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EAN : 9782848052083
553 pages
Sabine Wespieser (25/08/2016)
3.73/5   15 notes
Résumé :
Le monde souffre, l’Apocalypse gronde : en France, l’Ifon 12 sonde les âmes de ses utilisateurs ; au Pérou, les voix s’élèvent contre l’impérialisme occidental ; en Russie, d’étranges aurores boréales inquiètent une tribu de Kètes. Face au chaos, les victimes d’hier se réapproprient leur destin. Un nouveau jour se lève, l’horizon des possibles se dessine et, guidée par l’espoir, l’humanité s’éveille.
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Vincent Borel a photographié le monde actuel puis choisi de zoomer sur un certain nombre de faits et de personnages qu'il trouve représentatifs pour raconter son histoire. Son propos nous place dans une dizaine ou une vingtaine d'années : comment les choses et les Hommes ont-ils évolué ? Avec un parti pris lucide mais plutôt optimiste, et pas mal d'humour, l'auteur nous a concocté une fable surréaliste, un roman d'anticipation en quelque sorte.

Le livre débute avec un certain François-Joseph de la Fistinière s'apprêtant à pisser sur la flamme de la Résistance du Mont Valérien à Suresnes (92) ; pas de quoi en faire toute une histoire - même si sa famille revendique nombre de militaires haut gradés - sauf que l'exploit du jeune homme va faire le tour du monde parce que filmé par son "ifon" 11, le souple, qu'il a "ventousé" sur la croix de Lorraine.
Au pérou, à Cuzco, on instaure un nouveau temps pour en finir avec l'impérialisme occidental (de l'hémisphère nord) ; les horloges dites du sud vont tourner en sens inverse. Dans les hauts plateaux andins voisins, les mines de lithium ont défiguré les paysages et rendu malades ou débiles les habitants, lithium qui permet à des millions de véhicules électriques de rouler et de smartphones de fonctionner.
A La Défense, la plus haute tour - hélicoïdale - abrite l'entreprise "Opié", numéro un européen de l'énergie et firme conceptrice de l'ifon ; Samia y est hôtesse d'accueil au rez-de-chaussée, Kevin technocadre au trente-sixième étage, et Alexis Dataz PDG de la firme a un appartement au cinquante-cinquième ; Alexis est le fils illégitime de Gontran de la Fistinière. Opié prépare en grand secret une nouvelle source d'énergie, un "tokamak", pour pallier aux problèmes mondiaux d'électrcité.
Le chemin de kevin croisera celui d'un certain Dragomir Kadyrov propriétaire de mines en Sibérie et d'une forteresse pleine de hackers située à Tchernobyl ; celui de Samia croisera Yaqut (né Colin Pacôme) avec lequel elle partagera les valeurs d'un Islam bon et tolérant, à l'opposé du Califat de l'obscurantisme.
En Lamalie (au nord de l'Oural) un peuple presque disparu, les Kètes, à peine cinq mille âmes, souffre du réchauffement climatique et subit un gigantesque glissement de terrain ; Tyapsa initiée par Uim-émè le chamane, sera la dernière Kète, une femme-magie aux dons exceptionnels. La température montant, le trafic maritime pourrait être permanent même au nord du cercle polaire et les terres rares : tantale, iridium et autres métaux aux propriétés exceptionnelles seront alors accessibles...
Du côté de Manosque, un groupe de villageois amoureux des livres a créé une association pour prendre soin du savoir qu'ils contiennent et résister à la dématerialisation.
On croise aussi dans ce gros bouquin (550 pages) le tsar Vladimir, une nanotode ( = "machin superintelligent"), un smartphone directement connecté aux neurones du cerveau, le Sultan des Ténèbres, quatre huskis bleus, etc.

Face à la civilisation de l'omniprésence des objets connectés et du pouvoir de quelques hommes cyniques, certains vont se dresser courageusement pour leur opposer une certaine humanité ; utopie romanesque d'après son auteur, qui dit s'être amusé de bien des travers de notre société, le livre se termine par une apocalypse que Vincent Borel a voulu joyeuse et pleine d'espoir.

Premières phrases : " En cette nuit du 18 juin embaumée de tilleuls, François-Joseph de la Fistinière s'apprête à pisser, d'un jet dru, sur la flamme éternelle de la Résistance. L'esplanade du mont Valérien, encore toute bruissante ce matin des solennités républicaines, est désormais vide. Seules quelques phalènes vrombissent autour des lampadaires. François-Joseph, prénommé de la sorte pour complaire à un oncle épris de la Première Guerre Mondiale - et surtout particulièrement fortuné - vise en titubant la flamme bleuâtre. Ce rebelle s'est toujours fait un point d'honneur d'atteindre le centre des gogues sans provoquer d'éclaboussures. Mais le gros joint de ganja qu'il a planté entre les lèvres rend ses gestes incertains."
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Vincent Borel, l'auteur de "Fraternels" s'est posé devant les journaux, a lu et regardé le monde tel qu'on arrive à se le représenter dans le prisme d'articles divers et variés. de ce magma d'informations loin d'être rassurantes, il a fermé ses yeux de créateur et s'est imaginé ce que ces fous furieux d'intégristes religieux, ces esclaves des nouvelles technologies, ces grands chefs d'entreprises cyniques, ces industriels qui pillent notre planète allaient pouvoir devenir dans une bonne décennie. Et comme il se refuse de céder au pessimisme, ce vraisemblable adepte du siècle des lumières a imaginé un avenir qui ne chante pas forcément mais où quelques humains arrivent à avoir un sursaut de bon sens, voire d'humanité. Bienvenue dans 550 pages d'anticipation romanesque échevelées.
Alors, il nous voit comment Mr Borel en 2030 ? ( En fait le roman n'est pas daté, sauf erreur de ma part, du coup, je le place où bon me semble). En 2030, le monde n'est plus géré que par trois ou quatre multinationales très généralistes comme "Opié", l'heureuse détentrice de l'Ifone 12. En plus de fliquer quasi la planète entière entière avec son engin, elle gère également toute l'énergie dont ont besoin les peuples alentours. Travailler pour "Opié" consiste le plus souvent à vivre sur un siège éjectable. Nombreux sont ceux qui restent sur le bord du chemin, venant rejoindre la masse de chômeurs d'une industrie manufacturière laminée par l'arrivée des imprimantes 3D. Pour noircir le tableau, vous rajoutez des problèmes de ravitaillement en minerai précieux, l'Amérique du Sud qui prend soudain la décision de faire tourner les aiguilles de ses montres à l'envers, des émanations de gaz puants en Sibérie signe de changement climatique et des fanatiques religieux toujours aussi présents. Pas gai le monde en 2030 ! Et pourtant, ici ou là, quelques hommes vont se dresser seuls, en groupes semi organisés ou sponsorisés en douce par quelques mécènes humanistes. Ainsi Tyapsa magnétique jeune femme traversera le continent vers un destin emblématique, Yaqut, jeune français passé du catholicisme à l'islam, gay et séropositif, deviendra le leader d'un djihad libertaire prônant le sexe en toute liberté ou un groupe de laissés pour compte se regroupera entre Durance et Verdon pour sauvegarder plantes, légumes et même livres en papier.
"Fraternels", on le devine est un roman choral. Nous suivrons ces destins dans un monde trouble, dangereux, en proie à un consumérisme porté à son paroxysme. Mais une sorte de chaos pointera son nez, remettant presque les compteurs à zéro. Notre conteur lui s'en donne à coeur joie, jouant comme un démiurge rigolo à faire vivre ses personnages avec autant de brio que d'acuité.
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Un gros pavé de cette rentrée littéraire 2016, qui mérite de ne pas passer inaperçu. En effet, Vincent Borel livre un récit picaresque, un regard humoristique et décalé sur la société de sur-consommation et d'hyper-connectivite.
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Roman épique ou d'anticipation ? On pense un peu, beaucoup à Rainbow Warriors le fantastique roman d'Ayerdhal. le jihad de l'amour est une belle invention et les personnages sont très attachants. L'histoire, un peu alambiquée, ne séduira peut être pas toujours, mais on ne peut être qu'étonné par tant d'imagination et les différents contes qui se croisent.
À lire pour rêver d'un monde qui basculerait dans le merveilleux plutôt que dans la guerre.
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Le monde va mal. On le sait. Ce malheur a été décrit dans de nombreux récits imaginaires. L'imaginaire est ce qui nous reste pour nous évader et préparer des jours meilleurs. Certains s'inventent un monde de terreur (les ayatollahs, les électeurs de Trump, d'Orban et Poutine), mais d'autres pensent que l'amour est sans doute une énergie inépuisable, capable de briser les chaînes et les causes de sa propre fin que notre civilisation s'est créée par profit et paresse.

Le roman de Vincent Borel « Fraternels » paru en 2016 décrit un monde éclaté tel que nous le connaissons aujourd'hui bouleversé par un choc tellurique d'ampleur planétaire provoqué par ses propres oligarques à la recherche d'une énergie sans limite. le soleil artificiel créé à Cadarache par la multinationale Opié, qui règne sur le temps de cerveau disponible grâce à son imparable Ifon, déclenche une apocalypse technologique sans pareil : tous les appareils électroniques sont obsolètes. Au même moment les Andes se réveillent contre leur surexploitation outrancière de ses entrailles. Un émir philanthrope lance le djihad de l'amour et choisit un imam marseillais gay (il existe en vrai) comme le héraut de son mouvement. Une enfant d'une ethnie anéantie de Sibérie trace sa route jusqu'à la Ville Trois Fois Sainte. Les différents protagonistes s'en vont à Jérusalem où le dénouement n'est qu'un nouveau départ.

Extraits choisis.
Attirés par l'odeur nauséabonde de ses fèces, les mouches mortifères, les fourmis rousses et les scorpions entament une lente progression. le lendemain matin, lorsque le drone décolle, il ne reste plus, au pied de la croix, que le sexe turgescent de la Mygale de l'islam. Son organe reproducteur était si dur, remplit de tant de voracité inutile, que même les insectes n'ont pas voulu le ronger.
P 506

(Au même moment à Jérusalem)
La cohorte des Rôdeurs a préféré prendre d'assaut la tour de David, une forteresse emplie de ruines et de jardins. Au son de la guitare gypsie, acrobates, cracheurs de feu et maîtres en illusions entament une danse qui saute de toits en terrasses. Tout là haut, au sommet des fortifications, dominant le quadrilatère tellurique du mont du Temple, deux hommes entièrement nus lèvent leur bras vers le soleil.​
P 520
Lien : http://www.vixgras.com/frate..
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
En cette nuit du  juin, 18  embaumée de tilleuls, François- Joseph de La Fistinière s’apprête à pisser, d’un jet dru, sur la flamme éternelle de la Résistance. L’esplanade du mont Valérien, encore toute bruissante ce matin des solennités républicaines, est désormais vide. Seules quelques phalènes vrombissent autour des lampadaires.
François-Joseph, prénommé de la sorte pour complaire à un oncle épris de la Première Guerre mondiale et surtout particulièrement fortuné ¢, vise en titubant la flamme bleuâtre. Ce rebelle s’est toujours fait un point d’honneur d’atteindre le centre des gogues sans provoquer d’éclabous- sures. Mais le gros joint de ganja qu’il a planté entre les lèvres rend ses gestes incertains. François-Joseph tripote sa robinetterie de la main droite tout en serrant une cannette de bière de la gauche. Il est venu avec des munitions supplé- mentaires. Son short à poches Kulte contient une seconde cannette de bière 8.6 et un autre joint
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"Prometteur" est le seul mot qu'il accorde aux chercheurs. Mais le soupir qu'il affiche en dit bien assez. Jamais il n'aurait imaginé cela. Il s'agit d'une véritable communion. Ifon 12 est l'accès à un stade supérieur. Après avoir connu cette expérience, nul ne saura plus s'en passer. Personne ne voudra se déconnecter, car se priver de cette conscience décuplée reviendrait à mourir un peu. La nouvelle merveille d'Opié rendra la vie insipide hors du monde babillant des machines à qui le consommateur livre déjà une partie de son cerveau. Alexis en est convaincu, les milliards d'êtres humains ne pourront qu'adorer d'une passion addictive cet artefact opalescent chu d'un futur radieux.
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On a rien à en cirer, vu qu'on a plus de mutuelle, on a plus de bonus-malus.
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