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Critiques de Zakhar Prilepine (77)
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Ceux du Donbass

Il me semble qu'en lisant et en entendant Zakhar Prilepine, parler pas forcément de lui-même d'ailleurs, sur les guerres, sur la Russie.. il faille le lire en creux, comme si le meilleur était ou à venir ou dans ce qu'il laisse entendre. Je ressens que sa qualité est vraiment là, il a l' énorme avantage, si ce n'est pas le privilège, d'avoir vu tant de choses et de l'avoir voulu, qu'il laisse maintenant les choses venir à lui pour mettre tout ça en ordre de marche. Comme dit Alain le philosophe, quand on cessera de le comprendre, on le comprendra.



Ses matériaux pour écrire, c'est comme une eau pour se purifier, il faut qu'elle se repose, entretenue par le simple courant régénérateur de la création. Je pense qu'il faut voir aussi en amont s'il n'y a pas moyen de l'apprivoiser mieux cette eau féconde par le chemin de la connaissance livresque pour mettre de l'ordre dans ses idées et embellir encore, rendre plus lisible le texte. Il faut admettre qu'à sa décharge, il se heurte à une tâche redoutable qui est celle d'être en prise avec son temps au combien trouble et complexe, comme la plus value qui fait les génies qui sont rares en fait, et pour cela c'est en lui qu'il doit chercher les remèdes et les réponses non pas dans le monde qu'il a en face, c'est une exigence de taille, réellement !.. Il me semble que le chemin de la narration est acquis chez Zakhar Prilepine, là où combien d'autres piétinent et ne franchissent pas le Rubicon. Là où je lui donne raison encore, il faut qu'il assure ses arrières et ne pas s'exténuer à ramer pour satisfaire ses besoins réels, sans jamais perdre son âme évidemment.. Et on reparlera de lui, j'en suis sûr !
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Des chaussures pleines de vodka chaude

Suite à la découverte de l'essai "Les enragés de la jeune littérature russe" reçu dans le cadre de Masse critique, j'ai acheté ce recueil de nouvelles pour découvrir cette nouvelle génération russe ignorée chez nous, Prilepine en étant un des auteurs les plus populaires.

Belle découverte. Un auteur qui nous parle de la jeunesse, sa perte de sens et ses errances dans un style simple, plein d'humour et d'humilité. On peut être un peu surpris par le style Prilepine car ce type d'auteur est, il me semble, en voie de disparition chez nous... plus dans l'air du temps... politiquement incorrect? ou has been? Il pose un regard à la fois dur et désespéré sur le monde mais aussi sensible à l'importance des choses simples. Ses nouvelles nous racontent le quotidien des jeunes hommes en Russie (pas à Moscou ou Saint Petersbourg!), quotidien à l'allure morose mais pourtant plein de vie à travers la camaraderie, la séduction et l'ivresse.

Certes, certains qualifieront Prilepine de misogyne, homophobe, chantre de la violence ou de l'alcoolisme, un gros beauf en résumé racontant un monde de "réacs" dépassés. Pour ma part, je vais continuer ma découverte avec San'kia, un de ces romans. Prilepine m'a conquis pour une bonne raison: à travers sa jeunesse, j'ai perçu la mienne, celle des jeunes ruraux sans argent, une jeunesse de beauf mais une jeunesse qui croque la vie, ou qui la boit en shooter aussi!

Pour ma bibliothèque, si vous connaissez un Prilepine français, je suis preneur!?
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Le péché

Ce titre m’a été judicieusement conseillé pour découvrir la plume et l’univers littéraire de Zakhar Prilepine. Ce roman ressemble à un recueil de nouvelles. D’inspiration autobiographique, il relate, sans chronologie, des épisodes-souvenirs, une vie russe contemporaine.



De l’enfance à l’armée en Tchétchénie, de l’adolescence aux expériences professionnelles, une vie d’homme, amoureux, père.



Je m’attendais à une lecture dure, difficile. Si les pages sont parfois rudes, féroces, j’y ai pourtant lu une tendresse virile, un humour, certes ironique mais plus étonné que cynique, émerveillé parfois, porté par un profond élan vital, par un tout aussi profond attachement à cette Russie, à sa culture. J’y ai lu la nuit, Moscou, la campagne russe, la famille, une société en pleine transformation, l’alcool, le rapport à l’argent, au pouvoir, une fraternité et une fidélité.



J’y ai lu également une lumineuse nostalgie, une poésie, si loin de l’image du provocateur que j’avais rencontré au Salon du livre de Paris l’année passée. J’y ai lu une plume limpide qui sait rester sobre sous la force des émotions, des mots qui donnent présences et paroles à tous les personnages. La » nouvelle éponyme » est juste splendide. Dans le chapitre explicitement intitulé » En d’autres termes… « , j’ai lu un poète. Ce chapitre est un recueil de poèmes.



Il y a une ardeur dans ces récits de la violence des jours et des sentiments, toutes les couleurs et les saveurs de la vie, du plus clair au plus sombre, du plus doux au plus amer. Le goût de la vie.
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Le singe noir

Les eaux sont troubles dans ce roman ; dès les premières pages, on est constamment entouré d'un brouillard épais et visqueux, quelque chose de désagréable, de poisseux, comme si la réalité refusait de se dévoiler. On sent bien pourtant, que l'on touche à un sujet douloureux et cruel - la violence des enfants, les enfants soldats, les enfants criminels, leur incapacité à distinguer le bien du mal, etc. - mais comme le personnage principal, on ne parvient jamais à atteindre le vif du sujet, comme si l'on conspirait autour de nous, comme si l'on cherchait à nous cacher cette réalité. Mais au lieu d'en être frustrant, le résultat n'en est que plus magistral : l'effet littéraire grandiose que parvient à tisser Zakhar Prilepine rend la lecture fluide et l'on s'accroche d'autant plus à ce personnage, même si l'on devine bien qu'il est dans une terrible spirale.
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Pathologies

La Tchétchénie. Un nom sur une carte, un membre de l'U.R.S.S, aujourd'hui une république dirigée par le tristement célèbre Ramzan Kadyrov.



Entre ces deux dates : deux guerres. Cadre de l'histoire narrée par Zakhar Prilepine. Auteur tout à la fois reconnu et célébré pour son talent, mais aussi décrié pour ses prises de positions nationalistes russes.



Lui-même mobilisé puis volontaire durant les guerres de Tchétchénie il nous narre ici, l'histoire d'Egor Tachevski.



Récit d'un soldat et d'une garnison mais également, comme autant de flashbacks, histoire de l'amour d'Egor pour Dacha.



Cette opposition donne une véritable force au récit alternant les époques, les rythmes, les problématiques.



Egor aime Dacha. Mais d'un amour pathologique, malade. Il ne supporte pas que d'autres hommes aient pu la toucher, l'aimer avant lui l'orphelin, qui refuse de devoir partager encore quelque chose, qui se révèle être plutôt quelqu'un.



Egor est aussi un soldat. D'une drôle d'armée qui semble rechercher la vodka comme une bouffée d'oxygène, le lecteur se traîne à la suite de ces hommes, de leur désœuvrement, de leurs doutes.



Avec les pages qui défilent, on a l'impression que personne ne semble véritablement savoir pourquoi ils sont envoyés en Tchétchénie.



On ne retrouve pas d'altérité, de réflexion sur ce qui a pu conduire les tchétchènes au combat.



Au massacre d'hommes par d'autres hommes.



Parti pris de l'auteur, sûrement, mais qui, sur le fond, m'a un peu dérangé.



On s'englue avec les soldats russes dans cette atmosphère lourde et étouffante, servie par un style âpre. Le rythme,cependant, va crescendo pour un final que ne renieraient pas les amateurs de films de guerre.



Au final, j'ai beaucoup aimé cette lecture et notamment le style de l'auteur malgré quelques réserves sur le fond.
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Ceux du Donbass

A priori, tout semble nous dissuader de lire ce livre de Zakhar Prilepine. En premier lieu, bien sûr, la personnalité même de l’auteur qui peut paraître sulfureuse à certains puisqu’il appuie totalement les russophones d’Ukraine dans les combats qui ont suivi les événements de Maïdan - même s’il semble prendre ses distances avec le projet d’une intervention globale contre l’Ukraine. On peut aussi se perdre dans le touffu de ces multiples impressions, dans la profusion des portraits qui jalonnent les chapîtres, dans le fouillis des notations et des références culturelles que les notes en bas de page ne parviennent pas toujours à bien expliciter. Et pourtant ce livre engagé et difficile reste remarquable par cette curieuse retenue de l’auteur qui ne se laisse jamais aller à proférer des imprécations. Dans cette mise à distance, se trouve prise en compte toute la complexité d’un conflit qui est resté pour l’essentiel peu connu en Occident avant l’intervention de la Russie en 2022. Guerre civile où des familles se sont trouvées divisées ; guerre terrible où malgré tout des sentiments d’humanité peuvent être retrouvés par-delà les haines.

Prilepine a combattu lui-même dans cette confrontation et pourtant il ne se met jamais en scène. Il a choisi de s’effacer pour rendre compte de figures du Donbass qui lui semblent exceptionnelles par leur courage et leur lucidité.

Parmi les témoignages forts qu’il produit, on relèvera celui relatif aux événements d’Odessa de 2014 où plusieurs dizaines de militants anti-maïdan, c’est-à-dire pro-russes, se sont trouvés piégés et assassinés dans des conditions particulièrement atroces. Il affirme que les deux mille individus qui ont enfermé les pro-russes dans un bâtiment auquel ils ont mis le feu en empêchant toute personne d’en sortir, venaient pour l’essentiel de Kiev. A Odessa, lorsque des gens étaient en train de brûler vifs à l’intérieur de la Maison des Syndicats, on pouvait entendre dans la foule joyeuse et excitée : « C’est bien fait pour eux ! sinon ce sera ici comme à Donetsk. »

Mais cette dénonciation véhémente est rendue d’autant plus crédible que Prilepine admet par ailleurs des faits qui peuvent être retenus contre son camp, reconnaissant notamment que de nombreux russophones ont pris le parti de défendre l’identité ukrainienne et qu’il y a eu aussi des crimes du côté des séparatistes pro-russes.

Parmi les portraits des dirigeants du Donbass, on relèvera particulièrement celui de Zakharchenko, ce chef de guerre qui s’est imposé pour devenir le président de la République populaire du Donetsk. Un gamin des rues, lutteur, mineur, guide de convois, qui devient « révolutionnaire » un peu par hasard. Prilepine l’admire pour son courage et sa volonté de fer, mais n’hésite pas à rapporter certains de ses propos plutôt choquants. On apprend ainsi à propos de ses prisonniers des milices ukrainiennes Azov, Aïdar et Dniepr, traités plus durement que ceux de l’armée régulière ukrainienne : « Tu ne leur dois aucun salaire, tu n’as pas de charges à payer et ils travaillent douze heures par jour. » Mais Prilepine crédite Zakhartchenko d’avoir été mieux qu’un chef de guerre. Le Donbass en 2014 était un territoire émaillé de zones d’influence : les stations-service, les concessions automobiles, les hôtels, les maisons particulières, tout pouvait se trouver sous le contrôle de tel ou tel commandant ou « seigneur de la guerre ». Le mérite de Zakhartchenko est d’avoir remis en ordre ce territoire en proie au chaos dans sa lutte pour préserver son identité russe. Interrogé un jour sur son idéologie, il répond : « S’il faut absolument en choisir une dont je me sens proche, je dirais que je suis monarchiste. Ce à quoi Prilepine lui répond, étonné : « Monarchiste ? Et tu procèdes en même temps à la nationalisation de toutes les grandes entreprises et tu élabores une politique sociale…Tu es intrinsèquement un homme de gauche ». Zakhartchenko ne le contredit pas, se contentant de sourire.

Tout à fait passionnant également le portrait d’Andrei Babitski, cet activiste encensé par les médias européens au moment de la guerre en Tchétchénie pour son opposition à Vladimir Poutine. Tout aurait dû l’opposer à Prilepine qui s’était engagé à l’époque dans les forces spéciales russes. « J’ignorais bien sûr, affirme ce dernier que j’allais être heureux de lui serrer la main vingt ans plus tard. » Entre temps, Babitski avait pris ses distances vis-à-vis de son employeur, Radio Svoboda, en dénonçant le président géorgien, Saakachvili, soutenu par les Américains, principaux commanditaires de la station. Ce qui lui avait valu d’être licencié de son poste de chef de la radio Echos du Caucasse à Svoboda. Et il avait approuvé par la suite la reprise de la Crimée par la Russie.

Babitski, analysant les modes de fonctionnement de sa radio financée par les Américains affirme, qu’en direction de la Russie, elle prône les valeurs démocratiques, la liberté d’expression, de réunion, de religion, alors qu’en direction des autres pays issus de l’URSS, « elle propose des contenus qui véhiculent des idées nationalistes. » Babitski dénonce l’approche occidentale comme un « snobisme post-colonial ». Les Européens, fiers de leurs « décolonisations », toisent de haut les peuples qui n’ont pas suivi la même voie qu’eux, accusant la Russie (selon lui à tort) de vouloir reconstituer un empire colonial.

Cette collection de portraits traduit cette réalité infiniment complexe qui constitue la trame même du conflit de la Russie avec l’Ukraine. On peut contester les prises de positions de Prilepine, mais il faut auparavant en avoir pris connaissance dans les textes mêmes de l’auteur et non dans les charges de ses adversaires.

On comprend que Prilepine se soit fait de dangereux ennemis. Le 6 mai 2023, il est blessé en Russie dans un attentat à la voiture piégée au cours duquel son chauffeur-garde du corps est tué. Deux engins explosifs avaient été placés sous la voiture de l’écrivain. Seul l’un deux avait fonctionné. Les services secrets ukrainiens mis en cause par la Russie ont refusé de s’exprimer sur cette affaire.

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Je viens de Russie

Ces chroniques écrites en 1999 et 2011 sont de diverses longueurs, d'intérêt varié et de compréhension plus ou moins évidente. Ce sont des articles politiques, Zakhar Prilepine est très engagé contre le régime actuel, contre les libéraux et l'ouverture au capitalisme sans garde-fou, sociétales, sociales, littéraires, selon les humeurs et les envies de l'écrivain. Elles ont toutes en commun de parler de la Russie d'aujourd'hui, parfois sur un mode revendicatif, parfois en parlant de l'histoire de ce pays et de ses habitants pour mieux tenter d'expliquer les raisons pour lesquelles selon lui, le capitalisme sauvage de ces vingt dernières années ne fonctionne pas. Z. Prilepine ne prétend pas avoir raison, il prétend avoir des opinions, des avis ni plus légitimes ni moins que les avis des gouvernants actuels, et souhaite les exprimer sans crainte pour lui ou pour les siens. Car en Russie, il ne fait pas bon être contre V. Poutine : contrôles fréquents, intimidations pour les actes les plus insignifiants.

Ces chroniques sont un excellent moyen de se faire une idée non passée par le filtre des médias et politiques occidentaux : on est avec quelqu'un de l'intérieur, comme disait Francis Cabrel qui n'a rien -enfin peut-être m'avancé-je- de russe mais c'était juste pour montrer l'étendue de ma connaissance en matière de chanson française ! Z. Prilepine vit en Russie avec femme et enfants, il participe à la vie littéraire, intellectuelle, politique de ce pays qu'il aime tant, au point parfois de virer carrément nationaliste, et là, j'avoue que je coince un peu ; bon, du chauvinisme, pourquoi pas, on aime bien dire du bien de son pays quand il le mérite, mais dans quelques chroniques je trouve qu'il va un peu loin. Ceci étant, la Russie a été tellement décriée que tenter de la rétablir aux yeux de tous est une tâche quotidienne à laquelle s'emploie aisément l'auteur. Il reste fidèle à ses idées qui sont de ne pas jeter tout le passé de son pays avec Staline et ses millions de morts.



Dans ses écrits, il n'est pas tendre, ni avec Gorbatchev ou Eltsine que nous voyons en Occident comme les précurseurs de l'ouverture du pays à la liberté, ni avec V. Poutine, ni avec les apparatchiks du pouvoir actuel ou les courtisans. Il peut cependant l'être dès qu'il parle de sa vie d'enfant, de sa bien-aimée et de ses enfants et de son pays, de sa culture. C'est un livre instructif, parfois excessif qui me renvoie une image assez fidèle de celle que j'avais avant du peuple russe : "Je raconte qu'il existe un mythe sur l'attirance intime des Russes pour une main de fer, le despotisme et la tyrannie. Mais que les Russes se rappellent et n'apprécient pas moins la clémence de leurs dirigeants que n'importe laquelle de leurs décisions autoritaires." (p.81) Un mythe qui n'en est pas vraiment un, comme il le montre dans ces textes : son peuple aime avoir à sa tête des hommes forts, puissants qui savent montrer qu'ils ont de l'audace et qu'ils n'ont pas peur, il aime aussi les voir humains, et c'est sur ce paradoxe que Vladimir Poutine forge sa stature et son pouvoir qu'il n'est manifestement pas prêt de perdre au vu des derniers événements en Crimée particulièrement et plus largement en Ukraine.
Lien : http://lyvres.over-blog.com
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Le singe noir

IL est extrêmement difficile de résumer ce roman qui parle à la fois des enfants-soldats en Afrique, d'enfants au Moyen-âge et dans lequel le narrateur vit des péripéties dont on se demande si elles sont réelles ou fictives. Escroquée par une prostituée, il la retrouve chez elle, se voit poursuivi par ceux pour qui elle travaillent. Prilepine critique à la fois ceux qui viennent adopter des enfants en Afrique et se donner bonne conscience et ce ne peut être un hasard si la femme blanche qui adopte un enfant d'appelle Angelina:



Ensuite Angelina, la femme blanche avait choisi cet enfant pour l'adopter. Elle avait déjà des enfants blancs, elle en voulait encore quelques-uns d'une autre couleur.



Il critique aussi le médecin blanc, qui vient diagnostiquer une maladie jamais nommée et qui se contente d'annoncer la maladie sans tenter d'aider le malade. Il est difficile de lire un tel roman sans rien connaître de l'auteur car il est parsemé de remarques racistes dont on ne sait pas si l'auteur les critique ou les fait siennes. J'ai donc dû me documenter sur l'auteur et est découvert qu'il fait partie du Parti National-Bolchevik, créé par Limonov mais qui semble être un journal d'extrême-gauche. Pilipine est lui aussi journaliste écrivian et est un farouche opposant de Poutine.



J'ai donc trouvé ce roman bien trop déroutant pour l'apprécier, même si certains passages m'ont intéressée.
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Des chaussures pleines de vodka chaude

Il s'agit de nouvelles et je dirais heureusement. Car c'est violent, désenchanté, désabusé, pessimiste.

Fort heureusement Prilepine a le sens de l'humour et de la dérision, sans lesquels ce qu'il relate serait insupportable.

J'ai lu nouvelle par nouvelle avec des pauses entre chacune, et la lecture d'un livre "léger" (de mon point de vue) ou très différent. Il y a des moments où j'ai posé - déposé - le livre, interrompant ainsi ma lecture. Respiration nécessaire.

Néanmoins, je pense que la littérature et des écrivains comme Prilépine doivent nous exposer à la-leur réalité, si violente soit-elle. On est loin de Martin-Lugand.
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Je viens de Russie

Je viens de Russie est une série de chroniques écrites entre 1999 et 2011 par Zakhar Prilepine sur son pays, ou plutôt sa patrie, la Russie, comme le titre le laisse supposer.

Zakhar Prilepine, et il est important de le signaler, n'est pas un écrivain ordinaire. Cet homme d'une quarantaine d'année, qui a combattu en Tchétchénie entre 1996 et 1999, est un membre important du parti National-Bolchévique et un des intellectuels protestataires les plus célèbres de Russie (avec tout ce que cela implique).

A travers ses chroniques russes, l'auteur nous fait découvrir la Russie des trente dernières années dans les différents domaines que sont la politique,la société, la culture, l'économie. Mais le rôle de l'écrivain et celui de l'écriture sont aussi abordés ainsi que des thèmes plus philosophiques: qu'est ce que posséder? La société de consommation, la révolution plutôt que l'évolution...

Au fur et à mesure de ma lecture je me suis bizarrement rendue compte que je me faisais une image plutôt simpliste de la Russie actuelle alors qu'elle se révèle complexe et bouillonnante (de l'intérieur, à l'extérieur nous nous en sommes aperçus...) et qu'elle reste encore hantée par son passé récent, "hantée" n'étant en rien un terme négatif mais une façon de dire que le passé soviétique et socialiste est loin d'être effacé pour la plupart des russes, notamment pour Zakhar Prilepine. Car, comme le signale l'auteur lui-même, sa patrie n'est pas la Russie mais l'Union soviétique. Il ne faut donc pas chercher ici un livre distancié sur la Russie mais un ouvrage subjectif voire subversif.

Je viens de Russie est donc un livre engagé. Et même si nous ne sommes pas toujours d'accord avec les idéaux ou les critiques émis par l'auteur, cela fait du bien de voir et de lire des Hommes engagés, enragés dans ces temps plus ou moins aseptisés. Cela fait du bien de voir et de lire qu'il y a encore des Hommes qui se battent à coup de mots et de réflexions et non par images, slogans ou buzz. De plus, à aucun moment l'auteur n'oblige, n'incite les lecteurs à penser comme lui. Il le dit lui-même: c'est sa vision des choses et il ne prétend pas avoir raison. Point important aussi: ce livre n'est pas une ode au stalinisme ou l'expression d'une nostalgie communiste. Zakhar Prilepine ne nie pas les souffrances et les échecs du passé mais il s'interroge: est-ce que nous sommes plus heureux aujourd'hui? Avons-nous fait mieux? Et surtout, suis-je fier, à l'heure actuelle, d'être russe? Je vous laisse deviner les réponses. Enfin, ses réflexions nous invitent nous aussi à nous poser ces questions: que faisons nous pour notre pays? Quelle valeur accordons -nous à nos vies?

Quelques mots sur l'écriture pour finir. Je ne sais pas si c'est dû à la traduction mais j'ai trouvé que le style manquait de limpidité. Toujours est-il que je pense que le texte est plus rythmé et sonnant dans sa langue d'origine vu la quantité de références aux poètes et aux écrivains faites par l'auteur (de la fin du XIXème siècle à la moitié du XXème siècle en majorité évidemment).

Je viens de Russie est un livre d'amour et un livre qui réveille. Assurément.
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Des chaussures pleines de vodka chaude

Avec sa belle tête de bagnard, son passé de soldat en Tchétchénie, ses engagement politiques ambigus et sa réputation d'écrivain viril, Zakhar Prilepine fait un tout petit peu peur. On a bien tort, son recueil de nouvelles, Des chaussures pleines de vodka chaude, prouve et d'une, que c'est un excellent auteur, et de deux, qu'il n'est pas aussi trivial, pour ne pas dire vulgaire, qu'il veut bien le laisser accroire. La plupart de ses nouvelles ont un titre direct : Histoire de putes, Viande de chien, Un village mortifère ..., mais correspondent finalement assez mal à ce qu'on peut y trouver à l'intérieur. Bon, d'accord, les personnages de Prilepine sont assez souvent dans un état d'ébriété avancée, mais, après tout, ils sont jeunes, sans trop de moralité et, surtout, ils ne connaissent rien de mieux pour passer le temps et oublier l'espèce de déliquescence sordide qui résume le mieux leur existence de provinciaux sans espoir en l'avenir. Rien de trash là dedans, juste un désenchantement qui se marie bien avec le goût de la bière, de la vodka ou de l'eau de vie frelatée. Sous la plume de Prilepine, c'est le quotidien russe contemporain qui semble bel et bien frelaté. L'avant dernière nouvelle du recueil, intitulée La grand-mère, les guêpes et la pastèque évoque une Russie disparue, celle de son enfance, avec un talent poétique certain. Ce pays-là n'existe plus. L'auteur aurait-il comme un relent de nostalgie pour l'époque soviétique ? Hum ... Toujours est-il que son petit village appartient à l'histoire ancienne : "Tous étaient morts. Ceux qui n'étaient pas morts de mort naturelle avaient été tués. Ceux qui n'avaient pas été tués l'avaient fait eux-mêmes." Zakhar Prilepine, lui, est bien vivant. Et c'est un écrivain qui a un sacré gosier. Pas uniquement pour avaler de la vodka à doses abyssales.
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Le singe noir

Le Singe noir doit etre lu indépendamment de l'opinion que l'on peut avoir des engagements politiques de l'auteur.

Un beau livre qui s'interroge sur ce mélange inextricable du bien et du mal, analysé à partir des dérives chaotiques de certaines enfances. Il y a des pages magnifiques et terribles dans le témoignage d'un enfant soldat en Afrique. L'innocence ne préserve pas de la cruauté. Mais la tendresse n'est pas totalement absente de ce livre dont on reçoit la lecture comme un coup de poing. On peut rapprocher Le Singe noir de certains livres de Cormac MacCarthy. On y trouve la même volonté de distanciation froide et troublante. Mais Prilépine reste bien un auteur russe. C'est surtout à Dostoievski qu'il nous fait penser. Ecrivain maudit, certes, Prilépine bouscule la littérature russe.
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Des chaussures pleines de vodka chaude

Que dire de ce livre? C'est un recueil de nouvelles.



Prilepine semble être un écrivain russe couronné de succès et avec du courage.



Mes amies grandes lectrices ont beaucoup aimé et moi je me suis ennuyée. Le style est bon, ce n'est pas la question. C'est de la littérature très marquée Europe de l'est, il y est beaucoup question d'alcool et de désespoir. Les hommes et les femmes vivent dans des univers qui se croisent mais ne se rencontrent pas. Les hommes boivent, tuent, glandent et les femmes sont peu présentes.



Bref je n'ai pas aimé comme vous l'aurez compris
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Le péché

Les onze nouvelles qui constituent cet ouvrage se lisent avec un plaisir évident même si je concède une préférence pour "quel jour serons-nous demain ?" "Il ne se passera rien rien" et "le sergent". Faits insignifiants mais racontés de manière touchante et tendre émaillent ces récits.
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L'archipel des Solovki

Je venais de lire Kourkov, Svetlana Alexievitch et quelques romans slaves et les références m'ont amené sur ce roman et cet auteur. Grosse oeuvre, je l'ai lue avidement. Tant les résonances avec ce qu'il se passe à nos portes sont importantes. Prilepine (par ailleurs discuté pour ses positions politiques, dont je me fiche par rapport à son oeuvre d'écrivain) réussit à raconter comme un roman presque "drôle" une tragédie. Il ne met aucun pathos (à mon avis) ni (toujours à mon avis) aucune empathie et encore de sympathie. On peut lui reprocher. Il y a donc au fil de la lecture quelque chose de plus en plus froid. Je l'ai vu, lu comme une démarche volontaire... voilà où nous en arrivons. Voilà où nous en sommes et où nous en serons. J'ai terminé cette lecture, glacée, glacée que toutes ces tragédies auront été inutiles, il n'y a pas de leçon de l'histoire. Prilépine, de mon point de vue est effroyablement pessimiste et nihiliste. Mais il est bon écrivain. Et cette histoire doit être connue à l'heure où ce site comme celui de Tchernobyl et des camps en Sibérie deviennent des destinations touristiques en toute négation et tout oubli des millions de corps meurtris.
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Je viens de Russie

Au travers de ces chroniques écrites sur les dix dernières années, Zakhar Prilepine nous dresse un portrait de la Russie saisissant de réalisme. Son style fluide permet de nous emmener avec lui sur chacun des sujets qu'il aborde, en convoquant aussi bien l'anecdotique, le pittoresque, les souvenirs, que la réaction à chaud à des sujets d'actualité. Si l'on est parfois un peu dépassé par des sujets politiques que l'on maîtrise mal, on peut être bouleversé à la page suivante par des portraits étincelants, décapants ou édifiants de ses compatriotes. Cette mosaïque nous donne de la Russie une image réactualisée et nécessaire.
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Des chaussures pleines de vodka chaude

« - Tu veux boire ? dis-je, employant ces mots - parmi les plus importants – qui définissent les destins de la civilisation russe. »



La vodka coule effectivement à flots de la première à la dernière page de ce recueil de nouvelles, qui donne une vision de la Russie, essentiellement comme un monde de paumés, mais où une tranche de pastèque, du lard grillé et quelques bouteilles de vodka peuvent suffire pour profiter de la vie.



J'ai particulièrement aimé « Un héros de rock'n roll », une nouvelle d'une grande ivresse, où le narrateur, qui passe une saison à boire comme un trou sans fond de façon très méthodique, rencontre la rock star de son adolescence.



« Il semblait deux fois plus grand, et sa gorge insatiable les attirait tous comme dans un trou noir.

Ceux qui s'étaient rassemblés devant lui tournaient de plus en plus vite – désordonnés, perdus, tournoyant à une vitesse folle, se heurtant, prenant des coups. Et soudain, ce fut comme s'ils arrivaient dans un autre monde où les yeux sont grands ouverts et où l'on a envie de crier pour que les poumons absorbent, puis expulsent toute la fureur du corps et toute la joie de la chair. »



... Et également « Viande de chien », la farce d'un barbecue de viande de chien organisé par les garçons sans le sou pour séduire les filles affamées d'un pensionnat voisin,

« Le meurtrier et son jeune ami », pour les revirements de cette nouvelle, qui donne aussi une vision parcellaire mais juste du soldat russe engagé en Tchétchénie qu'a été Zakhar Prilepine,

Et « un village mortifère », qui rappelle les contes russes et les effrois des enfants perdus dans la forêt et recueillis par la Baba Yaga.

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Des chaussures pleines de vodka chaude

J'ai eu du mal à me mettre dans ces différentes nouvelles russes.

la seule chose que j'en ai retenu: si vous avez mal aux pieds avec des chaussures neuves, il faut y verser de la vodka chaude! à méditer!!
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Des chaussures pleines de vodka chaude

Dans une des nouvelles de ce recueil , Zakhar Prilepine découvre un nouvel usage de la Vodka : chaude, elle permettrait de détendre le cuir de ses chaussures. Enthousiasmé par la formulation, il met au défi l'ami qui lui recommande cette astuce de publier avant lui un livre portant ce titre.

La vodka reste un fil conducteur assez sûr entre les onze récits au travers desquels l'auteur raconte dans une atmosphère alcoolisée la vie quotidienne et provinciale d'une jeunesse russe désorientée. Chroniques d'une génération sans idéalisme, il m'est impossible de détacher le réalisme social et le contexte politique de son auteur, Zakhar Prilepine.
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Officiers et poètes russes

Zakhar Prilepine est l’auteur d’une œuvre variée mêlant romans, nouvelles, recueils de poésie, essais et chroniques de guerre. Dans un style peu académique oscillant entre récit biographique, histoire militaire, anthologie poétique et littérature, il revient dans son dernier ouvrage traduit aux Éditions des Syrtes sur la vie et l’œuvre de huit officiers et poètes russes des XVIIIe et XIXe siècles : Gavrila Derjavine, Alexandre Chichkov, Denis Davydov, Konstantin Batiouchkov, Piotr Viazemski, Alexandre Bestoujev-Marlinski, Piotr Tchaadaev et Alexandre Pouchkine.



Mon entretien avec Zakhar Prilepine à l'occasion de la parution de ce livre : https://philitt.fr/2020/01/12/zakhar-prilepine-limportant-nest-pas-de-faire-la-guerre-mais-davoir-une-perception-religieuse-et-mystique-de-la-vie/



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