J’ai moins l’humeur à rire le lendemain. Je suis fatiguée, ma tête veut éclater et j’ai vaguement mal au cœur. Mais le pire, c’est qu’il est presque quatre heures de l’après-midi, ce qui veut dire que ma chère maman va arriver d’une minute à l’autre et me tomber dessus à bras raccourcis…
Je suis rentrée ce matin à quatre heures et demie. J’ai à peine eu le temps de me glisser sous mes draps que ma mère ouvrait la porte de ma chambre, sans frapper et assez brusquement merci. Elle et ses sermons… Mes yeux se fermaient tout seuls et j’avais envie de rester encore sur mon petit nuage de party. J’ai fait semblant de dormir. Elle n’y a pas cru.
— Alissa Martin, tu parles d’une heure pour rentrer ! Tu étais où, d’abord ? Et avec qui ? Alissa ! Tu vas me répondre, oui ?
J’ai gardé mes yeux fermés et mon édredon par-dessus ma tête.
— Alissa, je sais que tu ne dors pas ! ALISSA !
Silence absolu. Elle ne pouvait pas m’obliger à parler si je n’en avais pas envie.
— Bon, j’ai compris. Je te laisse tranquille. Mais ça n’en restera pas là, mademoiselle. On parlera de tout ça demain.
Elle a claqué la porte et s’est éloignée d’un pas furieux. Je me suis dit que je m’en étais pas trop mal sortie. Deux secondes plus tard, je dormais, un vague sourire aux lèvres.
Je ne souris plus, maintenant. Ma tendre maman vient d’arrêter son auto dans le stationnement. Je me prépare pour l’affrontement. Cinq, quatre, trois, deux, un…
La porte s’ouvre à la volée. D’après ce que je peux entendre, ma mère n’a pas décoléré.
— ALISSA !
— Pas besoin de crier, je suis dans le salon.
Le temps d’enlever ses souliers et de ranger ses clés, elle fait irruption dans le salon comme si elle était prête à me déclarer la guerre. Les poings sur les hanches, elle demande :
— Alors, tu étais où, hier ?
Sans détacher les yeux de la télévision, je réponds :
— Chez Joanie. Elle a fait une petite soirée pour fêter les vacances.
Il me semble qu’avec ma mère, « soirée » passera mieux que « party », et rien ne m’oblige à préciser qu’on était à peu près quarante à fêter.
— Et c’est quoi, cette idée de rentrer à cinq heures ?
— Il était quatre heures et demie, pas cinq heures.
— Oh, seigneur, Alissa, tu sais très bien ce que je veux dire !
— Tout le monde est parti en même temps, je n’ai pas fait pire que les autres.
Du coin de l’œil, je la vois serrer les mâchoires.
Puis, brusquement, elle abandonne le sujet et fronce les sourcils, comme si elle venait tout juste de me voir.
— Qu’est-ce que tu fais encore en robe de chambre ?
Je hausse les épaules. Est-ce qu’il faut vraiment que je réponde à ça ? Une fille a le droit de ne pas s’habiller après avoir passé la nuit à faire la fête, non ?
Hélas non, on dirait bien que selon ma mère, justement, je n’ai pas le droit de prendre une journée « robe de chambre ».
Partout, à la télé, à la radio, dans les magazines, on parle de sexualité, on nous bombarde d'images presque indécentes, mais personne ne dit jamais un mot sur ce qu'on peut éprouver quand la personne qu'on aime nous prend par la main. Quand on sent battre sa vie entre nos doigts, quand on sent que toute notre âme tient dans cette main-là... quand on a l'impression qu'il ne peut rien nous arriver tant que ce lien ne sera pas brisé.
PAAARTYYY !!! Wouuu-houuu !
Il n’y a décidément rien de meilleur dans la vie que les vacances d’été. Deux mois de liberté totale, de soleil, de plage, de nuits trop courtes et de grasses matinées… Le paradis.
L’école est finie depuis une semaine et tous les soirs, c’est la fête. Je me sens revivre. J’en avais vraiment assez de tous ces examens, de l’étude, du stress… Alors, je décompresse. Et ça fait du bien !
Je crois que j’ai passé tous mes cours. Pas toujours avec de grosses notes, mais au moins, je n’ai pas coulé. Je mérite mes vacances et j’ai l’intention d’en profiter ! Comme j’ai l’intention de profiter du party de ce soir. Depuis que je suis arrivée avec mes amies, nous enchaînons fou rire par-dessus fou rire. Leurs chums nous regardent
Extrait de la publication
parfois d’un drôle d’air, mais on s’en fout. Il y a des choses que seules les filles peuvent comprendre.
Quand même… J’adore mes amies, mais quand je les regarde avec leurs copains, j’ai un petit pincement au cœur. Il y a deux semaines à peine, Kim était aussi célibataire que moi. Maintenant, Alex et elle sont inséparables. Tellement collés tout le temps que ça en devient fatigant. J’ai beau être contente pour mon amie, je n’ai pas l’habitude d’être la seule célibataire du groupe et ça ne me plaît pas du tout.
[...]je n'aime pas que les choses finissent, Je voudrais que tout soit éternel. Je voudrais être sûre que quelque chose, quelque part, dans ma vie, restera toujours pareil. Mais tout change et je me sens complètement déstabilisée. Comme si je vivais sur un bateau qui tangue et que je ne savais pas quand je vais finir par tomber à l'eau. [p.170]
— Oh, non ! Non, maman, s’il te plaît !
— … et tu iras, sinon je te coupe tout ! L’argent de poche, le cellulaire, et je balance ton iPod aux vidanges ! C’est clair ?
Je n’ai même pas besoin de me forcer pour faire apparaître des larmes dans mes yeux. Qu’est-ce que j’ai fait pour mériter ça ?
— Maman ! S’il te plaît ! Je vais le faire, ton ménage, c’est promis !
Mais ma chère mère a un cœur de granit et mes larmes ne l’attendrissent pas le moins du monde. Après m’avoir assommée d’un « Tu iras, un point c’est tout ! », elle tourne les talons et s’en va préparer un souper qu’elle mangera toute seule. Elle ne me verra pas la face à la table, oh