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Citations de Stefan Zweig (6038)


Vous qui traversez le monde en promeneur, savez-vous ce que c’est que de voir mourir quelqu’un ? Y avez-vous déjà assisté ? Avez-vous vu comment le corps se recroqueville, comment les ongles bleuis griffent le vide, comment chaque membre se contracte, chaque doigt se raidit contre l’effroyable issue, comment un râle sort du gosier… avez-vous vu dans les yeux exorbités cette épouvante qu’aucun mot ne peut rendre ? Avez-vous déjà vu cela, vous l’oisif, le globe-trotter, vous qui parlez de l’assistance comme d’un devoir ? J’ai vu la mort souvent, en médecin, je l’ai vue comme… comme un cas clinique, un fait… Je l’ai pour ainsi dire étudiée ; mais je ne l’ai vécue qu’une seule fois, je n’en ai ressenti, partagé les affres qu’alors, durant cette nuit affreuse… durant cette horrible nuit où je me torturais le cerveau sur mon siège pour découvrir, trouver, inventer quelque chose pouvant arrêter le sang qui coulait, coulait et coulait, contre la fièvre qui la consumait sous mes yeux, contre la mort qui s’approchait de plus en plus et qu’il m’était impossible d’écarter du lit. Comprenez-vous ce que c’est que d’être médecin : tout savoir de toutes les maladies – avoir le devoir d’aider, comme vous le dites si bien – et pourtant être impuissant au chevet d’une mourante, sachant et ne pouvant rien… sachant une seule chose, cette chose terrible que vous ne pouvez apporter aucune aide, même s’il vous était possible de vous arracher toutes les veines du corps… Voir s’échapper d’un corps aimé tout son pauvre sang, le voir martyrisé par la souffrance, sentir un pouls précipité et qui, en même temps, s’éteint… vous fuit sous les doigts… Être médecin et ne rien trouver, rien, rien, rien… Être assis là, et balbutier une prière quelconque comme une vieille bigote à l’église, puis serrer les poings à nouveau contre un dieu misérable, dont on sait bien qu’il n’existe pas… Comprenez-vous cela ? Le comprenez-vous ?… Moi, il y a une chose seulement que je ne comprends pas : comment-comment il se fait qu’on ne meure pas soi-même en de pareils instants…
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Mais elle relisait sans cesse ces lignes, croyant y percevoir un puissant, un fort sentiment qui n’était en fait que l’écho du sien.
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Peu à peu, il devint impossible d’échanger avec quiconque une parole raisonnable. Les plus pacifiques, les plus débonnaires étaient enivrés par les vapeurs de sang. Des amis que j’avais toujours connus comme des individualistes déterminés s’étaient transformés du jour au lendemain en patriotes fanatiques. Toutes les conversations se terminaient par de grossières accusations. Il ne restait dès lors qu’une chose à faire : se replier sur soi-même et se taire aussi longtemps que durerait la fièvre.
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Pourquoi n’avais-je jamais su auparavant combien il est facile, et quel bonheur cela procure, de créer de la joie ?
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 Il semblait avoir compris la nature des hommes et que ceux-ci avaient besoin les uns des autres, même quand ils paraissaient être séparés par l’inimitié ; il avait compris la douceur d’être aimé d’eux 
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Oui, c'est ainsi qu'on devait être, honnête, candide, et préférer se laisser rouler que rouler les autres. P190
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Dès leur première rencontre, il l'avait aimée, mais ce sentiment qui le submergeait jusque dans ses rêves, avait beau être une passion absolue, il lui manquait néanmoins l'évènement décisif viendrait l'ébranler, c'est à dire la pleine prise de conscience que ce qu'il recouvrait, se dupant lui-même, du nom d'admiration, de respect et d'attachement, était déjà pleinement de l'amour, un amour fanatique, une passion effrénée, absolue.
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Elle fut, cette courte minute, la plus heureuse mon enfance. Je voulais te la raconter afin que tu commences enfin, toi qui ne me connais pas, à entrevoir de quelle manière toute une vie s’est accrochée à toi, épuisée en toi.
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Tu ne m’as pas reconnue, ni jadis, ni jamais, jamais tu ne m’a reconnue. Comment te décrire, mon Amour, la désillusion née de cette seconde - de cette première fois où je subissais ce destin de n’être jamais reconnue par toi, qui a été le mien toute ma vie et avec lequel je meurs : ne pas être reconnue par toi, ne jamais cesser de ne pas être reconnue par toi. Comment te décrire cette désillusion !
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A présent, elle est là seule dans sa chambre mal éclairée. Il y règne un tel silence qu’elle perçoit ses pensées les plus secrètes et les soupirs de sa conscience foulée aux pieds. – p.209
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Mais la raison et la politique suivent rarement le même chemin et ce sont peut-être ces occasions manquées qui donnent à l’histoire son caractère dramatique. – p.56
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C’est seulement quand un être met en jeu toutes ses forces qu’il est vraiment vivant pour lui, pour les autres, toujours il faut qu’un feu intérieur embrase et dévore son âme pour que s’extériorise sa personnalité. – p.15
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La technique du national-socialisme a toujours été de donner à ses instincts de puissance exclusivement égoïstes un fondement idéologique et pseudo-moral, et cette notion d'"espace vital" fournissait à sa volonté d'agression toute nue un petit manteau philosophique, un slogan qui paraissait inoffensif par le vague de sa définition et qui, en cas de succès, pouvait légitimer toute annexion, même la plus arbitraire, en la représentant comme une nécessité éthique et ethnologique.
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Car l'amour ou même seulement l'idée, par jeu, d'aimer quelqu'un d'autre que toi m'était inconcevable et complètement étrangère
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Les nuages

Embrasé d'or par l'éclat de midi,
je suis couché dans l'herbe. Délicieusement las.

Un silence grésille. Le souffle chaud,
la vie repose. Là-haut seulement, dans un déluge bleu,

les nuages s'en vont, ultime mouvement
de ce monde étouffant qui s'est couché pour dormir.

Les nuages s'en vont... Je vois les formes douces
muettes, voyager sur leurs ailes légères comme des rêves.

Ils sont si blancs, se riant tellement de toute pesanteur,
que le désir m'étreint de ce bonheur discret.

Toi, le premier, rêveur et tendre comme une fille,
c'est à toi que j'offre ma nostalgie du voyage,

et toi, le deuxième dont les bras agiles et clairs
se fraient un chemin parmi les vagues bleues,

emporte mes souvenirs ! Au monde ils enchaînent
mon cœur. Ô cygne blanc, sauvage, toi aussi

tu regardes le monde, pourtant tes ailes
ne sentent pas les choses qu'elles frôlent en vol.

Et toi, lumineux comme un diamant,
prends mes rêves encore mouillés de larmes !

Mais toi, ô sombre voyageur sans but,
malgré toi jouet des vents amoureux,

toi, prends ma souffrance contre ton sein
et berce-la encore ! Au loin déjà les rives du soir

font signe, drapées de soie bleu nuit. –
Vous nuages, blanche, mouvante parure,

comme vous allez vite ! De la caresse tiède de ses mains
le vent vous emporte. Et mon cœur s'allège.

Ce qui était encore inquiétude dans mon sang,
s'envole au vent comme une chevelure défaite.

Quel était mon désir ? Je vois les nuages flotter,
leur sourire paisible se pencher sur moi.

Je ne veux plus rien... Mon dernier désir s'est évanoui.
Plus rien ne me retient... Je voyage en rêve avec eux.


- -

Die Wolken

Vom Glanz des Mittags golden angeglüht
Lieg' ich im Gras. Ich bin so wohlig müd.

Ein Schweigen flimmert. Warmen Atems ruht
Das Leben aus. Nur hoch in blauer Flut

Gehn Wolken hin, das einzig noch Bewegte
Der schwülen Welt, die sich zum Schlafe legte.

Gehn Wolken hin... Ich seh die linden leisen
Gestalten leichtbeschwingt wie Träume reisen.

So weiß sind sie, so lächelnd aller Schwere,
Daß ich zutiefst so leises Glück begehre.

Du erste, träumerisch und mädchenzart,
Dir geb ich meine Sehnsucht auf die Fahrt,

Und dir, du zweite, mit den hellen schnellen
Armen dich stoßend durch die blauen Wellen,

Nimm die Erinnerung! Die kettet an
Die Welt mein Herz. Du weißer wilder Schwan

Schaust auch die Welt, doch deine Schwingen spüren
Die Dinge nicht, die sie im Flug berühren.

Und du mit dem demantenen Geleucht,
Nimm diese Träume, noch von Tränen feucht!

Du Dunkle aber, wandernd ohne Ziel,
Verliebten Winds unwilliges Gespiel,

Du nimm mein Leid an deine vollen Brüste
Und wieg' es weiter! Ferne winkt die Küste

Des Abends schon wie dunkelblaue Seide. –
Ihr Wolken, weißes wehendes Geschmeide,

Wie rasch ihr geht! Mit lauen Händen streicht
Der Wind euch weiter. Und mein Herz wird leicht.

Was Unrast noch in meinem Blute war,
Weht weit im Wind wie loses Frauenhaar.

Was sehnte ich? Ich seh die Wolken wehn,
Ihr Lächeln friedsam auf mich niedersehn.

Nichts will ich mehr... Der letzte Wunsch entglitt.
Nichts hält mich mehr... Ich reise träumend mit.


Traduit de l'allemand par Marie-Thérèse Kieffer | pp. 72-7
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"je voulais juste te parler d'un jeune garçon qui à l'improviste, rencontre l'amour, l'amour donné et l'amour reçu."
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" Vous avez le don de comprendre par l’amour. Vous êtes un de ces généreux esprits européens dont notre époque a besoin et dont j’attendais la venue depuis vingt ans. "

Lettre de Romain Rolland à Zweig du 4 mai 1915
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Car même celui qui n'agit pas commet une action qui le rend responsable sur terre.
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Stefan Zweig
Vieillir, vous savez, c'est simplement ne plus avoir peur de son passé.
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Mais rien, rien au monde ne pouvait traduire de façon aussi bouleversante le désespoir, l'absolu renoncement, l'état de mort en pleine vie, que l'immobilité de cet être qui restait là assis sous une pluie battante, sans rien sentir, sans force pour se lever et faire les quelques pas qui le séparaient du toit protecteur- cette indifférence parfaite à sa propre existence.
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