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EAN : 9782258016453
Presses de la Cité (01/11/1985)
3.53/5   76 notes
Résumé :
C'est d'abord les pianos droits qui ont flanché. Puis les orgues électroniques. Alors Pris est sortie de clinique et on s'est mis à débiter des simulacres.
Après le Santon, un Abraham Lincoln et, encore après,, un J: W. Booth, son meurtrier.

À ce train- là, la Guerre de Sécession n'était pas loin.
En tout cas, ce fut vraiment le bal des schizos.

Source : Presses de la cité
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Prenant pour décor des États-Unis dystopiques où l'on guette chez les individus le moindre signe de dépression, de déséquilibre ou de trouble mental et qui leur vaut d'être étiqueté à vie, interné plus ou moins longtemps et soigneusement contrôlé par le Ministère de la Santé Mentale, Philip K. Dick nous livre, plutôt qu'un roman sur la maladie mentale et sur les dérives d'une société obsédée par la normalité (et l'on est pas loin des États-Unis actuels, qui bourrent les individus de psychotropes dès leur plus jeune âge), une chronique de la dépression et du mal de vivre.

Car tout le monde, à commencer par le narrateur,Louis Rosen, tente d'avancer avec sa difficulté à exister. Si Louis représente l'archétype de l'homme mélancolique, Pris, fille de son associé et malade mentale sortie de l'institut psychiatrique dont Louis tombera amoureux, est pratiquement dépourvue d'affects. D'elle ou des automates qu'ils fabriquent ensemble, on ne sait qui est le plus humain. Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si le personnage de Pris est une résurgence d'un autre roman écrit quelques années plus tôt et combien célèbre, Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ?. Pris, c'était alors l'androïde cruelle qui arrachait les pattes d'une araignée par curiosité et le double de Raquel. Dans les deux cas, Pris peine à sortir de son état de psychopathe et, le mal qu'elle fait aux autres, elle ne peut le réparer. Elle a déjà du bien du mal à vivre.

Le passage le plus poignant est celui où ce mal d'exister, qui est sans doute celui de Philip K. Dick, se révèle même chez les automates, au moment où Louis décrit le Lincoln qu'on vient d'allumer (le Lincoln est un automate) :
"Ainsi, tout en regardant le Lincoln qui, par degrés, arrivait à établir une relation avec ce qu'il voyait, je compris quelque chose : à la base de la vie, il n'y a pas l'avidité d'exister, ni un désir d'aucune sorte. Il y a la Peur. Celle que j'avais sous les yeux. Et même, ce n'était pas la peur. C'est bien pis. C'est l'épouvante absolue. Une épouvante si paralysante qu'elle débouche sur l'apathie. Pourtant, le Lincoln remuait, s'en extirpait. Pourquoi ? Parce qu'il le devait. L'étendue de son épouvante impliquait, et le mouvement, et l'action. Cet état, de par sa nature propre, était insupportable.
Toute activité de la vie en lui était un effort qui tendait à le soulager de cet état. Une tentative pour adoucir la condition dans laquelle nous le voyions, en cet instant.
J'en déduisis que naître n'est pas une partie de plaisir. C'est pire que mourir. On peut philosopher sur la mort. Et vous ne vous en priverez certainement pas, comme chacun de nous. On ne peut philosopher sur la naissance, ni en adoucir la condition. Et le diagnostic est terrible : tous vos actes, vos exploits, vos pensées ne font que vous imbriquer encore plus profondément dans la vie."
Tout est dit.

Comme souvent, Philip K. Dick m'a mise profondément mal à l'aise. Son style d'écriture... Difficile à expliquer, mais il existe quelque chose dans le style qu'il adopte et que je n'arrive pas à définir, qui me déstabilise constamment et qui me rend la lecture difficile. Et vu le sujet traité, je peux dire sans exagérer que c'est un des romans les plus déprimants qu'il m'ait été donné de lire.
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Womankind


Affirmer de K. Dick qu'il est prodigieux relève du pléonasme. La preuve en est de nouveau éclatante avec le bal des schizos.

Ce roman prend le parti d'explorer une invention nouvelle, le simulacre, et des utilités que l'on pourrait en tirer, assez minces si l'on en croit K.Dick.

Ces simulacres seraient de simples automates s'ils n'étaient agrémentés d'un esprit, ici les résurrections d'une vieille gloire de la guerre de sécession et d'un des plus illustres présidents américains. K. Dick anticipe les futures intelligences artificielles nourries de données pour former une existence.

Encore un roman pré-cyberpunk du maître, aussi bien dans l'atmosphère que dans l'évocation de ce milliardaire génial, avant-gardiste de toutes les innovations.

Mais le plus génial est l'omniprésence de la maladie mentale, en particulier la schizophrénie, massivement diagnostiquée par une société qui en parait obsédée. K.Dick semble vouloir imprimer l'idée qu'il n'est qu'un fou parmi tant et que sa schizophrénie est bien le moteur de son génie créateur.

La toute fin du livre, les derniers chapitres, devraient figurer dans les annales du meilleur de la littérature américaine tellement ils sont fascinants. L'hôpital psychiatrique, les échanges avec les médecins traitants, l'amour contrarié de Louis pour Pris, la confusion, la paranoïa, la guérison. J'ai rarement été hypnotisé par le dénouement d'un roman. C'est du grand art. Il possède ce don sublime pour la narration.

Pour conclure, un roman de K. Dick est toujours une aventure inoubliable, qui vous fait plonger dans le cerveau d'un imaginatif visionnaire, qui entrevoit sous plusieurs exactitudes les mélancolies à venir. le bal des schizos est bien une exploration de la schizophrénie, de ses handicaps rattachés mais également des libérations qu'elle provoque jusqu'à enchanter le monde de sa créativité. Créativité aboutissant au premier simulacre de l'histoire, doué d'intelligence passée. La réincarnation serait-elle finalement envisageable par le pouvoir des machines ?



Samuel d'Halescourt
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Dans un contexte où l'homme avance dans la colonisation spatiale et depuis que la loi Mc Heston par laquelle l'internement forcé en cas de décèlement de troubles psychiatriques est passée, toute la société est obnubilée par la schizophrénie, les inadaptations comportementales, etc. Les malades, « guéris », ressortent des cliniques dans un état neutre, désensibilisé, calculateur. le terreau devient idéal pour en faire des hommes ou femmes d'affaires puissants et intraitables.
Louis Rosen et Maury Rock sont associés dans une petite entreprise familiale d'orgues électroniques reconvertie en usine à simulacres pour pouvoir offrir au public américain des reconstitutions de la Guerre de Sécession avec les protagonistes « originaux ». le jeu ne sera pas si simple et entre les trahisons par arrivisme, la faiblesse de l'entreprise face aux requins du marché et la schizophrénie ambiante, la barre sera dure à tenir.

A l'époque, le bal des schizos avait été mon premier Philip K. Dick, amoureuse du titre et de la couverture (non, pas celle qui est ci-dessus). J'avais adoré ce livre et à chaque page tournée, je désespérais de voir les chapitres fondre. Une dizaine d'années plus tard, je redécouvrais l'histoire avec impatience puisque je ne m'en souvenais plus du tout. Après relecture (et lecture d'autres livres de l'auteur), je reviens fortement sur mon jugement.
Oui c'était un très bon moment et j'ai à nouveau adoré le livre à peu près jusqu'au milieu. Par contre une fois la deuxième moitié entamée, je trouve que le rythme retombe complètement et suis allée de déceptions en déceptions quant aux idées qui avaient pu être lancées mais qui n'aboutissaient finalement à rien. C'était un peu comme attendre une explosion qui n'arrive pas et qui prend des airs de pétard mouillé. A ce niveau là, la quatrième de couverture peut d'ailleurs également être trompeuse.
En même temps il n'y a rien non plus que je n'ai pas aimé en tant que tel. J'aurais été preneuse du livre avec tout ce qui le constitue, tant sur le fond que la forme, mais juste de manière plus développée quitte à en augmenter nettement la taille.
Bref, gros sentiment de frustration en tournant la dernière page.
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Mémorable.
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Un K. Dick moins connu mais intéressant ! Un univers où la schizophrénie est omniprésente et dont les moindres signes sont traqués et signalés au ministère de la santé mentale. La création de simulacres de personnages historiques et les questions associées vient troubler un peu plus la santé mentale de Louis et Pris.
Pas son meilleur livre mais une lecture intéressante sur la schizophrénie et sa place dans la société.
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Ainsi, tout en regardant le Lincoln qui, par degrés, arrivait à établir une relation avec ce qu'il voyait, je compris quelque chose : à la base de la vie, il n'y a pas l'avidité d'exister, ni un désir d'aucune sorte. Il y a la Peur. Celle que j'avais sous les yeux. Et même, ce n'était pas la peur. C'est bien pis. C'est l'épouvante absolue. Une épouvante si paralysante qu'elle débouche sur l'apathie. Pourtant, le Lincoln remuait, s'en extirpait. Pourquoi ? Parce qu'il le devait. L’étendue de son épouvante impliquait, et le mouvement, et l'action. Cet état, de par sa nature propre, était insupportable.
Toute activité de la vie en lui était un effort qui tendait à le soulager de cet état. Une tentative pour adoucir la condition dans laquelle nous le voyions, en cet instant.
J'en déduisis que naître n'est pas une partie de plaisir. C'est pire que mourir. On peut philosopher sur la mort. Et vous ne vous en priverez certainement pas, comme chacun de nous. On ne peut philosopher sur la naissance, ni en adoucir la condition. Et le diagnostic est terrible : tous vos actes, vos exploits, vos pensées ne font que vous imbriquer encore plus profondément dans la vie.
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Elle a des yeux gris clairs et mesure un mètre soixante-huit. En ce moment, elle pèse cinquante-cinq kilos et demi. Il paraît qu'elle a beaucoup maigri. Je n'ai gardé d'elle que le souvenir d'une beauté. Passons maintenant à des choses plus sérieuses. Elle est de très haute lignée, bien qu'immigrée, car sa famille est habitée par le rêve américain, à savoir qu'un individu n'est limité que par ses propres capacités et qu'il peut s'élever socialement au niveau qui correspond le mieux à ses aptitudes. Il ne s'ensuit pas cependant que les hommes s'élèveront tous également. Loin de là. Mais Mlle Frauenzimmer a bien raison de refuser tout ce qui l'empêche d'exprimer ses capacités et, quand elle se sent bridée, ses yeux sont traversés par un trait de feu.
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Mais voilà, j'étais venu pour affaires. Il faudrait sortir, traîner la patte le long des rues pleines de courants d'air, froides et grises jusqu'au lieu prévu. On se retrouve dans un monde où personne ne vous tient obligeamment la porte, où l'on attend aux carrefours, en compagnie de tas de gens qui sont vos égaux, quand le feu passe au vert, où l'on n'est plus qu'un simple mortel vulnérable, la proie toute désignée de n'importe quels maux. Ce passage au monde extérieur est comme une nouvelle naissance, aussi traumatisante, mais du moins peut-on, son boulot terminé, se réfugier à l'hôtel.
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Que m'est-il arrivé ? me dis-je. Suis-je tombé amoureux d'elle ? de cette fille au regard glacé. De cet esprit schizo, calculateur et ambitieux. De cette pupille de la Santé Mentale, condamnée à la psychothérapie jusqu'à la fin de ses jours ! de cette ex-psychotique, prise de frénésie catatonique pour des projets délirants. D'une fille qui agresse et humilie quiconque ne lui donne pas ce qu'elle veut dans l'instant ! Qu'est-ce qui m'attend maintenant que je suis tombé amoureux d'elle ?
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Son but était de persuader les masses qu'émigrer sur la Lune était une chose tentante. Tout son système économique en dépendait. Et peut-être que la fin justifiait les moyens. Après tout, il fallait que la race humaine triomphe de ses peurs et de ses réticences afin de pénétrer dans un environnement inconnu, pour la première fois de son histoire. Notre projet saurait peut-être la séduire. La solidarité offre un certain réconfort. On construirait de grands dômes d'air et de chaleur pour protéger les grandes cités. Il ne serait donc pas physiquement désagréable de vivre là-haut, c'est plutôt la réalité psychologique qui serait épouvantable, à cause de cet environnement lunaire sans aucune vie, ni animale, ni végétale... La Lune, éternellement pareille à elle-même et à côté de soi, une maison où, par la fenêtre éclairée, on verrait une famille assise autour de la table du petit déjeuner, bavardant et s'amusant ! Barrows la fournirait, au même titre que l'air, la chaleur, la maison, et l'eau.
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Avec : Serge Lehman, Olivier Paquet, Hervé de la Haye, Guilhem Modération : Caroline de Benedetti
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