Citations de Thomas Vinau (1192)
Pense-bête
Pense bien de temps en temps
à partager pour rien
un ou deux petits verres de brume
avec ton désespoir d'enfant
C’est fini !
Nous avons saigné et pleuré pour toi.
Tu recueilleras notre héritage.
Fils des désespérés, tu seras un homme libre !
(Jules Vallès, L’Insurgé)
Pour ce qui est des escargots
et des salades
j'ai décidé de faire
moitié-moitié
Soyons indulgents
toi aussi tu aurais faim
si tu devais porter
sur tes petites épaules
un immeuble en chantier
Je plante
des radis
dans la nuit
Demain
le ciel
sera rosé
Le numéro de téléphone
Ce n’est pas un lieu. C’est une brèche. Une crevasse dans la glace. Une couleur qui nous traverse mais qu’on ne reconnaîtrait pas. C’est quelque chose derrière les yeux. Un petit flottement sombre. Par hasard retomber sur le numéro de téléphone. On n’appelle pas. C’est trop tard. On n’efface pas non plus. Ces serait comme murer un passage secret. On laisse nos souvenirs, un panier de cerises, devant la porte close. On promet en silence de revenir un jour s’asseoir sur le perron. Même si la porte ne s’ouvre plus.
Je sais que les oiseaux n'ont pas d'épaules. Regardez-les rentrer leur cou. Faire le dos rond. Courber l'échine sous le jour. On dirait des hommes qui plient. Des questions qui s'enfoncent dans le sol. Non, les oiseaux n'ont pas d'épaules. Mais ils parlent la langue du vent. Sans envergure.
Ce qui devait mourir est mort. Le reste a patienté, mijoté dans l’absence et le silence couvé de neige. A présent, un petit monde tout neuf est là pour dévorer le jour. Avril tout cru, ou début mai. Une lumière jeune et vive traverse les couches du temps, descend de plus en plus bas, jusqu’aux premiers bourgeons cachés dans leurs plis. Les grouillances se déplient dans une danse immobile, l’ascension du vivant grimpe avec le jour. Le ciel fait des pirouettes. Flux et reflux dans les branches.
Une fille qui pleure, ça se voit de loin, ça colore l'air autour, mine de rien, comme le givre sur une feuille.
Ça fait du bien de changer de rythme. De lâcher la montre. Bénis soient les jours fériés et les semaines de vacances.
Il y a toutes ces choses qui nous remplissent. Tous ces gens croisés, tous ces paysages. Ils infusent tout doucement en nous comme un sachet de thé dans un verre d'eau tiède.
Je n'ai jamais eu peur de l'orage. J'aime voir l'horizon se troubler et l'eau rincer le paysage.
La paix.
C'est une paix
de fin de repas
dans le silence moite
de juillet
j'enfouis ma tête
sous un livre
des mouches
bourdonnent
des hommes
continuent
de saigner.
Ce qui compte c'est le voyage. Je veux dire, le trajet. Quel que soit l'endroit où je me rends, ce que je préfère, ce qui me remplit le plus, coeur et ventre, c'est le trajet. Le confort tiède des kilomètres à travers le pare-brise. La pluie contre la vitre du train. Les chansons dans la voiture. Le bordel à l'arrière. Le simple ronronnement du moteur. Du chauffage. La route qui défile. La lumière qui traverse les feuillages. Les rayures d'ombre des platanes sur le bitume. Les bourrasques de feuilles mortes. La musique. Les fossés. L'odeur des sièges, du tabac froid qui se mélange au ciel. La courbe tendre des collines. La petite comptine de l'horizon.
Ce qui compte, c'est le voyage.
Mon frère est un morceau de mon cœur. Nous sommes le même air joué par deux instruments différents.
Je la regarde chaque soir, penchée sur son chevalet.
Elle garde plusieurs pinceaux dans ses mains et parfois un entre les dents, comme un pirate les mâchoires serrées sur son poignard.
(Le dedans du dehors - Ma couleur)
J'écris comme je peux; je vis comme si je pouvais
Pierre Autin-Grenier
J'ai de l'infini dans les chaussettes
Il pleut
et ça fait comme une couverture
avec l'envie de se blottir
dans des grosses laines
de souvenirs à carreaux
Des braises brisent la noirceur
Sur le palier si familier
où agonisent les lueurs
un vieux chien noir
vient se confondre avec la nuit
sa langue lèche mes silences
on trinque ensemble chaque soir
aux clins d'oeil des étoiles qui meurent
sur le beau vide de la nuit
Je reste en bas
Aujourd'hui je reste en bas
aux pieds du monde
si les choses se passent bien
je ferai de chaque seconde
un terrier d'ambre
Alors je reste là, dans la lumière éblouissante du soleil sur la neige
Personne ne comprend rien
tout cela est magnifiquement
absurde
est-ce que tout
ce que la vie nous donne
elle l'a déjà repris
à quelqu'un d'autre