Livre que j'ai lu, mais qui ne m'a pas passionné plus que cela. Quand je l'avais entre les mains, la lecture allait toute seule (je l'ai lu pendant le quart d'heure lecture au collège), cependant je ne ressentais pas le besoin de reprendre la lecture après.
Richard W. est la biographie romancée de Richard Wagner. Je dois dire qu'elle est très bien documentée, très précise, même pour quelqu'un qui, comme moi, a subi une formation de six heures sur Lohengrin de Wagner. Cependant, en dépit d'un style lyrique, je n'ai pas apprécié cette oeuvre, sans doute parce que je n'apprécie pas tant que cela la musique de Richard Wagner, sans doute aussi parce que je n'éprouve pas d'admiration, ni même d'empathie pour l'homme. Il a aimé, certes, il a fait souffrir aussi, beaucoup. Il était antisémite, aussi. Il n'était pas le seul, je le sais pas, cependant ce n'est en rien une excuse. Je n'ai pas apprécié non plus la construction de l'oeuvre, qui, après une première partie consacrée à la création de Tristan (voir notamment le sort du ténor qui créa l'opéra), le récit nous ramène en arrière pour suivre le destin de Mina, sa première femme, avant de revenir sur son histoire d'amour avec Cosima.
Cependant, Richard W permet une très bonne découverte de la vie et des opéras du compositeur.
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Livre absolument passionnant, je pense, pour toute personne s'intéressant à la guerre civile espagnole, ainsi qu'à la période l'ayant précédée et ayant conduit à l'arrivée de Franco au pouvoir. Cela n'étant pas mon cas, il m'est arrivé de décrocher à certaines phases du récit, mais que j'estimerais globalement réussi - mon bémol résidant sur un parti-pris parfois non entièrement maîtrisé, entre "histoire vraie" et fiction.
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juin 2022- Librairie Fontaine - Paris Auteuil- // 26 octobre 2022
Lecture datant déjà de juin dernier... mes notes manuscrites attendaient patiemment dans un coin !
Lecture passionnante... à "mériter" cependant...!!
(***Une relecture me sera sûrement bénéfique)
Une promenade imprévue dans le quartier de la Porte d'Auteuil m'a fait rentrer dans la Librairie Fontaine, celle-ci ayant eu la très bonne idée de réserver un coin pour "honorer" les "20 ans " d'existence de la la maison d'édition de Sabine Wespiesser...devant laquelle je me suis longuement attardée !
C'est ainsi que j'ai choisi ce roman d'un écrivain connu de nom, mais encore jamais lu !
J'ai débuté aussitôt ce généreux roman (en épaisseur, du moins, dans un premier temps !), qui, à travers l'histoire des grands-parents de l'écrivain, Antonio et Isabel, nous fait parcourir l'histoire européenne du XXe siècle ...
Antonio rencontre Isabel à Barcelone, en 1925.
Parallèlement aux vies des grands-parents, nous sommes entraînés dans le tourbillon de la grande Histoire : Misère noire de l'Andalousie dans les années 1917-1920, au moment de la Révolution russe... , la jeune République espagnole, le départ d'Espagne en 1936, le maquis, l'arrestation par les Allemands en 1943, l'envoi au camp de Mathausen... Voilà, dans les grandes lignes, le parcours tumultueux D Antonio, le grand-père vaillant et déterminé de l'écrivain !
Ce grand-père regrettera toujours d'avoir abandonné l'école, même si il saura se rattraper de toutes les manières; ainsi, à ses débuts, une connaissance lui propose un petit travail fort singulier :" claqueur": "Aller applaudir à des concerts, des opéras"...Il se prendra au jeu et se passionnera ensuite pour l'opéra !
Stylé, beau garçon, intelligent et compétent de surcroît, il sera embauché dans un hôtel -restaurant de luxe, il prendra ainsi le chemin des "Hautes sphères".... Et par de drôle de détours , et réunions de hasards, il croisera Isabel, et tombera amoureux...ils ne se quitteront plus et se battront ensemble !
Un superbe texte, foisonnant... qui sauve de l'oubli des vies courageuses, anonymes et toutefois exemplaires, comme Antonio et Isabel, les grands-parents du narrateur, qui ont vécu tous les soubressauts de l'Histoire du XXe, avec ses guerres, ses exils....ses combats politiques et sociaux, ainsi que ses nombreuses désillusions !!
"Barcelone- Automne 1933
Après des funérailles grandioses comme on n'en avait pas vu depuis la mort de Gaudi, la Barcelone d'en-bas était entrée dans la nouvelle année commencée comme on retourne en prison.Le sifflet des usines, le piétinement des hommes en bleu de travail pesaient terriblement. Tout retrouvait son rang ancien, la hâte menaçante du contremaître, l'amertume et la frustration. Ceux de 1931 avaient eu l'espoir du grand soir. Leur printemps est froid et ressemble à la nuit."
En parallèle de l'existence D Antonio et d'Isabel, nous faisons également connaissance avec l'histoire incroyable d'industriels lyonnais, Les Gillet, rencontrés très brièvement par Antonio, qui travaillait dans "la Claque"**** de l'opéra de Lisbonne. L'auteur décortique et analyse fort bien les comportements de ces "capitaines d'industrie", qui, fort indifférents au sort du monde, s'occupent, avant tout, de leurs intérêts, ainsi que de leur prospérité personnelle !....
Vincent Borel, en plus du tourbillon de l'histoire , nous emporte dans le bouillonnement artistiques des différentes époques: Gaudi, et sa mort brutale, les architectes, musiciens, vedettes du 7ème Art... sans omettre les tenants et aboutissants de l'Histoire économique et sociale au fil des chocs et renversements des gouvernements !
Pour dire simplement, qu'une seule lecture est insuffisante, tant ce roman est foisonnant d'informations, de personnages emblématiques, connus ou anonymes ! Une fresque immense du XXe européen...
Toutefois, je me suis plus particulièrement "attachée" au couple D Antonio et Isabel, même si le grand-père très charismatique, garde souvent "la vedette" ; on ne peut être qu'admiratif de son courage, de sa détermination à s'élever socialement, tout en restant fidèle à la fois à ses convictions, et à ses camarades !!!
"Barcelone- 1934
- Je me vois mal devenir leur patron, aux gars, songe Antonio.Ah bien sûr, ça ne serait pas pareil si c'était moi qui choisissais avec qui travailler.
Insensiblement, sans s'en rendre vraiment compte, il passe de l'autre côté. Cela signifie quoi, l'autre côté ? La barrière des classes est-elle infranchissable ? Serait- ce pécher contre son camp que de changer de position ? Y songer, n'est-ce pas déjà changer un peu...Soudain il se rend compte qu'il n'est ni pour ni contre rien."
****"La Claque est, au théâtre ou à l'opéra, un ensemble de personnes (les « claqueurs ») engagé pour soutenir ou faire choir une pièce par des manifestations bruyantes (applaudissements, rires, sifflets, huées, etc.). "
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La vie des grands-parents de Vincent Borel a tout d'un roman. Nés dans des familles pauvres, Antonio et Isabel se sont installés à Barcelone à l'adolescence, se sont engagés en politique, ont dû fuir la guerre civile espagnole et se sont retrouvés pris dans la tourmente de la 2nde guerre mondiale. Je m'attendais surtout à une histoire de couple sur fond historique, mais c'est plutôt le contraire, la vie privée des protagonistes est souvent reléguée au second plan face à l'Histoire. En parallèle, l'auteur évoque la dynastie des Gillet, famille d'industriels lyonnais face à leurs choix politiques et économiques. Si cette partie du roman est intéressante, je l'ai trouvée artificielle : l'auteur et un descendant de cette famille échangent lors d'une soirée huppée à l'autre bout du monde sur leurs ancêtres respectifs, mais je m'attendais à ce que les deux familles se croisent un jour. Bref, j'ai été déçue par ce roman, le résumé m'attirait mais le contenu n'y correspond qu'en partie à mon sens. Au final, ce que j'ai préféré est... la couverture ! elle montre Antoine et Isabelle lors de leur mariage et je la trouve plus vivante que le roman.
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À la fin de l’année 1889, un homme entre deux âges qui se prétend négociant en vin embarque à Cadix sur un navire vers des contrées azures sous le nom de Charles Sanois. Il s’agit en réalité de l’illustre compositeur Camille Saint-Saëns, alors au sommet de sa gloire. Séduit par un inattendu décor de basalte, il décide de s’arrêter sur la Grande Canarie pour y panser les blessures de ses deuils et pour fuir le Tout-Paris.
Dans une rue de Las Palmas, il ne peut s’empêcher de faire irruption dans une maison lorsqu’il entend brillamment jouer sa Danse macabre. Sa rencontre avec le jeune portier de cette maison va changer la nature même de son séjour. L’artiste brisé va alors se laisser porter par la beauté tellurique de l’île, mais aussi par la poésie et la pureté du jeune portier.
Si la quatrième de couverture nous dévoile une partie de l’histoire, on se rend compte à la lecture que l’enjeu n’est pas tant l’histoire en elle-même mais ce qu’elle évoque d’une part, et d’autre part la manière dont elle est racontée.
Véritable hommage à la musique et aux arts en général, ce roman nous montre la beauté et la poésie dans la nature comme dans la rencontre fortuite d’un être au cœur pur. Et c’est dans une langue sompteuse, aux descriptions imagées et poétiques, que Vincent Borel imagine l’escapade de Saint-Saëns aux Canaries.
En devenant Charles Sanois, le compositeur échappe à sa vie parisienne et tente de panser ses blessures loin de sa célébrité devenue pour lui une véritable Némésis. C’est aussi un portrait de l’artiste qui revient à la vie sous le ciel de l’Atlantique, sur cette île basalte où la vie a une toute autre saveur.
Un grand coup de cœur pour cette découverte de la rentrée littéraire. Une vraie pépite qui embarque par la beauté de sa langue et que l’on peut difficilement reposer avant la fin.
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L’Opéra de Paris est en émoi. Le célèbre Camille St Saëns a disparu ! Les musiciens sont désemparés. Tous font des suppositions ; surmenage, touché par la grippe qui fait des ravages en Europe en 1885…Pendant ce temps, un petit bonhomme qui a changé d’identité et s’appelle Sanois, vogue vers les îles Canaries. Vers la chaleur, fuyant l’hiver de Paris, car il est de santé fragile et craint la maladie plus que tout. La Grande Canarie lui apporte ce qu’il cherche, la lumière, la chaleur et l’amour torride d’un jeune portier. Son homosexualité l’empêchera de l’emmener avec lui à Paris. Le livre comporte de fréquents aperçus musicaux et un mélange de drôlerie et de cynisme. Une écriture divertissante. JB
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Vertige de l'hélice. Vincent Borel (Sabine Werspieser 220P)
Fin 1889, Camille Saint-Saëns, compositeur mondialement connu, la petite cinquantaine fatiguée, quitte brusquement Paris et disparait en pleine préparation de son dernier opéra. Sous une fausse identité, il file vers l'Espagne, puis en bateau jusqu'aux îles Canaries. De santé très fragile, il fuit la grippe asiatique qui se répand partout, mais aussi et surtout le burn-out (il travaille trop), le chagrin consécutif à la mort de sa mère, et sans doute des questions existentielles concernant ses désirs les plus profonds, en particulier son attirance pour les hommes (suggérée par allusions dans toute la première partie du roman).
Sur l'île sauvage et paradisiaque, et pendant que la presse à sensations cherche sa trace dans toute l'Europe et au-delà, le musicien croise un jeune garçon, de « 14 ou 16 ans », et il est d'emblée très troublé. L'adolescent, lui, tombe immédiatement amoureux de cet homme mûr qu'il admire pour ses talents et sa sensibilité, et c'est lui qui va choyer, « prendre en charge » le mal de vivre de Saint-Saëns, et rapidement le séduire, sans autre intention que de laisser éclore un amour certes interdit par la morale et la loi de l'époque, mais totalement désintéressé des deux côtés. L'aventure passionnée prendra fin avec le départ du musicien, qui, reconnu par une admiratrice, doit rentrer à Paris, seul. Cette histoire est aussi pour le romancier Vincent Borel, critique musical réputé qui a écrit plusieurs biographies de grands musiciens, de faire un portrait assez acide de la bonne société bourgeoise de l'époque, des milieux musicaux, de la presse à scandales, mais aussi de témoigner d'une sensibilité à la musique, et de son admiration pour Saint-Saëns. Et c'est écrit dans une langue fine et délicate, assez « aérienne » et légère, sensuelle comme peut l'être la nature des Canaries, poétique et parfois assez drôle. Et il y a même un peu de suspense. Sur le plan littéraire, c'est donc assez réussi, agréable à lire.
Mais se pose une question extra-littéraire, que j'ai envie de préciser. Une question qui s'éclaire aussi par le nombre très restreint de critiques parues dans la presse spécialisée qui a fait un accueil plus que discret à ce roman (ou alors en restant très allusives sur le thème central de cette fiction) ? Y aurait-il un malaise quelque part ?
Dans une période qui a vu « le consentement » de Vanessa Springora (où elle parle de sa relation sexuelle à 14 et 15 ans avec l'écrivain à succès Gabriel Matzneff, pédophile assumé) secouer bien au-delà du microcosme littéraire, on peut constater que Vincent Borel a pris un indiscutable risque ; celui d'apparaitre comme le défenseur, sinon le promoteur de la pédérastie, avec un argumentaire quasi militant qu'il met dans la bouche de Saint-Saëns. Ainsi pour lui (pour eux ?) la pédérastie telle que la pratiquait les Grecs anciens n'est pas la pédophilie qui est, elle, haïssable et condamnable. « Ils sont amoureux, et alors ? Quel est le problème, si l'un a 14 ou 16 ans, et ‘séduit' l'autre qui en a cinquante ? »
C'est justement la réponse de Vanessa Springora qui m'a intéressé : «Comment admettre qu'on a été abusée, quand on ne peut nier avoir été consentante ? Quand, en l'occurrence, on a ressenti du désir pour cet adulte qui s'est empressé d'en profiter ? (…) Pourquoi une adolescente de quatorze ans ne pourrait-elle aimer un monsieur de trente-six ans son ainé ? Cent fois, j'avais retourné cette question dans mon esprit. Sans savoir qu'elle était mal posée dès le départ. Ce n'était pas mon attirance à moi qu'il fallait interroger, mais la sienne.»
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Un roman infiniment gracieux, par l'un des écrivains majeurs sur la musique. Très beau portrait d'un jeune homme en émoi pour un autre plus âgé et d'abord réticent à une passion que l'époque (la sienne comme la nôtre) juge amorale et condamne sans discernement. J'ai apprécié cette intrigue iconoclaste, à rebours de ce qu'il est convenable d'écrire aujourd'hui. Mais le sujet du roman n'est pas franchement là. J'ai adoré la façon dont cet auteur rend tangible la musique et l'acte créatif, narrés dans un style pudique, lumineux et volcanique.
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J'ose à peine écrire un article sur ce roman tant il m'a révulsé.
Sous couvert d'écrire sur la mystérieuse disparition de Camille Saint-Saëns, l'auteur nous décrit une soit-disant passion entre un homme de 50 ans et un jeune homme de 15.
Inutile de dire que je n'y ai pas crue une minute. Quand on a 15 ans, on est bien loin de ces préoccupation charnelle (j'ai 2 ados à la maison, je peux vous en parler).
Sous couvert d’hellénisme, j'ai vu un barbon qui s'entichait d'un jeune un peu perdu qu'il n'emmènera même pas avec lui à Paris. Une relation complètement déséquilibrée.
Et alors la palme, c'est lorsque l'auteur fait comparer à son personnage sa passion à lui "si belle et si pure" à celle d'autres barbons qui paient.
Beurk.
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Dieu que je me suis ennuyée en lisant ce livre. Je l’avais choisi car j’avais beaucoup aimé un autre livre publié par cette maison d’édition (L’ami de Tiphaine Tavernier édité par Sabine Wespieser). J’avais lu de bonnes critiques sur le catalogue de cette maison. Donc quand je suis tombée sur un de leurs livres, reconnaissables à leur désign sobre et identique pour tous leurs livre, j’ai foncé. Ni une, ni deux, je l’ai emprunté à la médiathèque.
Et bien autant j’ai aimé L’ami de Tiphaine Tavernier autant j’ai peiné en lisant Antoine et Isabelle.
Un style très inégal, parfois intéressant, parfois pompeux… je vous livre des exemples.
« Cette âcreté vomitive était un drôle de parfum à l’anus de la civilisation blanche.» p18
« Il regrette surtout de ne pas être peintre. Dans les souks, les longs vêtements laissent flotter les désirs. Les regards brulent, des senteurs de magie bousculent les narines, les couleurs ont des turbulences traîtres. La chaire du désert est brute et sans fard, incandescente. Elle palpite d’une vérité que n’atteigne pas les atouts du bordel bourgeois. Dans les cours, les femmes, libres et suantes, le mamelon palpitant, enduisent leurs cuisses d’une huile ambrée. Ces mêmes mains roulent les boulettes de viande, coupent les légumes. Elles rient aux éclats et leurs voix rauques bousculent l’homme hispanique. S’il n’y avait à heure fixe les mélismes ophidiens du muezzin, le garçon du vieux Barcelone pourrait se croire chez lui dans cette ville de terrasses où s’épanouit la proximité de l’intime. De mystérieuses profondeurs l’appellent à chaque porte entrouverte. » p173
Je me suis forcée à lire cet ouvrage, qui aurait pu être intéressant si l’auteur avait été moins dichotomique pour la présentation de ces deux familles.
Pourtant cela avait bien commencé, le narrateur ne se présente pas sous son meilleur jour. Lors dans une soirée dans un pays exotique, discutant avec un négationniste, lui fils d’un réchappé d’un camp de concentration, il ne confronte pas vraiment cet interlocuteur, il ne s’en explique pas vraiment. Par contre lorsque son patron, qui a assisté au débat, et qui attendait un combat de coqs, décide de lui raconter l’histoire de sa famille… Alors le narrateur va prendre sa plume et raconter ces deux histoires en parallèle.
Les deux histoires s’entremêlent.
Antonio et Isabel, les grands parents du narrateur / auteur. Arrivés à Barcelone pour fuir la misère de leurs campagnes d’origines (respectivement la Catalogne rurale et l’Andalousie), ils vont se marier après maintes péripéties. Antonio va entrer dans un grand hôtel et gravir les échelons. En tant que républicain, condamné par le franquisme, Antonio fuit en France. Il s’engage dans l’armée française. Fais prisonnier, comme communiste il est envoyé dans un camp de concentration. Il s’en sortira miraculeusement et livre un témoignage très fort de cette expérience. Antonio et Isabel, naturalisés Français, deviennent Antonio et Isabelle. Tiré de l’histoire familiale de l’auteur, il y a de la poésie, de la vie, de l’émotion dans cette partie.
En parallèle, les chapitres alternent avec l’histoire de la famille Gillet lyonnaise. Etant Lyonnaise depuis plus de 20 ans, j’ai été intéressée par cette partie surtout que la Villa Gillet est connue et abrite une fondation. Elle héberge les assises internationales du roman.
Cette famille Gillet a un nom prédestiné. Elle a fait fortune dans le textile. Grâce au traité de Versailles puis la collaboration, leur fortune va exploser. Il est question de meurtre d’un jardinier qui aurait compromis la fille de la famille. Dans cette famille, c’est la grand-mère Léonie qui mène son petit monde à la baguette après la mort du patriarche. Aux hommes, les affaires. Elle, elle s’occupe du personnel. Elle visite l’Allemagne nazie dans les années 30 et revient impressionnée par l’ordre. N’oublions pas l’impact du front populaire. Interpellée par cette charge contre cette famille, j’ai fait quelques recherches. L’auteur semble s’être inspiré d’un livre édité par Hervé Joly, les Gillet de Lyon. Cette partie est la moins réussie des deux. C’est trop manichéen. Trop méchants riches…
En ce qui concerne l’histoire de l’Espagne « romancée », je préfère nettement les romans de Javier Cercas. Et pour en savoir plus sur la guerre d’Espagne d’un point de vue plus académique, j’ai lu « La guerre d’Espagne et ses lendemains de Bartolomé Bennassar, qui était très bien.
Et vous quels romans sur la guerre d’Espagne vous ont émus, plu* ? Lesquels conseillerez-vous ?
*Je viens de découvrir que plaire est invariable au passé composé. Quelle émotion
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Le titre, "Vie et mort d'un crabe", résume bien le contenu de ce roman autobiographique. Ce texte c'est la descente aux enfers d'un trentenaire atteint d'un lymphome. Ce texte c'est aussi la dissection de son parcours hospitalier, des symptômes de la maladie, des moyens utilisés pour la combattre : trithérapie, chimiothérapie, radiothérapie. C'est le jargon médical, accompagné d'un certain voyeurisme détaillant sans complaisance tous les symptômes et manifestations physiques de la maladie. Ce sont trois étapes cruciales dans la vie d'un patient : la maladie, la rémission, la guérison. Ce livre n'a pas été sans me rappeler les oeuvres de Hervé Guibert... mais heureusement pour l'auteur, Vincent Borel, la fin est plus heureuse.
Beaucoup de force dans ce témoignage.
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Roman au style trés particulier, Mille Regrets ne m'a pas franchement convaincu, même si je ne peux que lui reconnaître des qualités...
Le roman se déroule en 1541. Entre la France et Alger, et sur fond de guerre entre Soliman le Magnifique et Charles Quint, on va suivre trois personnages qui démarrent comme rameurs aprés avoir été fait prisonnier.
Il faut reconnaître que Vincent Borel a un style bien à lui. De plus, trés renseigné sur l'époque dont il parle, il multiplie les détails et se perd justement parfois dans ceux-ci. Et en alignant les termes d'époques, que la plupart de nous ne connaissent pas, sans les expliquer, il m'a assez vite perdu. Au point que j'en ai fini par le lire pour le finir plus que par plaisir. Il n'empêche que certains passages m'ont plus et que, parfois, un regain d'intérêt se faisait sentir. Au delà de ça, il m'a aussi semblé que, de temps à autres, l'auteur se perdait dans des histoires qui n'avait plus à voir avec celle qu'il voulait raconter. Des écarts qui, parfois, peuvent me plaire mais qui m'ont beaucoup gênés ici.
Et au final, c'est malheureusement ce que je retiendrais de ce livre. Quelques bons moments noyé dans une écriture qui, en soi, est de qualité, mais qui se montre, peut-être, trop érudit sur son sujet. En bref, si le pitch ne vous parle pas, n'essayer même pas, vous serez probablement perdu.
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La vigne écarlate est le huitième roman de Vincent Borel, le septième livre publié chez Sabine Wespieser éditeur. L'auteur l'a suivi dès qu'elle a fondé sa maison d'édition indépendante, après avoir été édité par cette dernière au sein des édition Actes Sud. Baptiste fut d'ailleurs un des premiers livres publiés par l'éditrice au sein de sa maison d'édition indépendante et relatait le parcours de Lully. L'écrivain est notamment un mélomane et il a décidé après Lully et Wagner notamment de consacrer un livre à Anton Bruckner, compositeur autrichien et organiste du XIXe siècle, né en 1824 et mort en 1896. Bruckner est personnellement un compositeur dont j'aime énormément la musique, notamment le corpus des neuf symphonies. Le roman de Vincent Borel nous montre d'ailleurs que rien ne prédestinait le compositeur à la réalisation de ces œuvres monumentales qui ne ressemblent à aucune autre. Le livre permet de bien montrer combien ce fut difficile pour ce dernier de se faire accepter par le milieu musical de l'époque. Bruckner avait quasiment la quarantaine quand il commença à composer ses symphonies et il fut longtemps davantage connu comme professeur et organiste. Parmi ses élèves, ses Gauedeamus, il y eut notamment Hugo Wolf ou Gustav Mahler. Le premier notamment apparaît dans un échange savoureux et drôle sur les plaisirs de la chair auxquels Bruckner s'est toujours refusé. La construction du livre n'est pas linéaire et j'ai trouvé cela intéressant, même s'il fonctionne de manière circulaire. En effet, on débute notre lecture par le vieux Bruckner au bout de son existence et le livre se clôt de même. J'ai adoré ce roman, notamment en raison de la manière dont Vincent Borel manie la langue. Le lyrisme innerve beaucoup de passages. L'art du portrait des différentes figures qui traversent le livre est savoureux. Bruckner est une figure que j'ai trouvé touchante, même s'il est parfois grotesque. Sa folie et ses crises m'ont touché. Sa musique m'émouvait déjà énormément avant de lire ce remarquable livre. Je connaissais déjà d'ailleurs la magnifique plume de Vincent Borel, à travers un roman fresque très différent, Fraternels, son précédent livre publié par l'éditrice qui avait été un coup de cœur comme l'a été ce nouveau roman. J'ai fait l'acquisition à l'occasion de Livre Paris de Richard W. La vigne écarlate a par ailleurs reçu le prix coup de cœur du prix France Musique des Muses.
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Après Lully et Wagner,Vincent Borel consacre son roman (mais en est-ce un vraiment?) à un autre grand compositeur : Anton Bruckner. Il excelle à nous faire revivre ce grand bonhomme de condition modeste, habité par la musique et la foi religieuse, souvent incompris par ses contemporains, maladroit dans le monde, en proie à des troubles obsessionnels compulsifs,
Un livre à lire pour les mélomanes.
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Partant de l’idée de “l’opéra lieu de vie et non de muséographie” et retrouver cet opéra-là, art et lieux populaires où l’on se rendait comme de nos jours au bar, au cinéma où au night-club, Borel vulgarise l’art lyrique devenue aujourd’hui « un art qu’on adule avec un respect souvent fastidieux ».
Sous forme d’abécédaire, une exploration insolite de l’opéra non comme un ensemble d’œuvres formant un répertoire, mais comme une culture dont le centre serait son bâtiment, le théâtre lyrique.
De l’architecture typique du théâtre à l’italienne, baignoires, loges, parterre.....,
Aux garçons privés de leur patrimoine intime pour le seul plaisir des temples, chapelles et théâtres, les castrats,
De l’importance du visuel autant que du chanté, où on se soucie peu de vraisemblance,
Aux compositeurs qui jusqu’aux débuts du XIX éme siècle vécurent de gloire et d’eau fraîche sans un sous de gain, (les droits d’auteur étant inexistant et presque une honte),
De l’opéra poids lourd au poids plume, de Montserrat Caballé à Elina Garanca,
Au rôle du souffleur désormais disparu,
De l’habillement sophistiqué devenu de plus en plus décontracté,
Aux légendes des divas, les rossignols du paradis dont le culte immodéré est inversement proportionnel à la qualité des destins qu’elles incarnent ( coupeuse de tête, castatrice, vierge sacrifiée....)......,
Une ballade plaisante et intéressante dans le temps, dans les coulisses d’une institution au répertoire infini et à l’architecture, moeurs et codes sociaux bien particuliers. Une lecture pour curieuses, curieux et mélomanes.
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Retrouvant ce jeudi soir un ami musicien confirmé et passionné... J'étais très joyeuse d'avoir déniché ce roman consacré au compositeur-musicien, Anton Bruckner, dont il m'avait parlé à plusieurs reprises, avec enthousiasme, même si il m'a expliqué que l'appréciation ne se fit pas d'emblée; que ce fut une découverte sensationnelle mais progressive. !..
Vincent Borel dans cet ouvrage lui rend une sorte d'hommage, nous offre le récit d'une vie âpre, solitaire de vieux garçon, heureusement absorbé par son poste de professeur du Conservatoire, ses recherches musicales personnelles, et sa vie avec sa chère soeur,Nanni, vieille fille aussi.
" Anton tire, Anton trime, Anton rythme, Anton est un métronome. Compter et décompter ses pas occupe son quotidien maussade. (p. 64)
Le roman fait des allers et retours entre passé et présent... Une vie parsemée de déceptions, de non-reconnaissance , de mal-d'être [ au bord de la folie, souvent]; pour se donner du courage et poursuivre son chemin musical , Anton Bruckner songe à son père . Il sera d'ailleurs , comme ce dernier, au début de sa carrière, instituteur et musicien !
Ensuite, professeur de musique au Conservatoire, il aura comme élève le jeune Malher et Hans Rott, à peine âgé de 17 ans...
Ses deux maîtres absolus : Wagner et Beethoven ...
" ...Si Wagner a enfin pu y accomplir son oeuvre après 50 années de critiques et d'épreuves, Bruckner, qui a lui-même dépassé la cinquantaine, connaît toujours l'opprobre des cercles viennois. Tel un Christ condamné
au Golgotha, Anton poursuit son calvaire personnel (...) Ce constant mépris nourrit sa folie rampante. " (p. 180)
Ces quelques lignes pour marquer ma première lecture de Vincent Borel,
passionné de musique et d'opéra... Un roman tout à fait bouleversant sur une destinée musicale, bien orpheline et méconnue... même si les choses évoluent... quant à la connaissance d'Anton Bruckner...
Texte qui est passé bien brièvement entre mes mains... Je n'ai fait qu'effleurer ce roman, le parcourant en diagonale , avant de l'offrir à l'Ami, qui était très heureux de la surprise, me précisant qu'il existait bien peu
d'écrits sur cet artiste !!
Grand MERCI donc à Vincent Borel, pour ce texte-hommage, de qualité !
*****Voir pour plus de renseignements sur ce musicien :
https://www.musicologie.org/Biographies/b/bruckner_anton.html
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Désolée de ne pas souscrire aux concerts de louange à la lecture de "Richard W".
J'avais entendu son auteur en parler lors de la Comédie du Livre de Montpellier. Certes le roman est très documenté, très précis sur les différentes phases de la vie du célèbre compositeur.
Mais autant le dire tout de suite : la musique de Richard Wagner n'est pas ma tasse de thé. Or l'auteur, dans un souci louable de "coller" à son sujet, a utilisé une prose lyrique et onirique pour décrire tous les états d'âme du compositeur. De longues pages sont consacrées à ces amours, de la belle Cosi qu'il va arracher aux griffes de Hans, son mari, mais aussi complice artistique de Wagner, jusqu'aux dernières pages rocambolesques pour ne pas dire scabreuses.
Personnellement j'ai bien eu du mal à terminer le roman, ressentant la sensation identique à celle de l'ingestion d'un "Kougloff étouffe-chrétien". Mais il en va de même avec ses opéras : personnellement je donnerai tout le ring pour quelques minutes de Debussy ou de Ravel, renvoyant les lecteurs de Babelio à l'excellent portrait (beaucoup plus concis dans l'écriture) qu'en a fait Jean Echenoz.
A chacun son style musical et sa prose correspondante.
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