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Critiques de Toni Morrison (1261)
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Beloved

Beloved est une oeuvre poignante, sur un sujet vraiment horrible, même sur une poignée de sujets vraiment horribles, mais l'écriture empêche que cela sombre dans le pathos: profondément juste, jamais trop, jamais trop peu, elle sert merveilleusement le récit.

Celui-ci conte au lecteur abasourdi l'histoire de Sethe, une jeune esclave enfuie avec ses enfants vers des contrées plus clémentes, et de Beloved, l'une de ses filles. On ne saura jamais le réel prénom de l'enfant, juste ce Beloved que sa mère a fait inscrire sur sa tombe, après avoir tranché la gorge de sa petite fille pour lui épargner l'esclavage.

Seulement, quelque chose de dix huit ans plus tard, Beloved ou plutôt son fantôme semble toujours refuser de quitter la maison où elle est morte et voilà où commence l'histoire.

Une histoire qui comporte beaucoup de flashbacks et qui peint un portrait terrible du XIXème siècle juste avant et juste après la guerre de Sécession, les chasseurs d'esclaves, les propriétaires, plus ou moins horribles, mais finalement même ceux qui font preuves de bonté se permettent d'acheter et vendre des êtres humains, la mort et les châtiments horribles qui peuvent survenir pour un rien, le refus de l'humanité des esclaves...

Et l'amour, aussi, l'amour malgré tout, l'amour de Sethe prête à voir ses enfants morts pour qu'ils soient à l'abri de cette vie, et ce petit fantôme qui est rempli de colère et d'amour à la fois.



Un roman que je conseille et recommande à tous, d'une très grande qualité, et qui mérite vraiment le Prix Pullitzer qui l'a couronné.
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L'oeil le plus bleu

Non... toutes les choses ne sont pas réglées, et pas seulement au pays de l'oncle Sam.

L'esclavage, au delà de l'horreur qu'il a fait vivre aux chairs, imposant la dépossession des corps, à créer un traumatisme extrêmement profond dans les âmes, et cela durant des générations.

Il ne suffit pas que cela cesse pour que tout soit réglé.

Il en est pour l'esclavage et il en est de même pour le colonialisme.

Pour toute forme de société instaurant la suprématie d'une race, d'une ethnie, d'une religion sur d' autres.

Déculturer totalement des peuples, imposer l'amnésie de plusieurs cultures, de civilisations, anéantir tout repère. Quelles en furent les conséquences? Quelles en sont également leur survivance ?

Comment vivre lorsqu'on se voit imposer comme mètre étalon la race, la culture ou la religion qui vous oppresse, vous possède, vous décervelle ? Comment y survivre ?

De ces états de faits surgissent de multiples syndromes traumatiques et post traumatiques qui s'inscrivent profondément et pour très longtemps dans toute la société.

Mais de cette mémoire peu de choses nous parviennent pour finir aujourd'hui.

La culture américaine montre en ce 21e siècle un visage multi racial. Mais l'Amérique tellement friande de revivre et de faire revivre au monde entier ses guerres, ne parle étrangement presque jamais de l'esclavage. du moins très peu d'écho nous parviennent. Quoique les productions cinématographiques américaines sur le sujet soit bien plus nombreuses que celles des français. Ainsi, le tout premier film français sur l'esclavage est il "La montagne est verte" documentaire de Jean Lehérissey tourné en 1950 à Paris et en Martinique sur le rôle de Victor Schoelcher et des esclaves à la libération.Voilà qui est bien tardif pour le pays de l'Abbé Grégoire et pour la patrie de la déclaration universelle des droits de l'homme et du citoyen...

Un fait acquis, peut être, mais non réglé.

Et les derniers évènements qui ont eu lieu en cet été 2014 au USA nous le montre bien. Il y a toujours un problème racial aux USA. Comme il existe encore et toujours un problème racial dans tous les pays qui furent colonialistes ou esclavagistes. Il en va des USA comme de l'Europe et dans bien d'autres pays du globe. Afrique, Australie, Asie, aucun continent n'y échappe.

Pour comprendre l'échelle du tsunami que provoquèrent ces crimes, car l'esclavage mais également le colonialisme furent des crimes contre l'humanité, il faut des mots comme ceux de Toni Morrison.

Pour comprendre ce que le fait d'oppresser, à ce point, un groupe d'hommes sans jamais lui laisser d'échappatoire, aucun moyen de contestation, de rébellion, sans jamais lui permettre de se « décharger » de l'oppression, peut provoquer à l'intérieur du groupe opprimé, il faut que les histoires soient exprimées comme ici avec le talent, la délicatesse, l'honnêteté que montre Toni Morrison. Pour comprendre la survivance des spectres et fantômes qui hantent encore de nos jours les esprits il faut ces mots là.

La pression, la tension ne pouvant être émise vers l'extérieure, c'est à l'intérieur que se retourne la décharge. Que ce soit en soi ou à l'encontre des membres du groupe. La couleur même de sa propre peau peut devenir insupportable, comme une tache indélébile que le mauvais sort s'acharne à vous donner. On en vient parfois à se haïr soi même, à mépriser même son propre frère, et même jusqu'à maltraiter ses propres enfants.

Des petites filles rêvent de cheveux blonds et de regard bleu, la seule image de princesse qu'une société autorise à vénérer. D'autres brisent les poupées qui leur renvoient la négation de ce qu'elles sont.

Il faut le langage de Toni Morrison pour entrer dans l'esprit traumatisé.

Lorsque l'enfant noir se regarde à travers le prisme du miroir des blancs sa vision est difforme, déformée. Comment construire et se reconstruire lorsque la réalité vous échappe, vous qui ne pouvez de nul part vous échapper ? Comment retrouver son image, comment apprendre à l'aimer?

Pour comprendre un peu mieux ce que l'Amérique ne montre pas, ne dit pas, ce à quoi elle n'a pas totalement fait face, il y a les livres de Toni Morrison. Paroles toujours justes, sans aucun manichéisme, et pleines d'une terrible et profonde humaine vérité.



Astrid Shriqui Garain



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Le chant de Salomon

CHALLENGE NOBEL 2013/2014 (8/15)



Ne me laissant pas décourager facilement, me revoilà avec un autre roman de Toni Morrison alors que je ne l'avais que peu appréciée dans "Un don", livre lu aussi dans le cadre de ce challenge.

Deuxième rencontre donc, avec cette auteure et je peux déjà dire que "le courant est mieux passé" sans pour autant atteindre l'osmose totale.



Si je veux distinguer la forme du fond, je dirais que chez Toni Morrison, la première est toujours aussi compliquée. Même si cette fois-ci, ma lecture en a été moins perturbée, la façon d'écrire, le style ne rendent pas la compréhension du récit aisée. Les fréquentes références au passé ont fait que j'ai eu du mal à me situer dans le temps.



Pour ce qui est du fond, encore une fois, difficile de rentrer dans l'histoire, en particulier à cause de l'abondance et l'étrangeté des surnoms des personnages (même la rue a son surnom !). Quand j'ai enfin compris que tous ces descendants d'esclaves étaient en fait à la recherche de leur propre identité, le brouillard s'est un peu dissipé.

Dans les années 60,dans une petite ville du Nord des États-Unis près des Grands Lacs, Macon Mort (nom attribué à son père au bureau des affranchis à l'abolition de l'esclavage) est un des rares Noirs à avoir réussi : il est propriétaire de plusieurs logements qu'il loue à des plus pauvres que lui. Au sein de sa famille, par contre, c'est le fiasco complet. Il en veut à sa femme, fille de notable, à qui il doit sa reconnaissance sociale. Il est fâché avec sa sœur Pilate pour une sombre histoire de trésor dérobé. La mésentente règne et parfois les coups.

Son fils, nommé aussi Macon Mort mais surnommé "Laitier" à cause d'un allaitement maternel qui a duré plus que de raison, l'aide à encaisser les loyers et traine, désœuvré, dans les rues. Fuyant le climat de haine raciale auquel adhère son meilleur ami et l'amour passionné, proche de la folie, que lui voue sa cousine, le jeune homme part pour le sud à la recherche de l'hypothétique trésor de sa tante mais c'est surtout la trace de ses ancêtres et leurs vrais noms qu'il veut retrouver. Son passé refera surface grâce à une comptine transmise de génération en génération et chantée par des enfants : "Le chant de Salomon". Comme dans "Un don", l'explication du titre du roman se fait dans les dernières pages.



Accepter la part de magie, très présente, liée aux légendes africaines, aidera à comprendre ce récit et particulièrement la fin, qui parle d'un problème récurrent chez les afro-américains, la quête de ses origines.

Pour résumer, entre 2 étoiles + et 3 étoiles -, je note d'un 11/20.
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Beloved

Sethe vit en recluse avec sa dernière-née depuis que tous ceux qui l’entouraient et qu’elle chérissait lui ont été volés par la mort et la vie. Ancienne esclave, elle a fui la servilité avec ses enfants. Et le jour où ils risquent d’être repris, elle commet l’innommable, l’impensable. Au nom de l’amour et de la liberté, elle sauve sa fille en lui tranchant la gorge. Puis elle apprend à vivre avec ses fantômes, fantômes qui viennent la hanter, la cajoler, la maltraiter et l’embrasser. Cet équilibre précaire est rompu le jour où Paul D trouve le chemin de sa maison et tente de se frayer un sentier jusqu’à son cœur ou, à défaut, jusqu’à son quotidien.



Toni Morrison nous entraîne sans fin dans des allers-retours entre un présent violent et des passés terribles. Sa plume est lancinante, implacable : l’horreur faite poésie. Beloved est un hymne au droit et au choix, à l’amour irraisonné et à la liberté fondamentale. C’est un roman exigeant, à tant de niveaux que c’en est heurtant. On ne le lit pas pour passer un bon moment. On le lit et on est marqués, émus, perclus, agressés. On le lit et on est magnifiquement touchés.
Lien : http://auxlivresdemesruches...
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Le chant de Salomon

Macon Mort, c’est son nom et aussi celui de son père, est en quête d’identité.

Ce roman, véritable saga, retrace sa vie, nous plongeant dans l’univers de la population noire aux Etats-Unis, après la guerre de Sécession.

Les personnages sont hauts en couleur, l’histoire intéressante.

L’écriture est belle, malgré quelques répétitions qui alourdissent un peu le récit.

Par contre, j’ai un peu décroché sur la fin, beaucoup plus mythique et confuse.

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Sula

Comme toujours, la langue exubérante, crue, violente, douce-amère de l'auteur nous plonge directement dans l'expérience noire aux Etat-Unis.

Cette violence perpétrée sur des générations par un système, une croyance, une pensée est ici décrite à travers le destin de deux femmes différentes et pourtant identiques, comme les deux faces d'une même médaille, la soumission et la révolte. Mais chaque personnage secondaire apporte sa pierre à l'édifice comme une épice nécessaire à un plat réussit.

L'auteure nous explique sans même qu'on s'en rende compte, complètements pris par le récit, comment une violence subie engendre la violence et comment l'être humain exorcise le mal par le mal.

Elle nous décrit aussi de manière cocasse comment un mal identifié, peut créer de la cohésion entre les gens qui vont par réaction, être solidaires pour lutter contre "le mal" extérieur et même meilleurs pour se distinguer de lui.

C'est original, finement pensé et extrêmement bien écrit.
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Home

à mon grand regret, tant j'attendais énormément de ce livre, je n'ai pas réussi à être transporté par la puissance de ce livre, contrairement à tous ceux qui ont confié leur emballement face à la nouvelle oueuvre de cette immense romancière, prix Nobel qui plus est.



J'ai tellement peu l'occasion de lire des romans écrits par un prix Nobel de Littérature (que j'ai toujours tendance à considérer, à tort ou à raison, comme une lecture trop intimidante pour moi) que j'aurais voulu me la ramener un peu, du style :"oh mais si je t'assure, finalement c'est très accessible un roman d'un prix Nobel"



Et bien, malheureusement, à mon grand désarroi, je me suis rendu compte que j'étais certainement trop limité intellectuellement (alors là évidemment j'entends déja vos soupirs de désaprobation) pour pouvoir entrer dans l'univers de cette grande romancière. La faute à un récit trop fragmenté et qui se joue des codes de la narration classique : on est tout de suite confronté à la situation sans une présentation digne de ce nom des personnages.



La faute aussi à une écriture trop heurtée de Morisson qui fait que le lecteur lambda a vraiment un mal fou à bien comprendre les tenants et les aboutissantes du parcours de ce jeune noir, ancien combattant de la guerre de Corée au secours de sa jeune sœur, et seule famille.. Après avoir servi «son pays», il est rapatrié, dépouillé, et doit sedébrouiller pour retourner en Géorgie, dans sa région natale.



L'autre problème du livre, à mes yeux en tout cas, est le fait que beaucoup de thèmes y sont abordés en moins de 150 pages : la ségrégation raciale, à la violence faite aux femmes, en passant par les traumatismes de la guerre et ceux de l'enfance, tout cela est beaucoup trop à caser dans un récit aussi court, aussi épuré pour pouvoir les traiter avec l'amplitude qui conviendrait.



Bref, j'aurais adoré aimé ce livre, mais j'en suis resté, de la première à la dernière page, totalement à l'exterieur...
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Jazz

Difficile roman. Une première partie époustouflante, pleine de bruit et de fureur. Et qui happe son lecteur, le malaxe durement dans cette Amérique des années vingt. Un crime parfaitement idiot, une jeune délurée - ou bien est-elle seulement libre ? - , un couple qui vieillit doucement ensemble, ils s'éloignent, Violette et Joe Trace. La faute à personne. Pas vraiment à cause de la grande ville. C'est juste comme ça. Et si Joe Trace tue cette gamine, c'est juste parce qu'il l'aimait trop, il "éprouvait un de ces amours tordus, profonds, qui le rendait si triste et si heureux qu'il l'a tuée juste pour garder cette sensation".

Une seconde partie moins intuitive, plus explicative. Toni Morrison tente de justifier, non, d'expliquer les raisons qui prédominaient le comportement de ses personnages. Inutile. Pas seulement parce qu'elle leur enlève un peu de beauté en agissant comme ça, mais surtout parce que leur attitude justifiait à elle seule le titre - Jazz - du roman. C'est un jazz qui prend au corps, qui se dirige à l'instinct, secoue les corps enfin presque libres d'un peuple noir urbain depuis peu. Cette musique les transcende, imprime la liberté de mouvement, de pensée, défait et refait les couples. Toni Morrison essaye de justifier ça. C'est inutile. Joe Trace et Violette s'en passent largement dans la première partie qui souffle et tempête autant qu'un choeur gospel enfin libéré de l'Eglise, qui éructe comme sait si bien le faire une trompette affranchie de sa partition. Jazz raconte cela dans cette première partie, un peu moins dans sa seconde. On se souviendra surtout du début.
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Récitatif

Une nouvelle de Toni Morrison qui narre l'histoire de deux jeunes filles Twyla et Roberta confiées par leur mère respective dans un foyer pour orphelins; elles ont huit ans, une est noire et l'autre blanche. Inséparables avant d'être séparées par la vie, chacune va poursuivre son existence. Leur chemins se recroiseront de façon inattendue à plusieurs reprises.

Toni Morrinson casse les codes des catégories: pauvres, riches, blanche, noire, un jeu de piste qui ne répond pas à nos questionnements. La post face nous ouvre des portes heureusement sur ce choix d'écriture bien réfléchi.

A découvrir, car la simplicité de la nouvelle cache une densité cachée qui appelle à la réflexion.
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Ma liberté à moi

Il n'y a pas d'âge pour commencer à lire les prix Nobel.

Patty, Mickey et Liza Sue vivent enfermés dans un grand carton. Ils ont tout pour être heureux, car tous les mercredis, leurs parents viennent les voir et leur apportent des pizzas, des bonbons et des jouets.

Juste, il y a trois verrous sur la porte, et des volets toujours fermés à la fenêtre.

Qu'ont-ils fait pour mériter ça ?

Ils n'ont pas-respecté-les-règles. Patty n'a pas obéi au règlement de l'école; au pied de l'immeuble, Mickey a joué "au handball juste sous le panneau d'interdiction" ; au jardin, Liza Sue a laissé les écureuils courir dans les arbres fruitiers et a offert du miel aux abeilles... Alors les professeurs, les locataires et les voisins leur ont dit qu'ils étaient des enfants très sympathiques, mais qu'on ne pouvait pas les laisser ne-pas-respecter-les-règles.

Mais, et les lapins qui font des bonds, disent les enfants ? Et les castors qui rongent l'écorce ? Et les bébés phoques, ne crient-ils pas quand ils en ont envie ?

Qu'est-ce que la liberté, lorsque ce sont les autres qui en déterminent les limites ? A cette question, l'album répond par une réflexion à la fois profonde, poétique et pleine d'humour.

Entre les images minutieuses des enfants emprisonnés dans leur carton, s'intercalent des pages champêtres où bondissent les lapins et où grignotent les castors. Giselle Potter a magnifiquement illustré cet album, qui se termine heureusement par un carton qui s'ouvre...

Challenge Nobel

LC thématique de juin 2022 : "Titres à rallonge"
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Beloved

Comment dire?

Comment taire?

Comment une enfant qui ne voulait que jouer se fait prendre dans un terrible maelström d’horreur?

Beloved expose la violente physique et mentale faite aux gens de couleur, aux esclaves dans les États Unis aux environs de 1856.



Ce livre m’a bouleversé et le revivre pour écrire ce billet me chavire encore.



Sethe est cette enfant qu’on verra grandir, qui ne sait pas qui est sa mère parmi les femmes qui l’élève, qui choisira son homme et sa liberté au détriment de ses enfants; en route vers la folie.

« Les projets étaient un luxe auquel elle n’avait pas goûté depuis dix-huit ans, et encore, une seule fois. Avant et depuis, tous ses efforts avaient été consacrés non pas à éviter la souffrance, mais à la traverser le plus vite possible. »



Lu dans le cadre de la lecture commune de Plus on est de fous, plus on lit. Ce roman de Toni Morrison lui a valu le Pulitzer en 1988.

Ce roman bouleversant est inspiré d’un fait divers qui relate qu’une ancienne esclave a enlevé la vie à son bébé par crainte d’une vie de servitude et de sévices, comme la sienne.

Le fantôme de cette petite fille, qui a grandi, revient hanter cette mère qui tente de se faire pardonner ce geste cruel.



L’onirisme côtoie de grandes douleurs et seul Paul D saura trouver le sentier du pardon pour Seth, l’amour étant plus fort que la mort…mais la vie étant que forte que l’amour…

« Si bien que vous vous protégiez et que vous finissiez par aimer petit. »



Je ne crois pas nécessaire d’en faire un résumé plus approfondi. Chaque lecteur creuse son moi intérieur et fait face à ses émotions pour toutes ces femmes, ces hommes, ces enfants qui vécurent et vivent encore l’enfer sur terre. Chacun de nos gestes compte et si cette lecture est souffrance, elle sert également d’éveil car l’oppression et la servitude existent encore aux quatre coins de la terre.
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Beloved

Superbe roman, mais très dérangeant, écriture très particulière qu'il faut accepter et faire sienne pour suivre les pas des personnages. La douleur est la crainte accompagnent le lecteur, la puissance des mots. L'esclavagisme et la dureté de la vie d'esclave est le centre de ce livre. Sethe raconte ses souvenirs,

c'est à nous lecteur de les remettre dans l'ordre, de les comprendre, de les digérer.
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Home

Je n'étais pas loin du coup de cœur.

Que dire de la grande Toni Morrison? Elle sait transmettre des émotions fortes. Elle sait transcrire des évènements graves.

Home? Maison? Que cela signifie t'il pour Franck? Pour Cee? Franck revient meurtri de la Guerre de Corée. Cee est en danger mais elle ne le sait pas encore. Tous deux refusent de revenir dans leur village de jeunesse. Et pourtant….

Un appel à l'aide et Franck devra sauver sa seule famille….

A travers ce dure récit, l'auteure aborde la dure réalité des années 50, l'esclavage moderne, le racisme, la foyer familial, la maltraitance, le stress post-traumatique. Certains passages vous glacent le sang.

A travers le passé de Franck et Cee, nous découvrons leur dure réalité, leur vie compliquée et surtout nous allons découvrir leur reconstruction dans le "Home" qu'ils se sont choisi.

Un très beau roman où je frôle le coup de cœur. J'ai un passage de Franck pendant la guerre qui je n'ai pas tout saisi ou peut-être n'ai-je pas voulu….

Un très beau Toni Morrison!

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Beloved

Existe-t-il une bonne manière d'aimer inconditionnellement ? Existe-t-il une manière d'être libre réellement?



Au 124, Bluestone Road on s'y emploie de tout son être. Les réminiscences de l'esclavage sont chevillées au corps et le fantôme du passé prompt à en assurer la vivacité.

Les voisins ne passent plus, les garçons sont partis, le chien est terrorisé et le fantôme d'un bébé mort prend de plus en plus de place.



Quand les temps anciens s'invitent, les souvenirs rejaillissent par bribes éparses. le puzzle d'une époque révolue et pourtant impossible à oublier se reconstitue comme un joyau à l'éclat bouleversant.



Sur le fil ténu qui sépare le fantastique de la folie, Toni Morrison se fait envoûtante. Elle laisse percevoir le fredonnement choral de la souffrance de ces vies brisées qui tentent de trouver la paix.
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Délivrances

C’est court, c’est tranchant et c’est d’une grande efficacité.



Toni Morrison n ‘a pas obtenu le prix Pulitzer ni le prix nobel de littérature par hasard !



Il est donc question de « délivrances » dans ce roman, au sens propre et surtout au sens figuré.



Nous suivons les errances d’un couple, Lula Ann (alias Bride) et Booker, dans l’Amérique contemporaine. L’auteure écrit un roman choral, où différents protagonistes (dont Bride) apportent leur éclairage, leur version des faits. C’est un parcours de vie douloureux qui nous est conté. Une éducation effectuée sur un terreau de souffrance, de violence, de racisme, d’ absence d’amour maternel. Pas facile de se construire avec de telles casseroles !

Malgré tout, l’amour est plus fort que la haine. Et la délivrance sera au bout du tunnel… une éclaircie, un souffle de vie.



L’écriture de Toni Morrison est exigeante.
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Sula

Après l'annonce de la disparition de Morrison, je me suis réjouie de savoir que j'avais encore beaucoup de ces oeuvres que je n'avais pas lues... De cette façon, je sais que je pourrais encore me régaler un temps de son écriture et de ses histoires toujours touchantes. Cette fois n'a pas fait exception. Ici, nous suivons deux jeunes filles noires, dans un Ohio profond des années 20. Inséparables, elles passent leur temps à s'inventer une autre vie... Mais l'âge les rattrape, et voilà qu'il les sépare. Bien des années plus tard, elles se retrouveront et feront les comptes de cette vie passée de manière bien différente. Morrison se sert d'elles pour raconter les temps durs, le chômage, l'indifférence des blancs, la place de la femme face aux hommes. Bref, autant de thème qui lui sont si chers... Un roman émouvant, dérangeant, mais nécessaire... Je salue tout son talent et l'oeuvre entière qu'elle nous lègue...
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L'oeil le plus bleu

Pourquoi ne l'ai-je pas lu plus tôt ?

Comment ai-je bien pu me débrouiller pour découvrir si tard une telle auteure ?



Au travers de destin de trois fillettes noires, dans l'Ohio des années 40, j'ai découvert l'écriture sensible, engagée et audacieuse de Toni Morrison.

Il s'agit là de son premier roman, qui, au prisme du regard de ces trois enfants, porte sur les conditions de vie des afro-américains, sur la conditions des femmes noires, sur la violence exercée par la société jusqu'au sein de la cellule familiale.



C'est un roman sans concession sur l'innocence perdue, troublant à l'extrême car l'enfance, décrite le temps d'une année à quatre saisons, est comme fatidiquement liée à la violence. Il est difficilement soutenable de lire cette association, mais pour autant la plume de Toni Morrison n'est jamais accusatrice ou emplie de pathos. Elle dénonce ainsi l'injustice, la misère, les normes sociales de l'époque ; elle souligne les conditions de vie de ces enfants abandonnés à eux-même, en manque de repères et de soutiens parentaux. Mais elle s'attache également à raconter l'enfance de ces adultes perdus, ce qu'ils ont eux-mêmes subis et l'engrenage de la reproduction de la violence.



Derrière la résignation des uns et des autres face à leur destin, il y a Claudia, cette petite fille chez qui on sent naitre le refus d'un avenir prédéterminé. Elle n'aime pas plus les poupées blondes que Shirley Temple. La destinée funeste de son amie Pecola sèmera en elle les graines d'une contestation de l'ordre établi, une lueur d'espoir dans un univers bien sombre.



Un livre-révélation

l'absence de parentalité
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Home

Un roman court, extrêmement bien construit, au rythme intense, à la lecture douloureuse et attachante.



En refermant ce livre, je me suis dit qu'il était magistral, un tour de force extraordinaire, avec si peu de mots, Toni Morrison avait réussi à m'embarquer dans l'Amérique raciste et violente des années 50. J'ai suivi le parcours dément et bouleversant de Franck Money vers la rédemption, la reconquête de soi, j'ai assisté, impuissante, l'estomac noué, aux violences politiques, institutionnelles, raciales, celles perpétrés en temps de Guerre (ici celle de Corée), celles faites aux femmes «Les époux qui avaient été agressés chuchotèrent entre eux ; elle, d’une voix douce, suppliante ; lui, avec insistance. Quand ils rentreront chez eux, il va la battre, se dit Franck. Et qui ne le ferait pas ? Être humilié en public, c’était une chose. Un homme pouvait s’en remettre. Ce qui était intolérable, c’était qu’une femme avait été témoin, sa femme, qui non seulement avait vu, mais avais osé tenter de lui porter secours ! Il n’avait pas pu se protéger et n’avait pas pu la protéger non plus, comme le prouvait la pierre qu’elle avait reçue au visage. Il faudrait qu’elle paye pour ce nez cassé. Encore et toujours.».

Je me suis attachée à l'histoire d'amour fraternelle entre Franck et sa soeur Cee «Ils se disputaient, se battaient, riaient, raillaient et s'aimaient sans jamais avoir à se le dire.», leur complicité est touchante, et ce chemin chaotique, hanté par les images atroces de cette guerre, torturé par la culpabilité, qu'entreprend Franck pour délivrer sa soeur de l'enfer des pièges de la vie et l'aider à retrouver sa dignité, force l'admiration.

Ce roman est une boucle; il s'achève sur un événement par lequel Home avait commencé. Franck et Cee vont donner une sépulture décente à ce cadavre, dont ils avaient vu le corps jeté dans une fosse. L'image finale forte, la boucle est bouclée, l'accès à la liberté est envisageable, les erreurs expiées. «Quand elle a vu ce pied noir, avec sa plante rose crème striée de boue, enfoui à grands coups de pelle dans la tombe, elle s'est mise à trembler de tout son corps. Je l'ai prise par les épaules en la serrant très fort et j'ai essayé d'attirer son tremblement dans mes os parce que, en tant que grand frère âgé de quatre ans de plus qu'elle, je pensais pouvoir y arriver. Les hommes étaient partis depuis longtemps et la lune était un cantaloup au moment où on s'est sentis suffisamment en sécurité pour déranger ne serait-ce qu'un brin d'herbe et repartir à plat ventre, en cherchant le passage creusé sous la clôture. Quand on est rentrés chez nous, on s'attendait à prendre une raclée ou du moins à se faire gronder pour être restés si tard dehors, mais les adultes ne nous ont pas remarqués. Leur attention était accaparée par des troubles.»



L'écriture de Toni Morrison est percutante, belle et limpide, elle nous livre un roman empreint autant de cruauté et d'amertume que de poésie.



J'ai lu ce roman la semaine dernière, et je suis toujours aussi convaincue qu'il est magistral, et que je ne suis pas prête de l'oublier. Et c'est bien tout ce que j'attends de mes lectures, qu'elles m'accompagnent longtemps encore et encore ... Cette lecture est donc clairement une réussite !
Lien : https://seriallectrice.blogs..
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Home

Dans ce récit Toni Morrison nous parle entre les lignes du poids du passé qui pèse sur les épaules et les esprits du peuple noir. Nous somme en 1950, bien loin de « BELOVED » mais les relents des cagoules blanches envahissent toujours la vie et l’atmosphère de certains des états de cette Amérique. L’auteur nous fait pénétrer dans l’intimité profonde des sentiments, des pensées de ces personnages qui se battent au quotidien pour vivre dans ce monde qui les rejette, pour être et exister. Ils ne sont plus esclaves au sens strict, mais semblent toujours devoir servir pour trouver aux yeux des blancs la légitimé de leurs existences et peut-être même à leurs yeux aussi car on ne peut effacer un conditionnement de tout un peuple même en un siècle. L’apprentissage de la dignité demande un effort de chaque jour car confronté chaque jour à l’humiliation, au rejet. C’est avec beaucoup de subtilité que Toni Morrison nous entraine dans la reconstruction de ces vies brisées. Quel talent !
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Délivrances

Lula Ann, surnommée Bride ,a vécu son enfance dans la haine de sa mère. Sa faute : être noire, plus sombre encore que sa mère, Sweetness et son père qui a préféré partir. Sweetness Bridewell n’arrivera pas à avoir de la tendresse pour sa fille. Des années plus tard, Bride a réussi sa vie mais un jour, tout bascule elle se fait agresser, perd son petit ami et des choses étranges lui arrivent…

Quatrième livre de Toni Morrison (et troisième en 2015, une révélation de l’année pour moi). C’est incroyable, ses romans sont toujours si puissants ! Beaucoup de sentiments sont évoqués même si comme dans la plupart de ses livres, elle aborde la question de la place des Noirs dans la société. Il y a toujours une part de fantastique dans ses livres, qui laisse parfois un peu déconcerté. J’ai aimé la place que peut prendre l’amour pour une personne ainsi d’autres contraires… Un peu écœurée par toutes ces violences faites aux enfants. Mais l’écriture de Morrison me fascine toujours autant par sa force et sa façon de dépeindre le racisme de différentes manières.

Je compte bien poursuivre la lecture de son œuvre.

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