Citations de Ursula K. Le Guin (1103)
Après tout, le passé n’existe que dans la mémoire, qui est une sorte d’imagination. L’événement est réel maintenant, or, une fois qu’il devient jadis, la continuité de son existence dépend de notre énergie et de notre honnêteté.
Ce n’est pas une arme ni une femme qui font l’homme, pas plus que la magie ni un pouvoir quelqu’il soit, c’est ce qu’il a en lui.
Il ne pouvait la haïr davantage. Son seul crime était d’être une femme.
- La nature n’est pas dénaturée. Non, ceci n’est pas un redressement de la balance, mais un dérèglement. Et il n’existe qu’une seule créature capable de faire cela.
- Un homme ? Suggéra Arren.
- Nous, les hommes.
- Comment cela ?
- Par un désir démesuré de vie.
- De vie ? Mais ce n’est pas un mal que de vouloir vivre ?
- Non. Mais lorsque nous désirons acquérir du pouvoir sur la vie - une fortune inépuisable, l’invincibilité, l’immortalité -, alors ce désir devient de la cupidité. Et si la connaissance s’allie à cette cupidité, alors survient le mal. Et c’est à ce moment-là que la balance du monde penche et que le malheur pèse lourd dans le plateau.
Renier le passé, c’est nier le futur. Un homme ne peut forger sa destinée : il l’accepte ou il la nie.
Elle pleurait de douleur, parce qu’elle était libre.
Elle commençait à apprendre le poids de la liberté. C’est un lourd fardeau, et c’est pour l’esprit une charge immense et étrange à assumer. Ce n’est pas simple. Ce n’est pas un cadeau que l’on reçoit, Mais un choix que l’on fait, et ce choix peut-être difficile.
Pourquoi laisses-tu ton cœur s’attacher à cette enfant ? Ils vont venir la prendre le mois prochain. Pour de bon. Autant l’enterrer, et qu’on en finisse. À quoi bon t’attacher à quelqu’un que tu dois fatalement perdre ? Elle ne nous est d’aucune utilité. Si encore ils payaient pour l’emmener, ce serait déjà quelque chose ; mais ils ne paieront pas. Ils la prendront, et voilà tout !
Ils découvraient que la liberté ne sert à rien si l'on n'a pas de fusils pour la défendre.
On ne peut pas briser les idées en les réprimant. On ne peut les briser qu'en les ignorant.
Il n'est de mot que dans le silence, de lumière que dans l'obscurité, et de vie que dans la mort : radieux est le vol du faucon dans l'immensité du ciel.
L'accomplissement, pensa Shevek, est une fonction du temps. La quête du plaisir est circulaire, répétitive, atemporelle.
Le jour est la main gauche de la nuit,
et la nuit la main droite du jour.
Deux font un, la vie et la mort
enlacés comme des amants en kemma
comme deux mains jointes,
comme la fin et le moyen.
Lai de Tormor
La déraison assombrit cette brèche creusée dans le temps et annihilées par nos vaisseaux ,et dans les ténèbres l'incertitude et la démesure poussent comme des herbes folles.
Le monde est plein de jeunes gens intrépides qui veulent tuer et être tués. Il y en aura toujours bien assez pour toutes les guerres.
Libérez votre esprit de l'idée de mériter, de l'idée de gagner, d'obtenir, et vous pourrez alors commencer à penser
C’est un pouvoir dangereux, plein de périls. Il doit procéder de la connaissance, et servir le besoin. Allumer une bougie, c’est pour jeter une ombre…
— J'ai dit que tu avais de la force en toi, une grande force. Et tu le sais. Ce que tu vas en faire, je l'ignore, et toi aussi. Il faut le découvrir. Mais le pouvoir de se nommer soi-même n'existe pas.
— Pourquoi ? Que possède-t-on de plus personnel que son vrai nom ?
("Contes de Terremer - Libellule")
She wept in pain, because she was free.
What she had begun to learn was the weight of liberty. Freedom is a heavy load, a great and strange burden for the spirit to undertake. It is not easy. It is not a gift given, but a choice made, and the choice may be a hard one. The road goes upward toward the light; but the laden traveler may never reach the end of it.
Living, being in the world, was a much greater and stranger thing than she had ever dreamed.
“What have they ever given you, Tenar?”
“Nothing,” she whispered.
“They have nothing to give. They have no power of making. All their power is to darken and destroy. They cannot leave this place; they are this place; and it should be left to them. They should not be denied nor forgotten, but neither should they be worshiped. The Earth is beautiful, and bright, and kindly, but that is not all. The Earth is also terrible, and dark, and cruel. The rabbit shrieks dying in the green meadows. The mountains clench their great hands full of hidden fire. There are sharks in the sea, and there is cruelty in men’s eyes. And where men worship these things and abase themselves before them, there evil breeds; there places are made in the world where darkness gathers, places given over wholly to the Ones whom we call Nameless, the ancient and holy Powers of the Earth before the Light, the powers of the dark, of ruin, of madness. . .