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Expert littérature russe

Cet insigne distingue ceux pour qui la littérature rime avec âme slave, grands espaces, drames et épopées familiales.
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L'Adolescent

L’Adolescent de Fedor Dostoïevski

Il s’appelle Arkadi Dolgorouki, a vingt et commence à écrire ses mémoires un 19 septembre. Son père légitime, Makar Ivanov, avait été serf sur la propriété des Versilov et ce dernier est son père depuis une visite qu’il avait faite dans la province de Toula. Versilov racheta sa mère à Makar et Arkadi Dolgorouki vint au monde. Ils vécurent entre Moscou et Petersbourg, Versilov avait déjà dépensé trois héritages, n’avait plus un kopeck et jetait toute son énergie dans un procès qui lui permettrait de toucher 400000 roubles. Arkadi Dolgorouki de son côté est mu par un seul objectif, une « idée », devenir riche comme Rotschild! Sur le peu d’argent de poche qu’il recevait il économisait, couchait dans la rue à Petersbourg, courait les prêteurs sur gages en leur achetant des objets qu’il revendait avec un petit bénéfice. Volonté de puissance tout simplement, pas d’idée de revanche pour sa bâtardise. La liberté. Mais par dessus tout, Dolgorouki est hanté par son père, Versilov, il veut comprendre qui il est, la complexité de son caractère, son rapport à l’argent, il l’a très peu connu. Or Dolgorouki par le plus grand des hasards va se trouver en possession d’un document qui pourrait avoir une grande influence sur l’issu du procès dans lequel son père est engagé.

Écrit à la première personne , c’est l’avant dernier roman de Dostoïevski, c’est une œuvre particulièrement complexe qu’il nous propose, difficile à suivre, un héros ambitieux prêt à tout pour réaliser son »idée ». Nombreux retours en arrière multitude de personnages dont certains ont le même patronyme, c’est un livre exigeant, bien dans la lignée des héros torturés qu’il affectionne. Tous ses thèmes récurrents sont bien présents, la passion amoureuse, le jeu, la mort. Un des Dostoïevski dont on parle le moins, a découvrir.

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Le Maître et Marguerite

– Où l’on découvre que le livre-culte de l’un ne l’est pas forcément pour l’autre... –



Qu’est-ce qu’un livre-culte ?

C’est celui que vous n’oublierez jamais ?

C’est celui que vous avez le plus conseillé, vanté, offert ?

C’est celui qui vous chamboule, qui vous fait voir le monde autrement, qui vous livre le sens de la vie ?

Le maître et Marguerite ne sera pas ce livre-là pour moi.

J’aurais bien aimé, pourtant : tous ces avis émerveillés, parfois quasi-ésotériques, m’avaient bien appâtée. Je repoussais à plus tard la découverte magnifique, la révélation terrible et inoubliable… Je m’attendais à une œuvre choc, au podium de l’île déserte, au livre d’une vie.

Le maître et Marguerite ne sera pas celui-là.

J’ai aimé le début : l’irruption du diable dans le Moscou de la fin des années 20, et la pagaille que lui et ses acolytes sèment dans la bureaucratie stalinienne, c’était plutôt réjouissant.

La distorsion entre leurs aventures fantastiques et les pesanteurs de la vie quotidienne, j’ai trouvé ça réellement bien vu.

(En fait, ça m’a rappelé une œuvre beaucoup moins connue, qui introduit elle aussi le merveilleux dans le carcan d’une société corsetée, celle de l’Irlande catholique dans Swim-Two-Birds de Flann O'Brien ; beaucoup plus drôle, de fait.)

Mais après ce début alléchant, Le maître et Marguerite part un peu en vrille à mes yeux.

Une fois que tous ces bureaucrates se retrouvent déboussolés et/ou en asile psychiatrique, c’est Marguerite qui devient l’héroïne de l’histoire et qui va vendre son âme au diable pour retrouver son amant écrivain, auteur d’une œuvre sur Ponce-Pilate dont des extraits nous sont fournis. (Victime sacrificielle, elle devra présider un genre de Bal des vampires qui traîne en longueur. L’amant en question n’apparaît vraiment pas assez captivant pour qu’elle accepte de s’emmerder autant.)

Je n’ai certainement pas saisi toute la symbolique, toutes les métaphores dont use Boulgakov, et je le regrette bien.

D’une certaine façon, je le termine en me disant qu’en un autre temps, ce livre-culte de tant de lecteurs me révèlera peut-être un jour son secret…?



Traduction sans reproche de Claude Ligny.

(Par contre, reproche au chat couronné de la couverture : la personne qui l’a choisi n’a visiblement pas lu le livre. Il est NOIR, le chat et il ne porte pas une couronne mais un réchaud à pétrole. Non, pas sur la tête.)
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Nétotchka Nezvanova

Nétotchka Nezvanova de Fedor Dostoïevski

Son père était mort quand elle avait deux ans, elle n’en avait aucun souvenir. Sa mère s’était remariée par amour avec Egor Efimov, musicien, violoniste peut-être génial ( il avait joué de la clarinette dans l’orchestre d’un riche propriétaire)mais hélas alcoolique et probablement fou. Tout ce qu’elle sut sur lui, c’est B. qui le lui raconta. Elle n’apprît que tardivement qu’il n’était pas son père bien qu’il s’en occupait comme s’il l’était. Son premier vrai souvenir avec lui fut le jour d’une violente dispute entre sa mère et lui, quand la tension retomba, il la prit sur ses genoux, lui caressa la tête et elle se blottit dans ses bras, de ce jour, elle l’aima. Elle comprit également très jeune que dans cette famille il y aurait « une sorte de malheur éternel » et que c’était sa mère la responsable. Leur appartement, un grenier, était minable et juste en face il y avait une superbe maison dans laquelle elle imaginait des fêtes perpétuelles. Anna, car c’était son nom, rêvait souvent qu’à la mort de sa mère, son père l’emmènerait dans un bel endroit où ils seraient heureux. Quand sa mère voulait être gentille elle l’appelait Nètochka, Anna était touchée. Mais pour une mystérieuse raison, elle avait définitivement pris le parti de son père qui, un jour ouvrit une boite fermée à clé et lui montra… un violon, son violon. Il était persuadé d’être le meilleur violoniste aussi quand un virtuose vint jouer à l’opéra, il voulut l’écouter, savoir…



Nétochka va grandir dans un milieu pauvre et artistique, puis découvrir sa vocation quand elle sera recueillie. On retrouve toute la psychologie de Dostoïevski dans ce roman bien qu’elle s’exerce dans un milieu plutôt inhabituel pour lui. Roman publié en plusieurs fois, inachevé ( au milieu d’une phrase)juste avant que Nétochka quitte l’enfance.

Un peu déçu par ce roman, autant j’ai apprécié le Dostoïevski que j’admire dans cette première partie avec des personnages torturés, dans les addictions et les doutes, autant la suite m’a paru bien mièvre à la limite de l’ennui. Peut-être manque t il une forme de conclusion?
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L'éternel mari

L’éternel mari de Fedor Dostoïevski

Veltchaninov frisait la quarantaine, portait encore beau mais il y avait de la vieillesse en lui et il était hypocondriaque. Il avait prévu de quitter Petersbourg mais des affaires l’en avaient empêché. Il était vaniteux et assailli depuis peu par des souvenirs désagréables, il se disait qu’il lui faudrait changer ses habitudes. Il pensait partir, en Crimée peut-être, mais il resta tout l’été à Petersbourg. Il cherchait à rencontrer un fonctionnaire important pour ses affaires quand il l’aperçut, de loin, un chapeau, avec un crêpe, il était sûr de le connaître, un souvenir ancien et quand il y repensait le soir en dînant il se sentait de plus en plus mal. Il le croisa plusieurs fois, son malaise s’amplifiait, puis, un soir, l’homme était devant la porte de son appartement, alors, évidemment, il le reconnut. C’était Pavel Pavlovitch Troussotsky!! Et le crêpe était pour Natalia, sa Natalia enfin, la leur, Pavel le mari, Veltchaninov, l’amant. Neuf ans qu’ils ne se sont pas vus, après avoir passé une année entière tous les trois. Mais quel changement, l’homme semble désormais dépravé et porté sur l’alcool. Quand Pavel le quitta pour rejoindre son hôtel, il se remémora cette année avec Natalia, il aurait fait n’importe quoi pour elle, puis la séparation inévitable, et Pavel qui peut après noua une amitié avec un fonctionnaire et un autre trio amoureux se créa , impensable et pourtant Pavel semblait s’accommoder de la situation, mieux même il semblait l’apprécier, Veltchaninov cracha de dépit. Car en fait, et Natalia lui confirma, il n’avait aucun soupçon envers lui, l’amant. Curieusement c’est lui qui se sentait le plus mal dans cette affaire, rétrospectivement il se sentait « stupide ». Cette Natalia sûrement vierge quand elle épousa Pavel ne se déprava qu’après mariage, elle avait trouvé l’homme idéal, « l’éternel mari »!! Mais Veltchaninov en rendant visite à Pavel le lendemain chez lui aura une autre surprise…

Si nous connaissons bien Veltchaninov par les descriptions que Dostoïevski en fait et que nous sommes clairement dans ses pensées, il en est tout différemment pour Pavel que nous n’entre voyons finalement qu’à travers les yeux de Veltchaninov. Ce que nous en savons est ce que ce dernier perçoit. Extraordinaire confrontation de ces deux hommes qui ont vécu ensemble avec Natalia et qui au plus profond d’eux mêmes se posent la terrible question, que sait il ? Question qui sera dénouée sans qu’elle soit verbalisée. Quelle analyse psychologique chez Dostoïevski, tout est lumineux.

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Une nature énigmatique

Une nature énigmatique d’ ANTON TCHEKHOV

Ce sont vingt-trois récits écrits entre 1880 et 1884 qui forment ce livre, ils ont été publiés initialement dans des revues satiriques.



Assise sur les genoux de papa, (occupés précédemment par la bonne), maman le supplie d’aller voir un professeur qui a mis un 2 à leur fils en mathématiques, l’empêchant de passer dans la classe supérieure…



Un poète prosaïque fête le jubilé de la 2000 ème réponse négative des éditeurs pour ses écrits…



Trifon Semionovitch est un propriétaire terrien endetté qui ne paye jamais les intérêts de ses prêts, il est toujours accompagné de Karpuchka son valet, voleur et avide de ragots. Un jour qu’ils se promènent ils voient un jeune couple manger les pommes du jardin, ils vont regretter ce larcin…



Makar le barbier commence à couper les cheveux à ras de Eraste son parrain qui lui apprend que Anna sa fille vient de se marier. Interloqué, il laisse tomber ses ciseaux…



Tous vont manger des crêpes chez Kozouline, surtout lui qui guette la place de sous secrétaire, il est près à tout même à manger du poivre…



Dans un train, une jeune femme énigmatique face à un écrivain qui tente de la décrypter…



Des gens déguisés qui jouent un rôle …



Au théâtre, il se met à éternuer et réalise qu’il a arrosé la calvitie d’un général devant lui…



Deux orphelines passent leur temps à coudre des vêtements pour la dot de la plus jeune, qui ne veut pas se marier!!…



Griabov est obsédé par la pêche il y est du matin au soir accompagné d’une anglaise hideuse qui malgré 10 ans en Russie ne parle pas un mot de la langue…



Deux amis d’enfance se rencontrent dans une gare, des années qu’ils ne se sont vus, ils échangent des informations et l’un réalise que l’autre est désormais un fonctionnaire important…



Un vieillard rusé explique à son auditoire comment il s’est assuré la fidélité de sa femme âgée de vingt ans…



Sur un navire il y avait une chambre pour des mariés, un jeune matelot avait fait un trou dans la boiserie pour observer…



Où un mari démontre à sa femme qu’elle sait très bien qu’elle est mariée à un voleur…



Un homme donne une leçon à sa gouvernante qui n’ose pas réclamer l’argent qu’il lui doit…



Son mari est à la pêche dans une tempête de neige et de glace, elle guette, elle espère, mais quoi??



Lors du jubilé du conseiller Jmykhov, ses subordonnés lui offrent un album, ils ne se doutent pas de sa destination finale…



Le commissaire intervient dans une affaire où le joaillier s’est fait mordre par un chien, il ne va pas pouvoir travailler plusieurs jours, il demande réparation. Le commissaire demande à son adjoint de retrouver le propriétaire du chien pour lui dresser procès-verbal et faire abattre le chien, mais il apparaît que ledit chien appartient au général…



TCHEKHOV nous raconte essentiellement le monde des commerçants, des fonctionnaires, des propriétaires fonciers et de leurs épouses ainsi que les demi mondaines. Ce sont des croquis mordants, des instantanés, des histoires souvent très courtes mais toutes empreintes d’un grand réalisme.

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Le Docteur Jivago

On n’y rencontre pas que des autocrates belliqueux en quête de lebensraum ! La Russie a aussi nourri de très grands écrivains, parmi lesquels Boris Pasternak. Né en 1890 dans une famille juive d’artistes aisés, le jeune Pasternak avait accueilli avec sympathie les premiers mouvements insurrectionnels de 1905 et de 1917. Il lui avait bien fallu ensuite s’accommoder des atrocités du bolchevisme et des désagréments du régime soviétique. Réputé pour ses recueils de poèmes et gagnant sa vie en tant que traducteur, Pasternak était tombé en disgrâce dans les années trente, les autorités jugeant son style trop lyrique et subjectif, à l’opposé du réalisme socialiste recommandé.



Refusé dans son pays, son roman Le docteur Jivago est publié en Italie en 1957 et lui vaut le prix Nobel l’année suivante. Une récompense que l’écrivain décline sous la pression du pouvoir soviétique, qui l’accuse de bénéficier de soutiens occidentaux – un mode d’incrimination qui persiste dans la Russie d’aujourd’hui. Le docteur Jivago ne paraîtra en URSS qu’à la fin des années 80.



L’ouvrage aura entre-temps bénéficié d’une renommée mondiale grâce au film hollywoodien de David Lean, sorti en 1965, l’un des plus grands succès de l’histoire du cinéma. Un film que j’ai vu adolescent, revu deux ou trois fois à la télé avec plaisir en dépit de sa longueur, et où m’avaient ébloui la présence charismatique d’Omar Sharif et la beauté fascinante de Julie Christie. Leur histoire d’amour écourtée est le point d’orgue du film.



En lisant Le docteur Jivago pour la première fois, impossible de ne pas voir leurs visages derrière les noms de Iouri et de Lara, même si leur romance n’est que l’une des composantes du livre. Tel une vaste saga, le roman relate la vie – et la mort – de nombreux personnages, qui se croisent et se recroisent sur la terre russe entre le début du vingtième siècle et la seconde Guerre mondiale. Plus largement encore, il se lit comme une passionnante chronique historique et sociologique des transformations qu’a subi le pays tout au long de cette période.



En contrepoint des violences et des souffrances racontées, l’ouvrage est aussi un dictionnaire amoureux des paysages multiples et éternels de l’immense Russie, parcourue en toutes saisons par d’innombrables trains, bondés ou blindés, reliant Moscou à la Sibérie, en passant par l’Oural.



Romanesques et lyriques, les narrations sont émaillées de commentaires portant sur les événements, sur l’évolution des mentalités de la population, sur les attitudes à adopter face à des bouleversements qui nous submergent et contre lesquels nous sommes impuissants. « Un homme adulte se doit de serrer les dents et de partager le sort du pays où il est né », déclare Jivago. Issu d’un milieu bourgeois aisé, il était favorable aux réformes et subissait sans broncher des privations cruelles, tout en désapprouvant les dérives radicales.



Appelé comme médecin dans l’armée impériale, puis réquisitionné dans des unités révolutionnaires, il soulage et soigne, sans prendre parti, les blessés et les malades ayant besoin de lui. J’ai pensé au docteur Rieux, dans La peste, qui fait son devoir sans poser de questions parce qu’on ne peut pas expliquer l’absurde… La barbarie non plus ne se discute pas. Converti au catholicisme orthodoxe, Pasternak va au-delà de l’humanisme de Camus. Il prête un rôle christique à Jivago, qui place l’amour de l’autre au-dessus de tout et dont les infortunes auraient un sens sacrificiel.



Les sept cents pages du roman sont très longues à lire. Le narrateur cède souvent la parole à ses personnages, pour des monologues verbeux intégrant des codes de langage spécifiques, qu’il a dû être malaisé de traduire en français. L’ouvrage se présente en courts chapitres, ce qui aère la lecture, mais les pluralités de temps, de lieu et d’action sont telles qu’il est parfois difficile de s’y retrouver, d’autant plus que, comme dans tout roman russe, on se perd dans les noms de villes, ainsi que dans les prénoms, surnoms, patronymes, noms de famille et noms de femmes mariées des innombrables personnages.



L’ouvrage, d’une richesse infinie, mériterait plusieurs lectures et bien des débats. Il s’achève sur un cycle de poèmes. Ecrits de nuit, tandis que Lara dort, avant le départ, ils font office de testament pour le médecin poète Jivago et pour son créateur, l’écrivain poète Pasternak.




Lien : http://cavamieuxenlecrivant...
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Les trois soeurs

Les Trois Sœurs d’Anton TCHEKHOV

Pièce de théâtre en quatre actes.



Dans une petite ville de province russe, les sœurs Prozorov vivent dans la propriété familiale avec leur frère André. Il y a Olga, Macha et Irina, on célèbre la fête d’Irina, jour de la mort du père il y a un an et cela fait onze ans que la famille a quitté Moscou, beaucoup de nostalgie. Olga et Irina rêvent de vendre la propriété et de repartir dans la capitale. Olga dit à Tcheboutykine qui vient d’arriver que c’est le travail qui donne un sens à la vie, ce qu’approuve Tousenbach( amoureux d’Irina)qui lui n’a jamais travaillé. Il veut d’ailleurs quitter l’armée pour travailler « comme un ouvrier ». Macha a le cafard. Entre alors Verchinine qui a travaillé sous les ordres du colonel Prozorov à Moscou et connu les trois sœurs lorsqu’elles étaient petites. André, le frère, joue du violon dans une pièce à côté. Arrive Kouliguine, prof de lycée et mari de Macha, de plus en plus énervée et séduite par Verchinine. André vient à table avec Natacha, sa femme, on passe dans la salle à manger, « nous sommes 13 à table » remarque Kouliguine. Macha révèle qu’André a tellement perdu au jeu qu’il a hypothéqué la maison, elle est furieuse. La soirée traîne…



La famille s’ennuie bien qu’Irina et Olga travaillent, et autour d’elle des fonctionnaires, des militaires, un médecin qui suintent l’ennui. Les trois sœurs rêvent de régler cet ennui en partant pour Moscou, illusion bien sûr, tandis qu’André, le frère sur lequel on avait fondé tant d’espoirs, noie son propre ennui dans le jeu. Magistral.
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Stalker : Pique-nique au bord du chemin

Finalisé en 1972 , ce roman n'a pu être publié que 8 ans plus tard sous une version censurée. C'est celle-ci qui sera traduite (notamment en français) en 1981. L'intégralité du texte ne sera disponible qu'une vingtaine d'années après sa rédaction (lu dans un article de Laurent Vannini).



En passant dans une librairie, j'ai vu le poche avec une préface d'Ursula le Guin et une postface de Boris Strougatski. Malheureusement, ces textes étaient absents de mon édition disponible sur Kobo qui ne faisait même pas mention des traducteurs (pas de pages liminaires). J'ignore donc laquelle j'ai eu entre les mains ?



Quoi qu'il en soit, j'ai beaucoup aimé ce roman. Des extraterrestres sont venus sur Terre et sont repartis en laissant des Zones qu'il vaudrait mieux ne pas explorer. Mais l'homme est une créature curieuse et divers objets sont récupérés par les Stalkers. L'histoire suit notamment la vie de l'un d'entre-eux, Redrick Shouhart.



Dans l'ensemble, un bon moment de lecture.



J'aimerais bien voir le film, j'ai vu qu'il était disponible en vod.











Challenge XXe siècle 2024

Challenge mauvais genres 2024

Challenge duo d'auteurs SFFF 2024

Challenge littératures slaves orientales
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La Cerisaie

La Cerisaie d’Anton TCHEKHOV

Pièce de théâtre en quatre actes.



Lioubov, Ania sa fille, Gaev son frère, Charlotta la gouvernante et Trofimov un étudiant retournent à la Cerisaie après cinq ans d’absence passés en France. Les accompagne un valet, Yacha. Ils sont reçus par Douniacha la femme de chambre, Firs un vieux valet, Lopakhine un marchand, Varia fille adoptive de Lioubov et Epikhodov le comptable. Pistchik un propriétaire ruiné de domaines est là aussi pour les accueillir. Douniacha est émue car Epikhodov vient de la demander en mariage. On comprend que la Cerisaie est mise en ventes pour dettes dès le mois d’août mais Lopakhine a une idée pour sauver le domaine, faire un lotissement. Mais la famille et surtout Lioubov qui a laissé son amant à Paris, semble loin de ces problèmes d’argent, incapables pourtant de payer les intérêts des hypothèques en cours. Ils préfèrent philosopher ou jouer ou encore danser en attendant de savoir pour la vente de la Cerisaie, qui sera le nouveau propriétaire.



C’est la dernière pièce de TCHEKHOV malade. Elle représente l’évolution de la société que la noblesse ne peut ou ne veut suivre ( l’abolition du servage date de 1861). Lopakhine est le prototype du marchand, âpre au gain qui représente cette nouvelle classe qui émerge. Comme pour la Mouette, TCHEKHOV a écrit une comédie bien que certaines mises en scène en fassent plutôt une tragédie.

Magnifique pièce.
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La Mouette

La Mouette d’Anton TCHEKHOV

Dans le parc de Sorine, plusieurs personnes attendent la représentation de la pièce de Treplev jouée par Nina. Il y a Macha et Medvedenko, amoureux sans espoir de cette dernière. Treplev, écrivain, amoureux de Nina, ( fascinée par Trigorine) qui est attirée par le lac près de la propriété Sorine « comme une mouette », son père et sa femme ont peur qu’elle devienne actrice. La représentation commence. Dès le début de la tirade de Nina, Arkadina, actrice elle même et sœur de Sorine, fait des remarques à son fils qui, excédé, blessé, fait baisser le rideau et disparaît. Néanmoins Dorn le docteur a bien aimé tout en conseillant à Treplev, de retour, d’avoir une pensée claire faute de quoi son talent se perdra. Treplev lui n’est préoccupé que par Nina qui est déjà rentrée chez son père, il est désespéré. Quant à Macha elle est amoureuse de Treplev et demande au docteur son aide alors que ce dernier est fasciné par Arkadina qui entretient une relation avec Trigorine, un écrivain de seconde zone( il pille les autres)qui n’a pas aimé la pièce de Treplev. Enfin la mère de Macha, Paulina, a un faible pour Dorn le docteur, lasse qu’elle est de son mari Chamraiev.

Ainsi se présente le premier acte de cette pièce qui en comporte quatre, tous les personnages sont là, d’une grande banalité vus de l’extérieur, un peu tristes, désabusés mais animés chacun d’un souffle ravageur. Tous ces trios amoureux vont donc évoluer dans les actes suivants avec un drame que préfigure l’offrande d’une mouette à Nina par Treplev à son retour de chasse sur le lac. A noter que TCHEKHOV a toujours dit avoir écrit une comédie, ( il est vrai qu’on est souvent proche d’un vaudeville)bien que les nombreuses mises en scène théâtrales n’en aient pas toujours tenu compte et que la pièce soit régulièrement étiquetée comme une tragédie.

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Les Oeuvres complètes Volume 5 - Le Journal d..

Oh grand Dieu, ne touchez pas à ça !

« Si vous voyez cette bête dans votre jardin, courez !..! »

Un Musicien déchu, a dit le charlatan, le tronqueur d'oeuvre, ce pilleur de trésors qui ne devraient jamais être levés de tout droit pour ces malhonnêtes !..

Ce Bernard Kreise d'ajouter qu »écrite en 1858, cette nouvelle de jeunesse est inédite en français.. »



« Jamais coco, va apprendre ton texte et nous fais pas … »

D'abord c'est plutôt 1857.

« Albert » fut édité en début de 20e siecle dans les oeuvres complètes de Bienstock. Et plus près de nous signée de notre regretté Michel Aucouturier pour la traduction, grand spécialiste français de Tolstoi, la Tempête de neige et autres récits dont « Albert »

Albert est pitoyable à voir, grand violoniste, encore jeune, il n'est plus que l'ombre de lui-même, des aléas professionnels, des déboires sentimentaux vont faire de ce damné quasiment une épave. Il tient à peine sur ses jambes. Une personne ou deux connaissent sa descente aux enfers, en tout cas la cause, et le gagent de leur amitié quand d'autres auraient plutôt envie de le jeter par dessus bord comme un pestiféré..
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Le gaucher

Le gaucher ( ou le Dit du Gaucher bigle de Toula et de la puce d’acier)de Nikolaï Leskov

L’empereur Alexandre Pavlovitch après avoir achevé un congrès à Vienne décide de visiter l’Europe pour admirer ses merveilles. Il est accompagné de Platov, un cosaque du Don. Les anglais vont présenter au souverain différentes réalisations qui vont l’éblouir mais pas Platov qui devant chaque objet répète inlassablement que les artisans russes peuvent en faire autant. Agacés les anglais vont alors présenter à l’empereur un grain sur un plateau. Étonné car il ne peut le saisir, on lui explique qu’il faut un microscope pour le voir et qu’il contient un mécanisme qui fait mouvoir une danseuse avec le concours d’une clé. Les anglais lui offrent mais lui font payer une fortune le coffret pour l’emporter. De retour en Russie l’objet restera dans les affaires de l’empereur bien longtemps même après sa mort jusqu’à ce que Nikolaï Pavlovitch son successeur le découvre un jour, fasse venir Platov vieux mais aussi vaillant, et toujours persuadé que les artisans russes peuvent faire aussi bien si ce n’est mieux. Alors le souverain lui demande de s’en occuper…

C’est bien évidemment un conte qu’écrit Leskov issu semble-t-il du folklore russe mais au delà du côté comique et outré du texte c’est l’écriture et la syntaxe qui retiennent l’attention. En effet de très nombreux mots ou morceaux de phrases sont déformés donnant à la lecture une coloration très particulière à la fois drôle et grotesque. C’est une écriture que de nombreux écrivains russes de cette époque pratiquaient et qui s’appelait le Skaz. Une explication passionnante est donnée en postface.

Exemples, «  pirotation »pour pirouette, « bretonnique »pour britannique, « miroscope »pour microscope, « giganténorme »etc…



À lire, Leskov est honteusement sous estimé en Europe de l’Ouest, il est pour moi l’égal des grands nouvellistes russes.

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Crime et Châtiment

De Dostoïevski, je n'avais lu, jusqu'à présent, que Le joueur et les Carnets du sous-sol, des romans somme toute brefs, mais dont j'avais apprécié la capacité de l'auteur de rendre au plus détaillé et pertinent les tourments d'une âme humaine.



Avec Crime et châtiment, c'est puissance 1000 que nous entrons dans les profondeurs de l'âme de Raskolnikov, dans tous ses cas de conscience, du début du roman où il prendra une première décision qui changera radicalement son existence à sa fin, qui conclura sur une autre décision, conséquence de la première, finalement logique, donnant pleinement sens au titre de l'oeuvre.



Entre les méandres de cette âme qui s'est perdue en chemin dans ses propres valeurs, dans sa propre morale, pas celles qui sont humainement acceptables, des incursions, très intéressantes, dans l'entourage de notre protagoniste, nous mènent, bien que subrepticement, dans la Russie de son temps.



En somme, un roman passionnant, mais très exigeant, en ce que rester surtout plongé dans les affres psychologiques d'un personnage pendant plus de 700 pages peut être éprouvant. J'ai donc pris mon temps pour savourer pleinement ce monument de la littérature russe, qui n'a fait que me confirmer tout le bien que je pensais déjà de son auteur.
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J'ai tué et autres récits

L'édition folio 2 euros comprend trois nouvelles : le Brasier du Khan (1924) L'Ile pourpre (1924) et J'ai tué (1926).



Né à Kiev en 1891 dans une riche famille russe, Boulgakov a d'abord été médecin. Il est mobilisé dans la guerre contre l'Allemagne puis il est enrôlé dans l'armée blanche. Il devient un témoin privilégié de la guerre civile fratricide, des exactions de Petlioura qui le traumatisent, et de la révolution bolchevique qu'il accepte comme un moindre mal, sans jamais perdre sa lucidité. Boulgakov apprend la sévère défaite des Blancs, le 15 février 1920, près de Vladicaucase où il est stationné. Cette nouvelle est pour lui une révélation : la cause des Blancs est irrémédiablement perdue, le monde ancien n'est plus. Il abandonne la médecine et se met à écrire. Tout au long de la décennie, Boulgakov écrit près de deux cents récits publiés dans des revues littéraires ou des journaux. Dès ses débuts, il se distingue par son langage critique, teinté d'une ironie féroce et, très rapidement, la censure s'attaque à ses oeuvres.





Dans le Brasier de Khan, le vieux serviteur Jonas Vassilitch doit remplacer la guide officielle, atteinte d'une rage de dents et faire visiter le domaine de Khanskaïa Stavka à un vulgaire groupe de « touristes ». On y trouve des adolescents en costume kaki, des jeunes filles en chemisette de matelot, d'autres en sandalettes. Et puis un nudiste entre deux âges, muni d'un pince-nez. le vieux Jonas fulmine car tous ces gens ne respectent rien. le soir venu, des pas résonnent du côté de la salle de billard…

Cette nouvelle est fameuse. On marche d'abord dans les pas du vieux serviteur, dépassé . Il n'est pas vraiment sympathique. Il est plein de préjugés, il n'a pas évolué d'un iota depuis le Moyen-Age. Il est cruel avec son chien « César » qui n'a pas su défendre le domaine. Et il souhaite la mort de la guide. Les jeunes visiteurs révolutionnaires en tenue militaire sont grossiers, dépenaillés, vulgaires et irrespectueux. le « nudiste » (qui ne l'est pas) représentant de l'extrémisme de gauche est caricaturé. Ainsi que la culture officielle en la personne d' Ertus Alexandre Abromovitch, chargé de relater l'histoire des Tougaï-Beg dans la ligne du marxisme-léninisme. Boulgakov semble regretter l'ancien monde, tout en étant très lucide. Deux solutions : émigrer (comme ses frères, comme Nabokov ) en emportant le souvenir de l'ancien monde intact ou essayer de survivre dans le nouveau.





L'Ile Pourpre est une nouvelle satirique, plus tard transformée en pièce de théâtre qui valut à Boulgakov bien des ennuis. Elle est difficile à déchiffrer sans aide extérieure. Mais avec une deuxième lecture on perçoit bien toute l'ironie du texte.

Elle ressemble dans sa forme à une parodie de la littérature prolétarienne qui utilisait alors des personnages de la littérature européenne pour fabriquer des textes socialistes. La nouvelle est sous-titrée « Roman du cam. Jules Verne, Traduit du français en langue d'Ésope par Mikhaïl A. Boulgakov ». Les noms utilisés pour les lieux, les personnages ainsi que certains événements sont tirés d'oeuvres populaires de Jules Verne (surtout les Enfants du capitaine Grant). Boulgakov décoche des flèches bien aiguisées au colonialisme raciste franco-anglais et à l'hypocrisie occidentale en général. le vaisseau Espérance du célèbre Glenarvan a découvert l'ïle située dans le Pacifique. Grâce aux quelques notes de la traductrice on comprend que L'île pourpre c'est la Russie rouge. Les Efiopiens sont le bon peuple russe (Les Rouges) , Les Nègres blancs sont les représentants de l'autocratie et de l'orthodoxie. Les Nègres de couleur indéterminée surnommés" fieffés" sont les démocrates sociaux. La nouvelle est divisée en trois parties.

1.L'explosion de la montagne qui soufflait le feu. ( le déclenchement de la Révolution). Au pied d'un volcan éteint depuis trois-cents ans, à l'ombre d'un palmier, le souverain Sizi-Bouzi siège dans sa parure d'arêtes de poissons et de boîtes à sardines, avec à ses côtés le grand prêtre ainsi que le chef des armées, Rikki-Tikki-Tavi. Les Efiopiens rouges travaillent à la culture des champs de maïs, à la pêche et à la récolte des oeufs de tortue. Lord Glenavan pose son drapeau sur l'île. Les Efiopiens s'emparent du drapeau pour se faire un pantalon. Et ils se font fouetter par le Lord anglais. Ensuite le Lord, accompagné du Français Ardan et Sizi-Bouzi entrent en pourparlers...après la catastrophe, le « génial »Kiri-Kouki (Alexandre Kerenski) ivogne patenté et Nègre fieffé se présente peinturluré de rouge et déclare « maintenant qu'on est devenu des Efiopiens libres, je vous dis publiquement merci ! le correspondant du Times est enthousiasmé et l'énorme foule qui n'y comprend rien crie Hurrah ! Kiri-Kouki a promis de distribuer à chacun de la vodka, qu'il importait contre du maïs du pays. Cela a entraîné une pénurie de nourriture et des troubles parmi les Efiopiens rouges et, un soir, l'île entière explose. Kiri Kuki s' enfuit et le monde entier est choqué après avoir reçu un télégramme du correspondant du « Times » qui se trouvait sur l'Île Pourpre : « Depuis cinq jours wigwams nègres en feu. Nuée Efiopiens (illisible) Escroc Kiri en fuite...(illisible) ». Et le surlendemain, nouveau message bien lisible envoyé d'un port européen : « PEUPLE EFIOPIEN A DECLENCHE BOUNT GRANDIOSE. ILE EN FEU, EPIDEMIE PESTE. MONTAGNE CADAVRES. ENVOYER AVANCE CINQ CENTS. LE CORRESPONDANT.

2.L'Île en feu.( La guerre civile).

3. L'île pourpre. (La Russie soviétique).

A la fin fusent sur toutes les stations de radio, le message suivant : ÎLE ÊTRE THEÂTRE BAYRAM PROPORTIONS ÉNORMES STOP DIABLES BOIVENT EAU DE VIE DE COCO !

Après quoi La tour Eiffel reçoit une émission d'éclairs verts…



J'ai tué . La nouvelle la plus simple et la plus directe du recueil. Elle se situe à Kiev pendant la guerre civile, entre 1918 et 1921. « De tous les occupants qui sévirent à Kiev, rappelle la traductrice, les plus cruels à l'encontre des civils furent, selon Bougakov, les séparatistes ukrainiens dont le leader était Simon Petlioura ».

D'après le narrateur, le docteur Iachvine n'avait rien d'un médecin moscovite. Toujours impeccable, raffiné, un peu poseur, fréquentant les théâtres, l'opéra, fervent lecteur...On dirait évidemment Boulgakov. Visiblement traumatisé par un événement survenu le mardi 1er février (1920) le docteur Iachvine avoue qu'il a tué. Et de raconter avec le plus grand calme à ses confrères moscovites les circonstances terribles et tragiques durant lesquelles il a tué délibérément un colonel qu'il était censé soigner.

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Homo zapiens

Deuxième « gros roman » de Pelevine après La mitrailleuse d'argile, cet Homo zapiens (Génération P, en russe) clôt les années 1990 en s'attaquant aux manifestations premières de l'abêtissement des masses à une époque où internet n'était pas encore aussi répandu que maintenant. Je veux parler de la publicité et de la télévision.



Avec son patronyme redondant en T, l'anti-héros Tatarski rappelle le Tchitchikov des Âmes mortes. Il illustre la faillite morale et intellectuelle de sa « génération P » (comme Pepsi… et Pelevine), une génération prise entre l'effondrement du bloc soviétique et la capitalisation accélérée du pays sous Eltsine. Fraîchement émoulu de l'institut littéraire et philosophique, Tatarski est emporté par le tourbillon de l'argent, de la drogue et de la pub, en une satire incessante du monde moderne qui est surplombée par un chapitre central où un bad trip à base de « timbre babylonien » (référence à Mandelstam) confronte Tatarski au dragon Sirrush, plus connu sous son nom persan, le Simorgh. Tel un bodhisattva, la créature lui ouvre temporairement les yeux sur l'illusion du dieu argent, qui lui apparait sous les traits du babylonien Enkidu collectant et enfilant littéralement les âmes mortes de ceux dont il incarne et reflète les désirs a-vides.



Si l'imagerie éminemment postmoderne de ce chapitre était tenue de bout en bout, on tiendrait là un très bon roman. Mais ce n'est pas le cas. Là où la mitrailleuse d'argile s'avérait très décousu, Homo zapiens tombe dans l'excès inverse avec beaucoup de chapitres répétitifs mettant en scène des personnages médiocres et interchangeables, des « nouveaux russes » arrivistes pas si nouveaux puisque pouvant tous se ramener à l'archétype littéraire du poshlost. Les parodies et réécritures (elles aussi postmodernes) de pubs, amusantes au début, finissent par devenir lourdes et redondantes. Elles auraient sans doute dû être équilibrées avec la pseudo mythologie babylonienne revue à la sauce bouddhiste, trop timidement présente sur l'ensemble du roman malgré son rôle conceptuel central, le héros gravissant un ascenseur social semblable à la tour de Babel pour être confronté à un oeil divin (Enkidu, puis Ishtar) qui n'est que le reflet vide de ses illusions toujours plus grandes. Ses comas toxicomaniaques créent un mauvais karma pour la génération à venir, une chaîne karmique comme une chaîne d'hôtel ou de télé, où tout se répète et reste figé, comme si on enfilait des perles dorées, à l'instar d'Enkidu dans le pseudo-mythe pelevinien.



https://m.youtube.com/watch?v=Vi76bxT7K6U
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