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Critiques de Émilienne Malfatto (422)
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Que sur toi se lamente le Tigre

"Nous naissons dans le sang, devenons femmes dans le sang, nous enfantons dans le sang. Et tout à l'heure, le sang aussi. Comme si la terre n'en avait pas assez de boire le sang des femmes". Récit poignant et délicat, récit violent et poétique, récit d'une vie qui entraîne la mort. Ce court roman résume à lui seul les contradictions de tout un pays, de toute une pensée, de toute une façon de concevoir la société, le brillant rôle des hommes, le sanglant rôle des femmes. Seulement, tout n'est pas si simple, si figé. Toutes les voix de cette famille sont différentes alors que les mêmes règles les enchaînent. La narratrice est condamnée, comme des milliers de femmes avant elle, comme des milliers de femmes à venir. Pourtant, sa voix résonne encore en moi. La littérature n'est-elle pas faite pour cela ? Entendre encore un souffle de vie là où dominent les pires actes de l'humanité ? Cette voix, entrecoupée de celle du Tigre, qui a vu les plus grands mythes s'effondrer, qui a assisté à la course sans fin de Gilgamesh, à la mort d'Enkidou, à l'aurevoir de l'enfant maintenant femme. Toutes ces voix humaines, fluviales et immortelles résonneront longtemps dans les esprits.
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Que sur toi se lamente le Tigre

Fulgurance de l’écriture et de la prose, Émilienne Malfatto peint en quelques mots, en quelques pages, le sort terrible et mortuaire, livré à cette jeune irakienne de porter la vie en son ventre, un enfant conçu hors mariage. Un déshonneur pour la famille qui sera lavé par la mort donnée des mains de son frère.

Témoignage édifiant des conditions de la femme en Irak. Un roman coup de poing.
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Que sur toi se lamente le Tigre

Peu de pages et pourtant tout est dit. Une langue forte et poétique. Un texte d’une intensité si puissante qu’il prend aux tripes. Un Goncourt du premier roman 2021.



Ce livre est incontestablement une pépite. Il faut le lire !



Texte choral, il évoque la condition des femmes en Irak, la peur, la guerre, les silences. Il écrit l’honneur qui n’en est pas un à coup de crimes et de brimades. L’amour bafoué. La religion. Quelques pages et tout est dit des vies gâchées au nom de rien, du vent, de croyances.



Une lecture de quelques heures, les mots scellés à mon regard, le cœur en charpie.

Une lecture inoubliable.
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Que sur toi se lamente le Tigre

Elle porte la vie et elle sait que, pour elle, c’est synonyme de mort. Nous ne savons pas comment elle s’appelle, car bientôt, elle n’existera plus et ne devra jamais avoir existé. Elle a franchi l’interdit. Elle vit en Irak, de nos jours. Son crime ? S’être donnée à Mohammed, sans être mariée, juste avant que son fiancé meurt sous les bombes.





Elle va mourir, elle le sait. Elle vit ses derniers instants, sous l’œil du Tigre, le fleuve auprès duquel elle habite. Ces 70 pages sont ce qui restera d’elle. Elles sont entrecoupées par plusieurs voix. Il y a celle de son frère, celui par qui sa mort viendra. C’est sur lui que repose l’honneur de la famille. Il ne le sait pas encore, mais il va la tuer. Son autre frère s’exprime aussi : il est celui qui n’empêchera pas la tragédie de se produire. Au fil des pages, la jeune fille disparaît, ses dernières paroles sont recouvertes par celles de ceux qui assistent, regrettent ou participent au drame. Ils s’appellent Amir, Ali, Hassan, nous connaissons leurs prénoms, mais pas le sien.





Elle doit payer pour les hommes, par la main d’un homme. Son destin est inéluctable, elle n’essaie pas de lutter ou de convaincre, elle sait que c’est écrit. Nous sommes en Irak, de nos jours, et son acte est encore considéré comme impardonnable : si elle ne meurt pas, la honte rejaillira sur toute la famille.





70 pages pour dire l’horreur de la condition féminine. 70 pages qui serrent la gorge. 70 pages qui font jaillir les larmes. 70 pages qui en disent plus qu’un gros roman. Chaque mot transperce, chaque phrase montre la résignation face au destin, chaque caractère rapproche de la mort, chaque page m’a bouleversée et chaque lettre m’a révoltée, car pendant que je lisais, je savais que des femmes mouraient, dans le monde. Simplement pour avoir aimé…





C’est un récit qui laisse une empreinte indélébile.
Lien : https://valmyvoyoulit.com/20..
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Que sur toi se lamente le Tigre

Dans un récit très fort et court, récompensé par le prix Goncourt d’un premier roman, l’auteure nous raconte les états d’âme des différents membres d’un famille rurale de l’Irak du sud à propos du drame d’honneur qui va bientôt les toucher. Tomber enceinte hors mariage, quelles qu’en soient les circonstances est une condamnation à une mort certaine dont l’inéluctabilité rôde à chaque page du roman. Le déploiement majestueux du tigre offre une respiration entre les différents témoignages et les renforcent. Dans une superbe écriture sobre et poétique, Emilienne Malfatto nous fait réfléchir à la puissance des traditions qui règnent encore un peu partout dans le monde.
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Le colonel ne dort pas

Le gris est la couleur dominante de ce roman.



Le gris, couleur de la guerre, dans tout ce qu'elle a de plus sale.

Le gris couleur de la ville, qui n'est plus que ruines et décombres, enlisée dans la boue.

Le gris, couleur du ciel d'où tombe une pluie incessante qui fait pourrir les palais d'autrefois.



Le gris, couleur des personnages, qui n'ont plus rien d'humain.

Les victimes sont devenues des choses, un amas de chair informe. Le colonel est devenu un robot qui tue et torture froidement. Chaque jour il accomplit méthodiquement sa sinistre besogne, sans état d'âme et obéissant aveuglément aux ordres, mais la nuit il ne dort plus, hanté par les fantômes de ses victimes.

Le gris s'est emparé de l'esprit et du cœur des hommes, devenus indifférents à tout, plongés dans une léthargie mortifère.



J'ai avancé en apnée, tentant de traverser cette grisaille oppressante où la mort est omniprésente.

Au milieu de cette grisaille, l'écriture d’Émilienne Malfatto, saisissante, remarquable, où la poésie côtoie l'horreur.



Pourtant, malgré l'écriture, je ne peux pas dire que j'ai aimé ce roman. J'étais pressée d'en finir avec ce colonel et j'ai refermé le livre soulagée. Soulagée de m'extirper enfin de cette atmosphère glauque qui m'a collée à la peau durant toute ma lecture.
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Le colonel ne dort pas

Dans un pays en guerre, le colonel est le spécialiste de la torture, il inflige aux hommes des blessures jusqu'à la mort. Mais la nuit, il ne dort pas. Il est hanté par ses Morts, qui le tiennent éveillé. Un très beau roman sur les ravages de la guerre, sur ce qu'elle fait aux hommes. La guerre n'est pas une véritable excuse pour donner la mort. Emilienne Malfatto décrit d'une façon sublime, avec une poésie subtile les tourments de l'âme humaine, de la culpabilité. Les sentiments s'échappent de l'homme pour agir sur son environnement. Une écriture magistrale !Dans un pays en guerre, le colonel est le spécialiste de la torture, il inflige aux hommes des blessures jusqu'à la mort. Mais la nuit, il ne dort pas. Il est hanté par ses Morts, qui le tiennent éveillé. Un très beau roman sur les ravages de la guerre, sur ce qu'elle fait aux hommes. La guerre n'est pas une véritable excuse pour donner la mort. Emilienne Malfatto décrit d'une façon sublime, avec une poésie subtile les tourments de l'âme humaine, de la culpabilité. Les sentiments s'échappent de l'homme pour agir sur son environnement. J'ai aimé ces images créés par l'auteure pour parler de ces horreurs. Une écriture magistrale !
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Que sur toi se lamente le Tigre

"Que sur toi se lamente le Tigre" d'Emilienne Malfatto est un court roman inspiré de l’effroyable réalité subit par les femmes irakiennes qui mérite ses nombreux prix littéraires dont le Prix Goncourt du premier roman 2021.

Si une phrase pouvait résumer ce livre choral c'est "Chez nous, mieux vaut une fille morte qu'une fille mère". C'est une phrase terrifiante.



Une jeune fille sait qu'elle va mourir par la main de son frère aîné. Elle est enceinte hors mariage et son amoureux, un combattant du jihad, est mort à la guerre avant qu'il l'épouse.

Les membres de la famille vont s'exprimer les uns après les autres sur cette tragédie ce qui permet de pénétrer dans une société irakienne complexe et fermée, régentée par l’autorité patriarcale et le code de l’honneur.



Une histoire poignante qui se passe sur les rives du fleuve Tigre et permet d'entendre des voix différentes de femmes mais aussi d'hommes. Les seules voix que j'ai eu du mal à entendre sont celles de Gilgamesh d'une autre époque. Pour autant, j'ai trouvé ce roman important pour mieux interroger notre humanité.





Challenge Riquiqui 2024

Challenge Cœur d'artichaut 2024

Challenge Plumes féminines 2024

Challenge Multi-défis 2024

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Le colonel ne dort pas

Un texte court fort et bien écrit. Un colonel spécialiste de la torture chez l'ennemi, ne trouve plus le sommeil. Pendant ses nuits sans sommeil, il s'adresse à ses victimes qui le hantent. Ces pensées nous sont retranscrites en vers.

Le jour, la guerre nous est raconté, son métier également. Rien n'est dit mais on comprend parfaitement la torture.

Un texte assez dur mais la poésie adoucit la lecture.
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Que sur toi se lamente le Tigre

un texte magnifique. la qualité la force et la beauté sont là inversement proportionnelle a l'épaisseur du livre. l'Irak, les femmes la puissance des ressentis, l'horreur de la guerre et la mort en toile de fonds. mais avec tout ça si noir, l'auteur en a fait un texte d'une poésie et d'une sensibilité incroyable. a lire impérativement
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Que sur toi se lamente le Tigre

Terrible, tragique, ce roman est très court, si court et pourtant si intense...

Nul besoin de beaucoup de mots pour évoquer le pire. L'autrice nous conte une histoire triste, si grave, que ma gorge s'est serrée.

Un texte intense qui fait mal, à l'âme, au cœur. Si il n'y avait que de la tristesse, si seulement c'était une tragédie antique, si seulement la guerre n'existait pas, si seulement hommes et femmes vivaient en harmonie. Que ce texte est dur ! Si seulement, ce n'était pas une réalité, une histoire parmi tant d'autres, de femmes opprimées, jusqu'à être tuées, pour quoi ?

Pour l'honneur de la famille, le code d'honneur des hommes.



Terrible histoire d'une jeune fille irakienne qui a franchi l'interdit absolu, qui s'est donné à l'homme qu'elle aime et qui va être son fiancé. Son frère l'avait promis.

Enfin, rien de tendre, rien d' idyllique non plus. L'homme prend son dû et part se battre. La guerre, l'Irak. Il ne reviendra pas et le couperet tombera : enceinte.



Dans une narration aux multiples points de vue, le roman nous offre une véritable tragédie.

Une histoire familiale, dans un pays en proie aux combats et la barbarie.

Une petite tragédie au milieu d'une plus grande.

Et face à tant de malheur, le Tigre :



" Je suis le Tigre. Depuis des milliers de lunes, je traverse le désert, long comme une veine sacrée.

Je cours de là-haut, des montagnes, je tombe dans la plaine, puis le désert, puis la mer tout là- bas, comme une respiration. "



Mais les hommes n'ont pas plus de considération pour ce long fleuve, source de vie, témoin de leur folie.



Pris en étau entre les pensées de chaque protagoniste et le récit de Gilgamesh, long poème qui coule tout au long du roman, le lecteur devient spectateur, assiste, impuissant, et, espère.

Mais il n'y a aucun espoir, aucun rêve. Les femmes ne sont que des ombres dans cette société d'hommes.



Il y a Baneen, sans doute la plus heureuse car elle a capitulé, s'est soumise.

"Je suis l'épouse, la femme soumise, la femme correcte, celle qui respecte les règles, qui ne les discute pas. "

Il y a la mère, la vieille femme au corps informé sous les voiles noirs, aux boitillements de vieillarde et qui n'a pas cinquante ans, soumise aux règles. On ne s'oppose pas à la loi des hommes. On ne défend pas même sa fille.

Et la fille, celle par qui la tragédie arrive., celle à qui on ne pardonne pas la faute de l'homme.

Et Layla, la petite sœur, la dernière...

Toutes ont eu le malheur de naître femme.

Je vous l'ai dit, c'est court et pourtant, toutes ces vies de femmes se déroulent sous nos yeux mais juste en quelques lignes, de toutes petites vies, et puis, enchevêtrés dans ces récits, les voix des hommes, les forts, les puissants, mais pris au piège eux aussi. Une mécanique implacable !



Mon avis



Difficile de conseiller une telle lecture, chacun a ses limites et ici le sujet est si dur..

L'autrice, journaliste et photographe, a parcouru l'Irak. Son roman est un récit simple, efficace, impitoyable. Un livre comme une main tendue.

Et si seulement, l'Irak nous était conté autrement.. et si seulement, un livre ...

Un éclairage sur ce pays devenu prison, sur ces femmes que nous n'oublions pas.. si seulement, une lecture...

Alors, ici, c'est peut être pas le paradis,..., mais ça y ressemble.







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Que sur toi se lamente le Tigre

Un récit de 80 pages d’une fulgurance remarquable qui mérite incontestablement le prix Goncourt du premier roman en 2021. Au fil des pages, Émilienne Malfatto a su trouver les mots les plus justes pour décrire les sentiments, la tragédie, la mort…à travers une écriture incisive qui nous relate d’une jeune fille irakienne. Issue d’une famille irakienne traditionaliste, elle a commis l’irréparable. Elle est tombée enceinte en dehors du mariage et le père de l’enfant est décédé. Elle sait que ses jours sont comptés si elle reste vivante elle déshonore sa famille, donc dans un Irak rural il n’y a pas de choix possible.

Le livre est divisé en différents chapitres dont chacun nous présente, nous parle d’un membre de cette famille. Il y a le grand frère qui est responsable de la famille depuis le décès du père et dont l’honneur de la famille passe par lui, le petit frère qui est attaché à sa soeur mais qui ne peut rien dire, la belle-sœur exemplaire aux yeux de tous, la mère dont on comprend que lorsqu’on naît femme il ne nous reste plus beaucoup d’alternative et il y a enfin le Tigre, le fleuve témoin de tout et de la déchirure de son pays.

Le mot « mort » est omniprésent dans ces 80 pages et prend un sens différent dans chaque bouche et la résilience dont chacun fait preuve qui m’ont particulièrement marqué. Ce livre résume une triste réalité mais l’autrice a su nous faire entrer dans la tête de chaque personnage avec le sentiment de ne pas les déranger. On sent bien que l’autrice connaît les us et coutumes de ce pays mais elle a réussi à faire d’une triste réalité, des témoignages bouleversants et intimes avec juste les mots qu’il fallait, ni plus ni moins.

C’est un récit court d’une densité remarquable que je relirai et que j’offrirai avec plaisir tellement il m’a touché. Pour un premier roman, bravo et c’est très prometteur.
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Que sur toi se lamente le Tigre

Un livre qui m’a complétement retournée. C’est un livre que je dois lire pour les cours et bordel, je ne pensais pas qu’il allait autant m’atteindre.



Je viens de terminer Que sur toi se lamente le Tigre de Émilienne Malfatto et je ne m’attendais absolument pas à ça.

Court (80 pages), éloquent, terrible, ce premier roman m'a bouleversé par sa simplicité et son réalisme atroce.



Résumé :

L'Irak est déchiré par la guerre. Le fleuve Tigre charrie la boue et le sang. La légende de Gilgamesh, héros mésopotamien, rythme les dernières heures que vit une jeune femme.



Juste avant que Mohammed parte combattre, elle a cédé devant son insistance. Or, celui-ci a été tué un peu plus tard par une bombe larguée par erreur. Il était l'ami et le frère d'armes d'Amir, le frère aîné.

Alors qu'elle est enceinte de cinq mois, elle sait que son frère, Amir, va la tuer ce soir, pour préserver l'honneur de la famille. L'honneur, pour ce jeune homme qui a pris la place du père mort alors qu'ils vivaient encore dans la banlieue de Bagdad. Car l'honneur de la famille ne peut être sauvé qu'au prix du sang, la sentence est inéluctable : la mort.

Celle qui va mourir de la main de son frère aîné, n'obtient aucun soutien de sa mère, absente ce jour-là. Pas non plus de Layla, sa petite sœur et ni de Baneen, la femme d'Amir, modèle de femme soumise qui ne discute pas la toute-puissance masculine.

Hassan, le petit frère, gentil et tendre, n'a pas la force de s'opposer à l'horreur qui se prépare. Quant à Ali, autre frère plus âgé, moderne, évolué, il n'est qu'un lâche, navré d'être un salaud.

Que faire pour que de tels drames ne se produisent plus ?

Que sur toi se lamente le Tigre, Goncourt du Premier roman 2021, est un livre dont il faut parler car les vies de ces filles, de ces femmes, voilées sous les interdictions et les frustrations, voient leurs vies saccagées, abrégées, mutilées.

Ne plus détourner le regard, ne plus faire silence, militer pour le droit des femmes et une stricte égalité des sexes, voilà le combat à mener, combat encore loin d'être gagné chez nous comme un peu partout dans le monde…

Émilienne Malfatto nous fait pénétrer dans une société patriarcale où l'honneur est plus important que la vie, où « Chez nous, mieux vaut une fille morte qu'une fille mère », une société fermée où règne l'autorité masculine et le code de l'honneur.

Ce roman a été pour moi un véritable coup de cœur !

Il est rare qu'un récit aussi court soit aussi dense, aussi précis, aussi pertinent et aussi intense, tout en étant aussi poignant, aussi bouleversant et autant perturbant.

L'écriture m'a émerveillée par sa simplicité, sa précision, les paragraphes sont courts et percutants. Ce livre a été une révélation dont je suis ressortie bouleversée par la bêtise humaine.

Franchement, n'hésitez pas à réserver un peu de temps pour découvrir ce petit joyau, vous ne le regretterez certainement pas.

Magistral et inoubliable.



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Le colonel ne dort pas

« je suis du monde des ombres »  J’avais eu un gros coup de cœur pour Que sur toi se lamente le Tigre, découvert l’an dernier. J’ai pris tout autant plaisir à lire ce nouveau roman d’Émilienne Malfatto, dont la figure centrale est un colonel qui n’arrive plus à dormir, un spécialiste de l’interrogatoire et de la torture, gris, hanté par ses fantômes, ces morts qu’il aura causées. Avec une grande puissance d’évocation et dans une prose particulièrement poétique dans les chapitres à la ligne où le colonel se révèle à travers son discours interne, l’auteure réussit le tour de force de susciter de l’empathie pour des personnages dont on ne saura rien sinon très peu, tout en représentant l’absurdité et l’inhumanité des actes commis en temps de guerre. Elle pose cette question centrale qui continue de m’habiter bien après que j’aie refermé le livre: qu’est-ce que l’acte de torturer prélève à l’âme des bourreaux ?
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Que sur toi se lamente le Tigre



L’Irak récemment, où les femmes sont enfermées sous leur abaya, où les hommes aussi sont enfermés dans les traditions.

Une femme à cédé à son fiancé, entre deux combats. Et il est mort en laissant un enfant à naître. Tour à tour, le fleuve et la jeune fille ainsi que les divers membres de sa famille, sa mère, ses deux frères, celui qui va l'exécuter et celui qui laissera faire, sa jeune sœur, sa belle-sœur vont s’exprimer. Mais mieux vaut la mort que le déshonneur.



J’ai beaucoup aimé ce livre, prix Goncourt du premier roman. Il est efficace, bien écrit, rien de trop, ni manque.



Je le recommande et si vous n’aimez pas, vous ne souffrirez pas longtemps, 69 pages en chapitres très courts.

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Que sur toi se lamente le Tigre

J’ai eu un coup de cœur pour ce premier roman d' Emilienne Malfatto, un récit fictif mais imprégné d’authenticité, une histoire comme un témoignage, l'autrice connaissant parfaitement le pays, son histoire, son peuple, ses traditions ancestrales et les évolutions. 



Une divinité : Gilgamesh.

Un fleuve : le Tigre, tous deux témoins de la cruauté et de la barbarie des hommes aux mains ensanglantées. Une terre où les victimes d'aujourd'hui deviennent les assassins de demain.

Gilgamesh, le fleuve du Tigre, sont tous deux témoins du destin inéluctable des femmes silences.



Cette terre, c’est l’Irak.

L'histoire racontée se passe aujourd'hui. 

La victime est une jeune fille.



On chuchote du bout des lèvres que la pas nommée a franchit l’interdit absolu avec Mohammed, son amour d’enfance, elle a eu une relation charnel hors mariage.

De cette fusion emplit de peur, son ventre s'est gonflé de vie.



“De notre seule étreinte, je n’ai gardé que le souvenir de la peur et de la douleur. Peur qu’on frappe à la porte, que mes frères se réveillent, c’était la mort pour nous deux. Et la douleur dans monventre, dans mon sexe, partout, le déchirement de ma chair déjà. Ce fut sans plaisir, une étreinte terne, précipitée. Mohammed m’a possédée comme un soldat ivre monte à l’assaut, aveugle, maladroit, obstiné.”



Après 5 mois de déni de grossesse : 



“Le médecin m’a demandé ce que je comptais faire, si j’avais de la famille ailleurs, quelque part, loin. J’ai voulu lui dire que tous étaient morts, et que ceux qui n’étaient pas morts me tueraient. Les mots sont restés bloqués dans mon ventre.”



Elle sait qu’elle ne connaîtra jamais l’enfant, qu'elle mourra, pas d'espoir envisageable :  Mohammed est mort à la guerre.

Fin.



Elle mourra pour l’honneur, pour le sang.



Tour à tour, ce sont les différents membres de sa famille qui vont exprimer leurs points de vue il y a 

Baanen, la femme de son frère Amir, l’assassin : 



“Je suis celle qui ne questionne pas, qui ne bouscule pas. Je suis celle qui accepte sa condition, qui n’imagine pas qu’une autre vie est possible. Je balaie le sol à genoux avec des roseaux tressés. Je sucre le thé de mon époux. Je me farde chaque soir avant son retour.”



Elle mourra, aucun espoir, absolument aucune once d'une étincelle d'espérance ne la traversera car elle sait qu'un autre accepte les règles, l'autre ne se posera aucunes questions au nom de la tradition sacrée et celui qui voit les choses autrement, l'espoir peut-être, se considère lui-même comme un lâche, non, il ne fera absolument rien pour sauver sa soeur, pas un mot, il ne pleurera même pas devant les autres.



C’est un livre qui se lit rapidement. Il est écrit dans un style laconique, sans jugement aucun de la part d'Emilienne Malfatto. L'écriture est fluide, élégante et parfois même au-dessus de tout ce qui nous révolte, nous plaque au sol par des envolées lyriques.

Les thèmes sont la culture patriarcale, l'extrémisme religieux et le poids de la tradition qui font que la violence faite aux femmes musulmanes est d’une intensité gravissime comme on le sait. Femme qui n’a pas d’avenir, pas de plaisir, pas de désir, les femmes sont les fantômes noirs.

L’honneur de la famille qui est plus important que la vie d’une femme, l'honneur qui justifie toutes les horreurs.



Emilienne Malfatto, qui est journaliste, est bien sûr une autrice dont je vais surveiller les futures parutions.

Un sans faute ! 
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Que sur toi se lamente le Tigre

Un court roman mais qui en quelques pages m'est allé droit au cœur et à l'âme.



Sur les bords du Tigre, dans un Irak ravagé par la guerre et pétri de traditions, une jeune fille commet la plus grave des transgressions en ayant une liaison hors mariage. Mais elle tombe enceinte et le père du bébé meurt à la guerre: on comprend dès lors que sa famille devra laver son honneur dans le sang.



Un sujet déchirant traité avec des mots justes et poignants. Le récit alterne selon les différents points de vue: la sœur déshonorée, le frère assassin, les autres membres de ma famille... cette pluralité permet d'éviter tout manichéisme et donne une intensité particulière à cette tragédie inéluctable.

Car c'est bien de cela qu'il s'agit: le poids du destin, des coutumes, l'incapacité à sortir de soi-même pour échapper à son sort.



J'ai trouvé beaucoup de noirceur et un terrible manque d'espoir en l'âme humaine dans ce livre car tout semble écrit et tout le monde accepte cette situation, même la victime.



Mais finalement c'est aussi cela qui fait toute la beauté de ce livre: la force de ces personnages qui font face à leur destin et qui sont bouleversants d'humanité
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Que sur toi se lamente le Tigre

Une chambre d'écho. Écho d'une tragédie antique. L'histoire s’écoule comme un fleuve, les veines ouvertes d'un fleuve. Une terre de millénaires, une source, l'arbre d'Eden, Babylone, Bagdad, une légende, une épopée, et des larmes de sang, des tablettes d'argiles dans le ventre du désert aux ruines de béton éventrées à ciel ouvert, le roman d'Emilienne Malfatto est bouleversant. Des portraits, des ombres, des regards, et des chambres.

Comme l'écrivait Salah Al Hamdani , dans "Bagdad à ciel ouvert" : Il n' y a « rien pour couvrir la peau de ces jours dont on a ôté le coeur ».



Astrid Shriqui Garain

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Que sur toi se lamente le Tigre

Un texte puissant construit comme une tragédie antique. Le fleuve témoin de la puissance passée d'une des premières civilisation assisté impuissant à la fin du monde. Loin de notre confort occidental, l'auteur nous permet d'entrer dans une famille actrice et victime des règles qu'elle respecte, subit mais perpétue résignée. Émilienne Malfatto dépeint une société qu'on connait déjà, dont on connaît les rouages. Elle a su rendre cette tragédie vivante et palpable en nous permettant d'entre dans l'intimité d'une famille. C'est triste, vibrant et humain. C'est ce qui donne de la force au récit face à un conflit et une radicalité d'une cruauté sans nom et totalement déshumanisés.
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Le colonel ne dort pas

Il fut un temps - quand je vivais à l’étranger – où je fréquentais des correspondants de guerre. Quelque chose me mettait mal à l’aise dans leurs échanges : l’excitation morbide qui les rythmait. C’était à qui racontait l’horreur la plus spectaculaire, la plus inédite. Ils semblaient tenir une fierté mal placée à frôler un danger que d’autres, acteurs et non rapporteurs, payaient de leurs vies. De l’étonnement méticuleux de ces journalistes sortaient parfois de bons articles, rarement de bons romans.

C’est le sentiment que j’ai eu en lisant le dernier opus d’Émilienne Malfatto. Un sentiment de gâchis et d’inachevé, d’un sujet beaucoup trop grave pour être effleuré de cette manière. Ce que l’éditeur appelle « force » est la somme de partis pris paresseux : un dialogue intérieur convenu, des ellipses coupables et des non-dits comme autant d’aveux d’échecs à retranscrire la complexité du thème abordé. Pour mesurer l’indigence de ce petit roman je vous invite à découvrir, par comparaison, l’extraordinaire « Où j’ai laissé mon âme » de Jérôme Ferrari (Actes Sud). Sur la question de la torture, du bourreau à jamais prisonnier du souvenir de ses victimes, c’est un des romans les plus puissants que j’ai jamais lus (avec « La Question » d’Henri Alleg).

Malfatto a raté le coche. Le sujet du spécialiste, du fonctionnaire de la torture était prometteur. Or elle ne trouve la profondeur et l’inspiration qu’à de trop rares instants (p43).

Bilan : 🔪

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