Citations de Virginie Grimaldi (4175)
Tout au long de notre vie, on juge ce qui nous arrive, on se réjouit, on se lamente. Pourtant, on ne saura qu’au dernier moment s’il y avait lieu de se réjouir ou de se lamenter. Rien n’est figé, tout évolue.
-J'ai peur de perdre tous mes souvenirs. Je me fiche d'oublier ce que j'ai mangé une heure avant, mais j'ai peur d'oublier la joie intense que j'ai ressentie à la naissance de chacun de mes enfants, j'ai peur d'oublier combien j'ai aimé les câliner, les rassurer, les voir sourire... j'ai peur d'oublier les visages heureux de mes petits-enfants quand ils jouaient sous le cerisier de mon jardin, j'ai peur d'oublier la tendresse dans les yeux de mes parents. Je vais m'accrocher à ces souvenirs-là de toutes mes forces, en espérant que la maladie prendra d'abord les autres, puisque je n'ai d'autre choix que de les lui donner.
La vie, c'est comme un tour de magie. Quand on est enfant, on ne voit que le devant de la scène. C'est fabuleux, on s'émerveille, on se pose des questions, on a envie d'en savoir plus. Et puis, on grandit. Peu à peu, les coulisses se dévoilent, on réalise que c'est compliqué. C'est moins joli, c'est quand même parfois moche, on est déçu. Mais on continue quand même à s'émerveiller.
Les parents sont des funambules. On marche sur un fil tendu entre le trop et le pas assez, un colis fragile entre les mains.
Il faut être attentif, mais ne pas laisser croire à notre enfant qu'il est le centre du monde; il faut lui faire plaisir sans qu'il devienne blasé; il faut équilibrer son alimentation sans le priver; il faut lui donner confiance, mais qu'il reste humble; il faut lui apprendre à être gentil, mais à ne pas se laisser faire; il faut lui expliquer les choses, mais pas se justifier; il faut qu'il se dépense et qu'il se repose; il faut qu'il apprenne à aimer les animaux, mais à s'en méfier; il faut jouer avec lui et le laisser s'ennuyer; il faut lui apprendre l'autonomie tout en étant présent; il faut être tolérant mais pas laxiste; il faut être ferme mais pas rude; il faut lui demander son avis, mais pas le laisser décider de tout; il faut lui dire la vérité sans atteindre son innocence; il faut l'aimer sans l'étouffer; il faut le protéger, mais pas l'enfermer; il faut lui tenir la main tout en le laissant s'éloigner.
- J'ai été élue Miss Mamie, vous savez !
Certains disent que la vieillesse est un naufrage, moi je pense que c'est une chance. Un honneur. Tout le monde n'y a pas accès. Et puis, je pense que ce n'est pas pour rien qu'elle est si difficile.
- C'est-à-dire?
- Si la vieillesse était douce à vivre, personne ne voudrait que ça s'arrête. Le fait qu'elle soit si rude rend l'existence moins attachante. La vieillesse a été inventée pour se détacher de la vie.
"Être heureux ne signifie pas que tout est parfait.
Cela signifie que vous avez décidé
De regarder au -delà des imperfections ."
Ma mère conduit aussi bien qu'elle cuisine. Au deuxième virage, j'ai envie de vomir. Au troisième rond-point, j'ai envie de sauter. A la cinquième tentative de créneau, j'ai envie d'être adoptée.
La vie est comme une danse. On entre en scène, on apprend les pas, on se laisse porter, on compte les temps, et on tire sa révérence.
- Vous savez que je n'ai jamais dormi sans elle ? Pas une seule fois !
- Vous vous sentez seul ? [...]
- Je ne me sens pas seul , je me sens incomplet .
Tu sais, Papa, les souvenirs qui me manquent le plus, c'est ceux que l'on n'aura pas.
Lui, il rit. Un rire franc, sincère, qui vient de son ventre et s’éparpille dans la brise. C’est le plus joli son au monde. On devrait offrir des CD de rires d’enfants aux gens qui vont mal.
J’ai appris que, parfois, souvent, le bonheur est l’antichambre du bonheur. Surtout, j’ai appris que l’inverse était vrai : le bien attend, tapi, que tout aille mal pour nous surprendre.
–Vous n’avez plus à craindre le malheur. C’est au plus fort de son étreinte que l’on apprécie le plus les choses positives. Lorsque le bonheur est normal, on ne le remarque pas.
–C’est quand on est à l’apogée du malheur que l’on apprécie le plus le bonheur.
Nous observons en silence les gouttes qui ruissellent sur la vitre. J’ai compris le message. Je ne dois plus avoir peur des orages. Le parfum du bonheur et plus fort sous la pluie.
Avant, quand les gens disaient que j’étais différente, j’aimais pas trop, j’avais l’impression d’être dans un jeu « trouvez l’intrus ». Mais finalement, je veux toujours restée différente. Je ne veux jamais devenir comme les autres. C’est bête d’être les autres alors qu’on est soi.
–Monsieur Mouron, a-t-il dit, il va falloir y mettre du vôtre si vous voulez ralentir l’évolution de la maladie.
–Monsieur Masson, ai-je repris.
–Pardon ?
–Il s’appelle Monsieur Masson, pas Monsieur Mouron.
–Humm, a-t-il fait sans plus se soucier de moi.
–Non, pas humm ai-je insisté. Depuis le début de la séance, vous traitez mon mari comme s’il n’existait pas. Ses membres se paralysent, pas ses émotions ! L’homme que vous avez en face de vous a eu votre âge, et un jour, peut-être aurez-vous le sien. Vous êtes tous deux des humains. Vous serez alors heureux que les médecins vous offrent un peu de considération.
Mètre 0:MO-TI-VEE. Cinq kilomètres, je peux le faire.
Mètre 1900: Je vais mourir de soif. Dommage que mes aisselles soient si loin de ma bouche.
Mètre 2400: Je vais crever avant d’avoir goûté la délicieuse fêta.
Mètre 2500: Un jeune blond me double en marchant.
Mètre 2600: Je n’arrive plus à respirer, je râle. On dirait un porno doublé par Dark Vador.
Mètre 2900: Je ne vois pas la racine qui me barre le chemin.
J’essaie de me rattraper au vent, peine perdue.
La joue contre le sol, le souffle court, le dos trempé, le cœur au galop, je prends la décision la plus importante de ma vie. Le sport et moi, c’est terminé.
Je suis attentive aux jolies petites choses que l’on croise souvent sans les voir.
Mes joies sont décuplées. Un rayon de soleil, une odeur de lilas, les illuminations de noël font monter en moi des bouffées de bonheur.
Tu es ton seul frein. La seule personne qui a l'obligation de te rendre heureuse, c'est toi.
Les gouttes de pluie qui rebondissent sur le sol, une abeille qui butine, la douceur du silence, la mélodie d’une voix aimée, la magie d’un corps qui vit, l’éclat du soleil sur une perle de rosée, le chant du merle, la caresse du vent. Nous sommes entourés de merveilleux.
Mes vingt-trois dernières années ont été consacrées à mes enfants. Je ne me suis pas sacrifiée. Devenir mère a donné un sens à ma vie. Enfin, j’étais utile. Enfin, je comptais pour quelqu’un. C’est égoïste, j’en conviens. Je ne l’ai pas calculé : la maternité a réparé en moi ce que l’enfance avait abîmé.