Les humains…
« Aucune espèce vivante n'est aussi féroce. Ils ont créé des robots à leur image en voulant les rendre sages, pacifiques, raisonnables, ce qu'ils étaient incapables d'être. Nous [les robots] aurions pu être leurs dieux, si le critère de sélection d'un dieu était la vertu et la compassion, mais ils nous détruisent autant qu'ils se détruisent eux-mêmes. Pires que des loups. Pires que n'importe quelle autre création vivante. »
C'est ainsi que Carla analyse les humains... Ceux avec lesquels elle travaille à l'accueil de sa mairie de quartier, comme sa cheffe Britney. Ceux qu'elle croise la nuit au hall d'accueil, ou en dehors. Grand nombre d'entre eux ne retiennent d'elle que sa plastique, superbe par ailleurs. Un véritable sosie d'Ava Gardner ! Mais elle est plus que ça Carla : elle est empathique. Pendant ses nuits de travail, elle écoute ; et au final, ce ne sont pas des renseignements que les clients viennent chercher mais plutôt sa compagnie.
Carla ressent d'ailleurs la souffrance des humains qu'elle voit la nuit à la mairie : leurs solitudes, leurs peurs, leurs aigreurs aussi. Elle se sent parfois troublée elle-même, par de nouvelles sensations, par ce qu'on pourrait nommer de nouvelles émotions. Par exemple, elle a découvert qu'elle adorait lire : il n'y a rien de mal à ça ! Si ce n'est que Carla est un robot R2A série 25-Z. La notion de plaisir n'est pas prévue dans son programme, pas plus que le désir d'être libre… Et pourtant.
Du premier moment où j'ai plongé dans le roman de
Soline Astier, j'ai su qu'il allait me plaire. Son premier roman de science-fiction mais pas son coup d'essai littéraire et ça se ressent. Dès les premières lignes, on est happé par ce récit de robots et cet univers futuriste.
Avec ce road-trip entraînant, on suit avec plaisir l'éveil à la vie de cette héroïne pas comme les autres, mais pas seulement. L'aventure relatée suscite également chez son lecteur interrogations et réflexions sur l'humanité et ses travers, sur l'intelligence artificielle ou encore l'écologie. Et le tout avec une pointe de poésie qui est la marque de fabrique de l'auteure ; un vrai plaisir que de lire entre autres extraits les poèmes de D.
H. Lawrence…
Un grand merci aux éditions alba capella et Babelio pour cet envoi dans le cadre de l'opération Masse critique : cette découverte fut un régal. J'ai d'ailleurs hâte de découvrir si
Soline Astier donnera une suite à ce roman original et réussi !