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Critiques de Toni Morrison (1263)
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Est-ce qu'en terme de société il existe une théorie du chaos ? Et d'ailleurs qu'est-ce que le chaos ?

Larousse, s'il vous plaît…. ». Confusion générale des éléments de la matière, avant la formation du monde... » Hum... » Ensemble de choses sans dessus dessous et donnant l'image de la destruction, de la ruine, du désordre »... Mum... » État de confusion générale »... bon... Wiki, quelque chose à ajouter ? « Le chaos est un concept religieux qui définissait l'univers avant l'intervention de Dieu. »

Bon Dieu je ne sais vraiment pas où il était encore passé celui-là, mais en tout cas c'est bien de la tête des hommes, de leur panse, de leur bourse, que ce chaos là est sorti.

C'est vrai que parfois, nous avons des images bipolaires qui nous envahissent la tête. L'Amérique ne s'est pas faite en un jour. Et dès le premier... c'était l'enfer.

Des presbytériens hallucinés, des mangeurs de sorcières, des amérindiens massacrés à la culture pulvérisée, des africains génocidés, enchaînés, des gosses d'anglais (« Bas rouges » ou « trente-six mois ») vendus comme des serfs, des femmes déportées, cédées, échangées. Un monde traumatisé. Le chaos des origines ou les origines du chaos ? Les voix de Toni Morisson nous reviennent, elles voyagent depuis le 17e siècle. Toni Morisson a ce don là, incroyable, rendre vie, donner parole. Rendre compte. Et surtout celui de nous faire entendre toute la complexité des douleurs du monde afin que nous puissions un jour trouver les mots pour les atténuer.



Astrid Shriqui Garain
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Frank Money revient de la guerre de Corée. Il s'installe à Chicago où il tente d'oublier le traumatisme de la guerre. Il y a laissé deux de ses amis d'enfance. Il rencontre Lily qui travaille dans une blanchisserie, Frank voudrait construire une relation avec elle. Les cauchemars des champs de bataille le réveillent toujours la nuit. Un jour, il reçoit un message lui demandant de retourner dans le Sud, sa petite sœur Cee serait en danger de mort. Frank quitte donc Chicago pour rejoindre sa sœur et la ramener à Lotus en Georgie, leur ville natale.



Cette rentrée littéraire m'a permis de découvrir enfin la grande romancière américaine Toni Morrison. Nos chemins ne s'étaient jusque là pas croisés mais je pense que "Home" est une bonne introduction à son œuvre. La construction de ce court roman est très travaillée et nous laisse entendre plusieurs voix. Régulièrement au fil du roman, nous entendons Frank s'exprimer à la première personne. Ces passages en italique nous laissent deviner que Frank raconte sa vie à quelqu'un chargé de la retranscrire. Ils nous permettent de découvrir plus profondément la psychologie de Frank et les horreurs vécues durant la guerre. La narration à la troisième personne est donc la retranscription du témoignage, il semble l'enjoliver (notamment à propos de l'histoire terrible d'une jeune coréenne). Néanmoins le récit n'est pas uniquement celui de la vie de Frank, s'y mêlent également les voix de Lily, de Leonore la grand-mère de Frank et de Cee. Une multitude de destinées qui enrichit le roman.



Le thème central est bien évidemment la ségrégation. Le voyage de Frank allant de Chicago au Sud est un témoignage des humiliations subies par les noirs. Frank doit toujours faire profil bas, se mettre à l'arrière des bus, dans des compartiments spéciaux dans les trains. Mais Toni Morrison souligne également l'incroyable solidarité qui existe entre noirs. Un guide a été écrit pour aider les noirs à voyager à travers les États-Unis : "Guide de voyage à l'usage des noirs" édité de 1936 à 1964. Frank y trouve des noms, des adresses où demander de l'aide. Malgré cela, il est frappant de constater la résignation totale de Frank, il n'y a pas une once de rébellion en lui. L'enrôlement des noirs dans l'armée avait fait espérer un changement, une égalité de traitement. Mais les noirs ont servi de chair à canon aux blancs qui les exposaient en première ligne. Dans le roman de Toni Morrison, ce sont les femmes qui sont fortes et veulent faire évoluer leur vie. Lily veut devenir couturière à son compte. Leonore, la grand-mère sans cœur et brutale, dirige sa famille et contrôle les finances. La fragile Cee finit par être plus déterminée, plus volontaire. Elle veut conquérir son indépendance et le plus compliqué sera de le faire admettre à Frank, lui dont le reste d'humanité réside dans son amour pour sa sœur.



Avec une écriture concise et extrêmement poétique, Toni Morrison parle de ce qui lui tient le plus à cœur : la ségrégation aux États-Unis. Un roman d'une grande justesse qui me donne envie de découvrir le reste de son œuvre.
Lien : http://plaisirsacultiver.wor..
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Comment vivre heureux quand on ne sent pas chez soi ? Comment trouver sa maison ? C'est le cri d'hommes repoussés et pauvres qui ouvre Home :



"... Dites, qui possède cette maison ?

Elle n'est pas à moi.

J'en ai rêvé une autre plus douce, plus lumineuse...."



Car ils sont noirs. Toni Morrison invoque les années 1950, alors que la ségrégation raciale est vive, la période avant Kennedy, au travers du parcours d'un frère et sa jeune sœur nés dans un milieu difficile, dans la pauvreté et l'insécurité affective.



Que peut comprendre Frank Money, mobilisé dans les forces américaines en Corée et qui, de retour, n'est pas considéré comme un individu à part entière par la nation pour laquelle il s'est battu ?

Au service d'un médecin eugéniste, comment la naïve Ycidra pourrait-elle accepter qu'il ait osé expérimenter sur elle des méthodes qui ont menacé sa vie et l'ont rendue stérile ?

Au début de la constitution américaine, on sait que la représentation des noirs au Congrès était basée sur l'équivalence de cinq noirs pour trois blancs. C'est dire. Une tel disparité de valeur individuelle n'est pas totalement effacée à l'heure où se déroule ce récit.



Le roman possède trois grandes qualités: sa concision, ses ellipses et la présence intense des personnages:

Le dernier roman du Pulitzer 1998 semble la quintessence des thèmes qui lui sont chers et ceci confère à l'ouvrage une dimension emblématique. Chaque mot tend à l'essentiel. On retrouve la quête d'humanité des noirs, de la liberté individuelle, en particulier des femmes, et l'amour de soi en dépit du regard négatif des autres.

Jamais il n'est souligné qu'il s'agit de noirs(1). Cet aspect informulé grandit le ton, exhausse adroitement les épineuses questions qui sont au centre. Le silence du non-dit s'avère le plus révélateur.

Certains chapitres imprimés en italique voient les personnages s'adresser à qui écrit pour démentir, préciser ce qui a été dit ou interprété. L'écrivain ne semble plus maître absolu du récit. Les personnages acquièrent de la présence et s'affirment comme des êtres à part entière, libres de s'exprimer librement.



Détail à souligner: depuis la Corée, Frank a des crises d'achromatopsie, c'est-à-dire qu'il perd la vison des couleurs et il ne voit plus qu'en noir et blanc. J'y vois une métaphore réussie. (Scientifiquement, ce trouble est d'origine génétique ou le résultat d'une lésion cérébrale. Le peintre Jay Lonewolf Morales en est atteint.)



Le récit débute par une scène marquante aperçue par les deux enfants qui assistent à l'enterrement humiliant d'un homme noir, transporté en brouette. C'est à ce symbole dégradant que Home tente de faire justice, afin qu'il se relève dignement, comme les chevaux du début: "Ils étaient tellement beaux. Tellement brutaux. Et ils se sont dressés comme des hommes."



Ceux qui n'ont jamais lu Toni Morrison y verront un roman intelligent et mature, et c'est mon cas. Les habitués du Nobel de littérature 1993 opineront peut-être, mais seront-ils enthousiastes ?





(1) Une évolution de la ségrégation dans l'armée des États-Unis est décrite dans ce document instructif de l'Université de Nice.





Lu en numérique sur Sony T1 au format ePub.


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Pas de déception pour la dernière œuvre de la grande Toni Morrisson. Je vous suggère de ne rien lire sur le sujet du livre pour vous laisser guider par son écriture. Je ne vais donc pas trop vous parler de l'histoire, mais plutôt vous donner mes impressions.

En très peu de mots - très bien choisis- Toni Morrison fait ressortir toute l'horreur de certaines situations. A travers les souvenirs de la guerre de Corée qu'a vécue le héros, ou encore les terribles rencontres que fait sa jeune soeur, Cee, on mesure combien certains événements peuvent hanter. Mais il y a toujours l'espoir d'une "reconstruction", notamment à travers l'aide que peuvent apporter certains proches. Ainsi, le texte oscille entre l'ombre et la lumière, et laisse aussi parfois une place à une certaine poésie! Un court texte fort, efficace et beau!

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Beloved

Tony Morrison est une écrivaine dont la lecture peut sembler difficile. Son écriture offre une souffle particulièrement marqué et une langue rare, très atypique, déstabilisante pour certains, envoûtante pour d'autres. Je ne peux que conseiller de lire "Beloved" qui est, à mon avis, un des plus grands romans anglosaxons du XXè siècle. C'est de ces livres là que l'on ressort "autre".
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Beloved

Livre prêté et recommandé par ma fille, livre qui devait me servir pour la thématique d'Avril 2021 : femmes/auteures !

J'ai été déçue car je ne suis pas arrivée à le finir, j'ai tenté de reprendre sa lecture en plusieurs fois, mais le style qui relève de la langue orale, les phrases destructurées, le tourbillon des mots, la confusion de l'écriture ont eu raison de moi, surtout quand Sethe s'est mise à " parler" avec le fantôme de son bébé mort...

Bref, même avec ma meilleure volonté et, en sachant que Toni Morrisson a obtenu le Pulitzer et le prix Nobel de littérature...j'avais gardé mes premières notes et javais renoncé.

Compte tenu que je suis autorisée à mettre cette ébauche de chronique dans la thématique de janvier 2022 : que celles ou ceux qui ont apprécié Toni Morrisson ne me tiennent pas rigueur pour ce post !

L.C thématique de janvier 2022 : auteur(e)s U.S/Canada.
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Après avoir reçu un message alarmant, Frank traverse les États-Unis du Nord au Sud afin de rejoindre et sauver sa soeur Cee. Un souvenir d'enfance traumatisant qui les unit, constitue le prologue du roman. Ensuite deux narrations parallèles racontent leurs vies, éloignés l'un de l'autre : Frank entre dans l'armée, Cee va chercher un emploi. Au fil du voyage de Frank, peu à peu se révèlent les épisodes terribles, horrifiants que tous deux ont dû affronter : la torture mentale pour l'un, physique pour l'autre, qui les détruit. Mais la fin du parcours les réunit, et c'est ensemble et au sein de leur communauté, “Home”, que le frère et la soeur pourront se reconstruire.

Chaque roman de Toni Morrison est un chef-d'oeuvre, comme le dit le jury du prix Nobel de littérature, “caractérisé par une force visionnaire et une portée poétique, qui donne vie à un aspect essentiel de la réalité américaine”. Dans le cas de Home, cette réalité qu'elle évoque avec puissance, c'est le sort tragique qui attend le corps des Noirs dans l'univers blanc des États-Unis, après la guerre de Corée.

Splendide traduction de Christine Laferrière.

Challenge USA : un livre, un État (Georgie)

Challenge Nobel

LC thématique de juillet 2021 : ''En voyage''
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Beloved

J’avais depuis longtemps envie de lire Beloved ! J’avais lu L’œil le plus bleu de Toni Morrison, un premier roman frappant aux thèmes difficiles. Beloved a été mille fois récompensé, et son résumé qui fleure le fantastique m’avait donné envie de découvrir plus en avant l’œuvre de l’autrice.



Dans un premier temps, je vous déconseille ce roman si vous êtes dans une période de fragilité. Toni Morrison n’est pas le genre d’autrice qui ménage ses lecteurs, au contraire. Elle reprend ici les thèmes qui font les fondement de son œuvre : racisme, violence, cruauté, esclavage… L’autrice a une manière très viscérale et directe dans son écriture qui nous plonge immédiatement dans ce monde qui ne semble plongé que dans le désespoir et le sang. Si Sethe a échappé physiquement à l’esclavage avec ses enfants, elle continue à être hanté par ce passé tenace dont l’ampleur de la cruauté ne se révèle qu’au fil des pages.



L’autrice a une plume précise, qui allie poésie, richesse et cruauté avec une grande élégance et une grande dureté. Elle nous immerge totalement dans un contexte historique spécifique : un XIXe siècle marqué par la violence de l’esclavage, où les noirs asservis tentent de fuir vers les états libres en tentant d’échapper aux chasseurs d’esclaves.



En effet, Toni Morrison ne facilite pas la lecture. Elle choisit une construction complexe, par analepses, c’est-à-dire retours dans le passé, qui implique que nous n’ayons pas toutes les clés des événements. Les personnages font donc souvent des références à leur passé sans détailler leur contexte, ce nous laisse avec beaucoup de questions. Ils évoqueront un point saillant qui est responsable de leur traumatisme, une idée obsessionnelle qui, hors contexte, ne semble pas rationnelle.



Mais en persévérant, le passé dramatique de Sethe se construit. Il se reconstruit à travers les regards croisés des différents personnages qui à travers leurs questions et leurs souvenirs, éclairent les zones d’ombre. Que ce soit grâce à Paul D. , qui était dans la même plantation que Sethe, le Bon-Abri, la fille de Sethe, Denver, et la mystérieuse Beloved. Tous ces éléments font du roman une récit qui aborde la complexité de la mémoire, en particulier de la pérennité du poids du traumatisme, de la culpabilité et de la violence à travers le temps et qui hante en continu.



Le thème de la hantise des souvenirs est prégnant. La maison de Sethe est hantée par le fantôme de l’enfant qu’elle a tué pour lui éviter une vie d’esclavage. La fille de Sethe finit par revenir littéralement sous la forme de Beloved, créant un liant malsain avec sa mère et lui prenant littéralement la vie petit à petit, faisant un parallèle intéressant avec une créature vampirique, mais aussi avec une forme destructrice de dépression. C’est ainsi un livre qui traite de maladie mentale et de solitude, ainsi que de la nécessité d’exorciser son passé malgré la douleur qui peut en naître. Il y a ainsi de nombreuses occurrences de l’importance de la spiritualité et du chant dans l’acte de purification.



Ensuite, la violence est également très présente, notamment à travers les références à l’animalité. Paul D et Sethe évoquent à demi-mots puis de manière frontale leur calvaire au bon-abri. L’animalité est évoquée par le biais d’éléments comme un dialogue marquant autour du mors, du mors que les propriétaires blancs faisaient porter aux esclaves et qui leur laissaient un sourire faux et douloureux. Toni Morrison n’épargne pas le détail dans son écriture, le roman laisse une marque sombre après la lecture. Mais le roman parle aussi de communauté et d’entraide, puisque Sethe et sa fille, Denver, s’isolent du reste du monde et que c’est seulement quand des personnages hors du cercle familial comme Paul D ou Payé Acquitté parviennent à atteindre la maison que le passé semble perdre de son emprise sur les deux femmes.



Beloved fait partie de ses romans qui marquent mais dont il est difficile de dire qu’on l’a aimé. Ses thèmes difficiles, sa dureté dans les descriptions, sa narration complexe comme son écriture élégante en font une œuvre indispensable. La portée tragique du roman, à travers son aspect familial tout comme comme son aspect global, est parfaitement maîtrisée et nous offre un drame sombre et gothique qui touche aux tourments les plus profonds de l’âme humaine. C’est un livre sur le poids de la mémoire, et de la façon dont le passé vient hanter le présent, comme s’il ne disparaissait pas totalement.
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D'une plume à la fois fiévreuse et elliptique, Toni Morrisson brosse le portrait d'une certaine Amérique ségrégationniste.

Tout est suggéré à petites touches et il faut rester attentif au moindre détail pour pleinement apprécier l'histoire.



Franck Money est noir, on le devine sans que cela soit énoncé, et c'est pour fuir Lotus en Géorgie que lui et ses deux meilleurs amis, Mike et Stuff, s'engagent dans l'armée. Démobilisé après la guerre de Corée, il n'a pas de raison de retourner chez lui, lui qui est en vie alors que ses deux amis ont perdu la leur en Corée. Il a été fortement affecté par leur mort mais, avant ça, par l'épisode de la "petite Coréenne" et reste très perturbé. Seule la lettre qu'il reçoit laissant entendre que Cee, sa sœur, va mourir, le pousse à rentrer.



Entrecoupé de confessions de Franck, le récit laisse percevoir le quotidien de cette population pauvre. "[Les] parents, ils étaient tellement épuisés à l'heure où ils rentraient que tout témoignage d'affection était comme un rasoir : coupant, mince et bref."

Et le retour du combat n'arrange pas les choses. "Vous allez tous au combat, vous rentrez, on vous traite comme des chiens. Enfin presque. Les chiens, on les traite mieux."



C'est aussi le récit d'une rédemption et d'un nouveau départ, symbolisés par une courtepointe donnée et une croix sur laquelle on peut lire "Ici, se dresse un homme".



Un beau roman quoique pas mon préféré de cette auteure, car un peu trop concis.
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Court roman mais non moins intéressant sur la quête d'un vétéran à trouver un sens à sa vie après son retour de la guerre de Corée. J'ai eu un peu de mal à entrer un dans l'histoire



Dans le contexte bien particulier des années 50 dans le sud des Etats-Unis marqué par le racisme, l'auteure nous narre le road-trip de Frank pour aller chercher sa petite soeur, il y a beaucoup de flash-back pour comprendre et imaginer sa vie en Géorgie rurale.



Premier roman que je lis de cette auteure et son écriture m'a touché, l'ensemble est très poétique tout en racontant de nombreuses atrocités.

Un émotion se dégage des mots couchés sur le papier.



Je me ferais un plaisir de découvrir d'autres titres.



Seul bémol, la longueur du texte, j'aurais aimé quelques pages en plus.
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Délivrances



Histoire d’une enfant mal aimée par sa mère, métis à peau pâle et qui est renvoyée à sa propre négritude par la couleur noire de la peau de sa fille. Tour à tour les divers protagonistes, la mère, la petite fille devenue femme, sa meilleure amie, puis son amoureux, donnent leur vérité.

La mère, Sweetness, qui n’ose pas toucher sa fille, déclare avoir agi ainsi pour la préparer au rejet qui devra être sa destinée, oubliant qu’un bon bagage d’amour l’aurait sans doute plus aidée. Bride, selon le prénom qu’elle s’est donné, est devenue très belle, et a fait de la noirceur de sa peau un atout. Mais elle cache un lourd secret dont elle devra se libérer pour vivre pleinement.



J’ai bien aimé ce roman mais sans être subjuguée.

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Délivrances

Pour mon premier Toni Morrison, c'est une jolie et agréable surprise. Je suis partie à l'aveuglette car je cherchais un roman lauréat d'un prix Nobel. Je trouvais la couverture forte et très belle malgré qu'elle soit simple.

De quoi parle Délivrances? Bride est une magnifique jeune femme à la peau d'ébène. Elle a un haut poste dans les cosmétiques. Une jeune femme de son temps mais qui vient de se faire larguer comme une malpropre. Le lendemain elle se fait tabasser alors qu'elle offrait des cadeaux....



De quoi doit se délivrer Bride? C'est la réponse que va apporter Toni Morrison dans sa quête de réponses. Nous aurons le discours de Sweeten, Sofia, Brooklyn, Booker, Rain qui ont partagé un pan de la vie de Bride. Bride qui aura aussi un impact sur eux et sera leur délivrance.



Dans ce roman écrit à la 3ème personne, Toni Morrison offre un discours très fort sur le racisme, des actes condamnables, le mensonge, le deuil insurmontable, les casseroles que l'on traine et dont on a du mal à se défaire. Mais il y a aussi l'amour d'une mère qui peut être dévastateur pour une jeune dans son entrée à l'âge adulte. Comment un acte enfantin peut avoir un impact 15 après et bouleverser un être ?

Dans son court roman, j'ai eu l'impression que l'auteur dénonçait beaucoup de choses et avec efficacité.



Délivrances nous parle vite et bien. Il parle aussi d'amour où les protagonistes doivent se pardonner à eux même avant d'envisager l'avenir.

Un joli texte qui donne un gout de reviens-y.

Un premier roman qui me donne envie de découvrir Toni Morrison en long en large et en travers.
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Sula

Lu en VO.

J'ai eu du mal à rentrer dedans au début mais en définitive j'ai beaucoup aimé. Sula est un personnage très fort, qui brave toutes les conventions sociales et s'impose ; et pourtant, elle est sensible et humaine. De manière générale, la personnalité et la psychologie des personnages sont très bien travaillées et approfondies, ce qui en fait toute la force de ce roman. Mais en plus de cela, Toni Morrison ne fait pas que simplement s'accaparer le thème de la ségrégation aux États-Unis, elle le rend vivant, terriblement réel, désolant. L'impuissance est tangible. Et elle ajoute cette dimension maternelle, féminine, féministe qui confère à l'ensemble un caractère dangereusement humain, à double tranchant. Dans ce livre, rien ne semble être mieux justifié que par les sentiments. Égoïsme. Traumatisme. Amour. Amitié.

Toni Morrison écrit pour se rappeler de la « cause noire ». Et cela se voit, cela se lit.
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Beloved



J’ai commencé cette lecture en me délectant d’avance. « Me voici dans la grande littérature » me suis-je dit.

Et de fait, je me suis immergée dans la belle langue imagée de Toni Morrison, ses métaphores si poétiques, ses descriptions si visuelles.

Néanmoins, ce fut ma perte. L’onirisme de ce roman m’a fait perdre pied, a bousculé tous mes repères et je n’ai pas su raccrocher les wagons.

La lecture a donc été très laborieuse, je dois reconnaître que certains passages me sont restés d’une compréhension inabordable. Je pense avoir saisi l’idée générale mais j’avoue ne pas avoir pris de plaisir à aller jusqu’au bout de ce roman, si ce n’est celui d’avoir relevé le défi.

C’est donc une grosse déception.

J’ai un autre titre dans ma PAL, Home, je ferai une autre tentative, un peu plus tard.

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Beloved

Bien que la prose de Tony Morrison soit au premier abord hermétique, il faut y regarder de plus près et plonger crument dans la puissance de cette verve si intime, violente...

Tony Morrison n'embarque pas n'importe qui avec elle, son histoire se gagne et quel plaisir une fois que l'on chemine son univers... Beloved est une histoire mystique enveloppée de mort et de racisme qui laisse couler au fil des pages une humanité bien réelle...



Pour en savoir plus :

http://shaktili.over-blog.fr/2015/04/beloved-tony-morrison.html

Par contre c'est en anglais...
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Sula

Dans les années 1910, dans le Fond, le quartier noir de Medaillion, Ohio, Nel et Sula partagent une amitié solide et intense. « C’était des petites filles solitaires dont l’isolement était si profond qu’il les enivrait et les précipitait dans des visions en technicolor incluant toujours une présence, quelqu’un qui, à l’égal de celle qui rêvait, partageait les délices de ce rêve. » (p. 60) Hélas, la vie va éloigner les deux inséparables : Nel choisit le mariage et la vie de famille, Sula veut le plaisir et la liberté, jamais les attaches. « Sula apprenait que le sexe était quelque chose d’agréable et de fréquent, mais sans rien d’extraordinaire. » (p. 52) Quand elle revient à Medaillion, des années trop tard, tout a changé et personne ne veut d’une négresse indépendante et fière, même pas Nel. « Je ne veux avoir personne d’autre. Je veux m’avoir, moi. » (p. 102) C’est alors toute une ville qui fait front contre un individu, toute une ville qui se fond dans une haine aigre et hypocrite. Les revendications de Sula étaient vouées à l’échec, elles étaient trop belles pour ne pas être lancées à la face du monde.



L’Amérique profonde, le début du 20e siècle et son racisme : cet univers n’était déjà pas fait pas pour les femmes, encore moins pour les femmes noires. Le passage de l’amitié d’enfance à l’affrontement de femmes est explosif : au détour d’une phrase, la rupture est consommée et les deux amies de jadis sont désormais rivales. Je suis sous le charme de la beauté des dialogues, riche d’une oralité musicale et rythmée comme un vieux gospel. Toni Morrison peint un superbe portrait de femme, mais elle crée également des personnages secondaires qui mériteraient qu’on leur consacre des romans. Je ne cite que Shadrack, inventeur de la journée internationale du suicide, et Eva Peace, unijambiste pour qui la fin justifie les moyens. Sula confirme mon admiration pour Toni Morrison et sa plume belle et exigeante.

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Beloved

Ouvrir un livre de Toni Morrisson n'est jamais anodin. Car Toni Morrisson écrit des histoires qui font mal ; elles sont là pour panser des blessures, aider à cicatriser, mais on ne soigne pas sans douleur. Il faut débrider les chairs, enlever les humeurs purulentes... ce n'est pas toujours agréable.

Mais Toni Morrisson excelle dans l'art de manier les mots, et les histoires de ses personnages deviennent belles malgré les laideurs de leurs vies.

Ce sont souvent d'anciens esclaves, les personnages de Toni Morrisson, et ils ont vécu des choses que seuls les esclaves connaissent : être traité comme un animal, voire pire. Alors ils sont tout cassé, ils sont plein de rêve à peine éclos et déjà brisés.

Mais quand ces hommes et ces femmes retrouvent une liberté chèrement gagnée, ils continuent de payer.

Beloved est l'histoire d'une rédemption.

C'est l'histoire d'une femme esclave qui se révolte contre ce pouvoir infernale que les hommes blancs ont instauré. Ses enfants ne finiront pas comme elle et comme tous les autres : plutôt les tuer.

Des années après les faits sanglants, Sethe, cette femme prête à tout pour sa liberté et celle des siens, vit seule avec sa fille rescapée, Denver. Elles occupent la maison de la belle-mère de Sethe, Baby Suggs, elle-même décédée tranquillement dans son lit des années après le drame.

Cette maison, donnée par un homme blanc altruiste, est habitée aussi par un fantôme, celui du bébé de Sethe, la seule enfant qu'elle aie réussie tuer avant qu'on ne la stoppe. Et comme un bébé, c'est un fantôme capricieux, qui fait des crises.

Jusqu'au jour où débarque Paul D, ancien esclave au "Bon abri", nom si ironique pour désigner cette propriété où fût aussi esclave Sethe avant de s'enfuir, enceinte jusqu'aux yeux, après avoir été fouettée.

Ils ont donc un passé commun, et les méchants souvenirs que Sethe gardait bien enfouis dans sa mémoire refont surface.

Tout cela chasse le fantôme... pour laisser la place à une jeune fille qui a l'âge qu'aurait le bébé de Sethe s'il n'était pas mort 19 ans auparavant.

Denver reconnait immédiatement cette soeur qu'elle connait sans la connaitre... Sethe, elle, ne la reconnaitra pas, mais sentira dans sa chair que cette jeune femme a besoin d'elle. Seul Paul D sent que quelque chose ne va pas chez cette jeune personne, qui dit s'appeler Beloved.

Beloved est le seul mot que Sethe ait pu faire graver, au prix de sa chair, sur la pierre tombale de son enfant perdue... Beloved, Bien-aimée...

C'est une histoire de fantôme inhabituelle que nous conte Toni Morrisson, sa poésie sombre nous trouble tout autant que ses personnages.

Un magnifique livre sur la mémoire, sur la liberté, sur la force et sur l'amour.



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Sula

SULA de TONI MORRISON

SULA et NEL sont deux petites filles noires qui grandissent dans les années 20 à Medallion dans l’Ohio. Elles sont issues de familles fort différentes, l’une assez conventionnelle par rapport à sa communauté, l’autre libérée de toute obligation sociale. SULA est la fille d’Hannah, petite fille d’Eva qui s’était retrouvée seule après le départ de son mari avec 1.65$, 3 betteraves et 3 enfants qu’elle confiera à la voisine pour la journée. Elle reviendra les chercher 18 mois plus tard, une jambe en moins, le portefeuille bien garni. NEL est la fille d’Helene et se mariera avec Jude, pendant que SULA disparaîtra pendant 10 ans. Leurs retrouvailles seront compliquées…

Intéressante histoire que celle de ces deux filles aux parcours opposés, l’émancipation débridée de SULA, le mariage traditionnel de NEL, le choc du retour après tant d’années sans nouvelles. Il y des personnages forts dans ce livre, Eva, bien sûr sans laquelle rien ne serait arrivé et Shadrack, survivant de la guerre qui célèbre la « journée nationale du suicide»!

Un des livres de Morrison où se fait sentir dans le style toute l’influence de Faulkner, il faut souvent deviner derrière les mots, les portes s’ouvrent et beaucoup ne se ferment jamais.

Très beau.
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Beloved

J’avais vraiment envie d’aimer ce roman, sincèrement.

Mais je crois que je l’ai lu à la mauvaise période, dans une phase où je n’avais pas réellement envie de le lire. De ce fait, voilà la conséquence : je suis passée complètement à côté.



Cela n’est bien sûr que mon ressenti personnel. Il mérite sûrement d’être lu, peut-être que vous l’adorerez - il a d’ailleurs de bien belles critiques sur son profil babelio !

De mon côté, la lecture fut laborieuse. Le sujet m’intéressait pourtant beaucoup, mais je pense que l’écriture n’a pas aidé, pour être tout à fait honnête. Je pense avoir été un peu perdue par le style ; je n’ai pas réussi à l'apprécier, à tout comprendre, et par conséquent à accrocher et rentrer dans le récit.



Je suis déçue de ne pas avoir davantage aimé, car les thématiques du récit sont pourtant extrêmement fortes, intéressantes et importantes.

Je ne l’ai sûrement pas lu au bon moment.

À retenter dans quelques années, peut-être…

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À ton avis... : Le Vieil Homme ou le Serpen..

Les fables d'Esope (7è-6è siècles avant JC) revisitées par une Nobel de littérature, américaine et noire, ça claque.

J'ai préféré "Le vieil homme ou le serpent ?", plus abouti, à "La cigale et la fourmi".

Je vous résume l'intrigue de départ : un homme trouve un serpent à moitié mort de froid, le réchauffe contre lui et, ingrat, le serpent le mord. L'homme meurt.

De ce point de départ, Toni et Slade Morrison ont fait un véritable petit bijou.

"C'est une paisible soirée d'été, dans une petite cabane près du lac." Granpa est apitoyé par son petit-fils, triste de retourner à l'école où il ne réussit pas. Granpa va alors lui raconter une merveilleuse histoire montrant que "plus on réfléchit, moins on a d'ennuis".

Le langage est désopilant, notamment celui du serpent : "Si tu me sauves la vie, tu ne seras plus mon ennemi, chéri, mais mon sauveur, tu piges ?"

Les dessins restituent à merveille l'ambiance de cette soirée d'été et de cette cabane du vieux Sud.

Et la chute est splendide !

Traduit par Laurence Kiefé, illustré par Pascal Lemaître.

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Challenge Bande dessinée 2023

LC thématique février 2023 : "Un animal dans le titre ou sur la couverture"
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