AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Yves Bonnefoy (90)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Les Planches courbes

Une brève note de lecture en 5 étoiles et 7 mots-clés :



#OBJETS : Omniprésence de ce concret (beaucoup de pierres), ces objets repères (« planches courbes ») auxquels le poète se rattache et donne « une voix » ; « Tout cela, mon ami,/Vivre, qui noue/Hier, notre illusion,/À demain, nos ombres. […] Foudre qui dort encore/Les traits en paix,/Souriante comme avant/Qu’il y ait langage. » (p. 33-34).

#TRADUCTEUR : le poète traduit ici le langage poétique des objets tout comme il a admirablement bien et beaucoup traduit des livres (de l’anglais, de l’italien).

#ESCHATOLOGIE : présence de l’interprétation sur l’au-delà et sur Dieu, bien que Bonnefoy soit athée.

#CONCEPT : On dit que Bonnefoy s’est beaucoup intéressé au « concept », qu’il critique, pour s’attacher au « mot ». En effet, il arrive fréquemment que le sens de mots se dérobe.

#SURRÉALISME : On en ressent encore l’influence bien après la rupture avec ce mouvement.

#PASSAGE : La question de la relation aux parents (ou à Dieu), de la transmission, du comment on grandit.

#MYTHOLOGIE : De nombreux renvois, notamment à des personnages comme Ulysse, Charon, Orphée.

Commenter  J’apprécie          744
Les Planches courbes

La poésie d’Yves Bonnefoy s’écoule comme un murmure, un doux chuchotement. Quand on la lit, étrangement, l’on a envie de faire silence. Silence au fond de soi, au fond de son cœur, au fond de son être, porté seulement par le frissonnement que procure cette voix poétique prodiguée avec la légèreté et la grâce d’un souffle, furtive douceur d’une poésie qui se fait berceuse dans la ouate des sens.



Cela s’entend, cela s’écoute comme un chant de vie à la fois proche et lointain, comme une répercussion de notes où se jouent mémoire et temps présent, réalité et songe, une définition du monde dans un écrin de sens, dans le creuset où naissent les sensations et les émotions primales, où participe l’affect davantage que l’intellect.

Les mots s’épandent en chapelet de sons, nous faisant le don d’une musique intérieure, faisant vibrer une corde sensible en frémissant vibrato. « Aller, par au-delà presque le langage / Avec rien qu’un peu de lumière »…

La poésie d’Yves Bonnefoy est tout en réceptivité, elle puise sa sève dans le perceptif, dans l’intuitif et le sensoriel, dans l’entendement du cœur. « Couché au plus creux d’une barque / Le front, les yeux contre ses planches courbes », on la vit comme un voyage sur l’embarcation des mots.



Comme souvent avec Yves Bonnefoy, le travail artistique est avant tout une exploration, et le recueil « Les planches courbes », rassemblant poèmes en prose et textes poétiques, est une entrée en méditation, une incursion au cœur du langage, du temps, de la nature, de la mémoire.

Le poète est un « faiseur de sens », le créateur d’ornements à la fois mélodiques et littéraires, il étanche à la source du verbe notre soif de beauté, de sérénité et de gravité ; il dessine une carte de l’intime à parcourir avec la pulpe des sentiments, il se fait passeur de mots qui, infusés, répandus au cœur de l’être, appellent images et impressions.



Poète du dépouillement et de la sobriété, puisant dans l’éther du langage, dans « les ruines de la parole », dans l’alchimie des mots, la connaissance imparfaite, incohérente, illusoire de ce qui nous fait et de ce que nous sommes, « navires lourds de nous-mêmes / débordants de choses fermées », regardant « à la proue de notre périple toute une eau noire / s’ouvrir presque et se refuser, à jamais sans rive. »

« Partout en nous rien que l’humble mensonge / Des mots qui offrent plus que ce qui est / Ou disent autre chose que ce qui est »…



Mais comme il est bon parfois de ne pas tout expliquer en poésie, de refuser toute interprétation extérieure qui viendrait fausser la donne de son ressenti pour se laisser, tout simplement, humblement, porter par la musicalité des mots !

Ecouter cette poésie comme voix murmurante, susurrante, bruissant comme des pas dans l’herbe fraîche un matin de rosée, ne comprendre qu’avec ses sens, qu’avec sa peau, qu’avec ce qu’impriment sur l’épiderme ces mots baignés de sensualité et de lumière, afin de mettre, subrepticement, dans le calme des nuits, « ses pieds nus dans l’eau du rêve »...

Commenter  J’apprécie          6710
L'heure présente

Etrange et belle expérience poétique que celle que nous donne à vivre la lecture de « L’heure présente » d’Yves Bonnefoy.



Les mots d’Yves Bonnefoy s’écoulent en chapelet de sons, comme une musique intérieure, faisant vibrer une corde sensible au-delà de la logique, du raisonnement ou de la connaissance.

Des mots que la raison n’appréhende pas dans toute leur ampleur, leur pénétration et leur clairvoyance mais que le cœur saisit et paradoxalement, conçoit mieux que l’esprit.

Prescience…Réceptivité primaire, caractère primal des sons qui, infusés, répandus au cœur de l’être, appellent images et souvenirs.

Finalement, n’est-ce pas là le fondement même de la poésie ?

Le poète se fait « faiseur de sens », créateur d’ornements à la fois mélodiques et littéraires.



Cela s’entend, cela s’écoute comme un chant de vie, cohorte de mots que l’esprit craint à associer mais dont l’âme permet l’union, le mariage éphémère, comme s’il existait un autre sens aux mots au-delà de leur signification première, simplement la conscience de leur son, l’acceptation de leur sonorité, ce vocable que forme les lèvres et qu’elles unissent à d’autres mots, formant alors une partition, un ensemble musical qui définit le monde dans un écrin de sens, de sensations, quelque chose de perceptif, d’intuitif, de sensoriel…l’entendement du cœur.



« Regardez, écoutez ! Le moindre mot / A dans sa profondeur une musique / Le phonème est corolle, la voix c’est l’être / Qui peut fleurir, dans même ce qui n’est pas. »



Le recueil « L’heure présente » qui regroupe poèmes inédits, poèmes déjà édités entre 2009 et 2011 et textes poétiques en prose, est une exploration.

Exploration des mots, des images et des couleurs, exploration du temps, de la mémoire, des souvenirs, de la mort qui approche l’homme devenu vieillissant qu’est aujourd’hui Yves Bonnefoy.



A celui qui vieillit, dont le temps est passé et qui sent l’approche d’une disparition inéluctable, alors que tout semble illusion et vaine chimère, ne reste plus que la parole et les mots comme onde libératrice et source d’espérance.

Yves Bonnefoy en extrait, quelquefois avec douleur, la conscience de ce qui est, de ce qui a été et qui n’est plus, de ce qui sera, de ce qui pourrait être.



« Et des mots, tout cela, des mots car, en vérité, mes proches, qu'avons-nous d'autre ? Des mots qui se recourbent sous notre plume, comme des insectes qu'on tue en masse, des mots avec de grandes échardes, qui nous écorchent, des mots qui prennent feu, brusquement, et il faut écraser ce feu avec nos mains nues, ce n'est pas facile.

Des mots dont les enchevêtrements dissimulent des trous, où nous perdons pied, et glissons, poussant des cris, mais peu importe, notre vie, c'est si peu de la pensée, ne croyez-vous pas ! Vite, nous nous ressaisissons, nous nous remettons à parler. »



« Le cœur a ses raisons, que la raison ignore » dit-on, et c’est un peu cela que nous retiendrons de cette lecture, de cette poésie comme voix murmurante, susurrante, bruissant comme des pas dans l’herbe fraîche un matin de rosée.



Commenter  J’apprécie          340
L'écharpe rouge

L'écharpe rouge, cette centaine de vers écrite en 1964 par Yves Bonnefoy et restée dans le fond d'un tiroir tout ce temps, est le point de départ de ce livre. Toutes ces années, l'auteur n'a pas su quoi faire de ses vers. Les publier ? non. Les jeter ? encore moins. Mais pourquoi ? Ce récit, ou plutôt cette "idée de récit" non aboutie, que pouvait-il renfermé pour accaparer autant l'esprit du poète, sa conscience, tout ce temps ?



"Je crois bien qu'il me faut penser qu'au moment même où je cherchais à percer à jour ces énigmes, j'avais désir de ne pas le faire. Car il y avait en moi quelqu'un pour rêver, ah, certes, coupablement, qu'existe un autre niveau de réalité que celui où on pense et oeuvre ordinairement : et que de cet autre lieu dans l'esprit je pouvais espérer que je recevrais parfois des messages, mais qui seraient obscurs, par nature, sinon même à jamais impénétrables. Et quel plaisir, quand on pense ainsi, d'imaginer qu'on vient d'en découvrir un, caché dans les sables de l'existence d'ici !"



Yves Bonnefoy entreprend de déconstruire pas à pas ces quelques phrases et se lance ainsi dans un récit qui remonte petit à petit de la rencontre de ses parents, à sa naissance, son enfance, pour finir par se rendre compte que là est ce qui l'a mené à cet amour immodéré des mots, du langage et à la naissance de sa vocation poétique. L'écharpe rouge a quelque chose à voir avec l'analyse, au sens freudien du terme, mais d'où ne serait pas exempt le langage poétique. Il y a quelque chose d'intimiste dans ce dernier écrit de l'auteur, qui m'a toujours paru quelqu'un de réservé, pudique et secret. Une sorte de testament, de passage de témoin, où l'on remercie et met en ordre sa vie avant de prendre congés. Lire quelques mois après, l'émotion qu'il a à se remémorer et à enfin comprendre, les silences maternels, le désoeuvrement et la culpabilité paternels, m'a fait le sentir tellement vivant et si proche.



Certains passages pourront paraître longuets, d'autres se perdre dans les méandres d'une conscience qui essaie de retrouver traces et sens, mais c'est ce qui, pour moi, en a fait le charme...



Réaliser qu'après avoir écrit l'écharpe rouge, tisser ce lien qui lui a permis de pouvoir "ranger" dans sa conscience ce texte, y mettre un point final afin qu'il puisse prendre la place qui aurait dû être la sienne depuis 1964, le poète pouvait partir serein.



"La vie n'est jamais qu'un éclair qui ne s'immobilise que pour laisser entrevoir, c'est son voeu peut-être, de grands pays en sommeil étagés de toutes parts autour de nous dans la nuit."



1964-2015 : 51 ans ! la moitié d'un siècle, deux générations, pour qu'enfin le secret de la genèse de ces quelques pages puisse enfin éclore à la conscience.
Lien : http://page39.eklablog.com/l..
Commenter  J’apprécie          330
Ce qui fut sans lumière



Je connaissais très peu Yves Bonnefoy, mort cet été .J 'avais envie de découvrir son univers.



D'abord admirateur des poètes surréalistes, il s'est ensuite éloigné d'eux, rejetant un certain"occultisme" de leurs textes et une inscription dans une idéologie qu'il ne cautionne pas vraiment.



Ce recueil rassemble des poèmes écrits entre 1987 et 1991, l'auteur a alors la soixantaine, on sent en effet l'angoisse de vieillir, l'envie de se réfugier dans l'enfance. Une enfance entre rêve et réalité, entre le " je" du présent et le "il" distanciateur du passé .Une oscillation perpétuelle entre le réel, le concret de la terre, à travers la maison, la pierre, les arbres, éléments omni-présents et l'appel du songe aquatique, de l'incertain, du flou:



" Et j'entends en moi cette voix qui sourd du fond de l'enfance: je suis venue ici déjà, disait-elle alors, je connais ce lieu, j'y ai vécu, avant le temps, avant moi sur la terre."



Certains poèmes en prose ne m'ont pas vraiment touchée, d'autres m'ont paru hermétiques mais j'ai apprécié les images saisissantes de la nature et cette volonté d'approcher poétiquement le réel.J'ai aimé en particulier toute la série de poèmes égrenant les multiples facettes de la neige.



" Hésite le flocon dans le ciel bleu

A nouveau, le dernier flocon de la grande neige"



Broder, rebroder le même thème, pour tenter de retranscrire cette réalité rugueuse et pourtant insaisissable, c'est ce que , pour moi, le poète tente de faire, de sa voix particulière. Une voix teintée d'ombres et de mystère, mais pas sans lumière...

Commenter  J’apprécie          312
Notre besoin de Rimbaud

En tant qu’admirateur inconditionnel de Bonnefoy j'ai lu avec grand intérêt ce livre qui est en fait un recueil de textes sur Rimbaud dont Bonnefoy est un des plus grands spécialistes. Par l'hermétisme de sa poésie j'ai souvent considéré que Bonnefoy était un peu le Rimbaud du XXe siècle. J'ai lu cette ouvrage que j'avais depuis un moment dans ma bibliothèque pour préparer mes cours de 1ère de l'an prochain "Les Cahiers de Douai" étant au programme en poésie.

Commenter  J’apprécie          300
L'autre langue à portée de voix

Yves Bonnefoy n’était pas seulement l’immense poète que l’on sait, ou encore l’éditorialiste et critique d’art engagé dans le dialogue des savoirs, il fut aussi un grand traducteur et auteur de nombreux essais sur la littérature. C’est ce que nous confirme l’ouvrage « L’autre langue à portée de voix » paru en 2013 aux éditions du Seuil. Ce livre est un recueil de préfaces, d’actes de colloques, de conférences, de publications extraites de diverses revues qui ont tous pour thème la traduction en poésie.



J’ai trouvé ce livre vraiment passionnant. On y retrouve la réflexion d’Yves Bonnefoy toujours aussi édifiante et lumineuse.

Parler de poésie suppose au préalable, celui de trouver une définition qui soit commune à chacun, de fixer comme un point de rencontre entre l’auteur et le lecteur (entre les lecteurs également). Pourtant, rien ne paraît aussi difficile… C’est par cette tentative qu’Yves Bonnefoy introduit son propos.



Que fait naître en nous la lecture d’un poème ? Qu’est-ce qui secrètement nous en rapproche ou nous en éloigne ? Pour Yves Bonnefoy, l’amour de la poésie ne saurait être qu’affaire d’émotion ou de sensibilité. L’intérêt pour la poésie nous parle plus profondément de notre rapport à nous-mêmes, au monde, mais aussi au langage, aux mots, à leur rythme, à leur familiarité mais aussi à leur étrangeté, de notre capacité à nous laisser emporter, surprendre.



Cette réflexion posée, Yves Bonnefoy aborde le sujet du livre : la traduction en poésie. Pour cela, il s’appuie sur son expérience personnelle (il a entre autres traduit Pétrarque, Leopardi et Yeats) mais évoque aussi celles de Baudelaire et de Mallarmé qui ont les premiers traduit la poésie d’Edgar Allan Poe. Autre exemple choisi, celui de la remarquable traduction de La Divine comédie par Jacqueline Risset.



Quels sont les ressorts mis en œuvre dans le travail de traduction ? Quels sont les choix, les impératifs auxquels doit s’astreindre le traducteur ? Quelles sont aussi les limites du travail de traduction ? Quel rapport entretenir avec la spécificité d’une langue, avec ses concepts, son histoire, etc. ?



Mille questions qu’Yves Bonnefoy explore avec envie, avec passion. Sous tous les aspects du travail de la traduction, c’est le portrait saisissant de ces femmes et de ces hommes passionnés par la transmission du texte, de la poésie, qu’il nous offre.



« Le traducteur se doit d'être un esprit libre, disais-je : mais la traduction, c'est une école de liberté. Et ne serait-il pas déjà ce que l'on appelle un poète, préoccupé de l'indéfait dans la chose, de l'immédiateté dans le rapport aux autres personnes, ce témoin d'un autre poète serait incité à en devenir un et puissamment aidé à y parvenir, les difficultés de sa tâche ne pouvant que l'ancrer toujours plus dans ce grand projet. Un paradoxe ? Le paradoxe du traducteur ? Ce qui rend impossible la traduction de la poésie, c'est cela même qui suscite ou renforce en son traducteur qui en souffre une vocation de poète.



Et la compensation, la voici. Le traducteur apprend à s'aventurer au profond de soi ; ou, s'il le fait déjà, comprend qu'il a pouvoir de le faire encore plus. La poésie s'est-elle perdue, dans les apories du traduire, non, elle n'a fait que se déplacer, au sein d'une œuvre où on l'avait constatée vers un travail mené dans une autre vie, à tous ses moments, un travail qui, remarquons-le, approfondira en retour la traduction commencée, puisque la vocation à être poète est vite la liberté de regard qui porte au niveau des grands créateurs et alors les comprend à demi-mot : comme on dit quand on parle à d'autres avec le cœur plus que l'intellect. »



L’autre langue à portée de voix refermé, j’ai une pensée particulière pour tous les traducteurs, pour tous ces passeurs de mots, ces travailleurs de l’ombre connus et moins connus qui nous permettent de découvrir, d’apprécier la poésie d’hier et d’ailleurs.



.
Commenter  J’apprécie          264
Souvenirs d'un voyage au Mont Analogue

Bernard Amy a réuni dans ce livre neuf petits textes d'auteurs variés sur l'alpinisme. Le premier et le dernier sont de lui-même, sa source d'inspiration étant le livre de René Daumal, "Le Mont Analogue. Roman d'aventures alpines, non euclidiennes et symboliquement authentiques"... tout un programme !

J'aime bien cette idée de rassembler des textes en apparence très différents, mais qui, quand on les lit attentivement ont bien plus de points commun que ce que l'on pourrait croire. Entre autres, une grande originalité.

Ces récits sont en effet tout sauf classiques et sont liés par de l'excentricité, de la poésie, de la philosophie, le tout dans des dosages différents selon leur auteur, et par-dessus tout, la passion de la montagne.

Le récit le plus singulier est sans conteste celui d'Henri Michaux, "Le dépouillement par l'espace". Récit assez hallucinant, son auteur étant, au sens propre, halluciné ! Il explique avoir consommé une substance peut-être pas tout à fait légale, puis être allé "à bonne altitude" pour en observer les effets. Il n'a pas été déçu du résultat, mais surtout, a parfaitement réussi à rendre compte de son "trip". Il nous emporte dans son voyage et fait formidablement bien partager son ressenti.

Un petit extrait pour vous mettre l'eau à la bouche : "Le statique, le fini, le solide avaient fait leur temps. Il n'en restait rien, ou comme rien. Dépouillé, je filais, projeté ; dépouillé de possessions et d'attributs, dépouillé même de tout recours à la terre, délogé de toute localisation, dépouillement invraisemblable qui semblait presque absolu, tant j'étais incapable de trouver quelque chose qu'il ne m'eût pas ôté."

Étrange et bien agréable sensation que de suivre l'auteur dans son aventure, sans prendre aucun risque, bien douillettement installée avec mon livre. J'ai adoré cette nouvelle dans laquelle Henri Michaux invente des mots pour retranscrire ce qu'il perçoit. L'extraordinaire "L'espace m'espacifiait" m'a fait particulièrement rêver.

Haroun Tazieff a dit que pour être écrivain, "il faut d'abord avoir quelque chose à dire" et par son texte "Tourmente", Samivel prouve qu'il en est un, et un grand. Outre sa poésie coutumière, on y trouve une tempête animée, douée de vie rageuse, et deux hommes face à elle. Deux hommes qui vont unir leurs forces pour lutter jusqu'au bout. On suit leur magnifique combat tout au long d'un récit prenant et émouvant. Samivel décrit l'instinct de survie, "un instinct puissant, protecteur vigilant de l'espèce" grâce à qui les deux grimpeurs sortiront vivants de leur aventure : "Désormais, ce fut ce pilote qui guida la fragile machine d'os et de chair à travers les embûches du vide, choisit les prises avec une admirable pertinence, aperçut enfin l'anneau."

Voilà.

Chaque texte a son thème, son style, sa personnalité. J'ai plus accroché avec certains, moins avec d'autres : c'est le lot de toute anthologie, mais j'ai vraiment aimé l'ensemble.

Attention, si cette lecture vous tente : le premier texte de Bernard Amy m'a semblé assez obscur, et j'ai eu la désagréable impression de ne pas tout comprendre, de passer à côté, car je n'ai pas lu le livre de René Daumal. Les évocations fréquentes de "l'esprit du Mont Analogue" m'ont donc un peu frustrée, mais ce n'est pas la faute de l'auteur : mea culpa, mea maxima culpa ! Je vais m'empresser de combler cette lacune, et j'espère ainsi mieux apprécier le dernier texte, que j'avoue avoir laissé de côté afin de ne pas gâcher ma lecture. Mais peut-être certains lecteurs trouveront-ils de l'intérêt dans ces deux récits de Bernard Amy même sans avoir lu René Daumal.

En tout cas, "Souvenirs d'un voyage au Mont Analogue" est un livre fort intéressant, qui plaira à tous les passionnés de montagne.

Je remercie chaleureusement Babelio pour son opération Masse critique et les éditions Tensing (quel nom !) pour ce voyage vivifiant.

Je conclus enfin en reprenant les mots de Pierre Dalloz, auteur d'un des textes : "Qui une fois a connu l'altitude en reste hanté." Tous les amateurs d'alpinisme approuveront, j'en suis certaine !
Commenter  J’apprécie          260
Portraits aux trois crayons

Chronique que je re-redigerai... mais je suis sous le coup de l'émotion, en découvrant ce matin cet ouvrage d'Yves Bonnefoy...paru à l'automne 2013, rendant hommage à des amis disparus , dont une figure exceptionnelle d'éditeur et d'expert en livres anciens...pour qui j'a eu l'honneur de travailler comme bibliographe les six dernières années de son activité , dans sa librairie du 14, av. de Friedland..de 1999, à 2005..Il s'agit de Pierre Berès...décédé en juillet 2008.

J'ai réussi à trouver l'ouvrage à la Librairie Tschann, et me suis plongée aussitôt dedans, avec la promesse supplémentaire d'autres portraits d'amis de la culture et des arts...



Ci-dessous, extrait qui m'a fait découvrir cette publication, sur le site de la maison d'édition qui fut à Pierre Berès, Les éditions Hermann...



" L’ère Berès : de 1956 à 2006

« Pierre, ou la curiosité. Une curiosité immense et que j’aimais parce qu’elle était immense et s’attachait, avec une inquiète allégresse, à ce qui est l’essentiel c’est-à-dire aux livres et aux tableaux dans lesquels l’ambition humaine a déposé le meilleur de soi. Livres et leurs manuscrits, tableaux, dessins, ouvrages de la science ancienne en ses belles premières éditions, autographes de grands auteurs, Pierre prenait tout cela dans les bras de ses prodigieux catalogues, et je me demandais, quand je recevais un de ceux-ci ou en apercevais d’autres, comment il pouvait maîtriser, sans avoir l’air d’y toucher, une aussi vaste matière.

[…]

N’enfermons pas Pierre Berès dans l’éclat de ses réussites professionnelles. Pensons plutôt à l’héritier qu’il fut d’une tradition, le dernier ou presque. » Yves Bonnefoy, Portraits aux trois crayons,

Paris, 2013, © Galilée"

Commenter  J’apprécie          260
Edward Hopper

Ce peintre de la solitude... le plus important peintre du réalisme américain se trouve parmi les artistes qui me touchent et me parlent le plus.

Edward Hopper (1882-1967 ) est universellement connu pour ses personnages et ses paysages dévorés par la solitude.



Cet album édité par Flammarion et abondamment illustré, est dû à une grande spécialiste de Hopper, Gail Levin, qui fut l'une des premières monographies en langue française (1985)
Commenter  J’apprécie          252
Les Planches courbes

J'ai passé mon bac en 2007... Autrement dit, une éternité de cela. Enfin c'est l'impression que j'ai en tout cas.

Au programme de la filière L (en plus, ça n'existe plus, c'est dire que de l'eau a coulé sous les ponts...), cette année-là, ce petit ouvrage.

Qui m'a résisté.

Dont je ne comprenais pas grand chose.

Que j'avais envie de foutre au feu.



Et aujourd'hui ?

Des passages entiers me hantent. Je les ai absorbés, digérés, pensés, interrogés.



Florilège :



«Nous sommes des navires lourds de nous-mêmes,

Débordants de choses fermées, nous regardons

À la proue de notre périple toute une eau noire

S'ouvrir presque et se refuser, à jamais sans rive.»



«Je pourrais m'écrier que partout sur terre

Injustice et malheur ravagent le sens

Que l'esprit a rêvé de donner au monde,

En somme, me souvenir de ce qui est,

N'être que la lucidité qui désespère

Et, bien que soit retorse

Aux branches du jardin d'Armide la chimère

Qui leurre autant la raison que le rêve,

Abandonner les mots à qui rature,

Prose, par évidence de la matière,

L'offre de la beauté dans la vérité.»



«Et demain, à l'éveil,

Peut-être que nos vies seront plus confiantes

Où des voix et des ombres s'attarderont,

Mais détournées, calmes, inattentives,

Sans guerre, sans reproche, cependant

Que l'enfant près de nous, sur le chemin,

Secouera en riant sa tête immense,

Nous regardant avec la gaucherie

De l'esprit qui reprend à son origine

Sa tâche de lumière dans l'énigme»



Bon, je ne prétends pas avoir tout compris aujourd'hui non plus. J'ai simplement accepté et entraperçu le pouvoir magique de la poésie.

L'alchimie des mots.
Commenter  J’apprécie          230
Ce qui fut sans lumière

Comment lire la poésie? Comment lire Bonnefoy? Je parcours les pages du livre. Je m'arrête et relis. J'avance à tâton. Les mots se suivent et se ressemblent, toujours nouveaux. Pourtant, toujours la pierre, la rive, le chemin, l'arbre, le rêve, la neige, la lumière, le jardin, l'étoile, le feu, le souvenir, le temps. Le langage se cherche, croit se trouver, le sens s'éclaire et s'assombrit. On croit comprendre, c'est limpide, on déchante, on s'était laissé abuser. Pour lire Bonnefoy (et la poésie moderne), il faut accepter de rester sur le seuil, d'entrevoir la barque qui s'éloigne sans nous de la rive souvenue (ou rêvée?). Sans doute faudrait-il tout relire mille fois, tisser les réseaux de sens en triturant cette exigeante poésie, mais l'effleurer, parce qu'on n'ira peut-être jamais plus loin, juste laisser passer les mots, suffit pour l'instant. Pourquoi ce poète-là est-il un grand? réponse impossible et évidente, comme sa poésie: "elle a vaincu le temps par le silence".

Commenter  J’apprécie          220
Poèmes: Du mouvement et de l'immobilité de Douv..

"Poèmes" est un recueil qui regroupe des  textes publiés  entre 1947 et 1975 dont le plus important est "Du mouvement et de l’immobilité de Douve" édité en 1953. La lecture de ce recueil  est en soi assez exigeante. Très vite, passées les premières pages, l’attention semble se figer comme partagée entre le choix d’une quête de sens, de signification du texte et celui d’accepter de s’enfoncer, de s’accorder à la matière des mots, de laisser résonner en soi leur teneur silencieuse. Tout au long de la lecture de ce recueil, il y a ce sentiment qu’arrivé à la lisière du sens, de la compréhension quelque chose se dérobe, se soustrait à la volonté du lecteur. 



Il y a dans les textes réunis dans ce recueil beaucoup d’obscurité, de  dramaturgie. Yves Bonnefoy veut y révéler, y confirmer toute l’impuissance, la difficulté de la parole poétique à dire la mort. Comme dans un incessant aller-retour entre ombre et lumière, l’auteur semble à la recherche d’une poésie qui soit utile à la vie pour parler de la mort, de la finitude des êtres. Toute cette quête de l’auteur se résume dans l’épigraphe du philosophe Hegel placé en tête de "Du mouvement et de l’immobilité de Douve" : "Mais la vie de l’esprit ne s’effraie point de la mort et n’est pas celle qui s’en garde pure. Elle est la vie qui la supporte et se maintient en elle".  

Cette démarche singulière du poète peut dérouter, rendre la lecture quelque peu difficile mais sous l’évidence, il faut aller dans l’obscurité pour faire provision de lumière, de sens.
Commenter  J’apprécie          200
L'improbable et autres essais

Dans L’Inachevable, nous retrouvons ces mots d’Yves Bonnefoy :





« Consciente de l’immédiat, soucieuse du plein engagement de la pensée dans la finitude, l’intuition qui est à l’origine de la poésie pourrait, certes, suivre cette voie jusqu’au cœur de l’expérience mystique, qui a ce même souci et le porte aussi loin que possible. Mais quand, pour ce faire, la mystique quitte les mots, elle, la poésie, se retourne vers eux, tout au contraire, et sacrifie son objet profond, ou du moins son espoir d’y vraiment atteindre, afin de préserver le rapport à l’autre, le lieu social. »





Et j’ai l’impression d’avoir l’esprit mal placé lorsque cette parole, gonflée de bons sentiments plus que de sincérité, me semble représenter une tentative vouée à l’échec : on ne force pas la communication avec l’autre en lui déversant de la poésie au visage. Comment prétendre à une communion universelle par les mots en déployant un élitisme de la poésie qui porte avec lui tout le mépris et le dédain dont est capable la violence symbolique ? Je suis peut-être seulement un peu rapace et envieuse, dégoûtée d’être restée sur le carreau alors qu’on m’appâtait avec des promesses de rencontres exaltées dans l’instant, de moments qui frôlent l’absolu grâce à la communion consciente de l’acte et du mot. Yves Bonnefoy répudie la mystique qui se perd dans le silence et revendique la poésie, envisagée comme le mode de communication par excellence. Et pourtant, les essais regroupés dans ce livre ne parlent pas des hommes en général mais d’une catégorie d’hommes en particulier, ceux qui existent seulement dans leur rapport avec la création artistique. Les autres n’existent pas. C’est glaçant.





Je veux bien qu’Yves Bonnefoy soit un bon poète et théoricien de la poésie. Il écrit de très belles choses à ce sujet et s’interroge sur les mystères de la création artistique. « Pourquoi des lignes sont-elles belles ? Pourquoi la vue d’une pierre apaise-t-elle le cœur ? A peine si le concept parvient à formuler ces questions qui sont les plus importantes. Il n’y a jamais répondu ». Malgré tout, il me semble faire fausse route et presque chaque page traduit l’anxiété d’un poète qui a conscience, sans vouloir se l’avouer, que le défrichage de la poésie en vue d’en révéler un grain de blé qui nourrisse réellement son homme est vain. Mais voilà, maintenant qu’il a construit sa vie autour de la poésie, et puisqu’il l’aime inconditionnellement, il n’ose pas le reconnaître et hurle au concret à chaque fois qu’il désigne la plus inexistante de ses dernières abstractions philosophiques.





« Telle est la pierre. Je ne puis me pencher sur elle sans la reconnaître insondable, et cet abîme de plénitude, cette nuit que recouvre une lumière éternelle, c’est pour moi le réel exemplairement. »





René Daumal lui répond : « une de ses dernières trouvailles, ce fut de décrire « le contenu vécu » de ses opérations mentales ; un de ces jours, je l’en préviens, il s’apercevra que ce n’est pas le contenu mais le contenant qui vit, qui fabrique le contenu comme dans un moule ». Et moi je m’en vais, déçue de cette rencontre qui n’a pas eu lieu. Et pour une fois, je ne m’en veux même pas.
Commenter  J’apprécie          180
Les Planches courbes

Un recueil de poésie qui m'a été imposé pour le bac et qui ne m'a pas plu du tout. Même si les thèmes abordés me plaisait, impossible pour moi d'aborder ces poèmes si complexes....
Commenter  J’apprécie          180
Les Planches courbes

Comme souvent, l'inscription à un programme scolaire d'un grand livre, d'un grand poète, se révèle contre-productive : dans une intention louable de mettre la vraie littérature à la portée de ceux qui ne lisent pas, ou pire, qui ne lisent que des sous-produits "culturels" frelatés, on expose le poème et le poète aux insultes des ignorants et au ressentiment des demi-habiles.



Bonnefoy, dans ce recueil, s'écarte quelque peu de la poésie moderniste, en ce qu'il laisse une place assez large à la compréhension rationnelle, à la pensée, et ne fonde pas tous ses effets sur les associations libres d'images et de sons, auxquelles les surréalistes et leurs héritiers nous ont habitués. Riche d'images et de mythes, sa poésie interroge aussi le lecteur à la façon de l'essai : il renoue ainsi avec une tradition ancienne, celle du discours en vers, que Ronsard avait su remettre à l'honneur, à l'imitation des Grecs et des Latins, dans notre littérature. La pensée et l'imagination collaborent sans que l'une prenne le pas sur l'autre.



Cela rend-il Bonnefoy plus "compréhensible" que les autres poètes contemporains ? En un sens, oui. Mais sûrement pas à des lecteurs contraints de Terminale "littéraire", ni à des amateurs pour qui penser, c'est rabâcher des évidences et des lieux communs qui font se sentir bien ensemble. Sa poésie, comme toute littérature digne de ce nom, nous demande un effort, ce qui ne peut que nous scandaliser, habitués que nous sommes aux plaisirs faciles. L'effort, évidemment, débouche sur des jouissances littéraires accrues, mais réservées à ceux qui les désirent vraiment.
Commenter  J’apprécie          170
La quête du Graal

Le Graal, qui apparaît pour la première fois dans l’œuvre de Chrétien de Troyes, devint ensuite un symbole chrétien, tout en restant associé au monde arthurien. La Quête du Graal est donc bien une œuvre mystique qui illustre un combat entre l’Ennemi et des chevaliers élus dont Galaad, le seul qui pût, en raison de sa puissance mais aussi de sa virginité, s’asseoir sur le Siège Périlleux, à la droite d’Arthur, sans être englouti, ou bien encore brandir certaines épées et achever la quête du Graal dont dépend la survie d’un Royaume en voie de désintégration.
Commenter  J’apprécie          160
Poésie et photographie

Quel très beau livre, au papier filigrané couleur ivoire. N'étant pas une adepte de la liseuse et autres nouveautés électroniques, j'ai apprécié véritablement de tenir un si bel objet en mains. C'est un véritable plaisir des sens pour moi.



Au-delà de cela, l'auteur, qui est poète, a voulu mettre en parallèle principalement Daguerre mais aussi Atget et Nadar à Mallarmé, Maupassant, surtout à son oeuvre La nuit, Poe et Baudelaire.



C'est donc très ciblé et sans quatrième de couverture, j'avais cru, il faut le dire, que le propos serait plus large. Ce qui était chimérique vu l'épaisseur de l'ouvrage.



A réserver, me semble-t-il, aux amateurs ou de la photographie du 19e siècle ou des auteurs susnommés.
Commenter  J’apprécie          140
L'improbable et autres essais

Le poète Yves Bonnefoy écrit sur la littérature et l'art dans le recueil "L'improbable et autres essais". La lecture demande de la concentration, une vraie implication dans le monde des métaphores poétiques et une attention soutenue de notre part. Chaque ligne ici est saturée de sens, tirant toute une série de conclusions, fantasquement entrelacées dans le miroir exquis d'une logique surnaturelle, dans la lignée de laquelle Bonnefoy expose ses arguments vertigineux.



Selon lui, l'artiste accomplit sa mission en ravivant le moment, en le remplissant de sens existentiel et en acquérant ainsi un sentiment d'intemporalité, pénétrant dans le monde suprasensible. Bonnefoy est extrêmement critique par rapport aux tentatives de poésie rationnelle et sur cette base il écrit un pamphlet colérique adressé à Paul Valéry, ne reconnaissant à ce dernier qu'un seul succès, le poème "Cimetière marin".



Bonnefoy est amoureux des beaux-arts, qui non seulement sont perçus sensuellement, mais sont réfléchis également sur certains aspects spirituels de la peinture. Pour Bonnefoy, la découverte de la perspective a éloigné l'homme de l'être intemporel, le plaçant ainsi dans des relations de fragilité. Cependant, conclut-il, la perspective n'est qu'un outil que l'artiste utilise à sa guise. Une remarque très juste.



Partisan d'un penseur russe Chestov, Bonnefoy, s'enfonce dans la jungle philosophique et il faut parfois un certain effort pour démêler la confusion de ses magnifiques métaphores. Je suis sortie éclairée de cette lecture. Se promener avec l'auteur parmi les artefacts culturels était plus qu’agréable.
Commenter  J’apprécie          130
Souvenirs d'un voyage au Mont Analogue

C'est un recueil de 9 textes, rassemblés par Bernard Amy, sur l'alpinisme, avec en toile de fond le roman inachevé de René Daumal "Le Mont Analogue". Il y a deux textes de René Amy, de Samivel, et un de Yves Bonnefoy, Pierre Dalloz, Jean Ferry, Guy Martin-Revel et Henri Michaux. Certains sont des nouvelles, des histoires d'alpinisme bien sûr, proches des grand classiques du genre, d'autres tournent autour de la passion et de l'émerveillement de l'alpinisme, d'autres encore sont plus axées sur la poésie, mais l'ensemble permet de faire un parallèle entre les mots et les monts, entre l'exploit de l'écriture et celui de l'ascension. J'ai plus particulièrement apprécié les deux textes de Bernard Amy qui font le lien direct avec le roman « Le Mont Analogue ». Il est sans doute préférable de l'avoir lu pour en saisir l'intérêt (mais pas forcément nécessaire). L'un est une suite, où l'auteur part sur les trace fictives de René Daumal, l'autre est raconté à la manière de Platon, un « Banquet » dans un refuge, avec une discussion philosophique autour du roman de René Daumal. On pourrait conclure comme ceci en citant Bernard Amy : « Daumal lui aussi cherchait des réponses. Et pour les trouver, il avait utilisé la montagne comme un langage. J'ai interrogé les montagnes, chacune d'elle m'a répondu dans son langage. »

C'est un beau complément au "Mont Analogue", poétique, philosophique, qui nous élève aux plus hautes cimes, où les mots rencontrent les cimes. Plus un livre sur la passion, l'addiction, la spiritualité autour de l'alpinisme que sur l'aventure et l'action.

PS. Je regrette juste une chose : la médiocrité de la couverture.
Commenter  J’apprécie          111




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Yves Bonnefoy (1150)Voir plus

Quiz Voir plus

Jouons avec John Ford

John Ford adapte en 1935 l'écrivain républicain irlandais Liam O'Flaherty. Victor McLaglen incarne Gypo Nolan, un ivrogne qui dénonce son ami membre de l'IRA pour 20 £ de récompense . Le film s'intitule:

L'Homme tranquille
Le Mouchard
Quand se lève la lune

14 questions
2 lecteurs ont répondu
Thèmes : cinéastes , cinema , cinéma americain , realisateur , hollywood , adaptation , adapté au cinéma , littérature , western , romans policiers et polars , roman noirCréer un quiz sur cet auteur

{* *}