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Citations de Élisabeth de Fontenay (99)


Mais comment ne pas reconnaître, en premier lieu, que la plupart des définitions de l'homme ou de l'humanité n'ont plus grand sens depuis que les nazis, devenus racistes d'État, ont tenté et jusqu'à un certain point réussi, l'extermination d'hommes parce qu'ils les tenaient pour des sous hommes : face à cette intention proclamée et réalisée, les belles paroles humanistes et démocratiques ont en effet dévoilé leur impuissance et leur hypocrisie.

2. L'impropre, p. 63
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Décidément, ce n'est pas sur les Épicuriens grecs qu'il faut compter pour voir se dessiner un droit des animaux. Épicuriens et Stoïciens menèrent le même combat contre ces marginaux qui prônaient l'absence de nourriture carnée.
p155 - Un même droit restrictif
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Et si, conclut Jean-Louis Poirier, on veut vraiment trouver une ligne de partage effective et efficace pour Platon comme pour la plupart des grecs, il faut la chercher non point entre l'homme et l'animal, mais entre l'homme libre et l'esclave.
p96, Pesantes âmes à l'oubli livrées
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[…] pouvons-nous encore comprendre aujourd’hui qu’un sacrifice religieux est et n’est pas un meurtre, et que les animaux –quelque part mais où ?- n’y perdraient que la vie ?
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Et si je tiens finalement à laisser une trace de ton prénom, c'est qu'après que nous aurons l'un et l'autre disparu, sans descendance, notre nom et nos prénoms, imprimés, sauvegardés, survivront un temps dans le clair-obscur des bibliothèques qui sont les seuls tombeaux d'où il arrive parfois qu'un lecteur vous fasse revenir.
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Desmond Morris s'inscrit dans la trace de Plutarque et de Montaigne quand il laisse entendre que l'obligation de respecter les bêtes rendrait intolérables la plupart des conduites que des citoyens de pays démocratiques s'autorisent vis-à-vis d'autres hommes qu'ils exploitent comme des esclaves ou laissent mourir de faim. (Desmond Morris, Des animaux et des hommes, 1992)
p487, Grâce et bénignité
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Lévi-Strauss écrit une page exemplaire par sa densité, par la douleur et la violence rarement égalée qu'elle exprime ; il faut la citer le plus longuement possible, tant elle prend en charge tout ce qui est si difficile de recueillir et de rassembler. Il commence par évoquer la montée en puissance des exterminations, des massacres, des tortures, que nous ne désavouions pas parce qu'ils se perpétraient en notre nom et à notre profit sur des populations lointaines et qui, maintenant, en quelque sorte nous rattrapent, nous menaçant d'une abjecte violence. Puis, avec une solennité rhétorique qui tranche sur son ton habituel, il profère ces mots : "C'est maintenant (...) qu'exposant les tares d'un humanisme décidément incapable de fonder chez l'homme l'exercice de la vertu, la pensée de Rousseau peut nous aider à rejeter l'illusion dont nous sommes, hélas ! en mesure d'observer en nous-mêmes et sur nous-mêmes les funestes effets. Car n'est-ce pas le mythe de la dignité exclusive de la nature humaine qui a fait essuyer à la nature elle-même une première mutilation, dont devaient inévitablement s'ensuivre d'autres mutilations ? On a commencé par couper l'homme de la nature, et par le constituer en règne souverain ; on a cru ainsi effacer son caractère le plus irrécusable, à savoir qu'il est d'abord un être vivant. Et, en restant aveugle à cette propriété commune, on a donné champ libre à tous les abus. Jamais mieux qu'au terme des quatre derniers siècles de son histoire l'homme occidental ne put-il comprendre qu'en s'arrogeant le droit de séparer radicalement l'humanité de l'animalité, en accordant à l'une tout ce qu'il retirait à l'autre, il ouvrait un cycle maudit, et que la même frontière, constamment reculée, servirait à écarter des hommes d'autres hommes, et à revendiquer au profit des minorités toujours plus restreintes le privilège d'un humanisme corrompu aussitôt né pour avoir emprunté à l'amour-propre son principe et sa notion."
p50, le plus autrui des autrui
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Le procédé permettant à la fois de rendre la viande casher et d’épargner une trop grande souffrance à l’animal est fort contraignant : position couchée, immobilisation de l’animal, égorgement par un mouvement d’aller et retour continu, au moyen d’un couteau parfaitement effilé, sans aspérités. […] Hémorragie maximale et douleur minimale constitueraient donc le double réquisit de l’abattage rituel.
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"Ou il n'y a personne ou l'on ne veut pas répondre", dit un personnage de Diderot, le Neveu de Rameau, en se frappant le front. Cette exaspération, parfois, de ma mère m'aura fait comprendre que les deux branches de l'alternative, absence ou refus d'entendre, étaient l'une et l'autre, et ensemble, recevables. Ainsi n'ai-je jamais cessé de tenir Gaspard pour une personne et de me dire, aujourd'hui comme hier, qu'il en rajoutait.
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Il faut se rappeler l’étymologie du mot « viande » -il vient du latin vivenda- et son sens tombé en désuétude : ce qui sert à vivre, toute espèce d’aliment propre à soutenir la vie.
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Le visage se refuse donc à mes pouvoirs de jouissance et de connaissance, puisqu'il relève la profondeur de l'ouverture : "ouverture", mot commun à Heidegger et à Lévinas, et qui désigne cela même qui manque à l'animal. "Ni la destruction des choses, ni la chasse, ni l'extermination des vivants ne visent le visage qui n'est pas du monde. Elles relèvent encore du travail, ont une finalité et répondent à un besoin." C'est l'absence de visage chez l'animal, qui autorise donc - au plus haut niveau, si l'on ose dire - que continue de se perpétuer des mises à mort auxquelles est déniè en toute bonne conscience le statut de meurtre.
p953-954, Visages
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En ce qui concerne les autres hommes, on peut remarquer que leur "culpabilité" quant au crime alimentaire varie selon l'éloignement et les médiations qui existent entre l'abattoir et leur table, et cette mise à distance témoigne encore de l'innocence primitive. On peut, dit Mandeville, faire passer le végétarisme pour une folie, mais "cette folie précède d'une passion réelle, inhérente à notre nature, et elle suffit à démontrer que nous sommes venus au monde avec une répugnance à tuer, et par conséquent à manger les animaux". Il esquisse ici un thème inédit : celui d'un retour du naturel, qui dans l'état de société est perçu comme une folie, non pas seulement par la multitude ou encore par quelques sages, mais constitutivement, en quelque sorte, structurellement.
p672, Des intestins, un estomac innocents.
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Aristote, dans l’Éthique à Eudème, fait de ce fragment une sorte de proverbe : "Ce qui t'amuse me fait mourir". La terrible mise en garde de l'inhumain divertissement de l'homme et du sérieux animal de la mort, cette remarque laconique semble valoir pour tous les jeux cruels que les hommes ont inventés, dans leur histoire, pour faire souffrir et mourir les bêtes les plus inoffensives - chasse à courre, corrida, combats de coqs et de chiens, tir au pigeons -, et elle donne à réfléchir sur ce vivant qui fait mourir d'autres vivants par pur plaisir du meurtre.
p212 - Les soi-disant hommes-chiens
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Le propos de Lucrèce fut de désenchanter le monde, de désensorceler la réalité pour émanciper les hommes des craintes inspirées par la religion, par la prétendue intervention des dieux dans les affaires humaines, par les diverses croyances en l'immortalité des âmes.
p157 - Lucrèce...
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La parenté de la chair qu’on mange (sarx) et de la chair qui constitue la pesanteur d’un corps (sôma) rebelle à l’âme, fait que le goût communique aux autres sens sa démesure honteuse comme en un crescendo de dépravations, une surenchère de sensualité, menant en fin de compte et paradoxalement à l’insensibilité criminelle : il ne serait pas antiplutarquien de nommer cette transgression de toutes les transgressions « péché de chair », en deçà ou par-delà l’acception chrétienne d’un tel syntagme.
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Tes parents t'ont appelé Gilbert-Jean. Et si je tiens finalement à laisser une trace de ton prénom, c'est qu'après que nous aurons l'un et l'autre disparu, sans descendance, notre nom et nos prénoms, imprimés, sauvegardés, survivront un temps dans le clair-obscur des bibliothèques qui sont les seuls tombeaux où il arrive parfois qu'un lecteur vous fasse revenir.
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Le mal dont il pâtit, c'est l'innocence, il ignore la malveillance, le mensonge, la dissimulation, il réagit depuis si longtemps comme une victime, comme un agneau que l'on mènerait à l'abattoir.
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Gaspard, lui, ne possède aucune de ces vertus tenues pour proprement humaines. Très peu de signes viennent de lui, qui mériteraient qu'on s'exclame : cela un animal ne l'aurait jamais fait ! Il est né, il a grandi, il s'est présenté à l'épreuve du propre de l'homme et il a été recalé. Son échec m'aura rendue hostile à presque tous les humanismes.
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Les animaux de Zarathoustra facilitent, en les allégorisant, les renversements majeurs de la pensée du philosophe. Mais ils pâtissent, comme c’est le cas au reste du ton même de Nietzsche dans cette œuvre, d’une présence latente et obsédante des signifiants évangéliques et plus particulièrement johanniques, que le texte prétend subvertir.
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Mais je me demande seulement quelle manière d'être ensemble - entre hommes, entre hommes et femmes, entre malades et bien-portants, entre morts et vivants, entre enfants et adultes, entre fous et sensés, entre hommes et bêtes, entre bêtes elles-mêmes - pourrait aider à réinscrire l'animal dans une chaîne symbolique qui ne fasse plus bon marché de lui.
p1004, Retour au sacrifice
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