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Critiques de Stéphane Servant (1180)
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Sirius

Le monde n’est plus, les animaux n’existent plus, les humains sont rares. Tout y est apocalyptique et les chances sont minces de repeupler cette Terre comme avant. Survivre, c’est l’objectif de Kid et Avril. Le seul moyen est d’atteindre la Montagne.



Kid est un enfant dont le langage n’est pas parfait, son âge n’est pas précisé mais je suppose qu’il a entre 4 et 6 ans. Capable de faire des phrases avec un aspect très enfantin. Ce personnage m’a dérangé car je trouve qu’il n’est pas agréable de lire des dialogues avec des fautes (volontaires) afin de donner crédibilité à l’enfant qu’il est. Il pose beaucoup de questions et se répète énormément. Il est très proche des animaux. C’est un personnage que j’ai trouvé immature, ce qui est normal pour sa tranche d’âge mais aux actions et mimétismes d’adulte. Je me suis retrouvée face à ce que j’appelle un « mini-adulte », le fait qu’un enfant fasse comme les grands. Je ne sais pas si cela était intentionnel de la part de l’auteur mais il pourrait s’agir ici d’une dénonciation de l’enfant d’aujourd’hui. J’ai détesté ce personnage, il m’agaçait au plus haut point par sa façon de parler et ses agissements. Avril, sa « sœur » n’a pas atteint mon cœur non plus. Je n’ai pas été capable de comprendre ce qu’il se passait dans sa tête, elle me semblait perdue, tantôt gentille tantôt son côté sombre ressortait. Son rapport aux animaux étant parfois particulier, je n’ai pu éprouver que de la haine envers elle.



Lorsque j’ai débuté ce roman, j’avais hâte en sachant, par un pressentiment, que cette lecture serait un triomphe ou un échec, qu’il n’y aurait pas de juste milieu. Dès les premières lignes, une sensation de lenteur s’est installée. La suite ne m’a guère convaincu car j’ai retrouvé ces longueurs durant tout le roman, soit plus de 400 pages. Il serait injuste de dire qu’il ne se passe rien et qu’il n’y a pas d’action car il y en a. Malheureusement, les péripéties étaient répétitives, et les autres, trop rares. Le voyage de Kid et Avril m’a semblé interminable.



La particularité de Stéphane Servant est de donner une grande place aux animaux dans ses romans. Après analyse, j’en ai retenu deux messages. Je ne sais pas si là était l’intention de l’auteur, mais j’y ai vu le rapport entre animaux et humains. En effet, à certains moments de l’histoire, j’ai remarqué que l’animal était considéré comme un vulgaire bout de viande, qu’il avait une certaine place d’objet et que cela montrait la supériorité de l’humain comme dans notre monde actuel. Certains autres passages montraient une bienveillance entre les animaux et les humains, qu’une amitié était possible et qu’il n’y avait ni supériorité ni infériorité des espèces, que toutes races animales ou humaines étaient égales. Voici ce qui est ressorti de mon esprit après analyse et j’aime les messages de réalité que j’y ai compris.



Cette lecture est une déception, je n’ai pas aimé les personnages ni l’histoire en elle-même qui se répétait sans cesse. J’ai trouvé intéressant tout de même cette vision du bien et du mal dans du post-apocalyptique et les réactions observables qui montraient l’influence du désespoir sur les protagonistes. J’ai aimé l’entraide animaux/humains. Malheureusement, je n’ai rien apprécié de plus.
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Cinq minutes et des sablés

Cinq minutes pour attendre Madame la Mort…. Cinq minutes de plus d’un ennui mortel pour la petite vieille. Alors évidemment quand elle se présente la Petit Vieille l’accueille avec cérémonial. Thé et sablés qui attirent d’abord le chat puis peu à peu une foule de voisins, amis, et aussi sa famille qui l’avait oubliée…. Et voilà que c’est la fête dans la maison. Et Madame la Mort passera peut-être à autre chose… « Cinq minutes de plus ou de moins quelle importance? »



C’est un album joyeux bien évidemment, joyeux comme la musique et comme la danse. Joyeux comme l’odeur des sablés qui cuisent… Est-ce la petite vieille qui a changé, permettant aux autres de l’apprécier. Est-ce que cet ennui venait de l’indifférence de tous ? Les enfants ne se poseront sans doute pas la question. Le message passe plus pour les adultes. Un album poil à gratter, un peu inquiétant tout de même ou dérangeant…
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Le gros goûter

Tranquillement, Nana la tortue se rend au bord du petit lac pour un gros goûter. Chemin faisant, elle croise le lapin, le renard, le sanglier et l'ours.

Ils sont pressés d'arriver pour manger leurs mets préférés. Ils n'hésitent pas à se moquer de la lenteur de Nana.

Mais Nana n'est pas inquiète : elle sait qu'elle aura quelque chose à manger.

A vous de deviner ce dont il s'agit ! Comme le dit la fable, rien ne sert de courir...

Un album construit sur un schéma récurrent : la répétition et l'ajout.

L'enfant rentre rapidement dans sa narration dynamique. Un livre imprimé sur papier composé de fibres recyclables. Des illustrations dignes d'un tapis de jeu : tout n'est que tissu, broderie et peinture appliquée.

Un livre à lire et relire.
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Ma mère

Un album paralysant de beauté, tant au niveau du texte que des illustrations qui sont proprement époustouflantes !

Cet album nous parle de la relation d'une mère et de sa fille d'une façon si poétique et touchante qu'on en reste sans voix.

J'ai même vu une de mes amies pleurer à la lecture (par l'auteur) de cet album dans une librairie.

A lire de toute urgence !
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La langue des bêtes

Il y a du rêve, de l’étrangeté, du fantastique dans ce roman qui nous transporte. En même temps, avec un titre et une couverture pareille, on ne pouvait s’attendre qu’à du mystère et de la bizarrerie. Cet univers de cirque oublié, de gloire passée et perdue, est le terreau parfait pour nous faire découvrir la Petite, cette enfant étrange élevée dans un certain isolement, avec la forêt et les carcasses d’animaux morts pour seuls compagnons de jeux. Et les histoires. Oui, les histoires qu’on lui raconte depuis toujours, et notamment celle du lieu où ils vivent, terrain d’une ancienne malédiction, de bébés jetés au fond de la mine, d’une Bête qui se repaissait de la peine des hommes, et des animaux qui perdirent l’usage de la parole. Toutes ces histoires qui vont mener la Petite à son destin et à celui du cirque…

Si la langue des bêtes est un mystère pour les hommes, celle de Stéphane Servant nous ravit et nous émerveille. J’ai beaucoup aimé son écriture, son intérêt pour la langue et les mots qui transparaît également dans son histoire. Il y a de la poésie, de la fureur, du mensonge, de la beauté, de l’horreur et la vérité…on ne ressort certainement pas indemne d’un roman de Stéphane Servant. Pourtant, j’ai trouvé La langue des bêtes un peu long, parfois répétitif en essayant de nous cacher les révélations jusqu’à la dernière page. Mais cela reste une expérience de lecture comme je les aime, un roman qui nous emporte loin dans l’imaginaire…
Lien : http://bobetjeanmichel.com/2..
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Le Coeur des louves

Encore un excellent conseil de ma libraire !

Le cœur des louves de Stéphane Servant est une histoire de femmes. De femmes confrontées à la cruauté des hommes, au poids des atrocités qu'ils leur ont fait subir. Un poids qui se transmet de génération et qui les mènent à la folie.

Dans un coin de montagne où la vie ne fait aucun cadeau, une petite-fille marche dans les pas de sa grand-mère et de sa mère. Aventure dangereuse s'il en est dont on craint qu'elle ne sorte pas vivante ou du moins pas mentalement indemne.



Un roman d'une force inouie, à l'écriture éblouissante. Un roman qui révolte. Mais aussi un roman qui rend hommage au plus bel amour qui existe : l'amour maternel.

Les louves défendent leurs petits, envers et contre tout, quitte à être pourchassées, affamées, torturées...
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Je suis né tigre

Un tigre prend la parole pour raconter comment, né libre dans la nature, il fut capturé et envoyé dans un cirque. Enfermé dans une cage, dépossédé de son identité d'animal pour devenir « le sauvage », il ne peut cependant se plier aux exigences du directeur. Conservant son indépendance d'esprit et cultivant son goût pour la musique, symbole de nature et de liberté, il parvient, avec à la complicité d'un petit clown, à entraîner tous les autres animaux captifs à sa suite. Ensemble, ils laissent loin derrière eux les barreaux, les cages et les pistes de cirque, se dirigeant vers un pays où ils pourront enfin redevenir eux-mêmes.







Le malheur qui s'abat sur ce tigre de cirque saisit le lecteur lorsqu'il tourne la première page du livre, tout illuminée de soleil et de grands espaces et se trouve face au regard de l'animal, plongé dans l'obscurité et l'angoisse. Les situations qui suivent montrent combien est ridicule cette idée d'attirer un public par l'image caricaturale de l'animal féroce soumis aux caprices et à la vanité de quelques humains. « Je suis né tigre » est un titre fort bien choisit car il fait référence à la nature originelle de l'animal qui disparaît lorsqu'il est enfermé. Qu'en reste-t-il à montrer aux curieux ? Un être capable d'exécuter des numéros invraisemblables, passant sa vie dans les quelques mètres carrés d'une cage lui interdisant tout comportement répondant à ses besoins ? Il y a certes encore des amateurs pour ce genre de prétendu « spectacle », mais savent-ils réellement ce qu'ils cherchent à voir ? Un documentaire de qualité, soigneusement réalisé et mis à leur disposition par des moyens techniques modernes sera sans aucun doute plus fidèle à la promesse de leur montrer un animal « sauvage » qu'une remorque grillagée et quelques tours de piste sous la domination incongrue d'un homme en représentation. Le petit clown de l'histoire, « celui qui prenait toujours toutes les claques » est le personnage hors normes, l'esprit libre et frondeur qui transforme les rêves en réalités et parle au cœur des enfants pour qu'ils ne soient plus les spectateurs, eux aussi captifs, d'une attraction qui ne fait pas honneur à la dignité des arts du cirque.


Lien : http://libr.animo.over-blog...
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Le Coeur des louves

Célia arrive dans le village d'enfance de sa mère, Catherine. Après un voyage d'errance, Célia parvient à la maison de sa grand-mère, Tina, décédée. Catherine doit la rejoindre. Ce retour aux sources, on le comprendra vite, n'est pas par envie, mais par nécessité. Ancienne écrivaine à l'heure de gloire passée, Catherine, étrange beauté un peu éteinte, est harcelée par son éditeur, à qui elle ne parvient pas à rendre son dernier manuscrit, usée par les médicaments et le manque d'inspiration. Là-bas, dans un village aux confins d'une vallée, entouré par les bois et les montagnes, à la population froide et emplie de préjugées, Célia et sa mère pensent partir vers un nouveau départ. Célia ne sait pas qu'elle va se retrouver au milieu de secrets de famille, et que l'histoire ne fait, curieusement, que se répéter, de génération en génération.



C'est une histoire qui raconte les silences, qui dévoile les failles de chacun, les secrets cachés, les immondices révélées. C'est l'histoire d'une forêt, engendrant l'animalité chez de jeunes filles, sous leur peau de louves. C'est une histoire d'amour, de plusieurs amours, déçus, interdits, passionnels, tus, amour qui lentement se transforme en tragédie, sous le poids d'un destin implacable. Le roman alterne l'histoire de Célia et celle de sa grand-mère, Tina, grâce au journal que tenait celle-ci et qui sera la clé de nombreux non-dits. Tina, celle que tous dans le village, surnommaient la "pute" ou la "sorcière". Celle que Célia connaissait si peu et dont elle va découvrir la vie - une vie de révolte contre les hommes, contre l'injustice et contre la bêtise du village. Une vie de liberté, durement acquise. Une vie, qui n'est pas si éloignée de celle que Célia va vivre.



C'est également une histoire sur le poids des mots, mots qui font les commérages - jouant alors la vie d'un homme, mots interdits, mots de la rumeur, mots écrits de la vérité, mots qui écorchent, mots d'une femme affrontant les silences des hommes, l'écriture libérant et pansant les blessures du passé. 

C'est un vaste et somptueux roman que nous offre Stéphane Servant, on vibre avec Célia au rythme de ses escapades, la terre humide sous ses pieds nus, une peau de bête sous les épaules - seul échappatoire à un village dominé par les hommes - où les pulsions et l'instinct sont libérés. Je ne peux en dire plus, pour ne pas dévoiler les nombreux rebondissements du roman. L'écriture y est tour à tour poétique, crue, viscérale, fluide et nous invite à nous immerger entièrement dans cette histoire, d'où le lecteur y ressortira sonné et envoûté.
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Le Coeur des louves

Au cœur de ce petit village perdu dans la montagne se mêlent rumeurs, réalité et légende pour le plus grand plaisir du lecteur. Une histoire familiale qui prend la forme d'un conte où les chemins de 3 femmes se déroulent au gré des rapports humains qu'elles entretiennent ou ont entretenu.

Dans ce monde brutal, il est question de transmission avec ce que cela comporte de sentiments, de casseroles.

Et tandis que le lecteur découvre, page après page, un nouveau rebondissement, le fil conducteur se dénoue lentement jusqu'à la conclusion, pour une dernière révélation inattendue.
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Boucle d'ours

C'est le grand carnaval des animaux de la forêt. "Moi, ze me déguise en Boucle d'ours !" décide petit ours. Son père s'insurge, ce n'est pas possible, un petit ours ne peur se déguiser en fille !!! Il tentera de le faire changer d'avis jusqu'à un retournement de situation très drôle....

Un conte détourné qui pointe les préjugés sexistes. Jubilatoire !!
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Le loup sous le lit (ou quand une petite fi..

Comme chaque livre de la collection, la mise en page est simple et pourtant donne un magnifique objet. Le papier est épais, les illustrations n'ont qu'une seule couleur (en plus du noir et du blanc) : le rouge. Ce rouge possède un sens très fort dans ce livre : au début la sauvagerie du loup puis à la fin, celle des hommes.

Le texte est écrit avec beaucoup de simplicité. À voix haute, on pourrait le lire d'un ton monocorde où les mots feraient résonner les émotions de la jeune fille qui nous narre son histoire.

Un beau texte, des illustrations pleines de force, ce livre est une petite merveille pour les enfants dès 8 ans.
Lien : http://litterature-jeunesse...
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La culotte du loup

Le grand méchant loup doit travailler au lieu de courir après les cochons et pourquoi ? Par ce qu'il doit s'acheter une nouvelle culotte, on ne peut pas courir après les cochons avec un culotte trouée ! Plus facile à dire qu'à faire !
Lien : http://latetedelart2.blogspo..
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Le Coeur des louves

Alors, pour commencer, je dirais que je ne vois pas le fantastique annoncé par la 4ème et par l’éditeur dans ce roman. Si vous cherchez un roman fantastique, passez votre chemin. Ensuite, je dirais aussi que je ne comprends pas vraiment la place de ce roman dans la collection Doado du Rouergue ; sur le site de l’éditeur, il est noté qu’il est destiné aux grands ados (+ de 15 ans), mais j’entends vraiment le choix de l’avoir passé en littérature générale dans sa version poche. J’ai avancé dans ma lecture en me disant que les personnes de la BDP qui l’avaient mis en rayon ado ne l’avaient potentiellement pas lu mais s’étaient arrêtées à la collection pour le mettre au secteur jeunesse. Sans qu’il soit complètement improbable qu’un ado choisisse de le lire, je crois qu’il aurait mérité sa place dans un rayon adulte (est-ce que ça viendrait de l’idée qu’à partir du moment où on a un personnage principal adolescent, le roman doit se classer en jeunesse /ado ?).



Bref ! Nous arrivons au village avec Célia, un peu paumés, comme elle, tous seuls. Elle vient réinvestir la maison héritée de sa grand-mère suite à des problèmes financiers, et sa mère doit la rejoindre un peu plus tard avec un camion de déménagement. Mais l’accueil du village semble conditionné par de vieilles légendes, inconnues de la jeune fille. Elle sera rapidement confrontée à l’antipathie des habitants et à une violence tantôt dissimulée, tantôt flagrante. Petit-à-petit, dans les pas de sa grand-mère, dans l’amitié d’Alice (anagramme de Célia d’ailleurs), dans la dissonance et l’adversité face aux habitants, dans l’absence de sa mère, Célia lève le voile sur une vieille histoire si pesante que tout un village en porte encore les stigmates.



Dans mon souvenir, le style de Stéphane Servant n’était pas aussi riche de détails. Dans Le Cœur des louves, tout est disséqué à l’extrême : les souvenirs, les émotions, les descriptions… Ce qui peut en un sens amener beaucoup de poésie et d’introspection, mais aussi alourdir un peu le récit. Les cent dernières pages sont généreuses en termes d’actions et de révélations, mais le démarrage reste un peu long. Je n’irais peut-être pas jusqu’à dire « longuet » non plus, parce que cette minutie permet d’en apprendre énormément des personnages et de s’investir profondément dans l’intrigue. Mais je peux voir aussi que certains lecteurs s’y sont perdus, ce que je comprends tout à fait. Dans ses romans suivants, l’auteur fait l’économie de ce perfectionnisme, ce qui, je pense, permet une immersion plus simple du lecteur au cœur de l’intrigue sans la charger pour autant.



Encore une fois, j’ai retrouvé dans ce roman l’engagement sans faille de l’auteur. Récemment, je lis surtout des romans écrits par des femmes, et je suis souvent déçue des hommes qui écrivent des personnages féminins (il y a plein de choses qui ne s’inventent pas quand on est allié féministe). Ici, Stéphane Servant a su, je trouve, saisir parfaitement la psychologie d’une jeune femme face au sexisme ordinaire mais aussi extraordinaire : les personnages les plus développés sont des femmes, et à chaque réaction de l’une d’elles, j’ai oublié qu’elles s’exprimaient sous la plume d’un homme. L’auteur semble particulièrement touché par la condition féminine et la violence des hommes. Dans ce roman, il pousse la cruauté de ces derniers à la démesure, du petit garçon au vieil homme, en considérant pour chacun ses motivations, son histoire, son environnement. Et le tout fonctionne si bien qu’il en devient terrifiant. Les personnages féminins aussi sont d’une intensité rare : ballottées par leur histoire, celle de leurs aïeules, elles sont vraies de leur folie, elles incarnent leurs traumatismes. Et il se dégage d’elles une force que seuls celles et ceux qui ont vécu des événements similaires peuvent connaître. Je suis donc, une fois de plus, soufflée par la sensibilité et la lucidité de Stéphane Servant face à des problématiques que je n’aurais jamais crues crédibles dans la voix d’un homme.



L’engagement féministe de l’auteur n’est pas le seul qui se dégage de cet incroyable volume. Comme dans Sirius, ou Félines, on ressent aussi son attachement profond pour la Nature dans son ensemble. Les environnements du village, la forêt, la montagne, le lac, la grotte semblent être des personnages à part entière eux aussi. Forts de descriptions précises et riches, ils sont intrinsèquement liés aux humains, indissociables de leurs destins. Les animaux ont également une grande place dans le récit. Le chien du vieux Tonio, les loups, et surtout les louves ont la part belle. Sont démêlées les questions de nature /culture, l’absence de notion de bien ou de mal, l’attachement et la loyauté des animaux. Il s’agit donc d’une Nature que les hommes cherchent à dompter, par le massacre des loups, la scierie, mais aussi avec laquelle les femmes savent vivre, dont elles connaissent les ressources et au cœur de laquelle elles se laissent danser avec les loups.



Ode à notre animalité, plaidoyer pour la figure de l’Étranger, fable écologique et sociale, Le Cœur des louves m’apparaît comme un chef d’œuvre. Il a parfois été dur à lire, parce que j’avais peur de la folie des hommes, mais souvent j’ai été curieuse de la suite, mise en appétit par des personnages et des paysages délicieusement construits. Je ne saurais trop que conseiller cette lecture. J’espère que sa sortie en poche lui procurera un nouveau souffle !
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Miettes  (humour décalé)

C'est un roman choc comme souvent dans cette collection "Court toujours". Et c'est un monologue, celui du seul en scène que le narrateur produit sur la scène de la fête de fin d'année devant les élèves du lycée, les parents et les enseignants.

Il se présente d'abord, comme ce garçon frêle et sensible qui n'aime pas les trucs de garçons... mais n'est pas homosexuel pour autant. Il dénonce tout ce qu'il déteste dans la masculinité toxique ou tout simplement stupide qu'il observe au quotidien dans la société, bien ancrée dans la culture occidentale. Et il finit par parler du voyage scolaire... de la belle Mila... et de ce que la bêtise d'un groupe d'ados peut produire. C'est fort et il faudrait le lire et le faire lire aux jeunes.
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Monstres

C'est avant tout un beau livre, à la couverture cartonnée et stylée, et aux jolies illustrations intérieures en noir et blanc.

C'est aussi une belle histoire, une histoire sur la différence. Le monstre, c'est celui qui n'est pas comme les autres. C'est le cas du monstre exhibé dans le cirque, et également du jeune héros, Otto, rejeté par Max et sa bande, harcelé même, parce qu'il refuse leurs jeux barbares.



Alors Otto n'a pas peur du Monstre, il a plutôt "pitié de lui" parce qu'il comprend et partage sa détresse. Au fur et à mesure qu'une amitié se tisse entre eux, on découvre le passé du monstre en images (sans paroles).

Le récit peut sembler triste mais il est en réalité plein de poésie et d'espoir. Il peut être lu à voix haute, on peut imaginer le texte des passages illustrés. Et surtout, il ouvre la possibilité d'un échange autour des thèmes abordés.
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Félines

Félines est un roman dystopique écrit par Stéphane Servant, mettant en scène des jeunes femmes victimes d‘une mutation génétique due à la présence des chats dans les foyers. On les appelle des félines et elles sont victimes de discrimination en raison de leur apparence physique. Effectivement, la mutation les a dotées d'un pelage.

J'ai adoré ce livre car j'aime beaucoup l'idée d'une mutation due aux animaux de compagnie. Je trouve ça beau ce mouvement de résistance des felines, le fait qu'elles ne se laissent pas faire. L'esclavage des félines dans les ateliers me fait penser à un mix des ateliers d'enfants (travail forcé) et de la prison (parloir).



Alex
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Monstres

Incontournable Avril 2023





"Monstres" est ce genre de roman qui a tout pour lui. On s'en rendra compte après coup, mais cette magnifique couverture, où le noir côtoie le doré, est révélatrice de ce qu'on y trouve. On y trouvera un cœur en or dans un monde ténébreux, des contrastes qui ne sont pas simplement d'ombres et lumières, et qui servit par monsieur Servant, offre une fois encore à l'univers de la littérature intermédiaire une œuvre tirant sa grande force d'une histoire sobre à la portée universelle. Si j'ai déjà vu ce genre d'histoire où le "monstre" côtoie l'humain, je n'avais jamais vu cette tournure.





Quelque part au bout du monde, accessible par un sentier poussiéreux, un village isolé se voit visité par une troupe d'artistes ambulatoires, le cirque d'Érêves. Pour le jeune Otto, voilà une distraction surprenante dont les promesses d'exotisme et de frissons du maître de cérémonie viennent bout de tous les doutes des habitants. Son émois est cependant obscurcit par quelques canailles bien connues qui lui associe des sobriquets mesquins et laissent entendre que le "monstre" promis par le cirque promet d'être aussi horrible que lui. Otto et ses parents vont assister au spectacle, comme tous les autres, mais ce qu'il trouve dans cette cage à monstre ne correspond pas à l'idée qu'il se fait de la monstruosité. Au jeu des apparences, le cœur a bien souvent les meilleurs yeux.





Poétique, intriguant, pas exactement dans le registre épouvante, plutôt à la frontière de celui-ci, j'y retrouve cette impression angoissante et désespérément humaine du roman "Frères noirs" où des enfants étaient vendus pour devenir ramoneurs dans des conditions de vie sordides. Le lien? Cette lumière qui perce même les coins les plus sombres et le style graphique en clair obscure sinistre. Ici, c'est plus évident car la "monstruosité " est présente dans sa forme physique, et non avec son visage d'humain adulte intéressé, comme dans "Les Frères noirs". Seulement, ce n'est pas ce que vous croyez.





Attention, je compte divulgâcher.





Avec une habile ambiguïté liée étroitement aux illustrations, sans qui l'effet aurait été moins percutant, on se retrouve dans un envers de miroir. Ici, le monstre a une peau lisse et blanche, une morphologie symétrique, des yeux ronds et aucunes cornes, griffes ou autres potentiels attributs "monstrueux". En somme, un humain. Un humain qui a le même prénom, qui plus est.

En y revenant, je constate que cette légère impression de malaise vient justement des illustrations. Ces étranges têtes de bois cornues, ses visages cachés par la pénombre, cette peluche à l’œil anormalement tombant ou ces villageois vus de dos donnent certains indices quand à la nature réelle des habitants du village qui est , rappelons-le, isolée. Commodément.





Otto se profilait déjà comme un personnage singulier dès le début, avec le traitement des autres personnages à son endroit, qui n'a rien de sympathique. Heureusement, ses parents sont aimants, ce n'est donc pas un enfant martyr, mais on sent qu'il a une "différence". Est-ce vraiment son physique? Peut-être. Il semble avoir un décalage avec les autres monstres, en témoignent les horribles faciès des pages 40-41 où l'on voit Otto à travers les autres personnages de son village. Il est une sorte d'enfant-félin, avec un pelage, des moustaches et un museau. Cette espèce d’anthropomorphisme contraste avec les autres, davantage des altérations faciale dotés d'attributs prédateurs ou de difformités à des degrés variables. En ce sens, Otto semble effectivement différent et son visage est aussi très symétrique. Peut-être y a t-il un peu de "laideur" en ce sens, aux yeux des autres, pour qui les canons esthétiques sont "monstrueux". Mais je pense qu'avec ce sobriquet de "Cœur de piaf" ( Cœur d'oiseau), les intimidateurs visent aussi sa "sensibilité" singulière, son manque d'attrait pour la destruction, sa douceur de tempérament et son côté rêveur. Otto présente des traits qu'on estime peu dignes des monstres, j'imagine, mais en même temps, je me fais la réflexion que les garçons qu'on élève à devenir "virils" ont le même genre de tare, celle de diminuer ce qui leur semble ne pas correspondent à leur vision idéal du "mâle", ou dans ce cas-ci, du "monstre". La situation d'Otto est donc on ne peut plus humaine, dans cette optique.





Otto prendra contact avec le "monstre de la cage" du cirque. Alors qu'on jetais des aliments au garçon à travers les barreaux de sa cage, Otto lui a plutôt tendu cette dernière avec la mains, comme on offre un présent. L"humain en cage se met alors à chanter, ce qui déconcerte les habitants. À l'instar de l'animal qui rugit, l'action choque. Mais pas Otto. Au contraire, il semble cultiver une forte empathie. Éventuellement, le "monstre" s'évade du cirque, ce qui cause une commotion dans la petite collectivité. C'est Otto qui fini par tomber sur lui, caché dans un poulailler. À force de chants et de mimiques, ils en viennent à se communiquer leur intentions. Otto réalise même que le monstre porte le même prénom et qu'il vient de l'autre côté du lac. L'enfant décide de l'aider à regagner son foyer. Quand les deux enfants se trouvent confrontés à la même petite bande voyous qui harcèlent Otto l'enfant-félin, ce dernier décide de faire face, pour une fois. Refusant d'écraser le malheureux petit oiseau prisonnier des voyous, en le laissant au contraire s'envoler, et ultimement, tient tête aux autres enfants. Je vous laisse découvrir comment.

Une chose est sure: Dès lors, Otto ne se laissera plus atteindre par les moqueries et il inspirera autre chose que du mépris. Otto le monstre regagnera son foyer.









Fait étrange, quand Otto le monstre chante, Otto l'enfant-félin semble entendre son histoire. On ne sait pas si c'est là son imagination ou une forme de télépathie, mais c'est grâce aux illustrations qu'on voit ce qui est arrivé à Otto le monstre. Enfant prit au cœur d'une bisbille d'adultes, déraciné de la ville au profit de la campagne, on peut imaginer que cet enfant fugueur en a eu assez de son foyer dysfonctionnel. Faut amusant, son sac à dos et son jouet fétiche sont à thématique monstrueuse.





Histoire d'amitié et de contact empathique, c'est aussi une histoire d'émancipation, de part et d'autre. J'ai trouvé ce roman étrangement doux pour un registre aussi lugubre. Je reconnais aussi la plume habile de Stéphane Servant sur le fond humain et les relations interpersonnelles. Comme mes lecteurs intermédiaires, les 8 à 12 ans, sont particulièrement réceptifs aux histoires à connotation épouvante, tout comme à la diversité de manière générale, je pense que cet hybride roman-roman graphique n'aura pas de mal à se trouver une place dans les écoles comme dans les foyers ( quoique son prix risque de rebuter certains budgets). Une autre belle découverte pour la littérature jeunesse intermédiaire!





Pou un lectorat à partir du second cycle primaire, 8-9 ans+.

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Monstres

Merci à Netgalley et à l'éditeur Thierry Magnier pour m'avoir permis de découvrir ce « grand » petit roman magnifiquement illustré en noir et blanc.

Il se lit très vite et facilement, mais il règne une ambiance sombre -au propre comme au figuré- qui me le fait plutôt destiner à un public averti dès 8-9 ans et sans limite d'âge. le livre traite principalement de la thématique de la différence et par ricochet un peu de harcèlement, mais il est aussi question d'amitié, de curiosité envers l'autre et d'acceptation. C'est un bel objet au service d'un beau message.
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Monstres

Un roman très court pour les jeunes enfants qui nous montrent que les cages sont faites pour être brisées et que les rêves peuvent se réaliser si on s'en donne les moyens . Les photogravures agrémentent le récit et donne le ton de l'intrigue.



Bref une lecture jeunesse très sympathique mais à ne pas mettre dans les mains de très jeunes enfants. Le graphisme peut en effet faire peur aux plus jeunes même si le message passé est très salutaire .



avis complet:
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La langue des bêtes

Depuis que j'ai lu Sirius, je suis tombée sous le charme de l'écriture de Stéphane Servant. Il sait développer des univers très particuliers, pleins de magie, dans lesquels il y a toujours un lien fort avec la nature et des personnages un peu sauvages.



Dans La langue des bêtes, on suit l'histoire de Petite, une enfant dont on ne connaît pas l'âge. Elle a toujours vécu avec ses parents dans une petite communauté de marginaux au Puits des Anges, un ancien cirque constitué d'un chapiteau et de caravanes à l'orée d'une forêt. Le Père est décrit comme un ogre cruel avec les animaux et sa mère Belle est une ancienne trapéziste à la main tordue. Mais il y a aussi Pipo le clown, Franco le vieux lion, Colodi le marionnettiste et Major Tom le nain. Petite a grandi entourée des légendes qu'ils lui ont racontées, des légendes auxquelles elle croit dur comme fer et qui pourraient bien devenir réalité.



Cela faisait un certain temps que je n'avais pas lu de livre de l'auteur et je n'ai pas été déçue. J'y ai retrouvé le style qui m'avait séduite dans ses autres romans, ce style étrange et envoûtant qui le distingue de ce qu'on lit habituellement. Il met ici en scène une enfant qui veut croire à la magie mais qui est rattrapée par la réalité et par sa cruauté. De nombreux aspects fantastiques sont présents dans le récit et on a souvent du mal au cours de la lecture à faire la différence entre le réel et l'imaginaire. L'univers développé est très sombre, ce qui peut être assez oppressant par moments, en particulier sachant que ce roman est classé en jeunesse (ce qui ne me semble pas forcément judicieux).



Une très bonne lecture, dans la lignée de Le cœur des louves. J'ai aimé partager le quotidien des mystérieux habitants du Puits des Anges, qui cherchent à préserver Petite de ce monde où ils n'ont pas leur place. Mon préféré de l'auteur reste tout de même Félines, qui avait été un de mes coups de cœur 2021.
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