Citations de Thierry Maugenest (117)
[…] aussi longtemps que les fauves n’auraient pas leurs historiens, les récits de chasse tourneraient à la gloire du chasseur.
[Mais] si nous n’avons plus de rêves, alors nous sommes déjà morts. Que nous importe de vivre, même libres, si nous ne vivons qu’à moitié ?
Et le bonheur, selon la nature, reposait sur la satisfaction du désir sexuel, qui devait triompher des interdits religieux et des préjugés sociaux.
Certains fermaient les yeux, se laissant envahir par la musique, comme s'il s'agissait d'une nourriture de l'âme. Elle tenait ce don de sa mère, qui l'avait elle-même hérité d'une mère ayant grandi dans le ventre de l'Afrique, où les femmes du clan prétendaient que son chant parlait aux esprits.
Selon ses propres mots, traverser le pays pour remonter la piste d'un esclave n'était pas pour lui un métier. C'était un art.
Telles les danseuses d'un ballet lugubre, les captives lèvent leur outil au-dessus de leur tête et la rabattent en cadense, dessinant un jeu d'ombres et de lumière sur les parois de la galerie.
J'ignore encore que mes compagnons et moi venons de mener à son terme la plus vaste évasion d'esclaves de l'histoire des États-Unis.
Sur le point de quitter ce monde, un vieil éleveur de chameaux réunit ses fils pour leur faire part de ses dernières volontés. « Après ma mort, vous procéderez immédiatement au partage de mes bêtes : l’aîné en recevra la moitié, le cadet le tiers et le benjamin le neuvième. En outre, précise le vieil homme, aucun chameau ne devra être vendu ou donné avant le partage. »
Lorsque leur père s’éteint, les trois enfants héritent de 17 bêtes et sont bien en peine de respecter les termes du testament. Impossible en effet de diviser 17 par 2, ni par 3, et pas davantage d’en déterminer un neuvième.
Un voisin chamelier leur suggère alors une solution qui va leur permettre de tomber rapidement d’accord.
Quelle est-elle ?
Solution
Le voisin va chercher l’un de ses propres chameaux afin de l’ajouter aux autres. Ce qui fait 18 bêtes. L’aîné en reçoit la moitié, soit 9, le cadet un tiers, soit 6, et le benjamin un neuvième, soit 2… soit 17 en tout, et le voisin peut récupérer son chameau qui n’a servi qu’à faire le calcul.
La norme étant maintenant définie scientifiquement, gare à qui s’en écarte ! Au début du XXe siècle, deux éminents statisticiens, Francis Galton et Karl Pearson, n’hésitent pas à prôner l’eugénisme, soit l’éradication de celles et ceux dont l’intelligence ou l’équilibre psychique n’entrent pas dans la moyenne. La fin du XXe siècle ne vaut guère mieux. Après avoir traqué et catégorisé les habitudes des citoyens, les algorithmes s’apprêtent à régenter leur vie, réguler leurs revenus et parfois révéler leurs désirs avant même qu’ils ne se manifestent. D’habiles programmateurs œuvrent à secrètement classer les citoyens dans des cases, affirmant qu’Untel, en fonction de son prénom ou de son code postal par exemple, serait ou non capable de rembourser un emprunt, que tel autre ne serait pas un employé digne de confiance.
Lorsque Sullivan Chance évoqua devant moi les tout premiers jours de son tour du monde, il me confia avoir découvert à cette occasion à quel point il avait besoin des autres. Tandis qu'il pénétrait, en compagnie de Jessica Payne, dans la partie la plus sombre et la plus hostile de New York, il s'était étonné de préférer cette situation à la solitude dont il avait souffert quelques heures plus tôt sur les trottoirs de New York, isolé dans une foule anonyme. Quant à moi, je n'étais pas surpris, car je me rappelais que le village dans lequel il avait grandi était un agglomérat de maisons mitoyennes, à l'ombre desquelles nul ne pouvait modifier ses habitudes sans que le reste des habitants en soit aussitôt informé.
Sullivan lui-même m'apprit ce jour-là que si le cercle d'alcooliques anonymes du pasteur Bicock ne reçut jamais personne, ce ne fut pas par manque de candidats (beaucoup d'hommes souffraient en effet d'une forme de perpétuelle hébétude éthylique) mais bien parce que le concept même d'anonymat était étranger à la population de Buddyburg. Et comme je lui demandais s'il avait conscience du danger qu'il y avait à s'aventurer la nuit sur les quais de Red Hook, il me répondit que l'agressivité, pour s'exprimer, doit commencer par reconnaître l'existence d'une personne à combattre. Et c'est précisément ce qui lui avait manqué lorsqu'il s'était retrouvé seul dans la foule : être reconnu en tant qu'être humain et retrouver e sentiment d'exister. Ce jour-là, j'ai compris que, quel qu en soit le prix à payer, Sullivan ne pouvait se passer du regard de l'autre.
Lorsque vous étudiez les poètes français, ne vous limitez pas à leurs œuvres. Songez aussi à jeter un coup d’œil sur leur correspondance. En vous penchant ainsi sur les lettres des grands auteurs, vous y noterez parfois un certain relâchement stylistique.
As-tu pratiqué l’extraction de la pierre de folie ?-. Non. Mon peu de goût pour la vue du sang, et la certitude de perdre mon patient durant cette opération, me détournèrent à jamais de cette idée. Cependant, puisqu’il fallait extraire une pierre de folie, je décidai de la faire sortir par la bouche du malade, en la mêlant au flot des paroles. J’interrogeai donc mes patients, les amenant à me parler d’eux-mêmes, de leurs troubles. Et, peu à peu, ceux-ci s’ouvraient à moi, me confiant des secrets qui pesaient trop lourdement dans leurs âmes et que je jurai de ne jamais révéler.
Pensez-vous que les êtres humains ont été pourvus d'une telle imagination et d'une telle hardiesse pour ne vivre que le possible et le raisonnable ?
Quand les chiffres paraissent, l'esprit critique n'a plus droit au chapitre.
Nul homme n'aurait osé prendre la responsabilité énorme de s'opposer à la paix. Ce fut un crime de femme.
Il n'y a pas de bonheur comparable à la première pression des mains.
I n'y a pas de bonheur comparable à la première pression des mains.
- Elle m'a ainsi offert la paix, la sérénité, l'harmonie.
- Les animaux aussi connaissent la paix, la sérénité, l'harmonie.
- Je ne me sens pas humilié par cette comparaison.
Un homme te rendra heureuse le jour où tu n'auras pas besoin de lui pour l'être. Pas besoin d'être belle parce qu'il te regarde. D'être forte parce qu'il t'affirme que tu l'es. D'être douce parce qu'il le désire.
Contrairement à ce qu'affirmait Saint-Exupéry, avec son "on ne voit bien qu'avec le coeur", Pa est convaincu qu'on ne voit bien qu'avec l'odorat, l'ouïe, le toucher, tout ce qui fait défaut aux rencontres en ligne.
Que c'est notre instinct, notre corps qui nous guident mieux que tout.