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Citations de Thomas M. Disch (44)


Jamais il n'aurait cru attacher une si grande importance à la disparition de son village. Avant l'avènement de la Plante, Tassel avait symbolisé tout ce qu'il détestait le plus : l'étroitesse d'esprit, la mesquinerie, l'ignorance sordide et un code moral remontant au Lévitique. Et voilà qu'il le pleurait comme si c'était Carthage tombée aux mains des Romains et parsemée de sel, ou Babylone, la grande cité.
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Ni Alice, ni Dinah n'avaient une idée très claire de ce qu'était un obsédé sexuel. Mais à en juger d'après les réflexions à mots couverts que sa mère avait faites à ce sujet, il n'y avait rien de pire que de tomber entre les mains d'un individu pareil.
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C'est en dernier ressort l'intelligence qui constitue la ressource la plus vitale de la nation, et l'éducation peut être considérée comme l'opération de maximisation de l'intelligence. Cependant, en tan que telle, elle aboutit invariablement à un échec, étant donné que son but primordial est sacrifié au but de la socialisation.
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Le doigt se crispa sur la détente. Le cran de sûreté était déjà relevé. Presque au même instant, le fracas de la détonation éclata dans la quiétude de la matinée grisâtre. Des myriades d'échos - cascade sonore, gaie, moqueuse - se répercutèrent sur les flans des collines verdissantes, comme des images réfléchies par des milliers d'éclats de miroirs. L'écho se multiplia en s'affaiblissant, puis s'éteignit tout à fait, mais la tranquillité de la région avait été à jamais rompue.
L'officier qui marchait en tête de la courte colonne d'hommes - un capitaine, sans plus - remonta à grands pas la piste de terre. C'était un homme d'environ trente-cinq, peut-être quarante ans. Il avait d'agréables traits réguliers qui exprimaient pour l'instant la colère - ou, si ce n'était la colère, à tout le moins l'irritation. On pouvait le trouver beau, mais on pouvait tout aussi bien objecter qu'il avait l'air trop impassible -une impassibilité qui tenait davantage du calme précédant la bataille que de la paix elle-même. Il avait la mâchoire dure et les lèvres serrées, à la manière militaire. Le regard bleu était terni par des années de discipline implacable.
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L'amour, c'était des foutaises, du blabla, de la manipulation. C'était l'arme utilisée par les épouses sur leurs maris et les parents sur leurs enfants pour les rendre dociles. Il se souvenait encore du jour où sa mère avait tiré sur la ficelle une fois de trop - " Si tu m'aimes, tu ne feras pas ça " - et où il avait réalisé, avec allégresse, qu'il ne l'aimait pas et, en conséquence, n'avait pas besoin de lui obéir.
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Elle était morte et enterrée dans une tombe. Comment elle le savait, par l'intermédiaire de quel sens, elle n'aurait su le dire. Ce n'était pas grâce à la vue en tout cas, ni à son équivalent spirituel, car il n'y a rien à voir là où nulle lumière ne pénètre. Ce n'était pas non plus au niveau d'une sensation quelconque dans les membres ou les reins, dans le cœur ou la bouche. Son corps était ici avec elle, dans le cercueil, en un sens elle était toujours reliée à ses protéines en voie de désintégration, mais ce n'était pas à travers lui qu'elle ressentait la chose. Il y avait seulement, en suspension, cette sphère de la conscience de soi, derrière laquelle elle discernait vaguement certains aspects essentiels de la terre qui l'emmurait : masse dense, humide, complexe, percée de constellations affamées qui progressaient lentement en avant, de nodules d'intensité se détachant sur l'éclat laiteux de la calme transformation bactérienne.
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La fin du monde. Je vais vous dire, moi. La fin du monde, il y a cinquante ans que c’est arrivé. Peut-être cent. Et depuis ç’a été formidable. Je parle sérieusement. Personne ne vient vous casser les pieds. On peut se laisser aller. Vous savez quoi ? J’aime bien la fin du monde.
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Extrait de la nouvelle La cage d’écureuil

Ce qui est terrifiant - si c'est bien ce que je veux dire - je ne suis pas sur que "terrifiant" soit le mot juste - c'est que je suis libre d'écrire tout ce que je veux, mais que j'écrive ou non, cela ne fait aucune différence - pour moi, pour vous, pour quiconque se soucie de différence. Qu'entend-on alors par "différence" ? Y-a-t-il vraiment ce qu'on appelle un changement ?
(...)
Voici à quoi ressemble l'endroit où je me trouve : un siège sans dossier (je suppose que vous appeliez ça un tabouret), un sol, des murs et un plafond, ce qui forme, pour autant que je puisse en juger, un cube, blanc, lumière blanche, pas d'ombres - pas même sous le tabouret, moi, bien sûr et la machine à écrire.
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On avait du abattre la plupart des arbres l'année passée, quand ils avaient attrapé la maladie des ormes. Les arbres pouvaient tomber malades comme les gens, mais quand ils étaient malades, on les coupait. évidemment ça ne devait pas être facile d'envoyer un arbre à l'hôpital.
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Soeur Symphorosa entreprit de leur raconter la véritable histoire de saint Nicolas, évêque de Myra, qui avait miraculeusement ramené à la vie trois jeunes seigneurs qu'un méchant aubergiste avait assassinés, coupés en morceaux et dissimulés dans un tonneau de salaison.- Et c'est pour cela, ajouta Soeur Symphorosa afin de donner une morale à la merveilleuse histoire, que saint Nicolas est devenu le saint patron des enfants et que nous le prions encore pour nous défendre des cambrioleurs et des voleurs. Mais ce n'est pas le Père Noël. J'espère que c'est bien clair. Y a-t-il des questions, maintenant?- La petite Burdon leva la main. -Oui, Sally? - Ma soeur, c'est quoi, un tonneau de salaison? - Un tonneau de salaison, Sally, c'est ce que les bouchers utilisaient autrefois pour conserver la viande. Quand on ne garde pas la viande dans de bonnes conditions, elle pourrit et les vers se mettent dedans. Mais quand on la met dans un tonneau d'eau salée, ça l'empêche de tourner. Bien sûr, tout cela se passait avant les réfrigérateurs et les congélateurs. Si saint Nicolas avait vécu aujourd'hui, il aurait sûrement trouvé les corps des trois seigneurs dans une chambre froide. Y'a-t-il d'autres questions?
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Il ne prit pas le caducée , mais , avec une formidable dextérité , glissa l'intestin
visqueux de son frère dans les mains passives de celui-ci .
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Il en est ainsi au milieu des plus grands désastres, des pires catastrophes : la machine de joie continue de grincer pour le bien de quelques élus.
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"Ma sœur !" s'exclama-t-elle, et les épais sourcils noirs de la religieuse se dressèrent comme deux corbeaux alarmés.
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Pas les terres cultivées, naturellement - pas encore. Mais au bout de trois ans seulement la Plante assiégeait les champs et les prés, et ce n'était plus qu'une question de temps. De très peu de temps, à vrai dire: rognant et grignotant, elle finit par tout envahir au cours de l'été de la cinquième année.
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Notre travail est adapté à nos capacités individuelles et nos vies sont pleines à éclater d’activités passionnantes et enrichissantes. Mais ce n’est là que l’aspect matériel de notre mission. Il est aussi un aspect spirituel que nous avons toujours résumé ainsi : l’Un, l’Unique, l’Unicité. L’idée de l’Unique modèle chacune de nos actions de la journée.
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Organisation est un mot tellement affreux ! Mais j’imagine qu’il est adéquat. Quel est le but de toute organisation ? Croître. Et perpétuer son existence. Nous désirons croître autant que nous le pouvons, exister aussi longtemps que nous le pourrons. Et, encore que ce ne soit pas à moi de le dire, je crois que nous pouvons être fiers de toutes nos réalisations à cet égard. Mais ce n’est pas le moment de nous endormir sur nos lauriers !
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Le hasard et l’entreprise individuelle n’ont pu, sans un sérieux coup de pouce, créer une atmosphère aussi uniformément oppressante ; à n’en pas douter, ce village a été conçu par un esprit unique et vaguement monstrueux ; une espèce de Walt Disney sinistre lâché en liberté sur le monde de la vie quotidienne
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Au loin, l’Alworth Building s’effondra. Derrière, lui, dans le port asséché, un navire était couché sur le flanc et crachait des flammèches par ses hublots.

Ici et là, parcourant les décombres, on voyait les machines incendiaires achever leur travail. Vues de si loin, elles semblaient tout à fait innocentes. Elles rappelaient exactement à Jackie ces petites Volkswagen du début des années cinquante, alors qu’on n’en voyait que des grises. Elles étaient vives, diligentes et propres.

– Nous devrions nous mettre en route, dit-il. Elles vont bientôt commencer à nettoyer les faubourgs.

– Eh bien adieu, civilisation occidentale, fit Jackie en agitant le bras en direction de la fournaise ardente.
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Ainsi donc, avoir contemplé l’humanité pendant quarante ans équivaut à l’avoir contemplée pendant dix mille ans.
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Personne ne voit le déclin de sa propre civilisation avant d’avoir atteint quarante ans, et dès lors tout le monde le voit.
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