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Critiques de Valerio Varesi (362)
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Les mains vides

Une chaleur caniculaire s'abat sur Parme, reflet parfait de l'enquête poisseuse aux mille visages que va mener l'inspecteur Soneri sur le meurtre d'un commerçant, Galuzzo. La mort de ce dernier n'est en fait un détail presque insignifiant d'un projet plus vaste dans lequel la principale victime est la ville de Parme elle-même.



Très nettement, ce qui intéresse Valerio Varesi dans cette enquête, ce n'est pas de définir qui a tué, mais plutôt pourquoi, de s’interroger sur les causes du mal.



J'ai beaucoup apprécié le personnage de l'inspecteur, un double de l'auteur, attachant, ancré à de saines valeurs, profondément humaniste. Il va découvrir les coupables mais surtout les mécanismes qui l’empêchent de révéler la vérité.



Si on retrouve bien les codes du polar Les Mains vides contourne le genre en s'inscrivant dans le roman noir social, voire moralisateur faisant le constat des changements néfastes à l'œuvre dans nos sociétés. A mesure que l'enquête avance, le roman est traversé d'un pessimisme croissant, d'une amertume, d'une mélancolie profonde en mettant en scène un nouveau type de crime, déguisé en sociétés financières et immobilières aux montages imparables, remplaçant la vieille garde de la pègre classique. Le basculement de Parme vers la perdition devient une métaphore de la déroute de l'Italie actuelle, un corps affaibli prêt à s'attraper n'importe quelle maladie. Les truculents dialogues entre l'inspecteur et Gerlanda le vieux mafieux usurier sont exemplaires à ce titre.



« Ne vous faites pas avoir par les gens respectables : les industriels, les entrepreneurs, les banquiers, les avocats ... Ils utilisent tous les mêmes méthodes, ils possèdent tous une sauvagerie sans limites, sinon, ils ne seraient pas là où ils sont. Les affaires te font régresser au stade primitif, là où la raison sert uniquement à organiser la violence. Ou bien à se garantir des complices en politique, grâce à l'argent qui ouvre toutes les portes. Le reste, les rites de notre prétendue démocratie ne sont que de la dramaturgie, rien d'autre que du théâtre. »



Tout est juste dans ce polar désenchanté qui pénètre tel un soc dans la réalité contemporaine. J'ai cependant trouvé que la litanie moralisatrice dénonçant le néo-libéralisme voyou assez répétitive, elle aurait pu être allégée sans pour autant perdre en force d'indignation.
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La main de Dieu

Valerio Varesi , j'espére bien le rencontrer samedi prochain pour la 11ème édition du salon " Vins Noirs de Limoges , salon qui n'en finit d'ailleurs pas de grandir avec des plateaux de trés grande qualité .

Bon , vous l'avez compris , Valerio Varesi n'est pas un inconnu dans le monde du polar et c'est toujours avec grand plaisir que l'on partage les enquêtes de son grand héros , le commissaire Sarneri accompagné de la subtile Angela .

Pas de surprise non plus si je vous dis que l'intrigue commence par la découverte d'un corps prés du Ponte di Mezzo prés de Parme .En remontant le torrent où a été trouvée la malheureuse ( ? ) victime , le commissaire se dirige vers la charmante cité de Monteripa , village des Apennins aux hivers rudes .... ( vraiment charmante , vous verrez ).

En principe , quand il y a mort violente , il y a enquête et celle-ci révèle souvent bien des découvertes surprenantes avant de trouver son épilogue .

Heureusement , le commissaire est coriace , perspicace et tenace car Valerio Varesi ne lésine pas sur les moyens : affaissement de terrain , découverte d'une voiture criblée de balles , drogue , parties fines , défenseurs de la nature , promotteurs immobiliers véreux , blanchiment d'argent , habitants muets prêtre hors convention ... Tout , tout , tout , vous saurez tout sur les dérives sociétales d'une époque qu'on ne peut vraiment plus qualifier de bénie . Heureusement , "La main de Dieu "veille .

J'ai adoré ce roman lu en une journée , c'est dire .Les personnages sont " forts" , à commencer par le commissaire dont le portrat s'enrichit encore par rapport aux ouvrages précédents , étant bien entendu que ce roman peut être découvert indépendamment des précédents .Pour la plupart des autres personnages , laissez vous porter , ce sont les dignes représentants de causes plus ou moins avouables .Non seulement l'intrigue est solide mais l'auteur sait parfaitement gérer les comportements dans notre environnement actuel et aborder les rapports bien disparates des hommes face à la nécessaire transmission d'une nature préservée ou l'exploitation des richesses à seule fin de profit immédiat . Un roman qui ne manque pas de coffre , et pousse à la réflexion .

Un détail , on peut facilement se perdre un peu ( ce fut mon cas ) dans les noms et prénoms et comme je sais que nous aimons tous un peu " tripatouiller "le livre avant de l'adopter , ne lisez surtout pas la dernière page , le nom du coupable saute aux yeux Non , cherchez plutôt les indices et laissez travailler vos neurones .Pour la victime comme pour l'assassin , croyez moi , ça coule de source ..Oui , c'est pas malin mais je ne peux pas mieux faire pour un dimanche .

Laissez vous tenter , c'est une valeur sûre le Valerio . A trés bientôt et bon lundi de Pentecôte à tous et toutes . Et merci à " La Main de Dieu " pour ce jour férié.
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Ce n'est qu'un début, commissaire Soneri

Alors que les pluies torrentielles inondent la ville de Parme, la quête d'espérance se meut entre un assassinat et un suicide qui n'en est peut-être pas un...



"Ce n'est qu'un début, commissaire Soneri" plonge notre flic préféré dans les eaux troubles d'une mélancolie teintée de nostalgie. Entre perte des idéaux, désillusion et conformisme rayonnant, son passé d'étudiant post 68 en prend un coup.

Heureusement, reste la bonne chère, le bon vin et l'amour d'Angela.



Œuvre après œuvre, Varesi construit un personnage complexe à l'âme tourmentée, qui symbolise à lui seul les soubresauts moraux et politiques de notre société.



On a tous quelque chose en nous de Soneri.



Si vous ne connaissez pas encore ce grand auteur, Valerio Varesi écrit des romans noirs à l'atmosphère fortement marquée, dans la droite ligne de Simenon, avec des intrigues qui s'imbriquent toujours dans l'Histoire tout en abordant des thèmes très actuels de nos vies contemporaines.



Sorti le 11 mai, "Ce n'est que le début, commissaire Soneri" traduit de l'italien par Florence Rigollet, est le 8ème opus édité en France par Agullo.

Je ne peux que vous conseiller d'essayer, vous ne pourrez plus vous en passer !

Son nouveau roman annuel est une joie pour moi sans cesse renouvelée.

À l'année prochaine commissaire Soneri ;-)
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Les ombres de Montelupo

Les vacances ...Au moment où je vous parle , bien malin celui ou celle qui va nous dire où nous pourrons les passer cette année....En un autre temps , je vous aurais bien proposé de louer à Montelupo, en Italie, et plus précisément à l'auberge des Ecureuils, un restaurant simple où la cuisine est familiale et ..divine... et l'accueil... Vous auriez peut - être la chance d'y croiser le commissaire Soneri , un enfant du pays qui aime s'y ressourcer et retrouver certaines " images " de son passé ...et oui , la nostalgie , notre histoire .... Après, couvrez - vous bien , c'est l'automne , le brouillard enveloppe le village entouré de bois où des coups de fusil récurrents , s'ils gênent les chercheurs de champignons , rythment la vie d'un village ...muet . Des taiseux .Ici , on ne parle pas , personne ne sait rien de ces affiches placardées, de ces riches patrons qui ont...et fourni du travail à tous....de ces étranges tirs...Qui ? Contre qui ? Animal ou ...homme ?

Cette atmosphère faussement tranquille , cette atmosphère oppressante , est présente du début à la fin du roman ..Une atmosphère poisseuse dans laquelle le commissaire Soreni va essayer de se débattre afin de résoudre une bien étrange intrigue ....".Le héros "? " ,Gualardzi , le Maquisard " , un personnage qui cristallise toute l' attention des carabinieris ...Mais attention , ici , la nature , les bois , les forêts , le village , le froid , la neige .....ne laissent la place à personne....d'étranger..

Entre les froidures du " haut " et la " chaleur de l'auberge du bas " , Soreni va devoir faire un choix et , sans doute , négocier....tergiverser.?

Un roman intimiste de très bonne facture , un milieu à la fois reposant et anxiogéne , un présent et un passé pour un héros discret et altruiste ...Une enquête qui tient plus de l'introspection ...Un roman très agréable à lire , mêlant avec à propos fiction narrative et dialogues , un bien bel équilibre . Une belle traduction , vive , alerte et pleine de subtilité .Et puis , Dolly .Et , oui , Dolly , la fidélité même....Le couple Soreni-Angela y résistera- t - il ?

Bon , ne vous précipitez pas , hein , on est le 30 avril et l' ouverture de votre librairie , c'est le 11 mai ....Par contre , le 11, si vous voulez choisir rapidement , allez -y ... J'y ai trouvé certaines similitudes avec Exbrayat , et ça, pour moi , c'est ....ouaaahhh!!!!

Continuez à prendre soin de vous , c'est pas fini....Courage!!!
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Les mains vides

Parme au mois d'août. Accablement dû à une chaleur moite , humide . Peu de gens dans les rues que même la nuit ne parvient pas à rafraîchir....Le décor est posé. Qu'ils sont loin des papilles , le célèbre jambon et le parmesan , dans une ville désertée par ses habitants et évitée par les touristes . Et pourtant , dans cette belle ville au passé culturel riche , malgré les notes mélodieuses de l'accordéon de Gondo , un meurtre est commis et le commissaire Soneri est chargé de l'enquête....Au premier abord , le vol apparaît comme un mobile plausible . La voie s'éclaircit encore lorsque le chemin le mène jusqu'à un usurier....Ce même chemin qui , peu à peu , est " envahi d'épines " . Pas si simple pour Soneri qui , malgré des avancées apparemment décisives, se retrouve toujours " les mains vides " , les " coupables" lui échappant à chaque fois comme " une savonnette " facétieuse . Mais il est opiniâtre, le commissaire ,on peut lui faire confiance ......

Son personnage est du reste particulièrement fouillé, un flic proche de la retraite , particulièrement désabusé face à l'évolution d'une société où l'argent donne le pouvoir à ceux qui en ont , corrompt et gangrène tout , de " la base au sommet " . Un flic qui nie toutes les évidences et n'accepte pas les conseils de ses collègues qui , depuis longtemps , se sont " adaptés " à ce monde nouveau où tout s'achète et se vend , où les comptes se règlent avec " intérêts". Un flic , un homme d'un autre temps dans une ville qu'il ne reconnaît plus et qu'il a hâte de quitter . Un flic " à l'ancienne " , aux valeurs affirmées mais ...désuètes et chargées de mélancolie.

Si la chaleur enserre la ville dans ses griffes acérées, c'est surtout " une toile d'araignée ", autrement dangereuse , qui se tisse d'abord sournoisement....puis....

Ce roman écrit par un auteur italien reconnu est " gluant " tant par son atmosphère que par les événements qu'il relate . Pas d'explosion de violence , rien de bien " dérangeant " pour les âmes sensibles mais de la nostalgie , de l'amertume , une certaine langueur , c'est l'enquête avec ses " joies et ses peines " , la partie d'échecs où chaque déplacement de pièce ne se fait qu'après moultes réflexions, moultes déductions, moultes conclusions .Un polar bien construit et qui , pour ma part , m'a fait sortir des sentiers communs , sans toutefois "m' emballer " , ce qui , vu le contexte climatique , se serait avéré suicidaire .

J'irais bien faire un tour à Parme , moi , mais pas en Août. Trop chaud .C'est bien le climat qui semble être l'obstacle principal et j'espère qu'aujourd'hui , le commissaire Soneri profite de la " fraîcheur et du calme " de la campagne . On lui doit bien cela ...Quant au banditisme ....c'est une autre histoire ...et pas qu'à Parme , hélas. Ainsi va le monde ....A bientôt.







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Le fleuve des brumes

Présent au "Salon Vins Noirs " de Limoges , Valerio Varesi n'a pas manqué d'ouvrage lors des séances de dédicaces . Il faut dire que son héros récurrent , le commissaire Sorneri est désormais bien connu , et que , lui même est un homme absolument charmant , ( normal , me direz - vous , il vend ses livres ) et , élément trés agréable , il s'exprime en français ce qui me fut trés utile , moi qui , malgré un ( trop ) court séjour à Rome quelques jours auparavant , n'ai aucune compétence linguistique italienne .

Sur ses conseils , j'ai choisi "Le fleuve des brumes ", roman dans lequel apparaît la pétulante Angela , véritable rayon de soleil dans une ambiance plutôt sombre .Ce n'est tout de même pas un hasard si certains et certaines comparent Varesi et ...Simenon .L'ambiance , parlons en : pluie , froid , gel , inondations , un petit " cercle " réservé aux initiés situé au bord du Pô , une péniche à la dérive , et ...deux cadavres .Ajoutez un zeste de rancoeur pour des évènements passés douloureux , l'omerta de tout un village ...Les frères Tonna avaient certes un lourd passé mais c'est " à la serpe " qu'il faut se frayer un chemin vers la " Vérité " .

Une trés jolie couverture vous fait pénétrer lentement dans la boue , dans une purée de pois qui vous entoure , vous asphixie , vous mord jusqu'à l'os .Oui , je vous le redis , seule la facétieuse et " coquinette "Angela vous tirera un semblant de sourire ...Ah , faire l'amour sur une péniche !!! ( Inutile d'acheter le roman pour ça tout de même...)

Le rythme du roman est volontairement lent , l'auteur avance avec minutie , en prenant son temps , en décortiquant les éléments jusqu'à un dénouement implacable .Oui , il y a du "Bourrel " , du " Maigret " chez cet homme - là , subtil pour les uns , ennuyeux pour les autres .

Pour ma part j'apprécie Varési et l'Italie ( même si celle - là est ...particulière ) et ce roman m'a , une fois de plus , passionné , mais ce n'est que mon avis .

Allez , bon aprés - midi à toutes et tous et à bientôt pour de nouvelles péripéties .
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Or, encens et poussière

Je viens de faire connaissance avec le commissaire Soneri, sur les bons conseils de mon libraire. Un personnage ultra sympathique, grand coeur un peu râleur, éternel rêveur, ayant pour étendard l'espoir, friand de bons petits plats accompagnés de bons vins italiens : déjà de quoi mettre l'eau à la bouche. Mais ce n'est pas tout, notre commissaire est amoureux ! Oui, mais voila sa belle lui cause bien du souci, ce qui lui fait parfois perdre le fil de ses déductions si importantes dans la résolution des enquêtes.

Mâtin, comme la vie est trompeuse, surtout si l'on se fie aux apparences !



Et des apparences, ici, il y a pléthore ! C'est qu'on y donnerait facilement le Bon Dieu sans confession. D'abord pour commencer, ce cadavre trouvé au bord de l'autoroute submergée par le brouillard et par un carambolage monstre, est-il vraiment le fait de ce dernier ? Ensuite ces Roms, voleurs de voitures. Vraiment ? Enfin, ces bons samaritains, fondeurs d'or pour objets liturgiques, ayant pignon sur rue, ont-ils vraiment l'air si catholique ?

Diable, que cette enquête ou ces enquêtes sont compliquées ! Et ce brouillard sur Parme qui ajoute au capharnaüm ! Décidément notre commissaire a bien du pain sur la planche…



Voilà un polar bien mené qui se lit avec grand plaisir. Plaisir dû certainement à la personnalité attachante du commissaire, personnage récurrent semble-t-il de l'auteur. Mais plaisir dû aussi à un grand nombre de réflexions pleines de philosophie sur le sens de la vie. Un appétissant roman, truffé également de bons petits plats italiens.

Que du bonheur !
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Or, encens et poussière

Il est des auteurs qui savent en quelques mots et dès le premier chapitre te prendre en otage tous les neurones de l’attention, pour ne les relâcher qu’une fois leur livre terminé. Valerio Varesi est de ceux-là et Or, encens et poussière traduit par Florence Rigollet fait, comme d’hab’ parfaitement le job. Et même un peu plus.



Un épais brouillard tombé sur les environs de Parme, le cadavre calciné d’une femme enceinte découvert à la suite d’un carambolage nocturne, un camp de gens du voyage à proximité qui semble loin d’être étranger à l’affaire, un vieillard subitement décédé à l’arrière d’un car venant de Roumanie, un violeur en série qui affole la population et les décideurs locaux, et voilà notre Franco Soneri, commissaire intuitif, romanesque et récurrent, au cœur d’un labyrinthe de faits difficiles à rassembler.



Sur les traces du passé de la belle Nina qui faisait tourner les têtes et les cœurs des bourgeois de Parme, Soneri en appelle à son légendaire bon sens, aux bienfaits des coïncidences, à l’attente patiente de la bonne carte qui voudra bien sortir du paquet de poker-menteur local. Si par une surutilisation de dialogues, le rythme est plus soutenu que dans les opus précédents, Soneri ne renonce pas à rêver et à flâner dans sa ville pour y trouver les clés de ce qu’il cherche, à l’image d’un Maigret ou d’un Adamsberg (période historique) avant lui. D’autant plus que côté cœur, Angela a des états d’âme et notre Franco se révèle bien fragile - et avouons-le, un brin agaçant – face à une situation qui le prend par surprise.



Comme toujours chez Varesi, c’est la ville qui constitue le personnage phare, et il excelle à porter son regard nostalgique sur ses transformations humaines et sociétales, pour le meilleur (rarement) ou pour le pire. Ici, la peur est son sujet. Peur des étrangers, Roms ou Roumains qui s’entre-déchirent, ou marocains violeurs en série idéalement désignés. Peur d’un monde qui bascule, quand l’informatique devient l’allié n°1 du flic moderne. Peur pour soi-même, quand l’être aimé vacille et fait chavirer des certitudes hier inébranlables.



Quand on aime la littérature policière, il faut lire Varesi, surdoué du polar d’atmosphères. Et quand on n’aime pas ce genre, il faut également lire Varesi ! Parce que c’est bien plus que du polar : une plume fine, drôle, intelligente, toujours inspirée et portée par le souffle d’une époque qu’il décode habilement.
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La main de Dieu

L’édition française a trois temps forts : la rentrée littéraire de janvier, celle de septembre et entre les deux, au printemps, la sortie du Valerio Varesi annuel. Méthodiquement – grâce leur soit rendue ! – les éditions Agullo poursuivent leur travail de traduction et de parution décalée des polars du plus parmesan des auteurs turinois, pour le plaisir d’une Team Soneri dont les membres augmentent à chaque nouvel opus.



Et avec le cru 2022, on risque d’entendre parler encore davantage de Varesi, tellement La Main de Dieu – traduit par Florence Rigollet – tient toutes ses promesses, retrouvant les atmosphère de Les Ombres de Montelupo qui m’avait tant séduit.



Si l’histoire démarre en plein centre de Parme où un cadavre vient s’échouer sous le ponte di Mezzo, c’est assez rapidement vers l’amont du fleuve que le commissaire Soneri va orienter son enquête, sur les traces d’une camionnette ayant a priori servi au crime.



Laissant Juvara se dépêtrer au bureau et gérer le zèle d’un nouveau supérieur et la pression médiatique avide de news - réelle ou fake - Soneri débarque à Monteripa, petit village de montagne que la météo froide et neigeuse va isoler quelques temps.



Là, il découvre tout un microcosme local, généreux, mafieux ou taiseux, qui semble cohabiter plus que vivre ensemble : riche entrepreneur local aux méthodes douteuses, trafiquants de drogue en luttes de pouvoir, familles décroissantes et marginales vivant sur les hauteurs, curé volubile ou secret selon la situation… Mais aussi garde-forestier au grand cœur ou aubergiste à la cuisine généreuse sans oublier Angela accourue en soutien. Les personnages sont en place, le spectacle peut commencer !



Et c’est là que Varesi est grand ! Dans un décor d’exception qui participe pleinement à sa trame dramatique, Soneri convoque les hommes et confronte les âmes, y ajoutant ici un soupçon de bouffonnerie avec ces sangliers sniffeurs de coke, de colère moralisatrice contre les silences coupables de l’église ou de nostalgie gastronomique avec ces biscuits de la Saint-Hilaire dont les saveurs parviennent jusqu’aux papilles du lecteur.



Opus après opus, Soneri prend du corps, évolue – un peu - dans ses méthodes et renforce une personnalité toujours si mal à l’aise dans son époque, infatigable combattant pas encore résigné : « Je me défends avec des illusions, même si à mon âge, j’ai de plus en plus de mal… ».



Et si la tentation est grande (elle fut mienne dans de précédentes chroniques) d’établir des parallèles entre Soneri et certains de ses grands prédécesseurs (Maigret, Adamsberg voire Longmire), il apparaît comme une évidence qu’il n’en est rien. Soneri n’a pas besoin de leur être comparé : il s’inscrit naturellement, livre après livre, dans cette lignée de grands flics de polars dont la seule personnalité suffit à faire tenir un livre.



Une personnalité aux goûts si simples : « De la bouffe et du sexe, voilà ce qu’il nous faut. Enfin du sexe… ». Reste donc la bouffe. Et la lecture. Alors attrape un flacon, un peu de pain et quelques copeaux de grana : ta lecture peut commencer…
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Le fleuve des brumes

On peut dire que dans " le fleuve des brumes" , notre inspecteur au cigare, Soneri, a littéralement les pieds dans l'eau. Tout au long de cet opus, on se promène sur et le long du Po. On s'y promène dans la brume et sous la pluie. Il fait froid, sombre, gris et évidemment c'est humide. Même la lectrice que je suis, je frissonnais sous ce climat de cette vallée du Po. Ce fleuve qui, au cours de l'automne, a décidé de sortir de son lit, d'enfler et de refluer jusqu'à faire évacuer des résidents et mettre à l'épreuve les marins.

Par un beau matin, on retrouve une barge qui a dérivé et échoué durant la nuit, vide...En même temps ou presque, ce même matin, le frère du batelier est défenestré. Suicide, meurtre, noyade? Y a -t-il un lien entre la disparition du marin et son frère passé par la fenêtre ? le Po, ce fleuve qui a tout vu, qui cache dans ses berges et dans son fond les secrets de l'histoire d'une vallée est-il sorti de son lit pour nous en révéler quelques-uns ? le fleuve qui joue le rôle principal et qui met tout en scène, le fleuve qui régit les vies des habitants de ses rives, le fleuve qui cache, qui fait dériver, qui interrompt les habitudes de vie, le fleuve roi qui assujettit ses sujets à ses humeurs...C'est dans ce pays de taiseux, de silence, de rancoeurs que ce fleuve finira par rendre sa sentence et mettre à jour une vengeance...

Il ne faut pas être avide ou pressé pour lire ce titre. Peu d'action ou de rebondissement , plutôt une lente et longue promenade dans cette vallée qui mène toujours à l'eau , à la rencontre de ceux qui depuis plus de 50 ans l'habitent et y ont survécu . Une ambiance, une réflexion et toujours ce fleuve qui mène la danse mais à son rythme...

PS: Je répète , qu'est-ce qu'ils ont tous ces auteurs italiens à toujours nous mettre l'eau à la bouche avec leurs plats? Gourmets et gourmands ils sont et ça me plaît.
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Les mains vides

Nous avions fait connaissance avec le commissaire Soneri, "créature" du romancier italien Valerio Varesi, .il y a déjà trois ans avec Le Fleuve des brumes un des tous premiers romans écrit par la maison d'édition AGULLO , instillant une ambiance très brumeuse, où le Pô révélait des secrets enfouis, et où notre cher Soneri développait une personnalité bien singulière, entre introspection et mélancolie latente.



Depuis, deux autres romans de Valerio Varesi parus en France ( la collection complète des 10 enquêtes a été publié en Italie de 1998 à 2010) ont développé les enquêtes du commissaire Soneri , hélas nous sommes passés à côté de ceux ci,, et nous avons raccrochés les wagons de la saga Soneri, en ce printemps 2019 avec la sortie du 4e volet, Les mains vides, dans lequel Valerio Varesi nous plonge cette fois ci dans l'ambiance de la ville de Parme, dans une Parme aoûtienne et totalement étouffée par la canicule.



Dans cette ambiance entre Chandler et Simenon, se dégage surtout celle d'une Parme en fin de règne, une ville qui tente tant bien que mal à se raccrocher à son flamboyant passé, mais qui ne parvient pas à juguler une nouvelle criminalité venue d'ailleurs, plus violente et aux yeux d'un Soneri plus que jamais désabusé, moins élégante que celle qu'il connaissait bien …



Dans ce Parme crépusculaire, un commerçant que l'on cherchait à intimider trouve la mort.



Mais ce qui semble le plus préoccuper le commissaire Soneri, c'est plus encore, que ce meurtre mystérieux, le vol de l'accordéon de Gondo, un musicien des rues qui joue devant le Teatro Regio, et qui pourrait bien cristalliser les symptômes du mal qui ronge la ville.



Varesi , journaliste d'investigation depuis 30 ans, n'a pas son pareil pour décrire formidablement bien ce Parme qu'il connait si bien, et son évolution au fil des décennies d'une ville prolétaire qui, certes ne connait pas la même criminalité que les villes du Sud de l'Italie - on est loin du Naples terrifiant de Roberto Saviano mais qui doit faire face à cette criminalité financière qui voient des personnes pratiquer l'usure et piétiner allègrement le droit des pauvres gens serrés jusqu'à la corde et broyés par la précarité économique.





Au cours de son l'enquête, Soneri va être très vite confronté au problème du blanchiment de l'argent, oeuvres de grands groupes criminels venus du sud de l'Italie qui vont ternir les entreprises et le marché immobilier du Nord, entrainant dans son sillage, son cortège de corruption et de violence..



A travers cette peinture d'une Parme en pleine mutation économique, c'est tout le libéralisme économique que semble fustiger Soneri ( et Varesi avec lui sans aucun doute) : les coupables que recherche Soneri à travers son enquête, sont les prototypes de l'avidité et de l'égoïsme inhérent à la mondialisation actuelle et nul doute que le Parme de 2005 ( année à laquelle Varesi a écrit ce livre) portait en elle les prémisses du Parme de 2019."



Soneri, face à cette peinture cruelle et terrifiante de la société actuelle, sait plus que jamais, que son rôle a des limites et qu'il ne peut pas grand chose pour contrecarrer cet état de fait.

Anticonformiste idéaliste, observateur à l’œil bienveillant, résigné, introspectif, Soneri le moraliste donne constamment l'impression d'aller contre le vent, et continue d'intriguer le lecteur dans ce roman dont le titre " les mains vides", renvoie totalement à ce sentiment d'impuissance, de fatalisme, voire d'échec....



En ce sens le dénouement, particulièrement pessimiste mais hélas lucide va a contre courant des romans policiers traditionnels où le mal est brisé et pourrait dérouter ceux qui s'attendent à un représentant des forces de l'ordre infaillible et déductif..



Ceux qui en revanche aimeront les personnages qui ne vont pas dans le moule et également et surtout, une plume élégante et délicate, seront ravis de faire ce voyage mélancolique et profond en compagnie du formidable commissaire Soneri..
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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La pension de la via Saffi

Le brouillard qui emprisonne la ville sous sa chape n'empêche pas la course frénétique des habitants de Parme qui préparent les fêtes de Noël. Il n'a pas non plus été un frein pour celui ou celle qui a assassiné la vieille Ghitta Tagliavini, propriétaire d'une pension de la via Saffi. En se rendant sur les lieux du crime, le commissaire Soneri sait qu'il va faire un bond dans son passé. C'est dans cette pension que vivait sa défunte femme Ada, aux temps heureux où il l'a connue. Mais il ne sait pas qu'il va aller de surprise en surprise avant de mettre la main sur le meurtrier. La Tagliav.ini n'était pas seulement le témoin bienveillant de ses amours naissantes. Sous ses airs de paysannes, elle cachait bien des secrets. Et Ada n'était peut-être pas non plus la femme irréprochable qu'il pleure encore des années après sa mort en couches. Quand le policier la voit souriant à un autre homme sur une vieille photographie, son monde s'écroule et ses certitudes avec lui. Il se lance donc dans une double enquête : mettre la main sur l'assassin de Ghitta et trouver l'identité de l'homme dont sa femme semblait si amoureuse.



Après nous avoir promené sur les rives humides du Pô dans le fleuve des brumes, Valerio Varesi nous emmène cette fois dans les ruelles du vieux Parme. Dans ce quartier qu'il a un peu délaissé et qu'il ne reconnaît plus, Soneri se confronte à son propre passé mais aussi à celui de l'une ville qui a connu ses heures de contestation contre le pouvoir en place. de rouges et les fascistes s'y sont livré une guerre sans merci avec son lot de dénonciations, de trahisons, d'assassinats politiques. Si les jeunes exaltés se sont calmés avec le temps, ceux qui ont combattu sont toujours là, plus vieux, plus établis, plus riches. Et Ghitta la logeuse les connaissait tous, et avec eux leurs petits secrets. de là à penser qu'elle les faisait chanter ou qu'elle participait à leurs nouveaux jeux d'argent et de pouvoir...

Soneri, plus mélancolique que jamais, s'enfonce dans le brouillard de Parme, pour un polar d'atmosphère comme on les aime. L'enquête tortueuse et le rythme lent s'accordent à merveille avec la personnalité de ce flic ténébreux qui ne s'anime que devant un bon plat de tripes servi dans sa taverne préférée. Un bonheur de lecture.
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Le fleuve des brumes

Italie, plaine du Pô. Le commissaire Soneri est appelé à l'hôpital où Decimo Tonna vient de se jeter par la fenêtre. Mais un rapide examen des lieux infirme le suicide. Le vieil homme a été défenestré. Le même jour, son frère Anteo est porté disparu, sa péniche échouée après avoir divagué des heures durant sur le fleuve en crue. Pour Soneri, il n'y a pas de coïncidence, quelqu'un en veut aux Tonna, qui n'ont pas pour seul point commun d'être frères, ils sont aussi vieux et solitaires et ont été des fascistes notoires. Doit-il chercher dans un lointain passé les motifs des crimes du présent ? Le long du Pô, dans le brouillard et le gel de l'automne italien, le commissaire se heurte au mutisme des habitants. Les vieilles rancunes entre chemises noires et communistes ne sont pas enterrées et les villageois ne sont pas prêts à partager leurs secrets avec un policier. Mais Soneri s'entête. Il écarte toutes les pistes pour se concentrer sur le passé. Le ventre lesté de parmesan et de jambon blanc, il patiente, observe, fouille, pour trouver un meurtrier qui sait se fondre dans les brumes du fleuve.



Valerio Valesi nous fait découvrir l'Italie autrement, loin des splendeurs des villes d'art baignées de soleil. Ici, c'est le froid, la brume et l'humidité qui accompagnent son commissaire dans une région moins connue des touristes. Dans la vallée du Pô, les habitants sont des taiseux qui vivent au rythme du fleuve et de ses crues. Pendant la guerre, ces rives ont connu de violents affrontements entre résistants et partisans du Duce. Le temps a passé mais n'a effacé ni les rancunes ni les convictions. C'est donc hier que Soneri devra chercher les responsables des crimes d'aujourd'hui.

Peu d'action, peu de mots, un rythme tout en lenteur mais une vraie atmosphère pour ce polar original qui sait prendre son temps et où le Pô est un personnage à part entière. Beau et mélancolique.
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Le fleuve des brumes

Tonna des villes, Tonna des champs...

Il tombe des cordes et le Pô menace d’inonder toute la région. La péniche d’Antéo Tonna quitte le quai où elle était amarrée sous les yeux éberlués du petit comité du club nautique. Ses feux sont éteints. On la retrouvera échouée contre une digue avec personne à son bord. Antéo a disparu. A peine plus tard, le corps de Décimo Tonna, le frère d’Antéo, est retrouvé écrasé sur le pavé. Il aurait sauté du troisième étage de l’hôpital où il aimait passer ses journées. Le commissaire Soneri, saisi de l’enquête, conclue aux premières constations qu’il s’agit d’un meurtre et fait le lien avec la disparition du frère batelier. Le passé fasciste des Tonna semble les avoir rattrapés...

C’est un très sympathique polar que nous propose Valerio Varesi, une enquête où l’on se laisse porter par les eaux troubles du Pô vers un dénouement surprenant. C’est bien écrit, ça se lit d’une traite et l’auteur a eu la bonne idée de rompre une certaine monotonie dans la narration par l’apparition séduisante de la sémillante Angela, l’avocate au caractère passionné, volcanique.

Un bon moment de lecture qui remplit le contrat de nous divertir au son des plus grands airs de l’opéra italien, un verre de Lambrusco à la main, devant une assiette de jambon de Parme. Le paradis est souvent à portée de main...

Traduction de Sarah Amrani.

Editions Agullo, Points, 284 pages.

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Les ombres de Montelupo

Las des querelles et mesquineries de la questure de Parme, le commissaire Soneri s’accorde quelques jours de vacances dans les Appenins. Au pied du Montelupo, dans le village qui l’a vu naître, le policier compte renouer avec ses amis et surtout cueillir des champignons. Mais, sur place, l’ambiance est délétère. Tous les jours, des coups de feu retentissent dans la montagne et il se passe de drôles de choses chez les Rodolfi, propriétaires de l’usine de charcuterie qui fait vivre le village. Quand Palmiro, le patriarche se suicide et que son fils, Paride disparaît, le commissaire voit ses vacances définitivement perturbées. Refusant de se mêler de l’enquête malgré les sollicitations du carabinier local, Soneri ne peut pas non plus ignorer que son village et ses habitants sont différents des souvenirs qu’il chérissait et qu’il doit comprendre ce qu’il s’est passé.



Novembre dans les Appenins, entre brumes insidieuses et brouillards opaques. Un village calme en apparence mais la colère gronde, la haine couve. Ces montagnards taiseux ont vendu leurs âmes aux Rodolfi, maîtres des lieux et dont la fortune a des origines louches. Le patriarche aurait fait son beurre avec les fascistes et même les nazis pendant la guerre. On a bien voulu oublier ce faux pas parce qu’il est né pauvre, qu’il a connu la faim et qu’il a réussi à force d’ambition et de volonté, mais aussi parce que presque tous les villageois lui ont accordé des prêts pour faire fructifier l’usine. Jeune, il formait un trio avec Capelli, le fromager suicidé récemment et Gualardzi, le seul à n’avoir renié ni ses origines ni ses idéaux. Il vit en reclus dans la montagne, on l’appelle ‘’Le Maquisard’’, une force de la nature qui vit de braconnage et ne s’est pas vendue au Dieu Argent. Est-ce lui qui tire dans les montagnes, faisant planer une menace diffuse sur les lieux ? Est-ce lui qui a tué Paride ? Les carabiniers en sont certains et organisent une chasse à l’homme sur un terrain qui leur est forcément défavorable… Au milieu des balles qui sifflent et de l’inquiétude qui se propage, le commissaire Soneri tente de faire taire sa curiosité pour profiter de ses vacances. Mais un flic reste un flic en toutes circonstances. Même si un fossé s’est creusé entre l’homme de Parme et les montagnards qui l’ont pourtant vu grandir, Soneri connaît ces gens et ce pays où il a ses racines. Son propre père a travaillé pour les Rodolfi. A quelles compromissions s’est-il livré pour obtenir ce poste ?

On ne connaît du passé de ses parents que ce qu’ils ont bien voulu nous raconter et Soneri prend conscience que tout un pan de l’histoire de son père lui est inconnu. Le résistant communiste s’est-il renié en pactisant avec le vieux Palmiro ? Partagé entre le besoin et la crainte de savoir, le commissaire creuse le passé pour expliquer le présent.

‘’Tu es un homme doux-amer’’ dit Angela, sa compagne, au commissaire. Et c’est un peu le fil conducteur du livre, un partage entre la douceur des souvenirs d’enfance et l’amertume de la confrontation avec une réalité moins rose. Et bien sûr, Varesi met en valeur son petit coin d’Italie. Ici le Montelupo qui domine le village, jetant ses ombres sur des hommes qui l’ont parcouru pour chasser ou faire la guerre. Personnage du roman à part entière, la montagne cache bien des secrets. Elle a vu passé les résistants, les fascistes, les soldats allemands, les contrebandiers, aujourd’hui elle abrite les clandestins ou les passeurs de drogue. Elle dissimule, protège ou tue selon son bon vouloir…

Comme à son habitude, Valerio Varesi nous propose un polar d’ambiance qui vaut plus pour son atmosphère que pour son suspense. Paisible et bucolique de prime abord, l’histoire se fait de plus en plus sombre, au fur et à mesure que se dévoilent la cupidité, la méfiance, la jalousie…les bassesses des hommes.

Coup de cœur très subjectif, provoqué par un attachement à l’auteur et à son commissaire.

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Ce n'est qu'un début, commissaire Soneri

« Le problème n’est pas tant la mort des autres, mais la part de nous-même qui meurt avec eux. »



Ça fait quelques opus qu’on sent le blues sociétal du commissaire Soneri monter, et ça ne s’arrange pas dans Ce n’est qu’un début, commissaire Soneri, de Valerio Varesi, toujours traduit par Florence Rigollet.



Parce qu’après l’assassinat en plein centre de Parme du vieil Elmo, retraité communiste rangé des luttes sociales puis la découverte d’un énigmatique suicidé pendu dans sa chambre d’hôtel, c’est le passé et ses blessures qui vont resurgir au fil de l’enquête.



Un passé où l’Italie de la fin des années 60 se fracturait entre tendances communistes et groupuscules fascistes, dans des luttes dont les rancœurs ne sont toujours pas éteintes pour certains.



Comment après déjà 7 chroniques louangeuses, continuer à dire tout le bien que je pense de l’œuvre (si, si) de Valerio Varesi ? Comment redire l’incompréhension qui est la mienne de voir qu’il n’occupe pas encore en France la place qui devrait être la sienne au panthéon du noir contemporain ?



Dans ce nouvel épisode de la saga Soneri, Varesi promène son commissaire entre brouillard et neige, entre plaine et montagnes, entre doute et nostalgie, entre incompréhension et résignation, dans un roman noir politique et d’atmosphère parfaitement réussi.



Soneri ne comprend plus l’époque ou plutôt, ne la comprend que trop bien. Mais ça ne fait pas de lui pour autant un affreux réactionnaire, sachant mieux que quiconque que le passé dont le souvenir se réveille à la seule vue d’une Vespa Primavera 125 est parfois un faux ami.



« Il était fatigué d’explorer le passé : il n’offrait que de la douleur. »



C’est donc moins ce monde disparu que la façon dont les hommes y vivaient et s’y comportaient qui déclenche la nostalgie du commissaire. Nostalgie que des pisarei e faso avec une pointe de couenne et une nuit avec Angela suffisent à effacer.



Car finalement, « c’est notre monde, le seul que nous ayons. C’est pour ça qu’on ne doit pas le lâcher. » Pragmatique le Soneri !



Si vous aimez Varesi, foncez, il est à son meilleur. Et si vous ne l’avez jamais lu, foncez aussi, sinon vous le regretterez un jour…

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Or, encens et poussière

Je fais connaissance avec le commissaire Soneri via la cinquième enquête de la série. A cause de la couverture. Ce crâne de vache stylisé promettait. Et du titre aussi, qui donne a posteriori quelques indices mais chut ! J'ai bien aimé les premiers chapitres et la plongée dans l'épais brouillard environnant Parme, miroir de l'âme tourmentée du commissaire Soneri. Des taureaux fous furieux surgissent de la brume. Un carambolage monstrueux s'est produit sur l'autostrada. Soneri est du coin et il est sensé guider la police de la route dans la campagne. Mais son enfance rurale est bien loin et il est tout prêt de se perdre lui aussi. Et puis, par hasard, le commissaire découvre au bas d'un ravin un cadavre calciné. Il se trouve non loin d'un campement de Roms. le corps est celui d'une immigrée roumaine, très belle, qui avait de riches amants. Elle rêvait de fonder une famille. Et puis bientôt au fond d' un car venant de Roumanie, on retrouve le cadavre d'un vieil homme. le commissaire a l'intuition que les deux affaires sont liées.

Passés les premiers chapitres, je me suis un peu ennuyée. L'histoire policière ne restera pas dans ma mémoire. J'ai eu l'impression de l'avoir vue dix fois à la télévision. Mais j'ai découvert la ville de Parme hors des chemins balisés et bien malade. Quant au commissaire...son amie Angela va peut-être le quitter. Il a déjà perdu femme et enfant. Il arpente les rues l'âme en peine. Il aurait besoin d'être rassuré et guidé. Mais elle prend son temps Angela, un peu trop. Alors il s'accroche à son travail mais ce qu'il découvre est bien sale.
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La pension de la via Saffi

Je n'avais pas encore rencontré le commissaire Soneri, et j'ai été ravie de faire sa connaissance!



Deux atouts majeurs de ce roman policier : l'écriture, entre nostalgie et désabusement, et sa poésie du brouillard , qui hante Parme, en cette période d'avant Noël. Il y a une véritable atmosphère dans cette enquête, sinueuse et complexe, comme les silhouettes qui disparaissent dans la brume...



Et aussi bien sûr le personnage principal, Soneri, qui se trouve confronté à un passé douloureux, mettant en jeu sa femme disparue. Tout revient à un seul endroit stratégique : la pension tenue par Ghitta, où lui-même logeait étudiant. La vieille propriétaire, qui se révélera détentrice de nombreux biens ( et de secrets...) vient d'être retrouvée assassinée. Elle avait beaucoup d'ennemis...



A travers Soneri, c'est une radiographie sans concession de la ville de Parme qui est livrée, entre trafics d'argent, d'influence, affaires immobilières illégales, mépris ou utilisation mercantile des étrangers.



Un bemol quand même: on se perd un peu dans le vague de l'enquête, un tantinet trop lente. Et la chappe de brouillard finit aussi par s'abattre sur nous... Mais je pense que je lirai d'autres enquêtes d'un commissaire aussi attachant.





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La pension de la via Saffi

J'aime me balader dans les rues des cités italiennes, me laissant flâner au gré de la brise, savourant odeurs, saveurs et m'émerveillant sous les lumières colorées des fleurs au balcon, de la lessive suspendue ou des étals des marchés.

C'est pour cela que j'ai choisi cette nouvelle enquête du commissaire Soneri qui m'avait déjà accompagnée le temps d'une lecture dans Le fleuve des brumes.

Parce que j'aime l'Italie.

Cette fois encore Valerio Varesi met un point d'honneur à installer le décor de son enquête. Je me suis plongée avec délectation dans les rues de Parme, dans la Via Saffi qui a tant changé au fil des ans. J'ai aimé y découvrir ses habitants, ses visiteurs mystérieux, ses étrangetés, ses évolutions.

Mais hélas, je m'y suis parfois perdue, n'arrivant pas à soutenir le commissaire Soneri dans son enquête sur le meurtre de Ghitta, la propriétaire de la petite pension d'étudiants devenue lieu de rencontres adultères.

Car, il faut le dire, l'enquête est laborieuse. Les va-et-vient entre le passé - les souvenirs du commissaire - et le présent sont nombreux. Trop nombreux.

Entre les soupçons de corruption, de chantage, d'activités clandestines et d'actions immobilières frauduleuses, mon attention a été mise à mal. Les noms à consonance italienne m'ont emberlificotée et j'ai eu de la peine à retourner à l'enquête après chaque pause de lecture.

Le rythme est certainement volontairement lent. Mais moi, c'est du dynamisme, de l'intrigue, du suspense dont j'ai besoin en ce début d'année.



Je ne vais certainement pas garder un souvenir marqué de cette lecture contrairement aux souvenirs que le commissaire a gravés de la Via Saffi.

Je ne regrette toutefois pas d'avoir plongé au coeur de la vie parmesane. Cela m'aura offert un beau dépaysement.

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La pension de la via Saffi

Parme, c'est dans le subconscient de tout un chacun une invitation gastronomique , entre jambon et fromage. C'est aussi une couleur, plus en rapport avec une duchesse qu'avec une ville .Ou encore le berceau de la Parmalat, gros scandale financier du début du siècle.

c'est avant tout une magnifique ville et c'est sans doute ce qui m'a attiré vers ce polar qui doit trainer sur mes étagères depuis 3 ans et un voyage ...à Parme.

Un policier récurrent, un parmi la foultitude qui s'épand dans les rayons de livres à grand renfort de pubs racoleuses, une série de onze tomes (celui ci est le second opus), pas de quoi m'emballer plus que ça .

Et pourtant, Soneri (c'est le policier) est vite attachant.C'est un rustre mais avec une certaine éducation, c'est un solitaire mais avec quelques amitiés, c'est un mou mais avec quelques fulgurances. Et puis, le Soneri, il nous balance des phrases que lui seul comprend, et ça ça met du piment sur les pizze .L'auteur a bien monté son truc et le style ondule lentement sur l'énigme. Mais finalement tout va très vite. Du génie.

Sans surprise , on circule avec plaisir dans Parme. Mais cela ne fait pas un bon livre.

Alors cette intrigue ? Une vieille logeuse est retrouvée morte et l'assassinat est vite prouvé. Ce n'est pas n'importe quelle logeuse . C'est celle où des décennies en amont, Soneri venait visiter sa belle , aujourd'hui décédée. Et tout va remonter, mais pas comme Soneri l'espérait...



C'est clairement un bon polar. Il n'y a rien en trop, les 300 pages sont copieusement garnies et servent l'énigme, sacrément bien faite .

Mais un policier ne se résume pas à son enquête. Et ici, le héros, de retour dans sa ville , se doit de la comprendre , de comprendre ce qui a changé en elle durant son absence. Il se retrouve confronté à l'Italie du terrorisme,à celle des migrants, à l'opposition des communistes et de la droite. Le tout est mélangé avec de belles phases gastronomiques, une plongée dans la ruralité avoisinante et ses croyances et coutumes. Et une énigme sacrément bien montée.

Une très belle découverte que je ne manquerai pas de poursuivre. Dommage que l'on ait pas déambuler dans le majestueux Theâtre Farnese. Une autre fois sans doute.

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