas.
Certes, il est plus que centenaire, jusque là rien d'anormal, sauf qu'il est rescapé d'Auschwitz, et qu'il n'était déjà pas dans sa prime jeunesse quand il y a été interné.
Là, désolée, mais je n'y crois plus une minute et ça m'a même quelque peu agacé sur les bords que l'auteur prenne autant de liberté.
Le personnage principal de Lia est également agaçant, avec son côté petite fille gâtée qui se la joue rebelle vis-à-vis de sa famille et qui se positionne en grande sauveuse de la tradition familiale.
C'est plutôt une tête à claque dont je n'apprécierai pas forcément de croiser le chemin, tout ou presque tourne autour de son nombril, je n'aime pas que l'on positionne ainsi en victime un personnage littéraire quand il est également le narrateur de l'histoire.
Je passe sur la fin absolument soupe au lait et la morale à deux balles, ça ne vaut pas la peine d'en parler.
Passons à la plume de Sophie Brocas maintenant.
Pas de grande révolution et ça ne casse pas trois pattes à un canard, c'est écrit de façon fluide pour rendre la lecture facile mais c'est truffé de banalités et de phrases toutes faites sur l'amour à l'image de celle-ci : "La passion, c'est une faim sans limite, un excès sans fond, un besoin désespéré d'être aimé.".
Au final je suis déçue par ce premier roman qui ne contient rien qui a pu retenir mon attention, si ce n'est une couverture judicieusement choisie par la maison d'édition.
"Le cercle des femmes" de Sophie Brocas est un premier roman qui ne mérite pas que l'on s'attarde dessus, aussitôt lu et aussitôt oublié il ne marque pas les esprits tout comme le paysage de la rentrée littéraire 2014.
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