Citations de Stéphane Hoffmann (188)
- Il s'en passe des choses dans le monde , monsieur Bailly, ça bouge ! D'ailleurs, j'ai une idée pour le journal...Vous voulez que je vous dise ? Ils devraient faire une rubrique intitulée : "Ça bouge ! "
- Bonne idée. Et, sur la page d'en face, on aurait les avis d'obsèques qu'on pourrait appeler : " Là, ça bouge plus ! "
Depuis, elle me regarde bizarrement, mais je m'en fous, je suis heureux.
Un poète cherche un éditeur. Un éditeur cherche des libraires. Des libraires cherchent des lecteurs. Et les lecteurs, ne sachant jamais quoi lire, se rabattent sur ces prix littéraires créés pour faire acheter des livres à des gens qui n'aiment pas les livres, ce qui est très fort.
Enfin, très fort...En moi l'homme d'affaires applaudit, mais le lecteur s'en fout. Je sais depuis longtemps qu'il faut choisir ses livres comme ses fromages : au pif. On ouvre, on met le nez dedans : si ça sent, on prend ; si si ça ne sent pas, on repose. Ça sent mauvais ? Ça sent bon ? Mieux vaut un livre qui pue qu'un livre sans odeur.
Pour nous, le mariage a toujours ressemblé à un tour d’autos tamponneuses : c’est inconfortable, on prend des coups, on en donne, on tourne en rond, on ne va nulle part mais, au moins, on n’est pas seul
- Ce que vous ne voulez pas nommer, Louise, je vais vous le dire, moi qui suis un lourdaud. Ce qui est en train de naître entre nous, ne riez pas, ne criez pas, c'est de l'amour. De l'amour, parfaitement. Je me demande d'ailleurs si cela n'est pas inapproprié, sexiste et tout le tintouin. L'amour n'est-il pas vu comme une agression, de nos jours ? Sous sa forme la plus visible - le désir - il l'est, en tout cas. N'en faisons pas toute une histoire. Mais sachons au moins que l'amour est une anomalie. Une maladie. Une fièvre. Débarrassons-nous-en, si vous voulez. Ensuite, vous serez tranquille. Comment se défait-on d'une fièvre ? En restant au lit. Alors, Louise, restez au lit avec moi, voulez-vous ?
Je sais depuis longtemps qu'il faut choisir ses livres comme ses fromages: au pif. On ouvre, on met le nez dedans: si ça sent, on prend; si ça ne sent pas, on repose. Ça sent mauvais ? Ça sent bon ? Mieux vaut un livre qui pue qu'un livre sans odeur. Un livre doit avoir un arôme, du nez, des parfums, du fumet. Comme un fromage. Comme un vin, une viande, du foin coupé ou du réséda, si vous préférez: un livre doit d'abord sentir. Puis, faire ressentir.
Comme le bonheur, nos morts sont parfois en nous, jamais ailleurs.
Un couple d'humains doit avancer comme un couple de boeufs. Sous le même joug, d'un même pas. Ou comme les chevaux d'un attelage, du même trot. Le plus rapide doit régler son allure sur le plus lent, le plus léger sur le plus lourd, le plus intelligent sur le plus bête, le plus brillant sur le plus terne. C'est cela un couple: une honnête moyenne, une médiocrité qui ternit le plus brillant sans faire briller le plus terne.
... je n'ai pour seule envie que me retirer et ne plus rien faire d'utile au monde, sinon le regarder et en rire.
- Donc, rien. Tu feras une carrière, tu emmerderas beaucoup de monde et tu te pavaneras à al télévision, mais sans moi. Tu vas entrer dans une des ces machines à fabriquer des cons que sont devenus les partis politiques, mais sans moi. Moi, je reste au bar et je ricane. L'élite française est une caste à part Isabelle. Un frein. c'est à cause d'elle qu'on n'y arrive pas : elle bloque tout et ne pourras rien changer. Quels que soient les sexes, les régimes politiques, les partis et les circonstances, les dirigeants français ont toujours été .... restent et resteront des gandins élégants et méprisants ne comprenant rien au pays qu'ils prétendent conduire.
Je pense exactement le contraire, Natalie. Je pense que le mariage est la seule manière de prolonger l'amour. L'amour c'est de l'alcool: léger, volatil et fugace. Le mariage c'est de l'eau: il est profond, lourd et lent comme elle.
Bien que bordelais, Jean-Charles Lawton ne répugne pas aux concours de prouts. À cinquante ans bientôt, c'est même encore l'idée qu'il se fait de bons moments entre amis.
Aussi, lorsqu'on lui transmit une invitation pour le quarantième anniversaire de notre mariage : régate, suivie d'une soirée habillée, il crut d'abord avoir mal
compris
Je n'ai rien contre les enfants, bien sûr. Ni pour. A vrai dire, je m'en fous.
Simplement, je n'aime pas la vie qu'ils font mener à leurs parents.
Avoir des enfants empêche toute singularité. Ce n'est pas le mariage qui fait
rentrer dans le rang, c'est les enfants. Dès que vous avez des enfants, la
société vous retombe dessus.
Votre enfant, c'est votre geôlier.
Elle commença par avoir cet air mi-triomphant, mi-éberlué de qui vient d'accomplir un exploit : nageur sortant d'une traversée de l'Atlantique, sauter à l'élastique ou quiconque a réussi à écouter jusqu'au bout une chanson de Zazie.
— C'est la noblesse des amants que de distraire les femmes, ce qui conduit les maris à s'occuper de choses un peu plus sérieuses.
A quoi servent nos amours si elles ne sont singulières ?
Mieux vaut un livre qui pue qu'un livre sans odeur. Un livre doit avoir un arôme, du nez, des parfums, du fumet. Comme un fromage. Comme un vin, une viande, du foin coupé ou du réséda, si vous préférez un livre doit d'abord sentir. Puis faire ressentir.
A vrai dire, je n'ai jamais aimé le rock. Cette musique m'emmerde. Je n'ai jamais cru au Père Noël,
mais longtemps que Jimi Hendrix était une marque de machine à laver. Ce qu'il est, d'une certaine
manière : le rock, musique ménagère. "Musique de sauvages", disent les braves gens. Tout le contraire :
musique polie, policée, voire policière. Rengaines à faire tourner en rond moutons, jésuites et belles-mères,
pour mieux les tondre, "et merci pour le fric!" Dira Lennon.
Les Beatles. A-t-on jamais écrit chansons plus cuculs, plus mièvres, plus gnangnan, plus désuètes, plus guimauves ?
Révolutionnaires, eux ? Et en quoi je vous prie ? De la bouillie pour vieux jeunes gens.
Ils s'étourdissent de rock, illusion de liberté…Le rock est une musique calmante,une popote bourgeoise, une tisane
hypnotique pour gamins qui ne savent pas qu'il faut grandir.
Louise est née d'une de ces familles où, depuis des générations, cette façon de voir est un credo. Qu'elle n'y soit pas heureuse est sans importance: le bonheur n’a jamais été prévu. Il est même mauvais genre. Là où vit Louise, il faut être élégant, prospère et puissant, mais il est superflu d’être heureux. On tient à distance l'amour, ses désordres comme ses éblouissements. On peut coucher à discrétion, on ne doit pas se laisser aller à aimer.
Voilà pourquoi Louise ne peut nommer ce qui lui fait, en cachette de tout le monde, rechercher la compagnie de Guillaume du Guénic.
Et pourquoi devrait-elle mettre des mots sur les sentiments légers, instables et puissants que provoque en elle la seule évocation de Guillaume? Elle soupçonne que, né de la présence du jeune homme, cet élan survivrait à un départ qu'elle s'est mise à redouter. p. 66-67
La littérature, c'est la vie dont on a éliminé temps morts et lenteur; en principe. Voilà pourquoi les moments où on a lu restent en nous intensément.
Pour ma fortune et mon malheur, j'ai eu l'intelligence à la mode de ces années-là. Une agilité permettant de se glisser au-dessus des autres et d'y rester.
À vingt-cinq ans, je suis énarque et je suis polytechnicien. Ce qui ne m'empêche pas d'être un con.