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Critiques de Sophie Pujas (41)
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Maraudes

"Dans la rue, je ne suis plus qu'un oeil. Je guette la beauté blessée de cette ville violente, je m'abreuve de son fleuve, de ses néons, de l'éclat syncopé de ses femmes. Ses hommes - aussi.

Je chaloupe de drame en épiphanie. Paris souffre et flamboie, et je ne peux en détacher les yeux."



J'ouvre, je ferme, j'ouvre "Maraudes" et je pars, je suis partie, revenue, repartie.

Mon regard s'étend sur cette vaste et sensible fresque d'êtres anonymes, tous liés à des noms de rues, à cette belle envolée scopique rythmée de récits courts, attentifs, poignants où les yeux se perdent avec la lumière : flux visuel et flux lumineux, couleur, reflet, ruissellement, brillance, éclat des âmes des "petites gens", des "jetés-pour-compte".



Lectrice en errance dans les rues de Paris, je suis voyant - comme l'auteure - sans être vue, voyant dans la visibilité du voyant qui trouve l'énergie de l'autre, une errance dans cette même pulsion scopique. Je déambule dans le désir de savoir, dans cette dérivation du désir de voir.

Départ rue de l'Odéon, je fais le tour de la place Saint Pierre, bifurque vers le parc Monceau, puis la rue Jonas, le square du Temple, j'emprunte la rue Eugène-Poubelle, remonte la rue d'Alesia en passant par la place de l'Opéra et le square Saint Éloi. Je saute rue Oberkampf, plonge dans les jardins du Luxembourg, longe la rue des Ursulines, Galerie Vivienne, passe le Pont Mirabeau. Pause inutile, le récit est trop beau, les mots gambadent, les mots gesticulent et je grimpe rue de Paradis…. l'imaginaire est piéton sur les trottoirs du réel.

Je suis à la recherche des plaques du temps. Je continue, j'aime cette promenade sans but et dans le silence. Je m'isole dans une galerie qui brille dans le cristal de la langue ; jubilation picturale, admirable collection de plaques de rues, comme des miroirs, reflets de portraits, de passions, de souffrances, de bonheur. Je suis dans l'antichambre du dehors, sur le pavé des saisons.



À toutes ces vies si brillantes ou si ternes comme l'asphalte, si capricieuses, si variées, à ces innombrables battements de cils comme des coups de pinceau assurément passionnés, vibrants, Sophie Pujas nous entraîne intensément dans de touchantes évasions rêvées.

Ses yeux sont partout où l'on pleure, où l'on crie, où l'on chante, où l'on pense, où l'on aime, où l'on calomnie, où l'on s'aime où l'on souffre, où l'on travaille, en se pressant de vivre pour mourir ou de mourir pour vivre. À chaque pas, en effet, au détour de chaque rue, les yeux

fixés sur l'écriteau qui porte son nom, il vous sera facile de

déchiffrer, le livre à la main, une page d'histoire poétique et troublante souvent joliment sensuelle, tourmentée, drôle dans le surgissement d'une place ou d'une rue Parisienne.

La ville mémoire en main, est le théâtre radieux d'un des plus beaux spectacles intimes.

Lisez "Maraudes" au hasard, en marchant, en courant, à vol d'oiseau...



"Maraudes" est un livre sobre et sensuel. "Maraudes" est un livre lumineux, un livre avec des yeux qui marchent.



Là où le monde réel se transforme en images, les images deviennent plus réelles pour la jouissance du lecteur.

L'imaginaire par sa face silencieuse me fait aimer la rue Truffaut (17), pour le seul délice de cette phrase : "À quoi peut ressembler une lurette et qu'est-ce qui la rend si jolie ?"



Anne Bolenne

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Maraudes

Attention.... gros coup de cœur...incroyable ... pour le sujet attractif, le style fort poétique , empreint d'une hyper-sensibilité... Une très, très belle découverte faite par hasard, en fouinant en librairie !



Je débute cette chronique par cet extrait qui exprime très justement les déambulations, promenades, flâneries rêveuses , nostalgiques ou fantaisistes de notre auteure...



"Pour certaines âmes sentimentales et vagabondes les villes sont hantées. Je ne peux marcher rue du Bac sans un coup de chapeau à Romain Gary, rue Campagne- Première sans voir courir Belmondo sous l'œil de Godard, rue des Vignes sans une pensée amicale pour la haute carcasse de Zoran Music. Je ne suis pas seule à me bercer à ces

temps parallèles, invisibles à l'œil de qui ne sait pas rêver" (p. 144)



Des flâneries urbaines inhabituelles... Sophie Pujas quadrille les rues de la "Ville- Lumière", évoque poétiquement les silhouettes les plus différentes, les plus éclectiques...

Mélanges de rêveries éveillées, ensommeillées, d'observations... de déambulations multiples, où des destins anonymes se croisent, se chevauchent...



Des micro-fictions, comme des esquisses , des ébauches de tableaux que chaque lecteur peut à loisir , prolonger à sa manière.

Ces très courtes histoires sont réparties et réunies selon les 4 saisons, et ensuite, à chaque saison, introduites par l'arrondissement et le nom de la rue...



Tout à fait euphorique de découvrir que Sophie Pujas a publié en 2015 un ouvrage sur 25 artistes du Street- Art, sur lequel je vais me précipiter au plus vite... passionnée

par l'art urbain depuis de longues années...



Dans "Maraudes", Sophie Pujas exprime au plus près les contrastes de Paris, mais aussi de toutes les capitales... tant les lumières que les ombres. Fantômes d'écrivains, d'artistes succèdent aux vivants, rencontrés au quotidien...Comme tout paysage urbain, la richesse côtoie les laissés pour comptes, ainsi que les misères extrêmes...

Ce livre très exceptionnel... offre un regard aussi incisif que rempli de poésie, de fantaisie...

Un ouvrage que j'ai lu lentement volontairement tellement il est exceptionnel en qualité de style , poésie et humanité rayonnante.





N.B. J'aurais voulu aussi attirer votre attention sur la subtilité du terme choisi comme "titre": " Maraudes"- Divers sens-: Ronde, tournée, visite de voisinage. Terme ancien remis au goût du jour avec un autre sens, notamment pour la prévention des problèmes sociaux]
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Z. M.

J’ai éprouvé le désir de lire ce texte de Sophie Pujas que je ne connaissais pas car j’avais reçu un coup de poing en découvrant lors d’une exposition les quelques dessins de Zoran Music fait au camp de Dachau et ceux qu’il a exécutés, ravivant les mêmes scènes, bien des années après. Je l’ai croisé aussi, sans savoir qu’il y apparaîtrait, au détour du beau livre de Claudie Gallay «Seule Venise». Cet homme m’accompagne comme une présence douce. Il semble que ce soit aussi le cas pour Sophie Pujas dans cette suite de petits textes qui sont autant d’éclats jaillis d’une promenade silencieuse où elle et Zoran Music échangent et se répondent, sans pourtant s'être rencontrés, comme de vieux amis qui se reconnaissent, à travers Venise, dans des jeux d’ombres et des croisements de traces au grè d’une déambulation hors du temps. Un livre d’une grande douceur plein de respect et d’admiration discrète qui effleure et en même temps cerne la «belle personne» qu’était ce peintre si bien qu’on pourrait croire qu’elle l’a bien connu.

«Certains artistes sont des ouragans, disait-il. 
Picasso, Giorgione.
Ceux qui passe avec le fracas des grands bouleversements.


J’aimerais, disait-il encore, qu’on se souvienne de moi comme d’une brise lègère.»
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L'art urbain

Merci à Babelio et aux éditions Presses Universitaires de France pour l'essai « L'art urbain » de Nicolas Gzeley, Nicolas Laugero-Lassere *, Stéphanie Lemoine et Sophie Pujas.

J'imagine que personne ou presque n'a pu échapper au phénomène international qu'est l'art urbain ces dernières années. Qui n'a pas entendu parler de l'autodestruction partielle de l'oeuvre ‘'La petite fille au ballon rouge'' de Banksy, chez Sotheby's, à Londres, en octobre dernier ? Ou encore de JR avec ses collages à la pyramide du Louvre (et créateur du documentaire avec la merveilleuse Agnès Varda « Visages Villages ») ? Qui n'a pas croisé au détour d'une balade dans une ville de France et de Navarre de petits pochoirs sur un mur, des fresques sur un immeuble ou encore des graffiti sur les rames de métro ? Sans forcément connaitre leur nom (ou pseudo pour ceux voulant garder l'anonymat), on croise souvent dans les rues, sur la toile ou d'autres supports média des oeuvres de MissTic (avec ses femmes et jeux de mots en pochoir sur les murs de Montmartre, etc.), celles de Shepard Fairey (créateur du poster Hope de Barack Obama, réalisé pour sa campagne présidentielle de 2008), les mosaïques tirées de jeux vidéo d'Invader, ceux de C215, Bleck le rat, etc. etc.

Très hétérogène, cet art n'est finalement pas si facile à définir puisqu'il englobe à la fois street art, graffiti, collage, pochoir, muralisme, etc. D'ailleurs, « pour certains le street-art désignerait des pratiques commerciales conçues pour les média et le marché, tandis que le second (graffiti) resterait marqué par l'underground et la transgression ».

Les auteurs de cet essai (journalistes, écrivains et même collectionneur d'art) rappellent tout le paradoxe, voire l'antinomie, de faire entrer dans des galeries, des musées éphémères ou non, des oeuvres provenant de l'art urbain, puisque par définition ces oeuvres naissent de la ville, en extérieur. Elles sont même souvent vouées à être abimées et détruites par le temps, l'évolution de la ville, par des personnes hermétiques à cette forme d'art ou encore par certains peu scrupuleux qui les volent tout simplement (tel le vol d'une oeuvre de Bansky sur un mur de Londres retrouvée ensuite sur un site d'une maison de ventes).

Ce petit essai est très instructif pour tous ceux qui s'intéressent ou apprécient un tant soit peu l'art contemporain, et l'art urbain en particulier. Les auteurs posent en effet les bases historiques et sociologiques – notamment par les tags aux Etats-Unis dans les années 60 venant des gangs pour se différencier les uns des autres, marquer leurs territoires, devenant un jeu, une compétition.

Ils montrent les évolutions qui se sont opérées jusqu'à nos jours, notamment du style writing, font référence aux premiers artistes à se faire un nom (Basquiat, Keith Haring,..) jusqu'aux plus banquables de ces dernières années. Pour les premiers artistes de ce mouvement, cela relevait d'un acte social, militant, engagé (n'oublions pas la période 1968), pour faire parler la ville, les communautés et minorités, dénoncer certains évènements, les problèmes sociaux et urbains.

Et pour eux, cela doit se passer forcément dans la rue, lors de créations « in situ », et non pas dans des galeries, musées figés, peut-être trop stéréotypés. L'art urbain n'est pas que l'image des tags et du hip hop new-yorkais, c'était aussi en rapport à la culture punk rock. Rappelons par exemple que, dans les années 70, New-York risquait une banqueroute financière et connaissait de fait un fort taux de chômage et de criminalité. Les messages dans la rue dénonçaient en autre la guerre du Vietnam, les problèmes de misère ou de violence dans différents quartiers (comme le Bronx entre autre).

Certes, ce n'est pas forcément un guide pour les nuls, car il faut déjà avoir en tête une petite palette d'artistes et d'oeuvres pour ne pas se sentir vite largué par l'énumération des différents artistes majeurs de ces 60 dernières années mais aussi par les termes du style writing ou du graffiti writing (les tags, les ‘'pieces'', les ‘'masterpieces'', les ‘'throw-ups'', les ‘'fame'', etc.). Mais, il permet véritablement d'avoir une bonne vue d'ensemble de ce mouvement dès sa genèse, avec toutes ses contradictions et complexités, et découvrir des artistes autres que les « têtes d'affiches ».

Pour ma part, il m'a manqué parfois quelques représentations d'oeuvre. Parce que, intrinsèquement, dans l'art, c'est ce qui m'intéresse, m'anime, m'émeut, me plait ou m'agace (Je sais, je fais encore l'enfant, parfois… J'aime bien qu'il y ait des images dans les livres…). Je concède qu'on choisit ce format « Que sais-je ? » en toute connaissance de cause, donc je remballe ma frustration… ou presque. J'avoue que j'aurais aussi aimé à la fin de ce guide une annexe pour rappeler les pages où retrouver les différents artistes mentionnés tout au long de cet essai. Et puisque j'en suis à parler de mes petites frustrations, j'aurais aussi aimé en savoir plus du travail de certains artistes comme Ernest Pignon-Ernest (un des pères fondateurs) dont j'admire les oeuvres humanistes (ses premières oeuvres datant du début des années 70 faisaient référence notamment à la guerre d'Algérie ou encore à l'apartheid) ; même si faire, à l'inverse, un chapitre consacré au marché actuel a malheureusement du sens.

Dans les années 70-80, on faisait encore la chasse aux tags et graffitis. Les auteurs devaient courir et zigzaguer très vite s'ils ne voulaient pas être arrêtés et écoper de grosses amendes. C'était aussi ce jeu du chat et de la souris et la performance qui les motivaient.

Aujourd'hui, ayant gagné en visibilité par internet notamment, l'art urbain s'est un peu « banalisé » et est devenu une institution. Certains artistes ont su profiter de l'engouement pour ces oeuvres, de leur notoriété et surfer sur la vague. Et bien entendu, les galeries et les musées sont friands de ce type d'expositions parce qu'il y a aujourd'hui un véritable marché pour le Street Art. (Il faut noter néanmoins l'audace des premières galeries qui ont osé suspendre des toiles de ce mouvement qui émergeait, telle la galerie Agnès B.). Certaines villes « pour être dans le coup » ne sont pas en reste : ça leur permet de cacher certains tags qui ne sont pas à leur goût (ou à leur couleur), et en quelque sorte de censurer, et de passer ‘'commandes'' de représentations plus policées (dans les années 70 à 80, comme aujourd'hui, il est plus facile de faire cette guerre aux tagueurs ou graffeurs plutôt que de faire un travail de fond pour endiguer pauvreté, violence, manque ou détérioration des infrastructures urbaines). L'art urbain d'aujourd'hui est bien loin des idéologies des premiers artistes.

Mais, il en reste encore qui veulent rester libres et continuent de produire des oeuvres de manière illégale, parfois politiquement incorrectes, parce que c'est comme ça que la société peut espérer évoluer positivement, en poussant/colorant un peu les murs. Et parfois il arrive qu'il nous reste l'image d'immenses tags à l'esprit, comme là-bas en Allemagne. Des tags pour nous rappeler l'histoire avec un grand H et ceux qui ont protesté de l'existence d'un mur…







*petite promo du collectionneur Nicolas Laugero-Lassere : il vient d'ouvrir il y a quelques jours à peine Fluctuart, premier centre d'art urbain flottant, installé près du Pont des Invalides à Paris, et gratuit ! Poussée par la curiosité, j'irai très probablement faire un tour cet été pour voir des oeuvres de quelques grandes figures du Street Art

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Ce qu’il reste de nuit - Lokiss, un portrait

J'ai désiré lire ce nouveau livre de Sophie PUJAS car j'avais beaucoup aimé dans la collection l'un et l'autre "Z. M", qui permettait, par une approche enveloppante et douce, faite de petits textes, succession de touches légères, la rencontre avec le peintre discret et bouleversant qu'était Zoran Music.

Avec "Ce qu'il reste de nuit" j'ai retrouvé la même approche que pour Zoran Music, au moins pour ce qui est de la forme fragmentaire. Car les éclats, réunis pour faire partager cette nouvelle rencontre avec un artiste comme Lokiss, résonnent cette fois comme des cris ou frappent comme des coups sur un punching-ball.

Sophie Pujas sait restituer et partager la singularité de Lokiss à travers le temps et les lieux qui ont vu naître et se développer, dans les années 80, cet art des graffitis sur les murs de nos villes. Un mouvement qui avait pris naissance, une dizaine d'années auparavant à New-York.

Elle nous fait suivre son parcours éclaté, nous emmène au cœur de la fusion, dans le noyau de la création grâce à une écriture poétique qui parvient à en épouser la violence et à nous en communiquer la force et l'intransigeance.

Du Big Bang originel de ses quinze ans où l'entraîne "une idée, ...une détonation. Qui happe sa victime dans les replis de ses déflagrations.

...son explosion intime tient en un mot très simple : graffiti."

"(...) Tagguer.

Sa nouvelle évidence" après le skate au Trocadéro,"son mouvant royaume, son prolongement."



Tout au long de son parcours Lokiss suivra ainsi une suite d'évidences qui s'imposent soudainement à lui. Il n'est pas homme à se laisser enfermer. Il sait aussi prendre le large, disparaître entre deux explosions. Quand les graffitis se normalisent, il expérimentera d'autres domaines quitte à se tromper.

"Il peint des créatures en fusion, explosion, qui tentent de s'échapper des toiles.

Le silence est parfois cette paix gagnée au terme d'un cri, cet instant de suspension, d'apesanteur avant les vastes catastrophes. Le fragile équilibre du chaos.

Avec la peinture, il retrouve le vertige d'autrefois, celui de l'imparfait, de l'urgence, de l'erreur.

L'erreur et l'échec sont deux réalités fort distinctes.

"Il s'agit toujours de basculer vers la zone d'inconfort,d'étrangeté, de danger. Ce moment où l'on chute vers ce que l'on ignore et qui prend vie." p 66



C'est passionnant et étourdissant de suivre ainsi le parcours d'un homme traversé par une "Énergie impossible à contenir dans un projet unique, cavalcade de pensées toujours en mouvement." Merci à l'auteur pour cette découverte d'un artiste qui nous rend notre "intranquillité", un artiste qui nous montre que

"À son plus grandiose, la nature n'a rien de délicat.

Elle chatoie, flamboie, explose.

Elle époustoufle et ne se laisse admirer qu'à celui qui l'a affrontée au plus périlleux de lui-même." p 94



Merci à Babelio et aux Éditions Buchet Chastel qui m'ont offert avec ce livre une brûlante découverte.







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Street Art

Et si nous regardions la ville autrement ?



Grâce à Street art poésie urbaine, Sophie Pujas vous propose une balade inattendue en ville, pleine d'humour, de poésie, de malice et de subversion…

C'est l'occasion de découvrir un florilège des oeuvres de 21 artistes à travers le monde, au détour d'une rue, sur un mur, un panneau ou sur le sol. Emotion, tendresse, messages subversifs, détournements de panneaux publicitaires ou de signalisation, laissez-vous surprendre !



Une fissure sur un mur devient une corde à laquelle est suspendue Speedeman… Oak Oak (Saint Etienne 2012) Couverture.



Une petite grille en bas d'un mur à laquelle il manque un barreau, a dessiné une échelle et une silhouette qui s'enfuit en courant Oak Oak (Lyon 2012)

« Ce sont toujours les lieux qui dictent une idée »



Des affiches qui détournent malicieusement des héroïnes de dessins animés de Walt Dinsey Cendrillon – Fermeture des lieux nocturnes à partir de minuit - Mulan – pour l'indécence du 13ème arrondissement Combo (Paris 2014)

« L'art de la rue tire souvent sa force de la modestie de ses moyens, parfois dictée par la nécessité d'une intervention rapide et efficace. »



Une caisse automatique sur laquelle est dessiné un vieil homme facétieux et grimaçant qui semble tirer la langue lorsque le ticket sort de la machine Mentalgassi (Cologne 2009)



Un alignement de poteaux avec une boule au sommet sur lesquelles sont peints des yeux le cyklop (Paris 2011)



Un panneau de sens interdit dont le trait blanc se transforme en baignoire avec une silhouette de femme dessinée juste au-dessus Jinks Kunst (Nantes 2015)



Un passage clouté qui ressemble à une immense trace de pas Roadworth (Québec 2003)



Un crépi abimé devient le contour d'un poisson Ladamenrouge Saint-Just Saint-Rambert 2013

« le hasard et l'accident sont des facteurs permanents de recherche. »



Un mur couvert de végétation à l'exception d'un petit espace irrégulier sur lequel est dessiné un visage et une main qui semble écarter les feuilles Ernest Zacharevic (Kuala Lumpur 2013)

« Travailler dans l'espace public veut dire pour moi être très conscient de la nature très éphémère de la pièce. »



Et ce ne sont là que quelques coups de coeur…

La mise en page est élégante, les photos sont très réussies, les artistes sont classés de manière thématique (Hackers de la ville, Redessiner l'espace, Jouer avec le minuscule…) et les textes mettent en perspective le travail de ces artistes talentueux.



Un ouvrage magnifique pour découvrir le Street Art.



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Les homards sont immortels

Les grandes vacances, le soleil, l'été, l'insouciance, l'excitation du départ au bord de mer, presque tout le monde a connu un jour cet engouement étant jeune pour la nouveauté, le renouvellement. Iris, 10ans, nous raconte ce nouvel été avec ses parents et son frère Sacha à Ouessant.



Tout était merveilleux comme à chaque été, les balades à vélo, les baignades, les glaces à l'eau... jusqu'au moment où le ciel se couvre sans savoir pourquoi, le vent se lève et une mère qui disparaît du jour au lendemain sans laisser de trace !



Un roman extrêmement court, une heure suffit pour le dévorer. Court, certes, mais pour dévoiler tellement de choses parfois il en faut peu.



Pour dire vrai, les premières pages ne m'ont pas du tout convaincu, impossible de rentrer dans cette histoire que je trouvais plutôt plate, décousue sans aucun rapport parfois entre les paragraphes. Puis, j'ai énormément aimé les notes de bas de pages où l'on apprend beaucoup de choses sur notre environnement entre autres (et surtout pourquoi les homards sont immortels).



Et, le drame est là, une mère qui disparait et une petite fille tellement attachante, un monde qui s'écroule en un claquement de doigts. Une nouvelle vie, un univers à recréer ; les photos intégrées viennent couper le récit comme pour en faire un conte et rentrer dans l'univers d'Iris.



Sophie Pujas livre un récit bouleversant, où les questions se bousculent, où la plume est belle, douce, fluide sans fioritures pour nous montrer que l'absence est un mal qui nous ronge de l'intérieur et comment combler se manque... et avec cette fin inattendue.



Un bon moment de lecture qui nous glisse pendant quelques heures dans le monde d'une petite fille qui aimerait juste le retour de sa maman pour reprendre le reste de sa vie...
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Ce qu’il reste de nuit - Lokiss, un portrait

Dois-je l’avouer ? Je ne connaissais pas Lokiss, alias Vincent Elka avant que Babelio et les éditions Buchet-Chastel me proposent cette sorte de biographie écrite par Sophie Pujas. Il est vrai que je ne suis pas très branché « Street-art » et à part quelques œuvres vraiment très esthétiques ou très médiatisées, comme celles des débuts de J.M. Basquiat ou de Ernest Pignon-Ernest, j’étais plus souvent agressé par des exemples que certains qualifient de salissures.

Le contenu et les intentions de ce type d’art restaient donc pour moi assez flou.

C’était l’occasion pour moi, curieux de nature, d’explorer un peu plus ce monde. Et je ne suis pas déçu car j’ai appris, mieux compris et je suis sûrement un peu moins bête qu’avant cette lecture.



Il s’agit donc de la vie d’un artiste né en 1968, influencé par les mouvements démarrés à New-York, dans le New-York souterrain, un peu clandestin, avec des « exploits de paumés », des « wagons massacrés, tagués, graffités »... Celui-ci va exprimer en France un art nouveau en particulier dans un terrain vague de la porte de la chapelle.

Mais au-delà de ce moyen d’expression, c’est aussi un art de vivre qui va s’inventer et se développer dans cette nouvelle jungle. L’auteur que l’on sent fascinée l’aborde de façon très indulgente, mais passionnée. « La maraude devient leur mythologie, leur code d’honneur ». En effet, les bombes de peinture coûtent cher.

Le travail de Sophie Pujas va nous conduire de cette période un peu sauvage à une évolution vers le travail en atelier de Lokiss ; avec toutes les interrogations que ces évolutions suscitent.



Le style de l’auteur est agréable. Cela semble écrit très simplement et pourtant ce n’est pas toujours aussi facile à lire. Sophie Pujas sait écrire et nous servir de très belles phrases. Parfois le style, à force de vouloir ressembler à ce qu’il décrit devient un peu ampoulé, pédant et hors sujet. On aurait aimé lors du récit un peu plus de références à des œuvres précises.

Heureusement, il y a internet et cela m’a permis, en plus des photos proposées dans le livre, d’illustrer ma lecture et de me faire une idée plus claire.



Ce livre est vraiment une bio vue de l’extérieur. On observe Lokiss, mais on a rarement un sentiment, une phrase, une expression venant de lui.

Que faut-il lire ? Un portrait, la description d’un style, une approche idéologique ou sociologique du moment ? Je crois que chacun peut trouver selon ses questions un peu de tout cela.



En seconde partie, l’auteur propose une excellente réflexion de ce que peut ou pourrait être l’art. Ou plutôt une excellente liste de bonnes questions à se poser à ce sujet.

En 100 pages, ce livre m’aura permis d’approfondir un peu ma connaissance et surtout ma sensibilité à l’art graphique.

Pour cela, merci Sophie Pujas.

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Ce qu’il reste de nuit - Lokiss, un portrait

Il choisit pour pseudo Lokiss et Paris pour terrain de jeu. Où plutôt mur de jeu.



Sophie Pujas est allée à la rencontre de Vincent, graffeur, pour brosser un portrait de son parcours ainsi que de son art.



Beaucoup de phrases courtes et percutantes nous tombent dessus comme des coups de bombes sur un mur. Ca va vite, c'est plein d'idées. Cette urgence que j'ai ressentie à la lecture est parfaitement maîtrisée mais j'aurais aimé que le fond suive. Malgré quelques phrases coups de poing, j'ai trouvé qu'il y en avait pas mal d'autres dont on aurait pu se passer. Qui semblent être là juste pour faire bien comme : "L'humanité rêve sa chute dans les lieux qu'elle a désertés". Trop de redondances qui donnent l'impression de lire la même page sans progresser dans l'histoire.



Impossible de parler de graffitis sans évoquer New York. La terre où cet art a trouvé sa source et qui a fait rêver bon nombre de gamins comme Lokiss qui y sera allé faire son pèlerinage. Aux Etats-Unis, on parle anglais. C'est donc tout naturellement que l'on retrouve pour mon grand malheur des anglicismes dans le texte. Mais ici, j'ai trouvé que les termes : "kings", "kids", "crew" etc ne faisaient pas tache car en cohérence avec l'esprit du livre et donnaient même une force au discours de l'auteur.



Le meilleur passage du livre, celui qui pour moi prête le plus à une réflexion globale sur notre société est : "Il étudie aux Arts Appliqués. Son oeil s'agrandit. Il lui semblera plus tard qu'il y a perdu quelque-chose. Une innocence qu'il faudra réapprendre". En cherchant à conformer tout le monde, l'école dénature voire tue le talent naturel d'une minorité.



Globalement, je n'ai pas apprécié ce livre. La brièveté de cette critique et son côté décousu traduit le mal que j'ai eu à l'avaler. Je n'ai absolument pas été réceptive à l'art et les pensées de Lokiss ni à son côté pseudo rebelle.



Merci à Babelio et aux éditions Buchet-Chastel pour m'avoir donné l'opportunité de découvrir ce livre que je ne regrette néanmoins pas d'avoir lu.
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Ce qu’il reste de nuit - Lokiss, un portrait

« Il repart. Redéploie forces et espoir ». Voilà le geste. Voilà le corps. Voilà le verbe qui l'embrasse à pleine touche. C'est bien plus qu'un regard. C'est une lecture. L’ekphrasis des œuvres de Lokiss.

Et puis c'est aussi une rencontre. Celle de Sophie Pujas avec l'artiste. « L'acte vient avant l’idée, le geste avant la pensée.La main entraîne l'âme, comme un grand amour qui n'a nul besoin de dire son nom ». Subway Art, Styke War, la chapelle boulevard. La nuit nous métamorphose. «  Tout regard assez entêté transfigure son objet.Tout verbe prononcé avec la gravité requise offre la vie à ce qu'il fixe » .

Chimères descellées apostrophant les cieux. « De l'art sauvage comme le sont certaines bêtes libres et heureuses .De l'art comme des coquelicots, impossibles à arracher sans les voir en un souffle s'éteindre ».

Subitement là, des lettres de couleurs , éjaculations vives et forces nées, «  faire crier grâce aux murs ».

Alors on sent le souffle de cette œuvre, le sens de sa gravité, comme une gifle, en un seul jet.

«  L'humanité rêve sa chute dans les lieux qu'elle a désertées ». Poésie. Ut pictura poesis. Les murailles sont des entrailles. «  La puissance du cri doit être à la hauteur de ce qui le menace ».

L' Enfant graffiti écrit sur la gueule de la ville, une signature, une marque à l'encre noire et rouge, une insulte au désespoir. Un besoin, une envie, une nécessité, une recherche, une quête interminable, sans fin, renouvelée, nourrie, à coup de poing de gueule de tête à tour de bras, jamais, jamais, finie.

Réinventer, reformuler, tendre, atteindre, ...rejoindre.

Le geste est une sphère, l'idée est une force, l'esprit devient son arme.

Oeuvre donnée, œuvre reprise, effacée, recommencée, palimpseste bouleversant l'ordre intégrale de nos cités gisantes de l'heure noire.

« L'oeuvre palpite aussi du passé qu'elle dissimule »…

Devant moi soudain les agates paradoxales de Caillois… paroles minérales. Les murs sont des parois..

Un livre magnifique. Une rencontre. Un vrai et grand plaisir que cet ouvrage !. Lorsque qu'un verbe embrase avec une telle force la vérité du œuvre, cela vous ouvre le regard, vous élargit l'âme et vous marque le coeur.

( Du 17 mars au 16 avril 2016, la galerie Celal 45 rue Saint Honoré -Paris, présente l'exposition personnelle de Lokiss, « Topologies ». )





Merci aux Editions Buchet Chastel et à Babelio, pour cette opération masse critique mars 2016.



Astrid Shriqui Garain

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Street Art bestiaire urbain

Ce fut une magnifique surprise à la réception de ce livre, de découvrir un aussi bel ouvrage ! Une couverture superbe qui imite un joli relief de pierre et de béton et leurs aspérités, est en totale adéquation avec le thème de l’ouvrage. La reliure est d’excellente qualité, collée cousue, impeccable. Les photos des œuvres sont très nombreuses, beaucoup en pleine page et le parti pris du mat ne nuit aucunement à la qualité, au contraire. Je n’ai pas pour ma part apprécié le style graphique des doubles pages jaunes et noires qui introduisent les chapitres, c’est affaire de goût, mais il colle bien à l’esprit et reste harmonieux.



L’ensemble est structuré en 7 chapitres qui évoquent les différentes démarches dans lesquelles peuvent s’inscrire les artistes : œuvres détournées qui profitent d’un existant insolite pour trouver prétexte à raconter des histoires ou jouer avec les éléments, œuvres cachées, à rebours d’un certain gigantisme choisi par d’autres, infiltrées, géantes, perchées, ou encore en friche ou vierge, pour faire revivre des sites abandonnés ou jouer avec le plaisir de la découverte…. «Ce ne sont pas tant des sites abandonnés qu’il s’agit de chercher que des lieux vierges. Être le premier à en trouver un, c’est comme une drogue, tu y reviens toujours»



Chacune des parties est accompagnée de portraits d’artistes et d’exemples de leurs œuvres. Il ne s’agit nullement d’un ouvrage purement photographique, la mise en page a du sens tout autant que les textes qui en plus comportent des petites astuces, soulignement genre stabilo par exemple pour un repérage plus facilement des noms des artistes cités, très pratique.



Rendre compte de l’ensemble de l’art de rue est une entreprise titanesque tant il a pris une ampleur colossale dans le monde entier et témoigne d’une diversité créative qui ne saurait avoir de fin. Aussi une approche comme celle-ci qui traite du monde animal est intéressante et aussi astucieuse car, outre qu’elle rend compte de la place de l’animal dans notre imaginaire, elle donne pas mal à réfléchir à ce sujet, comme s’il n’y avait désormais plus assez de vie, et en particulier animale, qu’il faille en réintroduire. Pour ma part, j’ai cru y voir aussi, un cri d’amour pour le monde animal et sa préservation, en tout cas j’aime à le croire.



Ce qui est sûr c’est que si j’avais déjà un goût certain pour cette démarche (mon appareil photo n’est jamais très loin dans ma poche pour enrichir ma petite collection), j’ai beaucoup appris grâce à ce livre, notamment sur ce qui trotte dans la tête de ces artistes-là. Et surtout je m’empresse de mettre dans mon pense-bête les autres ouvrages de Sophie Pujas sur le sujet.



Ce que j’apprécie toujours dans un ouvrage de cette nature, c’est lorsque celui-ci me communique une frénésie de recherches pour en savoir plus, pour aller plus loin, avec celui-ci je peux dire que j’ai été copieusement servie, aussi je remercie tout autant copieusement Babelio et les éditions Tana pour ce joli et utile cadeau, regrettant de manquer du talent nécessaire pour leur rendre la gentillesse avec un avis un peu moins banal.



Un cadeau à s'offrir ou à offrir les yeux fermés.

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Les homards sont immortels

Iris nous raconte comment pendant un été de son enfance tout à basculer. Alors que les vacances d'été se passent sans encombres, sa mère disparaît sans laisser de traces, ni pourquoi. Pour la petite fille cela laissera une trace indélébile tout au long de sa vie. Comment a t-elle réussi à continuer à vivre malgré l'absence ?



Un court roman où le lecteur suit à travers le regard d'Iris l'impact que cette disparition aura sur elle, mais aussi sur son père, son grand-frère ou les amis de la famille.
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Les homards sont immortels

SI PUISSANT ET PERCUTANT 💕



Iris, 10 ans, nous raconte ce fameux été où tout a basculé. Ils étaient en vacances à Ouessant, avec son grand frère Sacha et leurs parents. Tout était parfait... jusqu'à que sa mère disparaisse un matin.



"Combien de temps fallait-il pour qu'un souvenir vous oublie enfin? Combien de secondes étirées en années pour qu'un fantôme se tienne sage, et vous regarde enfin avec douceur?"



Avec une plume délicieuse, Sophie Pujas nous raconte l'absence. Cette maman portée disparue, cette maison qui crie de solitude. "Comme dans une partie de cache-cache qui se prolonge un peu trop".



Parce qu'à tout jamais il y aura un avant et un après. L'insouciance d'Iris, cet enfant terriblement attachante, qui m'a tant touchée, s'en est allée ce fameux été... Comment continuer à vivre quand il manque quelqu'un, quand sa vie devient un terrifiant silence? "Rien n'était vrai si Maman n'était plus nulle part."



Un roman très court mais qui -entre les lignes- en dit beaucoup beaucoup... La fin est inattendue et percutante. Mais pour comprendre à quel point, il vous faut lire cette pépite ! 💫



J'ai tout aimé, l'histoire, sa construction et la morale qu'elle renferme.

Les notes de bas de pages sont d'ailleurs un régal, un vrai prolongement du roman. Vous y apprendrez (entre autres) que les méduses peuvent vivre à reculons, que les pattes de salamandre peuvent repousser, que le tadrigrade peut se suicider, puis ressusciter dès que les conditions redeviennent favorables.

Et que les homards sont immortels. Évidemment.

(Promis, pour de vrai !)



Vraiment, j'ai frôlé le coup de coeur et j'aurais bien signé pour quelques pages supplémentaires ! Merci @flammarionlivres pour cette merveille ! ❤



J'espère vous avoir donné envie de le découvrir à votre tour? 😇
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Z. M.

Ce portrait est un délicat ouvrage de marqueterie. Par petites touches successives qui s'additionnent, se complètent se suivent et s'enrichissent, on suit le fil de la vie hors du commun du peintre Zoran Music ; depuis son enfance slovène, sa déportation à Dachau, ses rêveries à Venise jusqu'à son atelier parisien. Ce texte est un régal de douceur qui cache l’âpreté de la vie sous l'humilité et la modestie ; tout comme son modèle.
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Les homards sont immortels

Une petite fille, une maman disparue, ses interrogations, ses visions de petite fille. Un bon moment de lecture, même si je suis un peu resté "à côté", j'ai eu du mal à rentrer dans sa vie.
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Dédé le dodo

Merci à Babelio et aux Editions Alice pour la découverte de cet album jeunesse joli comme tout.

Judith doit déménager et ce n'est pas facile de se faire de nouveaux amis... Puis, elle rencontre un dodo. Oui, l'animal disparu de la surface de la terre. Les adultes croient tout savoir mais oui l'oiseau en face de Judith est bien un dodo. Elle le surnomme Asphodèle car c'est un joli mot qui ne veut rien dire ! Mais, très vite il se fait appeler Dédé, c'est plus rapide ! Et voilà une nouvelle vie qui commence et Judith retrouve le sourire...

Une très belle histoire sur les amis imaginaires, l'amitié, le déménagement, les relations parents-enfants.

Le vocabulaire tout en restant accessible offre une découverte de nouveaux mots.

J'aime beaucoup l'illustration de cet album toute en douceur. Graphisme et couleurs, tout est harmonieux.

J'aurai aimé que le texte soit écrit avec une police légèrement plus grande. C'est le seul défaut que je trouve à cet album. Un joli coup de coeur.
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Ce qu’il reste de nuit - Lokiss, un portrait

Tags assénés sur les murs délabrés des villes, le long des voies ferrées. Couleurs crachées, gestes de colère, cris. Art ?

Le graffiti faisait débat dans les années de mon adolescence, les mêmes qu'arpentait le jeune Lokiss. Il vivra cette période de sa vie comme un combat : c'est à celui qui saura prendre d'assaut les murs les plus en vue. On graffe, effacé par les agents municipaux ou recouvert par un concurrent. Il faut s'imposer, conquérir la rue, l'espace visuel. Mais aussi surprendre par son style, ne pas se contenter d'imiter. Lokiss a sa griffe. Il évolue au fil des rencontres, à mesure que passent les années aussi. Car le graffiti est loin de n'être qu'un jeu de virtuosité pour lui. C'est un regard, une sensibilité, une certaine perception de l'art qu'il nourrit d'influences aux horizons multiples : la peinture (même Le Caravage, eh oui!) et la musique. Tantôt boulimique de surfaces à enduire à la bombe, tantôt dans l'ascèse et l'isolement en plein coeur des Cévennes. Insatiable et exigeant, Lokiss n'a cessé d'affiner son trait et d'élever le graffiti au rang de ce que nous appelons aujourd'hui le STREET ART.

Un ouvrage d'autant plus plaisant que le style de Sophie Pujas m'a immédiatement accrochée! Incisive à l'instar du geste du graffeur, son écriture donne à voir un art nerveux, dynamique, sur la brèche. Quelques photographies complètent ce récit. Après avoir consulté d'autres productions de Lokiss sur le net, je trouve toutefois ces photos assez décevantes dans leur rendu et dans leur choix. Il reste que la journaliste parle sur un ton juste d'un art qui semble la passionner et qui sait très bien traduire l'univers artistique dans lequel elle nous entraîne.

Une nouvelle fois merci à Masse Critique et Babelio pour cette découverte.
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Les homards sont immortels

C'est l'été et pour Iris et Sacha, les vacances à Ouessant ne sont que du bonheur : ils profitent du soleil, de la plage, des promenades sur l'île. C'est le temps de l'insouciance et des des grands éclats de rire, jusqu'à ce que leur mère disparaisse brutalement... D'une seconde à l'autre, un matin, elle n'est plus là...



"Mais hier serait bientôt infiniment loin, pour eux qui s'apprêtaient à entrer dans le pas éternellement étranger du chagrin"



Avec une plume magnifique, l'auteur nous fait entrer dans le monde d'Iris, petite fille au chagrin immense et aux souvenirs se bousculant dans son cœur.

Comment continuer sans elle?

Comment se sentir comme les autres lorsque tout s'écroule?

Comment grandir et se construire?

Comment s'en sortir avec cette nouvelle vie "sans"?

Sans elle et sans réponse...

Désormais, pour Iris, il y aura un avant et un après, et rien ne sera plus pareil...



"Iris ignorait alors que l'enfance est interminable et brève, et qu'elle en avait été expulsée."



Ce roman est magnifique et d'une intensité incroyable! La plume de l'auteur, belle et poétique, nous emmène dans les pensées, les souvenirs d'Iris, petite fille dont le cœur pleure le vide que sa maman laisse derrière elle.

J'ai eu plusieurs fois la gorge nouée devant tant de sensibilité, de chagrin, de mélancolie.

C'est doux et violent à la fois. Les mots sont des caresses qui illustrent avec brio la difficulté de faire face à l'absence, la reconstruction à trois alors qu'on existait à quatre, le regard des autres qui change et qui modifie les relations.



C'est un roman court, un peu plus de 100 pages, mais d'une force incroyable.

La construction est savoureuse, on découvre des photos, des histoires et des notes de bas de page grâce auxquelles on apprend pourquoi les homards sont immortels.



"Le chagrin est un parasite. Il se nourrit de son hôte, et le pousse à des comportements qui le détruisent. Il l'assèche et le métamorphose.

Le chagrin n'a pas de projet à long terme. Peu lui importe de détruire le terrain sur lequel il prospère - vous."



C'est un réel coup de coeur!
Lien : https://www.instagram.com/p/..
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Ce qu’il reste de nuit - Lokiss, un portrait

Depuis que je suis inscrit sur Babelio et que je participe aux divers opérations « Masse critique », cela ouvre mon horizon de lecteur et me permet de découvrir des univers peu fréquentés.

C'est le cas avec ce livre. Je connais un tout petit peu le street art, mais pas du tout Lokiss. Ce livre jette des flashs sur trente années de la démarche artistique de Lokiss. Une écriture vive et rapide, des courtes phrases, de petits paragraphes, comme pour coller au processus de la création artistique qui avance en tâtonnant avec des essais, des recherches, des erreurs et toujours l'envie de repartir, malgré tout, ou aussi à cause de tout cela.

Par petites touches, nous nous approchons de l'artiste, de ses influences et de l'évolution de son oeuvre. Par contre, nous ne rencontrons jamais vraiment la personne qui se cache derrière lui. De même, je regrette qu'il n'y ait que quelques photos des oeuvres de Lokiss. J'aurais vraiment aimé en découvrir davantage.

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Les homards sont immortels

Ce joli roman, tendre et attendrissant, doté d'une écriture brillante, nous emporte au plus près des incertitudes d'Iris.

Comment expliquer l'inexplicable ? Comment continuer à se construire dans le manque et l'absence ?

Le texte est magnifique, l'histoire touchante, le personnage d'Iris attachant et émouvant.

C'est un récit à la fois d'une grande simplicité mais aussi d'une forte intensité !

La fin est inattendue et apporte beaucoup d'émotion.

Je recommande à tous les amateurs de belles plumes dont les Editions Flammarion ont le secret !
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