Ô toi
Puisqu’il faut bien que je m’adresse
A quelqu’un, quelque chose
Puisque c’est difficile de t’ignorer
Quand tu es partout
Comme tout ce gris
Comme toute cette pluie
Puisque tu prends possession
Des rêves, des sommeils, de tous
De toutes ces victimes, ces bourreaux
J’augmente mon ton vers Toi
Puisque tu ne sais faire que tuer
Arracher, accumuler, désarticuler
Les cadavres, les démons
Je m’interroge
Sur tous ces corps que tu laisses
Tomber, écorchés, à vif
Je cherche à comprendre
Comment tu brises les hommes
Ne les laissant plus qu’être
Ombres, fantômes, hordes (hors-d’eux)
Et qu’ils s’y rendent, encore
Vaillamment
Qu’est-ce qu’ils laissent, à la fin?
J’ignorais qu’il était facile
D’être si obéissant, si discipliné
J’ignorais que les traumatismes
Usaient autant les victimes
Que les bourreaux
Torturaient autant les spécialistes
Que tu étais capable d’ôter leurs repos
De les rendre fou du cycle infernal
De leurs blessures, de leurs culpabilités
Que tu détruisais le sens même
Que tu créais un ourobouros
De victimes, de bourreaux
Coincés dans un purgatoire
Qu’est ce qu’il reste, à la fin?
Des hommes qui ne s’endorment plus?
Je n’en finis pas donc,
De m’interroger sur toi
Sur toi, la Guerre
Comment tu fais pour hanter
Tellement de textes, d’interrogatoires
Tellement de gens, tellement de mondes
Comment tu remplis l’espace
Les cauchemars, les champs de ruines
Je songe et je doute
De toutes mes forces, je doute
De ta valeur, de ton impressionnante
Emprise, de ta justification
Je voudrais te voir disparaître
Quand cessera la loi de la Guerre
(c’est quand plus tard?)
Je vois quoi je regarde quoi
Le gris, les Hommes-poissons
Le colonel ne dort pas, ne peux pas
Le général et l’ordonnance non plus remarque
Je regarde et je vois quoi
Le creux, le monochrome
La Ville, le Palais, la Reconquête
Et la lourdeur et les pensées parasites
Mais au milieu du brouillard
J’accueille la lumière dorée:
Cette poésie transfigurée
Rayonnante, puissante de cette autrice
Et ça me réjouit de m’adresser à toi
De te dire que tu as perdu, Guerre
La beauté de ce texte atypique remporte
La Victoire, et mon cœur dans la bataille
Aussi, dépêche-toi Donc, de laisser place
Qu’on est plus qu’à se consacrer
À ce soleil nouveau, incroyable
Spécialiste, ce talent incarné:
Le nouveau roman d’Emilienne Malfatto!
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