![Fugitive parce que reine par Huisman Fugitive parce que reine](/couv/cvt_Fugitive-parce-que-reine_7274.jpg)
Un tourbillon d’amour à l’image de cette reine, tourbillon d’émotions, de logorrhées, de fantaisie, d’excès, un coup de cœur que ce premier roman de Violaine Huisman.
Pourtant, la première partie m’avait (presque) laissée de marbre, vaguement suspicieuse ; encore un psychodrame familial construit sur des enfances bousculées, un écrivain qui livre sa part d’intime à un lecteur bien malgré lui dans la peau d’un psychologue. J’ai été surprise par l’absence de chapitre, de fil conducteur, des paragraphes qui se succèdent au fil de la narration. L’auteure parle à la première personne et se livre sans réserve.
C’est la deuxième partie qui donne un sens au récit et prend aux tripes. Catherine, la mère de la narratrice est conçue dans des circonstances tragiques et voit le jour malgré la volonté de sa mère. Malade, elle passera sa prime enfance à l’hôpital sans la moindre visite. Quand elle ressort, elle fait preuve d’une énergie, d’une indiscipline hors du commun, ne se pliant à aucune règle. Jeune adulte, la rencontre avec Antoine, son deuxième mari et le père de ses filles, est le détonateur. Lui aussi est fantasque et sans limites, il est riche et se permet toutes les folies. Leur union sera un vaste champ de bataille et d’amour, les deux filles au milieu. Toute leur enfance elles soutiennent leur mère, accro aux drogues, aux médicaments, un tsunami imprévisible, les deux sœurs sont toujours inquiètes qu’elle ne se réveille pas. Une mère qui met ses filles en danger en dépit de la protection dont les enfants doivent bénéficier.
Les deux sœurs m’ont bluffée par leur solidarité, et l’amour inconditionnel qu’elles vouent à leur mère, leur résistance et leur apprentissage de la liberté.
J’ai lu pratiquement d’une traite ce roman époustouflant, superbement bien écrit, à la fois poétique et cru, qui ne peut laisser indifférent. Vous n’en sortirez pas indemne, le sourire aux lèvres et les yeux un peu brouillés puisque la dernière partie du livre est consacrée au deuil de mère hors du commun.
Quel bel hommage et preuve d’amour que ce roman. Violaine HUISMAN possède un grand talent, je guette ses prochains écrits.
Lu dans le cadre des 68premières fois
Commenter  J’apprécie         40 ![Fugitive parce que reine par Huisman Fugitive parce que reine](/couv/cvt_Fugitive-parce-que-reine_7274.jpg)
Ce roman est en fait une autobiographie à peine romancée de la jeunesse de Violaine Huisman et de sa soeur, filles de Catherine et Antoine. Leurs parents sont, pour le père, un homme mondain, philosophe et écrivain, d'origine juive (« un peu juif »dit-elle») évoluant dans un milieu grand-bourgeois, à la fois hautain et coincé quand il s'agit de la grand-mère . Pour faire bonne mesure, leur père, Antoine, a vu une vague de suicides dans sa proche famille et lui-même se comporte de façon passablement a-normale, entre carriérisme et plaisirs sexuels de tous ordres.
Quant à Catherine, une femme dite « roturière », danseuse, chorégraphe, élégante, gracile, malgré une déformation de la jambe et surtout excentrique, fantasque, névrosée, il faut dire qu'elle a de quoi être perturbée : fille d'une mère danseuse classique qui l'a délaissée des années durant en la « déposant » à l'hôpital Necker, une mère elle-même victime d'un viol. Pas mieux pour ce qui est du père abuseur et absent.
Sevrée d'amour maternel, s'étant jurée de ne jamais traiter ses filles avec indifférence, elle pratique l'amour exacerbé, les excès de langage sur tout le registre émotionnel, entre déclarations passionnées à ses filles et insultes, voire gifles retentissantes. Si, comme on dit, tout se joue avant l'âge de cinq ans, elle et ses filles partent dans la vie avec un sacré handicap !
Il faut dire que le milieu prétendu « libéré » dont elle fait partie par mariage ne risque de structurer ni sa vie ni celle de ses filles : amants, amantes, échangisme, dépenses à profusion, consommation de drogues, de médicaments et d'alcool, absence totale de frein à sa prétendue créativité (dont on ne voit guère la trace, si ce n'est la création de quelques écoles de danse éphémères), Catherine fait peine à voir vivre tant elle est éparpillée, inconstante, idéaliste, carrément égoïste ou superbement généreuse, une flamme qui s'agite en tous sens et brûle les fondements de la jeunesse de ses filles. Ses séjours en HP ne vont pas la guérir de cette maladie qui tombe comme une avalanche sur la tête de deux toutes petites filles, d'une « phrase qui tue l'enfance » : elle est maniaco-dépressive.
On peut la trouver attachante, si pleine de vie, si tendre, si...tout ce qu'on voudra ! En fait, elle est surtout « trop », trop tout ! On ne sait pas comment ses maris et amants ont pu vivre en continu avec elle (sauf s'ils étaient un peu borderline eux aussi, ce qui fut souvent le cas) mais on compatit à la douleur des deux enfants, devenues mères de leur mère, chargées, à dix ans, de la réanimer, d'appeler les pompiers, entre drogues diverses, vomi, alcool et échos de luxure. Comment se construire après tout cela ?
Pourtant, ce livre est une ode à l'amour mère-fille, un chant vibrant d'émotion, une déclaration haute et forte que la mère, tout imparfaite qu'elle soit reste l'amour de leur de leur enfance, de leur jeunesse, de leur vie de femme. Compréhensible ? Peut-être. Touchant, sans aucun doute.
Le récit s'articule intelligemment entre d'abord, le récit de la fille cadette, avec ses analyses et son ressenti et ensuite, celui d'une narratrice qui restitue la vie de Catherine vue de son point de vue. Les deux parcours se croisent et précisent les faits.
L'écriture de ce roman qui n'en est pas un est précise, sans émotions superflues, à l'image des exigences de Catherine : « Tu veux que je t'en colle une pour que tu saches pourquoi tu pleures? Maman exagérait, maman abusait franchement, sa mauvaise foi dépassait les limites de l'entendement : elle-même pleurait à tout bout de champ[...]quand la saison des larmes arrivait c'était la mousson, Isis faisant déborder le Nil. »
Ce livre pose, une fois de plus, la question des rapports enfant-parent et surtout mère-fille, relation passionnée, fusionnelle, excessive, démesurée, qui condamne tout, qui pardonne tout, qui nous revient en effet-miroir et nous impose de nous positionner dans la chaîne de la filiation.
« Catherine ne pouvait être pour moi qu'une idée, une notion abstraite, au mieux une inconnue. […] A mes yeux, Catherine ne serait jamais qu'un personnage ? Aussi je lui attribuais mon fantasme de ce qu'avaient pu être son histoire, ses pensées, ses choix. Certes, sa vie elle me l'avait raconté par le menu, mais pour l'incarner il fallait l'imaginer, l'interpréter. Il fallait que j'en devienne la narratrice à mon tour pour lui rendre son humanité. »
Pour chacun, chacune d'entre nous, il est impossible de restituer la vie de nos mères, de nos pères, à moins peut-être de faire comme Violaine Huisman : tenter de se convertir en narrateur de leur vie, avec les éléments dont on dispose. Au risque de les trahir, au risque de se faire un peu mal, peut-être, mais avec l'espoir, sans cesse renouvelé, de les ramener un peu à la vie.
Un premier roman attachant, troublant, dérangeant aussi.
Commenter  J’apprécie         42
Une histoire de mère et fille ou plutôt d'une fille dressant le portrait de sa mère atteinte de maniaco dépression. Elle nous raconte cette mère fantasque, qui disparaît au gré des internements et qui revient toujours de manière fracassante. Bruyante, elle virevolte, parle sans s'arrêter et commet toujours l'irréparable. Une mère qui adore ses filles autant qu'elle les déteste quand tout va de travers, des rôles qui s'inversent et des enfants qui ont le devoir de redoubler de vigilance et de faire en sorte de garder en vie ce parent malade.
C'est dur et violent à lire mais encore plus à vivre et à reconstruire, bravo #violainehuisman
Commenter  J’apprécie         30 ![Rose désert par Huisman Rose désert](/couv/cvt_Rose-desert_9229.jpg)
Ce que j'admire chez Violaine Huisman, c'est d'avoir réussi, dès son premier roman Fugitive parce que reine, de nous offrir un monde littéraire centré sur l'auto fiction et la dynastie familiale. Les personnages finissent pas exister devant nous, en chair et en os. J'ai donc eu beaucoup de plaisir à retrouver Catherine dans ce nouveau roman, revivant les épisodes déjà narrés dans le premier livre et repris ici sous un autre angle.
Bien sûr, on retrouve cette plume fluide, ce phrasé flamboyant et ces discours directs glissés entre les descriptions, les mots d'argot de la mère, les descriptions de la relation toxique entre Violaine et son compagnon. J'ai beaucoup aimé le rythme, malgré beaucoup d'introspection, qui reste dynamique, suivant une narration non-linéaire.
C'est très difficile de pouvoir rebondir après un premier roman d'auto fiction qui a connu du succès, de relancer la machine pour toujours plaire aux lecteurs : à mes yeux, Violaine Huisman a réussi son pari, utilisant à la fois la figure si marquante de sa mère, tout en apportant un nouveau point de vue, celui de l'enfant de maniaco-dépressive, des souffrances, du vécu intime, de l'héritage psychologique.
Petite note à part : c'est toujours très difficile pour moi de lire des récits de femmes sous l'emprise physique et mentale d'hommes dominants, violents et narcissiques. Violaine Huisman décrit les mécanismes de la soumission féminine à un point que cela fait mal au coeur. J'espère que cela permettra aux femmes et aux hommes, à la lecture de cet ouvrage, de s'interroger sur les rapports de force entre les deux sexes dans nos sociétés patriarcales, surtout dans les relations amoureuses.
Commenter  J’apprécie         30 ![Fugitive parce que reine par Huisman Fugitive parce que reine](/couv/cvt_Fugitive-parce-que-reine_7274.jpg)
Portait sublime, bien que déchirant, d'une femme et d'une mère aux abois, Fugitive parce que reine est un roman qui remue, qui émeut forcément et qui dérange parfois.
Au coeur du texte, Catherine à l'enfance brisée et surtout sa bipolarité dont rien ne nous est épargné ; certainement ni les larmes ni les frasques. Sa vie est une succession de malheurs et de choix douteux.
Parce que coutumière, la souffrance est rassurante, attrayante presque...
Mais c'est aussi Catherine mère envers et contre tout, malgré sa maladie et contre sa propre mère avant tout. Puisque c'est un fait, les mères de ce texte sont des mères terribles, sans concession dans leurs excès.
Racontée par l'une de ses filles, Catherine n'est cependant pas du tout une femme sans amour. Au contraire ses amours sont toujours fulgurantes voire dévastatrices souvent. Que ce soit l'amour pour les hommes et les femmes qui ont partagé sa vie, ou pour ses filles qui toute l'enfance portent le poids de devoir maintenir une mère en vie.
C'est un livre vertigineux qui donne à voir et à entendre une femme presque condamnée par avance, ses bonheurs fulgurants mais surtout un désespoir latent qui ne laisse aucune chance.
Et pourtant tout n'est pas noir ici et la folie de la mère ne condamne pas sa descendance. Au contraire c'est une magnifique déclaration d'amour d'une fille à une mère flamboyante.
Commenter  J’apprécie         30 ![Fugitive parce que reine par Huisman Fugitive parce que reine](/couv/cvt_Fugitive-parce-que-reine_7274.jpg)
Violaine Huisman nous délivre une confession romancée sur sa mère fantasque mais aimée, une ode lézardée des paroles outrancières de cette mère presque maltraitante, mère bi-polaire et sans limites.
C'est un récit, c'est un roman, c'est un récit ? Le lecteur peine à situer le genre du livre et s'interroge : Les trois parties s'entrechoquent mais il manque une certaine liaison qui ferait vraiment comprendre comment cette mère tellement adorée en vient à insulter ses deux filles.
Certes il y a cette maladie, elle est maniaco-dépressive, certes il y a les dérives, l'alcool, les médicaments, le mari absent et volage. Mais il manque quelquechose, peut-être un bout de l'histoire, peut-être un non-dit ?
L'écriture de la fille qui raconte est à l'image des pensées de la mère, linéaire mais piquée d'injures, présente mais négligente, virant chaotique et sur le fil.
C'est toutefois l'originalité de ce phrasé dans lequel s'insinue la violence et la tempête de la mère qui tient le lecteur : en effet les dérapages verbaux de la mère se glissent dans les phrases sans tiret ni guillemet, libres comme cette femme avant-gardiste sans le faire expres, hors convention sans le vouloir.
Cependant quand l'auteur parle d'elle-même à la 3ème personne comme si elle était un personnage, son personnage, il y a quelque chose de gênant.
C'est donc un roman ambivalent, presque intime, presque voyeuriste, qui ne s'envole pas comme pourrait le laisser croire son titre enigmatique.
Commenter  J’apprécie         30
J’ai acheté ce livre à contre cœur. Trop de publicité, trop de tapage autour de cette jeune femme dont on vantait le talent avec une insistance suspecte. J’y voyais quelque chose de louche, de parachuté. Et puis franchement, un premier roman qui parle d’une mère un peu folle : on a l’impression d’avoir lu ça deux cents fois. Et pourtant, je fus emporté, littéralement transporté par ce récit, par la profondeur des émotions que l’auteur parvient à communiquer avec sincérité mais aussi, avec beaucoup de pudeur. Un premier roman réussi. On attend le second, sur une thématique moins intime ?
Commenter  J’apprécie         30
L'amour d'une mère pour ses filles et l'amour des filles pour leur mère. Quoi de plus normal ! Mais quand la normalité n'a plus cours, l'amour grandit désespérément " maman chérie que j'aime à la folie pour toute la vie - et pour l'éternité du monde entier ".
La première partie m'a mise mal à l'aise. Beaucoup trop loin de moi sur tous les plans. Mais la deuxième partie ( vue par la mère) m'a vraiment touchée.
Je lirai avec attention le prochain livre de Violaine Huisman.
Commenter  J’apprécie         30 ![Fugitive parce que reine par Huisman Fugitive parce que reine](/couv/cvt_Fugitive-parce-que-reine_7274.jpg)
Ce roman m'a laissé plutôt perplexe de bout en bout . Pourtant , il avait beaucoup d'arguments pour me séduire , l'écriture est magnifique , il y a de l'émotion , on entre bien souvent (peut-être trop ) dans l'ordre de l'intime , et il y a une multitude d'éléments autobiographiques qui sonnent tellement vrai , que l'on ne peut qu'être happés par cette histoire .
Dès les premières pages , j'ai pensé au roman de Delphine de Vigan , "rien ne s'oppose à la nuit" , à cause des similitudes avec la mère , bipolaire également , et de l'amour immodéré des filles pour leur mère , en dépit de toutes les péripéties provoquées par la maternelle maladie .
De même qu'avec ce roman , on est un peu gênés par tout ce déballage , le lecteur a-t-il besoin de pénétrer si avant dans la vie d'une famille ? Même si les faits remontent déjà loin dans le temps (la chute du mur de Berlin concomitante avec la déclaration de la maladie de Catherine , la mère ) .
Néanmoins , il faut reconnaître que c'est une magnifique déclaration d'amour de la part de l'autrice à sa mère .
Soyons honnête , la plupart du temps , je ne me suis pas senti concerné par cette histoire , mais , dans la dernière partie du livre , j'ai été submergé par une énorme vague d'émotion(s) , on est parfois des choses fragiles !
Commenter  J’apprécie         31 ![Fugitive parce que reine par Huisman Fugitive parce que reine](/couv/cvt_Fugitive-parce-que-reine_7274.jpg)
Voici le portrait d’une femme, Catherine, reine pour l’homme qu’elle aime et fugitive aux yeux de ses enfants. La première narratrice est sa fille aînée, l’auteure. Violaine Huisman nous conte son amour tourmenté pour sa mère. Une mère diagnostiquée maniaco-dépressive qui n’offre aucune stabilité, aucune assurance à ses enfants mais qui malgré tout les aime à sa façon. Le regard de sa fille sonne juste, est tendre et sans amertume.
Ensuite, nous découvrons l’histoire de Catherine, ses failles, ses faiblesses et les embûches qui ont été les siennes.
Ces deux parties se complètent parfaitement, l’une éclairant l’autre. Un dernier chapitre clôture ce portrait avec douceur.
Même si je ne dénigre pas la qualité de ce récit, je n’ai pas été totalement convaincue. Peut-être parce que j’ai eu une impression de « déjà lu », la comparaison est inévitable avec « Rien ne s’oppose à la nuit » de Delphine De Vigan même si les deux récits sont à bien des égarts différents. Quelques passages ont également traînés dans mes mains. Par contre, j’ai beaucoup apprécié la richesse du style L’écriture est vive, les phrases longues et le vocabulaire recherché. Violaine Huisman nous offre une très belle langue.
J'ai reçu ce livre grâce à Masse critique, merci à Babelio et aux éditions Gallimard.
Commenter  J’apprécie         30 ![Fugitive parce que reine par Huisman Fugitive parce que reine](/couv/cvt_Fugitive-parce-que-reine_7274.jpg)
C’est l’histoire d’un amour fou. L’amour de deux filles pour leur maman que la vie a ravagée.
Ça, elle n’a pas eu de chance Catherine… C’était mal barré. Même avant sa naissance. Mais Catherine est une reine, alors elle se bat, tout le temps, elle lutte contre le destin, contre cette auto-destruction qu’elle a là, vrillée au corps. Catherine est diagnostiquée maniaco-dépressive puis internée parce que vraiment, rien ne va plus. Catherine enchaîne les extravagances, les folies, Catherine boit, Catherine fume comme un pompier, jure comme un charretier, Catherine se drogue aux médicaments, baise à tout va, n’importe qui, n’importe comment. Il n’y a plus de limites quand Catherine essaie d’oublier qui elle est. Juste une chose résiste à l’incendie : l’amour que Catherine porte à ses filles.
Et le papa dans tout ça ? Pas mal barré lui aussi. On ne peut pas dire qu’il soit absent. Pas totalement. Il a d’autres chats à fouetter, il fait partie de l’élite, un intellectuel, un entrepreneur. Alors il pare au plus urgent. Il paie. Il paie aussi pour le mal qu’il fait à Catherine en l’aimant complètement de travers. Un homme double, à deux visages.
Les deux petites filles font ce qu’elles peuvent pour survivre dans cette vie foutraque. Elles aiment leur maman. Passionnément.
C’est Violaine, la cadette qui raconte cette histoire pas totalement romanesque (ou pas du tout ?). D’abord en nous plongeant dans le quotidien de cette famille « hors normes » puis en cherchant, dans le passé de sa maman les racines du mal qui la ronge.
Une écriture rock n’roll, remarquable, différente, impressionnante et sans pathos.
Un livre fort, aussi éprouvant que passionnant.
Extrait d’un poème de Violaine à sa maman :
Maman, Maman,
Toi qui m’aimes tant,
Pourquoi partir sans prévenir ?
Car maintenant je vais souffrir
Souffrir de ne pas te voir revenir…
Commenter  J’apprécie         30
Formidable roman sur les mères absentes ... il m'a fait penser à Delphine de Vigan et son inoubliable"Rien ne s'oppose à la nuit" ... ou aussi, au livre assez méconnu mais indispensable de Clémentine Autain "Dites-lui que je l'aime" ... La douleur des filles dont les mères ont choisi de s'envoler ...
Commenter  J’apprécie         20 ![Les monuments de Paris par Huisman Les monuments de Paris](/couv/cvt_Les-monuments-de-Paris_6262.jpg)
Violaine Huisman est autrice et traductrice de romans. Elle a vécu à New-York durant près de 20 ans avant de revenir vivre en France en 2020 afin de se rapprocher de son père, malade, qui décèdera en février 2021. C’est précisément de ce père « …homme d’une autre génération… » qu’elle a choisi de nous parler dans ce livre très personnel et rédigé à la première personne, comme un message ou une « déclaration de tendresse » qu’elle lui adresse à titre posthume. L’auteure est la huitième et dernière enfant de Denis Huisman, professeur, maître de conférence et fondateur de l’EFAP(« école française des attachés de presse »), personnage de son époque, haut en couleur, auquel elle vouait une tendre affection.
Puis, derrière le portrait de cette figure tant aimée, émerge celui de son grand-père, Georges Huisman qui l’a touchée au point de donner son prénom à l’une de ses filles. Ce dernier fut un homme politique et un historien reconnu et apprécié, directeur des Beaux-arts, ayant contribué à la création du festival de Cannes. De confession juive, il fut révoqué de ses fonctions en juillet 1940 et n’y fut rétabli qu’en 1944.
Ce livre que j’ai beaucoup apprécié m’a permis de découvrir la plume douce et élégante de Violaine Huisman et j’ai été tout autant touchée par le récit de ces vies passionnantes, riches et parfois tragiques, que par la tendresse qui y transparaît en permanence, permettant à l’autrice de traduire l’immense affection qu’elle porte à ces deux personnages exceptionnels.
Commenter  J’apprécie         20 ![Fugitive parce que reine par Huisman Fugitive parce que reine](/couv/cvt_Fugitive-parce-que-reine_7274.jpg)
J'ai adoré ce roman pour 3 raisons :
1, parce que c'est le récit d'une relation mère-fille. Peut-être que ça me touche particulièrement parce que ma relation avec ma propre mère n'a pas toujours été facile (même si très très loin de ce que vit la narratrice, bien sûr), mais j'ai trouvé le sujet abordé avec brio. Le récit est raconté du point de vue de cette petite fille qui voit sa mère sombrer dans la maladie mentale, mais qui garde cette image d'une relation flamboyante, parfois déchirante et violente, mais aussi pleine d'amour et passionnelle. Ce point de vue "enfantin" est sublime et donne à lire une relation complexe, touchante, qui marque durablement cette petite fille, bien au-delà de l'enfance ensuite...
2, parce que c'est aussi un destin de femme, car c'est bien plus qu'une relation mère-fille, c'est aussi le destin de cette femme, la vie ô combien difficile qu'elle a pu vivre, l'amour qu'elle a ressenti, les projets, les espoirs, les passions, les déceptions... Une vie à mille à l'heure, un tourbillon qui ne s'arrête jamais, une montagne russe, où les joies et l'amour sont à la hauteur des profondeurs dans lesquelles elle peut ensuite s'effondrer. Cette femme non-désirée qui se brûle les ailes et rayonne d'une énergie à la limite de l'autodestruction. La partie sur sa vie est envoûtante, on ne peut qu'être touché·e par ce qu'elle vit, tout en comprenant à demi mot la maladie qui se déclare, ce trouble maniaco-dépressif qui lui fait tout vivre dans les extrêmes. C'est vraiment beau et percutant.
3, parce que l'écriture est sublime ; Violaine Huisman signe ici son premier roman et c'est déjà d'une grande beauté ! C'est poétique, parfois cru, à l'image de la personnalité de cette femme, c'est compact, dense, on ne respire plus, emporté dans le même tourbillon qu'elle, dans ses pensées et sa vie qu'elle rêve éclatante et resplendissante. Puis ça se calme, on lâche du lest avant de replonger, c'est vraiment une écriture qui prend aux tripes et au cœur.
La construction du roman est intéressante aussi : première partie du point de vue de la narratrice enfant, dépeignant la relation qu'elles vivent avec sa sœur et leur mère. Deuxième partie qui retrace le destin de sa mère, nous plongeant plus en profondeur dans sa psyché et ses choix. Troisième partie qui reprend le point de vue de la petite fille devenue adulte (mais je n'en dis pas plus). A travers ces trois phases, c'est une femme qui rêve profondément d'être libre qui se dessine, coincée dans une société qui ne la comprend pas et essaye de l'enfermer. J'ai adoré, tout simplement.
Commenter  J’apprécie         21