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Citations de Élisabeth de Fontenay (99)


C'est à la religion que profite l'opération proprement philosophique qui consiste à faire du vivant une machine, et les raisons que Descartes fait passer pour strictement scientifiques ou philosophiques ne sont en réalité que théologiques.
p635, Sur les ruines du mécanisme
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C'est le souci ésotérique, élitiste de soi-même qui commande de réviser et même d'abolir la tradition logocentriste pour trouver des raisons de ne pas attenter à la vie animale : on est loin de la compassion et du sentiment de solidarité avec tout ce qui respire. Porphyre cite des recommandations d'inspiration végétarienne qui viennent à point renforcer sa thèse prescriptive, mais rien ne dit qu'il les suive, malgré la radicalité de sa propre position. Ne pas manger de viande, cela reste peut-être pour lui en définitive une affaire entre soi et soi, entre la partie rationnelle de l'âme et la partie irrationnelle (...)
p190 - La souillure carnivore
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Les Présocratiques sont pieusement zoophiles, les platoniciens sont nostalgiques de la proche et lointaine plaine de vérité.
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Il peut arriver à quelqu’un, témoin et partie prenante d’une maladie de l’esprit qui a frappé son sang, de trouver un jour dans le vacillement même du malheur la bonne distance, celle qui lui permette d’accueillir la fatalité tombée sur un enfant des hommes, pour réfléchir désormais au destin donné en partage à ceux qu’on tient pour seulement vivants.

-Avant-propos-
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p. 142 : L’auteur du Contrat social – il faut le dire sans ambiguïté, car il est le théoricien de la démocratie et il fut l’idole des Révolutionnaires de 1789 – a expressément rejeté hors du pacte fondateur la moitié de l’humanité [...].
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Dans cette « autobiographie » de son frère, Élisabeth de Fontenay travaille à lui redonner une place de sujet. Est-il autiste, ou souffre-t-il d’une déficience mentale jamais clairement diagnostiquée ? Quoi qu’il en soit, Gaspard n’a pas conscience de lui-même ; il dit rarement « je » et ne se regarde pas dans la glace. On a l’impression d’un enfant (aujourd’hui âgé de 80 ans) qui n’a jamais atteint le « stade du miroir » et la distinction entre moi et autrui. C’est donc à sa soeur de prendre en charge sa conscience de lui-même.
Elle le fait avec précaution, avec respect, car écrire sur quelqu’un peut être une violence quand l’autre n’a pas la possibilité de répondre. Et comme elle est philosophe, elle s’aide de ses lectures pour mener ses observations et ses réflexions. C’est à la fois un atout, et, de mon point de vue, un frein. Avec ses nombreuses références elle met une distance entre elle et son sujet, et je trouve son style peu fluide à force de chercher constamment le mot juste. Cela dit, ces citations philosophiques ou culturelles sont souvent très pertinentes. La plus troublante, peut-être, concerne ses propres écrits sur la cause animale, quand elle fait le lien entre « le silence des bêtes » et celui de son frère.
On retrouve dans cette notion ce proverbe souvent cité : le degré de civilisation d’une société se mesure à la façon dont elle traite… et là, chacun complète la phrase selon ses priorités. Pour ma part je dirais : selon la façon dont elle traite les fous. D’autres diront : les pauvres, les vieux, les chômeurs, les malades, les prisonniers. Élisabeth de Fontenay répond : les animaux et les humains privés de parole. Sur cette absence de parole, elle fonde son humanisme.
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Quelques instants plus tard, alors que le corps d'Anne venait d'être enterré, de Gaulle a posé sa main sur le bras de sa femme et lui a murmuré : "Maintenant elle est comme les autres." Maintenant... comme les autres. Désespérant aveu qui laisse entendre que seule la mort a réussi là où les hommes ont échoué.
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Darwin a en effet montré qu'à un moment de l'évolution, un rebroussement a lieu, puisque les hommes civilisés annulent les effets de la sélection naturelle en protégeant les individus les plus fragiles.

2 . L'impropre, p. 49
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Les monades sont des éléments, des substances simples, des unités nées avec la création et incorruptibles, inaccessibles à l’influence du dehors mais sujettes spontanément à ces changements internes que sont l’appétition et la perception.
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Schopenhauer constate que que Kant rejette les animaux hors de la sphère du droit et nie que l'homme puisse avoir des obligations envers un être autre que l'homme, de telle sorte que la cruauté envers les bêtes lui apparait seulement comme une violation du devoir de l'homme envers lui-même. Faut-il rappeler que le droit kantien autorise à consommer, détruire, abattre ce qui, sous le rapport de l'abondance, est l’œuvre de l'homme : "les pommes de terre et les animaux" ?
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Toute chose à un prix ; seul l'homme, en vertu de la dignité attachée à la raison, mérite le respect, ce qui veut dire qu'il y a quelque chose en lui qu'on ne peut pas évaluer, apprécier quantitativement. Respecter un animal n'a donc aucun sens pour Kant. (...) "Ceux, dit René Char, qui regardent souffrir le lion dans sa cage pourrissent dan la mémoire du lion". Et ceux qui tentent les disjonctions kantiennes peuvent se remémorer qu'on s'est longtemps amusé à montrer des hommes au même titre que les animaux dans les zoos et les expositions universelles de l'Occident-technicien-chrétien.
p718-719, Comme des pommes de terre
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Rassurez-vous, bons chrétiens, semble-t-il dire, vous pouvez continuer à torturer les bêtes sans commettre de péché puisqu'elles ne ressentent rien. Vous pouvez, sans ajouter du mal au mal, passez sur elles toutes vos fantaisies de pervers polymorphes. La révélation vous a certes constitués pécheurs, mais, par la thèse des animaux-machines, Faites-en donc à votre aise, ad libitum !
p419, La mise en page de la disputatio
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Descartes rêve d'un système de privation sensorielle qui, empêchant que se nouent les liens cordiaux de la perception et des qualités secondes, rende caduque la trop tardive méthode par une rééducation préventive de la mauvaise immédiateté : l’anti-Émile, en somme. C'est cela même, saisi dans la caricature du modèle idéal qui nous est ici donné, que la phénoménologie husserlienne, puis merleau-pontyenne, tentera de réhabiliter : le "monde de la vie", cette connivence préréflexive avec un environnement où l'expérience n'est pas encore sacrifiée au jugement, et où la subjectivité vivante n'est pas déjà expulsée de la connaissance."
p390, La fable des machines
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C'est donc à toutes sortes d'arguments philosophiques (ou simplement doxiques) accumulés contre l'interdiction de tuer et de manger les animaux que Porphyre s'apprête à répondre. Mais avant de commencer à réfuter les raisonnements antivégétariens qu'il a exposés, il prend soin de rappeler à qui est destiné son traité : non pas "à l'homme endormi qui tout au long de sa vie met ses efforts au service de son sommeil en rassemblant auprès de lui tout de qui peut faire dormir, mais à l'homme soucieux de chasser le sommeil et organisant tout ce qui l'entoure en vue de rester éveillé".
p190 - La souillure carnivore
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[…] Deleuze, comme beaucoup de philosophes qui se sont intéressés aux bêtes, ne peut pas évoquer l’être-animal –en l’occurrence le plus « vil », comme on disait –sans rabaisser l’être humain, en janséniste et matérialiste comme La Fontaine ou en sceptique comme Montaigne.
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"Femme, ce nom seul touche l'âme ,mais il ne l'élève pas toujours ...et le philosophe qui croit contempler n'est bientôt qu'un homme qui désire ou un amant qui rêve."
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Et voici qu'il me faut assumer une évidence qui peut sembler brutale mais dont la fondamentale douceur rend compte à la fois de ma sollicitude pour les bêtes et de ma pitié pour Gaspard. L'attention philosophique à l'histoire immémoriale du pâtir animal a trouvé son origine dans une méditation sur le quasi-mutisme de mon frère.
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(...) Je refuse l'idéologie du tout génétique qui consiste à imposer la fixité, l'inéluctabilité, la prédétermination, le rejet du nouveau et de l'imprévisible. P79
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À ceux qui diront que je mélange des luttes n'ayant aucun rapport les unes avec les autres, je répondrai que l'assassinat des handicapés par les nazis a eu lieu dans la plupart des pays où sévissait le IIIe Reich et ce, pendant que Georges Mauco coopérait avec les nazis à l'élimination de la race juive et que des hôpitaux psychiatriques français, Le Vinatier par exemple, utilisaient la famine comme un moyen d'euthanasie. Gaspard qui, en ce temps de grande honte humaine, avait entre 3 et 7 ans, aurait pu être traité à la fois comme un "demi-juif" et comme une "existence superflue".
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...Descartes, en déclarant l'âme ou le langage ou la pensée apanage des seuls êtres humains, de tous les êtres humains, a résolu de refonder méthodologiquement et métaphysiquement une égalité entre les hommes, quelle que soit l'accidentelle faiblesse de ceux qu'on tient pour les derniers d'entre eux.
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