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Critiques de Vita Sackville-West (240)
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Paola

Un court roman rempli de non-dits, de mensonges et de faux semblants (comme on les aime) au sein d'une famille bourgeoise anglaise réunie pour quelques jours à la suite d'un décès. Mais qui est Paola dans cet univers? Cette femme décrite comme froide et énigmatique, cette étrangère paraît comme le véritable mystère de cet ouvrage. Tout bascule à la lecture du testament. Un véritable livre à rebondissements.
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Ceux des îles

Je suis étonnée de ce que ce roman soit si peu connu ou en tout cas pas encore critiqué sur Babelio car je l'ai trouvé de très bonne facture, pas toujours passionnant mais très cohérent jusqu'à la fin. A ce propos, l'entame qu'on peut juger incongrue éclaire très bien la dernière partie du roman.

Sur l'histoire du livre, il s'agit d'une allégorie de l'histoire d'amour entre Vita Sackville-West (sous les traits de Julian) et de Violet Trefusis (sous les traits d'Eve). A tel point que le roman ne sera d'abord pas publié pour prévenir tout scandale : point d'amour entre femmes dans la bonne société anglaise des années 1920 ! Les deux personnages principaux (les autres non plus d'ailleurs sauf les habitants des îles peut-être) ne sont pas spécialement sympathiques. Prétentieux et hautains sont les qualificatifs qui me viennent tout de suite. La supériorité de l'aristocratie et des bourgeois puissants transparaît dans chaque chapitre et l'attachement de Julian aux habitants des îles combattant pour leur indépendance n'est finalement au service que de l'accomplissement de son idéal romantique. On sait que Vita Sackville-West voulait être un homme, ce roman nous dit quel genre d'homme : ce n'est pas l'Orlando de Virginia Woolf, mélange délicat d'homme et de femme, quel que soit le corps dans lequel il/elle se trouve ; c'est juste l'aristo anglais méprisant, en tout premier lieu avec les femmes. Le grand personnage du roman est Eve, décrite comme une déesse de l'amour absolu, à qui Vita Sackville-West donne le beau et le terrible rôle de la totale destruction au nom de la pureté de l'amour : pour Eve, rien ne doit exister en dehors de l'amour quels que soient les sacrifices et les renoncements. Ce n'est pas un roman agréable, c'est un roman fort dont la conclusion pourrait être trop d'amour pur tue l'amour vrai ... mais ce serait un peu simple.

La toute fin du roman prend une dimension très particulière quand on connaît le destin de Virginia Woolf, autre grand amour de Vita Sackville-West.
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Au temps du roi Edouard

Au travers du personnage de Sébastien, duc héritier du domaine de Chevron, jeune homme désabusé au destin tout tracé, Sackville-West va nous tendre un miroir critique de la société aristocratique britannique, aux moeurs policées parce qu'il faut maintenir intactes les apparences, où la superficialité est reine et où la liberté de choisir sa vie n'existe pas. On pourrait se croire dans un poème de Baudelaire, vous savez, celui qui dit "pour ne point sentir le fardeau du Temps, enivrez-vous sans cesse". Sébastien s'enivre : il a choisi la compagnie des femmes, pour ne point sentir le lourd fardeau du temps et de l'irrémédiable.

C'est mordant, caustique, désabusé. Il a tout du personnage désagréable, imbu de lui, sûr de sa beauté et de sa valeur (n'est pas duc qui veut !), mais dont les convictions sont ébranlées par deux personnes : sa soeur, Viola, qui a un arc narratif intéressant (quoique trop souvent secondaire) et qui n'aspire qu'à vivre sa vie, et la rencontre avec Anquetil, un explorateur, qui lui expose crûment ses 4 vérités.

J'avais trouvé ce roman par hasard en fouillant les bacs de Boulinier, et je ne regrette pas mon choix ! Je vais me mettre à la recherche d'autres romans de Sackville-West, dont le destin est tout aussi intéressant que l'oeuvre.
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Une aristocrate en Asie : Récit d'un voyage e..

J'ai découvert tout par hasard ou pour mon plus grand bonheur ce livre à mon retour d'un voyage de 12 jours (!) en Perse.

C'est d'une contemporanéité époustouflante.
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Le Diable à Westease

A la fin de la guerre, Roger Liddiard, nanti au volant de sa Jaguar, sillonne la campagne anglaise et décide d'emménager à Westease. Il tombe sous le charme de ce village et y fait l'acquisition d'un moulin. Il rencontre des personnages hauts en couleurs : le révérend Mr Gatacre et son épouse acariâtre et malade ; le peintre Wyldbore Ryan ; le Professeur ; la jolie fille du révérend. Cette vie à la campagne semble bien tranquille jusqu'à ce qu'un meurtre y soit commis : le révérend est passé de vie à trépas. 

Qui a bien pu l'assassiner ?



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Premier roman que je découvre de cet auteur, née en 1892. Une grande partie du roman est conforme à ce que l'on peut lire dans les romans policiers : une fois le meurtre commis, nous, lecteurs, allons essayer de démasquer le ou les coupables. Autant dans certains romans policiers je peux avoir des présomptions, autant là je n'avais aucun argument, aucun mobile qui puisse m'orienter plus vers l'un ou l'autre personnage. La vérité est révélée tardivement et outre le coupable dévoilé, il y a une autre surprise que je n'ai saisie que tardivement. Un roman qui détend, qui se lit bien et vite. J'ai bien aimé la plume de cet auteur. Ce roman n'est pas hors norme mais vu le genre, je trouve difficile de faire de l'exceptionnel avec le genre qu'est le roman policier. J'ai bien aimé que l'auteur m'interpelle à la fin de son histoire et sollicite mon avis.
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Au temps du roi Edouard

1905. Le roi Édouard, fils de Victoria et d’Albert, est maintenant sur le trône d’Angleterre depuis quelques années. Dans ce roman, Vita Sackville-West nous dresse le portrait du jeune Sébastien, cinquième duc de Chevron. Viscéralement attaché au domaine de ses ancêtres, le jeune homme s’ennuie et rêve de fuir les mondanités. Pour des raisons sentimentales, il refusera pour autant d’échapper à un destin tout tracé… Entre la fin de l’époque victorienne et l’arrivée prochaine de la Grande Guerre, l’auteure nous décrit ici un monde en pleine mutation (même s’il l’ignore encore). Le mur des convenances n’a en effet pas dit son dernier mot, alors que nous nous retrouvons plongés dans l’aristocratie du début du XXème siècle. La plume élégante et sarcastique de Vita Sackville-West fait des étincelles. Je reste pour autant sur un ressenti mi-figue mi-raisin. Si j’ai apprécié me balader au cœur de cette époque si particulière, je n’ai pas réellement réussi à m’attacher aux personnages. Reste la plume de la romancière, intéressante à découvrir.



Sébastien. Léonard Anquetil. Viola. Lady Roehampton. Autant de personnages posant un regard bien différent sur la société aristocratique d’alors. Sauver les apparences. Éviter le scandale, quitte à perdre le grand amour. Fuir et se sauver du carcan des convenances pour la jeune génération. J’ai grandement apprécié suivre Vita Sackville-West au fil des pages. D’autant plus qu’à travers une galerie de personnages secondaires, les rapports entre aristocratie, classes moyennes et domestiques sont également passés au crible. Je n’ai pu m’empêcher de penser à Downton Abbey, la série réalisée par Julian Fellowes. J’ai pour autant eu des difficultés à terminer ce roman, le ton quelque peu cynique voire fataliste y est peut-être pour quelque chose ? Je ressors donc un brin déçue, mais heureuse d’avoir pu découvrir une grande romancière et voyager dans une période que j’affectionne tout particulièrement.



Fille unique du troisième Lord Sackville et d’une danseuse espagnole (véritable mésalliance pour l’époque), Vita Sackville-West vit de sa plume avant de s’adonner à son autre passion sur la fin de sa vie : celle des roses et du jardinage. Paru en 1930, Au temps du roi Édouard devient rapidement un succès. Même si je n’ai pas été totalement emballée, il n’en reste pas moins que ce roman offre un regard réaliste sur la haute société britannique du début du XXème siècle.
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Le Diable à Westease

Bon public, je me suis laissé porter par l'histoire. Comme si je regardais un film policier anglais de série B de 1948, en noir et blanc.

Seul bémol, une erreur un rien, la traductrice a décompté les heures à la française (16h...etc) en omettant un détail, l'histoire se passe en 1946 et cette manière de compter date des années 70...c'est bêta.
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Toute passion abolie

Lord Slane, éminent personnage de l'Empire Britannique, vient de rendre l'âme à l'âge vénérable de 94 ans.



Sa veuve, au grand étonnement de ses enfants,désire passer ses derniers jours dans une petite maison de la banlieue londonienne. Elle y vivra avec sa dame de compagnie.



Cette solitude choisie est ,pour Lady Slane, l'occasion de se pencher sur sa vie et de vivre ses derniers jours au gré de ses envies.



Sa vie a été celle voulue par ses parents, puis celle imposée par son époux et les conventions sociales. Une femme ne doit avoir d'autre rôle que celui de se consacrer à son époux et ses enfants. Ses aspirations profondes ne sont que lubies et passeront aux oubliettes tant elle sera accaparée par ses obligations familiales et sociales.



La vie qu'elle souhaite mener peut paraître égoïste. Mais quel mal y-a-t-il à vouloir enfin vivre au calme, à prendre son temps, à choisir ses amis, à savoir dire non? Cette attitude intrigue certains de ses enfants avides de réussite matérielle et de reconnaissance, et réjouit ceux qui "n'entrent" pas dans ce cadre.



De son écriture élégante et enlevée, Vita Sackville-West nous offre un beau portrait de femme et une réflexion sur la vieillesse et le statut des femmes de son époque. Certaines ont beau jouir des privilèges dûs à leur rang, elles n'en sont pas moins prisonnières de contraintes sociales qui les obligent à gommer leurs aspirations profondes.



J'ai eu aussi beaucoup de plaisir à savourer les portraits délicieusement acides des enfants de Lady Slane. Entre le radin, le râleur et le commandant en jupon, j'ai ressenti la jubilation de l'auteure à se moquer de ces personnes mesquineset étriquées.



Cette lecture a été un enchantement et un moment de grâce. Je suis charmée par le style élégant et enlevé de Vita Sackville-West, lire ses livres est une parenthèse délicieusement rétro et raffinée.





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Plus jamais d'invités !

L’action de ce roman assez court se passe uniquement sur ce week-end de Pâques, du vendredi au mardi, dans la propriété des Mortibois, Anstey, qui fait la fierté de la famille par la beauté de son immense parc. Pendant ces quelques jours, l’auteur fait ressortir les tensions entre chacun, dans les deux couples, que tout oppose, situation matrimoniale et financière, entre les deux sœurs, Rose et Lucy, où flotte encore les souvenirs d’une enfance pas tout à fait enfouie, ou encore entre deux vieux amis comme sir Walter et lady Quarles, qui ne se connaissent que trop bien. Encore une fois, j’ai été surprise par l’auteur : sous la légèreté apparente des discussions et des personnages se dévoile petit à petit une profondeur insoupçonnée. Je ne peux m’empêcher d’admirer, malgré l’étrangeté de sa situation avec sa femme, sir Walter, sa droiture, sa constance aux principes de vie qu’il s’est fixés, mais aussi son flegme qui lui permet de rebondir même lorsqu’il perd tout ce qu’il a, autant de petites choses qui en font un parfait sujet Britannique. Au final, j’ai eu pendant toute ma lecture un sourire sur les lèvres. On reste sur sa faim, sur bien des points, mais c’est tout le talent de l’auteur que d’utiliser ces zones d’ombre pour mieux entraîner le lecteur dans l’esprit de ses personnages. Oui, j’aime la délicatesse, la sensibilité, le parfum des convenances tout autant que l’excentricité de Vita Sackville-West !
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Haute société

Evelyn Jarrold est une veuve de 40 ans évoluant dans la haute société anglaise. Son mari est décédé au front en 1916 la laissant, avec leur fils, aux bons soins de la famille Jarrold. Evelyn reste très attachée à la famille de son mari qui lui permet de vivre dans le luxe et l'oisiveté. C'est une femme belle, légère et sophistiquée. Elle se sent libre de vivre au gré de ses envies, de ses fantaisies frivoles. Lors d'une soirée, elle fait la connaissance de Miles Vane-Merrick. C'est un jeune homme de 25 ans, député réformiste et extrêmement ambitieux. Evelyn et Miles vivent dans des mondes, des conventions opposés. Malgré cela ils tombent amoureux l'un de l'autre.



Vita Sackville-West, l'“Orlando” de Viginia Woolf, jette un oeil critique sur l'aristocratie et la bourgeoisie anglaises. Cette haute société semble vouée aux loisirs, à l'oisiveté totale. Elle a des préoccupations bien éloignées de la réalité : les bals, les toilettes, les intérieurs luxueux, les héritages, l'étiquette … Vita Sackville-West nous en donne une description très ironique par la voix de Ruth Jarrold, la nièce d'Evelyn : “A coup sûr, pensa-t-elle, la haute société anglaise (une expression horrible, mais il fallait bien l'utiliser !) était la plus décorative de la terre. On eût dit que, depuis des générations, ils avaient été bien nourris, bien protégés, bien entraînés aux sports et persuadés qu'ils n'avaient pas d'égaux. Les regarder était fascinant. Ils avaient la beauté et la distinction des animaux de pure race. Les jeunes gens possédaient l'élégance des lévriers, les jeunes femmes étaient semblables à des parterres de fleurs. Peu importait, se disait Ruth, que leur cervelle ne fût pas plus grosse que celle d'un lévrier du moment que leur corps en évoquait la grâce !” Un monde brillant, étincelant mais parfaitement vain.



Evelyn évolue dans ce monde comme un poisson dans l'eau. Son mode de vie, ses aspirations, ses goûts correspondent totalement à la luxueuse insouciance de cette classe sociale. Mais son mode de vie est remis en cause par son amour pour Miles Vane-Merrick. Ce dernier n'est en rien futile. Il veut réformer la société, aider les classes ouvrières à améliorer leur vie, il préfère la campagne à la clinquante ville. Son ambition le pousse à travailler sans relâche, peu de place est disponible pour les sentiments. Malgré la différence d'âge, d'intérêt et de mode de vie, Evelyn et Miles s'aiment passionnément. Mais ce n'est pas une histoire à l'eau de rose que nous conte Vita Sackville-West. Evelyn est déchirée entre sa fidélité à la famille Jarrold et son amour pour Miles. Une telle liaison n'est pas acceptable pour les Jarrold : Miles est trop jeune, trop réformateur. Evelyn doit choisir de s'émanciper de la coupe des Jarrold ou de quitter Miles. Un choix bien cruel pour une femme qui se croyait libre. Evelyn réalise alors ce qu'est sa vie : une cage dorée de laquelle il est difficile de partir. Les femmes, même de la haute société, sont encore bien contraintes par leur milieu et Evelyn en fait l'amère découverte. Au fur et à mesure des pages, j'ai été touchée par cette femme qui ouvre les yeux sur le monde qui l'entoure. L'histoire d'Evelyn est douloureuse, cruelle. La sincérité de ses sentiments lui coûtera très cher.



Vita Sackville-West nous présente avec beaucoup de lucidité un monde creux n'existant que pour l'apparence. Mais c'est aussi un monde sans pitié : jugeant, condamnant ceux qui ont le malheur de vouloir s'en émanciper. “Haute société” est à la fois une critique sociétale et une tragique histoire d'amour. C'est avec un style élégant et une grande finesse que Vita Sackville-West nous entraîne dans le monde d'Evelyn Jarrold. L'admiration de Virginia Woolf pour Vita n'était pas usurpée.
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Toute passion abolie

Un petit livre léger et délicieux sur la vieillesse mais aussi l'art d'envoyer gentiment promener les contraintes de sa famille et de la "bonne société". Comment une vieille dame à la fin de sa vie se rebelle contre le carcan social dans lequel elle s'est trouvée enfermée auprès d'un mari "politiquement correct" diplomate dans les pays du Commonwealth.



Lady Slane, âgée de 88 ans, vient de perdre son mari à qui elle a dédié toute sa vie. Contre toute attente et surtout contre l'avis de ses enfants, elle décide de prendre sa vie en main en refusant les solutions trouvées pour elle par ces derniers qui avaient prévu de faire leur BA en la prenant chez eux à tour de rôle. Elle va enfin vivre pour elle et non pour les autres en s'installant dans une petite maison dans le quartier de Hampstead avec sa fidèle servante française Genoux. Elle avait repéré cette petite maison coquette, des années auparavant avant de pouvoir enfin la louer à ce vieil homme, propriétaire exigeant qui attendait une locataire à la hauteur de sa demeure. "Allez-vous lui plaire ?" lui dira-t-il en parlant de sa maison, déjà un peu amoureux de cette vieille dame élégante et discrète. Aussitôt dit, aussitôt fait, Lady Slane emménage grâce à la diligence de Mr Gosheron, entrepreneur et ami du propriétaire, les deux hommes n'ayant de cesse de veiller sur la tranquillité de cette si charmante locataire.



A la fin de cette vie bien remplie, au diable les contraintes ! Il faut dire que Lady Slane avait un rêve depuis son adolescence et des aspirations d'une autre époque, surtout pour une femme : devenir peintre. "Ainsi pendant des mois avait-elle vécu intensément, secrètement, se préparant avec soin sans jamais poser un pinceau sur une toile, et se contentant de rêver à son oeuvre future." Mais sa vie sera toute autre, accaparée par ses obligations sociales et familiales d'épouse, de mère et de membre de la haute société. Alors maintenant, elle estime qu'elle a mérité un peu de repos et de calme, loin de toutes les petites mesquineries de sa famille.



J'ai beaucoup aimé ce livre au charme désuet mais au ton caustique et ironique qui critique la haute société pour laquelle il faut avant tout savoir sauver les apparences. Il faut voir comment Lady Slane fait le ménage parmi ses enfants et petits enfants, qu'elle ne souhaite pas spécialement recevoir chez elle ; ou comment elle va distribuer une fortune léguée à la mort d'un ancien admirateur, aux musées et aux bonnes oeuvres au grand désarroi de sa famille qui se voyait déjà propriétaire de cet argent tombé du ciel.



Le style est joliment troussé et l'art de dire les choses sans en avoir l'air, largement mis en avant à travers les petites piques qui ponctuent le récit. Mais je préfère laisser le mot de la fin à Mr Gosheron, son vieil ami. "Sa Seigneurie fera un beau cadavre" dit-il à Mr Bucktrout. Les deux amis avaient décidé d'ignorer Carrie. "Quand on est beau dans la vie, on l'est dans la mort, c'est ce que j'ai toujours dit poursuivi Mr Gosheron. C'est étonnant comme la mort permet à la beauté de s'exprimer."
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Toute passion abolie

Le nom de Vita Sackville-West m'était connu en tant que conceptrice du fameux jardin blanc de Sissinghurst et aussi associé à l'époque littéraire britannique de Virginia Woolf. Je connaissais quelques grands traits percutants de son histoire personnelle et de son audace. Je savais qu'elle avait écrit; je viens de découvrir l'un de ses romans, celui qui fut et est toujours considéré comme le plus abouti.



Le cadre de vie :première partie du vingtième siècle avec des relents du dix-neuvième qui perdurent dans un milieu artistocratique anglais.



Les personnages : Lady Slane, 88 ans. Genoux, sa gouvernante depuis plus de soixante ans. Ses enfants (déjà d'un certain âge), des petits et arrière-petits enfants; le propriétaire et gérant de Hampstead; le menuisier; le mystérieux M. FitzGeorge.



L'action : Lady Slane, devenue veuve, prend pour la première fois ses propres décisions et décide de s'installer librement dans la maison rêvée entrevue il y a de nombreuses années à Hampstead. Les jours qui lui restent à vivre s'écouleront enfin paisibles uniquement nourris des relations qu'elle admet, relations vraies sans le spectre de la compétition, de la réussite sociale et de l'argent. Devenue elle-même, Lady Slane se laissera aller au vertige du passé, à l'introspection et pour la première fois, sans regrets, comprendra la distance entre la vie imposée et la vraie vie. Les récompenses seront au nombre de deux : l'amour de M. FitzGeorge qui révélera la densité de ce qu'aurait pu être une relation amoureuse entre deux êtres respectueux reconnaissant à l'autre le droit d'être et l'arrière-petite fille, projection d'elle-même, qui pourra dépasser préjugés et milieu afin de se réaliser et non de réaliser ce que les autres projettent pour elle. L'amitié vraie des vieux messieurs désintéressés mettra du baume au coeur face à l'égoïsme, l'arrivisme, la froideur des enfants.



Ce que j'en pense : roman délicieusement désuet mais qui remue lorsqu'on re/découvre ce que fut la condition féminine jusqu'il n'y a pas si longtemps. "Elevées comme des saintes, on les livre comme des pouliches" a dit George Sand. Cette phrase a trotté dans ma tête tout au long de la lecture. L'homme "propriétaire" d'une femme comme d'une maison, d'une écurie, etc... voilà de quoi sentir la nausée monter... et se dire que dans certains endroits du monde, l'histoire se répète, encore plus tragique... Telles sont les considérations qui peuvent monter lors de cet écrit qui est pourtant sage, un peu nostalgique, carrément d'un autre temps. Sa modernité ne réside que dans ces réflexions et le rend intéressant en tant que témoignage de l' histoire sociale féminine.



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Toute passion abolie

Dans sa nouvelle vie, dont elle a banni enfants, petits-enfants, arrière-petits-enfants et tout ce qui la relie encore à sa vie passée de mère, de vice-reine des Indes, d'ambassadrice ou d'épouse de Premier ministre, à l'exception de la vieille servante qui l'accompagne depuis son mariage, lady Slane, 88 ans, n'admet plus que trois personnes : l'excentrique propriétaire de la maison qu'elle loue, un artisan qui n'enlève jamais son chapeau et un non moins excentrique collectionneur d'art autrefois croisé en Inde sur une terrasse ensoleillée.

Dans cet univers choisi, lady Slane redevient Deborah Lee, la personne qu'elle était avant que le mariage, les honneurs et les devoirs ne la piègent comme une mouche au centre d'une toile d'araignée, la personne qu'elle n'a jamais cessé d'être en silence pendant sept longues décennies. Enfin libre et heureuse, elle se souvient, avec plaisir ou amertume selon les réminiscences, de la jeune fille qui voulait devenir peintre et de la femme qu'elle fut finalement une fois « [livrée] au service de l'Homme », de l'Empire et de ses propres enfants.



Un roman aigre-doux, qui commence comme une comédie très britannique pour se transformer au fil des chapitres en une réflexion pleine de nuances et de pudeur sur les choix, les contraintes et leurs conséquences, ce que nous sommes et ce que nos destins nous obligent à montrer, le détachement et l'affranchissement que permet enfin la vieillesse, l'approche de la mort…



Bien plus riche et complexe que pourrait le laisser supposer le résumé. Sous son apparence légère et poétique, Toute passion abolie est un petit chef d'oeuvre d'introspection.
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Plus jamais d'invités !

Editée par Virginia Woolf dont elle était l'amie intime, Vita Sackville-West dresse ici le portrait sans concession d'une bourgeoisie corsetée dans les apparences et respectueuse des codes sociaux jusqu'à ce qu'un drame fasse éclater le cadre contraignant qu'elle s'est imposée.

Rose et Walter invitent quelques familiers dans leur vaste domaine d'Anstey pour le week-end de Pâques. Tout devrait se passer au mieux car il fait beau et les invités sont ravis d'être là. Mais un fossé infranchissable s'est creusé dans le couple et Walter n'éprouve vraiment de l'affection que pour Svend son berger allemand.

Lucy la soeur de Rose et son mari Dick, ne peuvent que constater qu'ils n'appartiennent vraiment pas au même monde. Juliet l'amie de Rose a de gros problèmes avec son fils , compromis dans une sale affaire.

Gilbert le frère de Walter décide quant à lui d'intervenir de façon radicale pour sauver le mariage de son frère...

Au cours de ce long week-end les protagonistes échangent entre eux des propos qui sont loin de briller par leur naturel , dans des dialogues diablement ampoulés .

Une farce cruelle mise au point par Gilbert fait vaciller l'indéboulonnable Walter et puis finalement la maison prend feu...

Vraiment il y a peu d'épaisseur psychologique dans ces personnages taillés à l'emporte pièce. La relation entre les frères Walter et Gilbert m'a paru particulièrement toxique. Gilbert ne chercherait il pas finalement à se venger de ne pas pouvoir posséder la belle Rose ? On ne sait pas ce qui se passe à la fin mais en ce qui me concerne, à la place de Walter, je pense que j'en serai venue aux mains (ou plutôt aux poings) pour casser la figure de Gilbert ....

Ce court roman se lit vite ce qui éviter au lecteur de sombrer dans l'ennui mais il n'entraine guère l'adhésion tant le monde décrit parait "hors sol" par rapport aux "vrais gens" et à l'époque où elle se déroule c'est à dire les années 50.

Je doute qu'un auteur puisse passer à la postérité avec un tel livre mais peut-être que sa poésie est fabuleuse et que l'art des jardins dans lequel elle était passée maîtresse suscite encore des admirateurs... sans parler de son parcours personnel hors norme ....
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Journal de mon jardin

Ce roman m'a fortement rappelé Mes Favorites de Vita Sackville-West (que j'ai chroniqué ici il y a quelques semaines), pour le côté balade dans un jardin anglais et discussion sur les fleurs en compagnie d'une passionnée de nature et de jardins. Cependant j'ai trouvé Journal de mon jardin un peu moins accessible que Mes Favorites dans le sens où il est plus orienté "livre de jardinage" et plus pointu au niveau des informations : on a pas mal d'infos très détaillées sur quand planter telle ou telle variété, dans quel sol... Sans compter de longues listes où l'autrice détaille les différentes variétés d'une même fleur, en indiquant lesquelles ont sa préférence et pourquoi. Ça n'est pas inintéressant ou barbant à lire, mais je pense que je conseillerais plus facilement Mes Favorites que Journal de mon jardin à quelqu'un qui voudrait découvrir la Vita passionnée de jardinage (sauf si cette personne possède elle aussi un jardin, auquel cas je pense que l'aspect très technique peut l'intéresser et je serais même curieuse de savoir si les conseils donnés ici sont efficaces).



Journal de mon jardin reste tout de même une très belle balade dans un jardin anglais pour le néophyte : c'est très agréable de découvrir au fil des mois et des saisons les différentes espèces de fleurs et de plantes que Vita Sackville-West choisit pour son jardin, de lire les descriptions parfois très poétiques de ses espèces favorites... On le referme avec une forte envie d'aller se balader dans les jardins de Sissinghurst avec ce livre en main !
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Toute passion abolie

Ce court roman aux accents mélancoliques, mais malicieux aussi, fait partie de ces livres que l’on prend plaisir à lire et à relire à différentes périodes de sa vie. La plume de Vita Sackville-West (une découverte pour moi) est une merveille d’élégance et son regard sur la place des femmes, l’ambition humaine et la vieillesse est d’une grande modernité. En quelques lignes, Vita Sackville-West résume par exemple merveilleusement le dilemme qui peut assaillir les femmes et mères de famille tiraillées entre leurs aspirations personnelles, les injonctions sociales et leur amour pour leurs proches. Toute passion abolie n’est pas pour autant un pamphlet féministe et Lady Slane comme ses nouveaux amis ont un recul délicieux, ironique et plein de sagesse sur la vie. Il est rare de lire une vision aussi sereine de cette période si particulière qu’est le très grand âge et j’ai trouvé ça particulièrement rafraîchissant.
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Le Diable à Westease

C’est un paradoxe, alors que je la trouvant trop flegmatique et parfois un peu ″cul-serré ‶ je suis assez peu réceptive à la littérature anglaise, je recherche toujours Le livre qui va tout changer.

Ce ne sera pas avec Vita Sackville-West que j’y parviendrai ; dommage.

Nous sommes à la fin de la seconde guerre mondiale, Roger Liddiard, le narrateur, romancier de son état tombe amoureux d’une belle demeure de la campagne anglaise. Il l’acquiert et s’y installe afin de se consacrer à l’écriture. Il fait la connaissance des voisins, et notamment le révérend et sa charmante fille dont il va tomber amoureux.

On retrouve le révérend mort. Roger mène l’enquête….

Je me suis dit : chic ! un polar à l’anglaise…. Et je m’y suis un peu ennuyée, avec la ferme impression de faire du surplace et d’être devant des personnages s’écoutant parler. Très british, me direz-vous !

Bref, l’affaire n’a pas été très concluante ; mais c’est promis, j’essaierai à nouveau du côté des anglais….


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Correspondance 1923-1941

J'ai vu le film Vita et Virginia (ou l'inverse), et j'en ai été globalement déçue. Mais il y avait malgré tout dans ce film des extraits de leur correspondance qui m'ont donné envie de les lire directement, dans le texte.

Et cette fois, je n'ai pas été déçue. Toute la passion, la délicatesse et l'intelligence des deux femmes, qui (et c'est juste mon avis évidemment) représentaient l'essentiel de l'échec du film, sont ici présents.
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Toute passion abolie

Un magnifique livre de sagesse sur la vie, la jeunesse, la mort, la vieillesse et le fascinant flux interrompu, incessant et complexe de la vie.

L'auteur met certes l'accent sur le jeu des apparences sociales typiques de la société anglaise et de ses classes mais ce qu im'a touché le plus est la scène finale où l'héroïne aide son arrière-petite fille à faire un choix opposé à celuii qu'elle a fait, sans regret ni remords pourtant pour la vie qu'elle a choisi.

Un livre porteur d'une grande sérénité.
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L'héritier : Une histoire d'amour

A la mort de sa tante Phillidia, Peregrine Chase hérite du domaine de Blackboys. Le timide jeune homme qui occupe un emploi modeste à Londres n'a guère d'attirance pour la campagne anglaise. Cerise sur le gâteau, sa tante a accumulé les dettes. Le notaire chargé de la succession Mr. Nutley ne lui donne qu'un seul qu'un seul conseil: tout vendre rapidement lors d' une mise aux enchères.



Si la propriété requiert de nombreux travaux, le jardin est luxuriant car Miss Phillidia s'en occupait avec amour et dévotion. Venu à Blackboys, Peregrine est mal à l'aise et le notaire s'en délecte. Le jeune homme se contente de sa vie routinière et insatisfaisante sur beaucoup de points. Néanmoins, il veut découvrir le domaine dont il hérite. Touché par la beauté simple et pure de la nature qu'il découvre, une métamorphose s'opère. L'homme timoré qu'il était devient confiant, audacieux et il envisage sa vie sous un autre jour alors que la vente approche.



Avec finesse, Vita Sackville-West sonde la nature humaine tout comme elle décrit à merveille la fascination magnétique de la nature et la transformation de son personnage. Entre poésie et ironie, ce roman élégant au charme suranné est absolument délicieux.

Seul petit bémol, j'ai trouvé la fin un peu vite expédiée mais comme l'écriture de Vita Sackville-West m'a charmée, je compte bien lire d'autres romans de cette auteure.
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