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Citations de Walter Benjamin (500)


La foule fait naître en l'homme qui s'y abandonne une sorte d'ivresse qui s'accompagne d'illusions très particulières, de sorte qu'il se flatte, en voyant le passant emporté dans la foule, de l'avoir, d'après son extérieur, classé, reconnu dans tous les replis de son âme.
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Les collectionneurs sont des individus pourvus d'instinct tactique; d'après leur expérience, lorsqu'ils conquièrent une ville étrangère, le magasins de livres anciens le plus minuscule peut signifier un fort,
la papeterie la plus éloignée une position clé. Combien de villes ne se sont elles pas ouvertes devant moi
au cours des marches avec lesquelles je partais à la conquêtes de livres.
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"Dans l'obscurité"

Car il y avait une question qui, dans l'obscurité, montait en moi, je crois aujourd'hui qu'elle était l'autre côté, le côté non brillant de la peur qui s'était emparée de moi dans la lumière de la lune.
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Aucune ville n'est liée aussi intimement au livre que Paris.
Si Giraudoux a raison quand il dit que l'homme a le plus haut sentiment de liberté en flânant le long d'un fleuve, la flânerie la plus achevée, par conséquent la plus heureuse, conduit ici encore vers le livre, et dans le livre. Car depuis des siècles le lierre des feuilles savantes s'est attaché sur les quais de la Seine : Paris est la grande salle de lecture d'une bibliothèque que traverse la Seine.
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VIII
[…] Raconter des histoires est en effet toujours l’art de les re-raconter, et cet art se perd quand les histoires ne sont plus conservées. Il se perd parce qu’on ne tisse plus et qu’on ne file plus en les écoutant. Plus l’auditeur est dans un état d’oubli de soi, plus ce qu’il écoute s’imprime profondément en lui. Quand il est pris par le rythme du travail, il écoute alors les histoires d’une façon telle que le don de les raconter lui échoit naturellement. C’est ainsi qu’est faite la maille de la toile où repose le don de raconter. C’est ainsi qu’elle se défait aujourd’hui de toute part après s’être nouée il y a des milliers d’années dans le cadre des formes les plus anciennes de l’artisanat.
     
IX
[…] Le tableau spirituel de cette sphère artisanale d’où provient le conteur n’a peut-être jamais été peint d’une façon aussi significative que par Paul Valéry. Il parle des choses parfaites de la nature, des perles immaculées, de vignes pleines et bien mûries, de créatures vraiment développées et il les nomme ‘‘l’oeuvre précieuse d’une chaîne de causes semblables’’. »* L’accumulation de causes de ce genre n’atteint sa limite temporelle qu’avec la perfection. « L’homme jadis imitait cette patience. Enluminures ; ivoires profondément refouillés, pierres dures parfaitement polies et nettement gravées ; laques et peintures obtenues par la superposition d’une quantité de couches minces et translucides […] – toutes ces productions d’une industrie opiniâtre et vertueuse ne se font guère plus, et le temps est passé où le temps ne comptait pas. L’homme aujourd’hui ne cultive point ce qui ne peut point s’abréger. »* De ce fait, il est parvenu à abréger même le récit. Nous avons vécu le devenir de la short story qui s’est dégagée de la tradition orale et n’a plus permis cette lente superposition de couches fines et transparentes – superposition qui fournit l’image la plus exacte du mode par lequel vient au jour le récit parfait en traversant les couches des nombreuses réitérations de sa narration.
     
     
¨*Paul Valéry, « Les broderies de Marie Monnier », Pièces sur l’art, in Oeuvres, tome II, Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1960, p. 1244.
     
     
LE CONTEUR – 1936
     
Notes de la Préface d’Elise Pestre : « La première version de l’essai de Benjamin a été publiée sous le titre Der Erzähler par le directeur de la revue, Fritz Lieb. Les traductions françaises de ce titre oscillent entre les termes « conteur » et « narrateur » (dans la version traduite par Benjamin lui-même et parue en 1952 dans le Mercure de France). Cette seconde dénomination implique une dimension interne au discours, représentant en quelque sorte l’auteur dans le récit. Le « conteur » exprime surtout l’idée de récits d’histoires imaginaires, définition qui se rapproche davantage du sens que lui confère Benjamin. »
     
(Traduit de l’allemand par Cédric Cohen Skalli | p. 70, 73-4)
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Grâce à l’affection, l’homme se délie de la passion.
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[Proust] est pénétré de cette vérité que les vrais drames de l’existence qui nous est destinée, nous n’avons pas le temps de les vivre. C’est cela qui nous fait vieillir. Rien d’autre. Les rides et les plis du visage sont les marques des grandes passions, des vices, des prises de conscience qui sont venus nous trouver –mais nous, les maîtres du logis, nous étions absents.
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Tout langage se communique en lui-même, il est, au sens le plus pur du terme, le « médium » de la communication.
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Walter Benjamin
On dirait qu’une faculté qui nous semblait inaliénable, la mieux assurée de toutes nous fait maintenant défaut : la faculté d’échanger nos expériences. […] Ne s’est-on pas aperçu à l’armistice, que les gens revenaient muets du front ? non pas enrichis mais appauvris en expérience communicable.
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Tout homme d'aujourd'hui peut prétendre à être filmé.
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La "réclame" se trouve au début d'une évolution (...).
Il est difficile d'écrire l'histoire de l'information en la séparant de celle de la corruption de la presse.
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Colufichets à vendre

Lorsqu'un ami estimé, cultivé et élégant m'adressa son nouveau livre, je me surpris, alors que j'allais l'ouvrir, à réajuster ma cravate.

( Allia, 2023, p.57 )
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Walter Benjamin
La puissance synthétique de l'expression arrachée au modèle par la longue pose, est la raison principale qui fait de ces images, lumineuses dans leur modestie, des œuvres au charme profond et durable, comme celui d'un portrait bien dessiné ou bien peint, et que ne possèdent pas les photographies récentes.

[Poésie et révolution]
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L'appel à la vie onirique, devrait-on se demander n'est-il pas plutôt un signal de détresse ? Ne montre-t-il pas moins le chemin du retour vers la terre mère qu'il ne révèle que des obstacles l'ont déjà différé ?
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A partir de 1927 probablement, Benjamin médite un grand travail sur le XIXe siècle dans la perspective d’une philosophie de l’histoire. L’œuvre, inachevée, devait s’appeler Les passages. Il s’agit pour notre penseur d’établir une généalogie du fétichisme de la marchandise, en rassemblant un catalogue des fantasmagories du XIXe siècle : Fourier ou les passages, Daguerre ou les panoramas, Granville ou les expositions universelles, Louis-Philippe ou l’intérieur, Baudelaire ou les rues de Paris, Haussmann ou les barricades. Il montre comment les formes d’organisation et d’expression sociales et culturelles du XIXe siècle sont fondamentalement défigurées, dans toutes leurs manifestations, par la constitution de la société industrielle.
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Que vaut en effet tout ce patrimoine culturel s’il n’est pas lié pour nous justement à l’expérience ? Le méli-mélo des styles et visions du monde au siècle passé nous a rendu trop évident où ce patrimoine peut conduire quand l’expérience est feinte ou accaparée pour ne pas attribuer une valeur au fait de reconnaître notre pauvreté. Oui, avouons-le : cette pauvreté d’expérience ne concerne pas seulement nos expériences privées, mais aussi celles de l’humanité en général. Et c’est en cela une forme nouvelle de barbarie.
Barbarie ? En effet. Nous disons cela pour introduire un concept nouveau et positif de barbarie. Car la pauvreté d’expérience, où mène-t-elle le barbare ? Elle le mène à recommencer à nouveau, s’en sortir un peu, reconstruire avec peu, sans regarder ni à droite, ni à gauche. […]
Et c’est ce même acte de recommencer depuis le début que les artistes avaient à l’esprit, quand, comme les cubistes, ils ont suivi l’exemple des mathématiques et ont construit le monde à partir de formes stéréométriques, ou bien quand, comme Klee, ils se sont appuyés sur l’exemple des ingénieurs. Car les figures de Klee semblent ébauchées sur la planche à dessin, et, de même qu’une bonne voiture obéit avant tout aux nécessités du moteur, y compris dans sa carrosserie, elles obéissent avant tout, dans l’expression de leurs mines, à l’intérieur. À l’intérieur plus qu’à l’intériorité : c’est ce qui les rend barbares.
     
     
EXPÉRIENCE ET PAUVRETÉ – 7 décembre 1933
(Première publication dans la revue Die Welt im Wort).
     
Notes de la Préface d’Elise Pestre : Avec l’avènement d’une technique extraordinaire qui a décharné les corps et les âmes de « l’humanité en général », cette nouvelle forme de guerre industrielle a considérablement appauvri les gens en « expériences communicables ».
C’est le monde dans sa totalité qui a été défiguré, donnant naissance à une nouvelle barbarie. Pourtant, cette barbarie évoquée par l’intellectuel n’est pas seulement négative. Faisant « table rase », recommençant « tout au début », elle possède des aspects positifs. Benjamin semble revendiquer « deux manières d’être barbare : l’une qui appelle le désastre, l’autre qui le conjure » * Bruno Tackels, Walter Benjamin. Une vie dans les textes, Actes Sud, 2009.
     
(Traduit de l’allemand par Cédric Cohen Skalli | p. 40-42)
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***** EXTRAIT DE LA PREFACE *******

Anticapitaliste , anarchiste et précurseur de la décroissance , tel fut aussi Walter Benjamin . On retrouve chez lui plusieurs thèmes chers aux décroissants : une critique de l'idéologie du progrès , une critique de la marchandise , un éloge du flâneur , figure romantique de la résistance à la pression de l'accélération , à l'impératif de vitesse induit par le capitalisme .
Mais c'est sa critique radicale de l'économie , autre point de proximité avec la pensée décroissante qui va surtout nous intéresser ici , autour de 5 textes rédigés entre 1920 et 1939 : deux écrits théoriques , " Le capitalisme comme religion " et " Fragments théologico-politiques "; Une chronique berlinoise , " Panorama impérial " , et deux critiques littéraires , " Gottfried Keller " et " Sur Scheerbart " .
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Le capitalisme est probablement le premier exemple d'un culte qui n'est pas expiatoire mais culpabilisant. Ce système religieux est entraîné ici même dans un mouvement monstrueux. Une conscience monstrueusement coupable qui ne sait pas expier se saisit du culte, non pas afin d'expier en lui cette culpabilité mais d'en faire une culpabilité universelle, d'en saturer la conscience (...). Il tient à l'essence même de ce mouvement religieux qu'est le capitalisme de persévérer jusqu'à la fin (...) , jusqu'à ce que soit atteint un état universel de désespoir. L'inouï du capitalisme sur le plan historique réside dans le fait que la religion n'est plus réforme de l'être mais sa dévastation. (Walter Benjamin - 1921)
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L’important, dans le roman, ce n’est donc pas qu’il nous instruit en nous présentant un destin étranger, mais que ce destin étranger, par la flamme qui le consume, nous procure une chaleur que nous ne trouverions jamais dans notre propre vie. Ce qui attire le lecteur vers le roman, c’est l’espérance de réchauffer sa vie transie à la flamme d’une mort dont il lit le récit.
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Le décisif n’est pas la progression de connaissance en connaissance, mais la fêlure à l’intérieur de chacune d’elles.
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