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Citations de T. C. Boyle (160)


Bien, mais… Où ces gens étaient-ils censés aller ? Rentreraient-ils au Mexique ? Il en douta, tout ce qu’il savait des espèces migratoires et des réactions d’une population qui se fait déloger par une autre lui disait le contraire. Tout cela conduisait à la guerre, à la violence et aux meurtres jusqu’à ce qu’enfin un groupe ait décimé l’autre et rétabli ses droits sur ses territoires de chasse, ses pâturages ou ses aires de nidification. C’était triste, mais les choses se passaient comme ça.
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Le résultat fut une manière de révolution dans la vie culinaire de Riven Rock. Brush, qui n'avait pas envie d'être dérangé, consulta Butlers, les infirmiers, qui voulaient bien l'entendre, et s'aperçut que les cuisiniers étaient rares et encore plus les aides-cuisiniers tel celui que Sam Wah avait emmené en partant. En guise de bouche-trou fut aussitôt promu au poste de cuistot un jardinier mexicain qui, à l'écouter, aurait tenu les fourneaux dans un restaurant de Veracruz avant la révolution. Il dura trois jours pendant lesquels la maison s'emplit d'odeurs bizarres et inquiétantes. Tous les repas qu'il préparait semblaient consister en une sorte de pâte faite de haricots et de riz glutineux emballée dans une substance qui évoquait la tranche de pain ultrafine mais que personne ne pouvait identifier. Et tout cela était si pimenté qu'on croyait s'enfourner du kérosène enflammé dans le gosier.
M. McCormick en fut vite perturbé et, dès lors passa l'essentiel de ses matinées enfermé dans ses toilettes, le pantalon sur les chevilles et la main serrée sur le papier hygiénique qu'il pliait et dépliait en attendant la prochaine urgence intestinale.
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Que dirait Nikolai à ce propos ? Il dirait qu’ils étaient fous, suicidaires, et que vivre dans la nature, marcher sur une terre que tout le monde avait abandonnée, sauf le poison, était en quelque sorte anormal – comme si les appartements, dans les immeubles des réfugiés, qui fourmillaient d’une humanité fétide, étaient une sorte de paradis.
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Pour les femmes, courir les antiquités c’est comme la pêche pour les hommes, je comprends ça. Mais à une époque où on doit préserver les ressources, la plupart d’entre nous pratiquons l’art du prendre et relâcher. On jouit du fait de traquer la truite, de lancer la mouche, de sortir de l’eau cette merveilleuse bestiole, une parmi un million, aussi précieuse que l’or, mais ensuite on la relâche
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Il était tellement humain, mais en même temps il ne l’était pas, comme si sa mission en ce monde était d’ébranler l’espèce humaine. Toute sa vie, elle s’était retrouvée à reculer mentalement aux moments les plus surprenants, elle voyait les gens dans un éclair comme de gros animaux déguisés, les vieux, surtout, avec leurs oreilles allongées, leurs narines grêlées et leur peau fripée comme celle d’un lézard. Or voici que la réalité venait à elle.
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La bibliothèque est l’un de mes bâtiments préférés en ville, un monument en grès élevé à la gloire du savoir et de la culture à une époque où les gens s’en souciaient encore. Bien sûr, de nos jours, c’est surtout un réceptacle de fesses, d’hommes pour la plupart, qui encombrent les fauteuils et les grandes tables en chêne, avec leurs sacs débordant de leurs piètres possessions pour passer leur temps à regarder des sites porno sur les écrans des ordinateurs, gribouillant dans un carnet ou faisant un somme, tête rejetée en arrière, bouche grande ouverte. Cela dit, je ne me plains pas. Ils ont le droit de vivre.
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Oui, Amsterdam, voilà à quoi il pense. Amsterdam, ses canaux, ses tulipes et ses fräulein au bout du rouleau. Amsterdam et son genièvre. Hans Brinker. Paris est hors de question. Avec cette guillotine qui n'arrête pas! Les jacobins, la Terreur!... Non, la terreur, il a déjà donné, ici même, à Londres. Non, Paris est hors de question. Ses putes célèbres et ses vins qui ont de la cuisse (à moins que ce ne soit le contraire), on va laisser tout ça vieillir tranquille... jusqu'à nouvel ordre.
P. 248 (éditions Libretto)
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ç'avait été la nuit la plus humiliante de son existence. Avec des centaines d'autres on l'avait poussée comme bétail vers une file de jeeps de la Patrouille des Frontières, et là elle était restée, nue et en sang, et tout le monde l'avait regardée jusqu'à ce qu'enfin quelqu'un lui donne une couverture pour se couvrir. Vingts minutes plus tard, elle se retrouvait de l'autre côté de la frontière.

Amères réflexions. Elle continua de descendre la route et se dit q'elle allait bientôt prendre une des ruelles montueuses sur sa droite, comme elle l'avait fait la veille. Il y avait des jardins avec des arbres fruitiers, des tomates, des poivrons et des courges. Elle n'avait nullement l'intention de voler. Elle savait que c'était mal. Et elle n'avait jamais rien volé de sa vie.

Jusqu'à ce moment-là.
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Des nuages effilochés dépenaillaient la nuit. Dans la blancheur laiteuse des accrocs scintillaient les étoiles. Tel le battement d'un cœur, le chant des grillons rythmait le silence. Quelque part un arbre a gémi. Soufflait du sud une petite brise, humide, odorante... comme si elle avait agité les cocotiers, ravi les senteurs des hibiscus et des frangipaniers. Une brise légère, bouffée de tiédeur montant de l'obscurité qui noyait nos emblavures les plus bas situées. J'ai regardé le ciel, clair dans les brèches, tout du long, jusqu'aux bornes de la galaxie. Je ne songeais pas le moins du monde aux destinées de l'homme. Ni à l'incommensurabilité de l'univers. Ni non plus aux partouzes sur la planète Pentagord. Je pensais à des choses terre à terre, à des choses du quotidien. A Jerpbak. A la serre. Aux plants mystérieusement attaqués par la nielle et la rouille.
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Le temps ralentit. (…) Quand Fitz regardait le pichet [de dry martini] (ce qu’il n’arrêtait pas de faire : on aurait dit qu’il ne pouvait s’en empêcher), il avait l’air de rutiler comme une boule de cristal, comme si la flamme de la bougie que Tim avait posée à côté se trouvait à l’intérieur du liquide, dans le gin, l’infusant de lumière. “Tu vois ça ?” demanda-t-il tout bas, assis là, à côté de sa femme dans le coin très sombre et allant chercher un doigt pour le désigner, qui tournoyait là-bas, non pas sur le comptoir ou même dans le comptoir, mais au-dessus, tourbillon, feu de djinn.
“Quoi ? fit-elle en tournant vers lui ses yeux agrandis à la taille de lunettes de plongée.
– Des feux de djinns. Les dry martini.”
Les voix de Bach s’entrelaçaient, se séparaient, s’entrelaçaient derechef.
Elle rit. “Je n’ai pas soif.
– Non, non, ce n’est pas ce que je veux dire… Je veux dire… regarde le pichet, tu ne le vois pas ?”
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Elle aurait pu autrefois avoir choisi de rester à Manhattan, de s’installer dans l’appartement avec vue sur l’East River sur lequel elle avait jeté son dévolu, et mener sa vie comme si elle avait glissé sur un fil de chez elle au travail et retour, à feuilleter les fiches du catalogue de la bibliothèque, ôtant l’enveloppe d’un sandwich à l’heure du déjeuner à son bureau au pied des hautes fenêtres, dînant au restaurant du coin, avec les bougies fondant dans des coupelles sur les tables et le menu du jour écrit à la craie sur le tableau au-dessus du bar. Elle aurait pu aller à Paris, retourner à Montreux ou chez sa mère à Rye, où chaque année était la réplique de la précédente, où le seul changement était le changement des saisons. Or Herbert Steever Lester avait frappé à sa porte et elle avait fait le grand saut, s’était transportée sur cette île qui ne lui était déjà plus rien…
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Norm tourna sur son siège pour lui faire face : « Les gens me disaient : « Norm, tu ne peux pas laisser venir n’importe qui parce que ça va tout gâcher pour le reste d’entre nous. » Mais qu’est-ce qu’on fait alors ? Tout le monde veut se tirer de cette foutue société complètement accro à la consommation, et je ne vais pas me mettre en travers de leur chemin, je veux dire… personne m’a élu dieu, non ? » Il remonta ses lunettes sur l’arête du nez : elles glissèrent instantanément. Il commençait à faire très chaud dans l’habitacle. « D’ailleurs, et j’ai pas à te dire ça, mec, si on se met à fixer des limites à une communauté, alors elle se fige, comme les shakers ou les amish. Ces gens-là meurent d’eux-mêmes. Comme ça. Une communauté, ça doit être ouvert et, dans l’acception du terme qu’en donne Gurdjieff, il faut laisser Dieu reconnaître les siens, tu vois ce que je veux dire ?
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Et, s'il voulait faire de l'exercice (c'était souvent le cas:il n'était pas encore mort!) ,il allait au terrain de golf. Au golf.Il n'aurait jamais penser tomber aussi bas ,mais c'était tout de même arrivé,comme à n'importe quel autre tocard américain.Le golf,qu'est-ce que c'était ,sinon une façon de conjurer le désespoir?
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Au lycée (en seconde, je crois), j'avais pris en option un cours intitulé "Philosophie de la religion", parce qu'il fallait bien que je choisisse une option mais aussi parce que j'avais besoin de munitions contre ma catholique de mère, et contre la supercherie avec laquelle les prêtres, les rabbins et les mollahs bernaient ceux qui étaient trop ignorants et peureux pour les percer à jour. (p.159)
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Il était grand, environ un mètre quatre-vingts, et portait une casquette de base-ball qu'il avait mise à l'envers comme un des gringos du supermarché. Il avait la peau claire, si claire même qu'il aurait pu passer pour l'un d'entre eux s'il n'avait pas eu ses yeux pour le trahir, des yeux qui jamais ne cillaient, des yeux au regard dur, des yeux couleur foie de veau. Il était abîmé, elle le voyait bien, abîmé comme l'homme qui doit gratter, ramper et lécher le derrière de quelque irrécusable Yankee, et ses yeux le montraient bien, qui frappaient le monde comme à coups de poings. Mexicain, il l'était jusqu'au bout des ongles.
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- Tout a son intégrité dans l'écosystème, m'avait-elle assuré en se radossant à son arbre et sirotant un mélange de papaye, d'herbe à fourrage et de yaourt au fond d'une tasse en plastique rouge brillant avec le logo de "La Terre pour toujours" dessus ( encore une idée de Téo qui était un vrai génie du marketing. Qu'il y ai une possibilité ... et aussitôt il l'exploitait).
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Les choses ne se produisent pas du jour au lendemain, surtout par temps de fléau universel. Nous éprouvions une méfiance réciproque et chacune des phrases banales, chacun des clichés idiots que nous échangions pendant que je l'aidais à charger ses provisions à l'arrière de la Range Rover sonnait bizarrement car les multitudes humaines qui s'en étaient servies avant nous n'existaient plus.
-Page 25 "Après le Fléau".
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Il se sentait aussi déprimé qu'agacé lorsqu'il s'engagea dans les rues familières, vias, calles et autres avenidas de son domaine privé dans les collines, de cet endroit où toutes les maisons étaient de style mission espagnole avec toit en tuile orange, où les enfants devenaient racistes en grandissant et où les maisons prenaient de la valeur d'une manière insensée.
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Les Japonais, contrairement aux Américains, honorent les vieillards, compte tenu du passage des ans dont ils témoignent et du luxe diachronique de leurs pensées. Ce sont des objets vivants et ce sont des humains, pas des coquilles vides abandonnées au purgatoire des hospices.
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arbe fleurie, costume de prêt-à-porter, godillots noirs de la taille de chenets, le révérend affirma que Dieu, Jésus, la Bible étaient les autorités suprêmes ne matière de Création.A la suite, il se forma toute une file sinueuse d'intervenants qui, tous, parlèrent au micro, l'un après l'autre, dans le but d'exprimer leur opinion sur tout, du Déluge à l'âge de la planète ( Dix mille ans ! Vous êtes tombés sur la tête ou quoi ? hurla le professeur de biologie, sortant de la salle en faisant claquer la porte de secours, au milieu d'un chœur contrapuntique de hourras et de huées) jusqu'aux dernières avancées dans le domaine de l'exploration spatiale, à l'explication du génome humain, dont il fut indiqué qu'il était proche de celui du chimpanzé. Sans oublier les limaces.
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