Victoria est le troisième volet de la série Casting, qui raconte les mêmes événements entourant le tournage d'un film à travers les yeux et la narration de trois des acteurs adolescents qui y travaillent. Je précise ici que trois auteurs différents étaient chargés de chacun des volumes, rendant la «voix» de ces jeunes vraiment unique.
Stéphanie Lapointe est derrière le présent roman. J'ai écrit troisième volet mais je ne crois pas qu'il y ait un ordre à suivre. Ceci dit, je pense que celui-là convient le mieux. Après avoir lu les aventures de Victor et Charlotte, en connaître la version de Victoria est essentiel.
Je voyais venir la lecture de roman avec autant d'impatience que de réticence, me demandant si j'allais l'apprécier autant que les deux autres. Je m'explique : Victoria joue un peu le rôle de la méchante. Elle sabote l'audition de Charlotte pour l'obtention du rôle-titre dans un film, pareillement pour quelques scènes de tournage (elle a soupoudré de têtes de pissenlits les affaires de sa rivale, qui en est allergique), elle a volé le journal intime de Victor sur qui elle a le béguin, etc. Toutes ces actions la rendaient antipathique. On la déteste un peu avant même de connaître sa version des faits et c'est un tour de force de l'auteure Stépahnie Lapointe que de réussir à la rendre sympathique. En effet, tous ces événements mentionnés plus haut, on ne les connaissait qu'à travers la description qu'en faisaient Victor et surtout Charlotte. En lisant celle de Victoria, on se rend compte qu'il s'agit d'une adolescente comme les autres, qui cherche ses repères, qui essaie de cacher ses insécurités sous un verni (parfois épais) d'égoïsme, de snobisme.
Par exemple, cette audition de Charlotte qu'elle a sabotée, c'est un peu par accident, sans le vouloir, même si tout le monde semble penser le contraire. Bon, une certaine hositlité règne réellement entre les deux filles mais, pour le reste, le lecteur se rend bien compte que Victoria n'est pas si méchante, qu'elle vit des temps difficiles elle aussi et mérite un peu de répit. En effet, on savait déjà que sa mère souffrait du cancer mais c'est pire qu'on le pensait, de plus, son père est absent de sa vie. Surtout, on découvre ses bons côtés, comme ses échanges quotidiens avec le portier de son immeuble.
Ainsi, Victoria clôt merveilleusement bien la série Casting. Je trouve seulement dommage qu'elle ne soit constituée que trois tomes. J'encourage Les Éditions de la Bagnole à reconduire ce genre d'expérience, sinon à d'autres de faire de même.