Depuis ma rencontre avec Virginia Woolf grâce à la lecture d'Une chambre à soi, j'ai pour elle une attirance que je n'arrive pas toujours à expliquer, même à moi-même. J'ai lu plusieurs de ses livres (et il m'en reste encore à découvrir) et à chaque fois c'est une admiration pour l'écriture, sa beauté, sa précision et la recherche du mot juste et également un univers très différent dans chacun de ses récits même si on y retrouve toujours un petit "parfum" commun.....
Alors je me faisais une joie d'avoir sur mes étagères cette bibliographie de Viviane Forrester que l'on m'avait vivement conseillée, que j'avais trouvé dans un désherbage de bibliothèque et j'en ressors très partagée.
En effet sur le fond j'ai découvert des facettes de cette écrivaine auxquelles je ne m'attendais pas (et là l'auteure n'y est pour rien) comme sa haine des juifs et quel couple elle formait avec son mari, Leonard, qui, même si je savais que le couple avait une relation assez particulière, faite de respect, d'amitié mais pas forcément d'amour dans tous les sens du terme, j'ai trouvé cette partie de l'ouvrage assez violente et à charge. Certes elle dévoile un Leonard assez sombre, menteur et manipulateur dès le début de leur mariage et il y sûrement une part de colère de la part de Viviane Forrester devant l'injustice faite à l'écrivaine anglaise et pour rétablir les faits avec force arguments. On se demande d'ailleurs comment le couple a pu rester soudé pendant plus de 20 ans.
Mais finalement il s'agissait plus d'un mariage de raison pour les deux parties plus que d'amour. Viviane Forrester débute sa biographie avec ces points capitaux pour elle et qui auraient en partie jouer dans le mal-être et peut-être son suicide de l'écrivaine (entre autres).
Viviane Forrester retrace ensuite son enfance marquée par les deuils successifs, les agressions sexuelles, puis sa vie dans le groupe de Bloomsbury où elle a sûrement passé ses plus belles années laissant libre cours à sa créativité, son originalité, à son humour et ses relations amicales avant de rentrer dans le rang en se mariant. Elle termine son ouvrage en évoquant une autre piste sur les raisons de son suicide.
Venons-en à la forme du récit ...... J'ai eu beaucoup de mal avec l'écriture de Viviane Forrester. Une écriture alternant les styles, parfois fluide, parfois plus "hachée" avec laquelle elle fait de nombreux aller-retours qui peuvent être nécessaires pour comprendre les implications psychologiques de certains événements dans la vie et l'œuvre de Virginia Woolf, des redites nombreuses sur certains faits, certes importants mais qui alourdissent la lecture. J'ai aimé découvrir tout ce qu'il y a de personnel dans certaines de ses romans comme Vers le phare mais aussi Orlando, Mrs Dalloway ou Trois Guinées, les romans que j'ai lus jusqu'à maintenant.
Une écriture à charge, violente parfois dans le comportement de Leonard, sur la manière dont il entourait sa femme, assurant la protéger mais lui ôtant toute autonomie et liberté. J'avais déjà eu des soupçons sur son rôle à travers le Journal d'un écrivain, car légataire de son œuvre, il a créé un mythe et a laissé que ce qu'il souhaita qu'il restât, ayant sélectionné ce qu'il voulait qu'on sache, de savoir qui était vraiment Virginia Woolf.
Ici la biographe "casse" l'image que l'on peut avoir du couple, du tempérament de chacun, de ses réactions et comment Leonard à soumis son épouse, les blessures morales ou psychologiques infligées à celle-ci et comment l'image que l'on attribue à cette écrivaine peut être tout autre, surtout quand on évoque ses amitiés et sa vie au sein de groupe de Bloomsbury.
Pour résumer j'ai trouvé parfois que l'ensemble était brouillon, me perdant dans les relations amicales, extra-conjugales certes très nombreuses et parfois collatérales entre les couples, ami(e)s et autres. Ayant déjà lu beaucoup sur elle, j'en connaissais beaucoup comme la complicité qui unissait Virginia à sa sœur Vanessa, teintée parfois de jalousie et de non-dits.
Qui était Virginia vraiment ? Des suppositions, des pistes, mais une femme dont on connaîtra peut-être jamais la vraie personnalité, ses troubles et surtout leurs origines et comment ne pas penser que toute personne ayant traversé de telles épreuves en ressorte indemne. Folie, peur, mélancolie finalement peut-être un peu de tout cela mais cela ne m'empêche pas de lui garder toute mon admiration, comme d'ailleurs Viviane Forrester, pour la qualité de son écriture, ses combats (le féminisme en autres) et également pour la femme qui se cachait derrière ce visage mélancolique mais qui a été également une femme forte de ses convictions, de ses choix amoureux et littéraires.
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