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EAN : 9782070377671
416 pages
Gallimard (13/10/1986)
3.94/5   9 notes
Résumé :
Résumé:
En Pologne, du 5 au 8 mai 1945, L'Allemagne a capitulé.
Deux jeunes communistes, Szczuka et Podgorski, arrivent dans une petite ville pour se rendre à une réunion et trouvent les cadavres de camarades assassinés à leur place par Maciek Chelmicki, membre d'une organisation anticommuniste. C'est Szczuka que Maciek devait tuer. Maintenant il hésite. Entre-temps, il tombe amoureux.

Source : Gallimard
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Deux officiers communistes, Szczuka et Podgorski, rentre dans une ville polonaise peu de temps après la capitulation allemande. Ils ont la tête plein d'idéaux et de plans pour la suite des choses. Peu de jours avant est aussi rentré le vieux et intègre juge Kossecki. Il a passé une grande partie de la guerre dans un camp de concentration et, là, pour survivre, il a accepté le rôle de blockältester. Pour le compte de des Allemands, il a commis des gestes horribles. Pendant tout ce temps, un groupe de jeunes rebelles nationalistes qui a résisté aux nazis, Maciek Chelmicki en tête, voient d'un mauvais oeil que la prise de pouvoir des communistes soutenus par l'URSS, craignant que la Pologne ne se retrouve à nouveau sous la domination étrangère. Autant de trames en opposition (et d'autres encore, secondaires) ne peuvent que mener à une lutte terrible.

Toutefois, Cendres et diamant n'est pas qu'un roman politique. Il traite des horreurs de la guerre, du retour à une vie qui n'est jamais complètement normale et du sentiment de culpabilité. Ou de son absence ! Et, une fois la paix revenue, doit-on punir ou pardonner ? Quoiqu'il en soit, on ne peut revenir en arrière, alors comment vivre avec soi-même et passer à autre chose ? Surtout quand l'avenir ne semble pas plus prometteur ? Ces thèmes sont universels, même si l'intrigue est centrée sur la situation de la Pologne de l'après-guerre. Ça en fait une lecture peu facile à l'occasion (je ne suis pas familier avec cette partie de l'histoire, sans mentionner tous ces noms polonais impossibles) mais je l'ai beaucoup appréciée.

L'auteur Jerzy Andrzejewski soulève plusieurs questions (ou dilemmes éthiques) mais il se retient de donner des réponses ou des leçons. Et la fin ouverte laisse l'opportunité au lecteur d'en arriver à ses propres conclusions. Une belle surprise. Au-delà de toutes les considérations morales et de la rigueur historique avec laquelle il a été écrit, Cendres et diamant est un roman intéressant à lire. La galerie de personnages complexes, avec leurs atouts et leurs imperfecitons. Conséquemment, ils sont tellement crédibles qu'ils prennent vie sous nos yeux. Pareillement pour les décors, reconstitués avec soin. C'est comme si on y était. Mais tout n'est pas que réalisme car, à l'occasion, l'écriture peut se montrer sensible, lyrique, allant jusqu'à intégrer des chansons populaires et des poèmes. C'est vraiment une grande oeuvre qui m'a merveilleusement surpris !
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Il est très difficile de résumer ce roman polyphonique, aux personnages très nombreux et aux intrigues enchevêtrées. L'action du roman se déroule entre le 5 et le 8 mai 1945, donc tout à la fin de la deuxième guerre mondiale. le pouvoir communiste s'installe en Pologne, avec le soutien de l'armée soviétique, et contre le désir de la majorité de la population. Des anciens résistants reviennent dans leurs foyers, des gens rentrent des camps. Certains profitent de la nouvelles situation pour faire des affaires ou pour essayer d'occuper des postions de pouvoir. La violence fait toujours des victimes, d'autant plus insupportables que la guerre s'achève officiellement.

L'intrigue principale, qui sera quasiment la seule conservée dans le film tourné par Wajda, est l'histoire de Maciek, un jeune résistant lié à l'opposition fidèle au gouvernement en exil à Londres, à qui il est donné l'ordre d'exécuter Szczuka un communiste juste revenu des camps, et qui occupe des fonctions importantes, il dirige le comité du parti de la région dans laquelle se passe l'action du livre. L'homme représentant les communistes, il est l'homme à abattre. Mais en même temps Maciek fait la connaissance de Krystyna, avec qui il éprouve le désir de vivre et d'organiser sa vie, «normalement ». Mais les personnages abondent, et les motifs secondaires se mêlent au récit principal.
J'ai été émerveillée et emportée par l'écriture, dense, à la fois retenue et lyrique d'Andrzejewski, par sa capacité à dessiner les personnages, à les caractériser, à leur donner vie, avec une sorte de simplicité et d'intensité. Et aussi par sa capacité à soutenir l'intérêt du récit, il est difficile de s'arracher à ce livre une fois commencé, on vaut absolument connaître la suite. C'est magistral au niveau de l'écriture et de la construction.

Ce qui a été souvent reproché à ce livre, c'est qu'il présentait un point de vue communiste des événements. C'est incontestablement un moment de la vie de l'auteur pendant laquelle, comme les disent certains de ces personnages, « le communisme est le sens de la marche de l'histoire », quelque chose d'inévitable. Mais ces personnages sont complexes, on peut difficilement dire qu'il brosse un portrait idéalisé des gens qui représentent le communisme, même Szczuka est en fin de compte dogmatique, et son seul argument est le fameux sens de l'histoire, il se montre incapable de dialoguer réellement avec son ancien ami socialiste qui est plus que réticent devant l'évolution de la situation.

Et puis d'une certaine façon, les opinions qu'il représente existaient réellement, l'auteur lui-même y a adhéré pendant un certain temps et le livre en est le reflet. Il est facile à dire plus d'un demi siècle après que ce fut une erreur, mais à l'époque les choses pouvaient être plus compliquées.

Il faut donc lire ce livre en ayant en tête le contexte de l'époque pour relativiser certains éléments, néanmoins les qualités de ce livre sont vraiment très grandes et me donnent envie d'explorer les autres oeuvres de l'auteur.
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L'Oeuvre d' Andrzejewski, cendres et diamant, bénéficie d'une lecture exceptionnelle avec le film d'Andrzej Wajda de 1958, récemment restauré et visible en DVD.

La Pologne de 1945 s'éveille à la nouvelle de la capitulation allemande, et à l'arrivée des chars russes qui matérialisent la prise de pouvoir par le parti communiste, au détriment des maquis nationalistes tentés par un sursaut de résistance.

« Au-dessus de quoi s'élève donc cet arc de triomphe de la victoire ?

Au dessus d'un champ de décombres, Au-dessus de l'avilissement de la dignité humaine, Au-dessus d'un fourmillement de gnomes abâtardis et rendus invalides, empoisonnés par la peur et le désir venimeux de profiter de la vie à tout prix … »


Le roman est foisonnant par le nombre des personnages, bien différents, et la multiplicité des intrigues ourdies par ambitions personnelles ou politiques, sans oublier les calculs sordides, soit pour masquer le passé trouble de la collaboration et des camps, soit pour « assurer l'avenir ».

Il est aussi dense par la diversité des options, la nature des enjeux, et les tissus existant entre les protagonistes.

Il repose sur des contrepoints multiples entre les lieux d'ombre et la scène publique officielle de la victoire : Les arrière-cuisines et les toilettes face au banquet - qui finalement n'a rien à leur envier, car à la saleté matérielle des lieux privés correspond la laideur morale des calculs en public.

D'autres zones sombres mortifères ( grottes, cimetières) servent de décors à la décomposition morale de la société, face occulte de la misère des appartements délabrés, des rues défoncées, etc.

Le romancier pose un regard acéré et caustique sur les comportements grotesques des individus, que Wajda a su traduire par une interprétation musicale parodique de la « Polonaise héroïque »(Chopin).

Rares sont les purs - le responsable communiste Szcuzca, Podgorski, le nationaliste Maciek Chemilcki, qui se trompe ou de combat ou de cible !-

L'Erreur n'épargne personne :
« qu'est-ce qui compte, ce sont nos actions. Et rien de plus. Tout le reste peut être vrai, mais peut-être, tout aussi bien, illusion ou mensonge. Tant qu'un homme ne s'est pas confronté avec lui-même dans l'action, il se fait des idées. »

La tragédie touche chacun, avec le deuil d'un être cher ou d'une espérance.

le Destin s'acharne donc à contrecarrer tous les projets, à coups de méprises et de malentendus, broyant les vies comme les projets, ces bouquets de violettes de Maciek Chemilcki, « diamant » possible dans cet univers de décombres.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
- La vérité doit bien être quelque part...
- Quelle vérité? Vous prétendez trouver une vérité quelconque dans tout ce bordel? Et qu'est-ce que vous en ferez de cette vérité?
- Cher monsieur, l'homme est bien forcé de croire à quelque chose.
- Balivernes. Ça aussi, ce ne sont que des grands mots. Pourquoi forcé? Quant à moi, j'aime mieux au contraire ne pas me leurrer. Plusieurs fois il m'est arrivé de me laisser prendre à ces soi-disant vérités. Merci bien, j'en ai mon soûl. Je dis pouce. Pas envie d'aller m'y rebrûler encore les doigts. Libre à ceux qui n'en ont pas fait l'expérience. Mais moi, on ne m'y reprendra plus. Parce que, mon cher maître, ils mentent tous comme ils respirent, voyez-vous. Le régime des colonels mentait avant la guerre, la Résistance mentait pendant la guerre, et maintenant pour changer, tout le monde ment après la guerre. Ils n'ont tous qu'une idée en tête : s'emparer du pouvoir. Les phrases, les mots d'ordre, les grandes idées : du vent...
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- Oui, fit-il posément. Vous n'avez même pas idée à quoi l'on peut s'habituer. J'ai l'impression qu'il y a une chose que vous ne pouvez ou ne voulez comprendre. La guerre, surtout une guerre comme celle que nous venons de vivre, révèle dans l'homme des choses absolument insoupçonnables. Elle transforme les uns en héros, les autres en criminels. N'êtes-vous pas de cet avis?
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Qu'est-ce que la conscience? se demandait-il. Il n'éprouvait aucun remord. La conscience? Une forme vague. Un mot vide. Encore un mot vide.
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