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Critiques de William Riley Burnett (84)
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Underworld

      La collection Gallimard Quarto publie des anthologies des grands auteurs de romans policiers de la grande époque (de notre Série Noire!)  Les cadors: Dashiell Hammett, Raymond Chandler, Chester Himes.... et ici, William Burnett que je connaissais beaucoup moins bien, et pourtant! Scénariste pour Hollywood pendant des décennies, il a collaboré à presque tout les westerns et films de gangsters des prestigieuses décennies 30/50. En 1931, son premier grand succès, Little Caesar, est porté à l'écran par Mervyn LeRoy avec Edward G. Robinson. En 1941, High Sierra, de Raoul Walsh avec Humphrey Bogart.... 

      Dans le présent volume, la trilogie: The Asphalt Jungle (Quand la ville dort) qui a été mis en scène par John Huston, avec Sterling Hayden; Little Men, Big World (Rien dans les manches) et Vanity Row (Donnant donnant), ainsi que Underdog et The cool man, avec une étude chronologique approfondie du travail de Burnett et des extraits de son journal.

      Evidemment, tout ceci est assez daté, bien loin du gore qu'est devenue la littérature policière. C'est la ville, la grande ville autour de son fleuve, gangrenée par la corruption, c'est un milieu politique pourri dont les frontières avec la pègre sont très floues.... Au milieu de cela, des malfrats irrésolus, au raisonnement limité voire délirant comme le héros d'Underdog, bien décrit par le titre (toujours fleuri) que la série Noire lui avait attribué: Tête de lard.... On est à hauteur des gangsters, et il est vrai qu'ils n'ont pas grand chose dans la tête, à part, gagner de l'argent facilement et ne pas se faire tuer, sortir avec une jolie petite poule.... Les dialogues sont populaires mais rarement grossiers, et ça manque souvent de dynamisme. Pour moi, cela n'a ni le tranchant d'Hammett, ni la vitalité de Chandler. Mais c'est toute une époque!
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Terreur apache

William R Burnett décrit avec maestria des hommes confrontés à de lourdes responsabilités, dans les contrées reculées du Far West, où les apaches ont déterré la hache de guerre.

Tous les travers de notre société contemporaine sont déjà là : les manigances politiciennes, la bassesse récompensée par des gratifications hiérarchiques, les rouages rouillés de l'administration, et face à l hypocrisie de la "bonne société", se dressent des hommes droits qui font abstraction de leur propre condition.

Comme toujours, c'est en période de crise que les hommes se révèlent !

Un Western passionnant qui donne envie de découvrir l'oeuvre de Burnett.

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Terreur apache

Un bon western à mon programme de lecture hivernal, indispensable non ? J'ai donc choisi de lire le roman de W.R Burnett, connu pour avoir écrit de nombreux romans et scénarios (dont celui de Scarface). Terreur Apache fut adapté au cinéma à deux reprises, l'une meilleure que l'autre. Je vous laisse lire la postface à ce sujet. Revenons à l'histoire : Walter Grein est un des plus célèbres éclaireurs de l'Ouest. Inspiré d'al Sieber, l'homme travaille pour le gouvernement afin de pister les renégats, ces Indiens qui quittent leurs réserves et menacent le fragile équilibre.



Walter se repose au Nouveau-Mexique, auprès de la jolie Bella lorsqu'il est appelé en urgence, le chef apache Toriano s'est enfuit de la réserve avec une dizaine d'hommes et il sème la terreur chez les fermiers des environs. Walter Grein accepte la mission, il sait que la paix est fragile – qu'à tout instant Toriano peut donner envie aux autres Apaches de faire de même. Washington s'inquiète – à cette époque charnière, en 1886, l'Ouest sauvage a presque disparu et sur la côte Est, on pense avoir réglé « l'affaire indienne » en leur octroyant des réserves. de plus, certaines voix se sont élevées pour leur réserver un traitement plus juste. le colonel Weybright reçoit donc Grein en compagnie de Busby, un agent envoyé directement de Washington D.C qui a en charge le Bureau des Affaires Indiennes. Il souhaite que Grein retrouve Toriano et l'invite à regagner pacifiquement la réserve. Grein lui rit au nez : il sait que l'Apache refusera. Ce sont, leur dit-il, des hommes foncièrement libres qui se moqueront de lui et riront de cette proposition.



(suite sur mon blog!)


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Rien dans les manches

Deuxième tome de la trilogie urbaine imaginée par William Riley Burnett, Rien dans les manches à sa manière bien à lui de prendre la suite. Pas tant en raccrochant les wagons avec Quand la ville dort (une ou deux allusions maximum) qu'en réinstaurant une mécanique semblable à ce prédécesseur. Si on parle de structure et de personnages (Reisman = Farbstein, Arky = Dix, Stark = Hardy), les deux romans sont très similaires. Nous sommes témoins d'une marche vers l'inéluctable, d'une époque qui se meurt et d'une confusion entre les bons et les méchants. Le précédent traçait une ligne de démarcation perceptible entre les deux camps, elle est maintenant indistincte, embrouillée, signe d'une corruption insidieuse et implantée...Noir c'est noir, il n'y a plus d'espoir ? Ça nous arrangerait bien. Mais la réalité décrite par Burnett est justement plus complexe. Après le simple coup organisé par les petites mains, nous voici catapulté dans de plus hautes sphères, d'un côté comme de l'autre. La corruption part peut-être d'en bas, mais c'est bien de là-haut qu'on l'entretient. Une leçon apprise par le Juge Creet (autre personnage ambivalent), ce qui donne au livre l'un de ses monologues les plus saisissants sur le caractère destructeur du succès.



La logique voudrait qu'on soutienne Thomas Stark, directeur des services de police fermement résolu à enrayer l'organisation criminelle. On le fait, de bonne grâce. En souhaitant très fort que Arky, collecteur pour "le Patron", passe entre les mailles du filet. Lecteur retourné. Mais est-ce vraiment une surprise ?

En pénétrant dans l'esprit des "bad guys" de Quand la ville dort, on entrait finalement en empathie avec. Rien dans les manches va un cran plus loin, jusqu'à la faire partager par son personnage de chevalier blanc (Stark), trop lucide pour ne pas établir une hiérarchie dans les menaces. Ni cynique ni résigné, l'état des lieux jeté sur ce bas monde est pragmatique. Il est question d'une nation cosmopolite où des pans entiers de citoyens sont marginalisés en raison de leurs origines (ex : Arky le "paysan" ou "les "Polaks"), tout comme les intègres sont évincés des postes cruciaux. Immigration, industrialisation et la corruption sont autant symptômes de décomposition d'un système social que de la régénérescence d'un nouveau, plus moderne mais obéissant aux mêmes vices de fabrication. Difficile d'espérer une résolution tranchée dans ces conditions puisque le mieux est bien souvent l'ennemi du bien.



Avec un tel parti pris, comment les ouvrages de Burnett ont-ils pu se retrouver affiliés au hard-boiled ? D'accord, on trouve beaucoup de dialogues et le rythme est soutenu. Par contre, il n'y pas beaucoup d'action à proprement parler. L'essentiel se concentre sur les personnages et leurs tourments intérieurs*, ce qui amène les récits vers une dimension plus sociologique. D'autant plus que dans la forme, l'auteur joue avec les échos, répétitions pour donner des accents tragédiens à ses romans noirs. L'écriture effeuille les icônes, n'en reste plus que des individus en proie à leurs émotions. De quoi déstabiliser les perceptions, d'autant que celles de nos "héros" sont sujettes à la contradiction. On pourrait parler du juge Greet, du préfet Stark, ou d'Arky. L'exemple le plus significatif sera pourtant le portrait du fils Byron tiré par Reisman, très éloigné de l'homme que nous rencontrerons quelques pages plus loin. C'est sur terrain que Burnett se rapproche effectivement de certains collègues, à son corps défendant (il désapprouvait les comparaisons avec Dashiell Hammett, par exemple). En poussant son lecteur à s'immerger sans se laisser submerger. Cette plongée n'est pas aussi populaire mais d'une qualité égale à Quand la ville dort.



*Il est à noter que la première version folio poche reprend la traduction "épurée" de l'édition Série Noire. À l'instar des premières éditions de Quand la ville dort, environ 15% de l'œuvre est passée aux oubliettes. Pourquoi donc ? En premier lieu, pour maintenir une ligne éditoriale stricte (254 pages maximum). Et - plus ironique - coller à l'esprit de sécheresse propre au hard-boiled américain. Une rigidité qui trouve sa limite, au delà d'un argot parfois anachronique. Outre de menues descriptions conférant une âme à cette ville jamais nommée, la plupart de ces passages inédits s'employaient à approfondir les personnages : la maladie qui assaille Reisman, les observations de Stark, la sensibilité d'Arky par rapport au bébé ou aux agriculteurs, la lucidité dans les rapports de force,...Cette dizaine de pages offraient plus de cœur et de subtilité à Little men Big World (traduit par Rien dans les manches...allez comprendre) mais tranchaient un peu trop avec les "conventions" du behaviorisme, alors que son auteur assumait une démarche un pied dedans un pied dehors. Ce qui explique leur effacement et affaiblit le roman d'une couche de nuances nécessaires pour créer de la tension/de l'affect. Si vous souhaitez vous jeter sur l'univers de Burnett, je vous conseille d'investir dans la nouvelle édition Folio Policier directement reprise du recueil Underworld, avec des traductions révisées et non-caviardées.
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Quand la ville dort

Voilà un roman dont la postérité a d'abord retenu son adaptation (sortie en 1950). John Huston derrière la caméra et une Marilyn Monroe qui la croque devant, ça se justifie. Le même Huston était déjà près d'accomplir ce prodige avec Le Faucon Maltais(1941) mais le classique signé Dashiell Hammett et sa transposition se tirent encore la bourre 80 ans plus tard. On efface pas Dash comme ça ! Et William Riley Burnett alors ? C'est plus compliqué. Avant de crier à l'injustice, il est bon de rappeler que l'écrivain et Hollywood ont entretenu une relation des plus fertiles. Le Scarface d'Howard Hawks, La Sentinelle du pacifique de John Farrow ou encore La Grande Évasion de John Sturges, tout ça c'est lui. Au total, il fut embauché sur une cinquantaine de projets, du début des années 30 jusqu'à la fin des années 60. Parfois, l'industrie du rêve vous donne exactement ce que vous en attendiez, un tremplin. L'atterrissage ne dépend plus d'elle ni de vous, mais des autres. Si on en juge d'après la réédition de Quand la ville dort ou le corpus Underworld regroupant 5 romans de Burnett, l'auteur conserve un attrait pour les spécialistes du noir à l'américaine. Pas au même titre qu'un Hammett ou Raymond Chandler mais néanmoins il semble avoir acquis une place un peu à part parmi les grands auteurs du genre. Et si on y regardait de plus près, avec son plus grand succès par exemple. Vous savez, l'ouvrage qui a été adapté en 1950...



Quand la ville dort est souvent classé parmi les "hard-boiled". Le sujet allié à cette concision caractéristique ne surprendront pas les amateurs du genre. L'approche de Burnett économise les longs segments descriptifs (la ville - jamais nommée - est un composite), mais elle se positionne autrement à l'exact opposé du behaviorisme, ouvrant une brèche au sein de ce "sous-genre". Ainsi, les réflexions, états d'âme ou sentiments intériorisés sont essentiels pour donner une forme particulière à ce récit classique, plus en adéquation avec un roman noir concentré. On débute avec des bribes dessinant quelques archétypes (le brigand hargneux, le bookmaker futile, l'avocat véreux) et progressivement le créateur lézarde cette vitrine. Derrière les paroles, on distingue un double-discours. En plein milieu de la façade, une faille. D'aucuns parleraient de faiblesse, je parlerai simplement d'humanité. Dashiell Hammett n'avait pas besoin de faire de la psychologie avec ses limiers, il disséminait les indices pour stimuler son lecteur à décoder leur monde et leurs valeurs. William R. Burnett offre lui une fenêtre ouverte sur l'esprit de personnages passés depuis longtemps du "mauvais côté". Sans les juger ni les racheter. Pourtant, on s'attache. La première moitié sert à introduire le casse puis à regarder l'équipe se former or les signes d'une fin de parcours est déjà prégnante. Vanité, orgueil, mélancolie ; un mélange hautement dangereux mais ô combien galvanisant pour quiconque aime suivre des perdants magnifiques. Tout cela débouche sur une dernière partie poignante où chacun se réconcilie avec son humanité (ses failles) et accepte l'issue.



Étonnamment, l'émotion perce et donne une allure Balzacienne à l'œuvre, modèle avoué de Burnett, auquel il a repris cet amour des métaphores. En jetant son dévolu sur ceux qu'on regardait à distance ou en biais, l'écrivain-scénariste les rapproche inexorablement d'une réalité sur laquelle personne n'a de réelle prise. "J’ai une idée assez claire des limites de l’humanité et des possibilités de la vie, qui ne sont très grandes pour personne" admettait-il à la fin de sa vie. Nulle trace de désespérance, l'illustration concise d'un regard lucide sur ce monde. Cet impitoyable flegme ne l'a cependant jamais empêché de faire passer un torrent de sensibilité. Après s'être attaqué à la figure du détective chère à Hammett, il n'est pas étonnant de retrouver le réalisateur John Huston accorder la même compassion aux gangsters de Burnett. D'un côté, la force inamovible d'un mythe sans âge, de l'autre le chant du cygne d'une espèce en bout de piste. Ce qui explique certainement l'écart de popularité entre l'un et l'autre, quand bien même les deux demeurent essentiels dans la littérature policière.
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Terreur apache

C’est un western âpre et sombre, plein de testostérone, qui suscite pendant la lecture pléthore de réminiscences filmiques.

Le cow-boy n’en est pas tout à fait un. Grein est éclaireur en chef, le meilleur de sa profession. C’est un homme taiseux, brutal, qui ne rit jamais, mais également droit et courageux. Il est peu aimé, notamment en raison du pouvoir, qu’on lui jalouse, qu’il a acquis auprès des Apaches, dont il parle la langue et est un fin connaisseur. Enfin ça, c’est si l’on se fie au récit, où il n’est question que du point de vue des blancs, et plus précisément de celui de Grein, qui les considèrent comme des barbares sanguinaires, incapables de pitié y compris envers les autres tribus ou envers les animaux, l’une de leur spécialité étant de maltraiter chiens et chevaux. A contrario, lui qui méprise l’instruction et les bureaucrates, reconnaît aux Apaches une incontestable sagesse, qui leur permet de s’adapter mieux que quiconque à la vie dans le désert.



Les Indiens, ce sont donc ces Apaches ou du moins une poignée d’entre eux, qui, suite à un conflit au sein de leur tribu, ont constitué une petite troupe de guerriers menée par Toriano, et pris la route du sud pour partir en guerre contre les blancs, menaçant de rompre la paix relative qui s’était finalement installée entre leur clan et l’occupant américain.



Les ordres transmis à Grein sont ambigus. Il s’agit officiellement de capturer Toriano, mais son supérieur laisse entendre que certains sérient favorables à ce qu’il l’élimine l’apache, ce dont l’éclaireur a bien l’intention.



Grein s’entoure pour ce faire "d’un bel assortiment de gredins et de dangereuses crapules". C’est en tous cas un groupe hétéroclite, comptant son plus fidèle ami, un buveur invétéré et joyeux drille, un nain difforme et muet dont le profond amour pour les chevaux fait le meilleur des palefreniers, et deux éclaireurs apaches peu assortis. L’un, élevé par un couple de blancs, est instruit et américanisé, l’autre, de pure souche, est taciturne, sec et infatigable, doté d’une exceptionnelle acuité qu’il met au service de la haine qu’il voue à son propre clan, responsable de la mort de son père.



On leur adjoint un lieutenant plus habitué à la revue des troupes qu’au terrain, avec lequel les relations sont immédiatement tendues.



La traque, au cœur d’un désert s’étirant à l’infini, que seuls les plus courageux s’aventurent à traverser, est interminable, cauchemardesque. Les poursuivants voyagent de nuit, subissent la dureté d’un environnement grandiose mais hostile, abondamment dépeint, avec ses profondes ravines calcaire, ses amoncellements de sable soufflés par le vent, ses cactus gigantesques, ses lumières de lever de soleil…



Un bon divertissement, à l’atmosphère peut-être un peu datée, mais c’est aussi ce qui fait son charme.
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King Cole

Paru en 1936, King Cole reste d'une actualité brûlante. Cette chronique découpée en 5 jours d'une campagne électorale dans l'Ohio durant la grande dépression et au moment de la montée du nazisme en Europe, pourrait très bien être celle de n'importe quelle autre campagne idéologiquement déviante et verbalement outrancière en vigueur de nos jours.



 

Deux candidats s'affrontent pour rafler le poste de Gouverneur. D'une part, James Read Cole, en place, brigue un second mandat. Il est présenté comme un républicain libéral, n'a pas commis dans l'exercice de son premier mandat de graves erreurs, ni obtenu d'éclatants succès. Politicien habile, opportuniste, il connait toutes les réponses qui ne répondent à rien. Il est entouré de conseillers, d'amis, de sympathisants empressés, qui parlent haut et avec familiarité pour marquer leur hypocrite connivence.





Face à lui, Asa Fielding, vieux briscard démocrate surnommé Bec d'aigle. Présenté comme un radical, fauteur de troubles, organisateur de grèves, pourfendeur de la loi et de l'ordre, destructeur des classes sociales, défenseur de syndicalistes emprisonnés. Dans l'Ohio, les chômeurs sont légions, la misère est galopante, des gens meurent de faim, et beaucoup parmi ces déclassés voient en lui un sauveur qui entend leurs voix désespérées, qui apportera des changements dans leur condition et leur rendra leur dignité.





L'écart entre les deux candidats s'amenuise, les républicains sont dans la mouise. La tension monte, soigneusement entretenue par l'Examiner et l'Independant, influents, qui attendent le nom du gagnant pour se rallier avec finasserie à lui. Le vote des fermiers, fort nombreux dans l'Ohio est incertain. Traditionnellement républicains, ils ne font plus, en raison de leurs difficultés, confiance à l'administration en place et attendent eux aussi des changements. Le vainqueur des élections sera forcément celui qui obtiendra leurs bulletins décisifs. C'est le début d'un magouilles-blues à l'air bien connu. Read Cole, rompu aux techniques les plus basses de la politique applique une intemporelle et infaillible méthode : effrayer l'électorat. Assisté par son directeur de campagne et quelques miliciens sûrs, il braille dans une vaste salle un discours aux accents mussoliniens et hitlériens, provoquant sciemment la violence d'un paisible auditoire, pour que ses nervis entrent en action. Il n'a plus qu'à brandir la menace de l'état d'urgence, de la loi martiale, de la troupe pour rétablir l'ordre. Le gagnant des urnes laisse dans le sillage de sa campagne morts et blessés.





Dans la lignée des grands romans noirs, King Cole  bouleverse par sa force, son réalisme, sa lucidité, son modernisme, mais aussi par son écriture nette et sans bavure, dans laquelle aucun mot n'est à ajouter ou à jeter. Aux urnes citoyens !
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Romelle

Romelle est une fille gentille et docile, pas douée pour la haine, qui après avoir fugué deux fois à l'âge de 16 ans, échoue dans un bouge tel qu'il en existe beaucoup aux Etats-Unis dans les années d'après-guerre. Elle chante en pianotant, se défend contre les attaques masculines “des poivrots bruyants, des peloteurs collants. Gentils comme tout chez eux. Mais des vrais primates dès qu'ils étaient loin de leur foyer pour un congrès ou un voyage d'affaires”. Elle survit à peine dans un logement miteux. A trente ans, elle est déjà usée par la vie, pour elle l'ascenseur social s'est arrêté au sous-sol, elle a fait un stock de médocs pour le jour où elle en aura suffisamment marre pour en finir.





Aussi, quand Jules, un jeune homme timide, pâle, éduqué, aux manières raffinées, descendant d'une riche famille du Mississippi, passionné par les plantes et les animaux, vient chaque soir pour l'écouter en la dévorant des yeux, il n'en faut pas davantage à la jeune fille romantique pour voir en lui le prince charmant. Vite rencontrée, vite épousée !





Dès les premières phrases de ce diamant noir d'une humanité bouleversante, on est embarqué, on aime Romelle et on voudrait qu'enfin elle soit heureuse, mais malgré ces voeux pieux, le lecteur ressent une sorte de crainte prémonitoire, d'effroi informe. La tension sature l'atmosphère durant la lecture. W. R. Burnett  inocule dans son histoire une puissante et indescriptible sensation de désastre imminent. Dans les scènes conjugales les plus tendres, un verre à la main devant un feu de cheminée en compagnie de ce charmant voisin, le docteur Earl Cameron toujours flanqué de son petit chien, la menace plane, blanche et indicible, sans que l'on comprenne comment l'auteur réussit cette prouesse.





Un roman hélas méconnu, écrit en 1946, qui restera gravé dans ma mémoire. Du grand art littéraire, servi par un style économe d'une impitoyable force.
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Le petit César

ll y a là Vittori, Tony, Rico, Otero mais aussi Joë. Nous sommes à Chicago à la fin des année 20, Chicago la ville de la pègre, des gangsters, de la prohibition et des trafics en tout genre.

Sam Vittori est le chef de cette bande de truand italien mais un chef vieillissant. Aussi quand un policier se fait assassiner Vittori passe la main. Et c'est Rico qui en profite. Rico qui a toujours aimé jouer pour gagner.

Rico Bandelli, truand narcissique et impassible, est parvenu à prendre la place de Sam Vettori, chef d'un puissant gang italien. Rico est soutenu par Otero car celui-ci en le sait l'adore. Compte à Tony ce n'est encore qu'un enfant ? Et ne parlons pas de Joë lui n’est qu'un danseur mondain et comme le dit Rico « quand on est un homme on se fait pas payer pour danser avec des femmes ».

Vous l’aurez compris nous sommes bien ici dans un polar sur la mafia et on assiste à l’irrésistible ascension de Rico. La police enquête sur le meurtre de Courtenay l'un des leurs. L'étau se resserre autour de Vitalli. Tony lui a peur. Il devient gênant. Rico n'a pas d'autre choix que de l’abattre. Le parrain lui n'a pas d'autre choix que de déménager et Rico reste seul pour défendre le quartier Nord. Rico qui va se mettre à fréquenter les grands, lui qui ait passé de porte-flingues à caïd en smoking. Rico qui prend la place du parrain. Rico dont l'heure de gloire a sonné. Il agrandit encore son territoire en s'assurant le contrôle de la contrebande d'alcool, du jeu et de la prostitution dans toute la ville. Son ascension semble irrésistible mais un policier irlandais se dresse sur sa route. Et voilà que Joë est arrêté. Et Joë lui n'a pas la trempe de Rico. Face à la police il prend peur et finit par dénoncer et donner Rico. Il ne fait pas bon être une balance dans la mafia. Est-ce vraiment la fin de la figurante ascension de Rico ? C'est ce qu'on saura à la lecture de ce parfait polar mafieux. Car William Burnett n'a pas son pareil pour nous raconter un petit monde de la mafia. Il faut dire que son écriture et vraiment efficace. Il sait nous rendre familier cet étrange monde dont nous sommes pourtant étrangers. Il faut dire que Burnett sait de quoi il parle.

Nous sommes ici dans un parfait roman noir mené de main de maître par un auteur qui maîtrise parfaitement son sujet car en 1927, Burnett trouve un travail de gardien de nuit dans un petit hôtel de quartier où il côtoie des personnages des bas-fonds : boxeurs, hooligans, chômeurs... C'est dans cette faune humaine qu'il trouve le sujet de son premier roman noir publié, "Little Caesar" ("Le Petit César").

Ce premier roman coup-de-poing qui relate la vie, la grandeur et la décadence de Cesare Bandello, dit Rico, cruel gangster de Chicago frappe par son réalisme et sa violence. Et pour ceux qui aime le livre de gangsters, si vous n’êtes toujours pas convaincu, alors sachez que William Riley Burnett a aussi été le scénariste entre autres de "Scarface" et de "Quand la ville dort". Allez oust, on va lire cet excellent polar, quoi !


Lien : https://collectifpolar.com/
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Quand la ville dort

J'ai eu beaucoup de mal avec ce roman noir et je n'ai jamais réussi à m'y intéresser vraiment.
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Terreur apache

Terreur apache, écrit en 1953, relate la traque du chef apache Toriano, échappé de la Réserve et semant mort et terreur sur son chemin.

J'ai trouvé la trame générale du récit assez peu emballante, mais le roman est cependant fort intéressant pour permettre de mieux appréhender la vie dans l'Ouest américain en fin de 19° siècle. Les Indiens sont les ennemis des pionniers, mais ils ont également infiltré les classes sociales inférieures et effectuent les basses besognes de leurs maîtres blancs avec une loyauté aussi fragile que le respect dont ils bénéficient.

On découvre également les grosses différences de comportement entre les différentes tribus, les Navajos dociles et colonisés, les Apaches agressifs, indépendants et fiers.

Lecture instructive au final, ma connaissance initiale du sujet se volant pas beaucoup plus haut que les Tuniques bleues...
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Underworld

Dans ses superbes « Americana » – ainsi qualifiait-il ses chroniques criminelles –, il parvient à marier réalisme et poésie en prose avec le plus grand naturel.
Lien : https://www.lemonde.fr/cultu..
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Good-bye Chicago

A Chicago, en 1928, on découvre le cadavre d'une femme flottant sur les eaux du lac Michigan. L'inspecteur Dave Santorelli a la triste tâche d'en informer l'ancien compagnon de la victime : Joe Ricordi, lui aussi officier de police. Joe commence alors une enquête parallèle et apprend qu' elle l'avait quitté pour aller vivre avec un homme du Milieu qui paraît avoir commandité l'assassinat. Mais le responsable direct de la basse besogne a mal fait le travail. Le corps de la jeune femme n'a pas eu droit à l'habituel lestage de béton qui aurait empêché qu'on le repêche aussi facilement. Tollé dans la pègre. Le Grand Mec, alias Al Capone, s'offusque d'un tel manque de professionnalisme. Il charge du nettoyage final William Macready, membre du barreau aux activités « extra-légales » et également homme de main. C'est ainsi que l'incapable finira par avaler son extrait de naissance...

Ce bref résumé ne donne qu'une vague idée d'un bouquin touffu dont la narration se perd dans de nombreuses digressions et de petites histoires sans intérêt arrivant à une foule de personnages secondaires. Le résultat donne une lecture plutôt laborieuse même si l'on comprend que l'auteur ait voulu plus rendre l'ambiance du Chicago des années trente que maintenir rythme et suspens comme tout un chacun peut s'y attendre dans un roman policier classique. Mais ce n'était pas le but de Burnett qui a préféré se focaliser sur la corruption dont personne n'est exempt, ni les policiers, ni les politiciens, ni les avocats, tant la Mafia est prégnante. Le lecteur regrettera cependant de devoir rester sur sa faim car au bout du compte, il apprend fort peu de choses de vraiment sérieux sur Al Capone alors que celui-ci joue un rôle important dans ce livre. Un résultat en demi-teinte avec la note correspondante.
Lien : http://www.etpourquoidonc.fr/
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Terreur apache

Il s'agit là de mon premier vrai roman western ! Je n'ai pas pu le lâcher une seconde ! L'ambiance est unique et merveilleusement retranscrite par l'auteur. Les personnages extrêmement bien amenés, qu'on aime et qu'on n'aime pas, mais c'est bien ce qui fait tout l'art d'un western.
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Terreur apache

Style et descriptions insupportables. Personnages caricaturaux et dialogues du niveau d’une mauvaise bd western. J’ai eu l’impression de lire des phrases collées les unes aux autres parce qu’il y avait des pages à remplir le tout d’un niveau rédaction de collège. Impossible de ce fait de rester ou de s’intéresser à l’histoire.







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Le petit César

Gand classique du roman noir découvert en fouillant un peu les préférences des auteurs du Quai du polar cette année sur le site du festival (ce livre de Burnett est cité par Tristan Saule). William Riley Burnett écrit un roman noir très bien construit, les dialogues fusent, on visualise tout de suite les truands du récit et les magouilles prennent place les unes après les autres. Celui qui deviendra chef, un personnage taciturne et charismatique, est marquant. En effet, Rico ne laisse rien passer dans les basfonds de Chicago pour que son ascension se poursuive et au besoin, lutter contre les nuisibles. Notamment un policier irlandais bien remonté qui a ses raisons pour pister Rico comme il le fait. On se situe du point de vue des criminels et l’écriture simple est un modèle d’efficacité. Je découvre Burnett avec ce roman noir et cet auteur mérite clairement plus de visibilité.
Lien : https://lesmafieuses.wordpre..
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King Cole

Le candidat sortant mène campagne dans le but de se faire réélire.

Face aux arguments socialisants de son adversaire, il brandit la menace terroriste pour effrayer l'électorat et le rallier à sa cause, nourrie de promesses d'ordre et de sécurité...



États-Unis, élections présidentielles de 2000 ? De 2004 ?

France, élections présidentielles de 2007 ?



Nooooonn... État de l'Ohio, début des années 30, l'enjeu étant le mandat de gouverneur actuellement détenu par James Read Cole. Le compte à rebours des jours menant à l'élection voit l'affrontement entre les deux candidats se parer d'une tension grandissante, au point de frôler l'explosion, Cole évoquant un risque de guerre civile provoqué par les discours "radicaux" de son outsider, Fielding Asa.



"King Cole" est donc une sorte de thriller politique qui n'a rien à envier, en matière de suspense, aux meilleurs polars. Figure centrale de l'intrigue, James Read Cole est un personnage atypique aux yeux des hommes fortunés qui financent sa campagne, pontes issus de grandes familles du cru, qui font la pluie et le beau temps sur l'économie locale. Car Cole, lui, vient d'un milieu plutôt modeste. Il ne doit sa réussite qu'à lui-même, et ne s'est jamais senti très à l'aise parmi ses mécènes. Ces derniers lui reprochent d'être trop raisonnable, trop lisse, ce qui pourrait le desservir face à l'adversaire à la fois éloquent et sanguin qu'est Fielding.

Mais James a un plan...



William R. Burnett nous immerge au cœur même de la course au pouvoir, dont il sait rendre toute l'ampleur du cynisme. Ce n'est pas le bien-être de ses concitoyens qui motive son héros, seules comptent sa réélection et les stratégies qu'il peut utiliser pour y parvenir, même si cela implique d'étouffer les scrupules qui parviendraient presque, parfois, à faire vaciller sa belle assurance.



En une succession de dialogues percutants, utilisant une écriture efficace, voire sèche, l'auteur nous tient en haleine jusqu'au bout, même si l'issue du combat est prévisible..



Et une fois n'est pas coutume, je reprends ici une affirmation de la quatrième de couverture à laquelle je souscrit totalement : "Plus que jamais d'actualité" !
Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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Le petit César

1928, William R Burnett a 28 ans. On peut l’imaginer heureux, son premier livre va sortir, le premier né d’une carrière placée sous le Noir (Quand la ville dort, Underdog et quelque autres...) et une petite révolution en soi. Jusqu’à présent, le criminel, le gangster, faisait partie du décor, un peu comme un zombie dans Walking Dead, il participe de l’ambiance, il pose l’atmosphère.



Burnett, c’est un peu le Romero augmenté du polar, si on peut me pardonner cette image quelque peu, hum, foireuse mais tellement tentante. Là ou le grand Georges installe le mort-vivant au cœur de la pellicule, Burnett fait des truands le principal pivot de sa cellulose reliée.



Du jamais vu, le point de vue est celui des criminels. Ils ne sont plus un bruit de fond pétaradant, tout juste bon à assassiner ou agoniser quand il le faut pour accélérer l’action. Ils passent de deus ex machina à promoteur des péripéties, pleinement responsable de leur tragédie. Le roman de gangster est né.



Sans Burnett, nous n’aurions certainement pas vu Pacino grandiose, forçant son accent, le nez dans la farine dans le remake de Scarface, puisque de premier Scarface, celui de 1932, Howard Hawks derrière et Paul Muni devant, il n’y aurait probablement pas eu.



Nous suivons la trajectoire, bien connue, parabolique, de Rico, montée et chute. Dans un style limpide et nerveux, Little Caesar ou la psychologie qui s’incarne dans l’action : « je suis ce que je fais ». Rico calcule et tue avec calme et mépris de la vie humaine.



Little Caesar est le parfait précipité du polar vif, sans temps morts, court et dense.



Vous avez le café américain, allongé dans un gobelet en carton qui ressemble à un tube de mortier ou le ristretto et sa goutte de goudron au fond d’un dé à coudre. Little Caesar fait songer au second...
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Le petit César

Histoire de gangsters de chicago pendant la prohibition et raconté par les gangsters. Cette fiction relate l'ascension très rapide d'un caid de littleitaly, Rico et de ca chute. Le livre se lit bien, c'est rythmé, il manque juste un peu de matiere sur les affaires a mon gout.
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Underworld

Après les ­westerns littéraires de Burnett [...] que la collection d’Actes Sud « L’Ouest, le vrai », dirigée par Bertrand Tavernier, s’attache à faire découvrir ­depuis 2013, voici Underworld, un florilège de cinq romans noirs réunis en « Quarto ». Tragiques, amers, ­mélancoliques.
Lien : https://www.lemonde.fr/livre..
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