Citations de Xavier de Moulins (346)
Une séparation après quinze ans de vie commune sonne comme une mort. Un divorce est un avis de décès. Je vis avec l'impression d'une mort où l'autre vit encore.
Tu commences à comprendre, l'adulte peut être multiple. La duplicité est une armure parfois et une arme souvent.
Se perdre de vue, ce n'est pas toujours s'oublier.
Je passais de longues minutes à te chercher, petit chat, sur le haut d'une armoire, sous le canapé, derrière les rideaux, dans la baignoire comme je l'avais fait jadis pour le doudou des enfants, à l'heure du coucher, à ce moment précis où tous les parents de l'univers ne veulent plus jamais entendre parler de leurs chiards, parce que, le coupe de sifflet final a convoqué la nuit et que, merde, faut dormir maintenant.
Chaque fois, ton allure de petit prince, tes yeux jaunes effrayés, tes arabesques de débutant avaient raison de mon autorité.
Les enfants te prenaient dans leurs bras, et, bouteille d'Orangina, tu acceptais sans ciller les secousses ; puis quand la messe était dite et que tu estimais qu'il était temps de te lâcher la grappe, tu balafrais la tendresse et scarifiais tes alliées.
Je te criais dessus à cause d'une griffure près de l'œil de Zélie ou devant le nez entaillé de Claire, et là aussi, bienheureux, tu t'en moquais éperdument
Tu dormais avec Claire, au début, sur son oreiller, tu veillais sur elle, même si tu roupillais parfois bien avant elle. Quand quelque chose clochait, tu carillonnais.
La puissance de récupération des enfants me surprend à chaque fois. Je sais que leur chagrin ne s'efface pas au fond, mais se dilue rapidement en surface.
- Mes enfants, que vous soyez morts ou vivants, devenez, rayonnez, n'abandonnez jamais la lumière pour le désespoir.
En pyjama, pieds nus sur le carrelage de la cuisine, dans le matin qui s’étire, elles ont reçu la déflagration sans broncher.
Je le sais, elles se sont d’abord fendues à l’intérieur, là où la neige est la plus friable, sur les sommets invisibles de notre âme.
Le petit chat est mort.
Le matin fait brusquement place au soir.
Au fond de la crevasse, le drap noir du chagrin nous recouvre, il nous tient chaud et nous donne froid, tout devient gris.
Je ne veux pas connaître les détails de ton agonie.
Je ne pige pas.
Je tourne le dos à cette histoire.
Pourtant, ce matin tu allais bien.
Je t’ai quitté sans trop te prêter attention, j’avais des choses plus urgentes à régler que de m’inquiéter pour mon petit chat pépère.
C’est logique : la jeunesse, c’est le début, pas le point final. La jeunesse, c’est la vie plus fort que la mort, l’enfance est l’éternité.
Peut-être que les hommes naissent chats, puis pour mille et une raison deviennent des hommes après l’âge de sept ans avant de réactiver ou non leur dimension féline plus tard, et, pour une poignée, redevenir des « hommes-chats ».
Elle a beaucoup de qualités mais pas de chat à la maison, elle n’a jamais fait de place à cette expérience-là, à cette joie merveilleuse d’avoir contre ses jambes un chasseur de spleen, un attrape-cœur délicieux, un masseur de l’âme, une bête à chagrin.
Les statues équestres disent la vie et la mort. Si deux sabots ne touchent pas le socle, c’est que le cavalier a été tué au combat.
Comment fait-il ?
Encore un sujet qui reste en suspens entre nous. Nous n’avons jamais évoqué le départ de Céline six mois après la naissance de Victor. Cette fois, il ne s’est pas donné la peine de nous convoquer, de prendre la parole en public et de nous expliquer les charmes de la vie légère.
Papichat est en train de divorcer de son nouvel amour. Son printemps a fondu, sa terre promise n’a pas tenu ses promesses et sa seconde vie s’est fanée.
Comment mesurer la profondeur de cette entaille ? Que lui dicte son cœur à présent ?
Elle l’a quitté pour un autre. C’est aussi simple que ça. Un jeune a pris la place de mon père. Céline s’est volatilisée au bras d’un homme de son âge.
Au bout d’un certain temps, l’amour, c’est comme l’entreprise, une question de génération.
Il ne l’avouera jamais. Il évitera le chemin des justifications. Il ne nous racontera pas ce licenciement. Nous ne le lui dirons jamais, mais nous avons tous reçu la même lettre : les adieux de Céline, ses explications et ses très vagues excuses.
A-t-elle douté au moment de lever l’ancre ou ne s’est-elle posé aucune question, comme quand elle a laissé mon père s’aventurer dans sa vie et s’y leurrer ?
On a les états d’âme qu’on peut quand on s’imagine naïvement qu’on a encore la vie devant soi.
citation de Rober Desnos dans le livre : Jamais d’autre que toi en dépit des étoiles et des solitudes
En dépit des mutilations d’arbres à la tombée de la nuit
Jamais d’autre que toi ne poursuivra son chemin qui est le mien
Plus tu t’éloignes et plus ton ombre s’agrandit
Jamais d’autre que toi ne saluera la mer à l’aube quand fatigué d’errer moi sorti des forêts ténébreuses et des buissons d’orties je marcherai vers l’écume.
Un amour sans l'amour de soi ne fonctionne pas.
Le manège élimé et cabossé avait des airs de nénuphar fané. Hanté par son carrousel de montures fatiguées, il tournait couinant et las au rythme d’un accordéon sous Prozac.
L’un de vous va partir en France. L’un de vous va aller vivre chez Tahar et Nina, qui ne peuvent pas avoir d’enfant. Chez eux il sera heureux, chez eux il ne manquera de rien et pourra recevoir une bonne éducation, accéder au savoir et à la connaissance. C’est une chance qui lui est offerte. Celui qui part devra leur obéir et toujours les respecter, comme ses propres parents.
On peut partir et être quitté, on peut se retrouver privé de celui ou celle qu'on aime le plus au monde, continuer de respirer et suffoquer toute sa vie après ça.
« Tout semblait droit en surface, mais à l’intérieur, c’était tout un univers qui s’éteignait. Mon monde multicolore s’était tu, une tristesse avait essoré mon cerveau et mon cœur, ôté tout arôme à ma vie, passé sur mon âme une teinte de cire. »
Elle m'a ordonné d'être beau joueur à mon tour, de faire passer le bonheur de ma femme avant toute chose et, par capillarité, celui de mes enfants. Souhaiter le meilleur à l'autre quand il s'en va est la preuve ultime de l'amour.
- On ne retient pas un cœur qui bat pour un autre.