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Critiques de Un-su Kim (106)
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Le Placard

Cela fait très longtemps que je n'avais pas lu un roman aussi barré et étonnant. Un peu comme un film des X-men mais sans effet spéciaux pétaradants, juste un placard rempli de 375 dossiers sur des « symptomatiques », une cohorte étrange de mutants, patiemment recensée par le mystérieux Dr Kwon qui y voit l'avènement d'un homme nouveau. Ces symptomatiques sont des humains hybrides ou dotés de capacités hors-normes : un homme qui a un gingko poussant sous son doigt et grandissant en le vampirisant ; une femme abritant dans sa bouche une langue-lézard, des unités multi-personnelles qui se baladent d'un corps à l'autre jusqu'à se bousculer à plusieurs dans un seul au point de le pousser au burn out etc.



Le narrateur est tout aussi bizarre : un employé de bureau très ordinaire mais capable de passer 178 jours à ne boire que des canettes de bière achetées par palettes avec le petit héritage maternel. Un personnage qu'on aime suivre, à la fois candide et spleenitique, qui passe à l'âge adulte en découvrant ce placard et en se mettant au service du Dr Kwon, en danger même lorsqu'une Entreprise veut mettre la main sur les dossiers afin de s'accaparer les pouvoirs des mutants.



Kim Un-Su ne se contente pas de créer des histoires vivantes et curieuses autour de ses symptomatiques. Si chacune est autonome et dégage une rare poésie, si les premières présentées semblent bien inoffensives, progressivement s'insinue une critique amère et juste de notre société post-moderne. Ces mutations chimériques sont en fait une adaptation de l'être humain à une société dans laquelle il peine à s'insérer. Ainsi, les mosaïqueurs de mémoire soignent le présent en effaçant des événements passé traumatiques, au risque de sacrifier leur futur. Ces symptomatiques ne sont que des pantins perdus qui font face, comme ils peuvent, à la dure réalité contemporaine.



La lecture avance en interpellant sur le sens de la vie et l'absurdité ubuesque du quotidien : « Une vie de parasite. Des gens qui n'osent pas sortir de leurs habitudes de nuls parce qu'ils ont peur de tout, des minables qui finissent par creuser leur propre tombe où ils ont chié. » Le roman dénonce la routine bureaucratique au travail, la course à la productivité avec un ton tour à tour loufoque, burlesque, satirique, irrévérencieux et souvent jubilatoire. Bien sûr, il faut accepter de se laisser porter par la folie d'un récit sans forcer comprendre les tenants et aboutissants immédiatement. Au final, cela donne un roman totalement inattendu et libre qui oscille entre roman noir, fantastique et thriller paranoïaque.
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Les planificateurs

Ce roman aurait pu être un coup de cœur car tout y est.

L'histoire est intéressante, les personnages sont très travaillés, l'écriture est fluide et agréable .



C'est un roman Coréen donc comme tout roman asiatique il en ressort une atmosphère particulière, parfois étrange mais en tout cas indescriptible. mais que j'apprécie beaucoup.

Mais au final j'ai été freinée dans ma lecture a cause d'un rythme trop lent à mon goût, beaucoup trop lent. Car dans le fond cette lenteur pouvait rendre service a ce tueur, qui sait attendre le bon moment. Mais malheureusement cela a desservi mon plaisir de lecture.

D'ailleurs ce personnage principal est super intéressant, par son passé, par son évolution, ainsi que par son caractère intrinsèque.



Je pense très sincèrement lire d'autres romans de cet auteur. Le fond est très bien pensé, il n'y a que la forme qui m'a un peu dérangé.
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Jab !

Délicieuses nouvelles de la Corée du Sud, et une première rencontre insolite avec KIM Un-su. “Jab “ dans le langage du box, coup de poing direct, titre du livre et de la première nouvelle, qui va être mon premier Jab encaissé de ce recueil d’histoires originales pleines d'humour et de tendresse malgré les situations tragiques qu'elles traitent. La colère des personnages suite à leur incompréhension des faits qui leur tombent dessus se mue en résignation avec une adaptation adéquate à la situation pour survivre. Le tout dans un cadre ironique qui amortie la chute.



Face aux aléas de la vie, ces personnages nous apprennent à 😁,



Vaincre notre haine, notre rage usant les techniques de boxe mentalement sans passer à l’action ,



Comprendre l’inutilité de l’argent et de ses dérivés dans certaines circonstances particulières comme se retrouver prisonnier de la chambre forte d’une banque en pleine activité de casse, attendant avec impatience la police pour qu'elle vienne nous délivrer 😁,



En cas de besoin imminente 😁,rédiger une déposition parfaite pour une fausse accusation, un crime que nous n’avons pas commis; surtout ne pas encombrer les phrases de trop d’adjectifs ou de détails inutiles, être concis et concorder avec ce qu’il y a dans le dossier. Le ton aussi est important. Un assassin ça écrit brutal 😆...,



Dégager notre stress en le concentrant sur un objet non désiré, par exemple un canapé en cuire de buffle 😁,



Accepter qu’on doit laisser les autres se débrouiller, on ne peut pas agir à leur place, on ne peut pas les sauver,



Et la dernière est une surprise !



Il y a un air de Raymond Carver chez KIM Un-su, avec ces histoires de personnages ordinaires , les petits détails banals de la vie, l'alcool qui aide à supporter l'existence,

et même les chutes en douce. Ça se lit vite et c'est une très plaisante lecture !

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Le Placard

Comment écrire sur cet OVNI qu'est « le placard » du coréen Un-Su Kim ? Vous avouer que j'ai explosé de rire dans une morne salle d'attente bondée, puis refrénant quelque peu mon rire devant les regards interrogateurs, des larmes de joie sont arrivées, irrésistibles ? Vous dire que j'ai ressenti, le coeur serré, la solitude tragique du narrateur et des « symptomatiques » ? Vous exprimer combien j'aime me laisser porter ainsi par une oeuvre différente en attendant de voir, en faisant confiance ? Vous expliquer que par instants, j'ai levé les yeux, rêveuse et épatée, entrevoyant ce qui se cachait derrière l'absurdité des propos lus ?



L'absurde de ce livre permet de faire un pas de côté tout en riant, en étant émue et en réfléchissant. D'être étonnée, et il est bon d'être surprise c'est tellement rare. Ou comment un livre barré apporte bien plus qu'il ne le laisse penser de prime abord.



Le placard, c'est quoi ? C'est un placard comme on l'imagine dans une administration poussiéreuse (vous le voyez là, étroit, marronné, triste ?), il porte par hasard le numéro 13, mais c'est le seul pourvu d'un cadenas à quatre chiffres. Il n'en faut guère plus pour attirer la curiosité de notre narrateur, qui s'ennuie à mourir, pour qu'il ait envie de l'ouvrir. Et ainsi « Plusieurs heures chaque jour, désormais, je suis devant le cadenas, essayant toutes les combinaisons. de 0000 à 9 999. Ce n'est pas un travail trop difficile. Tu fermes les yeux et tu essayes juste dix mille fois. Heureusement, la bonne combinaison est « 7863 », donc au bout de sept mille huit cent soixante-trois tentatives, le cadenas s'ouvre ». Il va découvrir à l'intérieur 375 dossiers sur des « symptomatiques », une cohorte d'humains hybrides ou dotés de mystérieuses capacités : une femme qui héberge un lézard dans sa bouche, un homme qui a un gingko poussant au bout de son doigt, des mosaïqueurs qui tente de modifier leur passé, des torpors c'est-à-dire des gens qui dorment longtemps, de deux à vingt-quatre mois, sans se nourrir ni se réveiller à aucun moment, un homme cure-dent, etc…



Cela fascine notre narrateur. Enfin. Car là où il travaille, personne ne lui confie aucune tâche et personne ne s'intéresse à lui. Il ne fait rien, hormis trente minutes chaque matin à vérifier des colis. Il se demande pourquoi il a été engagé : « je me demande ce que la Direction pense de moi, ils voulaient peut-être engager un cintre ? ou un calendrier ? et que, par une erreur mystérieuse, ils m'ont choisi… » D'ailleurs on peut se demander s'il n'est pas mis dans un placard, et au début j'ai même cru que cela était le thème du livre. Après l'angoisse, l'inquiétude, la tension, la sensation d'être juste une plante en pot, avoir découvert ce placard lui permet de se changer les idées, de s'évader du train train quotidien de son univers professionnel bureaucratique, de sortir de sa banalité affligeante, puis même de devenir assistant du Docteur Kwon qui est celui qui recense précisément tous ces cas de mutants et donc d'être au contact de ces personnes mystérieuses.



Nous sommes au début interpellés par ces destins hors normes à la poésie étrange et fascinante, puis nous comprenons peu à peu que ces mutations sont des adaptations à une société dans laquelle ils ont du mal à s'intégrer. Par exemple les torpors se donnent le droit de dormir longtemps lors de situations critiques et, tels l'ours ou le serpent qui sombrent dans le sommeil pour éviter la saison rude, ils en ressortent plus forts au réveil. Se donner le droit de déconnecter pour se protéger et revenir plus fort. Ca nous parle n'est-ce pas ? Ou encore évoquons le cas des mosaïqueurs qui truquent, tronquent, changent des mémoires personnelles traumatisantes pour reconstruire un passé. Ils cherchent à manipuler leur mémoire comme on fait avec des fichiers informatiques. Pour soigner leur présent. Au risque de mettre à mal leur futur. Oui, si les premières histoires font sourire et rêver, on sent petit à petit poindre la détresse humaine.



Ce livre dénonce. Ce livre est une satire débordante de liberté. Il dénonce de façon a priori burlesque, décalée. de façon humoristique, genre humour noir. Il dénonce la perte de sens au travail, la non acceptation de la différence, la course à la productivité, le non sens de la vie, la solitude, les communautarismes, les brimades au travail. Cette dénonciation est complètement d'actualité, j'en prends pour exemple le rejet des personnes ayant deux sexes.



Dénonciation du non sens de l'existence, ainsi le narrateur décide-t-il de dépenser l'héritage de sa maman défunte en canettes de bières. Et tous les jours pendant cent soixante-dix-huit jours il ne cesse de boire des bières toute la journée, puis les écrase, ne mangeant rien d'autre que quelques cacahuètes pour accompagner son breuvage. Son appartement est envahi de canettes, certaines pleines, d'autres écrabouillées. Et « À l'intérieur de moi roule comme une rivière d'énorme détresse et d'impuissance, des eaux terriblement violentes et contre lesquelles je suis absolument démuni ».



Nous avons du mal à comprendre que certains puissent vieillir plus vite que d'autres, que certains puissent avoir faim avant d'autres, que certaines puissent tomber amoureux plus vite que d'autres – et se lasser plus vite –, que certains puissent tomber amoureux à nouveau après avoir pleuré une séparation des nuits entières, alors imaginez, comment comprendre ces symptomatiques ? le narrateur, pourtant au contact avec eux, se laissera lui-même envahir par le rejet de ces êtres hybrides en s'apercevant, après une nuit d'amour fabuleuse, que la femme magnifique qu'il a dans on lit a un pénis. Il se sauvera, lamentable et lâche et en éprouvera de la culpabilité ensuite : « Quelles que soient tes prétentions affichées, ce qui gouverne ton corps et ton esprit n'est rien d'autre que les vieilles idéologies conservatrices. Tu es incapable d'accepter ce qui est différent, ce qui est au delà de la barrière que tu as installée. Tu demeures ce que j'appelle un “lâche”. - Ça doit être ça, oui, j'ai sans doute eu peur. Elle a un organe génital masculin, certes, mais cela ne l'empêche nullement d'être belle, ne change rien à sa culture, sa gentillesse sa prévenance. Je sais. »



J'ai aimé les aphorismes qui concluaient chaque petite histoire. On y retrouve la concision asiatique, tel un tanka ou un haiku, venant apporter une lumière différente et condensée au chapitre que nous venons de lire.



Notez enfin l'humour extraordinaire et jubilatoire de ce livre qui a une liberté de ton salvatrice : « Me voilà donc dans un bistrot devant une table garnie de poulpes, de poitrine de porc, de concombre et de carottes, d'ail et de piment, d'un magicien et d'un type de 130 kilos qui veut devenir chat. N'est-ce pas une rencontre fantastique ! Si je suis excité ? Absolument. Tellement excité que j'ai presque envie de me couper la cheville qui m'a mené dans un train dès l'aube pour cette destination lugubre. »



L'auteur nous avait prévenus au début du livre qu'il allait nous amener vers des rivages différents et peu fréquentés par la littérature habituellement. Une gageure réussie avec brio ! Merci à @Kirzy et @Roadreader (dont la chronique détaillée est un régal) de m'avoir donné envie de le lire !



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Sang chaud

Sang chaud est ce roman noir qui m'a révélé l'envers d'un décor sud-coréen, pas forcément la carte postale idéale pour donner envie de visiter ce pays qui m'attire pourtant, mais pour autant c'est un paysage humain, violent et attachant que j'ai rencontré ici. C'est le monde du grand banditisme haut en couleur façon Corée du Sud. J'en rêvais !

Au-delà de la découverte de ce paysage sociologique, il y a bel et bien une intrigue qui se dessine autour d'un enjeu de pouvoir, mais sans doute pas celle d'un polar...

Ah, mes amis ! Les traditions se perdent aujourd'hui, la courtoisie se perd, le respect des anciens se perd... L'éloge du temps qui passe se perd, même en territoire mafieux... Ce n'est plus comme au bon vieux temps... Je vous le dis tout net, les jeunes voyous aux dents longues sont trop impatients de nos jours... À peine sont-ils nés qu'ils veulent déjà le beurre, l'argent du beurre et... pardon je m'arrête là pour ne pas offenser vos chastes oreilles. Tenez justement, même l'élégance du langage n'a plus cours chez les petites frappes d'aujourd'hui...

Prenez l'exemple de Père Sohn, qui règne en maître sur le royaume de Guam depuis quarante ans. Quel homme élégant ! Il n'a aucun sang sur les mains. Pourquoi ? Parce qu'il sait déléguer, tout simplement... Il est un sage, il est un médiateur, il fait confiance, il est plein d'empathie pour les personnes qui viennent s'abriter sous son aile. Pour les autres, il leur demande simplement de respecter les usages, la coutume. Leur vie tient à cela, ce n'est pourtant pas compliqué. Tout ceci fonctionne à la perfection depuis des décennies. Et puis, voilà ! C'est partout pareil, une nouvelle génération débarque dans le grand banditisme, qui vient tout bousculer les règles qui furent posées, édictées, respectées durant des siècles...

Mais Guam, c'est quoi ? c'est où ?

Ne cherchez point ce lieu sur une carte, même IGN, de la Corée du Sud. Guam est un endroit né de l'imaginaire du jeune auteur de ce polar, Un-su Kim. Guam est tout simplement un quartier fictif dans une ville tentaculaire bien réelle, Busan, avec son port et sa station balnéaire...

Dans l'envers de ce décor, la condition d'un pays et de ses habitants est présente ici aussi.

Au tout début de l'histoire, je me suis un peu perdu parfois dans ce dédale de personnages et de rues...

Je découvre que les voyous ont eux aussi des crises existentielles à l'approche de la quarantaine : leurs femmes, leurs enfants, la promotion, l'amour, la succession, leur devenir, la vie quoi !

Une vie sentimentale, amoureuse, voilà des voyous qui nous deviennent brusquement touchants. Oui, les voyous ont un coeur qui bat, une âme qui leur parle la nuit tout bas, une âme qui leur chuchote comme une conscience, l'idée de donner un sens à leur vie si fulgurante, si parfois éphémère... Leur dire tout simplement qu'ils sont là, bien présents, sans jugement... Après, ils feront ce qu'ils veulent, le chemin qu'ils veulent prendre.

Comment ne pas voir dans ce roman noir une tragédie antique ? Tous les ingrédients me semblent ici au rendez-vous.

Ici on joue du couteau à chaque instant, c'est la loi des hommes, du surin comme aurait dit mon père... J'adorais entendre ce mot de lui lorsque j'étais enfant, lorsque nous allions à la pêche... « Passe-moi le surin, l'anguille a avalé l'hameçon ». C'est mon père qui me l'a appris, l'argot venu des chantiers... Ici c'est l'argot des voyous, suriner ça veut dire couper du pain ou bien trancher le cou d'un homme, parfois l'éventrer si le geste est plus bas...

Busan, port de pêche, ici c'est aisé de recycler les cadavres, façon surimi... On n'arrête pas de vous le dire à longueur d'informations préventives, regardez bien au dos de l'emballage ce que vous mangez, la provenance de la matière première... C'est essentiel ! Derrière le E bidule, se cachent peut-être le bras, l'oreille, le poumon... d'un ennemi, d'un rebelle, son audace, son insolence, sa naïveté...

Les temps changent, le bon vieux temps n'existe plus, même chez les gangsters...

Le milieu de la pègre est organisé comme une entreprise, une organisation très pyramidale. Comme dans une entreprise, il y a des promotions, des plans de carrière, parfois des attentes longues, incomprises, des rêves déçus. Des personnes ambitieuses, plus ambitieuses que vous, qui cherchent à vous dépasser... Des rebellions aussi...

Ces voyous sont attachants et brusquement le récit est une déflagration, nous ramène à la réalité, parce que peut-être la vie est éphémère, ou du moins elle nous le semble ainsi.

Les voyous ont des femmes qui les aiment, les attendent là-bas dans des appartements sordides, ils ont des enfants illicites qui les admirent, veulent leur ressembler. Ils ont des rêves d'enfant qui surgissent parfois aussi au détour d'un paysage inattendu.

J'ai trouvé Huisu, le personnage principal de ce roman, attachant dans ses rêves et ses désillusions. Huisu, c'est l'homme de main pour la mafia de Busan, c'est le bras droit du sage père Sohn, il est atteint par la quarantaine. On l'a tous été, ou bien on le sera un jour... Ne croyez pas, chers amis, que sous prétexte qu'on soit dans la grande famille du banditisme, ce passage de seuil soit anodin. Aussi comme tout nouveau quadragénaire, cadre dynamique d'un belle entreprise, Huisu se pose pas mal de questions. Il faut le comprendre. Jusque-là, il n'a vécu que pour les coups tordus, la prison, les exécutions, tout ça pour se retrouver dans une chambre minable, seul, avec pour horizon des nuits passées à dilapider son argent au casino.

Et puis Huisu aime une ex-prostituée, Insuk, qui m'a touché fortement. Insuk ici m'est apparue comme un magnifique portrait de femme, esquissée avec sensibilité. J'aurais aimé que ce personnage soit davantage développé car il me semble qu'elle avait tant de choses à dire dans cette histoire.

Alors Huisu décide de prendre son destin en main et c'est là que le roman prend tout son sens et son vertige...

Oui, ici c'est vraiment une tragédie antique, non pas grecque, mais coréenne.
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Les planificateurs

Du "nouveau" dans le monde du polar !

J'avais lu et présenté il y a un peu moins de deux ans le livre de celle que certains qualifient de " reine du polar ", l'auteure sud-coréenne Jeong Yu-Jeong et son roman intitulé - Généalogie du mal - ( ma critique est toujours consultable ).

J'étais alors dans une démarche "découverte", c'est-à-dire chercher à savoir ce qui se faisait d'intéressant dans le monde en dehors de Connelly, de Nesbo, de Mankell, d'Harvey et autres notables du genre.

Cette première rencontre ne s'avéra pas vraiment convaincante... mais voilà que deux ans plus tard, j'entends parler d'un autre sud-coréen "à découvrir absolument".

Je m'informe, lis quelques critiques... professionnelles ou pas... et I cross the bridge.

Au-delà du pont m'attend un ouvrage paradoxal, agaçant, envoûtant et prenant.

Un mélange inattendu de Tarantino, de Melville, de Kurosawa, de Coppola ( père ) et de De Palma...

J'exagère ? À peine...

Il y a dans - Les planificateurs - de Kim Un-Su, à des degrés variés, certains des ingrédients ( oubliez la sémantique tambouillante du mot ) que l'on retrouve dans " Kill Bill -, dans - le Samouraï -, dans - Les Sept Samouraïs -, dans - le Parrain - et dans - Scarface -... Ce ne sont que des exemples parmi une foule de références que contient ce polar.

Laesaeng, orphelin, est adopté par père Raton Laveur, qui "dirige" "la Bibliothèque des Chiens", laquelle bibliothèque contient plus de 200 000 ouvrages que personne ne lit, et qui n'a comme seuls visiteurs que des sicaires.

Car dans cette Tour de Babel se concentrent, depuis des décennies, tout le savoir du crime et sa mystérieuse organisation.

Laesaeng va intégrer en tant qu'exécuteur ce monde régi par ceux que l'on appelle les planificateurs.

Ce monde a ses lois, ses rituels, ses traditions auxquels chacun se soumet. Ne pas les respecter, c'est mourir.

Père Raton Laveur adopte un deuxième "fils", Hanja, lequel va très vite aller à contre-courant de la "vénérable" bibliothèque et symboliser l'avenir, la "modernité".

Laesaeng, tueur "poète" ( lui, à défaut d'être allé à l'école, a dérogé à la règle et est un autodidacte lecteur et amoureux des livres ) va entrer en conflit avec son "frère".

Le premier chapitre qui s'intitule "Sur l'hospitalité" est une petite merveille de création. Cette rencontre, ce chassé-croisé entre le tueur à gages et sa cible, entre le chasseur et sa proie est un pur moment de grâce.

Ce premier chapitre plante le décor. Ce décor "samouraï", ce décor fait de codes acceptés et respectés, c'est ce monde du passé auquel Hanja veut substituer la technologie, le management, la rentabilité.

C'est la lutte qui s'engage entre la vieille bibliothèque empoussiérée et le CAC40 du crime organisé.

Au milieu de cette lutte s'insèrent la Séoul de la tradition, du passé, celle où se côtoient les usines et leurs ouvrier(ère)s, les commerçants et artisans de "la périphérie", les bas-fonds, les marginaux, et la Séoul globalisée avec ses gratte-ciels, ses TGV, ses golden boys, ses milliardaires et sa corruption... et ses opposant(e)s. Et Laensaeng est balloté entre ces deux univers, ces deux visions qui se cherchent sans vraiment vouloir se regarder.

Le rythme du roman est très progressif. Il est d'abord très lent, contemplatif et hésitant, puis monte peu à peu en puissance, pour terminer en apothéose, au sens de "ce qui s'élève au-dessus du commun".

C'est un livre "mine", un polar qui donne un coup de jeune au polar.

C'est un livre riche, plein de références, d'allusions, de sens, d'humour, de trouvailles et de créativité. Un livre à l'écriture travaillée, au style plus élaboré que la moyenne du "genre" ( un genre que je ne minimise ni ne dénigre... mais où il y a pas mal d'auteurs médiocres qui ont pignon sur rue... !)

Les deux "duels" entre Laesaeng et le Barbier sont de purs moments d'anthologie dans ce genre.

Je crois que l'auteur a écrit un autre polar "recommandable"... - Sang chaud -... j'espère pouvoir le lire bientôt...

PS : il faut lire ce roman comme un " Art Martial ".
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Sang chaud

Première incursion dans l'univers du polar coréen et première expérience validée ! Dans Sang chaud, Kim Un-Su – traduit par Kyungran Choi et Lise Charrin – nous plonge au coeur de Busan, station balnéaire et porte d'entrée du détroit de Corée, où sévit une guerre de succession mafieuse, remake de la querelle des anciens et des modernes.



La quarantaine venue, Huisu, bras droit du vénérable Père Sohn, sage parrain local adepte du bon compromis plutôt que du mauvais conflit, Huisu donc est en pleine gamberge. Est-il condamné à rester indéfiniment dans l'ombre de son mentor ? À ne pas disposer de son propre business ? À n'être qu'un gagne-moyen incapable de rembourser ses dettes à Obligation Hong ? À ne pas pouvoir fonder le foyer stable et rangé auquel il aspire depuis longtemps avec Insuk la prostituée-maquerelle ?



Si ces états d'âmes sont légitimes, ils interviennent au pire des moments alors que les équilibres mafieux sont remis en cause, que les appétits de territoires s'aiguisent et que les couteaux à sashimi sont de nouveau de sortie. Mu par une certaine fatalité qui le dépasse et par des retournements d'alliances qui s'accélèrent, Huisu va se jeter dans la guérilla à mort qui s'engage. Mais les temps ont changé : « Où s'est perdu le sang chaud de jadis ? »…



Alternant les dialogues rythmés et cash avec les descriptions d'un milieu, d'un territoire et d'une époque peu connus, Kim Un-Su nous embarque dans un polar noir et sanglant bien balancé, qu'on regrette juste de ne pas savourer un verre de soju à la main… À découvrir donc !
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Sang chaud

En Corée, « Le Parrain », version asiatique.



Même si c’est annoncé comme un polar, on sera déçu si on y cherche une enquête policière. Ce n’est pas du tout ça, c’est vraiment l’histoire du second du Père Sohn, un chef de la mafia dans une ville portuaire coréenne.



À partir d’une enfance sans famille, Huisu s’est hissé jusqu’à être le bras droit du Père. Mais la quarantaine venue, il se rend compte qu’il n’est plus que ça. Il y a sacrifié ses amours, il vit à l’hôtel et ne possède rien, que sa réputation. Et il se pourrait bien que changements n’arrivent pas que dans sa vie, mais que toute la structure du pouvoir puisse être ébranlée.



Un roman d’intrigue et d’action, il y aura des ententes secrètes, des trahisons et des règlements de comptes, des femmes qui ne sont souvent que des « rapporteuses d’argent », des amitiés et des vengeances.



Avec tous ces noms auquel on n’est pas habitués, il sera parfois difficile de s’y retrouver, mais c’est la rançon à payer pour profiter du dépaysement d’un décor lointain.



Finalement, un roman est édité par la maison « Matin calme », pour une histoire qui est loin d’être calme…

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Le Placard

Ils mangent du verre, de l’acier ou boivent du pétrole ; il a un ginko qui pousse au bout de son auriculaire ; elle a un lézard qui vit dans sa bouche et prend peu à peu la place de sa langue ; ils dorment sans discontinuer pendant 2 mois ou 2 ans, ou sautent des plages de temps de plusieurs années sans dommage.



Ce sont les symptomatiques, êtres aux pathologies atypiques dont les secrets sont contenus dans le placard numéro 13, abrité dans une société où les employés font semblant de travailler pour masquer la présence de ces trésors qu’étudie le Dr Kwon. Quand le narrateur, jeune trentenaire à la vie rangée, se voit confier la surveillance du placard, il va vite se rendre compte que certains sont prêts à tout pour mettre la main sur son contenu…



Quel livre étonnant que Le Placard de Kim Un-su, traduit par Kyungran Choi et Pierre Bisiou. Voilà un livre qui m’a surpris, perdu, emballé, fatigué, fait rire, intéressé. J’ai apprécié la forme hybride, où les thèmes abordés fusent dans tous les sens sans prévenir, sans autre logique que celle de l’imagination débridée de l’auteur, apportant souvent matière à réflexion sur les limites absurdes de nos société contemporaines.



J’ai eu plus de mal dans la durée à regrouper tous ces angles dans une trame commune et conclusive, qui aurait satisfait mon petit esprit de lecteur cartésien qui atteint rapidement ses limites avec ces contes absurdo-noirs. Mais les amateurs du genre, prêts à se laisser totalement embarquer, se régaleront à suivre le conseil du narrateur :



« Je crois au pouvoir de l’imaginaire.

Car je suis le gardien du Placard n°13.

Car il n’y a rien qui ne puisse s’y produire. »

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Sang chaud

Quand on pense polar et que l’on doit l’associer à une zone géographique, on pense immédiatement aux polars scandinaves. Même si ça restera mes petits préférés, il ne faut pas oublier les polars coréens. Dans celui-ci on est plongé dans le milieu de la mafia, des « combats » de territoires entre différents clans de la pègre. Les éditions points nous mettent même un bandeau avec inscrit « le parrain à la sauce coréenne. » Après je n’ai pas grand-chose à vous dire soit vous aimez ce thème, cet environnement et vous allez adorer ce livre qui vous plonge dans ce milieu soit ces 517 pages vont vous sembler longues.

Pour moi c’est un bon livre, bien construit, qui nous fait voyager, apprendre des choses sur ce lieu, ce milieu mais ce n’est pas un thème auquel j’accroche.

« Sang chaud » va être adapté au grand écran



Roman sélectionné pour le prix du meilleur polar points

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Les planificateurs

Kim Un-Su m'a emmené tout au long de ce roman noir dans la tête d'un assassin professionnel. Je m'y suis vite attaché avec la bienveillance d'une ombre lumineuse. Laesaeng, est-ce bien son nom ?





Au sortir d'un voyage primé SNCF en Mongolie que je ne chroniquerai pas tant la steppe a déjà été piétinée, me voici à Seoul dans une bibliothèque aux lourds secrets, avec un double soulagement d'authenticité et littéraire. Entre ironie indiscrète et cynisme circonspect j'en aurai appris sur les mécanismes capitalistes du crime organisé.





Dans le silence feutré de la bibliothèque l'on pouvait commander une exécution construite méticuleusement avec l'assurance qu'elle saurait ensuite se faire oublier sur l'un de ses rayonnages. Las, ce tranquille monopole est mis à plat par l'arrivée sur ce marché en expansion d'Hanja, golden boy diplômé made US.





Voilà ce que pourrait en dire la 4eme de couverture. Pour rappel un bon couteau tue aussi bien de taille que d'estoc. Ainsi vont aussi les bons romans. Ici pas de côté dépliant publicitaire tour opérateur ni guide gastronomique pour tourisme de masse ; au contraire l'auteur propose une visite personnalisée des bas fonds, commentaires acerbes sur la société à la clé.





Au passage Kim Un-Su revisite le mythe d'Oedipe à trois niveaux, géniteur, père adoptif et père spirituel, rien n'est trop complexe^^. Je l'avais dit : un pro ce Laesaeng. C'est donc l'histoire d'un ours blanc qui se demande pourquoi il est né sur la banquise. Et moi, ours mal léché, j'ai aimé comme le miel.





Quelle découverte ! Merci masse critique. Merci les éditions Points. Deux chats, un Mad Dog^^, une interrogation philosophique : "Les livres ont-ils rendu le monde plus heureux ?" p.376 Et un clin d'oeil à l'héroïne pour une fin énigmatique : Ite Missa est.
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Sang chaud

Guam, le quartier mal famé de Busan, port et deuxième ville de Corée du Sud. C'est là que Père Sohn, le parrain du quartier, possède le Mallijang, un hôtel dont il a confié la gérance à Huisu, quarante ans. Père Sohn a assis sa domination en organisant des trafics peu lucratifs mais sécurisés, assurant le train de vie d'une cohorte de truands et hommes de main, qu'il tient sous sa coupe. Mais Huisu a le blues, il aspire à prendre son autonomie et monter son business de fabrication de machines à sous. Il voudrait surtout se mettre en couple avec Insuk, qu'il a connu à l'orphelinat de Mojawon. A dix sept ans la jeune femme, ainée d'une fratrie nombreuse, avait dû se prostituer et a eu un fils Amy, adopté par Huisu. Les deux quarantenaires espèrent à présent se ranger des affaires et surtout rembourser leurs dettes auprès d'Obligation Hong, l'usurier qui draine toutes les dettes du quartier. Mais les rivalités entre gangs, qui voudraient mettre la main sur le business de Guam, vont contrecarrer les espoirs du couple, provoquant une guerre de succession entre gangs, révélant trahisons et vengeances, avec sa cohorte de tueries et d'assassinats, le tout sous le regard souvent voilé du chef de la police, corrompu et véreux.



Une plongée dans la pègre sud-coréenne avec un héros à bout de souffle qui se rend compte qu'à quarante ans, il tourne en rond, éternel homme de main d'un chef de gang âgé et sur le retour mais qui refuse de passer la main. Mais prendre son autonomie a un coût et Huisu va la payer au prix fort.

D'abord intéressée et curieuse de découvrir le milieu de la mafia coréenne, j'ai vite été lassée par une narration très détaillée qui ralentit le rythme et un style (ou une traduction) un peu lourd. A cela se sont ajoutées le nombre pléthoriques de personnages et les difficultés des noms coréens avec de grandes ressemblances entre eux. Sont ennemis Yangdong et Yongkang, Cheon Dahlo et Cheoljin, et sont frères Daeyeong et Daeseong, difficle pour moi de suivre le périple et les nombreuses péripéties de tout ce monde.

Même si l'auteur recadre quelquefois l'histoire des gangs et permet une découverte du milieu maffieux sud-coréen, le roman reste trivial et vulgaire, avec beaucoup de longueurs et il manque un souffle ou un peu d'humour pour en faire une lecture forte.

Une déception.
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Sang chaud

Kim Un-Su Sang Chaud



Un polar coréen l Original, me direz-vous.A découvrir en tout cas

Et nous voilà à Busan ,une grande ville de Corée, dans le quartier fictif de Guam

Pére Sohn est le maître du quartier depuis des décennies

Rien à voir avec la mafia italienne ou tout autre parrain de cinéma

C’est un homme plutôt discret , presque peureux , qui veut avant tout éviter les conflits tout en continuant à faire tourner sa fructueuse petite affaire

Ne vous attendez pas à des meurtres en série , des règlements de compte , avec vengeance et hémoglobine à chaque chapitre

Huisu est l’homme de main , investi de certaines responsabilités,donc respecté, mais sans réel pouvoir et sans fortune aucune

Nous allons donc suivre son parcours au milieu de cette nébuleuse de petites organisations illégales

Huisu fait le métier de voyou.C’est lui qui le dit et , croyez-moi, ce n’est pas facile tous les jours

Donc , à Busan, dans son quartier, tout est compartimenté

A chacun son domaine très précis et ses limites territoriales bien définies

Un consensus qui satisfait tout le monde mais qui va bientôt voler en éclats

La tension va monter doucement en puissance , l’intérêt du livre aussi

Alors que régnait une certaine lenteur paisible très asiatique , la tension va aller crescendo et la violence qui était latente va exploser jusqu’au dénouement final

Pour un lecteur européen, l’attrait de ce roman tient au contexte géographique que nous connaissons peu , à savoir la Corée

Il y’a un rythme, des codes , une écriture qui peuvent dérouter le lecteur de polar plus classique américain, anglais, français, scandinave ou islandais

Il faut donc oublier quelques habitudes, accepter d’entrer dans un autre univers

Cela peut demander quelques dizaines de pages mais le jeu en vaut la chandelle

Avec un peu de curiosité,le temps de bien retenir les noms coréens des personnages,le lecteur ou la lectrice sera récompensé car le livre devient très captivant au fil des pages

Il m’a paru assez évident que ce livre est destiné à être adapté au cinéma ou en série

Kim Un-Su met en place tout un univers très visuel

Il prend le temps de bien approfondir tous ses personnages , comme pour un scénario

Bref, un polar atypique qui plaira à ceux qui veulent sortir des schémas classiques du roman policier

J’ai eu un peu de mal à rentrer dans ce livre et, petit à petit, je me suis pris au jeu

Bravo donc à Kim Un-Su









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Le Placard

Un trentenaire plutôt moyen vient de trouver un nouveau travail : pour un salaire décent, il n’a rien à faire. Loin de se satisfaire de son sort, il décide de fureter dans les différents couloirs de son organisation à la recherche de quelque chose d’utile pour passer son temps.



Il finit par tomber sur le Placard. Le Placard contient des dossiers étranges : des gens sur lesquels poussent des arbres ; d’autres qui ont des lézards à la place de la langue ; certains encore qui perdent littéralement du temps de vie, ou qui ont des doppelgängers qui leur rendent la vie dure. Folie ordinaire, ou première génération des post-humains à venir ?



Le Placard dégage un parfum kafkaïen, à la fois totalement absurde et parfaitement logique. Si les premiers récits amusent et déconcertent, petit à petit le récit se teinte d’amertume : après tout, si le monde dans lequel nous vivons n’a aucun sens, ne devient-il pas normal de voir les êtres humains s’adapter de manière absurde pour tenter d’y survivre ?



J’ai parlé de ce livre en continu à mon entourage (qui n’a sans doute rien compris à mon enthousiasme) pendant toute ma lecture. J’en sors avec un sentiment de jubilation mêlé à un étrange malaise.
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Le Placard

Le personnage principal du roman est un jeune désœuvré qui n'a pas grand chose à faire, s'ennuie mortellement dans sa vie et son travail, jusqu'au jour où il découvre qu'un seul,des archives qu'il est chargé de surveiller le numéro 13, est muni d'un cadenas.Qu'il lui faut bien sûr ouvrir!



Il y découvre des dossiers sur des "symptomatiques", à savoir des personnes souffrant de divers désordres ou mutations, précurseurs d'un homme futur, d'une nouvelle espèce? Ou fruit d'expériences?



Sur fond de société secrète et de dossiers cachés, délicieusement fantastique, savamment paranoïaque, Le placard ( rien à voir avec le film de Francis Veber) est une fable autant qu’un roman noir unique en son genre,



Bref on à affaire du pur Kim Un-su. qui après Sang chaud, enfin plutôt avant car le livre édité que maintenant en France, date de 2006, invente ici un genre à part : le roman noir parano-loufoque.



"Cette année-là, je romps avec ma copine que je fréquente depuis huit ans et sept mois. Pour être précis, j’apprends cet été-là qu’elle n’est plus avec moi depuis un paquet de temps déjà. »,



L'éditeur Matin Calme le prévient dans le 4eme de couverture : aucun ingrédient qui en font un polar habituel même si on est dans le roman noir. burlesque et délirant à travers ces tranches de vie franchement décalées et absurdes racontées avec une jubilation évidente !
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Le Placard

Kim Un-Su avait été un de mes coups de coeur 2020 avec son roman sur la pègre coréenne. Je me suis donc réjoui de la parution d'un nouveau livre de cet auteur, m'attendant à retrouver une histoire dans la même veine. Comme je ne lis presque jamais la quatrième de couverture, ma surprise a été d'autant plus grande !



Dès les premiers chapitres, j'ai compris que je m'engageais dans un univers atypique. le narrateur tombe sur un endroit où sont classés des dossiers spéciaux. Ils concernent des personnes hors norme, avec des caractéristiques singulières. Ce sont des symptomatiques. Ils mangent du verre, boivent du pétrole, effacent leur mémoire, ont un arbre qui pousse sur leur doigt, ont un lézard qui vit dans leur bouche ou s'échangent leurs corps… Bienvenue dans le placard n°13 ! Parce qu'il a accès à ces documents, le héros de cette histoire se retrouve entraîné dans une machination qui le dépasse et qui va bouleverser sa petite vie.



Vous devez vous dire : Anthony, toi l'incorrigible cartésien, tu as dû souffrir devant tant de loufoquerie. Je vais vous étonner ! Je me suis beaucoup amusé durant cette lecture. Chaque chapitre m'a embarqué dans une histoire empreinte tour à tour d'absurdité, de drôlerie, de folie, de paranoïa, une véritable évasion ! C'était très divertissant et finalement, je crois que je peux apprécier ce genre de littérature si c'est bien écrit et maîtrisé. Je suis donc moins « coincé » que ce que je pensais !



Si l'on mesurait la qualité d'un écrivain à sa faculté à se renouveler, Kim Un-Su pourrait être classé parmi les plus grands. En effet, passer d'un polar mafieux à ce roman inclassable avec une telle facilité, relève d'un talent certain. Il a titillé mon imaginaire et m'a fait voyager entre réalité et fantastique, pour mon plus grand plaisir !
Lien : https://leslivresdek79.wordp..
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Sang chaud

Matin Calme est une nouvelle maison d’édition qui a fait le pari d’importer des romans sud-coréens sur notre territoire. Pour commencer, elle a jeté son dévolu sur une valeur sûre avec un auteur qui avait déjà fait ses preuves sur ses terres. Voilà comment est arrivé sur nos rayons de librairie cet intrigant « Sang chaud ».



Le lecteur suit les traces de Huisu, disciple d’un vieux chef de gang. Sous le joug de l’organisation depuis longtemps, ce quadragénaire a l’ambition d’améliorer sa condition professionnelle et personnelle. Pour ce faire, il doit essayer de faire son trou en s’adaptant au monde de la pègre, qui est régi par des propres règles.



Cette histoire est aussi le combat de l’ancienne et de la nouvelle école. Les anciens ont mis en place les bases d’une conduite pour les voyous. Mais l’orgueil et l’impatience des jeunes renversent un peu les fondements et imposent de nouveaux codes. Toutes les cartes sont redistribuées. Les comportements sont imprévisibles et chaque scène nous réserve son lot de surprises.



Quelle que soit la mafia, qu’elle soit italienne, colombienne, russe ou japonaise le fonctionnement global est équivalent. Les valeurs sont les mêmes, seuls le décor et les armes changent. Ici, en Corée, les négociations se font donc autour de poissons crus, de viandes grillées et se règlent à coup de couteau à sashimi.



Afin de recréer au mieux l’ambiance du milieu, l’auteur nous fait assister à tous les échanges entre les protagonistes. Le texte est donc chargé de dialogues, dans lesquels on comprend les coulisses des trafics. Les manigances, les alliances, les traitrises… tout y est.



Derrière la violence des actes, l’auteur dépeint aussi la condition d’un pays et de ses habitants. J’ai pris un véritable plaisir à la rencontre de ce roman original et instructif. Kim Un-Su m’a convié à un voyage initiatique dépaysant, qui n’est pas sans rappeler « Le parrain », mais à la sauce soja. Belle découverte !
Lien : http://leslivresdek79.com/20..
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Sang chaud

♫ Parla più piano e nessuno sentirà ♪ Il nostro amore lo viviamo io e te ♫ ♪Nessuno sa la verità, Nemmeno il cielo che ci guarda da lassù. ♪



Avec la mafia, même Coréenne, il vaut mieux parla più piano (parler moins fort) e nessuno sentirà (personne n’entendra).



Si Séoul peut-être comparé à Paris, Busan pourrait être l’équivalence d’un Marseille avec son port qui est d’une importance capitale.



On a beau être au pays du matin calme, à Busan, les habitants ont le sang chaud et dans le quartier mal famé et sordide de Guam (qui n’existe pas en vrai).



Nous sommes dans les années 90. Les habitants tirant tous (et toutes) le diable par la queue, la prostitution et les trafics en tous genres sont légion. Ils sont bien souvent les seuls moyens de survie ou de quoi mettre un peu de beurre dans les épinards.



Pourtant, malgré les trafics, les gens sont souvent perclus de dettes et les taux d’intérêts dépassent souvent la dette en elle-même. Dès que l’on contracte une dette, on se retrouve pieds et poings liés pour la vie, impossible de s’échapper.



Oui, ce roman noir, c’est un peu la version Coréenne du Parrain : plusieurs clans règnent sur les trafics, sur les quartiers, mais la plupart des chefs n’ont pas de sang sur les mains, comme le père Sohn, le chef de Huisu. Pas parce qu’il est tendre et bon, juste parce qu’il délègue ce genre de choses à d’autres, comme Huisu.



Au début du récit, tout semble calme et paisible dans le petit monde des mafiosi coréens, on se salue, on fait des courbettes, on mange ensemble, on se tape parfois dessus, mais juste avec les poings, rarement avec des armes à feu… Mais faut jamais jurer de rien, après le soleil, la tempête peut arriver.



Ce roman noir, c’est une carte postale sombre de la Corée du Sud, l’envers du décor, les coulisses sordides des trafiquants, des jeux de pouvoir, des guerres du trône, des trahisons, des coups fourrées, de couteau à sashimi planté dans le ventre ou dans le dos.



Au départ, je me suis un peu perdue dans cet univers, j’ai mélangé les noms, j’ai un peu galéré avant de me sentir à mon aise dans ces pages. Et puis, je me suis attachée à Huisu, au père Sohn et à différents personnages.



L’auteur leur a donné du corps, mais surtout une âme, des sentiments, des questions existentielles, des doutes, une conscience, des sentiments…



Non, nous ne sommes pas face à des truands méchants, stéréotypés et sans nuances. Ce sont des êtres humains et ils sont soumis aux mêmes questionnements que tout le monde, à des emmerdes, à des trahisons… Ok, nous, dans les bureaux, on ne règle pas nos problèmes avec des couteaux…



Un polar noir qui a tout d’une tragédie, une tragédie qui arrive doucement, qui prend son temps pour se mettre en place, car l’auteur ne se dépêche pas et pose toutes les bases de son récit, de ses personnages, de ses décors afin que l’on s’immerge en douceur dans ce monde que nous ne connaissons pas vraiment.



C’est sanglant, meurtrier, violent et sans concession. Les mafiosi, qu’ils soient italiens ou coréens, ce ne sont pas des Bisounours… Un roman à découvrir avec l’esprit bien ouvert et un petit papier afin de noter certains noms et ne pas se tromper ensuite. Une belle plongée dans le monde de la mafia du pays du matin calme.



Un polar noir qui m’a donné envie de ne plus manger QUE des poissons végétariens et plus des carnivores… Je vous laisse deviner pourquoi… Mais au moins, je salue l’esprit de recyclage des truands coréens. On n’y pense pas assez souvent.


Lien : https://thecanniballecteur.w..
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Sang chaud

Avec sang chaud, nous pénétrons dans un monde bien particulier, Guam est un quartier de Busan, grand port tentaculaire de Corée du Sud, situé au bord de la mer où les commerces sont contrôlés par deux gangs qui imposent leurs lois. Ces deux gangs s'affrontent pour détenir le maximum d'affaires, commerces, traffics en tout genre. Cela se règle par des bagarres violentes et très meurtrières. Le focus se fait sur le personnage principal Huisu, homme de main, bras droit du chef d'un des deux gangs, gérant d'un hôtel.

Hiusu atteint la quarantaine et commence à se poser des questions existentielles. Il fait le bilan de sa vie et n'est pas très pas très satisfait du résultat, beaucoup d'argent passe entre ses mains mais c'est un joueur invétéré... . Il aime une femme depuis son adolescence mais c'est une prostituée qu'il n'ose épouser, il vit dans une chambre minable de son hôtel. Huisu voudrait améliorer sa condition pour pouvoir se marier et avoir une maison digne de ce nom. En voulant élever sa condition, Huisu va déclancher un cataclysme. Les deux gangs vont se déchaîner, les couteaux à Sashimi vont voler, les cadavres vont s'amonceller. Huisu en sortira indemne de justesse . Kim Un-Su nous embarque dans un roman noir, violent où les dialogues permettent de visualiser les scènes comme un scénario. Il est important de signaler que ce roman traduit du coréen est le premier publié par la toute jeune maison d'édition Matin Calme. Longue vie à elle.
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Sang chaud

2020 signe la naissance d'une maison d'édition qui aura une place d'honneur sur le blog en 2020 et pour les années à venir. Je souhaite ainsi un merveilleux succès à la maison d'édition Matin Calme créée par Pierre Bisiou et Irene Rondanini et dont la toute première publication, Sang chaud, annonce le retour d'un très grand écrivain : Kim Un-su !



Avec cette première parution, les éditions Matin Calme nous offrent un excellent polar qui plaira à tous les amoureux de la littérature coréenne et plus généralement à tous les amoureux du polar. Vous avez adoré les films comme Le Parrain, Scarface ou encore plus récemment The Irishman ? Voici le polar qu'il vous faut !



Avec "Sang chaud" Kim Un-su nous livre encore une fois un polar unique en son genre qui nous plonge au cœur de l'ambiance si particulière de la ville de Busan, au cœur des manigances criminelles et politiques.

L'écrivain mêle avec brio l'histoire personnelle d'un criminel à un cadre spatio-temporel fascinant. Vous cherchez ainsi à ouvrir vos horizons littéraires ? "Sang chaud" répondra à toutes vos attentes !



En lisant ce nouveau roman de Kim Un-su, j'y ai retrouvé tout ce que j'avais aimé dans "Les Planificateurs" (qui fera bientôt l'objet de plusieurs adaptations, coréenne et américaine) avec en plus la totale découverte de Busan. Il y a l'atmosphère si bien retranscrite de l'univers de la mafia coréenne, le lien entre le crime et les politiques, toutes les guerres liées aux différents territoires, toutes les trahisons et tous les mensonges. Il y a aussi l'aspect humain grâce au personnage de Huisu : un criminel, un "père adoptif", un amant, un homme tout simplement. Il y a aussi cet humour si particulier et en même temps si efficace qui donne toute sa saveur au roman.



Tout comme "Parasite" a permis à énormément de spectateurs de découvrir le cinéma coréen, tout comme la saga Millénium a pu permettre au polar scandinave/nordique de prendre son essor, j'espère de tout cœur que les publications Matin Calme permettront au lectorat français de découvrir toute la force, toute l'originalité du polar coréen. Pour ma part je ferai tout pour apporter ma pierre à l'édifice et vous donner envie de surfer sur la vague du polar coréen.



Sang chaud signe les débuts d'une maison d'édition formidable, je vous donne rendez-vous en mars pour vous parler de leur prochaine parution et en attendant... Précipitez-vous en librairie !
Lien : http://leatouchbook.blogspot..
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