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Critiques de Éric Fottorino (715)
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L'homme qui m'aimait tout bas

Au travers ce roman,c'est un merveilleux hommage que rend Eric Fottorino à ce père adoptif.

Malgré un début très brutal : le suicide du père avec sa carabine dans sa voiture, Eric Fottorino nous entraine dans ses souvenirs ,aux côtés de celui qui l'adopta 38 ans plus tôt et qu'il appela papa.

Roman d'une grande tendresse,de la douceur,souvenirs égrenés au fil des pages,mais on sent tout de même ,au delà des mots,un regret,regret d'avoir été en même temps si proche et si loin,de n'avoir pas su dire même si on se comprenait,même si l'amour était présent, peut -être pas assez démonstratif,beaucoup de pudeur,mais tout ce que l'auteur n'a pas su dire ,il l'exprime ,au travers ce magnifique roman ,les mots sont parfois plus faciles à écrire que les paroles a dire.

⭐⭐⭐⭐
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Mohican

Ce récit nous raconte de manière poétique l'histoire de la paysannerie à travers trois générations d'agriculteurs. On voit se transformer leur statut, d'agriculteurs à entrepreneurs, poussés à la rentabilité maximum par les pesticides, en s'endettant, en polluant, en tombant malades, en se suicidant.



Le fils de la dernière génération s'oppose au projet d'éolienne imposé à son père.



Même s'il y a eu de nombreux livres et articles sur le sujet, romans, études, de factuels à polémiques, si le fond de ce roman n'est donc pas neuf, il est très agréable à lire et m'a emportée dans une vision nostalgique et certainement romancée de la campagne où, enfant, je passais mes vacances.



L'écriture est belle et le scenario bien construit. Et ce n'est pas le petit côté bucolique qui empêchera chacun de réfléchir au sujet selon ses propres convictions.
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Korsakov

François ne connait pas son père.

Sa grand-mère "dragon" a empêché le mariage de Lina, sa très jeune mère avec cet homme tellement absent dans sa vie.

Le bonheur arrive avec Marcel, l'ostréiculteur qui épouse sa mère et leur donne son nom. Il devient François Signorelli et s'installe à Palerme pour mieux s'approprier l'histoire des Signorelli. Neurologue réputé, il s'auto-diagnostique le syndrome de Korsakov qui efface la mémoire et crée de faux souvenirs.

Eric Fottorino nous offre avec "Korsakov" un livre sur la recherche des origines, une plongée éblouissante dans Palerme, une course angoissante contre l'effacement des souvenirs.



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Je pars demain

Cette autobiographie d'Eric Fottorino, relate seulement 130 jours de sa vie, mais quelles journées riches en évènements, émotions, efforts physiques et mentaux !

Il nous apprend tout ce qui se passe sur un vélo de compétition, au niveau de la machine, des muscles et du cerveau du cycliste, mais aussi ce qui se passe autour.

Je me suis retrouvé dans ce livre à plusieurs égards. Tout comme l'auteur, à l'aube de mes quarante ans, et à près avoir arrêté le sport pendant plusieurs années, je m'étais fixé un défi sportif et astreint à un entrainement intensif, non pas pour une course cycliste mais pour un marathon.

J'ai apprécié le parallèle qu'il fait entre son métier et sa passion sportive, parallèle que j'ai également fait dans ma vie professionnelle avec le désir de comme lui essayer de faire cohabiter les deux.

Les doutes, les aléas météorologiques, les douleurs physiques et mentales, les coups de blues, les heures passées sur la route qu'il nous rapporte, je les ai connus aussi.

La façon dont il décrit tout cela est assez remarquable de précision et de détails. Et il enrobe cela dans des descriptions de paysages de telle façon que par moment le lecteur peut avoir l'impression d'être sur le vélo.

Entre deux entrainements, il laisse la place à de nombreuses anecdotes sur des courses cyclistes amateures ou professionnelles et il nous fait rencontrer différents cyclistes français réputés.

Il s'attarde beaucoup, et un peu trop à mon goût, sur le dopage qui il est vrai à l'époque défrayait la chronique dans le monde du cyclisme.

J'ai découvert quelques astuces de professionnel tout à fait applicables pour le commun des sportifs.

Un ouvrage que j'ai trouvé intéressant et riche, malgré quelques longueurs. Mais des séances d'entrainement de 6 heures c'est hélas long même en regardant le paysage.

Un ouvrage qui, je pense, est plus destiné aux pratiquants de la petite reine qu'aux lecteurs habituels d'Eric Fottorino.

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L'homme qui m'aimait tout bas

Michel Fottorino est entré dans la vie d'Eric quand il avait neuf ans. Il est le père, l'homme qu'attendait Eric. Le début du livre est brutal: "Le 11 mars 2008 en fin de journée, dans un quartier nord de la Rochelle, mon père s'est tué d'un coup de carabine."

La peine d'Eric Fottorino est immense, à l'image de son amour pour lui. Comment accepter ce qui parait inacceptable?

Éric Fottorino parle des moments magiques, du nom donné avec simplicité, et des deux frères venus comme des cadeaux.

Son père est présent dans tous ses livres. Dans "Un territoire fragile, il est " l'accordeur de corps" qui soigne les blessures et dans la vie kinésithérapeute, travaillant avec ses mains et non avec des machines.

" L'homme qui m'aimait tout bas" est un livre magnifique, le plus beau de tous les livres d'Eric Fottorino dédiés à son père.
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Mohican

“J’ai vu la fin des paysans” gisait dans ma PAL.

Vous avez tous ce type de livre fondamental dont vous vous dites : il faut que je le lise, en regardant l’ouvrage avec un air de chien battu.

Et voilà qu’Eric Fottorino, après ce recueil de textes sociologiques rédigés dans les années 80, a mis en roman la vie de deux générations de paysans : “Il (Brun) se donnait encore une paire d’années avant de laisser les Soulaillans à Mo. Presque cinquante hectares de champs, de prairies de fauche et de vignes, ça faisait parler dans ce Jura morcelé, même si la terre était ingrate et caillouteuse, et toujours plus basse avec le temps.”



“Mohican” nous parle du pays du tuyé, du Comté et du Morbier, (voir citations) vers Baume-Les-Messieurs, de bonnes raisons pour l’emporter en vacances dans ces contrées !



C’est un siècle de paysannerie française que ce roman fait défiler sous nos yeux, celui qui a encouragé Brun à l’agriculture extensive et à produire toujours plus en utilisant les produits phytosanitaires au prix de sa santé.

Et cela a aussi changé notre rapport à la terre que conteste Mo, le fils, la deuxième génération…

Bien sûr, on pourrait se dire : “encore un conflit de générations”, mais cela sonne tellement vrai et de conflit il n’y en a pas…

Seulement le point de vue de Brun, qui a cru au progrès et “a payé de sa vie les excès d’un système où les conseillers s’étaient changés en pousse-au-crime”, différent de celui de Mo : “Moi aux Soulaillans , j’ai voulu cultiver du beau. Vous pensez qu’un paysan ça ne parle pas comme ça. Un paysan ça sent le fumier, ça cause mal, c’est le “paillu”, le péquenaud dont les enfants rougiront toute leur vie. Le beau et le bon, ça vous dit quelque chose?”



J'ai l'impression que l’écrivain a concentré dans ce roman sensible son propos de sociologue qui résonne tant avec l’actualité.

Finalement, je range “J’ai vu la fin des paysans” car je ne suis pas sûr de retrouver cette force, cette humanité, cette ode à la nature que je viens de trouver.

Mais probablement eût-il mieux valu inverser l’ordre des lectures et manger en premier le gâteau le moins attirant, ce que je ne sais pas faire !

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Un territoire fragile

Clara arrive à Bergen loin de Fez et de son mari, un homme violent et destructeur. Grâce à son père, elle a pu s'enfuir, mais son corps et ses pensées restent marqués par ce qu'elle a enduré.

Le directeur de l'Institut où elle travaille comme biologiste lui donne l'adresse d' un ami "accordeur" dont le métier consiste à redonner aux muscles l'harmonie qui leur fait défaut à la suite de traumatismes.



"Un territoire fragile" est un livre sensible d'Eric Fottorino, à la fois roman et conte, avec un double regard sur la Norvège et le Maroc. Ce livre est aussi un message bouleversant sur le devenir d'une jeune fille que sa mère n'a pas aimée.
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Mon enfant, ma soeur

Ouvrage dont j'avais fait l'acquisition pour me médiathèque lors de la rentrée littéraire 2023, je m'étais promis de le lire pour 1) pouvoir conseiller mes lecteurs et 2) parce que j'aime beaucoup Eric Fottorino. C'est une amie qui m'avait recommandé cet auteur et je ne regrette en rien de l'avoir écoutée, au contraire. Cependant, j'ai un petit regret en refermant cet ouvrage, celui de n'avoir pas lu au préalable son précédent roman "Dix-sept ans" mais je vais me rattraper sous peu car je le possède également à la médiathèque.



Ici, j'appréhendais un peu cette lecture car mon amie m'avait prévenue : c'est un ouvrage sans aucune ponctuation, écrit en prose avec des moitiés de phrases mais pour elle, c'est passé. Elle m'avait alors dit : tente, tu verras bien, soit ça passe soit tu n'accroches absolument pas. Pour moi, ce fut la première option et j'ai littéralement dévoré cet ouvrage que j'ai non seulement adoré (donc que je ne peux que fortement vous recommander) mais j'en suis également sortie bouleversée, désemparée, en colère. Une mère à qui l'on arrache son enfant dès la naissance, contre son consentement pour le confier à d'autres, cela ne devrait jamais se produite. En pourtant, c'est ce qui est arrivé à la mère de notre auteur. Trois ans après sa naissance, alors qu'elle n'était pas majeur, sa mère met au monde une petite fille dans un établissement religieux. le père ? Inconnu, d'où enfant de la honte. Cela ne devait pas se savoir. Sa propre mère a d'ailleurs tout fait pour cacher la grossesse de sa fille. Soixante ans après, Eric Fottorino se met en tête de la retrouver. il ne peut plus laisser sa mère comme cela, elle qui restait au lit tous les 10 janvier, jour de son accouchement. Pourtant, elle a refait sa vie, a rencontré un autre homme et a eu deux autres enfants mais rien n'y a fait. Elle a beau avoir aimé ses trois autres enfants du mieux qu'elle le pouvait, avoir caché sa peine autant que possible, rien n'a pu effacer ce qui s'est produit pour elle ce 10 janvier 1963.



L'auteur nous emmène vers une longue démarche pour retrouver cette sœur. Est-elle en vie ? Va-t-elle bien ?

Tant de questions qu'il n'a cessé de se poser, s'inventant cette vie qu'il aurait pu avoir avec elle et sa mère. Eux trois (et non pas eux deux comme ce fut longtemps le cas) contre le reste du monde ! Comment se serai dérouler leurs vies ? Tant d'années gâchées ! Tant de blessures. L'on ne peut pas revenir dans le passé, reconstruire tout ce qu'ils on perdu, tout ce que l'on leur a interdit mais l'on peut se bâtir un avenir...même soixante ans plus tard !



Un ouvrage extrêmement touchant sur la quête d'identité, des vies volées mais réparées (enfin, un peu seulement), un ouvrage sur l'amour d'une mère pour son enfant et sur le parcours d'une enfant adoptée qui a appris qu'elle l'était par "inadvertance" comme elle le le dira elle-même. Les adultes ont tendance à croire que les enfants n'entendent pas les paroles des grands ou qu'ils ne les comprennent pas. C'est entièrement faux. Ces petit bouts de choux, quel que soit leur âge, entendent et comprennent bien plus que ce que l'on ne pourrait croire !



Une lecture que je vous recommande (encore une fois, mieux vaut deux fois qu'une) vivement avec un bon conseil : ne faites pas comme moi, lisez d'abord "Dix-sept ans", ouvrage du même auteur auparavant mais si ce n'est pas le cas, je vous rassure, vous comprendrez tout néanmoins !
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Marina A

C’est en faisant des recherches sur Marina Abramović, mon artiste préféré, que j’ai découvert ce livre.

Je dois avouer qu’avant ça je ne connaissais pas Éric Fottorino.

J’ai trouvé la première moitié du récit agréable à lire, cependant je suis arrivé à un moment où j’avais l’impression que ça tournait en rond. J’ai fais une longue pause avant de me décider à le terminer et j’en ressors assez mitigé.
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Le 1 - Livre : Comment j'écris

Un entretien discussion très intéressant sur la création littéraire d’une femme en prise avec son époque et avec la société.

Une auteur a suivre indiscutablement.

Expérience de lecture très intéressante avec beaucoup de références.

C'est un livre qu'il peut être utile de relire pour qui se passionne pour la lecture ou l'écriture.
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Mohican

Aux Soulaillans, la vie est rude. Brun, son fils Mo et son frère Isidore, muet depuis qu'il est revenu d'Algérie, tiennent la ferme à bout de bras. Jusqu'à ce que Brun découvre qu'il est atteint d'une leucémie, sans doute le revers de la médaille des années aux rendements importants à grands coups de produits chimiques. Comme il est de plus en plus compliqué de vivre de la terre et que Brun veut laisser un héritage à Mo, il accepte d'embrasser la modernité en louant ses terres pour des éoliennes...



Ce roman est mon premier coup de coeur de l'année, mais un coeur déchiré. Car ce récit est presque un chant du cygne, un cri d'agonie d'un monde qui disparait, souvent dans l'indifférence générale. Au moment de cette lecture, les agriculteurs d'Europe sont montés au créneau depuis plusieurs semaines pour crier leur désespoir, pour faire prendre conscience aux politiques et à ceux qui connaissent mal la réalité de la vie en campagne, qu'ils sont, depuis la nuit des temps, ceux par qui l'humanité peut manger. Ce contexte politique actuel donne encore une autre dimension à ce roman sorti en 2021.



J'ai beaucoup aimé la plume de l'auteur qui parvient en un seul récit entremêlant souvenirs du passé et présent, sans rupture, à dresser un portrait saisissant du monde rural français (et qui pour sa grande part pourrait être le monde rural européen). Les personnages de Brun et Mo sonnent juste, à chaque instant. Je suis vraiment entrée en empathie avec eux, sans doute aussi parce que ce monde, je le connais bien.



Bien entendu qu'on sent que l'auteur prend parti, mais il n'avance pas avec uniquement l'émotion chevillée au corps. Les éléments qu'il apporte, à charge des politiques agricoles au 20e siècle et du commerce des éoliennes ce siècle-ci, sont des éléments avérés; il les a juste condensés sur une seule exploitation.



Ce roman c'est l'histoire d'un monde qui ne veut pas mourir; c'est aussi et surtout un retour aux sources, un focus sur l'essentiel, une raison pour les citoyens de reprendre la main sur leur destinée.
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Mon enfant, ma soeur

J’ai aimé l’empathie qui se dégage de ce texte autobiographique, comment l’auteur envisage tous les possibles dans sa recherche d’identité familiale.

À la lumière de la révélation maternelle il peut repenser certains épisodes de son enfance et mettre du sens sur l’attitude de sa mère.

Ça commence joliment par une sœur imaginée, dans le style « Toi le frère que je n’ai jamais eu… » de Maxime Le Forestier, puis l’enquête démarre.

Le tout forme une longue poésie sinueuse et vibrante, un air de slam avec des jeux phonétiques bien trouvés, des passages scandés, musclés, d’autres plus ondulants.

Un livre émouvant dont la musicalité donne envie de lire à haute voix.

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L'homme qui m'aimait tout bas

Eric Fottorino rend un grand hommage à son père adoptif, celui qui lui a donné son nom et pour lequel il ne changerait en aucune façon.

Ce père qui a amené la joie puisqu'il a épousé sa mère, et en même temps lui a donné également son nom. Il lui a aussi donné deux frères dont l'un est né le même jour qu'Eric.

Le début du roman est évidemment tragique : le suicide de ce père solaire, dans tous les sens du terme, sans vraiment savoir pourquoi. Quelques indices malgré tout : la peur de vieillir (il avait eu un AVC) et la peur de devoir dépendre financièrement de ses enfants puisqu'il ne payait jamais impôts, Urssaf il avait la phobie de l'administratif.

En tous les cas, ce livre est un hymne à l'amour, il se souvient des bons moments passés avec lui, et lui sera reconnaissant à jamais de l'avoir considéré de la même façon que ses fils biologiques.

C'est un chant d'Amour comme n'importe quel parent aimerait entendre ses enfants lui souffler.

Il sera à tout jamais malheureux de la perte de cet homme qui lui a tant donné, même si vers la fin de leur relation, les conversations devenaient banales. Il le regrette beaucoup, mais c'est sans doute ça la vie. Chacun part de son côté et pense que l'Amour sera toujours le même. Il faut parfois l'arroser, un peu comme l'amitié.

Très beau roman
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Mon enfant, ma soeur

Un livre très personnel, dur, beau, et très poétique. Ce n'est pas un roman mais un plongeon dans les profondeurs de l'intimité de l'auteur.

Quelques longueurs lors de l'introspection de son enfance. Mais à partir de la mise en place de la quête pour retrouver cette petite sœur, la lecture file à vive allure, le livre est palpitant et je veux savoir ! Je veux savoir s'il va la retrouver ! S'il va retrouver cet être qui lui a tant manqué, avec qui il a imaginé revivre toute son enfance dans les rues Bordelaises dont je suis moi-même originaire.
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Mohican





Ce livre m’a été chaudement recommandé par une amie, ancienne agricultrice, il attendait sur ma pile à lire.

La colère du monde agricole de ces dernières semaines m’a amenée à tenter de comprendre mieux les enjeux actuels ; je me suis alors plongée dans le destin d’une lignée de paysans jurassiens.



Comment le père, Brun, sa sachant condamné et pour éviter la faillite à son fils Mo, décide de sacrifier une partie de ses terres pour implanter de gigantesques éoliennes.



Deux visions de l’agriculture : une vie de labeur et de sacrifice pour Brun, esclave de l’agriculture intensive dont la santé se dégrade fortement en raison de l’utilisation de pesticides. Un avenir tourné vers une agriculture raisonnée pour le fils.



Une sourde incompréhension entre les deux avec les éoliennes de la discorde au milieu. Un dialogue de sourds qui va entraîner la radicalisation du fils.



Le récit ne se contente pas de narrer ces deux visions du monde agricole, il prend peu à peu une autre tournure, tragique et inattendue à la toute fin du livre : une profonde réflexion sur la terre, l’attachement à cette terre remontant à ses origines très lointaines.



Un coup de cœur que ce très beau roman avec pour décor un Jura majestueux.



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Mon enfant, ma soeur

Je referme ce livre et j'ai presque envie de pleurer... c'est tellement beau.

L'écriture d'Eric Fottorino m'a enchantée : choisir cette forme de poésie pour raconter la recherche de sa petite soeur arrachée à sa mère contre son gré rajoute à l'émotion. Cette émotion qui est omniprésente.

Tout au long du récit, le manque de cette petite fille, petite soeur est omniprésent. Cet homme est la douceur même et elle transparaît dans son récit.

Bouleversant, magnifique !
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Mohican

J'ai démarré la lecture de ce livre un peu avant les manifestations des agriculteurs français en janvier 2024. Les difficultés décrites par le Mohican sont celles dites par les manifestants, Eric Fottorino journaliste. Mais le contenu va au-delà du reportage, les descriptions de la nature, les sentiments exprimés, Eric Fottorino romancier. Un excellent moment de lecture
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Mon enfant, ma soeur

Eric Fottorino : "Mon enfant, Ma soeur"



Le titre du roman autobiographique d'Eric Fottorino est emprunté à Charles Baudelaire L'Invitation au voyage, in Les Fleurs du mal, 1857, dont le premier vers est "Mon enfant ma soeur songe à la douceur d'aller là-bas vivre ensemble !"

C'est un poème en prose, les phrases sont les flots de vagues courtes, ou longues, scandées et rythmées comme le sont les marées des émotions . Elles sont rivières quand l'auteur évoque un souvenir, fleuve quand la narration oblige, source lorsqu'il cherche les mots dans une écriture qui roule comme les rivières roulent les rochers et la mer les galets pour les apprivoiser, les polir. et des cascades abruptes. Une eau qui traverse le champ des souvenirs, en ville et dans les campagne, à la maison et sur les quais de gare. Et qui enfin s'apaise.

Eric Fottorino naît en 1960 à Nice. Il nous confie que trois ans plus tard une petite soeur entre dans la famille pour en disparaître aussitôt par la funeste décision de l'adoption parce que retirée à sa maman.

Amputé par cette disparition, Fottorino confie à sa soeur disparue, les jeux d'enfance qui auraient pu être les leurs, "tu es partout où je suis" : tel un album imaginaire de photos qu'il nous commente, les javelles de blé en campagne, les rues, les odeurs et la pluie jusqu'à un improbable appel téléphonique sur les boulevards, sous les arbres sous l'averse :"c'est toi ? "

Avant cette apostrophe "C'est toi ?" , il aura fallu soixante ans de recherche.

Surtout ne pas divulguer ici le fond du texte. On sait seulement que les retrouvailles auront lieu.

La recherche de sa soeur prendra une soixantaine d'années.

L'auteur fait des confidences. Les confidences sont les premiers pas vers la confiance (p. 203) et dit-il, s'apprivoiser commence par les yeux (p. 232).



C'est un merveilleux témoignage d'amour que ce livre. Il s'appuie sur une promesse, rendre sa fille à sa mère. Lui permettre d'être. Ne plus rester dans l'anonymat de l'adoption, retrouver une identité dérobée (Cf. Marie Brunet, L'Amour adopté - roman, voir sur Babelio).

Entre les placements d'office en famille d'adoption, en famille d'accueil, et l'abandon auprès des communautés religieuses, enfants placés à la naissance dans des Tours d'abandon aussi, il y a beaucoup de situations qui poussent vers des vies multiples et imposées, par des secrets de familles, des enfants qui ne demandent qu'une chose au cours de leur vie: connaître leurs parents. Car les adoptions sont quelques fois le résultats de drames ignorés.

C'est sans doute pourquoi Eric Fottorino, dans un élan du coeur, dit à sa mère :" Je l'ai retrouvée". Beau texte plein de sensibilité, et d'amour. Et de confiance.



"C'est toi ? "









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Mon enfant, ma soeur

Eric Fottorino, Mon enfant, ma sœur - 2023 - ⭐️⭐️⭐️⭐️1/2



Journal de lecture - 28-29 janvier 2024 -



« Sous une forme poétique, un récit autobiographique de la quête de l'auteur pour retrouver sa soeur qu'il n'a jamais vue. En 2018, Angelina, sa mère, lui annonce que trois ans après sa naissance, elle a eu une petite fille, qui a été placée dans une institution religieuse. En consultant les archives de cette pension, il découvre le véritable nom de sa soeur, Marie Elisabeth K. » ( Les libraires )



Très beau et très prenant ! Rappel d’une époque un peu sauvage où les filles-mères devaient se cacher et abandonner leur enfant. C’est écrit comme une suite poétique, mais cela ressemble à une prose découpée en vers tant elle est accessible et simple. On se laisse porter par les émotions de l’auteur quand il découvre la présence, ou plutôt l’absence, d’une sœur inconnue dans sa vie et cela le bouleverse.



« je te conjugue au présent

je t’invente si fort que je crois me souvenir

de toi »



C’est l’histoire de sa mère qu’il raconte ici, son enfance à lui sans sa sœur. Il y a de très beaux passages sur le manque, sur ce qu’ils auraient pu partager. Fottorino se questionne aussi sur l’impact possible de ce manque sur sa sœur qui ne sait peut-être pas qu’elle a été ravie à sa mère, qui a peut-être été adoptée. Sa vision, ses gestes, son image d’elle-même ont-ils été inconsciemment conditionnés par cette situation ? Est-on différent, même quand on ne sait pas, y a-t-il une part de nous qui se doute ? Et on lit, on lit, on ne se lasse pas de lire espérant un heureux dénouement. L’auteur pourra-t-il retrouver cette Marie Elizabeth K et la rendre à sa mère ?











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Mohican

Alors qu’en cette fin janvier 2024, les agriculteurs font entendre leur mécontentement, voire leur détresse face aux contradictions politiques, aux aberrations commerciales, aux exigences environnementales qui ne s’appliquent pas pour tous, Mohican ne cesse de me hanter.

Tout ce qui est dit dans ce roman est plus ou moins connu, mais quel mal, quelle douleur de le lire ici !

Ces hommes et femmes doivent jouer contre les intempéries, celles qui piétinent et saccagent si brusquement des mois de labeur. Et le marché, qui se moque bien du travail, parfois jusqu’à une heure bien avancée de la nuit, abat son couperet de plus en plus profondément comme si les sillons bien rectilignes qui ouvrent la terre devaient engloutir ces personnes qui la labourent.



Avant-hier, le paysan suait et avait faim. Hier il produisait, produisait, faisait exploser les rendements. Aujourd’hui la boucle est bouclée, de nouveau les paysans meurent de faim, étranglés par les dettes et l’effondrement des cours.



Brun ne s’écoute pas, ne s’est jamais écouté, alors les signes d’alarme donnés par son corps sont ignorés. Jusqu’au jour où ils deviennent tellement alarmants que le verdict de leucémie donné par le docteur ne laisse plus d’espoir. À soixante-seize ans, il n’a toujours pas cédé ses terres, les Soulaillans, à son fils Mo. Champs, vignes, bois, pâturages, vergers, ces vastes étendues agricoles au cœur du Jura font sa fierté et, alors que son fils a pourtant trente-six ans et cultive les terres du haut concédées à sa sortie d’études, Brun reste réticent à lui passer le témoin.

Est-ce parce qu’il s’approche doucement de sa femme défunte, qu’il l’entend encore lui recommander avec insistance : « Notre fils, fais-en ton frère. » ? Cette voix perdue depuis si longtemps qui lui montre la voie à suivre avant de partir la rejoindre. Et, pour le lecteur, ébranlé par cette demande poignante, le parcours de Brun, un homme qui ne respire que terre et travail, se trace dans les champs des Soulaillans.

Brun a toujours été un précurseur sur son exploitation, son ardeur au travail, son ambition, son orgueil l’ont poussé à moderniser, répondre avec fièvre et enthousiasme au programme de produire plus afin d’éradiquer la famine dans le monde entier. L’image est belle, elle a fait la prospérité de l’industrie chimique. Non, Brun n’empoisonnait pas la terre, il sauvait efficacement ses récoltes en les aspergeant de produits tout en « ides », fongicides, insecticides, herbicides… remèdes et empoisonnements sortis de concert de tous ces bidons.

La mort, avec ses différents visages, rembobine le temps et les souvenirs s’extraient de la mémoire du vieil homme. Des éclairs d’évidence le blessent. Mater la terre pour qu’elle produise davantage n’était pas sans conséquences. Alors, un peu pour se racheter, beaucoup pour un sauvetage financier, Brun signe l’installation d’éoliennes, la dernière chance.



Mo a hérité de sa mère la faculté de contempler la beauté, celle des chemins d’estive, des montbéliardes broutant les pâturages, de la vue merveilleuse offerte sur les hauteurs des Grands Champs. La protection et la préservation de ce milieu sont primordiales. Du respect, il en a pour son père, leur ultime rapprochement en témoigne. Alors, lorsque la colère le gagne contre ces produits chimiques, il évite la confrontation et, pour s’apaiser, retourne à sa prairie gorgée de fleurs, d’herbes folles et d’insectes butineurs. Il doit faire fi des remarques de son père ; le repos de la terre, dont on reparle aujourd’hui, du travail de fainéant, comme de laisser des herbes dans les champs avant de semer, un terrain sale !

« Le cœur battant, Mo a aussitôt pensé aux Soulaillans, au chemin des Soulaillans, aux rus et aux ruisseaux, aux haies vives emplies d’oiseaux, aux parfums des fleurs, au bourdonnement des abeilles. À cet or impalpable qu’il faut protéger de la cupidité aveugle des hommes. »

Avec ces éoliennes, qu’en sera-t-il des lieux témoins de leur vie et de la vie des disparus qui se sont pliés sur ces terres ?

Que reste-t-il à Mo pour sauver les Soulaillans ? Mohican…



Par ce roman, par les Soulaillans, par son écriture directe et saisissante, Eric Fottorino nous rend ivre de champs, d’héritage de gestes de travailleurs de la terre, de paysages où « rien ne vient couper la vue. » Il fait aussi retentir toutes les injustices, les manipulations qui ont coulé et coulent toujours sur ces exploitations agricoles. Tout est présent ici, les conséquences environnementales, l’infertilité, les répercussions cancéreuses, les divergences d’opinion, la flatterie comme technique commerciale de persuasion, la polémique des éoliennes avec un déploiement controversé et contradictoire pour leur installation.

Par Brun, Mo, mais également Isidore, frère aîné de Brun qui est muet depuis son retour d’Algérie, l’auteur a su saisir et restituer ce caractère rude et taciturne qui habite bien souvent ces hommes pleins de ténacité. Les mots, tant de mots qui sont restés coincés dans leurs carcasses.



Le cœur serré, le livre refermé, un cri jaillit : allons-nous réellement assister à une disparition voulue et orchestrée de tout ce monde agricole qui nous nourrit au prix de tant d’efforts ?

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